LONGUEUIL ISBN : 978-2-9814939-0-3



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LONGUEUIL Portrait du patrimoine culturel et identitaire Cahier Boucherville Brossard Longueuil Saint-Bruno-de-Montarville Saint-Lambert Dans le cadre de l Entente administrative sur le développement de la culture pour le territoire de l agglomération de Longueuil 2010-2011, la Conférence régionale des élus de l agglomération de Longueuil (CRÉ), le ministère de la Culture et des Communications (MCC) et le Forum jeunesse Longueuil en collaboration avec le Conseil montérégien de la culture et des communications (CMCC), souhaitent identifier et valoriser, à travers une approche concertée, les éléments patrimoniaux identitaires des cinq municipalités se trouvant sur le territoire de l agglomération. La première partie de ce mandat vise d abord à colliger, bonifier et documenter l information préalablement recueillie par l agglomération, les villes et leurs partenaires, entourant les éléments patrimoniaux identitaires et distinctifs du territoire. À ce sujet, la notion élargie de patrimoine, telle que présentée dans la Loi sur le patrimoine culturel, a servi de référence. Cet exercice a mené à l élaboration de cinq portraits mettant en lumière les éléments distinctifs qui caractérisent les différentes municipalités de l agglomération. Ce cahier présente les éléments phares du patrimoine culturel et identitaire de la Ville de Longueuil. Rappelons que l objectif n est pas de dresser un inventaire précis ou exhaustif, mais plutôt de mettre l emphase sur les saillances identitaires du territoire longueuillois. La seconde partie du mandat, non incluse dans ce cahier, a pour objectif de faire l analyse de l ensemble du territoire dans le but de faire ressortir les éléments patrimoniaux et identitaires communs ou jumelables des cinq municipalités en vue d élaborer des pistes d action à entreprendre et devant mener à la mise en place d une démarche de valorisation patrimoniale applicable à l échelle de l agglomération. 4

TABLE DES MATIÈRES TERRITOIRE ET GÉOGRAPHIE... 6 ÉVOLUTION HISTORIQUE DU TERRITOIRE... 10 ARCHÉOLOGIE... 22 CADRE BÂTI... 23 PAYSAGES D INTÉRÊT... 32 MONUMENTS ET ART PUBLIC... 34 CONCLUSION... 36 BIBLIOGRAPHIE... 37 5

TERRITOIRE ET GÉOGRAPHIE N N Carte 1. Positionnement à l échelle métropolitaine Carte 2. Positionnement à l échelle de l agglomération La localisation et l accessibilité La ville de Longueuil, d une superficie de 123 km 2, est située au sud-ouest de la province du Québec, dans la région administrative de la Montérégie. Depuis 2002, elle regroupe trois arrondissements qui étaient autrefois des municipalités autonomes : le Vieux-Longueuil, Greenfield Park et Saint-Hubert. Cette fusion a par conséquent fait de Longueuil une ville aux centralités multiples. La ville de Longueuil bénéficie d un réseau d infrastructures de transport considérable, bien intégré à la région métropolitaine. Les autoroutes 20, 30 et 15 relient la municipalité avec le reste du Québec, l Ontario et les États- Unis. À une autre échelle, les connexions régionales sont assurées par les routes 116, 132 et 134, le chemin de Chambly ainsi que le boulevard Cousineau. Pour sa part, le pont Jacques-Cartier permet de relier Longueuil à l île de Montréal. L Exposition universelle de 1967 a entrainé la construction d un autre lien direct avec Montréal par l entremise d une ligne de métro. Finalement, la ville est desservie par un réseau important de chemin de fer, plus particulièrement dans l arrondissement de St-Hubert, et jouit également de la présence d un aéroport essentiellement dédié à la petite aviation. La géomorphologie et les milieux naturels S inscrivant dans l ensemble géographique de la plaine de Montréal, Longueuil possède une topographie pratiquement dépourvue de relief. Les propriétés géologiques de son sous-sol sont attribuables aux dépôts sédimentaires (shales d Utica) laissés à la suite du retrait de la mer de Champlain, il y a environ 460 millions d années. Aujourd hui, on distingue à Longueuil deux grandes unités territoriales, soit l ensemble urbain plus dense aux abords du Saint-Laurent et l ensemble suburbain de l arrièrepays, allant de la banlieue pavillonnaire jusqu aux terrains agricoles. Les abords du Saint-Laurent Au cours des derniers siècles, l aménagement du noyau villageois et le développement progressif des secteurs avoisinants ont eu un impact sur la morphologie des berges du Saint-Laurent. Aujourd hui, l intérêt écologique des abords du fleuve porte sur la présence d aménagements végétaux ayant été réalisés sur ses rives, la création du parc Marie-Victorin ainsi que sur la préservation de milieux humides. 6

Parcs et espaces verts Territoires agricoles Secteurs voués à l urbanisation N Carte 3. Limites administratives de la ville de Longueuil 7

TERRITOIRE ET GÉOGRAPHIE Fig. 1. Les terres agricoles L arrière-pays Dans l axe du chemin de Chambly, à l est du boulevard Jacques-Cartier, l intensité de l occupation du sol diminue graduellement jusqu à l autoroute 30. Au-delà de cette autoroute, le territoire longueuillois a une vocation principalement agricole. Les terres y sont toujours cultivées ou encore laissées en friche. Cette plaine d origine marine est dominée par la présence d une couche d argile variant de 6 à 50 mètres. Aujourd hui, les espaces d intérêt écologique de ce secteur se concentrent essentiellement autour des zones agricoles en friche et des quelques massifs boisés qui les ponctuent. 8

TERRITOIRE ET GÉOGRAPHIE Le profil sociodémographique Avec une population totale de 231 409 habitants, la Ville de Longueuil arrive au 5e rang des municipalités les plus peuplées du Québec. Entre 2006 et 2011, elle connaît une croissance démographique de 0,9 %. Cette faible augmentation contraste avec celles des années 1980 et 1990 (respectivement 5 % et 10 %). L examen de la distribution de la population par groupes d âge fait ressortir la dominance des cohortes des 45 à 65 ans, une tendance provinciale qui témoigne d un vieillissement progressif de la population. Environ un quart des habitants de Longueuil (24,8 %) possèdent ou ont déjà possédé le statut d immigrant. En ce qui concerne les origines ethniques, 82 % des habitants de la ville de Longueuil se déclarent d origines canadiennes et nord-américaines. 1 Le français est la langue majoritairement parlée à la maison avec 85 %, contre 8 % pour l anglais. Les résidents utilisant une autre langue au domicile familial, dont l espagnol ou l arabe, correspondent à 7 % de la population totale. ÉVOLUTION DE LA POPULATION PYRAMIDE DES ÂGES 250 000 200 000 150 000 100 000 50 000 0 85 ans et + 80 à 84 ans 75 à 79 ans 70 à 74 ans 65 à 69 ans 60 à 64 ans 55 à 59 ans 50 à 54 ans 45 à 49 ans 40 à 44 ans 35 à 39 ans 30 à 34 ans 25 à 29 ans 20 à 24 ans 15 à 19 ans 10 à 14 ans 5 à 9 ans 0 à 4 ans 1901 1911 1921 1931 1941 1951 1961 1971 1981 1991 2001 2011 LANGUES Francophone (85 %) Anglophone (8 %) Allophone (7 %) Sources : Statistique Canada 2006 et 2011. 1 La catégorie des origines canadiennes et nord-américaines désigne les recensés qui se reportent sur au moins trois (3) générations à des ancêtres français, britanniques, américains ou à d autres groupes provinciaux et régionaux. 9

ÉVOLUTION HISTORIQUE DU TERRITOIRE Charles Le Moyne prend possession de la seigneurie Bataille de Longueuil (tentative d invasion américaine) Inauguration du premier chemin de fer à Longueuil Inauguration de l aéroport de Saint-Hubert Fusion municipale (annexions des villes de Le Moyne, Greenfield Park et Saint- Hubert ) 1700 1860 1930 1657 1775 1847 1928 2002 La seigneurie de Longueuil devient une baronnie Inauguration du pont Victoria Inauguration du Pont du Havre (Jacques-Cartier) Les premières occupations (4500 A.A.-1667) 2 Bien que plusieurs recherches archéologiques aient démontré la présence de population humaine au Québec remontant à plus de 12000 avant aujourd hui (A.A.), il semble peu probable, à l exception peut-être du mont Saint- Bruno, qu on retrouve des vestiges de cette époque sur le territoire de l agglomération de Longueuil. En fonction des connaissances actuelles et de l avancement de la recherche archéologique, les premiers groupes autochtones font leur apparition dans la vallée du Saint-Laurent il y a 4500 à 5000 ans peut-être davantage. Cette hypothèse repose notamment sur la découverte de plusieurs vestiges de cette période dans le Vieux-La Prairie, à la pointe du Buisson (Beauharnois) et à l île Sainte-Thérèse (en face de Varennes). Les recherches archéologiques menées sur plusieurs années dans le parc de la Baronnie dans le Vieux- Longueuil ont permis de trouver entre autres des artefacts iroquois constitués de tessons de poterie qui témoignent de l occupation amérindienne depuis au moins 2400 ans, soit au mois le début du Sylvicole inférieur (2400 A.A 1500 A.A.). Cette période est notamment marquée par la pratique de plus en plus importante de la pêche. Cette pratique a entrainé de profonds changements au niveau des modes d occupation pour différentes raisons. L efficacité de la pêche a permis une importante croissance démographique et, conséquemment, accentué la tendance des groupes à former des identités régionales. Peu à peu, le processus de sédentarisation va s accélérer. La durée de l occupation des campements d été, implantés le long de la rive sud du fleuve Saint-Laurent, va augmenter suivant une exploitation de plus en plus intensive de certaines espèces de poissons. Des documents historiques font mention de la présence amérindienne dans la région de Longueuil. En effet, lors de son passage à proximité de Longueuil en 1535, Jacques- Cartier note la présence de terres cultivées sur la rive sud de Montréal. Il s agit fort probablement des populations appartenant aux Iroquois du Saint-Laurent de la «Province» de Hochelaga. En revanche, en 1611, Samuel de Champlain constate plutôt la désertion du territoire par les populations rencontrées par Cartier. 2 Nous privilégions ici le terme «avant aujourd hui» et son abréviation «A.A». Il s agit d une expression fréquemment utilisée par les archéologues et géologues pour décrire l année où un échantillon a été daté. Parce que le «aujourd hui» continue de changer, la pratique courante consiste à définir le point de début en 1950, moment où la méthode de datation par le carbone 14 a commencé à être utilisée, et de compter à rebours. 10

ÉVOLUTION HISTORIQUE DU TERRITOIRE Les débuts du régime seigneurial (1657-1700) En 1657, Jean de Lauzon fils, grand sénéchal de la Nouvelle- France, cède à Charles Le Moyne (1626-1685), une seigneurie, donnant sur le fleuve, de 50 arpents de large par 100 arpents de profondeur. En 1664, y sont annexées, les îles Ronde et Sainte-Hélène. Une dizaine d années après s être fait céder les terres, Charles Le Moyne est officiellement nommé seigneur par le roi Louis XIV. À cette époque, le paysage de la seigneurie est dominé par le Saint-Laurent et une plaine couverte d une forêt dense sillonnée par un ruisseau (Saint-Antoine). À sa demande, les colons qui s y sont installés débutent le défrichage des terres situées le long du fleuve. Cela permet notamment de libérer l espace prévu pour l aménagement du futur chemin du Roi qui permettra de relier les seigneuries de Boucherville, de Longueuil et de La Prairie. À cette même époque, le roi de France ordonne l envoi du Régiment de Carignan-Salières afin de pacifier le sud de la colonie soumise à des attaques régulières de la part des Iroquois. Ce régiment, composé de quelque 1 100 hommes, érige un fort à Chambly. Ce dernier est stratégiquement situé le long de la rivière Richelieu, considérée comme la voie de pénétration de prédilection du camp ennemi. Dans le but de faciliter la circulation des militaires entre les différents postes de défense implantés le long de cette rivière jusqu à la frontière américaine, le roi de France ordonne la construction d un chemin entre Chambly et Ville-Marie. Ce chemin allait permettre aux militaires de faire le trajet entre les deux villages sans devoir emprunter le fleuve ou la rivière Richelieu. Aménagé selon un tracé rectiligne, en raison du peu d obstacles naturels, le chemin de Chambly est considéré comme l un des plus vieux chemins d importance du Canada. Des fouilles archéologiques menées en 2002 ont, par ailleurs, permis de mettre en lumière trois phases de construction du chemin, lors de chacune desquelles étaient utilisés des techniques et des matériaux différents, propres à l époque où le travail était réalisé. Personnage historique Qui est Charles Le Moyne? Lieu historique L île Sainte-Hélène? Fig. 2. Charles Le Moyne (1626-1685) Fils de Pierre Le Moyne, aubergiste, et de Judith Du Chesne, Charles Le Moyne arrive en Nouvelle-France en 1641 à l âge de 15 ans. Jeune, il séjourne d abord pendant quatre ans en Huronie auprès des Jésuites avant d être affecté à la garnison de Trois-Rivières comme interprète, commis et soldat. En 1646, il s établit de façon permanente à Ville-Marie (Montréal). Durant les quarante années suivantes, sa vie est consacrée à la défense de la colonie contre les Iroquois. Il passe d ailleurs tout près d y laisser sa peau en 1661 alors qu il est sauvé de justesse d une attaque perpétrée par 160 Amérindiens. En 1657, la famille de Lauzon lui octroie une seigneurie sur la rive sud de Montréal, taillée à même l immense seigneurie de La Citière. En 1668, Charles Le Moyne est officiellement nommé seigneur par le roi Louis XIV. Fig. 3. L île Sainte-Hélène Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec L occupation de l île Saint-Hélène remonte aussi loin qu en 1685. Dès cette époque, l île est exploitée à des fins agricoles et comprend une maison en pierre. À cette construction s ajoutent une bergerie, une étable, une écurie, un verger et un moulin. En 1818, craignant une nouvelle invasion américaine, le Gouvernement britannique achète l île Sainte- Hélène pour la fortifier et du même coup pour assurer la protection de Montréal. Cédée ensuite au Gouvernement Fédéral, l île est cédée partiellement à nouveau en 1874 à la Ville de Montréal, puis complètement en 1908, dans l objectif d y aménager un parc. 11

ÉVOLUTION HISTORIQUE DU TERRITOIRE À l ouest de la seigneurie, entre le futur chemin du Roi et la rive du fleuve, Charles Le Moyne réserve une bande de terre pour y implanter une commune. Une seconde commune est plus tard aménagée derrière le village à proximité du chemin de Chambly, dont la vocation se transforme ; le chemin passe de voie militaire à un axe de colonisation. Dès lors, le seigneur décide d ériger son domaine au centre de sa terre à proximité du fleuve et du ruisseau Saint-Antoine. C est dans ce secteur que sont construits plus tard le moulin à vent, le manoir, la brasserie, le fort et le cimetière. Bien que la seigneurie ait été établie en 1657, ce n est qu à partir de 1667 que les premières concessions sont accordées. Les terres sont alors occupées par les soldats du Régiment de Carignan-Sallières, arrivés quelques années auparavant, en 1665. Cette nouvelle occupation du territoire est aussi favorisée par les plus récentes négociations de paix avec les Iroquois ayant permis de mettre fin à la Première Guerre franco-iroquoise (1641-1667). Afin de tirer profit le plus possible du fleuve comme moyen de communication privilégié entre la seigneurie et Ville-Marie, les premières concessions sont établies sur la rive, de chaque côté du domaine seigneurial. Vers 1670, le seigneur fait construire sur son domaine, une résidence en pierre d une dimension de 13,5 mètres de long par 7,5 mètres de large. Charles Le Moyne n occupe cependant que très rarement cette maison, préférant plutôt sa résidence principale de la rue Saint-Paul à Ville- Marie. En 1672, l intendant Jean-Talon cède à Charles Le Moyne les terres non concédées localisées entre les seigneuries de La- Prairie-de-la-Magdeleine et de Boucherville. Puis, suivant le désir du seigneur, l intendant Jacques Duchesneau de la Doussinière, réunit en 1676 les trois concessions de la rive sud (1657, 1664 et 1672) appartenant à Charles Le Moyne en une seule seigneurie. Celle-ci est alors nommée Longueuil en souvenir du nom du village natal de la mère de Charles Le Moyne, situé en Normandie. ÎLE MADELEINE ÎLE RONDE ÎLETS VERTS ÎLE SAINTE-HÉLÈNE COMMUNE DOMAINE SEIGNEURIAL N Fig. 4. Localisation du Domaine seigneurial Adaptation d un plan paru dans GAUTHIER (1997). 12

ÉVOLUTION HISTORIQUE DU TERRITOIRE En 1684, un an avant sa mort, Charles Le Moyne prend les dispositions pour que son fils aîné, Charles Le Moyne de Longueuil (1656-1729), puisse lui succéder. Onze ans plus tard, alors que les hostilités franco-iroquoises ont repris de plus belle, Charles Le Moyne de Longueuil ordonne la construction d un fort de 68 mètres de large par 46 mètres de profondeur. Complété en 1698, ce fort, qui intègre le manoir seigneurial et une église, offre une protection aux habitants contre les raids iroquois. En raison de cette seconde guerre Franco-Iroquoise (1684-1701) qui bat son plein, le nombre de terres concédées au sein de la seigneurie ralentit, passant de 22, en 1677, à seulement 29, en 1695. La population s accroît un peu plus rapidement passant de 78 habitants en 1681 à 223 en 1698. Fig. 5. Fort de Longueuil Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec La Baronnie de Longueuil et les bienfaits de la Grande Paix de Montréal (1700-1720) N rue St-Charles Fig. 6. Carte schématique de Longueuil en 1810 Adaptation d une carte tracée par J. L. Vincent et parue dans JODOIN et VINCENT (1889). COMMUNE Chemin de Chambly DOMAINE MANOIR DEVENU PRESBYTÈRE CHÂTEAU FORT ÉGLISE DE 1724 MOULIN À EAU MOULIN À VENT L année précédant la signature de la Grande Paix de Montréal en 1701, Charles Le Moyne fils est promu au rang de baron par le roi Louis XIV. La seigneurie de Longueuil devient dès lors la baronnie de Longueuil. Cette nouvelle période d accalmie facilite grandement le peuplement à l intérieur des terres. Alors que tout le bord de l eau est occupé, Charles Le Moyne de Longueuil commence à concéder des terres dans le deuxième rang. Afin d y accéder et de faciliter l accès au château et au moulin par les colons, on aménage deux nouvelles voies. La première, le «chemin des atocas», renommé plus tard chemin du Coteau Rouge (boulevard Sainte-Foy), est tracé parallèlement au fleuve. À l origine, ce chemin partait du chemin de Chambly et allait rejoindre au sud le chemin de la Côte Noire (chemin Tiffin, rue Saint-Georges et Grande Allée). La seconde est le chemin de Gentilly (boulevard Roland-Therrien) qui longe le ruisseau Saint-Antoine à partir du fleuve jusqu à l intérieur des terres. Désormais beaucoup moins craintifs d être attaqués, les colons se consacrent davantage à la culture de leurs terres et à l élevage, ce qui leur permet d engendrer des surplus à écouler dans les marchés publics de Ville-Marie. Entre 1720 et 1730, les premières maisons du village de la baronnie de Longueuil sont construites à proximité du château fort et le long de la rue Saint-Charles. Cette rue, nouvellement ouverte, est ainsi nommée en l honneur du premier seigneur des lieux. La maison Daniel-Poirier est d ailleurs un témoin toujours présent de l implantation de maisons villageoises de cette époque. 13

ÉVOLUTION HISTORIQUE DU TERRITOIRE L essor du village (1720-1845) En 1722, la paroisse de Saint-Antoine de Longueuil est érigée civilement. Celle-ci comprend au sud le Mouillepied (partie de l actuelle Ville de Saint-Lambert) et au nord le fief du Tremblay (territoire appartenant au seigneur de Varennes). À l est, la paroisse est délimitée par l actuel arrondissement de Saint-Hubert. Quelques années plus tard, entre 1724 et 1727, une première église de pierre est construite par Guillaume Alexandre dit Jourdain au cœur de la baronnie, à l angle nord-est de la rue Saint-Charles et du chemin de Chambly. Elle vient remplacer la chapelle dressée vers 1700 qui était située à l intérieur du château fort. Le village continue de se développer à un rythme lent, mais régulier. Cette progression s explique essentiellement par l établissement de plusieurs militaires des régiments de la Reine, Béarn, Languedoc, La Sarre, Royal-Roussilon, Guyenne et Berry, qui tiennent leurs quartiers d hiver dans la baronnie depuis la fin de la guerre de Sept Ans. Peu après la conquête britannique de 1760, on dénombre une quarantaine de bâtiments dans le bourg. Au début des années 1800, le village de Longueuil est marqué par une série de changements et d événements importants. Tout d abord, le fort de 1698, devenu obsolète depuis la fin des hostilités, est démoli en 1810. Il n en reste d ailleurs aujourd hui que quelques vestiges situés dans le Parc de la Baronnie. Puis en 1814, parallèlement à la démolition de la vieille église de 1727, Longueuil assiste à la construction, sur les ruines du fort, de sa deuxième et nouvelle église. Ces travaux de réorganisation du village permettent alors le prolongement de la rue Saint-Charles au-delà du chemin de Chambly. Dès lors, ces deux axes joueront un rôle important dans la structure et l orientation du développement du village. Peu avant 1835, les rues Saint-Étienne, Saint-Antoine, Charlotte et Saint-André sont ouvertes selon une trame plus ou moins régulière. On compte à cette époque 65 bâtiments distribués autour de l église et occupés par des marchands, des artisans, des forgerons et d autres professionnels. Dès 1835, une partie de la baronnie est lotie. Les rues sont tracées selon une trame orthogonale, dans le même axe que le chemin de Chambly. Durant les premières années, peu de bâtiments y seront toutefois construits. Le développement du village et la plus récente croissance démographique incitent certaines communautés religieuses à venir s installer dans la baronnie de Longueuil. En 1843, les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie ouvrent une première école pour filles dans la maison de la Fabrique. Elles y reçoivent 13 pensionnaires et 50 externes. Les religieuses déménagent leur couvent en 1844 dans une maison datant du Régime français qui sera plusieurs fois agrandie. En 1854, quelques années après la fondation du couvent, c est au tour des Clercs de Saint-Viateur de prendre en charge la direction d un collège pour garçons dans la maison Chaboillez. Événement historique La Rébellion des Patriotes Le matin du 17 novembre 1837, Longueuil est le théâtre du premier épisode de la Rébellion des patriotes. Un petit groupe d hommes, commandé par Bonaventure Viger et Joseph Vincent, s organise pour délivrer les prisonniers politiques Jean-François Davignon, médecin, et Paul Desmarais, notaire. Les premiers coups de feu sont tirés par Patrick Murray vers le Royal Montreal Cavalry sur le chemin de Chambly, à la hauteur de l actuel boulevard Curé-Poirier. Peu après avoir été libérés, les prisonniers sont amenés chez le forgeron Olivier Fournier, dit la Grenade, pour qu il leur enlève leurs chaînes. Le lendemain, les forces de l ordre arrêtent Louis Mongeau, père et fils, et dispersent une centaine de patriotes armés. 14

rue St-Charles ÉVOLUTION HISTORIQUE DU TERRITOIRE COMMUNE N Chemin de Chambly DOMAINE FLEUVE SAINT-LAURENT Fig.7. Carte schématique de Longueuil en 1835 Adaptation d une carte tracée par J. L. Vincent et parue dans JODOIN et VINCENT (1889). 15

ÉVOLUTION HISTORIQUE DU TERRITOIRE N Rue du Bord-de-l Eau Tracés fondateurs Boulevard Roland Therrien Rue Saint-Charles Boulevard Sainte-Foy Chemin de Chambly Boulevard Taschereau Rue Victoria Montée Saint-Hubert 16 Qu est-ce qu un tracé fondateur? Les tracés fondateurs correspondent aux premiers chemins aménagés ayant structuré le développement des villes au cours des premières étapes de leur évolution. Ceux-ci épousent généralement certaines contraintes géophysiques (cours d eau, colline, etc.). Dans d autres cas, ils correspondent à des chemins aménagés parallèlement au lotissement seigneurial, permettant d accéder à de nouvelles concessions à l intérieur des terres. L intérêt du tracé fondateur tient principalement à son importance historique, à son caractère pittoresque et dans certains cas à la concentration de bâtiments d intérêt patrimonial le long de son parcours. Grande Allée Carte 4. Les tracés fondateurs

Le rôle névralgique des infrastructures de transport (1845-1910) ÉVOLUTION HISTORIQUE DU TERRITOIRE En 1845, la Municipalité de la paroisse de Saint-Antoine de Longueuil est fondée. Elle couvre le même territoire que la paroisse fixée en 1722, soit un périmètre incluant la Ville de Saint-Lambert, les arrondissements de Saint-Hubert, de Greenfield Park et une partie du Vieux-Longueuil. À ce moment, le territoire compte plus de 3 500 habitants et de 374 maisons. Cette entité ne survit cependant que trois ans puisqu en 1848, la municipalité de paroisse est scindée pour former le Village de Longueuil, qui correspond essentiellement au Vieux-Longueuil d aujourd hui, et la municipalité de paroisse de Longueuil. Le Village de Longueuil devient en 1874 la Ville de Longueuil. Signe d un développement fleurissant, la compagnie de chemin de fer St.Lawrence & Atlantic Railroad inaugure en 1853 la première voie ferrée qui relie Longueuil à Saint-Hyacinthe. Le terminus, situé en bordure du Saint- Laurent près de la Place Longueuil actuelle, comprend une gare, des hangars, des ateliers et une fonderie. La même année, la compagnie est rachetée par le Grand Tronc. Cette acquisition permet de connecter le chemin de fer au réseau grandissant de la compagnie qui s étend jusqu à Portland dans le Maine et du même coup de créer de l emploi. Plus de 300 travailleurs sont engagés par la compagnie et assignés au nouveau terminus. À cette époque le Grand Tronc fait construire cinq maisons de brique de deux étages chacune afin d y loger ses ingénieurs et ses administrateurs. Quatre de ces cinq maisons sont toujours présentes sur la rue Victoria. À partir de 1854, la compagnie du Grand Tronc entreprend la construction du pont Victoria. Ce pont, inauguré officiellement le 25 août 1860 en présence du Prince de Galles, est à l époque considéré comme la huitième merveille du monde. L arrivée de ce pont entraîne initialement des effets plutôt négatifs pour la ville, puisqu il mènera à l abandon du terminus de Longueuil de même qu au déménagement des ateliers du Grand Tronc à Pointe- Saint-Charles. En revanche, en rattachant la Rive-Sud et Montréal, le pont Victoria permet à Longueuil de devenir une véritable banlieue de Montréal. Le boom démographique important que génère ce nouveau lien avec la métropole donne notamment lieu au développement de secteurs faubouriens ainsi qu à la construction de la cocathédrale de Saint-Antoine-de-Padoue en 1887. Les plus récents développements du territoire engendrent la création de nouvelles centralités ainsi que la division de la Municipalité de paroisse de Longueuil en municipalités. De cette fraction sont fondées les municipalités de Saint- Lambert (1857) et de Saint-Hubert (1860). Bien qu on dénote la présence de quelques résidences dès le début du 19 e siècle, le développement de Saint-Hubert, autrefois appelé Charon, s accélère vers les années 1860. On attribue son expansion à la concession de terres le long du chemin de la Savane et de la montée Saint-Hubert, dont l aménagement vers 1850 permet de relier le chemin de la Côte Noire (chemin Tiffin) au chemin de Chambly. Lors de sa création, la municipalité de Saint-Hubert comprend déjà 150 familles et possède une église succursale, un presbytère, un bureau de poste et un dépôt du chemin de fer du Grand Tronc. Grâce à l initiative de deux hommes influents de la municipalité, Mgr Bourget accepte de doter la ville d un nouveau lieu de culte. Dès 1862, une nouvelle église de style néo-gothique est érigée, à côté de laquelle sera construit, en 1870, le couvent des Sœurs du Bon Pasteur d Angers. Durant cette même période, la consolidation du noyau villageois s accompagne d un développement résidentiel dans les secteurs Brookline, Brentwood, Pinehurst, East Greenfield et Croydon. Plusieurs des nouveaux résidents de Saint-Hubert travaillent à la Canada Peat Fuel. Cette compagnie, dont les actionnaires viennent pour la plupart du Grand Tronc, produit de la tourbe sous forme de briques combustibles pour les locomotives. 17

ÉVOLUTION HISTORIQUE DU TERRITOIRE Tout comme pour le secteur de Saint-Hubert, le développement du secteur de Greenfield Park se fait très lentement au cours du 18 e et du 19 e siècle. Les premiers lotissements se situent dans la partie dite de la deuxième concession du Petit Saint-Charles. Les premiers chemins de desserte sont, d un côté, le chemin La Pinière, rebaptisé plus tard Victoria, et de l autre, le chemin Saint-Charles, qui relie La Pinière à la Côte Noire (chemin Tiffin). À l exception de ces chemins, on compte en 1907 seulement deux autres rues, l avenue Murray et le boulevard Patenaude (rue Empire). Peu à peu les terres agricoles adjacentes sont subdivisées en vue d un lotissement résidentiel faubourien. La très grande majorité des nouveaux arrivants de Greenfield Park sont d origine britannique et issue de la classe ouvrière. Plusieurs d entre eux ont notamment participé à la construction du pont Victoria et du canal de Lachine. Bien que Greenfield Park soit encore peu développé et éloigné des services qu offre le noyau de Longueuil, plusieurs Montréalais quittent leurs quartiers pour y acheter une petite parcelle de terre. L arrivée du tramway de la Montreal & Southern Counties Railway, qui permet de faire rapidement la navette entre Greenfield Park et Montréal, accentue cette tendance. La population de la ville, incorporée en 1911, passe donc de 300 en 1914 à 1 610 en 1931. Chemin du Petit St-Charles Chemin de la Côte Noire (boul. Grande Allée) N 1ere Concession du Petit St.-Charles 2e Concession du Petit St.-Charles Chemin de la Pinère (Victoria) 2e Concession Mouillepied Pont Victoria Chemin bord de l eau FLEUVE SAINT-LAURENT T T- 1ère Concession Mouillepied Paroisse de la Prairie de la Magdeleine GREENFILED PARK EN 1911 Fig. 8. Carte schématique du lotissement de Greenfield Park en 1867 et du territoire de la municipalité en 1910 Adaptation d un plan paru dans Riley (2005). 18

ÉVOLUTION HISTORIQUE DU TERRITOIRE Fig. 9. Aéroport de Saint-Hubert Source : Bilbiothèque et archives nationales du Québec Industrialisation et développement des transports (1910-1945) Au tournant des années 1910, on remarque à Longueuil et à Saint-Hubert l arrivée de nombreuses industries et la construction de nouvelles infrastructures de transport. Ce mouvement débute avec l implantation de l industrie anglaise Armstrong Whitworth en 1914. Cette compagnie, fondée en 1847, se spécialise dans la fabrication de machinerie hydraulique. Sa succursale de Longueuil, située sur la rue d Auvergne, fabrique des roues en fonte pour les wagons de chemin de fer ainsi que des caissons pour les obus. L usine fermera ses portes moins de 10 ans après son ouverture en 1922. L année suivante, la compagnie anglaise Charles Walmsley and Co. achète les locaux de la Armstrong Whitworth pour y produire de l équipement destiné aux usines de pâtes et papiers. En 1928, l usine change encore de propriétaire et devient la propriété de la compagnie Dominion Engineering Works. L usine étant d une trop grande superficie pour les besoins de la Dominion Engineering Works, cette dernière s empresse alors d en louer une partie à la Canadian Pratt & Whitney Aircraft Limited qui fait ses débuts à Longueuil. À l initiative du montréalais James Young, cette compagnie est formée à titre de filiale de la compagnie américaine Pratt & Whitey, elle-même fondée en 1860 par Francis A. Pratt et Amos Whitney. L entreprise ouvre ses portes en 1929 en ayant pour mandat le montage, la révision et l entretien des moteurs Wasp et Hornet. En 1951, elle construit sur le boulevard Marie-Victorin sa plus importante usine, qui deviendra son siège social. À la même époque, dans le but de participer au développement des routes aériennes commerciales de l Empire britannique, le Canada décide de construire le premier aéroport civil au pays à Saint-Hubert. Officiellement inauguré le 1er octobre 1928, il connaîtra plus tard quelques modifications afin de pouvoir accueillir des ballons dirigeables. Il conservera son statut d aéroport civil jusqu en 1941, soit jusqu à l ouverture de l aéroport Dorval. Il sera par la suite utilisé comme école d aviation et base militaire. Presque simultanément, la compagnie américaine Fairchild Aircraft inaugure à son tour en 1930, une importante usine sur le boulevard Marie-Victonin à Longueuil. La Fairchild Aircraft aménage à l arrière de l usine un aéroport de quatre pistes pour tester sa production. En 1941, alors que l usine produit des bombardiers Bolingbroke pour la guerre, elle engage plus de 4 000 personnes. Force est donc d admettre que la construction de l aéroport vers la fin des années 1920 a constitué un véritable 19

ÉVOLUTION HISTORIQUE DU TERRITOIRE levier économique pour le développement de l industrie aéronautique qui a fait la renommée de la ville. Parallèlement au développement du secteur de l aviation, l utilisation grandissante de l automobile bat son plein. Les communautés d affaires de Montréal et de la Rive-Sud se mobilisent alors autour d un projet de construction d un nouveau pont. Le 14 mai 1930, le pont du Havre (désigné Jacques-wqCartier à partir de 1934) est inauguré cinq ans après le début des travaux entrepris par la Dominion Bridge. Long de 3,4 kilomètres, il relie l île de Montréal à l île Ronde et à l île Sainte-Hélène avant de rejoindre Longueuil. Dans la continuité du pont, on inaugure le boulevard Taschereau en 1932, ce qui permet de connecter Longueuil à La Prairie. À partir des années 1940, ce boulevard deviendra le lieu d accueil de nombreux motels et de commerces très fréquentés. Événement historique L arrivée du R -100 à Saint-Hubert Fig. 10. Dirigeable R -100 Source : Bilbiothèque et archives nationales du Québec Peu après la fin de la Première Guerre mondiale, dans un souci d innovation, le Royaume-Uni souhaite mettre en réseau, par un moyen de transport efficace, différentes parties de son empire. Pour y arriver, il mise notamment sur le dirigeable. Construit à la fin des années 1920, le dirigeable R -100 s envole le 29 juillet de Cardington en Angleterre pour arriver à Saint-Hubert, le 1er août à 5 h 33. L arrivée du R -100 en sol canadien permet d inaugurer la base de dirigeables de l aéroport et d attirer des hordes de curieux jusqu à son départ vers l Ontario le 10 août suivant. L expérience des dirigeables sera toutefois de courte durée en raison des avancées rapides dans le domaine de l aviation. La base de dirigeables de Saint-Hubert fermera définitivement ses portes en 1931 et sera par la suite démolie. 20

La banlieue moderne d après-guerre (1945-2013) ÉVOLUTION HISTORIQUE DU TERRITOIRE Le développement d un secteur industriel, la construction du pont Jacques-Cartier (1930) et du pont Champlain (1962) ainsi que les mesures incitatives d accès à la propriété mises en place par le gouvernement fédéral incitent de nombreux travailleurs à s installer sur la Rive- Sud. Le territoire rural de la paroisse de Saint-Antoinede-Longueuil commence alors à se déployer et la cité de Jacques-Cartier (1947), la Ville de Le Moyne (1949) et la Ville de Mackayville-Laflèche (1949) sont fondées. La cité de Jacques-Cartier et la Ville de Le Moyne sont respectivement annexées à Longueuil en 1969 et en 2002, faisant de la Ville, à l époque, la quatrième municipalité en importance après Montréal, Laval et Québec. L essor de la voiture et l expansion du réseau routier favorisent le développement de lotissements de banlieue sur les anciennes terres agricoles situées à l extérieur des faubourgs du Vieux-Longueuil, de Saint-Hubert et de Greenfield Park. Afin de répondre aux besoins et aux nouveaux modes de consommation des résidents récemment établis, des centres commerciaux sont construits. À cela s ajoute une série d infrastructures publiques telles que l hôpital Charles-Le Moyne (1962) et le parc régional de Longueuil (1969) (parc Michel-Chartrand). Pour la région métropolitaine, les années 1960 sont fortement marquées par l aménagement du site de l Exposition Universelle de 1967. Les divers chantiers qu engendre l événement à portée internationale modifient considérablement le paysage régional. L arrivée du métro provoque d ailleurs une densification du secteur de Longueuil. Aujourd hui, les environs de la station de métro longueuilloise correspondent à un véritable pôle commercial et institutionnel, qui se compose, entre autres, du Collège Édouard-Montpetit, du tout nouveau pavillon de l Université de Sherbrooke ainsi que de plusieurs espaces de bureau. Fig. 11. Vue aérienne de Longueuil, 1963 Source : Archives de la Ville de Montréal (VM94-B33-001) 21

ARCHÉOLOGIE On retrouve neuf sites archéologiques dans la Ville de Longueuil sur les vingt-cinq que compte l agglomération de Longueuil. Un seul est situé à l extérieur (Saint-Hubert) du secteur du Vieux-Longueuil. Tous les sites contiennent une composante euro-québécoise de périodes historiques différentes (1608-1759 ; 1800-1899 ; 1900-1950). L un d eux, nommé parc de la Baronnie, présente une composante amérindienne préhistorique. Les fouilles effectuées sur ce site du parc de la Baronnie ont permis de trouver entre autres des artefacts iroquois constitués de tessons de poterie qui témoignent de l occupation amérindienne depuis au moins 2 400 ans, soit au moins le début du Sylvicole inférieur (2 400 A.A 1 500 A.A). Cinq des sites archéologiques dans le Vieux-Longueuil correspondent à la période du début de la formation de la seigneurie, soit du milieu du 17 e siècle au début du 18 e siècle. Il s agit de sites rattachés à l occupation domestique de résidences comme la maison Rollin-Brais (BjFj-6), la maison Chenier (BjFj-7), la maison Rollin (BjFj-83) et des secteurs à caractère religieux, institutionnels ou militaires comme le fort de Longueuil (BjFj-5), à proximité du premier cimetière et du site des moulins (BjFj-75). Le site BiFj-106, également localisé dans le Vieux-Longueuil, correspond plutôt à la période villageoise. Situé au sud du chemin de Chambly dans une portion du Vieux-Longueuil développée au 19 e siècle, le site a fait l objet de fouilles archéologiques qui ont permis d identifier des vestiges reliés à une école protestante autrefois en lien avec l église St. Mark, construite en 1842. Enfin, le site BjFj-11, localisé dans l arrondissement Saint- Hubert, est associé à une occupation domestique agricole. Il a révélé les vestiges de la maison du capitaine Vincent. Le site possède un potentiel archéologique encore important. D autres fouilles seraient nécessaires afin de documenter des vestiges situés fort probablement sur le terrain adjacent à la maison. À noter que le secteur situé près de l intersection de la rue Saint-Charles et du chemin de Chambly est considéré comme un secteur d intérêt à la fois préhistorique et historique. N Site archéologique BjFj-83 BjFj-7 BjFj-75 BjFj-5 BjFj-8 Parc de la Baronnie BjFj-6 BjFi-106 BjFi-11 22 Carte 5. Les sites archéologiques de Longueuil

CADRE BÂTI Le tissu urbain et les patrons d urbanisation La diversité du cadre bâti que l on retrouve sur le territoire de la Ville de Longueuil témoigne des 350 ans d occupation des lieux. Les différentes phases de développement décrites précédemment ont donné lieu au déploiement d un tissu urbain, aussi varié qu original, dont les traces sont aujourd hui toujours perceptibles à travers les différents patrons d urbanisation. Fig. 12. Tissu urbain villageois Cette première forme d organisation spatiale remonte aux balbutiements du régime seigneurial. Elle est caractérisée par des îlots et un lotissement généralement de petite taille et aux formes irrégulières. Les rues y sont passablement étroites et les bâtiments y sont habituellement implantés avec une marge de recul restreinte. Fig. 13. Tissu urbain faubourien Les secteurs faubouriens, associés aux premières phases d expansion de l urbanisation, se distinguent par leur trame orthogonale. Leurs îlots sont généralement longs et adoptent l orientation du parcellaire agricole. Ce tissu urbain se démarque souvent par sa densité plus élevée (bâtiments de deux étages ou plus) et la continuité du cadre bâti (maisons de ville, en rangée, jumelée). Fig. 14. Tissu suburbain Ce type de développement est principalement associé à la deuxième partie du 20 e siècle. Caractérisé par une trame urbaine généralement plus sinueuse et une implantation pavillonnaire des bâtiments sur de grands lots, le tissu suburbain correspond au modèle de développement typique des banlieues américaines. Ces secteurs résidentiels, sont habituellement aménagés autour de parcs ou de golfs et se démarquent par la largeur de leurs rues ainsi que par la présence de nombreux culs-de-sac. 23

CADRE BÂTI Bâtiments résidentiels À ces différents tissus urbains est associée une variété d unités et de typologies architecturales. Cette variété participe pleinement à l animation et au maintien d un patrimoine urbain permettant de lire, d identifier et d apprécier différentes époques de l histoire de Longueuil. À cet égard, rappelons notamment les premiers établissements du 17 e et du 18 e siècle ayant pris place le long Source : Ville de Longueuil du fleuve et des rangs, la consolidation du noyau villageois du Vieux-Longueuil au début du 19 e siècle, la croissance des municipalités de Saint-Hubert et de Greenfield Park au rythme de la construction de nouvelles infrastructures de transport, et plus récemment le développement extensif des banlieues. Maison de ferme Parmi les témoins les plus éloquents de l époque où le territoire était encore dominé par le mode de vie rural, soulignons les quelques maisons de pierres datant de la fin du 18 e et du 19 e siècle, situées sur les principaux tracés fondateurs. Généralement parallèles à la voie publique, certaines d entre elles se démarquent néanmoins par leur orientation perpendiculaire au chemin. L architecture de cette époque se caractérise principalement par son style d inspiration française ou traditionnelle québécoise. Les bâtiments possèdent généralement un revêtement de pierre, un toit à deux versants, des lucarnes et des souches de cheminées disposées de part et d autre des extrémités du toit. Fig. 15. Maison de ferme Maison villageoise Du point de vue architectural, les maisons villageoises ressemblent très souvent aux maisons de ferme décrites précédemment. Leur gabarit est cependant plus petit tout comme les lots sur lesquels elles s implantent. À l époque, dans certains cas, ces maisons pouvaient même être contiguës les unes aux autres, contribuant ainsi à densifier le noyau villageois. Les bâtiments accessoires et les dépendances étaient, pour leur part, généralement peu nombreux et un chemin était souvent aménagé pour faciliter l accès à la cour arrière. Fig. 16. Maison Marie-Rose-Durocher Fig. 17. Maison de villégiature Source : Ville de Longueuil Maison de villégiature Les résidences de villégiature présentes sur le territoire de la Ville de Longueuil se déclinent en deux types. Le premier type correspond aux résidences cossues, principalement situées à proximité du fleuve et du Vieux-Longueuil. Construites vers la fin du 19 e siècle, celles-ci étaient souvent inspirées du style victorien ou Arts and Crafts et accueillaient une bourgeoisie montréalaise en quête d espaces verts et d évasion. Le second type se rapporte, quant à lui, aux résidences secondaires qui ont été installées en retrait de la voie publique sur de plus petits lots, parfois même à proximité de voies ferrées, dans les secteurs de Saint-Hubert et de Greenfield Park. Ces petits chalets à l architecture beaucoup plus modeste sont pour la plupart associés au style cottage américain. 24

CADRE BÂTI Bâtiments résidentiels Fig. 18. Maison Brick Row Fig. 19. Maison faubourienne Maison faubourienne L émergence des secteurs faubouriens vers la fin du 19 e siècle a donné lieu au développement de maisons en rangée et de «plex». Ces nouveaux types architecturaux se caractérisent par une implantation beaucoup plus dense, permettant d accueillir la population grandissante de la ville. Les secteurs autrefois occupés par les terres agricoles, ayant laissé place à l implantation de petits chalets, accueillent dorénavant un lotissement orthogonal et régulier. Parmi les particularités de ces secteurs, on remarque souvent que les marges de recul des bâtiments sont suffisamment grandes pour permettre une abondance de végétation en bordure de la voie de circulation. Ces maisons de ville ont généralement une architecture inspirée du style Boomtown et possèdent un niveau d ornementation variable, témoignant souvent de la qualité de la construction Source : Ville de Longueuil Source : Ville de Longueuil Fig. 20. Maison de vétérans Fig. 21. Bungalow moderne Les maisons de la banlieue moderne La période de développement d après-guerre a donné lieu au développement de nombreux quartiers résidentiels de type banlieue. La ville de Longueuil et ses arrondissements ont alors emboîté le pas vers ce nouvel idéal de milieu de vie marqué par un vent de modernité. Apparaissent alors plusieurs types de résidences associés à cette nouvelle vision aménagiste. À proximité de l aéroport de Saint-Hubert, se développe un quartier dédié aux vétérans de la Deuxième Guerre où ont été construites ce qu on appelle des maisons de vétérans (wartime houses). Caractérisées par leur architecture modeste, leur implantation pavillonnaire et leur uniformité marquante, ces maisons se distinguent généralement les unes des autres par un léger changement de couleur dans les matériaux de revêtement. D autres secteurs de banlieue se développement également en périphérie des secteurs faubouriens, où l on retrouve plusieurs résidences de type bungalow (split-level ou cottage). Celles-ci se distinguent par leur architecture moderne diversifiée, mais possédant tout de même certaines caractéristiques communes comme leur construction de plain-pied, l accentuation des lignes épurées et horizontales, une fenestration généreuse en façade principale, des toitures à faible pente, une ornementation minimaliste et souvent accompagnées d un aménagement pour la voiture. 25

CADRE BÂTI Bâtiments institutionnels Le territoire de la Ville de Longueuil accueille également plusieurs bâtiments institutionnels remarquables. Le patrimoine bâti associé à la présence des différentes communautés et confessions religieuses en est un excellent exemple. Source : Ville de Longueuil Fig. 22. Église de Saint-Hubert Église de Saint-Hubert Cette église remarquable, construite entre 1858 et 1859, fut dessinée par Victor Bourgeau, un architecte reconnu et réputé pour son style néo-gothique. Entouré d un noyau institutionnel regroupant le couvent, le presbytère et l ancienne l école, l église joue également un rôle important comme signal visuel dans le paysage. Fig. 24. Couvent de Longueuil Couvent de Longueuil Ce couvent de style néogothique dont la construction fut répartie en plusieurs phases (1740 - Maison Briquet, 1842 - Allonge et rehaussement, 1851 - l aile Saint-Joseph) et dont l agrandissement fut réalisé par Victor Bourgeau, abrite aujourd hui l administration de la communauté religieuse des Soeurs des Saints Noms de Jésus et Marie. Fig. 23. Cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue Cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue L église, inspirée des styles architecturaux gothique et byzantin, fut construite entre 1884 et 1887 par le cultivateur et menuisierentrepreneur Eugène Fournier dit Préfontaine selon les plans de l architecte Maurice Perrault. L abondance d ornementations et le gabarit imposant du bâtiment font de celui-ci une cathédrale tout à fait remarquable. Soulignons également que l intérieur du bâtiment jouit également d une décoration impressionnante et d une très grande valeur. St. Paul s Anglican Church Cette petite église de Greenfield Park témoigne de l architecture modeste et typique de la confession anglicane. Elle représente également un symbole important de la présence anglophone sur la Rive-Sud. Fig. 25. Église Saint-Paul 26

CADRE BÂTI Bâtiments institutionnels Fig. 26. Centre Jacques-Ferron En plus des bâtiments religieux, le territoire longueuillois accueille également d autres édifices institutionnels d intérêt à l architecture plus moderne, dont le Centre Jacques-Ferron et le bureau d arrondissement de Greenfield Park (ancien hôtel de ville). Fig. 27. Bureau d arrondissement de Greenfield Park 27

CADRE BÂTI Bâtiments commerciaux L architecture moderne des années 1960 a également donné lieu à la construction de nombreux bâtiment d intérêt, notamment dans le domaine de l architecture commerciale. À cette même époque, on fait également de plus en plus place à l automobile. L aménagement urbain s effectue en conséquence et c est à ce moment qu apparaissent de grandes artères commerciales où l emprise automobile est de plus en plus considérable. Ces nouvelles infrastructures sont signe d un changement de cap progressif, passant d un aménagement à l échelle humaine vers un aménagement à l échelle de l automobile. L implantation des commerces ainsi que l affichage commercial sont donc revus en fonction de cette nouvelle vision aménagiste. Certains axes, comme le boulevard Taschereau, sont aujourd hui des témoins de cette nouvelle organisation spatiale plus contemporaine. Fig. 28. Banque Laurentienne Fig. 29. Affichage commercial sur le boulevard Taschereau Fig. 30. Affichage commercial sur le boulevard Taschereau Fig. 31. Affichage commercial sur la rue Victoria (Greenfield Park) 28

CADRE BÂTI Bâtiments industriels Aujourd hui, il ne reste que très peu de traces immobilières de l histoire industrielle de la ville. Les moulins préindustriels ont disparu et il en va de même pour les quelques fonderies jadis situées dans le Vieux- Longueuil. Aujourd hui, l héritage industriel de la ville repose en grande partie sur les bâtiments encore présents des industries d aéronautique, dont certains éléments du complexe de la Pratt et Whitney. Fig. 32. Usine Pratt et Whitney Les infrastructures de transport Le parcours du développement de la ville et de ses arrondissements est intimement lié à l histoire des infrastructures de transport qui se sont implantées sur son territoire. L ouverture du pont Jacques-Cartier en 1930 provoqua un premier boom immobilier du côté de Longueuil. Plus au sud, à Saint-Hubert, la construction de l aéroport et l accessibilité par chemin de fer créa également un achalandage hors du commun dans cette petite municipalité. Plus récemment, la construction du métro de Longueuil en 1967 a permis de consolider les liens de communication et de transport privilégiés entre la rive sud et la métropole. Dans tous les cas, ces infrastructures ont fortement marqué le paysage de la région et participent toujours activement à la définition de l identité longueuilloise. Fig. 33. Pont Jacques-Cartier Source : Archives de la Ville de Montréal (VM094-Z168-01) 29