Questions préliminaires

Documents pareils
Cours d analyse numérique SMI-S4

Exercices - Polynômes : corrigé. Opérations sur les polynômes

Calcul matriciel. Définition 1 Une matrice de format (m,n) est un tableau rectangulaire de mn éléments, rangés en m lignes et n colonnes.

Exo7. Matrice d une application linéaire. Corrections d Arnaud Bodin.

Développement décimal d un réel

Problème 1 : applications du plan affine

* très facile ** facile *** difficulté moyenne **** difficile ***** très difficile I : Incontournable

Différentiabilité ; Fonctions de plusieurs variables réelles

Chapitre 2. Matrices

Programmation linéaire

Journées Télécom-UPS «Le numérique pour tous» David A. Madore. 29 mai 2015

Corrigé Problème. Partie I. I-A : Le sens direct et le cas n= 2

Exo7. Calculs de déterminants. Fiche corrigée par Arnaud Bodin. Exercice 1 Calculer les déterminants des matrices suivantes : Exercice 2.

Planche n o 22. Fonctions de plusieurs variables. Corrigé

Cours de Probabilités et de Statistique

Structures algébriques

3 Approximation de solutions d équations

Chp. 4. Minimisation d une fonction d une variable

Durée de L épreuve : 2 heures. Barème : Exercice n 4 : 1 ) 1 point 2 ) 2 points 3 ) 1 point

De même, le périmètre P d un cercle de rayon 1 vaut P = 2π (par définition de π). Mais, on peut démontrer (difficilement!) que

I. Polynômes de Tchebychev

Déterminants. Marc SAGE 9 août Inverses et polynômes 3

Calcul fonctionnel holomorphe dans les algèbres de Banach

Formes quadratiques. 1 Formes quadratiques et formes polaires associées. Imen BHOURI. 1.1 Définitions

Programmation linéaire et Optimisation. Didier Smets

Calcul différentiel. Chapitre Différentiabilité

NOTATIONS PRÉLIMINAIRES

Première partie. Préliminaires : noyaux itérés. MPSI B 6 juin 2015

3. Conditionnement P (B)

[ édité le 30 avril 2015 Enoncés 1

Programmes des classes préparatoires aux Grandes Ecoles

Polynômes à plusieurs variables. Résultant

Dérivées d ordres supérieurs. Application à l étude d extrema.

Fonctions de plusieurs variables

Une forme générale de la conjecture abc

Proposition. Si G est un groupe simple d ordre 60 alors G est isomorphe à A 5.

LES TYPES DE DONNÉES DU LANGAGE PASCAL

UNIVERSITE IBN ZOHR Faculté des sciences Agadir. Filière SMA & SMI. Semestre 1. Module : Algèbre 1

VI. COMPLÉMENTS SUR LES MODULES, THÉORÈME CHINOIS, FACTEURS INVARIANTS SÉANCES DU 15, 16 ET 22 OCTOBRE

Programme de la classe de première année MPSI

Calcul différentiel sur R n Première partie

Cours de mathématiques

Résolution de systèmes linéaires par des méthodes directes

ENSAE - DAKAR BROCHURE D'INFORMATION SUR LE CONCOURS DE RECRUTEMENT D ÉLÈVES INGÉNIEURS STATISTICIENS ÉCONOMISTES (I S E) Option Mathématiques CAPESA

Équations d amorçage d intégrales premières formelles

Cours 02 : Problème général de la programmation linéaire

Feuille d exercices 2 : Espaces probabilisés

Le produit semi-direct

Capes Première épreuve

CHAPITRE V SYSTEMES DIFFERENTIELS LINEAIRES A COEFFICIENTS CONSTANTS DU PREMIER ORDRE. EQUATIONS DIFFERENTIELLES.

Bac Blanc Terminale ES - Février 2011 Épreuve de Mathématiques (durée 3 heures)

Extrait du poly de Stage de Grésillon 1, août 2010

Résumé du cours d algèbre 1, Sandra Rozensztajn. UMPA, ENS de Lyon, sandra.rozensztajn@ens-lyon.fr

Analyse fonctionnelle Théorie des représentations du groupe quantique compact libre O(n) Teodor Banica Résumé - On trouve, pour chaque n 2, la classe

La géométrie du triangle III IV - V Cercles remarquables - Lieux géométriques - Relations métriques

Plan du cours : électricité 1

La Licence Mathématiques et Economie-MASS Université de Sciences Sociales de Toulouse 1

Image d un intervalle par une fonction continue

avec des nombres entiers

1S Modèles de rédaction Enoncés

Contexte. Pour cela, elles doivent être très compliquées, c est-à-dire elles doivent être très différentes des fonctions simples,

Coefficients binomiaux

Fonctions de plusieurs variables, intégrales multiples, et intégrales dépendant d un paramètre

Optimisation non linéaire Irène Charon, Olivier Hudry École nationale supérieure des télécommunications

Groupoïdes quantiques mesurés : axiomatique, étude, dualité, exemples

Fonctions de plusieurs variables : dérivés partielles, diérentielle. Fonctions composées. Fonctions de classe C 1. Exemples

C. R. Acad. Sci. Paris, Ser. I

Capacité d un canal Second Théorème de Shannon. Théorie de l information 1/34

Exercices Corrigés Premières notions sur les espaces vectoriels

Premiers exercices d Algèbre. Anne-Marie Simon

Comment démontrer des formules sans effort? exposé de maîtrise

Erreur statique. Chapitre Définition

Limites finies en un point

Mathématiques appliquées à l'économie et à la Gestion

Programmation linéaire

Cours d Analyse. Fonctions de plusieurs variables

MATLAB : COMMANDES DE BASE. Note : lorsqu applicable, l équivalent en langage C est indiqué entre les délimiteurs /* */.

Calcul intégral élémentaire en plusieurs variables

INF 4420: Sécurité Informatique Cryptographie II

Chapitre 7. Statistique des échantillons gaussiens. 7.1 Projection de vecteurs gaussiens

Un K-espace vectoriel est un ensemble non vide E muni : d une loi de composition interne, c est-à-dire d une application de E E dans E : E E E

Objets Combinatoires élementaires

Licence Sciences de l Ingénieur et Licence Informatique. Niveau L2 (= 2ème année)

Université du Québec à Chicoutimi. Département d informatique et de mathématique. Plan de cours. Titre : Élément de programmation.

DÉRIVÉES. I Nombre dérivé - Tangente. Exercice 01 (voir réponses et correction) ( voir animation )

PEUT-ON «VOIR» DANS L ESPACE À N DIMENSIONS?

spé MP POLYCOPIÉ D EXERCICES

STATIQUE GRAPHIQUE ET STATIQUE ANALYTIQUE

Amphi 3: Espaces complets - Applications linéaires continues

Cours de Mécanique du point matériel

Statistiques Descriptives à une dimension

INF 232: Langages et Automates. Travaux Dirigés. Université Joseph Fourier, Université Grenoble 1 Licence Sciences et Technologies

Souad EL Bernoussi. Groupe d Analyse Numérique et Optimisation Rabat http ://

Cinétique et dynamique des systèmes de solides

Intégration et probabilités TD1 Espaces mesurés Corrigé

Correction du Baccalauréat S Amérique du Nord mai 2007

I4 : Bases de Données

Groupe symétrique. Chapitre II. 1 Définitions et généralités

Chapitre VI - Méthodes de factorisation

Approximations variationelles des EDP Notes du Cours de M2

Transcription:

ÉCOLE POLYTECHNIQUE ÉCOLES NORMALES SUPÉRIEURES CONCOURS D ADMISSION 2015 FILIÈRE MP COMPOSITION DE MATHÉMATIQUES A (XLCR) (Durée : 4 heures) L utilisation des calculatrices n est pas autorisée pour cette épreuve Pour n 1, l espace des polynômes à coefficients réels de degré inférieur ou égal à n est noté R n [X Étant donnés deux polynômes non nuls P et Q à coefficients réels, leur plus grand commun diviseur (pgcd) unitaire est noté P Q Si r 1 est un second entier, M r,n (R) désigne l espace vectoriel des matrices à r lignes et n colonnes à coefficients complexes La notation (m ij ) signifie que le coefficient à la ligne i et colonne j de la matrice M est m ij On note plus simplement M n (R) = M n,n (R), dont la matrice identité est I n M n (R) Le polynôme caractéristique χ M de M M n (R) est défini χ M (X) = det(xi n M) Le polynôme caractéristique est donc unitaire Pour M M r,n (R), t M M n,r (R) désigne la matrice transposée On rappelle qu une matrice carrée M M n (R) est symétrique si t M, orthogonale si t M I n On notera S n (R) (respectivement O n (R)) l ensemble des matrices symétriques (resp orthogonales) de taille n Étant donné un n-uplet (a 1,,a n ) de nombres réels, désigne la matrice diagonale associée (a 1,,a n ) = a 1 Si M S n (R), son spectre est réel On convient de ranger ses valeurs propres (comptées avec leurs ordres de multiplicité) dans l ordre décroissant λ 1 λ n On note alors Sp(M) = (λ 1,,λ n ), qui est donc un n-uplet ordonné Un n + 1-uplet λ = (λ 1 λ n+1 ) R n+1 et un n-uplet µ = (µ 1 µ n ) R n, ordonnés, sont dit enlacés si λ j µ j λ j+1 pour tout j {1,,n} Ils sont strictement enlacés si λ j > µ j > λ j+1 pour tout j Par exemple, (4,3,2,1) et (π,e, 2) sont strictement enlacés a n Questions préliminaires 1 (a) Montrer que O n (R) est un sous-groupe du groupe GL n (R) des matrices inversibles (b) Montrer que O n (R) est une tie compacte de M n (R)

2 Soit M et N dans S n (R) Montrer qu il existe U O n (R) tel que N = UMU 1, si et seulement si χ χ N 3 Soit λ = (λ 1 λ n+1 ) R n+1 et µ = (µ 1 µ n ) R n Soit x R Formons λ = (λ 1 λ i x > λ i+1 λ n+1 ) en choisissant l entier i {0,,n+1} convenablement Si x > λ 1, on a donc i = 0, tandis que si x λ n+1, on a i = n+1 On forme de même µ = (µ 1 µ j x > µ j+1 µ n ) On suppose que λ et µ sont enlacés Montrer que j i j +1 En examinant chacun des deux cas j = i ou i 1, montrer que λ et µ sont enlacés 1 Première Partie Soit µ = (µ 1 > > µ n ) R n 4 On définit les polynômes Q 0 = (X µ k ) et j {1,,n}, P j = Q 0 (X µ j ) (a) Montrer que la famille (Q 0,P 1,P 2,,P n ) est une base de R n [X (b) Soit j {1,,n} Vérifier que ( 1) j 1 P j (µ j ) > 0 5 Soit P R[X un polynôme unitaire de degré n + 1 (a) Montrer qu il existe un unique vecteur (a,α 1,α 2,,α n ) R n+1 tel que P = (X a)q 0 n α j P j (1) (b) On suppose que les nombres réels α 1,,α n sont tous strictement positifs Montrer que P a n+1 racines réelles distinctes λ 1 > > λ n+1, et que λ = (λ 1 > > λ n+1 ) et µ sont strictement enlacés (c) Réciproquement, on suppose que P a n+1 racines réelles distinctes λ 1 > > λ n+1, et que λ = (λ 1 > > λ n+1 ) et µ sont strictement enlacés Montrer que, pour tout j {1,,n}, α j > 0 6 On se donne des entiers m k 1 pour k = 1,,n On pose Q 1 = (X µ k ) m k et, cette fois-ci, P j = Q 1 X µ j Montrer que n Q 1 Q 1 = (X µ k ) mk 1 Page 2

7 Soit (a,α 1,α 2,,α n ) R n+1 et soit P R[X défini la formule P = (X a)q 1 n α j P j (a) Donner une expression de P Q 1 en fonction des µ j, des m j et de l ensemble J des indices pour lesquels α j = 0 (b) On suppose que les nombres α 1,,α n sont positifs ou nuls Montrer que les racines de P sont toutes réelles On admettra la suite que, dans ce cas le plus général, le (N + 1)-uplet des racines de P et le N-uplet des racines de Q 1 sont enlacés 2 Deuxième Partie 8 Soit r et s deux entiers naturels non nuls Soit A M r (R), B M r,s (R), C M s,r (R) et D M s (R) On suppose de plus que A est inversible On considère la matrice M M r+s (R) ayant la forme blocs suivante [ A B C D Trouver deux matrices U M r,s (R) et V M s (R) telles que [ A 0 C I s [ Ir U 0 V et en déduire que det(m) = det(a) det(d CA 1 B) On pourra admettre la suite que cette formule reste vraie lorsque M et ses blocs A,,D sont à coefficients dans le corps R(X) des fractions rationnelles 9 Soit M S n+1 (R) une matrice symétrique On écrit M sous la forme blocs avec a R, y M n,1 (R) et A S n (R) [ A y t y a (a) Si le spectre de A est Sp(A) = (µ 1 µ n ), montrer qu il existe U O n+1 (R) et z M n,1 (R) tels que [ UM t (µ1,,µ U = n ) z t z a (b) En déduire qu il existe des nombres réels positifs ou nuls α j (pour j = 1,,n) tels que n Q 0 χ (X a)q 0 α j (X µ j ), où Q 0 = (X µ k ) (c) Montrer que Sp(M) et Sp(A) sont enlacés Page 3

10 Pour T = (t ij ) M n+1 (R), on note T n la matrice extraite de taille n dont les coefficients sont les t ij pour 1 i,j n Soit M S n+1 (R) Montrer que l ensemble {Sp((UMU 1 ) n ) R n, pour U courant O n+1 (R)}, noté C M, est une tie compacte de R n 11 On suppose de plus que les valeurs propres de M sont distinctes On a donc Sp(M) = (λ 1 > > λ n+1 ) (a) Soit µ = (µ 1 > > µ n ) tel que Sp(M) et µ soient strictement enlacés Montrer que µ aptient à C M (b) Montrer que C { µ = (µ 1 µ n ), tels que Sp(M) et µ soient enlacés} (2) On considère l application 3 Troisième Partie Diag n : S n (R) R n (m ij ) (m 11,m 22,,m nn ) Soit M S n (R) Dans cette tie, on se propose d étudier l ensemble suivant D {Diag n (UMU 1 ), pour U courant O n (R)} 12 On étudie d abord le cas n = 2 On note alors Sp(M) = (λ 1 λ 2 ) Montrer que D M est le segment de R 2 dont les extrémités sont (λ 1,λ 2 ) et (λ 2,λ 1 ) 13 Soit (m ij ) S n (R) On note Sp(M) = (λ 1 λ n ) R n On se propose de démontrer que, pour tout s {1,,n}, on a : s m ii i=1 s λ i (3) i=1 (a) Que pensez-vous du cas s = n? (b) Exprimer n 1 i=1 m ii au moyen des valeurs propres de la matrice M n 1 obtenue en supprimant la dernière ligne et la dernière colonne de M En déduire l inégalité (3) lorsque s = n 1 (c) En procédant récurrence sur n, montrer l inégalité (3), pour tout s {1,, n} 4 Quatrième Partie 14 On note E l espace vectoriel R 2 muni du produit scalaire standard et de la base canonique B = {e 1,e 2 } On définit une base C = {ω 1,ω 2 } de E ω 1 = e 1 et ω 2 = 1 2 (e 1 + 3e 2 ) (a) Soit s 1 : E E la symétrie orthogonale ( ) rapport à la droite Rω 1 Montrer que la 1 1 matrice de s 1 dans la base C est 0 1 Page 4

(b) Soit s 2 : E E la symétrie orthogonale ( ) rapport à la droite Rω 2 Montrer que la 1 0 matrice de s 2 dans la base C est 1 1 15 Soit H l ensemble des vecteurs (m 1,m 2,m 3 ) R 3 tels que m 1 +m 2 +m 3 = 0 On note H + le sous-ensemble des (m 1,m 2,m 3 ) H tels que m 1 m 2 m 3 On considère l application ϕ : H E (m 1,m 2,m 3 ) (m 1 m 2 )ω 1 +(m 2 m 3 )ω 2 (a) Montrer que ϕ est un isomorphisme linéaire Décrire ϕ(h + ) (b) Montrer que, pour tout (m 1,m 2,m 3 ) H, on a s 1 ϕ(m 1,m 2,m 3 ) = ϕ(m 1,m 3,m 2 ) et s 2 ϕ(m 1,m 2,m 3 ) = ϕ(m 2,m 1,m 3 ) (c) Soit λ = (λ 1,λ 2,λ 3 ) H tel que λ 1 > λ 2 > λ 3 On note l ensemble des Q λ (m 1,m 2,m 3 ) H + tels que m 1 λ 1 et m 1 + m 2 λ 1 + λ 2 Montrer que ϕ(q λ) est un quadrilatère dont on décrira les sommets 16 Soit M S 3 (R) une matrice de trace nulle On note Sp(M) = (λ 1 λ 2 λ 3 ) On se propose de décrire ϕ(d M ) (a) Soit(m 1,m 2,m 3 ) H Soitσ une permutation de{1,2,3} Montrer que(m 1,m 2,m 3 ) D M si et seulement si (m σ(1),m σ(2),m σ(3) ) D M (b) En utilisant la question 13, montrer que l intersection H + D M est incluse dans Q λ (c) Soit(m 1,m 2,m 3 ) D M Montrer que le segment deh dont les sommets sont(m 1,m 2,m 3 ) et (m 2,m 1,m 3 ) est inclus dans D M On pourra utiliser la question 12 De même, montrer que le segment deh dont les sommets sont(m 1,m 2,m 3 ) et(m 1,m 3,m 2 ) est inclus dans D M (d) Montrer que D M contient Q λ (e) Montrer que si λ 1 > λ 2 > λ 3 alors ϕ(d M ) est un hexagone, dont on déterminera les sommets Page 5