LA MEDIATISATION DES JEUX EQUESTRES MONDIAUX FEI ALLTECH TM 2014 EN NORMANDIE

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1 Lola Bernardini MBA ESG MMS LA MEDIATISATION DES JEUX EQUESTRES MONDIAUX FEI ALLTECH TM 2014 EN NORMANDIE Comment faire des Jeux Equestres Mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie un événement grand public alors qu il s agit d une discipline élitiste et donc peu populaire auprès de ce public? Tuteur de mémoire : M. Jean-François CHENUT

2 Sommaire I. LES DISCIPLINES EQUESTRES, UN SPORT ELITISTE?... 3 a. Les sports équestres en France... 3 La troisième fédération sportive olympique... 3 Une trentaine de disciplines : une division au sein des pratiquants... 4 b. Qui monte à cheval aujourd hui?... 5 Un sport féminin... 5 largement pratiqué par les plus jeunes... 7 c. Pourquoi sont-elles perçues comme un sport élitiste?... 9 Le cheval : «outil» indispensable à la pratique... 9 Le passage coûteux à la compétition et au haut niveau... 9 II. LES SPORTS EQUESTRES : UN MONDE DE PASSIONNÉS...11 a. Equidia : seule contre tous Du côté des chaines généralistes La philosophie d Equidia b. Des journalistes passionnés pour faire vivre les sports équestres Les Jeux olympiques et le reste Equitants ou non : la passion avant tout c. Les sports équestres version digital : un axe de développement Les médias 2.0. des sports équestres La route est encore longue d. Des efforts vers la médiatisation par les acteurs équestres Le circuit du Grand National : un exercice de médiatisation pour tous les acteurs du milieu Des étapes des circuits mondiaux en France : Bordeaux et La Baule Les concours aux sponsors-titres : Gucci Masters et Saut Hermès Parions Cheval : l arrivée des paris dans le milieu équestre III. LES JEUX EQUESTRES MONDIAUX FEI ALLTECH 2014 EN NORMANDIE : VERS UN ÉVÉNEMENT GRAND PUBLIC...23 a. Les Jeux Equestres Mondiaux : plus grande compétition équestre au monde Une première en France et en Normandie L arrivée d un sponsor-titre mondial : Alltech b : la mobilisation de toute une région Un projet territorial fédérateur Des partenaires en région qui se mobilisent c. Une communication en deux temps : 2013 pour les équitants, 2014 pour le grand public Publicité et médias : une campagne scénarisée Promotion : améliorer la notoriété en allant à la rencontre du public Communication digitale : fédérer les fans Les relations presse : le point d orgue Conclusion Bibliographie

3 I. Les disciplines équestres, un sport élitiste? Afin de comprendre pourquoi les sports équestres manquent de médiatisation en France, j ai voulu analyser le contexte dans lequel ces disciplines évoluent. Savoir quelles sont les institutions qui les régissent, quel est le public concerné par l ensemble de ces disciplines, mais surtout ce qui en fait un sport élitiste pour la plupart des gens. a. Les sports équestres en France. La troisième fédération sportive olympique La Fédération Française d Équitation (FFE) telle que nous la connaissons aujourd hui a connu bien des changements au fil du temps. En effet, l histoire fédérale commence en 1921 avec la création de la Fédération Française des Sports Équestres, puis en 1963, de manière totalement autonome, nous avons vu naître l Association Nationale pour le Tourisme Équestre, grâce à l aide des Haras Nationaux. Cette association a su capter l intérêt populaire pour le loisir de plein air des années De son côté, en 1971, s est constitué le Poney Club de France, également avec le soutien des Haras Nationaux. L histoire, mais aussi les différences culturelles, ont entraîné ces trois structures dans une dynamique d éclatement du monde équestre. Cependant, au cours des années 1970, un terrain d entente a permis un mouvement d unité entre les différentes institutions nationales. C est ainsi que la Fédération Française d Équitation voit le jour en 1987 par la réunion de la Délégation Nationale aux Sports Équestres, de la Délégation Nationale au Tourisme Équestre et de la Délégation Nationale à l Équitation sur Poneys. Puis en décembre 1999, suite à un vote sur la réforme des statuts à l Assemblée Générale, les trois délégations décident de se dissoudre et de s incorporer à la FFE. On retrouve tout de même la sensibilité de chaque délégation au sein du Comité Directeur de la FFE, notamment avec un Comité Cheval, un Comité Poney, un Comité Tourisme et un Collège Compétition. Forte de ses licenciés (chiffres 2012), la Fédération Française d Équitation est aujourd hui la troisième fédération sportive olympique en nombre de licenciés, et la première en nombre de féminines. Mais aussi la deuxième fédération équestre mondiale. Le nombre de licenciés au sein de la FFE n a cessé de croître depuis dix ans, avec une augmentation de 60 % de cavaliers sur cette période. Et pourtant, peu de personnes sont conscientes de ces chiffres. Cependant, l équitation est l un des rares sports qui nécessitent une licence pour pouvoir le pratiquer. Par exemple, une personne souhaitant jouer au football n a qu à réunir une partie de ses amis, un ballon et un terrain pour jouer, sans devoir souscrire à une licence. De même pour le tennis, une raquette, un court et un partenaire de jeu sont suffisants. Or, pour pratiquer régulièrement l équitation, il faut s inscrire dans un centre équestre et souscrire à une licence. Certes, cela permet à la FFE de savoir avec précision le nombre de cavaliers en France, mais il est risqué de comparer ce chiffre à ceux d autres fédérations sportives, qui en plus de leurs adhérents peuvent compter sur d autres pratiquants non adhérents s intéressant de près à l actualité sportive les concernant. Tandis que beaucoup des licenciés FFE ne s intéressent pas à l actualité équestre. De plus, tous les licenciés à la FFE ne sont pas pratiquants. Tous les propriétaires d équidés doivent souscrire à une licence. Or, nous le verrons ci-dessous, nombreux sont les propriétaires qui ne sont pas 3

4 pratiquants et sont plus des «investisseurs» permettant à des cavaliers professionnels de parvenir au plus haut niveau. Une trentaine de disciplines : une division au sein des pratiquants Cependant, cette hausse du nombre de licenciés au sein de la FFE est également le fruit du développement de nouvelles disciplines équestres. En effet, il existe une trentaine de disciplines équestres aujourd hui en France. On retrouve bien sûr les trois disciplines olympiques : le saut d obstacles, le dressage et le concours complet. Mais également l endurance, l attelage, la voltige ou le reining (discipline western) qui sont des disciplines auxquelles on peut assister lors des Jeux Équestres Mondiaux. Dans une volonté de démocratisation de l équitation, la FFE a vu naître un tas de nouvelles disciplines destinées aux plus jeunes : les pony-games, le horse-ball, l equifeel ou encore l equifun. Enfin, il ne faut pas oublier d autres disciplines telles que le polo, le hunter et bien sûr l ensemble des disciplines para-équestres. Cette multitude de disciplines a, certes, permis à une démocratisation de l équitation d une manière générale, mais cela a également engendré des divisions au sein même des pratiquants. Pour une majorité des licenciés FFE, l équitation est avant tout un loisir, un loisir autour du cheval. Ensuite, parmi les adhérents participant aux compétitions des disciplines olympiques (saut d obstacles, dressage, concours complet), on note quatre niveaux : - Les licenciés «club» ; ce sont ceux qui participent à des compétitions «club» dont la licence est gratuite et qui se court généralement avec des chevaux appartenant au centre équestre de l adhérent. C est donc le niveau de compétition qui demande le moins d investissement financier. Les compétitions clubs se courent sur les terrains du centre équestre organisateur, et rarement en même temps qu une compétition amateur ou pro. Il s agit d un circuit bien distinct. - Les licenciés amateurs ; ceux qui participent donc à des compétitions «amateurs» dont le coût de la licence s élève à 80 euros. Ce niveau de compétition nécessite à 90 % d être propriétaire d un cheval. Cela signifie qu en plus d un investissement financier plus important, cela nécessite également un investissement «temps» plus important. L acte d achat d un cheval pour la compétition est un réel cap à passer. - Les licenciés «pro» qui montent donc à un niveau professionnel. Ce niveau demande un budget bien plus élevé que les deux derniers niveaux de compétition cité. D une part, le coût de la licence s élève à 330 euros pour une année, à cela s ajoute le coût des engagements des épreuves (parfois jusqu à 30 engagements dans un week-end), mais aussi le transport des chevaux, l hébergement des chevaux et de l ensemble du staff. Cela nécessite donc d avoir des propriétaires «investisseurs» (qui comme nous l avons vu ci-dessus doivent souscrire à une licence FFE). Ce niveau de compétition est lui-même divisé en deux sous-parties : o Un niveau national 4

5 o Et un niveau international qui demande alors des coûts encore bien plus élevé, ne serait-ce que pour les déplacements. Chacun de ces niveaux de compétition dispose de son propre circuit et de ses propres championnats. Cependant, parmi ces derniers, tous ne pratiquent pas la même équitation : saut d obstacles, dressage, TREC (Technique de Randonnée Équestre de Compétition), et de ce fait tous n admirent pas les mêmes cavaliers professionnels, lorsqu ils les connaissent. En effet, une des grandes faiblesses des sports équestres est le manque de connaissance du haut niveau de ses pratiquants. Peu d entre eux sont capables de citer la composition des différentes équipes de France ou simplement le nom d un cavalier professionnel quelle que soit sa discipline. Marc Verrier, journaliste et photographe free lance, prend l exemple du football pour démontrer certaines faiblesses des sports équestres : «Tous les licenciés de clubs de football pratiquent le même sport que Zinédine Zidane. Beaucoup moins bien pour la plupart, mais ils pratiquent le même sport». Les règles sont les mêmes pour tous, les joueurs professionnels à connaître sont les mêmes pour tous. Il est donc bien plus aisé de communiquer sur ce sport et de rediffuser des matchs de football sur les grandes chaines généralistes. Comme nous avons pu le constater, la FFE sous sa forme actuelle est une fédération relativement jeune mais qui a su rassembler toujours un plus grand nombre d adhérents chaque année, en proposant, notamment, de nouvelles disciplines qui ont pu dépoussiérer l équitation d une manière générale. Mais cette multiplication des disciplines équestres pose désormais problème : non seulement auprès des équitants eux-mêmes, comme nous avons pu le noter précédemment, mais également auprès des médias généralistes qui ne savent pas comment traiter chacune de ces disciplines. Avant toute chose, il faut savoir à qui s adresser et c est ainsi que j en viens à mon deuxième point : qui monte à cheval aujourd hui? b. Qui monte à cheval aujourd hui? Un sport féminin Selon une enquête FIVAL-TNS Soffres réalisée en 2007, il y aurait en France plus de 2,2 millions de personnes (6 ans et +) pratiquant l équitation, même si une majorité de ces cavaliers sont des cavaliers occasionnels (67 %). On apprend également par cette enquête que, parmi les cavaliers réguliers et mensuels, c est-à-dire individus, 71 % d entre eux seraient des femmes, et 50 % auraient moins de 18 ans. La population cavalière française est donc composée d une majorité de femmes et de jeunes. L équitation s avère être le premier sport féminin en France, avec plus de femmes licenciées à la FFE en 2013, dont , toutes tranches d âges confondues, à posséder une licence compétition. Les hommes, quant à eux, sont plus de licenciés pratiquants au sein de la FFE, dont licenciés compétitions. Une nette supériorité, donc, pour les femmes qui dominent les sports équestres. Parmi ces dernières, près de ont 10 ans ou moins, près de ont de 11 à 14 ans, ont de 15 à 21 ans et plus de ont plus de 21 ans. 5

6 De ce fait, les métiers d encadrement de l équitation se sont également féminisés. On compte alors 50 % de femmes parmi les dirigeants d établissements équestres et les nouveaux statuts fédéraux leur réservent ce quota de places dans les structures dirigeantes de la FFE. Le moniteur d équitation est dorénavant plus souvent une monitrice. Elles sont également nombreuses parmi les guides et accompagnateurs de tourisme équestre, conjoints collaborateurs, grooms et elles assurent le plus souvent la gestion administrative des centres équestres. Fort de ce constat, les divers fabricants de matériel équestre ont adapté leurs lignes et leurs produits à cette clientèle féminine. Tapis de selle, amortisseur, protections, etc. en voient de toutes les couleurs : du mauve au rose, en passant par le fuschia et les strass. Le féminin a envahit les selleries! Même si aucune véritable thèse n a encore été véritablement soutenue sur l engouement des femmes pour l équitation, quelques pistes ont déjà été abordées : - L équitation est le seul sport totalement mixte. Hommes et femmes concourent dans les mêmes épreuves. Les femmes rivalisent à armes égales avec les hommes. Le dressage est alors hyper féminisé. Anky van Grusnven, la seule triple médaillée individuelle olympique, a même annoncé qu elle était enceinte à l issue de sa victoire à Athènes. Le concours complet compte de multiples grandes championnes, comme Mary King. En saut d obstacles, Alexandra Ledermann a été la première femme championne d Europe et Meredith Michaels Beerbaum, la première n 1 mondiale féminine. La seule femme de l équipe de France de saut d obstacles, Pénélope Leprévost s avère très prometteuse pour les prochains Jeux Olympiques de Londres L équitation est un sport de couple dans lequel la force athlétique du cheval est plus importante que celle du cavalier. - Le grooming qu implique l équitation est en phase avec l aptitude au bichonnage perçue comme féminine. - L équitation est un sport exigeant. Les petites filles s avèrent plus persévérantes que les garçons qui se laissent plus facilement arrêter par une phase difficile. - Les filles sont plus grandes et plus précoces que les garçons au même âge et les garçons ont tendance à fuir un milieu où ils ont du mal à prendre le leadership. - Un cliché voudrait que le rapport des femmes aux animaux soit davantage fondé sur la complicité, tandis que celui des hommes reposerait plus sur la soumission. 6

7 De gauche à droite : Pénélope Leprévost, Anky van Grunsven, Edwina Tops-Alexander, Jessica Michel et Meredith Michaels-Beerbaum. En revanche, même si les hommes s avèrent moins nombreux à pratiquer l équitation, ce sont pourtant eux qui trustent les meilleures places en haut niveau. En effet, si l on retrouve 83 % de femmes parmi les compétiteurs en club, elles ne sont plus que 35 % parmi les pros. Les femmes sont rarement au top des classements des meilleurs cavaliers français, même si quelques-unes tirent leur épingle du jeu comme Pénélope Leprévost, première au classement des cavaliers de saut d obstacles ou Jessica Michel, actuellement n 2 au classement des cavaliers de dressage, juste derrière une autre femme : Catherine Henriquet. On remarque également une nette supériorité numérique des hommes dans les sports équestres collectifs. Probablement parce que ces disciplines (polo et horse-ball) se rapprochent plus de sports comme le rugby ou le football. Cependant, les femmes s intéressent de plus en plus à ces disciplines, et c est pourquoi des équipes féminines ont été créées (notamment au polo avec des handicaps féminins), avec leurs propres championnats. Cela montre la volonté de la fédération de s adapter à la demande. largement pratiqué par les plus jeunes Selon un sondage réalisé par BVA 1 pour la FFE en juin 2011, l équitation fait partie des sports les plus cités lorsque l on demande aux parents quelle est l activité sportive qu il préfère pour leur enfant. En effet, nous avons pu constater qu un nombre important de jeunes et d enfants pratiquent l équitation. En 2013, les enfants âgés de moins de dix ans sont les licenciés les plus nombreux au sein de la FFE, représentant 26,2 % des licences pratiquants. Ainsi, en m appuyant sur une étude réalisée par Idéactif 2 en 2008, j ai pu constater que le profil type du cavalier était en fait celui d une cavalière âgée de moins de seize ans. En revanche, la tendance s inverse lorsque l on se penche sur le cas des licences compétitions. En effet, ce sont les plus de vingt et un ans qui trustent la première place puisqu ils représentent 41 % des licences compétitions, les moins de dix ans étant les moins nombreux à posséder une licence compétition (6,4 %). 1 BVA, «Les Français, le sport et l équitation», juin 2011, 2 Idéactif, «Etude géo-marketing sur le profil des licenciés FFE», février 2008, 7

8 Il est donc clair que la majorité des équitants sont en fait des équitantes, ce qui fait de la FFE la première fédération féminine en terme de nombre de licenciées. Malgré cette supériorité féminine, le haut niveau reste trusté par les hommes. Mais les sports équestres étant le seul sport mixte dans l ensemble des disciplines olympiques, les quelques femmes toujours présentes au haut niveau combattent à armes égales avec les hommes. J ai également pu observer le même type de constat concernant l âge des cavaliers de la FFE. Au niveau club, ce sont les plus jeunes qui sont les plus nombreux. En revanche, lorsque l on porte son regard sur les cavaliers détenteurs d une licence compétition, les plus de 21 ans s emparent de la première place du podium. Ainsi, même s il semble qu au niveau club le cœur de cible soit les filles des moins de 16 ans, lorsque l on s intéresse à la compétition au plus haut niveau, la tendance s inverse et on aura tendance à se tourner vers des hommes de plus de 21 ans. Bien entendu, il ne s agit là que des pratiquants. Nombreux sont les cavaliers clubs ou amateurs à s intéresser à l actualité des sports équestres au plus haut niveau, qu ils soient filles ou garçons, jeunes ou moins jeunes. Enfin, afin d essayer de comprendre pourquoi les non-équitants connaissent mal les sports équestres, je vais tout d abord analyser pourquoi l ensemble de ces disciplines ayant attrait au cheval sont considérées comme élitistes. 8

9 c. Pourquoi les sports équestres sont-ils perçus comme un sport élitiste? Il est d usage de considérer que l équitation est un sport pour les «riches», qui demande un apport financier élevé et qui n est donc pas accessible au plus grand nombre. J ai donc voulu comprendre pourquoi. Pourquoi considère-t-on qu il faille investir beaucoup d argent pour monter à cheval? Le cheval : «outil» indispensable à la pratique Selon moi, il existe deux raisons principales. Tout d abord, pour pratiquer l équitation, et cela même à un niveau débutant, il faut bien entendu un cheval. Et pour cela, il faut, le plus souvent, s inscrire dans un centre équestre et donc souscrire à une licence. C est un indispensable. En revanche, dans un sport comme le football, il n est pas forcément nécessaire de jouer dans un club pour pouvoir jouer justement. Parfois il suffit juste de se procurer un ballon, de retrouver quelques amis dans un espace suffisamment grand pour taper la balle. De même pour un sport comme le tennis, il n est pas rare de voir un père et son fils s échanger quelques balles sur un terrain loué dans un parc. Mais, les choses ne sont pas aussi simples pour les sports équestres. L «outil» indispensable à la pratique des sports équestres, le cheval, n est pas à la portée de tous. On ne peut pas le trouver dans un magasin d équipement sportif comme on y trouverait une paire de baskets ou un justaucorps de danseuse. Ainsi, le fait qu on ne puisse pas être «propriétaire» de l élément indispensable à la pratique de ce sport conduit un grand nombre de personne à percevoir ce sport comme une discipline élitiste. Aussi, le fait de devoir louer ces poneys et chevaux au centre équestre en fait également un sport un peu plus coûteux que d autres puisqu il faut les nourrir et les entretenir (boxes, paille, foin, maréchal-ferrant, etc.). De ce fait, en fonction de l âge du cavalier et de sa monture (shetland, poney ou cheval), en région parisienne, le prix de l inscription (licence comprise) peut aller de 315 euros à 926 euros l année. Un prix qui s avère relativement élevé à mesure que le cavalier progresse contrairement à d autres sports. Par exemple, la pratique de l athlétisme à l année, en région parisienne, ne dépasse pas les 162 euros pour les plus âgés (entre 95 euros et 157 euros pour les plus jeunes). De même pour le tennis, sport pour lequel le tarif varie entre 280 euros et 770 euros l année selon la catégorie. De plus, ces sports ne demandent pas forcément un investissement financier beaucoup plus élevé lorsque l athlète souhaite entamer la compétition. Le passage coûteux à la compétition et au haut niveau J en viens donc à mon deuxième point. Les disciplines équestres souffrent d une image élitiste bien souvent au plus haut niveau. En effet, comme je l ai déjà expliqué, le passage à la compétition peut être couteux, et cela dès la catégorie amateur. Tout d abord, il faut compter le coût de la licence amateur qui s élève à 80 euros par an. De plus, la très grande majorité des cavaliers amateurs sont propriétaires de leur cheval. Des chevaux, qui à ce niveau, peuvent facilement atteindre les euros pour les plus expérimentés. Les cavaliers devenant propriétaires de leur monture doivent ensuite trouver une écurie pour loger leurs montures. Là encore, il y a de nombreuses disparités concernant le prix des pensions en France. Divers paramètres entrent alors en ligne de compte et expliquent ces différentiels de prix importants. Tout d abord, la région. En effet, comme pour les prix de l immobilier, les pensions équestres affichent des différences de prix non négligeables selon la localité. Ainsi, le montant peut facilement passer du simple au double entre la province et la région parisienne. Aussi, les installations à disposition des cavaliers propriétaires peuvent faire varier le prix d une pension tout comme les services proposés. L ensemble de ces facteurs explique donc la variation du prix d une 9

10 pension qui peut donc aller de 201,41 euros par mois dans le Nord-Pas-de-Calais en moyenne à 384,98 euros par mois en région parisienne en moyenne 3. À la pension se rajoutent les frais vétérinaires et la ferrure du cheval à changer toutes les cinq semaines. Ainsi, posséder un cheval peut facilement revenir à plus de 2000 euros par an 4. Un autre cap à passer est celui du cavalier professionnel, dont la licence coûte 330 euros par an. Si le passage du cavalier club au cavalier amateur propriétaire est une étape, celui de cavalier amateur à cavalier professionnel est une toute autre histoire. Ce niveau de compétition demande des chevaux expérimentés et avec de gros moyens, que ce soit pour le saut d obstacles, le dressage ou n importe quelle autre discipline équestre. Ce sont donc des chevaux qui peuvent souvent coûtés plus de euros. Ce coût est, la plupart du temps, bien trop élevé pour les cavaliers professionnels. De ce fait, des passionnés d équitation viennent à la rescousse pour acheter des chevaux et les confier ensuite à des cavaliers expérimentés de manière à valoriser ces chevaux. Ainsi, les cavaliers professionnels ont plusieurs chevaux à leur disposition et une sorte de contrat s établit entre le cavalier et les propriétaires. Le rôle du cavalier étant de valoriser le cheval sur les compétitions pour qu il soit revendu par la suite. C est la dure loi du mercato pour les cavaliers qui voient parfois plusieurs années de travail s envoler vers d autres horizons. Bien plus que le prix du cheval, une fois encore c est son entretien et le déplacement sur les concours qui est très coûteux. La plupart des cavaliers professionnels gagnent leur vie en montant à cheval. Ainsi, ils sont en concours quasiment tous les week-ends, que ce soit un concours national ou international. Ces concours engrangent beaucoup de frais : l engagement du concours, dont le coût peut varier en fonction de l épreuve et de l «internationalité» du concours ; le déplacement sur le concours qui demande de posséder un camion pouvant transporter les chevaux ; les boxes à louer sur place pour les chevaux ; l hôtel pour le cavalier si son camion n est pas équipé d une cabine, etc. L ensemble de ces frais en font un sport relativement coûteux et qui peut donc facilement être considéré comme un sport élitiste. De plus, l équitation en tant que sport a débuté avec la chasse à courre, très en vogue chez les riches aristocrates anglais au XIXème siècle. Les premières grandes compétitions de saut d obstacles ont débuté dans la deuxième moitié du XIXème siècle après que le Parlement anglais ait réglementé la chasse à courre, et donc les premiers cavaliers de saut d obstacles étaient ces riches aristocrates pratiquant la chasse à courre. Je pense que cette image de «riche lord anglais» est restée ancrée dans la mémoire du plus grand nombre, contribuant à renforcer l image élitiste des sports équestres. Ainsi, comme nous avons pu le constater, l équitation est une discipline qui n est pas forcément si coûteuse qu on puisse le penser à un niveau club. Mais, à ce niveau elle reste cloitrée à une équitation de loisir. C est le passage à la compétition qui marque une étape dans la vie du cavalier. Ce passage à la compétition demande un investissement financier bien plus élevé et ce, dès la catégorie amateur. D ailleurs, bien peu sont les cavaliers professionnels propriétaires de leurs montures. L ensemble des frais engrangés par la compétition (licence, engagements, déplacements, entretien du cheval, etc.) font des sports équestres une discipline qui demande une contribution financière élevée et qui n est donc plus accessible au plus grand nombre. Seuls les vrais passionnés persistent. 3 GARAUDE, Astrid, «Pensions : pourquoi de telles disparités?» in Grand Prix Magazine n 36, mai TNS Sofres-FIVAL, «Les pratiques équestres», novembre 2007, 10

11 II. Les sports équestres : un monde de passionnés Malgré plus de licenciés au sein de la FFE, les sports équestres ne parviennent pas à atteindre le cercle très fermé des sports médiatisés. Du moins, pour ce qui est des médias généralistes. Et même si le cheval n est pas toujours très présents dans les colonnes de la presse sportive, il bénéficie d un traitement médiatique qui lui est entièrement consacré. Explications a. Equidia : seule contre tous Du côté des chaines généralistes Sports équestres et télévision n ont pas vraiment d atomes crochus. En effet, c est ce qui me vient à l esprit quand je me tourne vers des chaines généralistes comme TF1, France 2 ou France 3. Le cheval n a toujours pas sa place au sein des médias généralistes, et le nombre de reportages en témoignent. «Nous diffusons vingt à trente reportages sur le monde du cheval, par an», confie Jean-Pierre Ferret, journaliste sportif à TF1. Cela s explique principalement par le manque de demande des spectateurs, qui, pour la plupart, sont des néophytes et ne s intéressent donc pas tellement aux sports équestres, même lors des grands rendez-vous internationaux comme les Championnats d Europe ou les Jeux Equestres Mondiaux. Du coup, il faut trouver un angle d approche susceptible d intéresser le grand public, et c est souvent en réalisant des reportages originaux, en racontant des histoires qu il est possible de capter l attention du grand public. «Les sujets que je tourne sont souvent autour des thèmes de l enfance, du patrimoine, de la nature ou du handicap. Ce genre d histoires plaît beaucoup», poursuit le journaliste. Un effort semble tout de même avoir été fait du côté d Eurosport. Depuis quelques années maintenant, la chaine diffuse les épreuves de certains concours internationaux, essentiellement du saut d obstacles. Notamment la Coupe du monde, quelques étapes de la Coupes des nations, le Global Champions Tour (circuit de saut d obstacles le plus doté au monde avec plusieurs étapes et une finale), les Jeux Equestres Mondiaux ou encore les Jeux olympiques. Le saut d obstacles s avère être la discipline la plus télégénique et donc la plus à même susceptibles d intéresser le grand public. Le saut d obstacles est également la discipline où les sponsors sont nombreux (Gucci, Rolex, Longines, etc. pour n en citer que quelques-uns). La chaine trouve donc un juste équilibre entre les objectifs commerciaux et les objectifs d audience. Le cross pourrait également susciter l intérêt, mais c est une épreuve qui est très coûteuse à filmer étant donné la taille des terrains. L arrivée de L Equipe 21 dans le paysage audiovisuel sportif français a également permis de voir plus d équitation à la télévision, sur une chaine gratuite qui plus est. Récemment, on a pu y suivre le CSIO5* de La Baule (mai 2013). Malgré cette volonté de proposer du saut d obstacles sur ces chaines, l équitation reste un sport qui est moins diffusé que d autres même sur les chaines à thématique sportive. La philosophie d Equidia Du coup, pour répondre à la demande des passionnés de sports équestres, une chaine a été lancée le 20 octobre 1999, sur les réseaux câbles et satellites. Equidia devient alors la première chaine de télévision thématique sur le cheval. La chaine se substitue alors à FRANCE COURSES qui traitait alors uniquement des courses hippiques. Equidia se différencie, elle, par sa double vocation : être toujours au plus près des attentes des parieurs et satisfaire l engouement de tous ceux qui s intéressent à l équitation, aux sports équestres et au cheval. Pari réussi. Il est important de distinguer les deux types 11

12 de public de la chaine. D un côté, les parieurs, de l autre, les cavaliers. Même s il est vrai que la grosse majorité des téléspectateurs de la chaine sont les parieurs, il n est pas question d abandonner les sports équestres. Ainsi, depuis sa création, tous les collaborateurs et acteurs de la chaine se sont appliqués à produire et programmer des émissions de qualité à l image de la variété des pratiques équestres et hippiques. En perpétuelle évolution, la chaine cherche toujours plus à satisfaire ses téléspectateurs. Ainsi, pour ses dix ans, en 2009, Equidia revoit son site internet, met en place de nouvelles émissions et offre de nouveaux services aux abonnés. Toujours dans un souci de satisfaction des téléspectateurs, Equidia décide de se scinder en deux chaines afin de répondre aux exigences de tous ses publics, à savoir les passionnés de sports équestres et les turfistes. Le 20 septembre 2011, deux chaines sont alors lancées : Equidia Live, 100 % hippique, destinée à ceux qui veulent vivre les courses, préparer leurs paris et connaître les résultats en direct ; et Equidia Life, 100 % cheval, destinée à tous les passionnés de sports équestres, quelle que soit la discipline. En fédérant ainsi tous les publics, Equidia se positionne comme une référence dans le monde du cheval. Aujourd hui, Equidia c est : - la 3ème chaîne de sport du paysage audiovisuel de complément - plus de dix millions de personnes abonnées - trois millions de téléspectateurs par semaine - plus de personnes «fans» sur Facebook - plus de «followers» sur Twitter heures de direct courses diffusées par an Mais l objectif, pour l avenir, est de toujours attirer un plus grand nombre de personnes à suivre Equidia, comme pour l ensemble des chaines de télévision. Pour cela, la chaine équestre doit réussir à toucher les personnes ne montant pas à cheval, car ceux sont les plus difficiles à séduire. Pour cela, charge à la chaine de leur proposer de beaux programmes capables de leur faire aimer le sport ou bien des documentaires sur la thématique du cheval. Il existe un lien séculaire entre l homme et le cheval, peut-être est-ce la clé pour intéresser le grand public à se tourner vers les sports équestres. Les médias peuvent certainement véhiculer beaucoup de messages autour de ce lien, de manière à le faire vivre de façon pérenne. Cependant, il est encore difficile de forcer le grand public à aimer les chevaux. Les passionnés disposent donc déjà d une chaine qui tente de faire de son mieux pour les satisfaire, peu de sports peuvent se vanter d avoir une chaine qui leur est entièrement consacrée. b. Des journalistes passionnés pour faire vivre les sports équestres Médiatiser les sports équestres s avère particulièrement compliqué pour les médias généralistes, ou même les médias sportifs d une manière générale. Plusieurs raisons pourraient expliquer cette difficulté. Tout d abord, la complexité des disciplines et des épreuves, difficiles à comprendre pour un spectateur 12

13 lambda. Mais surtout la longueur des épreuves. En effet, le public novice a parfois du mal à voir la différence entre le parcours gagnant et les autres, et «voir quarante (et parfois plus) couples effectuer le même parcours peut vite devenir lassant lorsque l on ne connaît pas les subtilités techniques», ajoute Marc Verrier, journaliste free-lance. Les Jeux olympiques et le reste On pourrait penser que la médiatisation des sports équestres dépend également beaucoup des médailles. Et pourtant, dernièrement, l équipe de France a obtenu de bons résultats, notamment aux Jeux Equestres Mondiaux de Lexington (USA) en 2010 avec une médaille d argent, ou plus récemment aux Championnats d Europe de Madrid en septembre 2011, mais la médiatisation n a pas été à la hauteur de ces résultats. «Les seuls titres et médailles qui sont vraiment médiatisés sont ceux obtenus aux Jeux olympiques», déclare Marc Verrier, «Si tu es champion olympique et que, par chance, il n y a pas d autres Français titrés le même jour, alors tu feras la Une de L Equipe», poursuit-il. Or, il est vrai que la dernière médaille d or olympique obtenue par des cavaliers français date de 2004, à Athènes, grâce à l équipe de concours complet. Médaille qui a failli ne pas se retrouver dans le camp français. Il s est avéré que la cavalière allemande Bettina Hoy avait passé deux fois la ligne de départ. Cette faute est normalement sanctionnée de quatre points, auxquels s ajoutaient des points de temps dépassé, pour un total de douze points. Or, cela n a pas été correctement traité par le jury qui avait donc attribué la médaille d or par équipe à l Allemagne, jusqu à ce que les trois nations lésées qu étaient la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis déposent un dossier commun de réclamation. Il a fallu attendre le 21 août à 16 heures pour que le verdict relègue l Allemagne hors du podium et que tous les classements de concours complet soient remaniés. Une médaille qui avait fait beaucoup de bruit. Avant cette médaille obtenue par l équipe de France de concours complet, la France n avait pas ramené de médaille d or olympique depuis les Jeux olympiques de Séoul en 1988, grâce à Pierre Durand et le fameux Jappeloup, en concours de saut d obstacles. Le monde des sports équestres plaçaient d ailleurs beaucoup d espoir en l équipe de France de saut s obstacles en 2012 à Londres, mais on y a malheureusement plus entendu parler de la rêne cassée de Simon Delestre que des performances sportives tricolores. Et pour cause, les performances ont été bien rares Les sports équestres ont donc eu relativement peu d occasion de faire parler d eux dans les médias si l on considère que ce sont les médailles olympiques qui attirent les médias généralistes. Une médaille d or en complet aux JO de 2004 pour deux médailles d argent aux JEM de 2010 et aux Championnats d Europe en 2011 Une victoire ou un podium pour les Français sont donc les conditions requises pour intéresser les lecteurs et téléspectateurs des médias généralistes. Cependant, quelques personnes passionnées sont prêtes à prendre des risques pour que vivent les sports équestres dans les médias, généralistes ou spécialisés. 13

14 Équitants ou non : la passion avant tout Un bel exemple est celui de Guy Fichet, ancien journaliste chez Ouest France. Alors que rien ne le destinait vers l équitation, il en a fait son cheval de bataille au sein de la rédaction du journal régional. Alors qu il travaillait à a la rédaction du journal pour les pages locales, le chef des sports lui propose un CDI en Puis en 1985, le journal crée une rubrique équestre et Guy Fichet est désigné d office pour s en occuper, alors qu il ne connaissait rien au milieu équestre. Quelques jours plus tard, il se retrouve seul à un concours international de saut d obstacles à Dinard, avec pour mission un article de quatre pages. Il se tourne alors vers Marcel Rozier, entraineur de l équipe de France de l époque. À partir de ce jour-là, Guy Fichet ne quittera plus jamais les chevaux, ni Ouest France d ailleurs. Le journaliste a, par la suite, bien compris qu elle était la recette pour intéresser ses lecteurs, conscients qu ils n étaient pas tous des inconditionnels du cheval. La solution : raconter des histoires et non pas faire de simples comptes-rendus de concours. Et Ouest France fait aujourd hui partie des rares journaux régionaux à avoir conserver cette rubrique équestre. Autre exemple, tout aussi honorable, est celui de Pascal Boutreau, actuel rédacteur en charge des sports équestres sur la chaine Equidia. Poste qui pourrait nous faire dire qu il a toujours côtoyé le milieu équestre, et pourtant Avant d atterrir chez Equidia, Pascal Boutreau travaillait au sein de la rédaction de L Equipe et n avait jamais approché le milieu du cheval. Ce journaliste s est toujours battu pour faire exister les «petits» sports, par petits j entends, bien sûr, les sports en manque de médiatisation. Il découvre les sports équestres il y a environ six ans, dans l optique de couvrir les Jeux olympiques de 2008 de Pékin, ou plutôt de Hong-Kong pour les disciplines équestres, car la personne en charge de l escrime et de l équitation ne pourra pas couvrir les deux compétitions, l une se déroulant à Pékin et l autre à Hong-Kong. Durant toutes ses années à L Equipe, il s est réellement investi pour que les sports équestres aient une place dans les colonnes du journal où le football, le rugby et quelques autres sports se partagent l essentiel du gâteau. Pour cela, il était conscient qu il allait devoir trouver un angle d attaque pour intéresser le lectorat de L Equipe : «L idée est d avoir des histoires à raconter. Le lectorat de L Equipe n y connaît pas grand-chose en sports équestres. Inutiles donc d être trop «technique» ou pointu. Sinon, on les perd. L idée est de s attacher d abord à des belles histoires et trouver des angles susceptibles d intéresser aussi le supporter de Marseille ou du PSG J ai par exemple réalisé les interviews de Kraque Boom ou de Tatchou Un exercice de style intéressant», s amuse-t-il à raconter. Désormais rédacteur en chef adjoint aux sports équestres sur Equidia, le journaliste tient à ce qu aucune discipline équestre ne soit laissée sur le carreau, comme c était le cas pour l équitation lorsqu il travaillait au sein du quotidien sportif. Parallèlement aux médias généralistes et sportifs, une presse spécialisée dans les sports équestres s est développée. Parmi les titres les plus connus, nous pouvons citer Grand Prix Magazine, L Eperon, Cheval Magazine ou encore Cheval Pratique, chacun mis en place par des passionnés d équitation désirant fournir aux équitants un média qui leur soit consacré, au même titre que la chaine Equidia. Grand Prix Magazine est plutôt jeune sur ce créneau puisque le magazine n a été lancé qu en octobre 2008, à l initiative de Vincent Goehrs. En passionné d équitation, il crée sa propre entreprise, Volta Sports, une agence de marketing sportif spécialisée dans les sports équestres, en mai 2007 à sa sortie de l ESSEC. En septembre 2007, il reprend le titre Grand Prix International, un magazine haut de gamme et gratuit distribué sur les terrains de concours de saut d obstacles internationaux en France, en Belgique et en Suisse. Le temps passe et il constate que son lectorat cherche à ce que le magazine 14

15 traite de plus de disciplines mais qu il soit également plus accessible, notamment dans les kiosques. C est là que commence l aventure Grand Prix Magazine. Côté rédactionnel, le magazine affiche une ligne éditoriale différente de celle de ses concurrents qui se veut plus lisible et plus dynamique. Grand Prix Magazine est donc un magazine plutôt destiné au grand public équitant, qui accorde une place importante à la photographie avec beaucoup d interviews exclusive des plus grands cavaliers français et mondiaux. L aventure se poursuit en 2004 avec Atout Cheval, également un magazine gratuit mais avec un positionnement tout autre que celui de Grand Prix International. En effet, si Grand Prix International traite exclusivement de haut niveau et de saut d obstacles, Atout Cheval est à destination des clubs, et donc des plus jeunes. Ce mensuel est distribué dans tous les clubs de plus de deux cents licenciés qui en font la demande. Une façon de satisfaire tous les publics des sports équestres : de l enfant qui monte à poney une fois par semaine au cavalier professionnel. Si les sports équestres vivent difficilement dans les pages des médias généralistes, quelques passionnés se battent pour leur accorder une place. Des passionnés qui, comme Vincent Goehrs, sont prêts à aller jusqu au bout en leur offrant un support qui leur soit entièrement dédié. c. Les sports équestres version digital : un axe de développement Depuis plusieurs années, on constate une montée en puissance du digital, et notamment dans le sport. «Notre métier est confronté à une évolution du marché qui est aussi une conséquence de l évolution du journalisme, à savoir la montée du digital et de l information en ligne. Les réseaux sociaux, notamment, se sont imposés comme des canaux de communication incontournables et nous devons en tenir compte, sans pour autant perdre de vue qu une information diffusée sur Facebook ne touche pas les mêmes personnes qu une information diffusée par une agence de presse. Le plus souvent, le message est même différent et les relations presse s inscrivent dans une relation BtoB alors que Facebook est un outil de communication essentiellement BtoC.», confie Laurent Dupont, directeur du pôle relations presse d Havas Sport & Entertainment à Sport Stratégies en novembre Les médias 2.0 des sports équestres Bien que de nombreux médias sportifs se soient déjà emparés des différentes possibilités qui s offrent à eux sur le digital, ce n est malheureusement pas encore la règle pour ce qui est des médias sports équestres. Si plusieurs d entre eux dispose bien d une page Facebook, tous n ont pas encore saisi les règles à adopter sur les réseaux sociaux si l on veut fidéliser ses fans. Des médias comme Equidia ou Grand Prix Magazine postent régulièrement du contenu sur leur page : photos, vidéos, articles renvoyant sur le site internet. Ces deux médias cherchent vraisemblablement à avoir une relation interactive avec leurs fans. On note d ailleurs la différence : Equidia rassemble près de fans et Grand Prix Magazine vient tout juste de passer la barre des quand Cavadeos atteint n en est qu à On note tout de même un effort de la part des médias équestres vers le digital puisque par exemple, les trois médias précédemment cités disposent tous d une application iphone. Sur ces applications, on y retrouve les dernières actualités des sites internet, et pour Equidia, il est même possible de regarder en 5 Sport Stratégies n octobre > 04 novembre

16 replay certaines émissions. L an passé Grand Prix Magazine a également lancé la version digitale de son magazine sur ipad. La société d édition Volta Sports semble réellement avoir pris la mesure de l importance du digital et ses spécificités. Par exemple, sur la version digitale du magazine, il n est pas question de retrouver simplement une version PDF du magazine en kiosque, puisque l utilisateur peut se balader d article en article, cliquer sur une image pour voir la vidéo correspondante, etc. Un contenu interactif et qui apporte un vrai plus à l utilisateur digital. Le magazine a également lancé il y a quelques temps son compte sur Instagram permettant ainsi aux utilisateurs de découvrir les coulisses des compétitions tel un journaliste. A noter également le récent jeu concours à l occasion des fans Facebook : un concours photo sur Facebook et Instagram avec de nombreux lots à gagner. Une stratégie rassemblant les fans et pouvant en recruter de nouveaux sur ces deux plateformes digitales. Les blogs à thématique équestre fleurissent également sur la Toile : qu ils traitent de l actualité sportive ou bien de produits pour le cheval et le cavalier, tous parlent de sports équestres et tous disposent d un compte Twitter et/ou d une page Facebook faisant la promotion de leur blog. Ces jeunes blogueurs ont vite compris l intérêt des réseaux sociaux pour se faire connaître sur le Web 2.0. La route est encore longue Cependant, la route demeure encore longue pour que les sports équestres s inscrivent dans la durée sur le digital. Les institutions du monde de l équitation sont encore trop peu nombreuses à saisir cette opportunité. La FFE, par exemple, n a lancé sa page officielle sur Facebook qu au mois d août 2013 (actuellement plus de fans). Le contenu de la page est encore très informatif et peu interactif : on y retrouve les résultats des différentes équipes de France ou encore des informations à destination des licenciés concernant les règlements des disciplines par exemple. Très peu de Comité Régionaux d Equitation sont présents sur Facebook également. Le plus important d entre eux, celui d Ile de France, a d ailleurs créé une page «Ami» et non une page «Fan» et rassemble alors près de amis. C est là encore une méconnaissance du réseau social qu est Facebook. Les cavaliers, pourtant vecteurs de communication des sports équestres, sont encore trop peu nombreux à disposer d une présence digitale. Il devrait être plus nombreux à suivre l exemple de Kevin Staut, numéro 1 français en saut d obstacles. Ce dernier a à sa disposition un site internet bien construit, avec des espaces dédiés aux médias, aux fans, etc. mais également une page Facebook avec des contenus réguliers ainsi qu un compte Twitter. Il s agit d un minimum si l on veut se donner les moyens de parler au plus grand nombre, et tout d abord les équitants. De même, les organisateurs de concours, quand il ne s agit pas de concours comme les Gucci Masters ou Equita Lyon (que nous étudierons ci après), ne disposent pas des outils nécessaires pour parler aux médias et au public du monde entier. Ils sont certes de plus en plus nombreux à posséder une page Facebook, mais trop peu en France à avoir un site internet événementiel et pédagogique. Trop peu à faire la promotion de leur événement sur les réseaux sociaux, alors qu il s agit de l un des vecteurs les plus performants pour des cibles telles que les leurs, à savoir des jeunes filles. Chacun de ces grands concours français devraient se soutenir les uns les autres tout au long de la saison au lieu de ne communiquer sur les réseaux sociaux qu à l approche de leur propre concours. Des efforts restent certainement à faire, tant pour les médias que pour les acteurs de la filière équestre en termes de communication digitale, mais il est important de noter qu après les efforts faits par les 16

17 médias pour offrir des supports dédiés aux sports équestres, des efforts ont également été faits tant par les institutions que par les organisateurs de concours. d. Des efforts vers la médiatisation Beaucoup disent des sports équestres que c est une discipline un peu fermée sur elle-même et qui n incite donc pas les médias généralistes à s y intéresser. Pourtant, des efforts ont été faits ces dernières années. Des efforts dans le but d attirer et d intéresser les médias mais aussi le grand public. Le circuit du Grand National : un exercice de médiatisation pour tous les acteurs du milieu C est en 2008 que la FFE a décidé de lancer le circuit du Grand National dans les trois disciplines que sont le saut d obstacles, le dressage et le concours complet. Sur le même principe que la Formule 1, des écuries composées de deux cavaliers s affrontent lors de différentes étapes, l objectif étant d accumuler le maximum de points jusqu au classement final. Ce circuit voit le jour alors que l ensemble des acteurs du milieu équestre regrettait un manque d exposition médiatique et un désintérêt de la part du grand public. Le Grand National se place alors comme la solution marketing à mettre en place autour des cavaliers et de leur team. En effet, les cavaliers de chacune des disciplines doivent trouver eux-mêmes leurs sponsors (on compte un à deux sponsors par écurie) afin de constituer une écurie. Une fois le team formé, chaque membre de l écurie doit répondre à certaines exigences, par exemple, les cavaliers doivent porter le logo de leur sponsor sur leur tapis de selle, et bien entendu le sponsor doit soutenir financièrement ses cavaliers. Petit à petit, les fédérations ont d ailleurs autorisé les cavaliers à placer les logos de leurs sponsors non seulement sur les tapis de selle, mais également sur les bonnets de chevaux, sur les vestes de concours au niveau de la poitrine et sur le bras, et même sur les pantalons. Cela montre bien la volonté des sports équestres de s ouvrir plus amplement à la médiatisation, car se sont bien entendus les sponsors qui peuvent faire pression sur les médias, et si on leur offre plus de place, ils demanderont également plus de place dans les médias. Plutôt réticents (ou peu habitués) au marketing sportif, dans un premier temps, les cavaliers ne se servent que très peu de cet outil mis en œuvre par la FFE. «Quand le Grand National a été lancé il y a quelques années, les cavaliers ne jouaient pas du tout le jeu, ils oubliaient de porter les couvertures ou tapis de selle avec le logo de leur sponsor. Ils étaient vraiment hyper indisciplinés alors que ce circuit avait été créé pour eux, c était vraiment un outil en or pour eux», s indigne Daniel Koroloff, rédacteur en chef de Grand Prix Magazine Mais désormais, ils jouent volontiers le jeu à la recherche de partenaires et de la représentation sur le terrain. «Ils se sont tous inscrits dans une démarche plus professionnelle. Ils sont face à une fédération qui ne peut pas faire grand chose mais qui leur a fournit une idée et les outils pour se prendre en charge. C est très positif aujourd hui car ils sont de plus en plus nombreux à aller frapper à la porte d un sponsor potentiel et jouer le jeu d un commercial», poursuit le journaliste. On pourrait penser que les sponsors sont tous issus du milieu équestre, et pourtant c est loin d être le cas. Par exemple, en saut d obstacles on retrouve le groupe Igiénair, un spécialiste de la qualité de l air dans les bâtiments, ou encore le tour opérateur Corsicatours. Cet exercice qu est le Grand National a pris de l ampleur au fil du temps, et aujourd hui, il arrive souvent que la presse locale ou régionale reçoivent de beaux dossiers de présentation des cavaliers et des partenaires, car plus d un cavalier reconnaît ne pas avoir les compétences d un communicant et font appel à un ou une attaché(e) de presse. 17

18 Depuis maintenant six ans, le Grand National se développe et les candidats à l organisation d une étape sont de plus en plus nombreux, conscients de la réussite de ce circuit qui n attire pas seulement les connaisseurs, mais aussi les néophytes venus passer du bon temps en famille. En 2013, pas moins de vingt-quatre étapes au total : treize en saut d obstacles, six en dressage et cinq en concours complet. Le circuit traversera pour cette édition dix régions, dix-huit départements et vingt villes, soit autant d occasions pour les collectivités territoriales de faire parler d elles, même si en soit ce n est pas vraiment le label «Grand National» qui attire la presse, mais plus le fait que ce soit un événement sportif de haut niveau à côté de chez soi. Des étapes clés des circuits mondiaux en France : Bordeaux et La Baule Le circuit Coupe du monde a vu le jour en 1978 avec le saut d obstacles. La compétition fut ensuite étendue au dressage en 1985, à l attelage en 2001 et au concours complet en En 2011, la première finale Coupe du monde de voltige s est déroulé à Leipzig, partageant les projecteurs avec le saut d obstacles, le dressage et l attelage. Le circuit Coupe du monde, qui est désormais aussi important pour les cavaliers que les Jeux équestres mondiaux ou les Jeux olympiques, a été créé dans l idée de proposer un ensemble d épreuves dédiées aux sports équestres qui soit semblable aux Championnats de Formule 1. La Coupe du monde, qui se déroule d octobre à mars, est désormais l épreuve hivernale la plus convoitée et sacre lors de la grande finale le Champion du monde indoor, à l issue d un circuit qualificatif et d une finale en trois manches. Le circuit Coupe du monde a connu un succès très rapide, notamment grâce au soutien de son premier sponsor, Volvo. Ce sponsor a assuré non seulement des villes organisatrices à travers le monde, mais aussi un staff qualifié ainsi qu un financement largement suffisant pour couvrir les frais de déplacement et les dotations des différentes épreuves. Ceci a également permis aux organisateurs d attirer les meilleurs cavaliers et chevaux d Europe et d Amérique du Nord. Au fil du temps, un système de ligue a été mis en place afin que les cavaliers puissent se qualifier lors de compétitions se déroulant dans leur région, pour qu ensuite seuls les meilleurs participent à la grande finale. Pour la première édition de la Coupe du monde, neuf étapes furent organisées en indoor en Europe et sept en Amérique du Nord, suivies de la finale à Göteborg en Suède. Bien que des nations d autres continents aient pris part au circuit par la suite, c est une rivalité entre l Europe et l Amérique du Nord qui a pris le pas au cours des années Attirés par le succès des premières éditions, l Australie fut invitée à prendre part à la compétition, suivie d une ligue sud-américaine à partir de Durant les années qui suivirent, les Etats-Unis furent divisés en une ligue de l Est et une ligue de l Ouest pour les étapes qualificatives, puis une ligue canadienne fut également créée. Depuis, la Nouvelle-Zélande, l Europe de l Est, le Japon, l Asie Centrale, l Afrique du Sud, le Sud-Est de l Asie et le Moyen-Orient ont rejoint le circuit Coupe du monde. La Coupe du monde saut d obstacles compte aujourd hui quatorze ligues à travers le monde et continue sans cesse d évoluer. En 2006, la finale s est déroulée à Kuala-Lumpur. Puis à partir de 2007, pour le trentième anniversaire de la coupe du monde, Rolex s est associé à l événement en devenant le sponsor titre du circuit. Ainsi, avec l engagement et le soutien de Rolex, le circuit Coupe du monde n a cessé de prendre de l ampleur, devenant aujourd hui l un des circuits les plus convoités des cavaliers et dont chaque étape est très prisée. Depuis le début, la France s est associée à ce circuit en organisant l étape de Bordeaux, qui est très rapidement devenue une étape clé du circuit pour la ligue européenne. En effet, de par sa place dans le calendrier de la Fédération Equestre Internationale (FEI), l étape Coupe du monde de Bordeaux revêt 18

19 une importance stratégique majeure. Elle est, chaque année, l occasion de grappiller les derniers points synonymes de qualification pour la finale à laquelle seuls dix-huit cavaliers peuvent participer. Tous les ans donc, les meilleurs cavaliers européens se rendent à Bordeaux et il faut savoir qu à elle seule, la ligue européenne compte près de la moitié des meilleurs cavaliers mondiaux, c est dire si l étape de Bordeaux est synonyme de sport de haut niveau. Cette compétition de top niveau est donc un moyen plus qu efficace pour attirer les médias spécialisés mais aussi la presse locale et régionale. Daniel Koroloff, ancien rédacteur en chef de Grand Prix Magazine et ancien attaché de presse de l événement raconte en effet que même si les journalistes de la presse locale et régionale ne connaissent «absolument rien à l équitation et au haut niveau, ils aiment le côté international de la chose», et d ajouter «la mention «international» est synonyme de grand événement pour eux, il suffit de leur donner trois noms de cavaliers internationaux et ils sont comblés». La victoire du Français, Kevin Staut, meilleur cavalier français, lors de l édition 2012 de l étape bordelaise n a pu que ravir un peu plus ces journalistes néophytes dans le milieu équestre. De plus, le sponsor titre qu était Rolex (ndlr : il s agit désormais de Longines depuis janvier 2013) pour le circuit Coupe du monde permet d assurer une visibilité médiatique à cet événement international : «Des concours comme Bordeaux ne bénéficient pas d un sponsor titre, mais ils bénéficient en revanche de celui du circuit ou de la FEI, donc ils ont quand même un soutien de ces sponsors «grand public» qui sont susceptibles d annoncer dans la presse généraliste», ajoute Daniel Koroloff. Même son de cloche à La Baule, non seulement la seule étape française de la Coupe des nations, mais également la première de la saison chaque année donnant ainsi le coup d envoi de la saison outdoor. Le circuit de la Coupe des nations est organisé par la FEI depuis Depuis 2013, un nouveau format de la compétition a vu le jour. Selon les nouvelles règles, le monde a été divisé en six régions. Chacune d entre elles possède une équipe qui devra se qualifier pour la finale. L Europe a été divisée en deux groupes. La Top Ligue de la Coupe des nations 2012, composée par La Baule, Rome, Saint-Gall, Aix-la- Chapelle, Falsterbo, Rotterdam, Hickstead et Dublin, constituent désormais la Division 1 européenne. Les autres régions sont : le Nord, l Amérique Centrale et les Caraïbes, l Amérique du Sud, le Middle Est, l Asie, l Australie et enfin l Afrique. Dans les régions où il n y a pas d épreuves de qualification, les équipes seront admises pour la Finale en fonction du nombre de points que leurs quatre meilleurs cavaliers du classement mondial auront effectués, deux mois auparavant. L organisation stratégique sera la clé du succès. Les quatre nations de la Top Ligue 2012 (Allemagne, France, Irlande et Grande-Bretagne) ont reçu la première possibilité de choisir les lieux où ils voudront accumuler des points, tandis que les quatre autres pays verront leurs épreuves attribuées par la FEI. Cela augmentera la pression à chaque compétition, mais l intention est de préserver le bien-être des chevaux, en limitant leur exposition dans les compétitions de haut-niveau. La Baule fait donc partie du cercle très fermé du «club de la Top League» puisqu ils ne sont que huit pays organisateurs actuellement. Ce concours international est également très prisé des cavaliers et de la presse régionale et locale, puisque des grands noms du jumping international se pressent jusqu à La Baule chaque année. L événement a ainsi pu mettre en place des partenariats médias privilégiés qui lui assurent une bonne visibilité médiatique, notamment avec L Echo de la presqu île Guérandaise, RMC ou Ouest France sans oublier la presse spécialisée représentée par L Eperon, Sports Equestres et leur site internet Cavadeos. Il est très important pour la France de continuer à participer à l organisation de ces circuits clés que sont la Coupe du monde et la Coupe des nations, car comme nous avons pu l étudier, cela permet aux sports équestres de bénéficier d une certaine visibilité médiatique, que ce soit en presse spécialisée ou 19

20 régionale. La presse régionale permet vraiment de faire vivre les sports équestres dans une presse «grand public» et est toujours demandeuse de tels événements. Les concours aux sponsors titres : les Gucci Masters et le Saut Hermès. Longtemps organisé Porte de Versailles, le Salon du Cheval de Paris avait l habitude d accueillir le Jumping international de Paris et de son côté, la société belge European Equestrian Masters (EEM) organisait le Jumping international de Bruxelles, rebaptisé Audi Masters par EEM. EEM est à l origine des Masters de saut d obstacles, qui se veut un concept similaire au Grand chelem de tennis, jugeant qu il était difficile de savoir quel concours était vraiment important pour les cavaliers étant donné le nombre important de compétitions. Cependant, le concours bruxellois avait du être annulé en 2009, faute de place suffisante au Brussels Expo. Cherchant à se développer internationalement, la société belge décide de reprendre le Jumping international de Paris suite au déménagement du Salon de Paris à Villepinte. C est donc en 2009 qu a été lancé le Gucci Masters. Cet événement a signé le retour de Gucci dans le monde équestre après une absence de vingt ans. Très vite, le Gucci Masters s est imposé comme l un des plus prestigieux concours du monde, bénéficiant du crédit de la maison de mode reconnue internationalement a également marqué le retour d une maison de renommée internationale dans le milieu équestre, il s agit d Hermès. En effet, c est en 2010 que le Saut Hermès a été inauguré au Grand Palais. Grand retour du Grand Palais dans le monde équestre aussi, puisqu il accueillait les plus grands concours internationaux de 1901 à Hermès se propose alors de refaire vivre et grandir la tradition équestre au cœur de Paris depuis maintenant trois ans. Ces concours sont devenus une vitrine pour les marques qui les représente et l occasion pour elles de proposer un événement spectaculaire à leurs investisseurs. En effet, lorsque l on jette un œil au prix des places pour assister à ces concours, on se rend compte très rapidement que ce n est pas forcément accessible au plus grand nombre. Et pour cause, il faut débourser au moins cinquante euros pour assister à une journée d épreuves lors du Gucci Masters et compter pas moins d une centaine d euros pour le Saut Hermès. Pour ce qui est de l espace VIP, une tribune entière y est consacrée au Gucci Masters, et comptez plusieurs milliers d euros pour en disposer durant le week-end de compétition. Les partenaires du concours peuvent donc y inviter leurs investisseurs afin de leur faire partager un moment d exception. Au menu : dîner concocté par un chef récompensé par deux étoiles Michelin, champagne et sport de haut niveau. De quoi ravir les plus capricieux. Espaces VIP, dîner proposé par des grands chefs, maisons de renommée internationale Ces concours sont devenus des événements mondains à ne pas manquer. «Au Saut Hermès, on voit des journalistes qu on ne verra jamais nulle part ailleurs sur un concours équestre : Madame Figaro, Gala, etc. C est vraiment du jamais vu dans les sports équestres», confie Daniel Koroloff. Et ne ce n est pas tout, les organisateurs du Gucci Masters ont bien compris que pour satisfaire ce public qui n est pas forcément initié aux subtilités techniques du jumping, il fallait leur proposer du spectacle. On a ainsi vu naitre plusieurs épreuves qui se sont avérées être une totale réussite. Par exemple, la finale du Top 10 Rolex : les dix meilleurs cavaliers mondiaux à l issue des épreuves qualificatives qui se sont déroulées tout au long de l année s affrontent lors d une ultime bataille. Ce format d épreuve raccourci permet de tenir en haleine le grand public, d autant plus que ce sont vraiment les meilleurs cavaliers mondiaux en piste. 20