HISTORIVS. La Libération des camps et la presse DECRYPTAGE REPORTAGE. Les mystères de La Joconde. Louis XIV : L'enfance d'un Roi.

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1 HISTORIVS La Libération des camps et la presse Mars 2015 DECRYPTAGE Les mystères de La Joconde REPORTAGE Louis XIV : L'enfance d'un Roi Image de couverture : Axelle Wauenzell

2 «Cauchemar vert-de-gris, glauque et blafard, "apocalypse now" pour une formidable leçon d'histoire.» France soir «Ce film continue longtemps à hanter le spectateur comme un spectre dont, dorénavant, on discerne les traits.» Paris match

3 L EDITO Il y a 70 ans EN PHOTO Majdanek, camp d'extermination nazi, est délivré par l armée. Il fut le premier d'une longue liste de libérations difficiles, durant lesquelles les nazis, face à l avancée des troupes alliées, ordonnaient l évacuation des camps, lançant sur les routes des milliers d'hommes et de femmes affamés et affaiblis. Ce sont les fameuses "marches de la mort" pendant lesquelles de nombreux déportés périrent d'épuisement ou moururent exécutés par les S.S car ils ne pouvaient plus avancer, et ce jusqu à la veille de la capitulation de l Allemagne nazie le 8 mai Période traumatisante pour la France et le monde, la Seconde Guerre mondiale reste une page de l'histoire difficile à tourner, gravée des lettres sanguinolentes du génocide. Aujourd'hui, de nombreuses commémorations sont là pour rappeler à la population le souvenir de la Shoah. À l'occasion des 70 ans de cette libération, le Mémorial organise un cycle de manifestations autour de la libération des camps. Pour notre part, l équipe d Historivs a choisi de réaliser un dossier complet consacré à la libération des camps et le relais dans la presse.

4 HISTORIVS EN MARS 06 ACTU : LA GUERRE ET LES FILMS 12 REPORTAGE : LOUIS XIV L ENFANCE D UN ROI 18 DOSSIER : SPECIAL CONCOURS DE LA RESISTANCE

5 SOMMAIRE 24 DECRYPTAGE : LES MYSTÈRES DE LA JOCONDE 30 ETUDES : PRÈT POUR UNE FAC D HISOIRE? 36 CULTURE GÉ : INCOLLABLE SUR LES TEMPLIERS?

6 La Libération des COMMENT S EST DÉROULÉ LE RELAIS DANS L OPINION PUBLIQUE? QUEL A ÉTÉ LE RÔLE DE LA

7 DOSSIER camps et la presse COMMENT LES CIVILS ONT-ILS REAGI? PRESSE DANS LA LIBERATION?

8 DOSSIER La découverte des camps à travers la presse Dès 1933 des informations sur la réalité concentrationnaire et sur les crimes commis par les nazis à cette époque sortent d'allemagne. Les premiers témoignages antinazis allemands paraissent en France à cette époque. En mai 1933, le magazine VU publie un reportage sur le IIIe Reich et son fonctionnement. Des envoyés spéciaux sont parvenus à prendre des photos les camps d'oranienburg et de Dachau sans vraiment savoir de quoi il s agissait. Porte du Camp d'oranienburg gardée par des nazis Les antinazis allemands dénoncent le régime des camps dans des ouvrages tels que Au camp d'assassins de Dachau de H. Beimler publié en 1933 ou Les Horreurs Fascistes en Allemagne de K.Burger en L'information est connue surtout dans les milieux antifascistes. Il est donc difficile de mesurer son impact réel sur l'opinion.

9 En France, entre 1940 et 1944, l'information est essentiellement transmise par la presse clandestine (Témoignage Chrétien, Libération Sud, Résistance ). photo clandestine prise par un membre du Soderkommando Le relais médiatique passe aussi par la radio, mais insiste surtout sur les actes de barbarie commis. Des reportages sont publiés mais ne font pas de distinction entre la déportation des opposants et celle des juifs. Le 3 octobre 1940 le premier dispositif législatif antisémite est décrété. Il entraîne d'abord l'exclusion des juifs de la société et leur recensement, ce qui facilitera les rafles ultérieures. Les premières informations sur les camps de concentration concernent notamment Buchenwald et Auschwitz et s'appuient surtout sur des témoignages ou des sources dont la fiabilité ne peut être vérifiée. Entre 1940 et 1942, la population reste majoritairement indifférente. L'opinion est plus préoccupée par les problèmes de ravitaillement que par le sort des juifs. À partir de 1942, des protestations apparaissent dans les journaux clandestins qui dénoncent l'existence des camps et les persécutions antisémites. Le journal J'accuse diffuse à partir de sources diverses (dont des radios) des informations sur les persécutions antisémites. Le 8 avril vers midi, l'appel au secours suivant fut lancé en russe en anglais et en allemand avec l'alphabet morse : «Ici le camp de concentration de Buchenwald. Nous demandons de l aide. On veut nous évacuer. La S.S veut nous exterminer»: Extrait de Langbein, Hermann, La Résistance dans les camps de concentrations nationaux-socialistes 1938/1945, Fayard

10 L'Armée Rouge russe est la première à pénétrer dans le camp d'extermination de Majdanek, près de Lublin le 23 juillet Ce camp fut le théâtre de l'extermination d'environ personnes. Contrairement à de nombreux camps nazis, Majdanek n'était pas enfoncé dans une forêt éloignée, caché à la vue par des barrières naturelles ni entouré par une zone «de sécurité». C'est pourquoi, lorsque l'armée Rouge y pénètre, elle découvre un ensemble de blocs d'une cinquantaine de mètres de long sur 7 à 10 mètres de large, la plupart en bois : des baraques ou s'entassaient les détenus en attendant le sort funeste qui leur était réservé. Malgré la fermeture du camp quelques jours plus tôt, les cendres fumantes laissaient encore apercevoir la chambre à gaz ainsi que de nombreux baraquements. Le 23 novembre 1944, les américains ont pénétré à leur tour dans le camp de Natzweiler-Struthof en Alsace, dont les installations sont restées en état bien que les détenus aient été, là aussi, évacués quelques semaines plus tôt. Tout comme dans Majdanek, les américains récupèrent des informations qui leur permirent de comprendre le fonctionnement des camps et ce qu il s'y est passé. Plan du camp de concentration d'auschwitz

11 De la découverte à la libération La plupart des camps, sont libérés par les armées alliées au printemps Certains sont encore peuplés de détenus. Les troupes alliés découvrent alors, au milieu de cadavres, des milliers de déportés dans un état physique dramatique. La plupart des prisonniers vivent leur libération dans un état d abattement et d hébétude dû à l épuisement des corps et des esprits. À la fin de l'occupation, bien que la guerre ne soit pas encore gagnée, de nombreux journaux clandestins français paraissent de manière légale, rendant compte des faits passés et présents. Les journalistes réalisent des reportages sur la libération des camps mais la censure fait obstacle à la parution de certaines publications. En janvier et février 1945 plusieurs articles évoquent Majdanek et Auschwitz qui viennent d'être libérés par les soviétiques, décrivant très précisément les camps de concentration comme des «usines de mort». Ces premières descriptions ne rendent pas compte de la réelle dimension du génocide juif. Toutefois la préoccupation principale reste le sort des prisonniers de guerre. Le 5 avril 1945, le premier témoignage d'une rescapée d'auschwitz apparaît dans l'humanité. Depuis, les camps de concentration font la une de la presse française. Les journalistes ont le droit de publier librement sur la libération des camps. La presse s'efforce d'assurer à la population le retour prochain des détenus. Mais les descriptions parues précédemment contredisent cette attitude. Une réintégration difficile

12 Les français, avides de renseignements en 1945, tombent vite dans l indifférence. D autres ont peur d entendre ou éprouvent une gêne vis à vis tout ce qui concerne les camps. On se contente alors de poser des questions simples. Enfin, certains pensent aider les déportés en occultant ce passé. Progressivement, cette parole difficile et «non entendue» est en plus une parole confisquée par divers associations et partis politiques qui «confisquent» la parole aux déportés en imposant une vision du système concentrationnaire beaucoup plus idéologique que scientifique. La déportation de persécution n y trouve pas sa place au nom de l unité nationale. La presse préfère utiliser des photos, pensant qu elles parlent d ellesmêmes. Mais même les images des camps ont fait l objet d une sélection. «Moscou, 6 fév.- L'agence Tass annonce la libération par l'armée rouge de déportés politiques français, belges et hollandais détenus par les Allemands dans le camp de concentration d'oswiecim. (AFP)». Voici les quelques mots que l'on pouvait lire dans l'édition du 7 février du Figaro de La presse dans son ensemble reste muette sur cet événement. L'armée russe a libéré Auschwitz presque par hasard et ne médiatise pas sa découverte. Les premiers témoignages sur les camps nazis dans la presse écrite française ne datent pas de la libération d'auschwitz par les troupes soviétiques du 27 janvier 1945, mais du mois d'avril 1945, quand les Alliés découvrent à leur tour l'horreur concentrationnaire.

13 Il y eut assez peu de récits. Le papier coûtait alors cher et les journaux se focalisaient surtout sur les démarches diplomatiques et la capitulation de l Allemagne. On peut cependant lire chaque jours des avis de recherche de déportés dans les colonnes des journaux, comme ce bouleversant extrait du Figaro :«Rech. Behar Eliakim Jacques, 49 ans, et ses garçons, Natho, 11 ans, David, 8 ans, arr. Drancy , dép , dir. Prob. Birkenau. Ecr.: Alice Behar, 9 rue Georgette-Agutte (18e). Marc En 1945, les images de Dachau prises par l équipe de Stevens sont insérées dans un documentaire montré d abord aux États-Unis avant d être projeté, à titre de preuve des crimes nazis, devant le Tribunal Militaire International de Nuremberg. Cette expérience, inédite, a été préparée par John Ford, qui dirigeait lui-même une unité spéciale, la Field Photographic Branch (FPB), chargée de réaliser entre autre ce film, Les Camps de concentration nazis, et de mettre en place le filmage du procès. D autres reportages parurent en France, tels que SHOAH en 1985, de Claude Lanzmann, des témoignages sous forme de livres, comme par exemple le Journal d Anne Franck publié en 1947, ou encore des films comme La Vita è Bella de Roberto Benigni en L histoire n est plus cachée, on accepte enfin d écouter et les anciens dépotés de parler.

14 Ainsi la presse fut le principal relais médiatique de l information, de la découverte à la libération des camps. Ce passage de l histoire fut difficilement accepté par la population, aussi bien en France qu ailleurs. Certains refusaient d y croire, d autre d entendre. La souffrance des déportés n en fut que plus grande, car ils n avaient pas la possibilité de parler, même une fois de retour chez eux. De nos jours, la Seconde Guerre Mondiale et le génocide sont des sujets encore sensible car douloureux pour l histoire de l humanité. Mais plutôt que d être tu, ils sont extrêmement médiatisés. Il s agit de raviver les mémoires par des reportages, des évènements publics, des anniversaires Notre pays VEUT se souvenir. Pourquoi la France vit-elle autant sur son histoire? Ne parvient-elle pas à faire son deuil? Souhaite-elle rendre hommages aux trop nombreuses victimes du génocide? Ou cherche-t-elle plutôt à rappeler à son peuple l horreurs des crimes commis, à titre d exemple? Il serait alors intéressant de rappeler, au vu de l actualité, une célèbre citation de Thucydide : «L Histoire est un perpétuel recommencement.»

15 Ce travail a été réalisé par Laura Giaume, Justine Vinson et Axelle Wauenzell, élèves de terminale S au lycée François Mauriac Forez. A l occasion du concours national de la résistance de 2015, nous avons décidé de réaliser ce bref dossier sur le relai médiatique dans l opinion publique lors de la découverte des camps et du génocide. Nous avons choisi de l intégrer dans une sorte de magazine historique en ligne, inventé et réalisé par nos soins. Nous espérons que la lecture vous aura été agréable! La rédac d HISTORIVS

16 DANS LE PROCHAIN NUMERO D GROS PLAN SUR LE TERRORISME REPORTAGE DECRYPTAGE