Codes correcteurs d erreurs construits à partir des variétés algébriques

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Transcription:

125 Prépublication n 22 Fascicule n 2 Codes correcteurs d erreurs construits à partir des variétés algébriques Frédéric A. B. Edoukou CNRS, Institut de Mathématiques de Luminy Luminy case 907 13288 Marseille Cedex 9 France edoukou@iml.univ-mrs.fr Résumé : On étudie le code fonctionnel défini sur une variété algébrique X sur un corps fini, tout comme V. Goppa l avait fait sur les courbes. La distance minimale de ce code est déterminée par le nombre de points rationnels de l intersection de X avec toutes les hypersurfaces d un certain dégré. Dans le cas où X est une surface hermitienne non-dégénérée, A.B. Sorensen a formulé dans sa thèse (1991) une conjecture, qui résolue, donne exactement la distance minimale de ce code. Dans ce papier nous allons répondre à cette conjecture dans le cas des surfaces quadriques. En utilisant des résultats de géométrie finie nous donnerons aussi la distribution des poids du code associé. Mots-clés : codes correcteurs d erreurs. 1 Rappels sur les codes correcteurs Soit p un nombre premier et q = p a une puissance de p. On note F q le corps fini à q éléments. On appelle code de longueur n, de dimension k, un sous-espace vectoriel de F n q. Les éléments de ce sous espace vectoriel C sont appelés les mots du code. Soit x = (x 1, x 2,..., x n) un mot du code C et J = {1,..., n}. Le support de x est l ensemble défini par supp(x) = {i J x i 0}. Le poids de Hamming de x qu on note w(x) est le nombre de composantes non-nulles de x : w(x) = #supp(x). Soient x et y deux éléments du code, on définit la distance de Hamming d(x, y) entre x et y comme étant le nombre de composantes en lesquelles x et y diffèrent. Plus précisement si x = (x 1, x 2,..., x n) et y = (y 1, y 2,..., y n), alors d(x, y) = #{x i y i, 1 i n} Frédéric A. B. Edoukou «Codes correcteurs d erreurs construits à partir des variétés algébriques»

126 Et on a la relation : w(x) = d(x, O) La distance minimale d(c) d un code C est la plus petite distance entre deux mots distincts. Comme d(x, y) = w(x y, O), on en déduit que la distance minimale est aussi le plus petit poids ; on a : d(c) = min{w(x), c C et c O} Un code C de longueur n, de dimension k et de distance minimale d est noté C=[n,k,d] et on dit que n,k, et d sont les paramètres du code C.Deux des objectifs les plus recherchés dans la désignation d un bon code sont : Grande efficacité : dans le sens d avoir un nombre relativement grand de mots du code pour une longueur donnée ; Grande distance minimale : pour une capacité de correction assez grande. En effet un code dont la distance minimale est d corrige exactement e = [ d 1 ] erreurs, et le 2 nombre e est appelé la capacité de correction du code. Un autre but aussi important dans la désignation d un bon code est l obtention d un algorithme de codage-décodage susceptible d être implémenté sur une machine de façon simple et de travailler pendant un temps court. Et pour ce troisième objectif, on peut faire appel à la distribution des poids. Malheureusement, toutes ces exigences ne vont pas de pair, elles sont contradictoires. Et c est pour cela que la désignation d un bon code ou la recherche d un bon code découle d un processus difficile. La théorie des codes correcteurs est née de par la nécessité de transmettre des messages à travers un canal bruité. Comme exemple nous avons, les conversations téléphoniques, les télécommunications par satellite, les faisceaux hertziens (la transmission d image à la télévision), les radio-communications avec les mobiles, les techniques d enregistrement. Les problèmes rencontrés sont à la base de nature de l ingénierie, mais très souvent les solutions sont trouvées en utilisant, l algèbre, la combinatoire, la géométrie finie et quelques fois d autres branches des mathématiques. Dans cet article, nous allons étudier une construction particulière de codes, et les propriétés qui en découlent. 2 Dénombrements dans l espace projectif P n (F q) On désigne par P n (F q) l espace projectif de dimension n sur le corps fini F q) à q éléments, où q = p a est une puissance d un nombre premier. Le nombre de points de P n (F q) est : π n = #P n (F q) = #Π n = q n + q n 1 +... + 1. On note Π r un sous-epace projectif linéaire de dimension r et Φ(r, n, q) le nombre de sous-espaces projectifs linéaires Π r contenus dans P n (F q). On a alors : Φ(r, n, q) = i=n+1 Y i=n r+1 i=r+1 Y (q i 1)/ (q i 1). i=1 Soit s r et X (s, r; n, q) le nombre de sous-espaces projectifs Π r passant par un Π s fixé. Par le principe de dualité dans l espace projectif, on montre que : X (s, r; n, q) = Φ(n r 1, n s 1, q).

127 Soit W i l ensemble des points de cordonnées homogènes (x 0 :... : x n) P n (F q) tel que x j = 0 pour j < i et x i 0. La famille {W i } 0 i n forme une partition de P n (F q). Soit P = (x 0 : x 1 :... : x n) P n (F q) et f(x 0,..., x n) un polynôme homogène en n + 1 variables à coefficients dans F q et de degré d. On a f(p ) = f(x 0,..., x n) x i d avec x = (x 0 :... : x n) W i. En 1989, aux 16 es Journées Arithmétiques qui ont eu lieu à Marseille Luminy (17-21 juillet 1989) M. Tsfasman présenta une conjecture sur la meilleure borne pour le nombre de points d une hypersurface dans P n (F q). Elle fut résolue d abord par J. P. Serre dans une lettre adressée à Tsfasman le 24 juillet 1989 ensuite par A. B. Sorensen un trimestre plus tard en utilisant une technique différente qui est en faite duale de celle de Serre. Théorème 1 (Tsfasman-Serre-Sorensen) ([1, 2]) Soit f(x 0,..., x n) un polynôme homogène en n + 1 variables à coefficients dans F q et de degré d q. Alors le nombre of zéros de f dans P n (F q) satisfait à : #Z (f) (F q) dq n 1 + π n 2. Cette borne supérieure est atteinte quand Z (f) est réunion de h hyperplans contenant une même variété linéaire de codimension 2. Définition 1 Soit V une variété projective, la dimension maximale g(v) des sous espaces projectifs linéaires contenus dans V, est appelée l indice projectif de V. Nous allons maintenant nous restreindre à l espace projectif P 3 (F q) et définir la notion de regulus qui se généralise dans tout espace projectif P n (F q) de dimension impaire. Lemme 1 Dans P 3 (F q) le nombre de droites rencontrant trois droites non concourantes deux à deux est q + 1. On montre aussi que ces q + 1 droites sont non concourantes deux à deux. Définition 2 L ensemble des droites rencontrant trois droites non concourantes (deux à deux) est appelé un regulus. Ainsi donc, un regulus est constitué de q + 1 droites non concourantes, et si l 1, l 2 et l 3 sont trois d entre elles, le regulus est noté R(l 1, l 2, l 3 ). On montre également que les droites rencontrant l 1, l 2 et l 3 rencontrent toute droite de R(l 1, l 2, l 3 ) et forme un regulus appelé le regulus complémentaire. 3 Introduction du code fonctionnel Soit X un ensemble fini, X = {P 1,..., P n} et F(X, F q) l espace vectoriel des applications définies sur X et à valeurs dans F q. Soit F e F(X, F q) un sous-ensemble. On définit l application c : F(X, F q) F n q f c(f) = (f(p 1 ),..., f(p n)) Le code fonctionnel défini par F e et X, et denoté C(X, F e ) est l image de l application c restreinte à F e. C(X, F e ) = Imc F e Nous avons le résultat suivant Proposition 1 Le code C(X, F e ) a les paramètres suivants : lenghc(x, e F ) = n, dim C(X, e F ) = dim e F dim ker C e F distc(x, F e ) = n max cw(f) f F e

128 Il est évident que pour avoir des codes avec un nombre relativement grand de mots de code, l injectivité de l application c s impose. Nous travaillerons plus particulièrement dans cet article, le cas où X P N (F q) est un ensemble algébrique et e F est l espace des formes de degré h sur X que nous denotons F h. On note alors C h (X) le code C(X, e F ). Dans ce cas particulier, on a : distc h (X) = #X(F q) max f F h #X Z(f) (F q) D après cette formule, la distance minimale de C h (X) est déterminée par le nombre de points #X Z(f) (F q) de l intersection de X avec les hypersurfaces f de degré h. Sous la condition de l injectivité de l application c, on obtient par des résultats d analyse combinatoire que : N + h dim C h (X) =. h 4 Les variétés hermitiennes et quelques propriétés fondamentales Les variétés hermitiennes sont définies dans des espaces projectifs sur des corps de Galois de la forme GF (q 2 ). Définition 3 Soit h GF (q 2 ). On appelle conjuqué de h et on note h = h q. Définition 4 Soit H = (h ij ) 0 i,j N une matrice carrée avec les h ij GF (q 2 ). La matrice H est dite hermitienne si et ssi h ij = h ji pour tout 0 i, j N. Soit x t = (x 0,..., x N ) un vecteur ligne et soit x le vecteur colonne correspondant où x 0, x 1,..., x N sont des indéterminés, x t Hx (q) est un polynôme homogène en les variables x 0, x 1,..., x N de degré q + 1. La forme x t Hx (q) est appelée une forme hermitienne si H est une matrice hermitienne et H est appelée la matrice de la forme. L ordre et le rang d une forme hermitienne sont définis comme étant l ordre et le rang de H. Définition 5 Soit X un ensemble de points dans P N (F q 2) dont les vecteurs lignes x t = (x 0,..., x N ) satisfont à l équation : x t Hx (q) = 0. On dit alors que X est une variété hermitienne ssi H est une matrice hermitienne. Elle est non-dégénérée si le rang de H est N + 1 et dégénérée dans le cas contraire (i.e. rang( X ) < N + 1). R.C. Bose et I.M. Chakravarti ont donné en 1966 pour la première fois une formule permettant de déterminer exactement le nombre de points d une variété hermitienne nondégénérée. Ils en déduisent de cette formule, le nombre de points d une variété hermitienne dégénérée de rang r. Théorème 2 Soit X P n (F q) une variété hermitienne non-dégénérée. Alors, # X (F q) = Φ(n, t 2 ) = [t n+1 ( 1) n+1 ][t n ( 1) n ]/(t 2 1) (1) Pour X P n (F q) une variété hermitienne dégénérée de rang r < n + 1, nous avons : où Φ(n, t 2 ) est donnée par (1). # X (F q) = (t 2 1)π n r Φ(r 1, t 2 ) + π n r + Φ(r 1, t 2 ), Ils ont aussi étudié la section d une variété hermitienne non-dégénérée par un hyperplan tangent. Ils obtiennent le résultat suivant : Théorème 3 [3] Soit X une variété hermitienne non-dégénérée dans P n (F q) et H un hyperplan. Si H est tangent à X en P, alors X H est une variété hermitienne dégénérée de rang n 1 dans P n 1 (F q). Le lieu singulier de X H est constitué uniquement du point P. En 1971, I.M. Chakravarti achève tout seul l étude de la section hyperplane d une variété hermitienne non-dégénérée. Il obtient le résultat suivant : Théorème 4 [4] Soit X une variété hermitienne non-dégénérée dans P n (F q) et H un hyperplan. Si H est non-tangent à X, alors X H est une variété hermitienne non-dégénérée dans P n 1 (F q).

129 5 Le code C h (X) défini sur la surface hermitienne non-dégénérée Ici q = t 2 et X est la surface hermitienne dans P 3 (F q) non-dégénérée d équation X : x t+1 0 + x t+1 1 + x t+1 2 + x t+1 3 = 0. D après le théorème 2, on obtient #X(F q) = (t 2 + 1)(t 3 + 1). Injectivité : L injectivité de l application c définissant le code C h (X) est vérifiée sous la condition h t. Et cette condition est elle-même obtenue grâce à la borne de Tsfasman- Serre-Sorensen pour les hypersurfaces. Historique du code C h (X) sur la surface hermitienne : En 1985, pour h = 2 et t = 2, R. Tobias un étudiant en thèse de I.M. Chakravarti à l UNC-CH a étudié ce problème. Par un traitement à l ordinateur, il donna d abord la liste des 45 points de X. Il a ensuite évalué les 10 monônes quadratiques en chacun des 45 points de X. Il ne fut pas à mesure de déterminer la distance minimale de C 2 (X). En 1986, pour h = 2 et t = 2, Paul P. Spurr dans son mémoire de master [5] à l UNC-CH en Caroline du Nord sous la direction de Ladnor Geissinger détermina grâce à un programme informatique, non seulement la distance minimale mais aussi la distribution des poids du code C 2 (X). Tous les mots du code C 2 (X) sont de poids pairs. Il obtint d ailleurs le prix du meilleur mémoire de master en sciences de son université. En 1991, pour h = 2 et t = 2, A. B. Sorensen dans sa thèse de doctorat [2] sous la direction du professeur J. P. Hansen à Aarhus, montra que l utilisation d un ordinateur n était pas vraiment nécessaire pour déterminer la distance minimale de C 2 (X). Il a même décrit la structure géométrique des mots de poids minimaux et en a déduit leur nombre. Sorensen a généralisé son étude à la variété hermitienne non-dégénérée d équation X : x t+1 0 + x t+1 1 + x t+1 2 + x t+1 3 = 0 et a formulé une conjecture pour h t, #X Z(f) (F q) h(t 3 + t 2 t) + t + 1 qui une fois résolue, devrait donner exactement la distance minimale de C h (X). En 1993, au colloque A.G.C.T-4 de Marseille-Luminy, G. Lachaud donna une borne supérieure du nombre de points d un ensemble algébrique de degré donné. Le résultat de G. Lachaud appliqué aux hypothèses du problème ci-dessus, conduit à la borne suivante : pour h t, #X Z(f) (F q) h(t 3 + t 2 + t + 1) qui est malheureusement plus large que celle de Sorensen. En 2003, F. Rodier étudia également le code C h (X) défini sur la surface hermitienne non-dégénérée. Mais il n apporta ni une amélioration à la borne de G. Lachaud, ni une information à la conjecture ci-dessus. Résolution de la conjecture de Sorensen : On remarque que pour h = 1, la conjecture est vraie. Il suffit pour cela d appliquer les théorèmes 3,4 et 2 pour s en convaincre. Nous allons répondre à la conjecture de Sorensen pour h = 2, en utilisant la classification projective des quadriques dans P 3 (F q) et aussi les propriétés des variétés hermitiennes. De plus, les techniques développées à savoir : La structure de deux reguli, chacun engendrant la quadrique hyperbolique et la limite imposée au nombre de droites non-concourantes contenues dans un regulus pouvant appartenir à la surface hermitienne non-singulière ; La section de la quadrique elliptique E 3 par X, dans P 3 (F q) vu comme une famille de q + 1 plans passant par une même droite définie par deux points distincts de E 3 X ; La structure géométrique du cône quadrique de rang 3 qui est en fait une réunion de q + 1 droites passant par un sommet et la limite imposée au nombre de droites du cône quadrique pouvant être contenues dans X.

130 nous permettent non seulement de répondre positivement à la conjecture ci-dessus pour les quadriques, mais aussi de préciser le premier, le second et le troisième poids, ainsi que la description géométrique des quadriques donnant ces poids et finalement le nombre des mots atteignant ces trois premiers poids. En clair, nous obtenons les résultats suivants : Caractérisation du premier poids w 1 et sa multiplicité A w1 Théorème 5 [6] La distance minimale du code C 2 (X) est : d = t 5 t 3 t 2 + t. Les mots de poids minimaux correspondent aux quadriques qui sont réunion de plans, chacun tangent à la surface hermitienne (i.e. intersectant la surface hermitienne en t + 1 droites passant par un point), et la droite d intersection des deux plans intersectant X en t + 1 points. Le nombre de mots de poids minimaux est : A w1 = (t 2 1)[ 1 2 (t5 + t 3 + t 2 + 1)t 5 ] Caractérisation du second poids w 2 et sa multiplicité A w2 Théorème 6 [7] Le second poids du code C 2 (X) est w 2 = t 5 t 3. Les mots de code atteignant le second poids correspondent à trois types de quadriques : quadriques hyperboliques contenant trois droites non-concourantes de X ; quadriques qui sont réunion de deux plans tangents à la surface hermitienne X, se rencontrant en une droite contenue dans X ; quadriques qui sont réunion de deux plans l un tangent à X, le second non-tangent à X et la droite d intersection des deux plans rencontrant X en un seul point. Le nombre de mots atteignant le second poids est : A w2 = 1 2 (t2 1)(t 5 + t 3 + t 2 + 1)(3t 2 t + 1)t 2 Caractérisation du troisième poids w 3 et sa multiplicité A w3 Théorème 7 [7] Le troisième poids du code C 2 (X) est w 3 = t 5 t 3 + t. Les mots de code atteignant le troisième poids correspondent aux quadriques qui sont réunion de deux plans l un tangent à X, le second non-tangent à X et la droite d intersection des deux plans intersectant la surface hermitienne X en t + 1 points. Le nombre de mots atteignant le troisième poids est : A w3 = (t 2 1)(t 5 + t 3 + t 2 + 1)(t 6 t 5 ) On remarque que pour h = 2 et t = 2, on retrouve les résultats de Sorensen et ceux de Spurr calculés par ordinateur : w 1 = 22, A w1 = 2160 ; w 2 = 24, A w2 = 2970 ; w 3 = 26, A w3 = 4320. Nous explicitons les quatrième et cinquième poids du code C 2 (X ), et formulons une conjecture sur la structure géométrique des quadriques qui correspondent à ces poids. Le mardi 27 février 2007, dans mon exposé au séminaire du GRIM (Groupe de Recherche en Informatique et Mathématiques) de l U.S.T.V à Toulon, Philippe Langevin (directeur du dit groupe) me fit remarquer que les cinq premiers poids du code C 2 (X ) étaient divisibles par t et que cela pourrait peut être s étendre à tous les autres poids (ce qui est d ailleurs le cas pour t = 2). Nous allons prouver que cette remarque est bien fondée grâce au théorème de James Ax sur les zéros des polynômes à coefficient dans un corps fini. Théorème 8 [3] Soient r polynômes à n variables F i de degré d i sur F q, alors de zéros communs des F i est divisible par q b si n > b P r i=0 d i. Théorème 9 [8] Tous les poids du code C 2 (X ) défini sur la surface hermitienne nondégénérée X sont divisibles par t. Nous allons donner une démonstration plus générale dans P n (F q).si φ est une forme hermitienne à n + 1 variables avec n 3 sur un corps F q = F t 2 et F une forme quadratique, on a φ(x 0,..., x n) = x t+1 0 +... + x t+1 n.

131 Notons α un élément de F q qui n est pas dans F t. On a F q = F t αf t. Décomposons les éléments x de F q : x = y + αz. La conjugaison est donnée par x x t et transforme α en α. Par conséquent x t = y + αz, et par suite x t+1 = (y + αz)(y + αz) = y 2 + (α + α)yz + ααz 2. La forme φ est maintenant une forme de degré 2 en 2(n + 1) variables. Et sa nouvelle équation devient φ(y 0, z 0,..., y n, z n) = y0 2+(α+α)y 0z 0 +ααz0 2+...+y2 n +(α+α)ynzn+ααz2 n. Soient X et Q les variétés projectives associées aux formes φ et F. Les nouvelles équations donnant X Q s écrivent alors 8 >< y0 2 + (α + α)y 0z 0 + ααz0 2 +... + y2 n + (α + α)y nz n + ααzn 2 = 0 >: F (y 0, z 0,..., y n, z n) = 0 et sont des équations sur F t. Par le théorème d Ax, le nombre de zéros communs N à φ et F (dans F 2(n+1) t ) est divisible par t car 2(n + 1) > 2 + 2. D autre part F et φ sont homogènes, donc N 1 est divisible par t 1. Etant donné que X et Q sont les variétés projectives associées aux formes φ et F, on a #(Q X) = N 1 N 1. Soit M =, on a N (1 M) (mod. t). Et comme N est divisible par t 1 t 1 t, on en déduit M 1 (mod. t) Le poids d un mot de code associé à la variété quadrique Q sur X est égal à w = #X #(Q X) = #X M. Or, par le théorème d Ax encore, le nombre de zéros de φ (dans F 2(n+1) t ) est divisible par t, donc #X 1 (mod. t). Par conséquent, w = #X M 0(mod. t). Références [1] J.P. Serre. Lettre à m. Tsfasman. In Journées Arithmétiques de Luminy, volume 198-199-200 of Astérisque, pages 351 353, 1991. [2] A.B. Sorensen. Rational points on hypersurfaces, Reed-Muller codes and algebraic-geometric codes. PhD thesis, University of Aarhus, Denmark, 1991. [3] R.C. Bose and I.M. Chakravarti. Hermitian varieties in finite projective space pg(n, q). Canadian J. of Math., 18 :1173, 1966. [4] I.M. Chakravarti. Some properties and applications of hermitian varieties in finite projective space pg(n,q 2 ) in the construction of strongly regular graphs (two-class association schemes) and block designs. Journal of Comb. Theory, Series B, 11(3) :268 283, 1971. [5] A.B. Sorensen. Rational points on hypersurfaces, reed-muller codes and algebraic-geometric codes. Master s thesis, University of North Carolina at Chapell Hill, USA, 1986. [6] F.A.B. Edoukou. Codes defined by forms of degree 2 on hermitian surface and sorensen conjecture. Finite Fields and Their Applications, 13 :616 627, 2007. [7] F.A.B. Edoukou. The weight distribution of the functional codes defined by forms of degree 2 on hermitian surfaces. Finite Fields and Their Applications, 1 :616 627, 2005. [8] F.A.B. Edoukou. Codes correcteurs d erreurs définis à partir des variétés algébriques. PhD thesis, Université de la Méditerranée, Marseilles, France, 2007. [9] A. Aubry and M. Perret. Connected projective algebraic curves over finite fields. In I.M.L., 2002. [10] J. Ax. Zeroes of polynomials over finite fields. Amer. J. Math., 86 :255 261, 1964. [11] R.C. Bose and I.M. Chakravarti. Hermitian varieties in finite projective space pg(n, q). Canadian J. of Math., 18 :260, 1966. [12] I.M. Chakravarti. The generalized goppa codes and related discrete designs from hermitian surfaces in pg(3, s 2 ). Lecture Notes in Computer Sci., 311 :116 124, 1986. [13] R. Hartshorne. Algebraic Geometry, Graduate texts in mathematics 52. Springer-Verlag, 1977.

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