Faire exister ses savoirs techniques en design graphique. Réconciliation entre culture et technique. -

Transcription

1 Faire exister ses savoirs techniques en design graphique. Réconciliation entre culture et technique. Antoine Gelgon / Mémoire #3 / Septembre signes / DNSEP /ESAD NJ iççâdré ÜííéëWLLïïïKóçìíìÄÉKÅçãLï~íÅÜ\îZQrniÅèvàJÄU EÅçåëìäí äé ONLMRLOMNQ O J g~åèìéë bääìä J i~ qéåüåáèìéçì ädbåàéì Çì ëá ÅäÉK J jáåüéä péêêéë J ^åçêçã~èìé îéìîé åçáêé bçáíáçåë ÇÉ iûeéêåé J J R J S J TJ _Éêå~êÇ píáéöäéê ~îéå ^êë fåçìëíêá~äáëi o ÉåÅÜ~åíÉê äé ãçåçék i~ î~äéìê ÉëéêáíÅçåíêÉ äé éçéìäáëãé áåçìëíêáéäi cä~ãã~êáçåi U J fî~å fääáåü J i~ `çåîáîá~äáí I péìáäi J NM J NN J dáääéêípáãçåççå J aì ãççé ÇDÉñáëíÉåÅÉ ÇÉë çäàéíë íéåüåáèìéëi ^ìäáéêi NO J p Ä~ëíáÉå _êçå~i ríçéáé Çì äçöáåáéä äáäêék aì ÄêáÅçä~ÖÉ áåñçêã~íáèìé ä~ ê áåîéåíáçå ëçåá~äéi m~ëë~öéê `ä~åçéëíáåi NP J íáéååé lòéê~ó J mçìê ìå ÇÉëáÖå Öê~éáèìÉ iáäêéi båë~ç m~êáëi J NR J dáääéêípáãçåççå J ^ëééåíéëóåüçëçåá~ìñ ÇÉ ä~ ÖÉå ëé ÇÉ ädçäéíçdìë~öé J pìê ä~ íéåüåáèìé J mêéëëé råáîéêëáí~áêé cê~å ~áëé J J kçêäéêítáéîéê J `óäéêå íáèìé ÉíëçÅá í J idìë~öé Üìã~áå ÇÉë ÆíêÉë Üìã~áåë J NTJ gé~åjg~åèìéëtìåéåäìêöéêi  oéö~êç Éííê~åëé~êÉåÅÉ W ìíçéáé ÉíéÜáäçëçéÜáÉ ÊI nì~çéêåái îçäk QMI åøqmi J p Ä~ëíáÉå _êçå~i ríçéáé Çì äçöáåáéä äáäêék aì ÄêáÅçä~ÖÉ áåñçêã~íáèìé ä~ ê áåîéåíáçå ëçåá~äéi m~ëë~öéê `ä~åçéëíáåi J OM J ON jáåüéä cçìå~ìäíi pìêîéáääéê ÉíéìåáêK k~áëë~ååé ÇÉ ä~ éêáëçåi m~êáëi d~ääáã~êçi OO J gé~åjg~åèìéëtìåéåäìêöéêi  oéö~êç Éí íê~åëé~êéååé W ìíçéáé Éí éüáäçëçéüáé ÊI nì~çéêåái îçäk QMI åø QMI NU J p Ä~ëíáÉå _êçå~i ríçéáé Çì äçöáåáéä äáäêék aì ÄêáÅçä~ÖÉ áåñçêã~íáèìé ä~ ê áåîéåíáçå ëçåá~äéi m~ëë~öéê `ä~åçéëíáåi OMNPK ÂnìÉääÉ ÑçêãÉ ÇçáëJàÉ ÇçååÉê ÅÉë éêçàéíë éçìê èìé ÅÉìñ èìá îáéåçêçåí ~éê ë ãçá éìáëëéåí äéë ìíáäáëéê ~ìñ Ñáåë ÇÉ äéìê éêçéêé éêçöêéëëáçå Éí ëçáéåí ~ìëëá ééì ÖÆå ë èìé éçëëáääé Ç~åë ÅÉääÉJÅáKÊ sáä ã cäìëëéê J méíáíé éüáäçëçéüáé Çì ÇÉëáÖåK Comment comprendre et bien pratiquer le design graphique si on n'arrive pas a percevoir le champs des possibilités techniques qu'il y a devant nous et sans connaître ce qui a été expérimenté, découvert par surprise ou loupé? J'aimerai étudier d'une manières non exhaustive les méthodes qu'un designer graphique peut envisager pour diffuser ses savoirs techniques, afin qu'ils puissent être réappropriés et augmentés par d'autres. Resituer la réalité technique. Âm~êãá íçìë äéë éü åçã åéëi äé ÑÉì Éëí îê~áãéåí äé ëéìä èìá éìáëëé êéåéîçáêi åéííéãéåí äéë ÇÉìñ î~äçêáë~íáçåë Åçåíê~áêÉëW äé ÄáÉå ÉíäÉ ã~äk fä ÄêáääÉ ~ì m~ê~çáëk fä ÄêºäÉ ädbåñéêk fä Éëí ÇçìÅÉìê Éí íçêíìêék fä Éëí ÅìáëáåÉ Éí ~éçå~äóéëék fä Éëí éä~áëáê éçìê ädéåñ~åí ~ëëáë ë~öéãéåí éê ë Çì ÑçóÉêX áä éìåáí ÅÉéÉåÇ~åí ÇÉ íçìíéë Ç ëçä áëë~ååéë èì~åç çå îéìí àçìéê ÇÉ íêçé éê ë ~îéå ëéë Ñä~ããÉëKÊ d~ëíçå _~ÅÜÉä~êÇ J i~ éëóåü~å~äóëé Çì ÑÉìK a) Ni technophobe, ni technophile. Aliénant, leurre, cloisonnant, sale, dingue, gadget.. Il y a tout un spectre de mots technophobes pour décrire les avancées techniques. Il n'est pas rare d'entendre que la technologie est une dérive qui éloigne les individus les uns des autres. Comme l'illustre cette vidéo bienveillante, iççâ ré N, une vidéo aux millions de vues sur internet, qui nous explique qu'il faut faire un choix entre nos ordinateurs et autres appareils de communications et la «vrai vie». Certains pointent du doigt : l'armement, les nouvelles techniques de tracking, les OGM ou le nucléaire pour prouver que l'évolution des nouvelles techniques porte en elle plutôt de mauvaises que de bonnes intentions. Quelques penseurs du XX ème siècle ont opposé l'avancée des techniques au bien être de l'humanité. Âi~ íéåüåáèìé Éëí ~åíáj Üìã~åáëíÉI îçáê áåüìã~áåéi ä~ ëéìäé áëëìé Éëí Ç~åë äé êéíçìê ä~ íê~çáíáçåi ä~ Åáîáäáë~íáçå Çì ëóãäçäé ÉíÇì îéêäékê O

2 Il ne s'agit pas ici de défendre l'armement, les nouvelles techniques de tracking, les OGM ou le nucléaire, ni de contempler le progrès technique comme une chose sacré et admirable, de faire du techniscisme intempérant et de vouer un culte à la machine, mais essayer tant bien que mal de considérer la technique comme elle devrait l'être, ni dans le camp des technophobes ni dans celui des technophiles mais de penser la réalité technique comme une réalité humaine. b) L'individuation psychique, collective et technique. L'importance que je donne à la technique, m'est venue à un endroit qu'on pourrait croire excentré de celleci, c'est en me penchant sur la notion d'identité personnelle. Je voulais savoir ce que cette notion renfermait. J'ai alors rencontré certaines pensées : John Locke et David Hume, qui à leur époque, au XVII ème siècle, dénièrent déjà l'idée d'une identité innéiste, pour enrevendiquer une empirique, une identité constituée de la conscience de l'individu dans le temps. Des philosophes contemporains : Michel Serre, qui, lui, réfute l'identité administrative et décrit ce que seraient de vrais papiers d'identité, un document qui ne se soucierait guère de nos appartenances à une nation, une taille, un genre... mais Âìå é~ëëééçêí î~êá~ääé èìá êéëëéãääéê~áí ä~ Å~êíçÖê~éÜáÉ áåëí~åí~å É ÇÉ îçë ~éíáíìçéë ÅÜ~åÖÉ~åíÉëK xkkkz jçáê I í~åüéí I î~êá I ÅÉ ã~åíé~ì ÇÛ^êäÉèìáåI ~ìëëá éäáëë èìé ä~ éé~ì ÉíãçÄáäÉ èìé äé îáë~öéi ëçìêáêéëi Åäáåë ÇÛçÉáä ÉíéäÉìêëÊ P, un document représentant nos expériences et savoirs les plus remarquables comme les plus infimes. Ou bien Clément Rosset, qui pense que la recherche du moi intérieur, que nul ne peut atteindre, est une perte de temps, le seul moi qui a de l'importance et qu'on doit examiner, c'est le moi social, celui qui se place dans ce monde. Puis une pensé marginale qui m'a intrigué, celle du philosophe français Gilbert Simondon. Il décrit l'individu au travers d'un des ses concepts qui restera central dans toute son oeuvre, celui de l'individuation. Avant d expliquer ce concept, il faut percevoir sa pensée d une manière plus large, d une manière systémique. Ce philosophe de la seconde moitié du XX ème siècle, pense la relation entre la technique et l Homme, la technicité et la socialité comme fondement de l humanité. La genèse de l humanité serait donc dans ses techniques et ses objets. Une pensée marginale à son époque mais qui influence depuis les années 1990 un certain nombre de philosophes, comme Bernard Stiegler et le collectif Ars Industrialis, Xavier Guchet, JeanHugues Barthélémy, Pascal Chabot ou bien Paolo Virno. Dans l ouvrage collectif d Ars Industrialis, o ÉåÅÜ~åíÉê äé ãçåçé J i~ î~äéìê Éëéêáí ÅçåíêÉ äé éçéìäáëãé áåçìëíêáéä, Bernard Stiegler et ses collègues définissent l individuation simondienne, d une manière qui me semble à la fois intelligible et complète. ÂiÛáåÇáîáÇì~íáçå Éëí äé éêçåéëëìë é~ê äéèìéä ëé ÅçåëíáíìÉåí Éí åé ÅÉëëÉåí ÇÉ ëé íê~åëñçêãéê äéë áåçáîáçìë ÉíI ~îéå ÉìñI äéë ëçåá í ë èìûáäë ÑçêãÉåí Éí Éå ÅÉä~I äûáåçáîáçì~íáçå éëóåüáèìé Éí ÅçääÉÅíáîÉ Éëí ä~ Ñ~ çå Ççåí ìåé ëçåá í Ñ~áí ÅçêéëI ëûìåáíi Éå ãæãé íéãéë èìûéääé Ü êáíé ÇÛìåÉ Éñé êáéååé Çì é~ëë I ÅÉ èìé äûçå ~éééääé ëçìîéåí ä~ Åçåå~áëë~åÅÉI ã~áë ~ìëëái Éíéäìë ä~êöéãéåíi äéë ë~îçáêëkê Q En mettant la technique au centre des interactions entre les individus, il faut comprendre l'individuation humaine en trois composantes : l individuation psychique, l individuation collective et l individuation technique. La coindividuation entre le psychique et le collectif passe inévitablement par la technique (qu'elle soit un langage, un appareil informatique ou un milieu). Je me transforme par l'acquisition de nouveaux savoirs et expériences, en même temps je transforme le groupe auquel j'appartiens par le biais de la technique qui se transforme par son utilisation.

3 L émergence des processus d individuation ne peut se faire que sous certaines conditions et sous un certain climat. En reprenant le concept d'individuation de Simondon, Bernard Stiegler utilise le terme de désindividuation pour décrire des mécanismes contemporains qui stoppent ces processus d'individuation. Ârå éêçåéëëìë ÇÛáåÇáîáÇì~íáçå ëìééçëé èìé ëçáéåí Åìäíáî ë ÇÉë ãáäáéìñ ëçåá~ìñi ÅÛÉëíJ JÇáêÉ ãáäáéìñ ~ëëçåá ëkê R Le terme milieu est utilisé ici pour parler de l environnement de l individu, mais également du médium qui se trouve entre les individus. Les milieux associés s opposent aux milieux de déindividuation dit dissociés, qui dissocient la production de la pratique. Ces milieux de dissociation comme l économie de service rend impossible l individuation psychique et collective et détruit la capacité des individus a réinventer euxmêmes leurs modes et milieux de vie. On perd notre savoir voyager quand on demande à une agence d'organiser notre voyage à notre place. On perd notre savoir d'être parent quand on laisse la télé se charger de l'éducation de nos enfants. Le terme milieu est utilisé ici pour parler de l environnement de l individu, mais également du médium qui se trouve entre les individus. Les milieux associés s opposent aux milieux de déindividuation dit dissociés, qui dissocient la production de la pratique. Ces milieux de dissociation comme l économie de service rend impossible l individuation psychique et collective et détruit la capacité des individus a réinventer euxmêmes leurs modes et milieux de vie. On perd notre savoir voyager quand on demande à une agence d'organiser notre voyage à notre place. On perd notre savoir d'être parent quand on laisse la télé se charger de l'éducation de nos enfants. Ce système ÂêÉéçëÉ ëìê äé Åçåíê äéi é~ê äéë ÅçåÅÉéíÉìêë Çì ëéêîáåéi Çì ÅçãéçêíÉãÉåí ÇÉë Åçåëçãã~íÉìêëI èìá åûéå ëçåíé~ë ÇÉë éê~íáåáéåë ã~áë ÇÉë ìíáäáë~íéìêëkê S. L utilisateur n a plus de moyens d agir sur la technique et les savoirs, il ne participe donc plus à la transformation du monde. Les milieux associés sont tout au contraire participatifs, tous les individus du milieu en question contribuent à l évolution des techniques et symboles, comme l est l économie de la contribution. Dans cette économie les producteurs et les consommateurs ne sont plus dissociés. ÂiÉ ÅçåíêáÄìíÉìê åûéëí åá äé Åçåëçãã~íÉìêI åá äé ÅçåíêáÄì~ÄäÉI åá äé ÅçÇçå~íÉìêK Ê T Dans Milieu et technique, André LeroiGourhan nous explique que les peuples que l'on nomme premiers, évoluent, se nourrissent et interagissent au sein d'un milieu extérieur, tandis que les peuples sédentarisés et urbains sont en rapport avec leur milieu intérieur constitué de techniques humaines. Ce que diagnostique aujourd hui Bernard Stiegler, c'est un désajustement entre le système technique et le système social, le système technique ne fait aujourd hui plus corps avec le système social. Cette dualité engendre l'impuissance des individus à agir sur leurs milieux. Ivan Illich en fait le même constat dans La Convivialité. Âmä~Å ~ì Åçåí~Åí ÇÉ ãáääáéêë ÇÉ ëóëí ãéëi éä~å äéìêë íéêãáå~áëçåëi äûüçããé ÇÉë îáääéë ë~áíëé ëéêîáê Çì í ä éüçåé ÉíÇÉ ä~ í ä îáëáçå ã~áë åé ë~áíé~ë ÅçããÉåí ~ ã~êåüék iû~åèìáëáíáçå ëéçåí~å É Çì ë~îçáê Éëí ÅçåÑáå É ~ìñ ã Å~åáëãÉë ÇÛ~àìëíÉãÉåí ìå ÅçåÑçêíã~ëëáÑá K iûüçããé ÇÉë îáääéë ÉëíÇÉ ãçáåë Éå ãçáåë äû~áëé éçìê Ñ~áêÉ ë~ ÅÜçëÉ äìák xkkkz iéë ÖÉåë ë~îéåíåé èìûçå äéìê ~ ~ééêáëi ã~áë áäë åû~ééêéååéåíéäìë é~ê ÉìñJãÆãÉëKÊ U Ce détachement entre système social et système technique fut déjà en 1958 le

4 sujet d un des plus importants livres de Simondon, Du mode d existence des objets techniques. A travers ce livre il tente de susciter une prise de conscience sur les dangers de l opposition entre objets techniques et culture. Âi~ éäìë ÑçêíÉ Å~ìëÉ ÇÛ~äá å~íáçå Ç~åë äé ãçåçé ÅçåíÉãéçê~áå ê ëáçé Ç~åë ÅÉííÉ ã Åçåå~áëë~åÅÉ ÇÉ ä~ ã~åüáåéi èìá åûéëí é~ë ìåé ~äá å~íáçå Å~ìë É é~ê ä~ ã~åüáåéi ã~áë é~ê ä~ åçåjåçåå~áëë~ååé ÇÉ ë~ å~íìêé Éíëçå ÉëëÉåÅÉI é~ê ëçå ~ÄëÉåÅÉ Çì ãçåçé ÇÉë ëáöåáñáå~íáçåëi Éí é~ê ëçå çãáëëáçå Ç~åë ä~ í~ääé ÇÉë î~äéìêë Éí ÇÉë ÅçåÅÉéíë Ñ~áë~åíé~êíáÉ ÇÉ ä~ ÅìäíìêÉKÊ V Pour lutter contre cette rupture entre système technique et système social, la culture doit donc impérativement prendre conscience de l'existence des techniques et leurs relations à l'homme. Il faut également enseigner les objets techniques  ÇÉ Ñ~ çå ìåáîéêëéääéi ÅçããÉ çå ÉåëÉáÖåÉ äéë ÑçåÇÉãÉåíë ÇÉ ä~ ÅìäíìêÉ äáíí ê~áêék idáåáíá~íáçå ~ìñ íéåüåáèìéë Ççáí ÆíêÉ éä~å É ëìê äé ãæãé éä~å èìé äd ÇìÅ~íáçå ëåáéåíáñáèìék xkkkz rå ÉåÑ~åí ÇÉîê~áí ë~îçáê ÅÉ èìdéëí ìåé ~ìíçê Öìä~íáçå çì ìåé ê ~Åíáçå éçëáíáîé ÅçããÉ áä Åçåå~ íäéë íü çê ãéë ã~íü ã~íáèìéë Ê NM K Resituer la technique, c'est la considérer comme le feu, comme un pharmakon, un remède et un poison. C'est la voir comme humaine, non étrangère à notre histoire et nos volontés. L'art, de prendre soin de nos techniques, de les étudier, de les expérimenter et de les diffuser, c'est sans nul doute un art qui prend soin de notre rapport au monde, de notre milieu, de nos pratiques et aux autres. Soulever ce lourd capot. Comment lier Design Graphique et diffusion de savoirs techniques? J'ai mis un certain temps à pouvoir répondre à cette question, à savoir ce que je pouvais et voulais faire avec ces deux notions. Parfois je me disais, naïvement et avec une folie des grandeurs, qu'il fallait que je travaille sur une grande encyclopédie universelle des savoirs techniques, ou bien travailler sur un réseau social des savoirs techniques, organiser des publications ou bien monter un collectif, etc. Tous ces projets auraient été probablement morts nés, tout simplement parce que je ne me serai pas préalablement confronté à une question fondamentale. Comment, moi, Antoine Gelgon, je peux diffuser mes savoirs techniques liés au design graphique? a) L'informatique libre comme modèle. Â`DÉëí éçìêèìçá ädüìã~åáëãé åé ééìí à~ã~áë ÆíêÉ ìåé ÇçÅíêáåÉ åá ãæãé ìåé ~ííáíìçé èìá éçìêê~áí ëé Ç Ñáåáê ìåé Ñçáë éçìê íçìíéëx ÅÜ~èìÉ éçèìé Ççáí Ç Åçìîêáê ëçå Üìã~åáëãÉI Éå ädçêáéåí~åí îéêë äé Ç~åÖÉê éêáååáé~ä ÇD~äá å~íáçåkê dáääéêí páãçåççå J aì ãççé ÇDÉñáëíÉåÅÉ ÇÉë çäàéíë íéåüåáèìéëk Si la libre circulation des données techniques et de l'information est indissociable d'un mouvement, c'est bien de celui du logiciel libre. Par sa dimension sociale, cette culture ne se consacre plus seulement à la pratique et la conception de l'informatique, elle est devenu vraisemblablement une idéologie politique et philosophique. Cette culture voit en cette libre circulation un combat pour une transformation sociétale, une avancée vers une émancipation généralisée, une libération du travail, des outils et du savoir. Née dans les années 1980, le logiciel libre est un mouvement d informaticiens qui souhaitent préserver l'ouverture des logiciels, et résister au brevetage des codes sources qui les constituent. Richard Stallman programmeur et premier militant du logiciel libre en a corédigé les quatre règles fondamentales:

5  MK i~ äáäéêí ÇDÉñ ÅìíÉê äé éêçöê~ããéi éçìê íçìë äéë ìë~öéëx NK ä~ äáäéêí ÇD íìçáéê äé ÑçåÅíáçååÉãÉåí Çì éêçöê~ããé Éí ÇÉ äd~ç~éíéê ëéë ÄÉëçáåëX OK ä~ äáäéêí ÇÉ êéçáëíêáäìéê ÇÉë ÅçéáÉë Çì éêçöê~ããé EÅÉ èìá áãéäáèìé ä~ éçëëáäáäáí ~ìëëá ÄáÉå ÇÉ ÇçååÉê èìé ÇÉ îéåçêé ÇÉë ÅçéáÉëFX PK ä~ äáäéêí ÇD~ã äáçêéê äé éêçöê~ããé Éí ÇÉ ÇáëíêáÄìÉê ÅÉë ~ã äáçê~íáçåë ~ì éìääáåi éçìê Éå Ñ~áêÉ éêçñáíéê íçìíé ä~ Åçããìå~ìí KÊ NN Par ces quatre principes, le logiciel libre réussit à bouleverser le monde de l'informatique en créant certains logiciels considérés comme les plus performants et les plus utilisés. La manière dont le Libre envisage le partage, la collaboration et le contrôle des outils par les utilisateurs, n'est plus aujourd'hui une utopie, elle est ce qu'appelle Sébastien Broca une Utopie concrète. Le Libre applique à sa pratique sa philosophie, ainsi elle réussit à réduire ÂäÉ Üá~íìë ÉåíêÉ éçëëáääé Éíê ÉäÊ NO, c'est en cela qu'elle est devenue une Utopie concrète. Parce que son modèle est ouvert à tous et demande une intelligence collective, le Libre permet d'entreprendre des projets qui sont par ailleurs inimaginables. Le plus fameux d'entre eux, Wikipedia, qui reconnait ouvertement s'être construit autour des valeurs du Libre et se définit comme étant une «encyclopédie libre», est aujourd'hui l'encyclopédie universelle la plus monumentale qui ait jamais existée. Dans le domaine de la typographie, la famille de caractères DejaVu a été créée pour détenir le maximum de caractères Unicode, que ce soit les alphabets, symboles mathématiques, motifs en braille... et ainsi réduire au maximum le manque de signes numériques, notamment dans les domaines scientifiques. Elle compte plus de cinquante collaborateurs, des designers typographiques et des développeurs, qui se retrouvent autour d'un wiki créé spécialement pour ce projet. Sur ce site on peut y voir l'évolution du projet par le biais d'un changelog mais également voir les discussions entre les collaborateurs. L'immensité de cette entreprise ne peut exister que grâce a sa dimension contributive et à sa licence Libre qui fait d'elle un travail ouvert à tous, qui échappe à tout copyright. Prendre comme modèle les valeurs de la culture Libre pour diffuser et étendre nos savoir techniques, est aujourd'hui indispensable. C'est un modèle d'individuation fort et probant, qui mêle et tente de réconcilier système technique avec système social. Nous pouvons donc imaginer s'étendre  ìå ÇÉëáÖå Öê~éÜáèìÉ ÅçåíêáÄìíáÑI äáäêé Éí Åçããìå~ìí~áêÉI ëû~ééêçéêá~åí äéë î~äéìêë Éí äéë ã íüççéë Çì äçöáåáéä äáäêé Éíí ãçáöå~åíçûìå ÉåÖ~ÖÉãÉåíÉå Ñ~îÉìê ÇÉ ä~ äáäêé ÅáêÅìä~íáçå ÇÉ äûáåñçêã~íáçåkê NP Cette initiative ne doit pas recopier à tout prix les manières et objets de diffusion de savoirs qu'utilise la communauté de programmeurs du logiciel libre, mais choisir les techniques et les objets adéquats au design graphique. Un fichier source est un objet informationnel très riche dans le domaine de la programmation, mais qu'en estil dans le domaine du design graphique? b) Les difficultés à montrer les rouages. Avant la culture du Libre, on a pu voir dans l'histoire du design des initiatives qui tenaient à rendre la construction d'objets accessible à tous. Enzo Mari, ou bien avant lui, Gerrit Rietveld, ont diffusé les plans de certaines de leurs créations, d'une manière libre, pour que chacun puisse les reproduire. Mis à part certains cas, il n'est pas de tradition dans le design de lever le voile sur les processus d'élaboration et sur l'essence et la genèse des techniques employées. Le designer pense avant tout à communiquer au public ses intentions et ses concepts pour résoudre la problématique de départ. Mais évoquer le rapport qu'il a eu avec ses outils, de quelle manière il se les ait appropriés et

6 l'influence qu'ils ont eu sur le résultat final lui semble futile. Cette absence de considération vient peutêtre de la définition même du design qui se trouve à l'étroit entre deux zones qui ne sont pas en cohésion. Si l'on entend le design comme le concevait le Bauhaus, l'union entre art et industrie, alors il se trouve associé à la culture mais également à la technique. Ceci nous ramène à ce qu'évoquait Simondon, la culture ostracise la technique, la première s'est constituée un système de défense contre la seconde. Âi~ ÅìäíìêÉ Éëí éê ëéåí É ÅçããÉ ëçìêåé ÇDáã~ÖÉë Éí ÇD~êÅÜ íóééëi í~åçáë èìé äéë íéåüåáèìéë Ç ÑáåáëëÉåí ëéìäéãéåí ä~ Åáîáäáë~íáçåKÊ NQ La rupture entre les deux est due à un «déphasage temporel», les techniques changent et se transforment plus rapidement que les constituants de la culture EÂäÉë áåëíáíìíáçåë àìêáçáèìéëi äé ä~åö~öéi äéë ÅçìíìãÉëI äéë êáíéë êéäáöáéìñkkkê NR FK Comme exemple on pourrait prendre les problèmes liés aux droit d'auteurs sur internet qui ont pour cause le décalage entre une nouvelle technique de partage et les institutions juridiques. Cependant cette faiblesse du design de se retrouver dans deux zones qui ne sont pas en cohésion peut être un avantage, voir même un exemple de réconciliation. Si les designers prônent la technique dans leur travail avec le même soin qu'ils ont à vanter les concepts et intentions, alors il se peut que le design devienne un endroit où la culture se serait réconciliée avec les techniques. Ouvrir des clairières. (j'aimerai racourcir cette partie) Ce qui se trouve au cœur de la diffusion des savoirs techniques est la circulation d'informations et la volonté de transparences. De quelle manière et avec quelle degré un designer pourraitil laisser transparaître et informer sur ses objets, ses processus et ses expériences. L'échange d'informations est pour le père de la cybernétique, Norbert Wiener, ce qui constitue le système social, le moyen de comprendre le monde et donc le moyen pour les Hommes d'adapter leur environnement à leurs besoins. Un flux informationnel important, fluide et ouvert est ce qu'il appelle une entropie négative et est la condition du progrès social et de l'organisation d'une société, celleci pouvant être  ÅçãéêáëÉ ëéìäéãéåí íê~îéêë ìåé íìçé ÇÉë ãéëë~öéë Éí ÇÉë Ñ~Åáäáí ë ÇÉ ÅçããìåáÅ~íáçå ÇçåíÉääÉ ÇáëéçëÉ Ê NS K L'information peut devenir néfaste lorsque qu'elle est détenue par un groupe d'individus et/ou transformer en marchandise. Une volonté de muter une société opaque en une société transparente. Cependant la transparence d'une société est au cœur de multiples utopies classiques, celles de rendre un monde rationnel qui permettrait de ÂêÉÖ~êÇÉê ä~ ê ~äáí Üìã~áåÉ ëçìë ìåé äìãá êé îáîéi èìá ~ ä~ éìáëë~ååé ÇD äáãáåéê ädçãäêéi ÇÉ Ç ÄìëèìÉê äé Å~ÅÜ I ÅDÉëíJ JÇáêÉ ã í~éüçêáèìéãéåí äéë ã~ìñ ÇDìåÉ ëçåá í KÊ NT Une société transparente serait donc purement morale,  ë~åë ëéåêéíi ë~åë áåíáãáí I ë~åë ãéåëçåöéi ë~åë èìáîçèìéi ë~åë áãéäáåáíéi ë~åë Äá~áë äá ë ~ìñ ~ÑÑÉÅíë Éí~ìñ Åêçó~åÅÉë ÇÉë áåçáîáçìëkê NU Toute surface publique ou privée serait en permanence éclairée et optiquement à la vue de tous, un monde où tout relief serait aplati. En 1975, dans son ouvrage pìêîéáääéê Éí éìåáê, Michel Foucaut décrit ce qu il appelle les «institutions disciplinaires». Il nous apprend que tout un ensemble de procédures qui contrôlent, mesurent, quadrillent et dressent les individus, ne seraient plus destinées uniquement aux établissements pénitenciers, mais toucheraient bien d'autres lieux de la société (hôpitaux, écoles, usines, etc). Il prend comme exemple la prison idéale de J.Bentham, le panotique, et nous décrit ce système architectural, comme un modèle sociétal.

7  `Ü~Åìå ë~ éä~åé ÉëíÄáÉå ÉåÑÉêã Ç~åë ìåé ÅÉääìäÉ ÇÛçª áä Éëíîì ÇÉ Ñ~ÅÉ é~ê äé ëìêîéáää~åíi ã~áë äéë ä~í ê~ìñ äûéãéæåüéåí ÇÛÉåíêÉê Éå Åçåí~Åí ~îéå ëéë Åçãé~ÖåçåëK fä ÉëíîìI ã~áë áä åé îçáíé~ëi çäàéíçûìåé áåñçêã~íáçå à~ã~áë ëìàéíç~åë ìåé ÅçããìåáÅ~íáçåK i~ Çáëéçëáíáçå ÇÉ ë~ ÅÜ~ãÄêÉI Éå Ñ~ÅÉ ÇÉ ä~ íçìê ÅÉåíê~äÉI äìá áãéçëé ìåé îáëáäáäáí ~ñá~äéx ã~áë äéë Çáîáëáçåë ÇÉ äû~ååé~ìi ÅÉë ÅÉääìäÉë ÄáÉå ë é~ê Éë áãéäáèìéåí ìåé áåîáëáäáäáí ä~í ê~äék bí ÅÉääÉJÅá Éëí Ö~ê~åíáÉ ÇÉ äûçêçêék pá äéë Ç íéåìë ëçåí ÇÉë ÅçåÇ~ãå ëi é~ë ÇÉ Ç~åÖÉê èìûáä ó ~áí ÅçãéäçíI íéåí~íáîé ÇÛ î~ëáçå ÅçääÉÅíáîÉI éêçàéíë ÇÉ åçìîé~ìñ ÅêáãÉë éçìê äû~îéåáêi ã~ìî~áëéë áåñäìéååéë ê ÅáéêçèìÉëX ëá ÅÉ ëçåíçéë ã~ä~çéëi é~ë ÇÉ Ç~åÖÉê ÇÉ Åçåí~ÖáçåX ÇÉë ÑçìëI é~ë ÇÉ êáëèìé ÇÉ îáçäéååéë ê ÅáéêçèìÉëX ÇÉë ÉåÑ~åíëI é~ë ÇÉ Åçéá~ÖÉëI é~ë ÇÉ ÄêìáíëI é~ë ÇÉ Ä~î~êÇ~ÖÉI é~ë ÇÉ Çáëëáé~íáçåK pá ÅÉ ëçåíçéë çìîêáéêëi é~ë ÇÉ êáñéëi é~ë ÇÉ îçäëi é~ë ÇÉ Åç~äáíáçåëI é~ë ÇÉ ÅÉë Çáëíê~Åíáçåë èìá êéí~êçéåí äé íê~î~áäi äé êéåçéåí ãçáåë é~êñ~áí çì éêçîçèìéåí äéë ~ÅÅáÇÉåíëK i~ ÑçìäÉI ã~ëëé Åçãé~ÅíÉI äáéì ÇÛ ÅÜ~åÖÉë ãìäíáéäéëi áåçáîáçì~äáí ë èìá ëé ÑçåÇÉåíI ÉÑÑÉí ÅçääÉÅíáÑI Éëí ~ÄçäáÉ ~ì éêçñáí ÇÛìåÉ ÅçääÉÅíáçå ÇÛáåÇáîáÇì~äáí ë ë é~ê ÉëK Ê NV Ce modèle de surveillance généralisé est utilisé sans embarras dans la communication de marque. Une agence de communication du groupe Rampazzo et Associés, en a même fait une philosophie, jusqu'à s'appeler Panoptik. Sur leur site internet on peut y voir une citation découpée de Michel Foucault pour venter les mérites de ce système. ÂiÉ m~åçéíáèìé ~ ìå ê äé ÇÛ~ãéäáÑáÅ~íáçå W ~ìöãéåíéê ä~ éêççìåíáçåi Ç îéäçéééê äû ÅçåçãáÉI ê é~åçêé äûáåëíêìåíáçåi äéîéê äé åáîé~ì ÇÉ ä~ ãçê~äé éìääáèìéi Ñ~áêÉ Åêç íêé ÉíãìäíáéäáÉê Ê OM. En oubliant de mentionné son début,  ié ëåü ã~ é~åçéíáèìé Éëíìå áåíéåëáñáå~íéìê éçìê ådáãéçêíé èìéä ~éé~êéáä ÇÉ éçìîçáêkk ÊK ON Le panoptisme de cette conception de la transparence, où chaque individu peut observer les faits et gestes de l'autre à l'endroit où il se trouve, engendre de multiples dérives. En connaissance de cause ou non, le studio new yorkais du designer graphique Stefan Sagmeister, a conçu son précédent site web présentant le studio et ses travaux, sur ce principe. Accroché au plafond de leurs locaux, une webcam diffuse en directe, sur la page d'accueil du site, les mouvements des personnes qui y travaillent. Ce dispositif nous donne aucune information sur la manière donc le studio mène ses projets, utilise ses techniques, ou bien de la manière dont les membres collaborent entre eux. Cette méthode orwellienne que s'inflige le studio, ne fait qu'aiguillonner le voyeurisme du visiteur. Le designer graphique qui diffuse ses savoirs techniques doit impérativement s'affranchir du poids de la morale du mythe de la transparence totale. Un flux d'informations débridé, non contrôlé et tous azimuts formera une masse entropique indigeste dénuée de toute valeur intellectuelle. L'omniprésence des regards sur son travail risquerait de stopper toutes initiatives d'expérimentations du designer. Les attitudes transgressives et déviantes visàvis de la technologie propre à l'innovation technique seront donc restreintes sous le poids de ces regards. Faire exister ses savoirs techniques c'est avant tout faire des choix, que seul le designer propagateur de ses savoirs techniques peut faire. Ce travail supplémentaire qui accompagne les pratiques courantes du designer est tout simplement un travail de design graphique, un travail d'édition, qui demande de savoir hiérarchiser l'information et trouver des médiums adéquats pour la transmettre.  ÈäDáåîÉêëÉ ÇÉ ä~ íóê~ååáé Çì é~åçéíáèìé ÉíÇÉ ädçäëéëëáçå ÇÉ ä~ íê~åëé~êéååéi åé ÅçåîáÉåÇê~áíJáä é~ë ÇÉ ê Ü~ÄáäáíÉê ìå ê Éä ÅçãéäÉñÉI çé~èìéi Åçáåë Éí êéåçáåë ãìäíáéäéëi Éí Éå Åçåë èìéååé ÇÉë ÑçêãÉë ÇÉ ê~íáçå~äáí ãççéëíéëi èìá ÉñéäçêÉåí ÇÉë Åä~áêá êéë éäìë èìdéääéë ådáåëí~ääéåíé~êíçìíäéìê äìãá êé Åê~ë~åíÉ \Ê OO

8 Pour la suite du mémoire. J'aimerai pour la suite analyser différents objets, outils et méthodes, qui traduisent cette volonté de transmettre un savoir technique en design graphique (workshops, enseignemlent, sites web, git, éditions, colophon). Analyser la pratique du git de designers (OSP, Raphael Bastide) Le site de Christophe Hagg. Les éditions en licence Libre, les Floss Manual, notamment le Font Libre Manual. Les éditions où le processus de fabrication est décrit dans le colophon (c'est rare mais ça existe, exemple: la Balsamine d'osp). J'aimerai étudier également les différences entre une transmission de savoir orale et écrite. (MacLuhan Comprendre les médias chapitres sur le langage et sur l'écriture), (les rétentions selon Husserl, Dérida, Stiegler). J'aimerai mettre en place une plateforme web sur la base de (un pad qui génère un site) Cette plateforme servirai à discuter/interviewer différents designers qui mettent un poing d'honneur à partager leurs techniques, je pense à Osp, Raphaël Bastide, Christophe Hagg, Manufactura Independente.. pçñíï~êé W påêáäìë NKQKPKëîå cçåíéë W jçåíëéêê~íi ^ìíçéá~k p Ä~ëíáÉå _êçå~ JríçéáÉ Çì äçöáåáéä äáäêék aì ÄêáÅçä~ÖÉ áåñçêã~íáèìé ä~ ê áåîéåíáçå ëçåá~äéi m~ëë~öéê `ä~åçéëíáåi OMNPK dáääéêípáãçåççå J aì ãççé ÇDÉñáëíÉåÅÉ ÇÉë çäàéíë íéåüåáèìéëi ^ìäáéêi OMNOK dáääéêípáãçåççå J pìê ä~ íéåüåáèìé J mêéëëé råáîéêëáí~áêé cê~å ~áëé J OMNQK dáääéêíëáãçåççå J iûáåçáîáçì~íáçå ä~ äìãá êé ÇÉë åçíáçåë ÇÉ ÑçêãÉë Éí ÇÛáåÑçêã~íáçåI g ê ãé ãáääçåi OMMRK fî~å fääáåü i~ `çåîáîá~äáí I péìáäi NVTPK íáéååé lòéê~ó mçìê ìå ÇÉëáÖå Öê~éÜáèìÉ iáäêéi båë~ç m~êáëi OMNQ kçêäéêítáéîéê J `óäéêå íáèìé ÉíëçÅá í J idìë~öé Üìã~áå ÇÉë ÆíêÉë Üìã~áåë J péìáäk gé~åjg~åèìéëtìåéåäìêöéêi  oéö~êç Éííê~åëé~êÉåÅÉ W ìíçéáé Éí éüáäçëçéüáé ÊI nì~çéêåái îçäk QMI åøqmi NVVV _Éêå~êÇ píáéöäéê J aé ä~ jáë êé póãäçäáèìé J d~äáä ÉI OMMQK ^êë fåçìëíêá~äáë Éí_Éêå~êÇ píáéöäéê J o ÉåÅÜ~åíÉê äé ãçåçé J i~ î~äéìê ÉëéêáíÅçåíêÉ äé éçéìäáëãé áåçìëíêáéäi cä~ãã~êáçåi OMMSK jáåüéä péêêéë J ^åçêçã~èìé îéìîé åçáêé bçáíáçåë ÇÉ iûeéêåé J OMNO gçüå äçåâé J bëë~á ëìê äûéåíéåçéãéåí Üìã~áåI éìääá Éå NSUVK