VICISSITUDES ET VICTOIRES DE LA PSYCHOLOGIE À L UNIVERSITÉ LAVAL

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1 Partie 1 VICISSITUDES ET VICTOIRES DE LA PSYCHOLOGIE À L UNIVERSITÉ LAVAL JEAN-YVES LORTIE Professeur retraité Avant-propos Les débuts de l enseignement de la psychologie scientifique à l Université Laval La psychologie à l École de pédagogie et d orientation De la psychothérapie à la psychologie La fondation du Département de psychologie Un Département de psychologie autonome L École de psychologie Luttes pour des locaux décents Défis pour les prochaines années Annexes

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3 Avant-propos Pourquoi écrire une histoire de l enseignement de la psychologie à l Université Laval et en raconter les vicissitudes et les réussites? La raison immédiate en est la demande que m avait faite en 1987 le président du comité du cinquantenaire de la Faculté des sciences sociales, A. Faucher, de participer à la rédaction d un ouvrage collectif sur la Faculté. Je devais rédiger le chapitre sur l École de psychologie. Pour ce faire, j avais amassé de la documentation dont le volume dépassait largement les exigences d un chapitre. J ai cru bon, avec quelques années de recul, d utiliser ce matériel et d étoffer suffisamment mon texte pour en faire un livre. Il y a aussi des raisons éloignées. La première est la suivante : au début de mes études, en 1954, alors que j assistais à des cours d orientation scolaire et professionnelle dans une des salles du 71, rue D Auteuil, j ai été intrigué par la présence de quelques armoires vitrées dans lesquelles étaient rangés divers objets hétéroclites. Ils rappelaient que dans les années précédentes ils avaient servi à des expériences de laboratoire de psychologie. Mais, en 1954, on ne menait plus aucune de ces expériences. Que s était-il passé? Je voulais en savoir davantage ; ma curiosité était piquée. Cette curiosité, je l ai gardée durant toute ma carrière, avec le vague sentiment qu un jour je la satisferais!

4 4 L École de psychologie se raconte La deuxième peut se résumer ainsi : j ai connu quelques-uns des pionniers dans le domaine. Par exemple, j ai été assistant de recherche de Paul L Archevêque puis d Arthur Tremblay pendant quelques années. J ai fréquemment causé avec Roméo Miville de questions de psychologie et même de philosophie des sciences. Je me suis dit que si je n écrivais pas maintenant sur ce qui s est passé à cette époque, personne, probablement, ne le ferait et la mémoire en serait perdue à jamais. C est en orientation professionnelle que j ai reçu ma première formation, mais c est en psychologie expérimentale que je me suis spécialisé par après et c est comme expérimentaliste que j ai œuvré pendant toute ma carrière universitaire. Ma vision des événements est nécessairement affectée par cette orientation et il est possible que certaines de mes déclarations suscitent de la controverse. En outre, je reconnais que ma description des réalisations de la psychologie appliquée est incomplète ; un spécialiste en la matière aurait, sans doute, accompli un travail plus satisfaisant. Je tiens à préciser que je ne suis pas historien et que je n ai aucune formation dans ce domaine. Le lecteur, d ailleurs, s en rendra malheureusement compte dès les premières lignes. Mais j ai tenu à être le plus exact possible dans la relation des faits, m appuyant sur des documents originaux chaque fois que c était possible. Parfois, malheureusement, ceux-ci font défaut et il faut interpréter et supposer, ce que j ai fait avec beaucoup de circonspection. Sur une période qui dépasse cinquante ans surviennent nécessairement des événements heureux : ce fut un plaisir de les raconter. Des événements plutôt pénibles se sont aussi produits. Il aurait été incorrect de les passer sous silence : on aurait eu alors une image incomplète et tronquée de la psychologie à Laval. Mais je me suis efforcé de les nuancer le mieux possible, tâchant d éviter les interprétations hâtives et les blâmes non mérités. Je voudrais remercier les personnes qui ont accepté avec empressement de me recevoir en entrevue ; je pense, en particulier, à Alain Larocque, Henri Richard, Eddy Slater et Marcelle Thibaudeau. En outre, Hubert Chéné, Jean-Yves Drolet, Roch Duval, Robert Rousseau et bien d autres ont répondu avec beaucoup de bonne volonté à mes multiples questions. Un merci à Andrée Gignac, Odile Naud, Annie Poulin et Denise Rochette, qui se sont toujours empressées de me fournir les documents demandés. Gilles Kirouac, André Renaud et Eddy Slater se sont chargés de la tâche ingrate de lire de façon critique le manuscrit. J ai essayé de respecter du mieux que j ai pu les nombreuses suggestions qu ils m ont adressées. Si le résultat final ne répond pas à leurs attentes, j en suis le seul responsable. Monsieur James Lambert et l équipe de la division des Archives de la bibliothèque furent d une aide extrêmement précieuse dans la réalisation de cet ouvrage. Madame Sylvie Thibault-Godbout, en particulier, n a ménagé aucun effort pour repérer les

5 Avant-propos 5 multiples documents que je lui ai demandés. Mes remerciements s adressent aussi au personnel du Séminaire de Québec, qui a mis à ma disposition les archives que l institution possède sur l Université. Enfin, il convient de mentionner le nom de deux personnes remarquables, Roméo Miville et Arthur Tremblay, qui ont connu un destin semblable alors qu ils s apprêtaient à prendre connaissance de mon travail. Lorsque, en 1986, le manuscrit du chapitre qui devait paraître dans l ouvrage de la Faculté des sciences sociales venait d être terminé, une copie fut expédiée à Roméo Miville. Je devais le rencontrer ensuite pour recueillir ses commentaires. Mais, entre-temps, Roméo Miville fut admis à l hôpital, où il mourut quelques jours plus tard. Cette triste situation se répéta dans le cas d Arthur Tremblay, mais cette fois, pour le présent ouvrage. Le manuscrit étant assez avancé, je sollicite, le 21 octobre 1996, une rencontre avec Arthur Tremblay (celui-ci avait lu le manuscrit de 1986). C est son épouse qui répond et m informe du mauvais état de santé de son mari. Très optimiste, cependant, elle me suggère de le rappeler un peu plus tard, assurant que celui-ci se ferait un grand plaisir de collaborer à une œuvre qui lui était restée chère. Le dimanche suivant, Arthur Tremblay est, à son tour, emporté par la maladie. Ayant très bien connu l un et l autre, je voudrais exprimer tout le respect que je nourris à leur égard. En terminant, je tiens à dire que se rappeler l époque des débuts de la psychologie et celles qui ont suivi, avec toutes leurs limites, mais aussi toutes leurs possibilités, fut pour moi une source de joie profonde.