COMMENTAIRES MENSUELS DES MARCHÉS 3 juin 2015 REVUE 31 mai 2015 31 décembre 2014 Changement (en %) S&P/TSX 15 014,1 14 632,4 2,6 % S&P 500 2 107,4 2 058,9 2,3 % DJIA 18 010,7 17 823,1 1,0 % NASDAQ 5 070,0 4 736,0 7,0 % Oblig. can. 10 ans 1,62 % 1,79 % -17 bp Oblig. améri. 10 ans 2,12 % 2,17 % -5 bp Bons Trésor can. 90 jrs 0,63 % 0,90 % -27 bp Bons Trésor amér. 90 jrs 0,01 % 0,01 % 0 bp $ amér. vs $ can. 0,804 $ 0,860 $ -6,5 % RACHATS D ACTIONS OU HAUSSES DES DIVIDENDES? Les marchés boursiers américains ont poursuivi leur ascension et le S&P 500 et le Dow Jones ont touché de nouveaux sommets durant le mois. Pendant ce temps, le NASDAQ fracassait sa précédente marque établie il y a 15 ans (mars 2000). Le marché canadien, pour sa part, n a pas réussi à soutenir le rythme du marché américain, mais il n est plus qu à 4 % de son record absolu atteint en septembre dernier. Le secteur canadien de l énergie a empêché le TSX d établir de nouveaux records, mais des signes encourageants se profilent, alors que ces sociétés se refinancent et rajustent leurs coûts en fonction des prix actuels du pétrole. Nous avons toujours espoir que le TSX parviendra à surpasser son dernier sommet plus tard cette année. Dans nos commentaires de ce mois-ci, nous jetons un regard critique sur les rachats d actions des sociétés et évaluons leurs avantages pour les actionnaires. Nous comparons également cette stratégie à une stratégie de hausse du dividende. Rachats d actions : Les rachats d actions permettent aux sociétés de racheter leurs propres actions en circulation sur le marché. Les sociétés avisent régulièrement les organismes de réglementation des valeurs mobilières de leur intention de racheter leurs actions, habituellement sur une base annuelle. Bien qu il s agisse d une pratique courante, beaucoup de sociétés ne rachètent pas l intégralité du montant alloué et d autres ne rachètent aucune de leurs actions. Plusieurs raisons peuvent inciter les entreprises à racheter leurs actions. D une façon générale, les rachats surviennent lorsque l entreprise estime que son titre est sous-évalué. Warren Buffet a déjà discuté des avantages des rachats, notamment dans son rapport annuel de 2012 où il mentionnait ceci : «les rachats sont justifiés pour une entreprise lorsque ses actions se négocient à un escompte appréciable par rapport à leur valeur intrinsèque estimée prudemment. En effet, les rachats disciplinés sont le moyen le plus sûr d utiliser les fonds intelligemment : on peut difficilement se tromper quand on paie 0,80 $ ou moins pour un dollar... Par contre, il ne faut jamais oublier ceci : le prix est très important dans les décisions de rachat. En effet, la valeur est détruite si les achats sont effectués à un prix supérieur à la valeur intrinsèque.» [Traduction] rapport annuel 2012 de Berkshire Hathaway 3Macs Recherche financière Montréal 514 394-3000 Québec 418 656-1212 Toronto 416 597-7900 London 519 645-1110 Page 1 de 5
Nous illustrons ci-dessous les rachats d actions des sociétés du S&P 500 au cours des dernières années. $700 $600 $500 $400 $300 $200 $100 $0 S&P 500 Stock Buybacks (US$ Billions) Source : Citigroup, mai 2015 Les détracteurs des rachats d actions prétendent que les entreprises peuvent aussi avoir d autres raisons pour racheter leurs actions. Lorsqu une entreprise achète ses actions, le nombre d actions en circulation diminue, ce qui peut faire augmenter le bénéfice par action, même si le bénéfice total reste le même. Les détracteurs affirment qu une augmentation du bénéfice par action dans ce cas cache la véritable situation de l entreprise. L autre argument invoqué serait que la rémunération des dirigeants est habituellement liée à l augmentation ou à la diminution du bénéfice par action de la société. Ceux qui critiquent cette stratégie estiment donc qu elle est en bonne partie motivée par l intérêt personnel des dirigeants. De plus, chaque dollar utilisé est un dollar qui n est pas investi dans l entreprise elle-même et qui peut limiter la croissance future de ses bénéfices. L exemple typique pour les détracteurs est celui d IBM (IBM-NYSE). Entre 2010 et la fin de 2014, la société a dépensé plus de 60 milliards $ pour racheter ses actions. Les résultats de son programme de rachat d actions sont illustrés ci-dessous. Malgré les arguments valables de ceux qui dénoncent la stratégie, le marché boursier a tendance à récompenser les sociétés qui rachètent leurs actions. Bien qu il soit difficile de réunir les données de toutes les sociétés du S&P 500 qui ont procédé à des rachats d actions, Goldman Sachs (GS-NYSE) a créé un indice (qui ne peut pas être acheté à notre connaissance) des sociétés du S&P qui ont racheté leurs actions. Les résultats sont présentés ci-dessous. À des fins de comparaison, nous commençons à la fin de 2004 et nous attribuons une valeur de 1 $ à chacun des indices S&P 500 et GSTHREPO. D une façon générale, les sociétés qui rachètent leurs actions sont récompensées par une augmentation du cours de leur titre et elles ont surpassé l indice S&P 500. 3Macs Recherche financière Montréal 514 394-3000 Québec 418 656-1212 Toronto 416 597-7900 London 519 645-1110 Page 2 de 5
Figure 1 $3.00 Rewarding Shareholders - Buybacks $2.50 $2.70 $2.00 $1.50 $1.77 $1.00 $0.50 Stock Repurchases S&P 500 Index Source : Indice Bloomberg-GSTHREPO Hausses de dividendes : Dans le contexte actuel de faibles taux d intérêt, les investisseurs recherchent des solutions de rechange aux titres à revenu fixe. Or beaucoup de titres, en particulier au Canada, offrent un rendement en dividendes (dividende actuel divisé par le cours de l action de la société) supérieur au rendement des titres à revenu fixe. De plus, beaucoup de sociétés augmentent régulièrement leur dividende. Même si nous sommes favorables aux hausses de dividendes, nous reconnaissons également qu à certains moments il est préférable pour une société de conserver ses bénéfices pour les réinvestir dans ses activités. Nous revenons encore une fois sur des extraits du rapport annuel de 2012 où Warren Buffet traite des rachats d actions et des hausses de dividendes : «Une entreprise rentable peut utiliser ses bénéfices de différentes façons (qui ne sont pas mutuellement exclusives). La direction doit d abord examiner les possibilités de réinvestissement offertes par ses projets actuels : amélioration de l efficacité, expansion sur le plan géographique, extension et amélioration de la gamme de produits ou encore amélioration de sa position concurrentielle.» [Traduction] rapport annuel 2012 de Berkshire Hathaway Nous illustrons ci-dessous une stratégie (Figure 2) qui mise sur des sociétés susceptibles de hausser leur dividende au cours de la prochaine année selon les analystes et dont le rendement en dividendes est supérieur au rendement du S&P 500. Comme nous pouvons le constater, un placement dans ces sociétés a non seulement produit un rendement supérieur à celui de l indice S&P 500, mais a également surpassé celui des sociétés qui se sont contentées de racheter leurs actions (Figure 1). 3Macs Recherche financière Montréal 514 394-3000 Québec 418 656-1212 Toronto 416 597-7900 London 519 645-1110 Page 3 de 5
Figure 2 Rewarding Shareholders - Dividend Increases $3.00 $2.50 $2.00 $1.50 $1.00 $0.50 $2.87 $1.77 Dividend Growth S&P 500 Index Source : Indice Bloomberg-GSTHCASH Hausses de dividendes et rachats d actions : Le dernier groupe étudié comprend des sociétés qui devraient augmenter leur dividende et racheter leurs actions, selon les analystes. Comme nous pouvons le constater, les sociétés qui font les deux affichent les meilleurs rendements, même si l écart avec celles qui ne font que hausser leur dividende est faible (Figure 2). Figure 3 Source : indice Bloomberg-GSTHDIVG 3Macs Recherche financière Montréal 514 394-3000 Québec 418 656-1212 Toronto 416 597-7900 London 519 645-1110 Page 4 de 5
Conclusion : Certains dénoncent les rachats d actions, mais nous estimons que c est un moyen légitime de récompenser les actionnaires, à condition que la stratégie soit utilisée correctement et pour les bonnes raisons. On pense ici aux entreprises qui sont relativement matures et qui n ont pas besoin d investir beaucoup dans leurs immobilisations pour maintenir ou étendre leurs activités. Un surplus de liquidités sans stratégie de rachat d actions ou de hausse du dividende peut aussi être dangereux. On a vu beaucoup de cas où des entreprises ont dépensé leurs surplus dans des projets qu elles jugeaient alors utiles, mais qui ont rapporté de piètres rendements, si bien qu il aurait mieux valu distribuer les liquidités aux actionnaires. Malgré l avantage supplémentaire associé à une stratégie de rachat d actions doublée d une hausse du dividende (Figure 3), nous privilégions la stratégie de hausse du dividende seulement (Figure 2), parce qu elle est beaucoup plus facile à mettre en œuvre et moins sujette aux erreurs. En outre, les sociétés qui rachètent leurs actions n obtiennent pas toujours le même succès. Comme l illustre le graphique à barres de la page 2, les rachats d actions ont atteint un sommet en 2007, juste avant la crise financière, et ils ont touché un creux en 2009 lorsque le marché boursier a plongé. Ian Nakamoto Directeur, Service de la recherche 3Macs Recherche financière Montréal 514 394-3000 Québec 418 656-1212 Toronto 416 597-7900 London 519 645-1110 Page 5 de 5