Bruxelles-Luxembourg : Back to the fifties? Retards incalculables, chantiers interminables, cofinancement européen en danger: la modernisation de la ligne Bruxelles-Luxembourg s enlise. Il faut agir d urgence! 7 points pour améliorer les liaisons ferroviaires entre la Belgique et le Luxembourg! Conférence de presse du 13 février 2012 avec Claude Turmes, député européen déi gréng Josée Lorsché, députée déi gréng 1
Constats L'axe ferroviaire Bruxelles-Luxembourg est d'une importance cruciale pour le Luxembourg. Il relie notre pays avec l un de ses principaux partenaires commerciaux et il assure le transport quotidien de nombreux frontaliers voyageant des provinces belges vers le Luxembourg (environ 35.000 personnes par jour). C est aussi un lien important vers la France et la Suisse. En outre, les trois capitales de l UE (Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg) sont reliées entre elles grâce à lui (environ 11.000 fonctionnaires européens habitent/travaillent à Luxembourg). Cependant cet axe ne reflète aucunement cette importance stratégique. Bien au contraire, la ligne s'est détériorée depuis les années 60. Le nombre de connexions semi-directes a été réduit (il n y a plus de train semidirect vers midi au départ de Luxembourg, ni de train semi-direct dans la matinée au départ de Bruxelles). Le temps de parcours entre Luxembourg et Bruxelles est donc en moyenne de 3 heures minimum. Ceci représente une perte de compétitivité face à la voiture dont le temps de trajet est d environ deux heures. Un constat est frappant: il n y a aucun gain de temps sur la ligne par rapport aux années 50! La ligne risque d'être délaissée par les gouvernements belge et luxembourgeois. Les travaux de modernisation de la ligne (Projet EuroCapRail), qui devraient réduire le temps de parcours entre Bruxelles et Luxembourg de 20 minutes, sont en cours. Cependant ils accusent un sérieux retard ; ils devraient se terminer en décembre 2013, mais les chantiers s'enlisent. Les retards sur la ligne deviennent de plus en plus réguliers et substantiels depuis 2011 et les trains sont souvent bondés. Il est souvent impossible de trouver une place assise dans les wagons aux heures de pointe au départ des gares de Luxembourg et de Bruxelles-Luxembourg. De plus, comme la SNCB ne dispose pas d un nombre suffisant de locomotives conformes aux normes de sécurité luxembourgeoises, les voyageurs sont souvent forcés de changer de train en gare d'arlon. À cela s'ajoute une mauvaise information des voyageurs et des stratégies de dépannages quasi inexistantes, ou du moins mal coordonnées. Les systèmes de tarification ne tiennent pas compte des flux réels de voyageurs. Il n'existe pas d'abonnement pour les voyageurs qui circulent régulièrement entre les deux pôles économiques et institutionnels que sont Luxembourg et Bruxelles. Une vraie stratégie de marketing, qui tiendrait compte du potentiel énorme et de l'importance cruciale de la liaison pour la Belgique et le Luxembourg, fait défaut. 2
7 points pour une optimisation de la connexion ferroviaire entre la Belgique et le Luxembourg 1) Assurer le financement européen du projet EuroCapRail Le cofinancement du projet européen «EuroCapRail» par la Commission européenne dont le budget s'élève à environ 600 millions d euros sur la partie belge et environ 400 millions d euros sur la partie luxembourgeoise est remis en question! Le rapport d évaluation à mi-parcours des projets prioritaires du réseau transeuropéen de transport (2007-2013) de la Commission européenne pointe du doigt la ligne Bruxelles-Luxembourg-Strasbourg, concernant les retards considérables pris dans la mise en œuvre de la modernisation des infrastructures, mais aussi les dépassements importants des budgets prévisionnels. Il est clair à ce stade que la nouvelle échéance (fin 2015) ne pourra pas être respectée ; ni du côté belge, ni du côté luxembourgeois. Infrabel étudie même d autres améliorations d infrastructure de la performance de la ligne qui auront un impact certain sur la date de fin de projet et son coût global. Dorénavant les responsables tablent sur une fin des travaux (initialement prévue fin 2013) à l'horizon 2016-2018. Or, si les chantiers sur la ligne entre Bruxelles et Luxembourg ne sont pas terminés en 2015, la Commission européenne menace de bloquer son cofinancement. Suite aux retards, la Commission européenne avait déjà réduit sa part de cofinancement destinée à la Belgique (la section de 226 kilomètres entre Bruxelles et Luxembourg) de 30,2 à 21,3 millions d euros et au Luxembourg (la section entre Kleinbettingen et Luxembourg-Ville) de 27 à 3,5 millions d euros (c.à.d. une diminution de 23,5 millions d euros (!)). Face aux nouveaux retards, il y a un risque réel que tout le cofinancement européen disparaisse. Ceci reviendrait à une perte totale de 60 millions d euros - face à une augmentation des coûts globaux du projet! Il y a donc une grande urgence à sécuriser le financement. Les prochains mois seront décisifs! La Commission européenne prépare actuellement une refonte de la méthodologie et des lignes directrices pour le financement européen des "réseaux transeuropéens 3
de transport". La proposition de la Commission européenne a été déposée en 2011 et la commission parlementaire "Transports" du Parlement européen va présenter sa position dans les prochains mois. Il est donc urgent que le gouvernement luxembourgeois élabore à court terme, avec les autorités belges, une stratégie de financement et un calendrier clair et sérieux des travaux à présenter à la Commission européenne et au Parlement européen. Les Verts du Parlement européen vont s'engager pour garder cette ligne ferroviaire parmi les corridors européens prioritaires en vue de garantir un cofinancement européen. 2) Faire une analyse détaillée des retards, améliorer la politique de l information des voyageurs et garantir des services de transport de substitution en cas de retard Il est évident que la qualité de l'offre sur la ligne Bruxelles-Luxembourg ne répond plus aux critères établis par le règlement européen de 2007 sur les droits et obligations des voyageurs ferroviaires. L article 18 de ce règlement énonce que l'opérateur à l'obligation de garantir des conditions de transport optimales. En cas de retard, un voyageur a droit à une information rapide et précise sur l'origine des retards, les heures de départ et d'arrivée prévus, ainsi qu à des informations sur les indemnisations. Des services de transports de substitution doivent en outre être disponibles. Il convient de prendre des mesures concrètes à court terme afin de garantir la ponctualité et de prévoir des solutions rapides pour les transports de substitution. Il est essentiel de veiller à une meilleure coopération entre les chemins de fer belges et luxembourgeois, afin de parvenir à réduire substantiellement les retards et d assurer une meilleure information des voyageurs. Dans ce cadre, nous saluons l initiative des CFL de lancer une application «i Phone» à partir du 1 er mars 2012 pour informer les voyageurs des retards sur le réseau Luxembourgeois et des retards sur le réseau étranger qui ont un impact sur les connections opérées par les CFL. En cas de retards, qui sont souvent prévisibles et dus aux multiples chantiers planifiés et planifiables, des transports de substitution doivent être prévus. 4
Nous rappelons aux CFL que le règlement européen sur les droits et obligations des voyageurs ferroviaires oblige les entreprises ferroviaires d élaborer chaque année un rapport sur la qualité du service et de publier ce dernier sur leur site internet. Il convient donc de réaliser une analyse détaillée de la ponctualité sur la ligne Bruxelles- Luxembourg et des mesures prises pour faire face aux retards et de les publier. 3) Augmenter le confort à bord des trains Sur base d un questionnaire à faire circuler dans les gares, les CFL et SNCB devraient élaborer un concept pour augmenter le confort à bord de la ligne Bruxelles-Luxembourg. Il faut par exemple équiper les trains de distributeurs de journaux et de boissons, généraliser les bornes internet et garantir un accès au réseau GSM tout au long du trajet. Dans la lignée d'opérateurs comme la "Deutsche Bahn", de tels services ne doivent pas être de prime abord rentables mais doivent contribuer à une meilleure image de marque de la ligne. 4) Faire de la ligne Luxembourg-Bruxelles l axe prioritaire pour les relations commerciales et institutionnelles Comme la Banque européenne d investissement le souligne dans ses analyses de projets : «l évolution des trafics ferroviaires est fortement tributaire de la politique de qualité de service offerte par le chemin de fer et des modalités de marketing appliquées». Les institutions européennes, les administrations et les pôles économiques et financiers sis à Bruxelles et Luxembourg doivent être au centre d'une stratégie de marketing et de communication offensive de la part de la SNCB et des CFL. Les CFL devraient s inspirer des partenariats conclus entre la Ville de Luxembourg et les institutions européennes au Luxembourg, au niveau de la mobilité, et élaborer un accord de coopération avec les institutions européennes et les banques. Un abonnement spécial, cofinancé par les institutions, et compétitif face au coût du transport automobile devrait être introduit dans ce cadre (pour le 5
moment il existe un billet spécial pour le personnel du Parlement européen A/R Brux-Lux en première classe pour un montant de 63 euros). De manière générale, le Parlement européen devrait montrer l'exemple en privilégiant le train pour les parcours de ses employé(e)s entre le Luxembourg et Bruxelles. 5) Réaliser la partie luxembourgeoise du projet "EuroCapRail" dans les meilleurs délais Il faut veiller à une élaboration rapide des projets de lois nécessaires pour la modernisation du tronçon luxembourgeois de EuroCapRail. Les travaux se dérouleront en trois phases : - 1 ère phase (réalisation en 2013-14) : remplacement des postes d aiguillages, - 2 ième phase (avant-projet détaillé début 2013): augmentation du voltage de la ligne à 25.000 Volts, - 3 ième phase (réalisation à partir 2015-16, durée 8-10 ans) : modernisation du réseau ferré afin d élargir l espacement entre les voies. Le gouvernement doit assurer le budget pour financer les projets et le public doit être informé en continue sur l avancement des travaux. Il faut aussi garantir que les travaux importants de la dernière phase (prévus sur 8-10 ans avec un blocage partiel d'une voie) n'engendrent pas de désagréments majeurs pour garantir une ponctualité optimale. 6) Miser sur le potentiel de la ligne dans le domaine du tourisme soutenable Le potentiel touristique de la ligne est largement sous-estimé. Une stratégie de marketing et d'exploitation qui mettrait en valeur la desserte des Ardennes et qui offrirait des formules de «package» (combinaison vélo et hôtel) devrait être élaborée par les chemins de fer belge et luxembourgeois. Il faudrait aussi rétablir une bonne correspondance des trains de Luxembourg à Blankenberge. Dorénavant, les voyageurs venant de Luxembourg doivent accepter un temps d attente d une heure à Bruxelles avant de pouvoir prendre la correspondance pour Blankenberge. 6
7) Demander des renseignements sur l état d avancement du projet «Pendolino» Le gouvernement doit donner des explications sur l avancement du projet «Pendolino», un projet de train pendulaire qui pourrait réduire davantage le temps de parcours de huit minutes. Il semble être en danger suite à la décision de la nouvelle direction les chemins de fer suisse de ne plus accorder une priorité à l'exploitation commune d'un train pendulaire entre le SNCB, la CFL, la SNCF et la SBB. déi gréng demanderont au Ministre Wiseler de prendre position sur le financement et l avancement du projet global EuroCapRail Bruxelles- Luxembourg à la Chambre des députés. Ils travaillent dans ce dossier en étroite collaboration avec le groupe des Verts au Parlement européen et les représentants wallons du parti Ecolo. Ecolo va faire pression sur le gouvernement fédéral belge qui a la compétence exclusive en la matière. 7