Pourquoi et comment réaliser la synergie de collaboration entre l expert-comptable externe et l organisme financier?
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- Carole Bouffard
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2 Pourquoi et comment réaliser la synergie de collaboration entre l expert-comptable externe et l organisme financier? GÉRARD DELVAUX Président de l IEC Dans cette contribution, notre Président propose une réflexion résolument pratique sur l importance que revêt l établissement d un plan financier complet et fiable pour accompagner les étapes clés de la vie d une entreprise : constitution, redressement et expansion. Avant de terminer par une suggestion, véritable plateforme de relations bien comprises entre l organisme de crédit, l entrepreneur et l expert-comptable. CONFIANCE :LA CLÉ DE VOÛTE Epicentre de bien des débats entre l entreprise et son organisme financier, l expert-comptable est l homme de confiance des uns et des autres tout à la fois parce qu il possède une connaissance exhaustive de l entreprise pour laquelle il exerce sa fonction, mais également parce qu il exerce précisément cette fonction en toute indépendance, la pierre angulaire de notre profession. Faut-il rappeler qu à l occasion de la rédaction de la loi dite de réforme du révisorat et de l expertise comptable en 1985, le législateur a tenu spécifiquement à préciser dans la description de la fonction de l expertcomptable externe, que celle-ci consistait notamment en l analyse par des procédés de la technique comptable de la situation et du fonctionnement des entreprises au point de vue de leur crédit, de leur rendement et de leurs risques. En raison d une situation générale difficile découlant de la crise économique persistante que nous connaissons, les robinets bancaires du crédit s avèrent aujourd hui souvent plus lourds à ouvrir lorsqu il s agit d ouvrir les flux de financement aux PME et PMI. La pratique nous a cependant appris que ce constat peut également trouver sa cause dans un manque de rigueur administrative et comptable de l entrepreneur luimême, qui, nonobstant son excellence dans la conduite technique de son affaire, tarde parfois à solliciter les conseils d un expertcomptable pour l assister dans sa gestion. Avec comme résultat un décalage entre le moment ou ces conseils et expertises, essentiellement de nature préventive, entrent effectivement en ligne de compte dans le cadre d une opération envisagée. Joignant les actes aux paroles, nous défendons fermement cette position dans le groupe de travail PME financement (groupe Eric André), lors de nombreux contacts au sein du Cabinet Laruelle. L optimalisation du plan financier est également au centre du groupe de travail IEC - IPCF, dénommé, en toute logique, «Plan financier». Accountancy & Tax Numéro 4/
3 PARTENARIAT ENTRE LES BANQUES ET LE PROFESSIONNEL COMPTABLE : UN MARIAGE DE RAISON Le crédit - il est des évidences qu il convient parfois de rappeler avec force - s adresse à l ensemble du secteur économique que sont les «grandes entreprises», mais également les indépendants, les professions libérales, les PME, les starters et les entreprises en phase d expansion. Sont englobés dans cette notion, tous les moyens nécessaires mis à disposition des entreprises pour favoriser la création, l expansion et la transmission d entreprise, lesquels, tout en complétant la contribution financière personnelle des entrepreneurs, doivent, en tout état de cause, nécessairement s inscrire dans des normes acceptables, eu égard aux possibilités de remboursement. Dans le cadre d un réel partenariat avec les organismes de crédit qu il doit avoir le souci constant de développer, l expert-comptable 1 doit faciliter pour son client l accès au crédit en réduisant au maximum son risque, mais également celui de l organisme de crédit. Dans ce cadre, certaines facilités peuvent être étudiées avec la banque tels que les produits nouveaux qui ont été récemment lancés en collaboration avec le Fonds de participation pour les prêts création, transmission, progression, lancement, 50 +, avec des buts d intervention précis, des plafonds définis, avec certaines garanties souples (voyez IEC-Info n 18/2004). L importance du plan financier lors de la constitution d une société gagne également à être rappelée et soulignée en termes de responsabilités pour l entrepreneur. D une manière générale, l importance de l octroi de crédit peut être synthétisée dans différentes phases de vie de l entreprise : A la constitution de la société, en fonction des conclusions du plan financier, afin de faire face aux : besoins de financement d investissements matériels et immatériels ; besoin de financement en fonds de roulement. Lors de l expansion de l entreprise, mais aussi pour les travaux d aménagement et de transformation nécessaires à son exploitation. Lors de la reprise éventuelle d un fond de commerce. Lors de difficultés passagères. A chacune de ces étapes clés, la mission de l expert-comptable externe s avère essentielle dans l analyse qu il dressera par les procédés de la technique comptable qu il maîtrise parfaitement. LA RESPONSABILITÉ DE L ENTREPRENEUR SOUS LA LOUPE L importance du plan financier lors de la constitution d une société gagne également à être rappelée et soulignée en termes de responsabilités pour l entrepreneur. «Gardien légal» de l entreprise, l expert-comptable devra mettre en évidence les problèmes décelés lors de l élaboration de ce plan financier : prouver la suffisance de capital social pour le démarrage de l entreprise dans des conditions normales de viabilité et de développement. C est le premier budget de l entreprise sur la base du programme projeté. Il sera donc essentiel pour l expert-comptable d assister son client dans la rédaction de ce plan financier qui devra comporter à mon sens plusieurs chapitres que nous évoquerons ultérieurement. Epine dorsale du projet d entreprise, ce premier plan d affaires est primordial et doit faire l objet d une discussion avec l organisme financier 13 Accountancy & Tax Numéro 4/2004
4 qui, en réel partenariat avec la PME, dispensera les crédits nécessaires à son lancement, son développement ainsi que pour la couverture de ses besoins en fonds de roulement. L expert-comptable devra toutefois se garder de se substituer à son client. Il aura le rôle d avis d expert en fonction des hypothèses retenues comme raisonnables. C est ainsi que : la mission de son rapport soulignera les concepts légaux de l établissement du plan financier ainsi que la responsabilité des fondateurs ; les hypothèses seront mentionnées en détail avec la projection de l activité, les moyens propres, les capitaux empruntés, les investissements à réaliser, le crédit client à octroyer ; partant de ces hypothèses et des différents budgets d investissements, d achats, un budget de résultat devra être établi en tenant compte des écarts de cycle, de sorte qu il devra être réalisé au mois le mois ; après établissement de ce budget de résultat mensuel et en fonction des moyens financiers de l entreprise, un plan de trésorerie pourra ainsi être dressé mensuellement ; tant le budget de résultat mensuel que le plan de trésorerie mensuel permettront de projeter les différents bilans et de vérifier ainsi la faisabilité du plan financier ; dans ses conclusions, l expert-comptable délivrera son avis en fonction des hypothèses établies par les futurs dirigeants de l entreprise. En un mot comme en cent : le plan financier doit impérativement être crédible et établi en fonction d hypothèses raisonnables. En un mot comme en cent : l expert-comptable est le personnage clé de la confiance qui s établit entre l organisme financier et l entrepreneur, lui ouvrant ainsi les vannes du financement nécessaires à son expansion. LES QUATRE ÉTAPES DU PLAN FINANCIER DE REDRESSEMENT La banque jouera un rôle essentiel dans le cadre de l entreprise en difficulté financière aux fins de maintenir les crédits nécessaires à la continuité d exploitation. Pour ce faire, elle s appuyera sur des plans de redressement en fonction d hypothèses raisonnables. De son côté, l expert-comptable externe adoptera dans la réalisation d un business plan une méthode de travail identique à celle qui a guidé sa démarche lors de la constitution de la société. C est-à-dire : qu il devra vérifier les hypothèses réalistes et raisonnables ; établir un budget à court terme (6 mois 12 mois) mensuel en résultats ; établir un plan de trésorerie à court terme (6 mois 12 mois) mensuel ; et vérifier l impact des hypothèses sur la situation comptable. Dans ce cas, la qualité de l information au centre des discussions avec l organisme financier devra reposer et démarrer par un contrôle rapide d une situation comptable récente permettant de vérifier la situation correcte de l entreprise avant de la projeter de manière réaliste sur 6 à 12 mois. La démarche synthétique peut se résumer alors comme suit : 1 re étape CONTRÔLE DES PROCÉDURES INTER- NES À L ENTREPRISE = fiabilité des renseignements, du contrôle interne 2 e étape VÉRIFICATION DE LA SITUATION COMPTABLE RÉCENTE 3 e étape VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES DE REDRESSEMENT 4 e étape SOLUTIONS PRÉCONISÉES ET DISCUSSIONS AVEC LES DIRIGEANTS DE L ENTREPRISE ET L ORGANISME FINANCIER. Accountancy & Tax Numéro 4/
5 EXPANSION DAVANTAGE QUE REDRESSEMENT De nos jours, l importance d établir un dossier d analyse clair et explicite, afin d informer complètement l organisme dispensateur de crédit, n est plus à démontrer, pas davantage que celle qui consiste à inscrire au plus près cette opération dans le cadre d un dialogue constructif et permanent avec l organisme financier. En raison des multiples problèmes de faillites rencontrés ces dernières années, on sait aujourd hui combien les banquiers s avèrent de plus en plus frileux dans leurs décisions d octroi de crédit aux entreprises. Pour palier ces difficultés, des initiatives publiques ont été mises progressivement en place notamment en vue de garantir partiellement les crédits octroyés à l entreprise en complétant les différentes sûretés données par ses promoteurs. Il peut toutefois se produire que certains curateurs tentent d impliquer de plus en plus la responsabilité des banquiers au-delà de leur mise de fonds avancée à l entreprise, en partant du principe que les créanciers ont été lésés de manière plus importante en conséquence des prêts octroyés. En dehors d une responsabilité importante de la part de l organe d administration de l entreprise, la responsabilité du banquier est réelle, et il me semble qu elle pourrait être largement atténuée en faisant de plus en plus appel au professionnel comptable qu est l expert-comptable. QUELQUES SUGGESTIONS EN GUISE DE CONCLU- SION Lorsque le banquier ou l organisme de crédit possède un doute sur la continuité de l entreprise dans des conditions normales de viabilité et de développement, sans doute serait-il opportun qu il fasse appel à un expert-comptable externe aux fins de disposer d un document fiable et actualisé au terme d un contrôle sur la situation comptable et financière de l entreprise. Le coût d un tel rapport sera largement compensé par le risque que pourrait prendre l organisme financier d avoir octroyé de manière trop légère du crédit à l entreprise en difficulté. Ce diagnostic peut être rapidement établi dans la PME ou la PMI. Le mérite de cette suggestion permettrait à l entreprise de tenir sa comptabilité au jour le jour et d établir des budgets mensuels de résultat et des plans de trésorerie. Le cas échéant, les conditions générales d octroi de crédit pourraient également, dans certaines situations difficiles, mentionner l obligation pour les entreprises de transmettre une attestation d un expertcomptable externe sur le contrôle et l analyse d une situation périodique. L expert-comptable, véritable conseiller de l entreprise, apportera, aux yeux du banquier, la certitude professionnelle que tout ce qui est projeté par ceux qui assument les risques sociaux est correct et raisonnable. Sans autre arrière-pensée que le souci mutuel d une réelle efficacité, le contact de partenariat sera ainsi correctement établi entre l organisme dispensateur de crédit, l entreprise et son expert-comptable. Note 1 Expert-comptable, Comptable, Reviseur d entreprises 15 Accountancy & Tax Numéro 4/2004
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