A- CONCLUSIONS DU GROUPE TEMOIN I- CONSTATS 1- Transport de personnes : développement des transports collectifs et maîtrise de l énergie Dans un contexte de maîtrise de l énergie, de lutte contre la pollution, le transport collectif de personnes est perçu comme une réponse adaptée aux besoins croissants de déplacements. Ce secteur possède des atouts pour l avenir, même s il doit lutter contre des tendances lourdes d utilisation des transports individuels et le renchérissement du carburant. La concurrence est forte dans ce secteur d'activité, on observe une difficulté croissante à trouver de la main d'œuvre qualifiée et le besoin de conducteur ligne régulière devrait augmenter même si en Limousin, on reste sur des petits volumes. L évolution de l'informatique embarquée dans les véhicules, associée à des moyens de communication accroît l exigence de compétences du conducteur envers ces nouvelles technologies et plaide également pour un accroissement de son niveau de formation générale. Les connaissances en matière de conduite toujours indispensables doivent se compléter, dans certains postes, par un sens du relationnel développé voire une réelle compétence commerciale. Le développement croissant de la réglementation en matière de sécurité implique un professionnalisme accru. On observe de grosses difficultés de recrutement en règle générale. Elles tiennent, pour le transport scolaire au fait qu il faut embaucher des conducteurs à temps partiel et que l on se situe en milieu rural. La valeur ajoutée du travail, les faibles perspectives d'évolution, les prérequis à l'embauche, les complémentarités d emplois difficiles donnent une faible attractivité au métier et nécessiteraient la mise en place d une GPEC (jeunes seniors). L'accès aux formations à partir de 21 ans pénalise le transport de voyageurs et la profession réclame un accès à 18 ans (pour éviter que les candidats éventuels s'orientent vers des professions concurrentes TP, BTP...). L offre de formation apparaît bien répartie sur le territoire du Limousin, tant dans le cadre des formations initiales que de la formation continue. GFE 13 // Transport, conduite, logistique, manutention, magasinage 4
2- Transport de marchandises : concilier performances économiques et développement durable La principale caractéristique du contexte dans le transport de marchandises longue distance est l importance de la concurrence étrangère (Pays de l Est et du Sud) et la perte très rapide de parts de marché des entreprises françaises (nationales et régionales). Malgré le développement des tonnages, le secteur est en difficulté et les marges s amenuisent. L évolution et la place de l'informatique dans le transport (GPS, GPRS, chronotachygraphe...), la prise en compte de la gestion du développement durable requièrent de nouvelles compétences pour les conducteurs et exploitants. Les emplois de conducteurs évoluent (technique, commerce, règlementation), moins de longue distance (international) mais davantage de transport national et régional. L activité de conduite devient, par ailleurs, accessoire pour les métiers de la messagerie et de l express où des pratiques commerciales (relation clients) et techniques sont avant tout requises. On retrouve également dans ces métiers davantage de manutention et d exigence d exploitation (nombreuses livraisons..). Ces évolutions sont plus en phase avec la possibilité d une vie de famille. On constate également une hausse très forte de la partie administrative du métier induite par la traçabilité des marchandises. On observe également ici de grosses difficultés de recrutement et favoriser le maintien dans l'emploi est donc devenu un axe des politiques de Gestion des Ressources Humaines (GRH). Il existe une volonté forte de la branche de qualifier la profession et de pérenniser les emplois notamment au travers des contrats de professionnalisation à durée indéterminée qui se développent dans le métier. La mobilité professionnelle est possible du fait de la typologie des emplois et des différentes composantes du transport de marchandises. Le système de formation en Limousin s articule autour du Lycée des Métiers Antoine de Saint Exupéry qui dispense le CAP et BEP CSTR, et une offre diffuse sur le territoire tant dans le cadre des formations Permis (C-EC) + FIMO ou Titres professionnels de conducteurs (Véhicule utilitaire léger, Porteur, Tous véhicules). Au niveau régional, on observe une tendance à la centralisation des formations sur la Haute- Vienne et la Corrèze mais peu de réponses formation sur la Creuse. Les experts mentionnent un manque de formations de niveaux bac + 3 à 5 ce qui conduit les personnes à aller se former à Toulouse ou Bordeaux. La question de savoir si de telles formations sont nécessaires en Limousin n a pas été tranchée. On constate une baisse du recours à l'alternance car ce public jugé peu fidèle. Pour ce qui est de l apprentissage, il semble difficile à mettre en place car les âges ne sont pas toujours compatibles avec la réglementation (un jeune de 16 ans ne peut conduire). 5 Transport, conduite, logistique, manutention, magasinage // GFE 13
3- Conduite d engins : métier attractif pyramide des âges préoccupante La conduite d engins est une profession en développement bien rémunérée, dotée d une image attractive et pour laquelle il y a de réelles possibilités d évolution de carrière. «La pyramide des âges est préoccupante dans les travaux publics. 25 % de départ à la retraite d'ici 2010 pour les conducteurs d'engins et la maîtrise de chantier et en plus 15 % de recrutements supplémentaires nécessaires liés à l'augmentation d'activité». «Sur le Limousin, 725 départs à la retraite et 420 nouveaux profils donc à peu près 1150 personnes. En 2005, nous avons formé 70 conducteurs d'engins pour le Limousin. Cela peut poser des problèmes à un moment ou un autre». Transcription des débats du 2 juillet 2007 La conduite d engins de chantier est un métier transversal à toutes les activités des Travaux Publics. On parle ici de métier «produit d appel» pour le secteur. La conduite d engins a fortement évolué avec l'électronique (guidage GPS par exemple), le confort des engins, et plus généralement le progrès technologique. Une demande grandissante de technicité est exprimée. Les conducteurs d'engins qui ont eu une formation spécifique (EATP, CFA, AFPA d'egletons par exemple) peuvent être polyvalents sur les engins les plus utilisés de la profession. Un conducteur d'engins peut changer d'entreprise de Travaux Publics très facilement et retrouver un emploi rapidement quel que soit son lieu de travail. L offre de formation est importante en région, avec un recrutement et un rayonnement d envergure nationale. 4- Logistique, manutention, magasinage : des perspectives plutôt bonnes La logistique se définit aujourd'hui comme une prestation globale intégrant le transport (approvisionnement/distribution), entreposage, gestion des flux, préparation de commande, picking, packing, reverse... Certains opérateurs assurent l'ensemble de ces prestations à leurs clients. Les enjeux de la logistique sont la maîtrise de l'information et des coûts, l optimisation des flux par des process informatiques et organisationnels. Dans certaines régions (Ile De France, Nord, Rhône-Alpes, etc..), l activité de transport aurait tendance à devenir un aspect de la fonction logistique. Cette évolution est en cours dans d'autres régions comme en Limousin. En Corrèze, le développement du nœud autoroutier A20-A89, permet d'inscrire les entreprises de transport comme acteurs majeurs (ou véritables partenaires) en amont ou en aval de l'outil de production. Ce développement se traduit pour les transporteurs par une démarche globale dans l'offre de services. La tendance est à une professionnalisation de plus en plus importante notamment dans les fonctions techniques et d'encadrement avec des aptitudes en langues étrangères. GFE 13 // Transport, conduite, logistique, manutention, magasinage 6
La mécanisation des manutentions et l évolution des moyens informatisés liés à la gestion des flux tant en approvisionnent qu'en stockage ou en distribution a entraîné une mutation profonde des métiers. Cette mutation se traduit par un développement des compétences tant pour les postes terrains que d'encadrement. Il faut noter aussi la mutation du métier qui s'ouvre de plus en plus au personnel féminin, notamment pour le personnel d'encadrement (méthodes, organisation, traçabilité des flux, etc...). On note l émergence d'une spécialisation des métiers vers des tâches spécifiques pour des fonctions de niveau V (Cariste, réceptionnaire, préparateur de commandes, expéditeur, magasinier-vendeur ) et ouverture plus large des métiers de l'encadrement (logistique de distribution, logistique de production, etc...). La logistique est un gisement d'emplois avec un fort potentiel de développement, même s il existe des difficultés de quantification dues au fait que chaque entreprise ayant des flux de produits a des activités logistiques. Ces activités font appel à une forte main d'œuvre. Les possibilités d'évolution de carrière sont plus sensibles du fait de la croissance et de la professionnalisation du secteur. Il est possible d accéder à un poste d'encadrement directement à l'issue de formations initiales de niveau III ou II, et le développement des compétences possible par l'intermédiaire de la formation tout au long de la vie. On observe aussi la possibilité croissante d accéder à des contrats de professionnalisation. L offre nationale de formation est complète du niveau V au niveau I avec des spécialisations en logistique internationale. En Limousin, elle est très déficitaire notamment après le bac et hors Limoges d où l obligation d'aller se former dans les régions voisines (Aquitaine ou Midi-Pyrénées). Le lycée des Métiers Saint Exupéry est considéré comme un atout régional mais il n existe qu un seul établissement de niveaux V et IV et un seul établissement de niveau III. L'image des métiers tertiaires de la logistique et du transport n'est pas ou peu valorisée dans les projets d'orientation. L'offre de formation n'est pas répartie de manière efficiente sur l'ensemble du territoire du Limousin à ce jour, mais certains organismes travaillent en ce sens afin de pouvoir étendre l'offre de formation de niveau V sur le pays de Brive. 7 Transport, conduite, logistique, manutention, magasinage // GFE 13
II- LES PISTES DE REFLEXION De façon générale, il ressort un manque d attractivité des formations et des métiers du transport (personnes et marchandises) qui conduit à des difficultés de recrutement de plus en plus importantes tant en formation qu en emploi. Le groupe témoin a également relevé le manque d attractivité du territoire, transversal aux 4 sous groupes étudiés. La réactivité des prescripteurs, la multiplicité des campagnes d information sur les métiers du transport, l adaptation de l offre de formation aux emplois et par conséquent aux candidats seront autant d enjeux à maîtriser pour les années futures. «Besoin d agir rapidement collectivement» : être acteurs ensemble L image des métiers : Améliorer l image des métiers auprès des parents en communiquant sur les possibilités de débouchés, de carrières Présenter une description du métier et adapter l image à la réalité pour pallier l absence ou les fausses représentations. Développer encore plus la pratique de découverte professionnelle pour susciter des vocations à partir des outils existants qui sont peu utilisés (la DP3 et 6, les forums métiers, la Cité des Métiers zooms métiers, ) avec l implication des professionnels (chefs d entreprises et branches) pour parler de la culture d entreprise La revalorisation de l image des métiers en région doit être relayée au national par les représentants des branches professionnelles concernées de manière à envisager, comme cela avait été le cas en son temps pour le BTP, une campagne de communication d envergure nationale. La formation : Partir du besoin des entreprises, trouver des axes de complémentarité entre organismes de formation (y compris l Education Nationale), développer une filière, harmoniser une carte des formations (aspects territoriaux) sont des idées fortes sur lesquelles les organismes de formation devront travailler dans les années futures. Nécessité de conjuguer les forces des acteurs dès la formation initiale : l entreprise doit être présente lors du recrutement en formation initiale pour favoriser le dialogue entre l individu et le milieu professionnel et faire en sorte que les jeunes soient en mesure de s approprier davantage, dès le collège, la culture d entreprise. Ceci permettrait, sans doute, de garder dans cette filière les élèves qui l ont choisie. En formation initiale, les partenariats Ecole / Entreprise doivent évoluer en vue d une meilleure coordination des besoins, offres et demandes. Toujours en formation initiale, il est proposé de travailler avec les élèves qui échouent aux diplômes de manière à les retenir dans la profession. Le transport de personnes Il n existe pas en Limousin d offre de formation sous système Education Nationale pour le transport de personnes. Les offres de formation initiale (Permis D + FIMO Voyageurs) ou Titre Professionnel de conducteur routier Interurbain de voyageurs GFE 13 // Transport, conduite, logistique, manutention, magasinage 8
sont proposées par les organismes qui effectuent également de la formation continue pour les salariés d entreprise de ce secteur d activité. Les professionnels de la formation rencontrent de plus en plus de difficultés pour trouver des candidats, du fait de la typologie du métier (temps partiel) et de la ruralité des postes en transport scolaire. Aussi, il est nécessaire que les organismes financeurs, les entreprises, l ANPE et/ ou Mission Locale, collectivités (mairie, Département, Région ) et les organismes de formation travaillent en partenariat bien en amont du recrutement et, notamment pour les postes à pourvoir en transport scolaire. Dans le secteur du transport sanitaire, après la refonte du diplôme d'ambulancier, on va assister dans les années futures au développement du dispositif de formation initiale par la voie des contrats de professionnalisation, des contrats d'apprentissage, et des périodes de professionnalisation. Le transport routier de marchandises Au niveau régional en TRM, on observe plutôt une tendance à la concentration des formations sur la Haute-Vienne et la Corrèze, mais peu de réponses formation sur la Creuse. Les experts mentionnent un manque des formations de niveaux bac + 3 à 5 qui conduit des stagiaires à partir se former à Toulouse ou à Bordeaux. Mutualiser et anticiper les besoins : réflexion engagée sur la mise en place d un GEIQ expérimental Renforcer l attractivité des postes et mieux intégrer le risque routier dans la formation. Le développement de l informatique dans le transport, les aptitudes commerciales croissantes (surtout en messagerie/express) et la forte augmentation de la partie administrative du fait de la traçabilité des marchandises sont autant de compétences et qualifications demandées aujourd hui et pour lesquelles il faut former les personnes. Les contrats de professionnalisation se développent dans le métier avec une véritable prise de conscience des entreprises de travailler sur l'accompagnement par la mise en place de tuteurs ou de conducteurs référents. La logistique, la manutention et le magasinage L'offre de formation n'est pas répartie de manière efficiente sur l'ensemble du territoire du Limousin à ce jour, mais certains organismes travaillent en ce sens afin de pouvoir étendre l'offre de formation de niveau V sur le Pays de Brive, compte tenu du développement de cette activité sur le bassin. Les Points forts du système de formation en Limousin sont : au Lycée des Métiers Antoine de Saint Exupéry, la présence des trois voies de formation (scolaire, apprentissage et formation continue) ; la qualité des enseignements (soutien AFT-IFTIM par fourniture de matériel), un tissu partenarial fort. Les Points faibles : un seul établissement aux niveaux V et IV. Un seul établissement niveau III dans le cadre des formations sous système éducation nationale. L'image des métiers tertiaires de la logistique et du transport n'est pas ou peu reconnue dans les projets d'orientation : bien que les Bac Pro Logistique et Exploitation des Transports 9 Transport, conduite, logistique, manutention, magasinage // GFE 13
soient ouverts à l'ensemble des BEP Tertiaires, peu d'élèves extérieurs à l'établissement se dirigent vers ces formations. Il faut donc travailler à la communication et à l image de ces métiers. Il paraît nécessaire de maintenir une possibilité de financement public sur du niveau V, de diversifier l offre de formation sur ce niveau (Titre Professionnel Cariste d entrepôt, TP d Agent Magasinier, TP Préparateur de commandes) et de travailler sur la possibilité de préprofessionnalisation, notamment vers des postes d'agent de manipulation de charge. En conclusion, «Il est important que nous trouvions les moyens de travailler ensemble, de se rencontrer, peut-être profession par profession, peut-être une fois par an de façon transversale. Depuis 15 ou 20 ans que je suis dans la profession, c'est la première fois que l'on arrive à mettre autour d'une table, tous les acteurs de la formation, des professions, de l'éducation nationale, du conseil régional, de l'état et que l'on s'apprend mutuellement des choses. C'est peut-être une expérience à renouveler mais comment le faire, qui peut prendre l'initiative?» ; Les acteurs institutionnels, socioprofessionnels et professionnels présents ont demandé la mise en place de groupes de travail pour chacun des sous groupes du GFE étudié qui poursuivraient la mise en œuvre des pistes de progrès issues de la consultation, Le groupe d experts se réunirait annuellement pour faire le point de manière transversale sur les travaux et échanger sur l évolution du secteur, des métiers, des formations, des recrutements Prisme-Limousin pourrait accompagner la mise en place et le fonctionnement de ces groupes de travail selon des modalités restant à définir avec ses partenaires et ceux d Argos L ensemble de ces constats et pistes de réflexion sont développés dans la partie C du document. Il vous est conseillé de vous y reporter si vous souhaitez avoir un approfondissement des différentes thématiques (éléments de contexte, impact du progrès technologique, la gestion des ressources humaines et la formation) qui ont été traitées. GFE 13 // Transport, conduite, logistique, manutention, magasinage 10