ÉCONOMIE RECHERCHE ÉCONOMIQUE octobre N La possibilité d une reprise économique durable dans la zone euro est venue entièrement de la baisse du prix du pétrole On voit aujourd hui dans la zone euro les premiers signes d une reprise économique peut être durable : hausse de la consommation, baisse du chômage, progression assez forte des exportations, début d amélioration de l immobilier résidentiel et de l investissement des entreprises, avec un redressement de la demande de crédit. Mais il faut comprendre la fragilité de cette reprise qui est toujours entièrement due à la baisse du prix du pétrole. Cette baisse a soutenu les salaires réels, les profits des entreprises ; elle a permis à la BCE, avec la faiblesse de l inflation, de mettre en place le Quantitative Easing, d où la dépréciation de l euro et le niveau très bas des taux d intérêt. La reprise économique de la zone euro est aujourd hui encore bien trop fragile pour résister à une remontée (heureusement peu probable à court terme) du prix du pétrole. Rédacteur : Patrick ARTUS
Premiers signes d une reprise économique peut être durable dans la zone euro Graphique Zone euro : croissance du PIB On observe aujourd hui des signes de reprises économiques (graphique ) dans la zone euro : perspectives de production en hausse (graphique ), hausse de la consommation (graphique ) et baisse du chômage (graphique ), hausse des exportations (graphique ). Graphique Zone euro : PMI (indice) PMI manufacturier PMI hors manufacturier - - - - - - Markit, NATIXIS Graphique Zone euro : consommation des ménages Graphique Zone euro : taux de chômage (en %) - - - - Eurostat, NATIXIS Graphique Zone euro : commerce mondial et exportations - Commerce mondial Exportations - - - - - Flash -
Certaines évolutions peuvent faire penser qu il s agit bien du début d une reprise durable dans la zone euro : la demande de crédit se redresse (graphiques a/b) ; les ventes de logements se redressent, ce qui annonce normalement une hausse de la construction (graphique ) ; l investissement des entreprises semble devoir s améliorer progressivement mais lentement (graphiques a/b), avec le redressement des perspectives de production (graphique ) et de la profitabilité des entreprises (graphique ). - - Graphique a Zone euro : enquête de la BCE sur les évolutions de la demande de crédit Demande de crédit des entreprises Ménages : demande de crédit immobilier Ménages : demande de crédit à la consommation Hausse - - - Graphique b Zone euro : crédit aux ménages et aux entreprises (GA en %) Ménages Entreprises - - Sources : Datastream BCE, NATIXIS Baisse - - - - BCE, NATIXIS - - - Graphique Zone euro: ventes de maisons et permis de construire ( en :) Ventes de maisons (G) Permis de construire (D) Graphique a Zone euro : investissement total des entreprises - - - - Eurostat, NATIXIS Graphique b Zone euro : enquête industrielle sur les commandes de biens d'équipement (solde de réponse) - -, Graphique Zone euro : profits et taux d'autofinancement Profits après taxes, intérêts et dividendes (en % du PIB valeur, G) Taux d'autofinancement (en %, D) - -, - - - -,,, - Sources : Commission Européenne, NATIXIS - - -,, Flash -
Il y a donc des premiers signes de reprise, potentiellement ultérieurement solide, dans la zone euro. Mais cette reprise est entièrement due aujourd hui à la baisse du prix du pétrole La baisse du prix du pétrole (graphique a), et la baisse du coût des importations d énergie (graphique b) de la zone euro expliquent la totalité de cette reprise de la croissance dans la zone euro, puisque la baisse du prix du pétrole entraîne : la baisse de l inflation, d où la hausse des salaires réels et du revenu réel des ménages (graphiques a/b) ; la baisse du coût de l énergie pour les entreprises (graphiques a/b), ce qui contribue à la hausse des profits. Le graphique c montre la hausse du prix de la valeur ajoutée de l industrie liée à la baisse du prix des consommations intermédiaires d énergie (graphique c) ; la possibilité pour la BCE, avec le niveau très faible de l inflation (graphique a) de mettre en place le Quantitative Easing (graphique ) d où : la dépréciation de l euro qui débute au moment où le Quantitative Easing est annoncé à l été (graphique ) ; la baisse des taux d intérêt à long terme, à la fois sur les dettes publiques (graphique a) et privées (graphique b). Graphique a Prix du pétrole (brent en euro / baril) Graphique b Zone euro : importations d'énergie (valeur) En Mds d' par an (G) En % du PIB valeur (D) Graphique a Zone Euro: infaltion (CPI) (GA en %) Graphique b Zone euro : salaire et revenu disponible réel (déflaté par le prix consommation, GA en %) Salaire réel par tête Revenu disponible réel - - - - BCE, NATIXIS - - Flash -
Graphique a Zone euro: PPI en énergie ( en :) Graphique c Zone euro : coût salarial unitaire et prix de la valeur ajoutée dans le secteur manufacturier ( en :) Graphique b Zone euro : consommation intermédiaire en énergie des entreprises (en % du PIB valeur) Graphique Zone euro: base monétaire (en Mds d' ) Coût salarial unitaire Prix de la valeur ajoutée BCE,, NATIXIS Graphique Taux de change Taux de change contre le dollar ( = $, G) Zone euro : taux de change effectif nominal ( en :, D),,,, (*) Hausse : appréciation nominale de la monnaie, Flash -
Graphique a Taux d'intérêt à ans sur les emprunts d'etat (en %) Graphique b Zone euro : taux d'intérêt sur les crédits à taux fixe aux ménages et aux entreprises (en %) Allemagne Zone euro hors Grèce Ménages Entreprises BCE, NATIXIS Ceci explique la hausse des exportations plus forte que celle du commerce mondial (graphique plus haut), le redémarrage du crédit (graphique a/b plus haut). La hausse des exportations et celle des salaires réels, donc de la consommation (graphique haut) expliquent la quasi-totalité de la hausse du PIB de la zone euro en (graphique ). Graphique Zone euro : croissance du PIB, des exportations et de la consommation des ménages - - - - Consommation des ménages volume Exportations volume PIB volume BCE, NATIXIS - - - - - - Synthèse : la zone euro est très sensible à l évolution du prix du pétrole La baisse du prix du pétrole et son effet sur l inflation donc sur la politique monétaire de la BCE et le taux de change de l euro, on l a vu, expliquent la totalité de la croissance de la zone euro en. Mais on a vu que cette croissance est encore très fragile : la construction résidentielle n est pas encore repartie, l investissement des entreprises commence tout juste à se redresser. Une hausse du prix du pétrole, à ce stade, aurait des effets catastrophiques sur la croissance de la zone euro : perte de revenu réel et hausse de l inflation, arrêt rapide du Quantitative Easing et remontée des taux d intérêt, appréciation de l euro et freinage des exportations. Flash -
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