Le judo suisse, mêmes combats?

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1 Université de Lausanne Session d'automne 2008 Faculté des sciences sociales et politiques Institut des Sciences du sport et de l'education Physique Le judo suisse, mêmes combats? Mémoire/recherche de : Le judo suisse, mêmes combats Présenté par: Jonathan Badan / jonathan.badan@bluewin.ch Directeur: Expert: Dr. Philippe Schneiter Dr. Fabio Borrani - 1 -

2 Table des matières TABLE DES MATIÈRES PROBLEMATIQUE INTRODUCTION THEORIQUE EXAMEN CRITIQUE DE LA LITTERATURE METHODOLOGIE UN BILAN LE JUDO, UN SPORT EN PLEINE REVOLUTION LE JUDO SUISSE SE DEVOILE UNE QUESTION DE POSSIBILITES Manifestations officielles Manifestations non homologuées Des systèmes innovants LA COMPÉTITION LA COMPETITION, UNE NECESSITE, UN BIEN? En symbiose avec l'entraînement Conséquences chez le timide et l'agressif Une question de probabilité LE SUCCES FACE A L'ECHEC LA COMPÉTITION ET LES ENFANTS Un règlement caduc Motivation et participation Le plaisir, un élément primordial chez l'enfant L'adulte et l'enfant, un abîme de disparités Les enfants et les blessures UNE PLACE POUR TOUT LE MONDE? PHASE COMPARATIVE DANS LE TEMPS DANS L'ESPACE La France, capitale européenne du judo La Belgique, un désir de réforme Une Allemagne créative DANS LA PRATIQUE LES CAUSES D'ABANDONS LES PLUS CITÉES DANS LA LITTÉRATURE SPORTIVE Facteurs relatifs à l'évolution de l'entant L'influence du monde extérieur Lié à l'entraînement L'ABANDON DANS LE SPORT, UN PHENOMENE QUI N'EPARGNE PAS LE JUDO Une attache avec la compétition Un judo en phase de rajeunissement METHODE ET MATERIEL POPULATION METHODE MATERIEL RESULTATS ENSEMBLE DES REPONSES REPONSES BIAISEES

3 TABLEAUX ET GRAPHIQUES DISCUSSION ANALYSE DES CAUSES D'ABANDONS CHEZ LES ADOLESCENTS UNE EBAUCHE DE SOLUTION CONCLUSION GLOSSAIRE BIBLIOGRAPHIE REMERCIEMENTS NOTES Image : Jonathan Badan Je dédie ce travail à mes grands-parents Adèle et Roland, tous deux judokas et particulièrement à mon grand-père, pour qui le judo représente une partie non négligeable de sa vie. Je les remercie de m'avoir transmis ce virus à la contagion si agréable

4 Problématique D'après les statistiques de l'ofspo 1, le judo suisse dénombre de manière officielle, un peu plus de 14'000 licenciés, comprenant une moyenne de 8000 adultes pour 6000 jeunes. Il faut cependant noter que ces chiffres ne tiennent comptent que des enfants (jusqu'à 14 ans) et adultes licenciés possédants au minimum le 5 ème kyu (ceinture jaune). Un nombre de jeunes qui reste toutefois étrangement bas. Pourquoi le judo suisse a-t-il un rapport inversé jeunes/adultes si on le compare à son voisin la France (69.12% jusqu'à 14 ans) 2 ou germanique (75%) 3. Une des explications pourrait être l'imposition de la licence dès le plus jeune âge par la FSJ 4 et ceci depuis Contrainte qui n'est pas toujours respectée (démarches administratives trop longues et onéreuses pour des clubs fonctionnant au bénévolat), ce qui induit une marge d'erreur considérable dans les statistiques émises par la FSJ. Le nombre total de pratiquants est effectivement "estimé" autour des 20'000 voir un peu plus, avec un pourcentage d'enfants légèrement plus important que les adultes. Ce dénombrement officiel des pratiquants reste toutefois une indication fiable où les jeunes pratiquants peuvent être vus à la hausse (environ 50-55% en comptant les ceintures blanches et les non licenciés) mais qui n'arrive pas aux taux des pays voisins. Par conséquent, les divergences entre ces taux de pratiquants ne mettent pas en cause la pratique sportive en soi mais nous redirigent sur un problème structurel complexe provenant de la gestion interne du judo par les autorités officielles et les clubs en Suisse. A noter que je ne remets pas en cause l'étendue des facteurs tels que la diminution des adhérents au profit des sports dits "non affiliés", pratiqués sans clubs. Sans oublier l'apparition du sport plaisir, ou encore des jeunes qui peuvent, au travers d'un changement de mentalité, de climat social, perdre l'envie de pratiquer un sport individuel aux caractéristiques telles que le judo. De nombreux facteurs externes ont été décelés mais le seul véritable élément sur lequel il est possible d'agir, demeure l'organisation profonde du judo suisse. Organisation qui permet à la machine du judo helvétique de tourner sans grande innovation, mais également sans grande remise en question. Comment se fait-il qu'un des grands intérêts de ce sport soit son côté éducatif et pédagogique et qu'il n'existe que trop peu de compétitions aux règlements adaptés pour les jeunes (en Suisse)? Ce non sens pourrait-il à lui seul exprimer la difficulté qu'ont les clubs à orienter les jeunes dans des compétitions, à compléter une équipe de compétiteurs, ou tout simplement à partir avec quelques valeureux au "casse-pipe"? Ce terme, quand bien même subjectif, décrit ce que bon nombre d'entraîneurs romands ressentent lorsqu'ils entreprennent d'embarquer des jeunes dans des compétitions officielles. "La boule au ventre depuis près de trois heures, les jambes tremblantes, une ceinture verte rigide qu'il renoue sans cesse, Sébastien 5, se retrouve à saluer en face de Cyril 6, qui le surplombe d'une tête, c'est son premier combat " 7. Ceci n'est qu'un exemple fictif mais qui retrace cependant le parcours de bon nombre de jeunes ayant eu envie un jour au l'autre de goûter à ce qui permet au judo d'exister, à la technique d'être efficace, à Jigoro Kano (fondateur du judo) de prétendre à un judo complet. La suite de cette histoire pourrait s'écrire de plusieurs manières différentes, là n'est pas l'essentiel. Le résultat en est bien plus révélateur. Les jeunes semblent manquer d'intérêt pour la compétition, ce qui induit une diminution du nombre de celles-ci, ainsi que les alternatives qu'on pourrait proposer aux jeunes et plus âgés ayant vécu des - 4 -

5 mauvaises expériences ou n'ayant pas la fibre compétitrice. Mon hypothèse serait donc de prétendre que le judo suisse souffre d'un certain manque d'adaptation qui n'encourage pas à la réalisation d'un droit qu'ont tous les judokas, y compris les moins doués et les plus âgés, qui est de combattre et de goûter au judo dans son entier. Ayant vécu ce genre de situation dans mon enfance, j'ai l'ambition de calquer mon hypothèse sur une compétition suisse qui mérite d'être réévaluée au travers d'un travail théorique profond et objectif. Raison pour laquelle j'ai établi une confrontation de cette hypothèse avec une étude empirique, regroupant 82 jeunes judokas et judokates ayant arrêté la pratique de ce sport ces cinq dernières années. Ceci permettra de soulever les facteurs capitaux dans l'abandon de ce sport mais surtout de soulever le rôle qu'occupe la compétition dans ces phénomènes d'abandon. Avant de traiter les résultats de cette étude empirique, il est nécessaire d'ériger une base théorique solide dans laquelle je décris les méthodes utilisées et trace une brève critique de la littérature tournant autour de ce sport. Partie non moins essentielle, celle du bilan qui consiste à dégager, illustrer, dégrossir la pratique du judo en Suisse et de ses possibilités en matière de compétition. Que nous propose-ton, qu'on soit jeune, débutant, pratiquant expérimenté ou d'âge plus mature? Mais aussi quelles sont les tendances en termes d'adhérents, de nouveaux participants? Quelles sont les différentes visions du judo suisse, des fois considéré comme la suite d'une longue tradition fidèle à Jigoro Kano ou préférablement orienté vers un système compétitif qui privilégie la victoire expéditive à la lente progression méthodologique. Cet aspect sous-tend un rôle important de la compétition dans les motifs de démission. D'où la nécessité de tracer un large chapitre sur les rôles, les bienfaits, la nécessité du shiai (compétition) et cela principalement chez les jeunes. S'enchaîne dès lors des questionnements essentiels et naturels qui peuvent ressembler à ceci: "comment se fait-il que de mon temps ", "J'ai vu dans un autre club en Allemagne que ", "mais tu sais, la capoeira, ce nouveau sport brésilien, ben ils font différemment et ça marche bien ". La phase comparative permet ainsi de briser ces opinions préconçues en les confrontant à des faits objectifs relevés auprès de personnalités influentes et sérieuses connaissant les rouages administratifs, politiques et organisationnels de leur sport. S'ensuit la partie centrale de mon sujet dans laquelle sont révélées les causes fondamentales d'abandon dans le sport en général mais également pour le judo. Dernière partie théorique qui permet de faire le lien avec les résultats auxquels s'adhèrent une profonde discussion. Introduction théorique Examen critique de la littérature Les ouvrages pour la plupart français, soulignent dans la majorité des cas, l'histoire du judo ainsi que celle de son fondateur Jigoro Kano. Il n'est pas évident de dénicher des études ou tout simplement des constatations sociologiques, psychologiques voire des statistiques. Le centre d'intérêt est tout bonnement focalisé sur les éléments techniques, d'une part mais aussi sur les performances combatives des champions, qu'ils soient actuels, futurs ou légendaires

6 La documentation dite scientifique reste donc relativement évasive à ce sujet même s'il existe des pistes éparses dans des articles ou revues. L'information reste cependant difficilement saisissable et demande un retranchement sur des sources moins spécialisées (plus global au niveau de tous les sports) mais dans lesquelles, certains phénomènes tels que l'abandon chez les jeunes s'y trouvent. A ce stade, l'information devient délicate à manipuler car elle n'est plus en totale adéquation avec la pratique sportive ciblée (dans ce cas, le judo). Elle permet d'ouvrir des pistes mais non de certifier et encore moins d'en tirer des conclusions. Au niveau des informations officielles telles que les statistiques ou études, il faut noter leur manque de disponibilité et d'accessibilité. En effet, le site Internet de la FSJ 8 ne regroupe pas suffisamment de renseignements (statistiques), alors que son homologue français 9 les étale en grande quantité. A noter tout de même, que ces données me furent rapidement transmises sur demande. Le domaine d'étude du judo reste donc relativement flou et peu exploité. Ce qui permet un vaste champ d'étude ainsi qu'une grande marge de progression Méthodologie Comme cité ci-dessus, une des principales difficultés consistait à ne pas pouvoir se baser sur des documents littéraires (ouvrages, articles, etc ) en nombre suffisant afin de fournir une base théorique honorable. Il a donc fallu trouver l'information de manière différente. Pour ce faire, j'ai opté pour des interviews non directifs à dominante qualitative. De nombreuses personnalités du judo suisse et étranger ont bien voulu me consacrer un instant afin de réaliser cette pêche à l'information si âpre à se laisser saisir. La valeur de l'information se mesurait non pas dans le nombre mais bien dans la fiabilité de celle-ci. Une fois le ciment qualitatif colmaté aux briques théoriques, il m'a été possible de bâtir une trame quantitative à l'aide d'un questionnaire à large échelle distribué auprès de près de 477 jeunes et anciens judokas. Ce dernier n'a pas été aisé à mettre sur pied de par la réticence et la difficulté des clubs à transmettre des informations relatives aux anciens membres. L'utilité de cette partie empirique étant bien entendu d'allouer une crédibilité auprès des résultats obtenus et de rendre ce travail objectif et utilisable par la suite. Un bilan Le judo, un sport en pleine révolution Jigoro Kano, fondateur du judo, développa à la fin du XIX ème siècle, un sport de combat à partir d'un art martial japonais dénommé le ju-jitsu. La principale différence - 6 -

7 réside dans la suppression des mouvements qui à la base étaient conçus pour tuer 10, en des techniques avec lesquelles il est possible de combattre sans provoquer de lésions physiques. Maître Kano a ainsi réussi à intégrer une nouvelle facette à l'apprentissage pur et simple des techniques. Elément qui prend sa place dans sa notion des trois cultures que l'on peu lire chez Michel Brousse; "La démarche pédagogique énoncée dans le principe des «trois cultures» se concrétise dans les procédés d'apprentissage: le randori [combat libre sans arbitre ni points] et la kata [enchaînement structuré de techniques] sont les éléments de base de l'enseignement dispensé par Kano. Il sont renforcés par les moyens complémentaires que représentent le shiai, compétition, et le mondo, entretiens que Kano aimait avoir avec ses élèves" 11. Brousse rajoute cependant qu'"à cette époque, le judo se fait avec l'autre plus qu'il ne se fait contre l'autre. Il serait vain de vouloir comparer les compétences des générations successives, mais dans le contexte des années 1950, la compétition, n'a encore qu'une place réduite et la technique des judokas se construit dans le contexte d'un affrontement à la fois réel et ritualisé où les codes comptent autant que les actions. Le judo donne une dimension spirituelle à la performance." 12 L'ampleur du shiai est limitée mais sa notion n'en reste pas moins importante. Pour Kano, la compétition est un élément indissociable du système éducatif qu'il a lui même implanté dans le judo kodokan. Cette dualité entre la technique acquise lors de l'entraînement et la compétition lui permet de transmettre des valeurs telles que le respect de son partenaire, la maîtrise de soi et de son corps, l'acceptation de l'échec, l'honneur et la modestie, mais surtout d'admettre les règles et applications de celles-ci par l'arbitre. La compétition fait office dans ce cas précis, de continuum dans la formation du jeune judoka afin d'acquérir une force mentale plus importante. Il faut cependant respecter des éléments importants tels que les durées des différents stades d'apprentissage. Le judo de base traditionnel, est fondé sur la patience, où l'on attend que le compétiteur soit prêt. Système éducatif très prisé par les enfants mais surtout par les parents. En France, on constate une augmentation de sa notoriété au travers de sa cote pédagogique où tout le monde est semblable sur le tatami. Le judo, une possibilité d'être soi-même sur un tapis, de ne plus sa cacher comme dans la société. Le combat est un moyen de se lâcher, quel que soit le niveau, la provenance, la religion, le sexe, tout le monde est semblable. Oliver Kauer-Berk constate cependant que "Le judo actuel dérive des concepts de base énoncés par Kano" 13, de telle manière que les pays façonnent leur propre version de ce qu'était le judo traditionnel japonais. On assiste ainsi à des combats internationaux qui opposent des judokas avec des règlements similaires mais qui appliquent des techniques totalement hétéroclites. L'émergence d'un judo athlétique davantage basé sur la performance physique que sur les gestes techniques se fait alors ressentir. En accentuant la tendance du monde compétitif, on pourrait prétendre se diriger vers un sport similaire à la lutte mais qui n'a plus réellement d'attache avec le judo de base. Le même auteur déclare que "Les scientifiques voient dans la dominance de la compétition, un danger pour l'éthique du judo. Le professeur en sciences du sport, Funke-Wieneke, prétend que le fait d'être devenu une activité sportive, n'a pas fait de bien au judo. 14 " En effet, le passage d'art martial à sport de combat 15 a permis au judo d'ouvrir de nouveaux horizons (possibilité de faire des compétitions sans danger) avec - 7 -

8 des paliers éducatifs progressifs comme précités auparavant mais a amorçé également l'ouverture d'une porte aguichante qui suggère les charmes de la victoire. Certaines personnalités n'hésitent pas à dénoncer un judo de plus en plus enclin à une soif de résultats qui déteint sur une pratique saine de ce sport. "Du sport «plaisir», «jeu», «gratuité», on passe souvent au sport «souffrance», «enjeu», «rémunération». 16 " Il faut gagner, réaliser des performances et tous les moyens sont bons pour y parvenir, même s'il est nécessaire de dénaturer cette pratique sportive. "Janalik Heinz, prétend que le monde de la compétition laisse paraître que les résultats seront prometteurs si l'athlète privilégie un entraînement basé sur le physique 17." Le judo suisse se dévoile La Suisse n'est pas épargnée par le développement d'un judo à la recherche d'une efficacité rapide caractérisée par un manque de nuances et de transitions progressives. Dès lors, on peut constater la présence dominante des deux judos sur les tatamis helvétiques; le judo traditionnel, techniquement plus abrupt mais bien plus gratifiant après une certaine maturité avec un judo davantage ciblé sur une progression rapide aux résultats expéditifs mais pas obligatoirement permanents. Ces deux orientations sont pratiquées chez les adultes mais également et surtout chez les enfants et adolescents. Certains parents confient leurs enfants à des clubs ayant comme objectif des victoires rapides et "révélatrices" de l'excellent niveau du dit club. Le jeune âge des enfants ne leur permet nullement de pouvoir réaliser leur choix personnel dans la pratique de leur sport. Ce choix se réfère ainsi uniquement à la volonté des parents qui décident à leur place au lieu de les consulter pour savoir ce qu'ils désirent entreprendre pendant leurs loisirs sportifs. Les compétitions et tournois officiels opposent donc des judokas jeunes et moins jeunes de niveaux mais surtout de pratiques fortement différentes. De plus, il faut préciser qu'il n'existe en Suisse que trop peu de réglementation spécifique pour les enfants en compétition comme cela se fait en France par exemple. Lacunes qui, même en connaissant l'extrême résistance des enfants face aux blessures, génèrent des traumatismes autant physiques que psychologiques. Un phénomène relativement récent est celui du manque de bénévolat, syndrome que l'on ressent très fortement dans le monde du judo suisse. L'organisation de compétitions, de sorties mais surtout le fonctionnement interne de petits clubs aux moyens financiers précaires peine de plus en plus à trouver des personnalités possédant l'énergie mais surtout le temps de fournir des services gratuits. Les grands clubs font alors référence à des professionnels, du moins en ce qui concerne l'enseignement. Par conséquent, la professionnalisation des clubs est une manifestation contemporaine du manque crucial de bénévolat, que ce soit dans le judo mais aussi dans d'autres sports associatifs. Une question de possibilités - 8 -

9 Avant d'articuler des arguments autour du système, il est primordial de pouvoir le décortiquer profondément en tentant d'énoncer toutes les facettes et possibilités actuelles qui sont offertes aux jeunes judokas de pratiquer ce sport en compétition. Au travers de différentes personnalités travaillant au sein de la FSJ (Fédération Suisse de Judo) mais également des professeurs ayant une expérience actuelle et approfondie de la situation, il m'a été possible de vous établir précisément les possibilités qui sont offertes, quel que soit l'âge des pratiquants, leur grade ou encore leur niveau de performance. Je précise cependant qu'il existe de nombreuses variantes dans le cadre des compétitions internes classées comme "non officielles" et que j'ai tenté de réaliser une liste des plus exhaustives sans pour autant prétendre avoir regroupé toutes les variantes suisses. Le panel des compétitions se scinde en deux parties distinctes. La première regroupant les tournois et championnats officiels dans lesquels les compétiteurs ont l'occasion de cumuler des points ranking, ceci afin d'accéder aux championnats suisses mais également pour obtenir un dan (Grade à partir de la ceinture noire) dans un système spécifiquement allégé adapté aux compétiteurs. Ces manifestations sont réglementées par la FSJ mais organisées par les clubs, a part les championnats suisses individuels et par équipes que la FSJ se charge d'organiser. A côté de ces événements officiels se trouvent les compétitions non homologuées par la FSJ comme les championnats internes, les tournois interclubs organisés avec des clubs affiliés, des fédérations étrangères, etc. Manifestations officielles Les compétitions officielles suisses sont catégorisées en deux manifestations différentes; les tournois et les championnats. Ces derniers, étant soit organisés par la FSJ ou par les clubs mais sous supervision de celle-ci. Les tournois quant à eux sont comme précisé auparavant, réglementés par la FSJ mais organisés par les clubs ou une personne extérieure quelconque. Le tableau qui suit vous permettra de mieux comprendre les différences qui peuvent se présenter entre ces différentes modalités d'événements sportifs. Tournoi Open Tournoi Ranking Tournoi A Tournoi B Tournoi Débutant Tournoi Educatif Champ. Suisse Champ. Régional Champ. Cantonal Organisation Clubs Clubs Clubs Clubs Clubs Clubs FSJ Clubs Clubs Nb/année ~2 ~6-7 ~1-2 ~ Participants Tous Tous Tous Tous Tous Tous Ranking Tous Tous Niveau Internat. National National Régional National Régional Cantonal Ceintures 3 Kyu > 2 Kyu > 1 Kyu > 1 Kyu > < 2 Kyu Kyu > Pas d'inf. 6 Kyu < Séniors Oui Non Oui Oui Oui Oui Non Oui Oui Elites, Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Juniors, Espoirs Espoirs, Non Non Oui Oui Oui Oui Non Oui Oui Ecoliers A/B Ecoliers C Non Non Non Oui Oui Oui Non Pas d'inf. Oui Tableau I / Sources: FSJ, AVJ, mai 2008 Le nombre de manifestations est un élément frappant dans la lecture de ce tableau. On y perçoit une nette dominance du côté des championnats cantonaux et des tournois dit "Ranking". Quant aux autres formules, on constate qu'elles ne brillent pas - 9 -

10 par leur présence. Les tournois "Débutants" et "Educatifs" ne présentent aucun succès. A rajouter que le système actuel n'est pas pyramidal comme ce serait le cas d'un quelconque sport collectif connaissant un minimum d'attrait. Le nombre de compétitions étant plus élevé dans la branche supérieure que dans les compétitions de niveau inférieur, débutant. L'offre dans ce dernier échelon est d'ailleurs quasi inexistante au niveau des compétitions officielles alors que la FSJ s'est donné la peine de les réglementer afin que les jeunes judokas non expérimentés aient l'occasion de participer à des rencontres officielles adaptées. Une réponse serait peut-être le manque d'attrait financier que pourrait représenter ces tournois aux clubs les organisant. Ceux-ci pensent souvent à tort qu'une manifestation de sport à haut niveau peu leur apporter davantage, autant dans les recettes que dans la notoriété de leur club. Les ventes de billets sont malheureusement bien maigres dans un sport sous-médiatisé comme l'est le judo suisse et les charges administratives compensent bien vite les récoltes monétaires. Un autre frein réside très certainement dans le manque d'informations que la FSJ transmet aux clubs concernant les nombreuses variantes de compétitions qu'elle met à disposition ainsi qu'une longue homologation aux critères précis, pas évidente à respecter. Un aspect non moins étonnant nous étale la possibilité qu'ont les judokas expérimentés et débutants à pouvoir combattre ensemble, que ce soit à des niveaux régionaux ou nationaux. On peut effectivement retrouver de jeunes judokas de niveaux diamétralement opposés sur un même tatami lors d'une compétition de ranking. Phénomène qu'on pourrait qualifier d'absurde et d'atypique mais qui est bien réel vu le peu de compétitions officielles disponibles sur le territoire helvétique. Les différentes catégories de combattants restent dans les normes européennes et ne présentent que des différences minimes au niveau des différents âges et respectivement des écarts entre les catégories de poids (homme/femme). Un tableau retrace pour exemple, une comparaison entre le système suisse CH Age Cbts Nb Cbts DE Age Cbts Seniors 35> 4' 1 Dès 17 17< 5' Elites 20> 5' 1 U ' Juniors ' 1 U ' Espoirs ' 1 U ' Ecoliers A ' 2(1) U ' Ecoliers B ' 3 U=Unter Ecoliers C ' 3 Tableau II / Sources: FSJ, DJB, mai 2008 et son homologue germanique. En ce qui concerne la réglementation suisse spécifiquement dédiée aux jeunes, les shime waza (étranglements) et Kansetsu waza (luxations) sont interdits dans les catégories Ecoliers A/B/C (a noter que la catégorie Ecoliers C n'est plus en vigueur). En dehors de ces contraintes, aucune autre réglementation officielle n'a vu le jour au niveau de la FSJ. Ce qui n'est pas le cas pour les associations cantonales. Notamment pour l'avj (Association vaudoise de Judo), qui a fait l'effort d'imposer aux organisateurs des championnats vaudois, une limite du temps de compétition à 4 heures, ce qui n'est pas suffisant et peu respecté. Par conséquent, pour des jeunes compétiteurs de niveau moyen, il n'y a que trop peu de possibilités de combattre et ces journées se résument souvent à de longues heures d'attente et de stress. Pour finalement ne pouvoir réaliser qu'un ou deux combats de courte durée dû au système de classement dit "brésilien" (élimination directe en cas d'échec et attente des repêchages). Le système par poules (minimum trois combats) n'étant pas applicable, vu le nombre impressionnant de combattants lors de ces journées magistrales. A ce propos, Claus Rosenberg note les mêmes lacunes en Allemagne et déclare que "les longs temps d'attente durant les tournois stressent les enfants mais également les parents. 18 "

11 Ce cursus est idéal pour celles et ceux qui percent et ont les moyens financiers pour pouvoir voyager de manifestation en manifestation mais que faire des moins bons? Sont-ils voués à ne pas ou peu participer à des compétitions officielles? N'ont-ils pas la possibilité de pouvoir combattre contre un niveau équitable et ajusté à leurs capacités comme cela se fait dans la majeure partie des pratiques sportives? Raison pour laquelle les clubs organisent essentiellement des compétitions internes, qui engendrent moins de frais administratifs et permettent à ceux-ci de sélectionner leurs opposants et de proposer ainsi des gabarits adaptés à la plupart des jeunes. A noter que certains clubs n'hésitent pas à ne plus faire participer les jeunes aux championnats officiels et privilégient des compétitions internes, équilibrées, qui comportent moins de dangers pour leurs élèves. Manifestations non homologuées Sous manifestations non homologuées, on peut citer les compétitions internes et inter-clubs qui ne sont pas officielles. Elles ne sont effectivement pas réglementées par la FSJ et chaque club a la liberté d'adapter les règlements à sa guise. A la différence des manifestations officielles, ces compétitions internes rencontrent un vif succès auprès des jeunes judokas. Les clubs organisent effectivement une à deux rencontres annuelles et y adaptent des règles, n'hésitent pas à innover pour permettre à de jeunes combattants inexpérimentés de pouvoir se procurer du plaisir en dehors du cadre de l'entraînement, mais aussi de voir certains éléments percer et prendre goût à des sensations encore inexplorées auparavant. On dénombre ainsi plusieurs variantes intéressantes en Suisse, notamment des tournois débutants à Bâle où la limite se situe à la ceinture blanche. Les judokas plus chevronnés sont relégués à des niveaux supérieurs. Une rencontre similaire basée en Argovie, propose aux jeunes de moins de quatorze ans de se confronter et de remporter une médaille. Les heureux gagnants sont alors vigoureusement encouragés à poursuivre leur élan dans d'autres championnats mais ne pourront plus participer à ce dernier. Cet événement fait ainsi office de tremplin et permet aux débutants de pouvoir goûter et tester ce que représente une compétition et cela dans les conditions les plus favorables possibles. Bon nombre de tournois analogues tournent sur le territoire suisse (Zürich, Monthey, Ballens, Bâle, Nidau, Muster 19, ) et répondent aux demandes toujours plus importantes des jeunes judokas. Cependant, un des bémols du système non homologué étant le manque de linéarité dans la progression avec le système officiel proposé par la FSJ. Le pallier à franchir entre des compétitions à but équilibré et des compétitions auxquelles participe l'élite nationale est donc conséquent. Le faible nombre de compétitions officielles ne perturbe cependant pas tout le monde. Certaines personnalités prônent effectivement les événements locaux où réside cette possibilité de pouvoir choisir son adversaire, mais surtout de choisir contre quel type de judo l'on désire faire combattre ses élèves. Les compétitions internes ou inter-clubs n'ayant pas de prix, ni de points importants à promouvoir, un judo plus technique peut alors apparaître. Ceci permet au professeur de pouvoir générer un suivi pédagogique entre l'entraînement et l'application de celui-ci au

12 travers de la compétition. L'unique utilité des compétitions officielles réside pour eux dans la possibilité de se comparer aux clubs adverses afin de tester le niveau global du club. Des systèmes innovants Rajoutons aux critères vus précédemment, la possibilité qu'offrent ces différentes formules de compétition de diminuer le stress relatif à ces confrontations de type individuel 20 que Bertrand During considère plus intenses que dans les sports collectifs. Il atteste également que ces formes de compétitions adaptées permettent aux jeunes de se familiariser "progressivement aux pratiques compétitives sans subir les effets néfastes du stress de la compétition." 21 La principale motivation restant ancrée dans une forme de tournoi adapté qui amènerait, par des stades progressifs, les jeunes à s'habituer au climat particulier qu'est la forme finale des adultes. Il existe à ce titre, bon nombre de manifestations non homologuées en territoire helvétique. On peut citer les tournois pour débutants en Argovie à Oberkum où le fait de remporter une médaille ne permet plus d'y participer. D'autres manifestations de ce genre, également initiées en Suisse centrale, proposent des nouveautés telles que des pesées anticipées, qui sont déjà réalisées en interne et permettent ainsi de gagner en temps et en énergie le jour de la rencontre. On y exerce le système "poule", qui permet à tous les participants de pouvoir réaliser au moins trois combats, arbitrés par des jeunes "non officiels", ceci afin de diminuer la pression psychologique. Le plus important étant qu'il n'y ait pas d'émission de classement et que tous les participants reçoivent une médaille 22. Le club de Nidau réalise quant à lui des "Talentiades", forme de joutes pluri sportives uniquement dédiées aux enfants. Viennent encore, tout droit de l'association tessinoise de judo, des tournois de Ukemis (chutes) et Yaku Soku Geiko (projections réalisées à tour de rôle). Ces tournois, selon Monika Kurath, mettent l'accent sur les contrôles de projections ainsi que leur efficacité. Ces rencontres, classées par niveaux de ceinture, permettent selon le même auteur, d'augmenter la motivation des jeunes pratiquants tout en donnant la possibilité à l'entraîneur de juger le niveau technique de ses élèves 23. Il y a de cela douze ans, dans le centre de sports nippons situé à Berne a été lancé un tournoi à points. Ce dernier se veut être une compétition où les perdants n'existent pas, où tous les enfants participent et qui ambitionne de ne pas aller au-delà des trois heures de rencontre. Le déroulement du championnat se scinde en trois parties; les jeunes débutent par une démonstration des Ukemis (chutes) et sont évalués sur un total de trois points. Après coup, on leur demande de réaliser des projections et si possible de leur décerner le terme exact, ce qui finalement leur permet de grappiller davantage de points. Le dernier stade consiste à combattre en randori où certaines restrictions sont émises notamment au niveau des Kaeshi-wazas (contresmouvements) qui sont prohibés 24. Plus proche géographiquement parlant, le "tournoi d'automne", anciennement classé sous la catégorie des compétitions Ecoliers C organisé par l'association vaudoise de judo. Quatre à cinq poules sont établies par catégorie et celles-ci génèrent des médailles pour chacune d'entre elles. La prise de Kumi-kata normale (prise de revers) est imposée et certaines techniques telles que l'écharpe autour de la nuque, projeter sur les genoux, réaliser des Sutemi-waza (sacrifices) ou encore d'immobilisation en Hon-Gesa Gatame sont interdites et sanctionnées après un avertissement et une explication adaptée

13 En guise de clôture, permettons de citer le "Tournoi Kyu" de Bière édifié par le club de Ballens (VD). Dédié aux Ecoliers A, Espoirs, Juniors et Elites, ce dernier propose une classification selon les différents Kyu (ceintures). Il offre la possibilité aux jeunes judokas, débutants et moyens, de se rencontrer dans un tournoi adapté à leur niveau dont les buts sont d'offrir plusieurs combats, des médailles pour les trois premiers, des catégories d'âge sur deux ans, un laps de temps raisonnable entre la pesée et la remise des récompenses et d'éviter le coaching durant les combats. Les ceintures noires et ceux ayant obtenu plus de deux points au ranking (classement compétition) sont exclus. De surcroît, des règles spécifiques telles qu'une interdiction formelle de saisir les jambes ou derrière la nuque ont été établies, afin de promouvoir un judo plus technique et moins axé sur la force 26. La Compétition La compétition, une nécessité, un bien? Le domaine du shiai (compétition) est sujet à de nombreuses polémiques et diverses opinions sont émises sur la nécessité et l'utilité de celle-ci. Les avis sont partagés quant à la place de la compétition dans le judo et certaines personnalités telles que Monika Kurath prétendent "que toute personne qui pratique le judo ou ju-jitsu sans combattre, laisse passer un aspect important du judo 27. Nous verrons par la suite que beaucoup d'enfants n'ont pas eu la chance de pouvoir participer à des compétitions, qu'elles soient officielles ou non et cela pour des causes disparates. Toujours est-il que les arguments favorables à un vécu compétitif chez le jeune judoka sont nombreux et variés en commençant par maître Jigoro Kano qui précise dans ses textes qu'il a "cherché une combinaison d'exercices destinés au combat et à l'entraînement de l'esprit et du corps" 28. Il insiste bien dans ce passage sur la symbiose requise entre la notion de combat et celle d'entraînement. En symbiose avec l'entraînement Le SHU-HA-RI, est le concept clé que les Japonais ont à l'esprit lorsqu'il s'agit d'enseigner un sport tel que le judo. Très synthétiquement, il se distingue en trois phases. Tout d'abord l'apprentissage, shu, la maîtrise, ha et la créativité ri. Le stade le plus intéressant pour nous étant le ha où l'élève perfectionne sa technique et "se mesure à d'autres afin d'échanger et de faire le point" 29. La compétition entre ainsi en jeu et permet à l'élève de pouvoir évoluer en validant et testant ses acquis 30, ce qui permet de déceler ou du moins de faire réaliser à l'apprenant qu'il réalise certaines erreurs techniques. Cette dernière joue ainsi un rôle d'évaluation qui selon certaines personnalités est indispensable pour progresser, ressentir les mouvements mais surtout de "contrôler dans quelle mesure les objectifs fixés ont été atteints." 31 C'est l'instant rêvé pour appliquer les théories et techniques enseignées lors de l'entraînement. Du surcroît, cela permet aux jeunes de pouvoir s'ouvrir à de nouvelles manières de combattre, de se comparer, de démontrer ses capacités 32, de rencontrer des adversaires utilisant des techniques, stratégies différentes, etc L'apprenant n'est plus contraint à devoir affronter les mêmes judokas à chaque fois. Ainsi il doit apprendre à s'adapter à réagir le mieux possible compte tenu de son nouvel

14 adversaire. Erwin Hahn rajoute que l'entraînement sans compétition diminue en intérêt et fait perdre au jeune, la confiance en ses capacités. 33 Les enfants doivent réaliser qu'ils peuvent utiliser les techniques acquises lors de l'entraînement, en compétition 34. Richard Trautmann rajoute qu'il faut leur laisser la possibilité de pouvoir le faire 35, d'où l'importance d'organiser des compétitions amicales et adaptées à leur niveau de compétence. Nous verrons par la suite qu'un combat ou tout simplement un défi trop difficile ne permet pas un apprentissage optimal. Conséquences chez le timide et l'agressif Jigoro Kano, spécialisé dans l'éducation, s'est fait une image très précise de l'utilité de la compétition chez le ou la néophyte. Il clame que "le combat valorise une éthique qui donne au respect des lieux et des personnes, une position centrale. Les compétences recherchées renvoient à des techniques et à une maîtrise de soi qui font obstacle aux comportements impulsifs et à la violence. Les situations vécues par le judoka le poussent à exprimer sa volonté de vaincre tout en lui imposant des rituels et des règles partagés par ceux qui, comme lui, poursuivent le même objectif. L'expérience de la confrontation physique développe ainsi une affirmation et une maîtrise de soi définies en fonction d'un environnement humain et d'un code de comportement. L'apprentissage du combat contribue de la sorte à la construction d'une identité individuelle et collective." 36 L'individu, selon Kano se construit donc au travers d'un combat juste, équitable et dont les deux combattants détiennent les mêmes règles. Le judo et spécialement la compétition permettraient à des jeunes de pouvoir lutter contre l'introvertisme ou au contraire à l'hyperactivité. Ce dernier serait freiné par des règlements stricts auxquels il doit adhérer pour pouvoir espérer continuer à pratiquer mais également au jeune timide de pouvoir prendre confiance, percer et vaincre sa timidité 37. Selon Michel Binder, le judo "convient à tous les caractères, aux agressifs comme aux timides. Les premiers libèrent leur énergie, les seconds évacueront leurs craintes." 38 Oliver Kauer-Berk va encore plus loin et prétend voir dans le judo et sa forme de compétition, un moyen de canaliser, éduquer la notion de violence chez les jeunes 39. La compétition permet ainsi à l'enfant de se gérer, tester, mais surtout de contrôler ses émotions. Il réalise que tous les coups ne sont pas permis et qu'il devient dès lors difficile "de négocier la double contrainte que constituent la règle et le résultat." 40 Plus qu'une utilité, le combat a pour Kano une importance pédagogique qui renforce la maîtrise de soi et "assure un meilleur contrôle du risque et du danger" 41. Le judo devient donc un système éducatif à lui tout seul et explique l'engouement qu'ont les parents à orienter leurs enfants dans ce sport qu'ils considèrent comme étant "formateur". Une question de probabilité Une compétition adaptée permettrait de tendre vers une motivation optimale. Même motivation qui est "fonction de la force du besoin d'accomplissement, de la probabilité subjective du succès (c'est-à-dire de la difficulté de la tâche) et de la valeur incitatrice du succès (l'importance individuelle et collective de ce résultat)." 42 Michel Brousse

15 nous présente ici, une théorie générale qui est valable pour tous les sports. Elle se fond cependant totalement dans le monde du judo et relève qu'un sportif, quel qu'il soit, a le droit de disposer d'un niveau de compétition ou de défi qui soit à son niveau de difficulté moyen. Ceci lui permettra de progresser en subissant les effets de la victoire mais aussi de la défaite. "Trop simple, une situation n'est pas motivante, trop complexe, elle entraîne des échecs répétés et une démotivation" 43. La probabilité de chance que détient le jeune sportif amateur ou non devient donc triviale pour assurer la suite de sa carrière en tant que sportif amateur ou professionnel. Sans ce taux optimal de 50/50, celui-ci perdra vite goût à la compétition par lassitude (victoires répétées) ou alors par dégoût, dû aux trop nombreuses défaites et diminuera ainsi son rendement éducatif. Les écarts trop importants, diminuent les bienfaits de la compétition, qu'elle soit en judo ou dans un sport différent. Ceux-ci ne permettent pas, comme vu précédemment, de tester efficacement la technique apprise lors de l'entraînement. De plus, sur les quatre facteurs déterminants énumérés par Bertrand During (compétence, hasard, effort et difficulté de la tâche) 44, seul ce dernier peut-être ajusté par l'entraîneur pour que le jeune sportif puisse bénéficier d'un pourcentage de réussite équivalent. Le succès face à l'échec La partie combative dans un sport tel que le judo possède, comme vu précédemment, des vertus mais également des côtés négatifs qui sont tributaires de la mise en pratique de cette dernière par les clubs. Ceux-ci, s'axent autour de préceptes de base identiques mais l'interprètent de différentes manières. Le système compétitif suisse héberge ces deux visions diamétralement opposées où figure d'un côté, un respect pour la pratique traditionnelle et de l'autre, une tendance à s'orienter vers une volonté d'accumuler les médailles et mérites combatifs. Le pédagogue Heinz Janalik rappel cependant que "Le judo est finalement un terrain de communication" 45 et croit qu'une "éducation morale est possible, pour autant que l'on ne se laisse pas influencer par le succès. 46 " Précepte qui n'est malheureusement pas respecté par tout le monde et ceci au détriment des clubs pour qui la compétition reste un moyen de tester les éléments techniques assimilés lors des entraînements. On décèle ainsi certains entraîneurs privilégiant un système de "gagne" où la valeur éducative de la compétition est obsolète. Système qui péjore la qualité des compétitions dans son entier car l'un va triompher à l'aide de techniques efficaces et dangereuses alors que son adversaire ne pourra pas, par l'intermédiaire d'une défaite rapide, réaliser son objectif éducatif au travers de la compétition. Monika Kurath note à ce sujet, la diminution progressive de l'éventail des techniques de compétition, entre autre due à cette volonté de gagner, toujours plus présente 47. On déclare même au bord de certains tatamis que le "judo pour gagner, tue le judo traditionnel". Une volonté de retourner aux bases japonaises figure ainsi dans les objectifs de nombreux entraîneurs et clubs respectifs. Système qui n'apporte certes, pas de victoires aussi aisées et rapides, mais qui bâtit les bases d'un judo équilibré à maturité lente. Même procédé que les Japonais préconisent et qui permet à l'apprenant d'acquérir une efficacité ou du moins un plaisir sur une durée prolongée. Dans le même ordre d'idée, Ralf Lippmann déplore que nous vivions dans une société qui ne reconnaisse que le succès et les résultats au détriment de la performance, pas nécessairement vecteur de succès mais bien de plaisir. 48 Il précise par-dessus tout

16 que "la performance doit procurer du plaisir et ne pas être obligatoirement orientée vers le succès 49." Un succès prématuré qui provoque chez de nombreux jeunes, une joie éphémère mais qui ne leur permettra pas obligatoirement de poursuivre une longue carrière. Ce dernier précise que "la performance des enfants doit être sujette à une lente progression basée sur des buts à court terme. Un système par paliers, sera toujours plus rentable et productif que des résultats visés à court terme" 50. Dans la même vague d'idée, Bertrand During établi une distinction entre une motivation intrinsèque où la personne prétend pratiquer le sport pour le plaisir que celui-ci lui procure et une motivation extrinsèque qui quant à elle débouche sur un besoin de médailles, de reconnaissance, de brevets, etc 51 Il rajoute que "de nombreuses recherches ont montré qu'il existe une sorte d'incompatibilité entre ces deux formes de motivation qui ne s'additionnent pas. Si l'on récompense une personne déjà motivée intrinsèquement, la motivation extrinsèque tend à jouer le rôle dominant et à se substituer à elle. [ ] D'autres recherches montrent que seuls les individus motivés intrinsèquement s'investissent à long terme dans les loisirs qu'ils pratiquent. Les autres, qui agissent en fonction des récompenses attendues, se lassent rapidement et abandonnent au bout de peu de temps." 52 On y décèle à nouveau la notion de perduration dans la pratique sportive et de dégoût que peuvent ressentir certains combattants après avoir été sèchement battus. Rajoutons cependant que cette difficulté n'est pas novatrice et prend place, pas plus loin que dans le canton de Vaud. On perçoit effectivement un manque d'adhésion des clubs aux compétitions officielles de peur, je cite, "d'envoyer leur jeunes au casse pipe". Ils craignent effectivement les rudiments techniques de certains combattants et privilégient ainsi l'organisation non officielle de manifestations dont ils ont la charge des invitations. De telle manière que les niveaux et pratiques techniques soient similaires afin d'éviter les blessures et de conserver une optique combative analogue. A présent, permettons-nous de soulever ce qui distingue le randori (combat libre) du shiai (compétition). Le randori, ne place pas l'apprenant dans une situation de victoiredéfaite et laisse de côté tous les facteurs psychologiques s'y référant. Le shiai dépasse effectivement le randori au niveau du mental et des exigences qu'il demande car celui-ci débouche obligatoirement sur une victoire ou un revers. Il faut savoir se relever après une défaite, après ce petit mal que représente la chute et faire le pas en retentant l'expérience ultérieurement. Dans la brochure J+S éditée par l'ofspo 53 on peut lire que "relever ce défi signifie avoir le courage d'apprendre à connaître ses propres possibilités et limites ainsi qu'avoir la force de gérer de manière constructive la victoire et la défaite." 54 Intrépidité certes constructive, mais qui n'est pas du ressort de tout combattant. Tous les jeunes ne vivent pas ces expériences de la même intensité et n'arrivent pas obligatoirement à canaliser ces émotions débordantes. Ils passent d'un extrême à l'autre et manifestent de l'anxiété, des craintes 55 alors que le combat d'avant, au dénouement heureux leur permit d'exprimer une joie intense. Toujours est-il que si le jeune arrive à surpasser ses émotions, il pourra par l'intermédiaire de la réussite, accéder à une hausse de la motivation 56 étroitement corrélée avec une tendance à développer une image positive de lui-même. 57 La compétition permet également au jeune de réaliser sa propre évolution 58 et cela en acceptant les déceptions et les échecs relatifs aux tensions générées par la confrontation avec un autre combattant. Il

17 en va de soi que le cumul de tous ces facteurs développe chez l'apprenant une amélioration de son mental sportif. 59 La dualité victoire/défaite qu'andreas Santschi déclare être un des attraits les plus puissants du judo 60 représente un bien pour certains ou au contraire, une limite pour d'autres. Oliver Kauer-Berk dénonce ce "système unidimensionnel qui limite le judo au juste (victoire) et au faux (défaite)" 61, au fait de dominer et à celui d'être dominé. Il est rejoint de près par Erwin Hahn pour qui les succès et défaites, vécus pendant l'enfance, auraient des répercussions négatives 62 pour ces derniers d'autant plus si l'on admet l'existence de certains comportements adultes qui survalorisent la victoire tout en rabaissant au possible les échecs 63. Il contraste toutefois en précisant que, dans des conditions idéales, cette dualité créé une fascination pour le jeu et la compétition. Andreas Santschi et Michel Brousse sont quant à eux bien plus optimistes et prétendent respectivement que "l'exemple et la réussite favorisent grandement l'apprentissage chez les enfants" 64 et "qu'aujourd'hui, le judo se sert de l'affrontement pour parfaire l'éducation de l'individu" 65. Elément qui porte également son importance, celui de la réaction des parents d'une part mais surtout de l'entraîneur vis-à-vis d'un judoka sortant d'un combat. Il faut faire preuve d'un grand tact pour que ce dernier retrouve ses émotions et apprenne à les gérer de manière optimale. Le rôle du coach se révèle être très constructif s'il est opéré de manière consciencieuse mais peut, au contraire avoir d'amères conséquences si ce dernier n'y apporte peu ou pas d'importance. Dans ce cas, même en situation de victoire, le jeune ne ressentira que peu de fierté alors qu'il subira un manque de confiance d'autant plus important en cas de défaite. Les jeunes ont besoin d'avoir un retour positif, quoi qu'ils fassent et doivent faire preuve de compétence dans les activités sportive, facteur capital, spécifiquement pour les garçons. 66 Bertrand During cite à cet effet une magnifique citation: "L'homme ne peut vivre harmonieusement s'il n'éprouve un minimum de sentiments positifs à l'égard de sa propre personne [ ]. Le sport est l'occasion pour certaines personnes de s'engager dans des situations où leur sentiment de compétence est en jeu. C'est donc un moyen pour elles de développer un sentiment de compétence positif [ ]" 67 La compétition et les enfants Après avoir constitué un tour d'horizon des possibilités offertes à tous les judokas, après avoir présenté les avantages mais également les inconvénients qu'apporte le système compétitif en judo, il est temps de se concentrer sur la pratique du judo, propre aux enfants. Il est important de ne pas négliger certains facteurs tels que la croissance qui implique une non similarité avec les comportements et capacités de l'adulte 68. Réfléchir en matière de proportionnalité reviendrait donc à commettre une erreur grossière. Il faut, pour respecter les règles de progression chez les enfants, remettre en cause tous les éléments d'apprentissage et les réadapter complètement selon le stade de développement dans lequel se situe le jeune 69. Ce passage ne prétend pas réaliser une démarche en soi mais propose de débattre des nombreux éléments sujets à péjorer le développement du jeune dans la pratique sportive et qui méritent une attention toute particulière des entraîneurs et des instances fédératives

18 Un règlement caduc Le judo allemand subit de plus en plus "de critiques à l'égard du système compétitif des enfants et des débutants parce qu'il ne se distingue pas de celui des compétiteurs chevronnés. 70 " Richard Trautmann, constate à ce sujet que le judo est un des rares sports qui sollicite les mêmes règlements pour les enfants et pour les compétiteurs de niveau international 71. Réactions étrangères que l'on peut sans autre transposer sur notre territoire helvétique. Le système compétitif officiel suisse, à l'exception du canton de Vaud, ne détient que des bases théoriques de tournois adaptés et rien de réellement concis. La réalité en est autrement éloignée où l'on ne perçoit pas de règlementation spécifique sur les tatamis suisses (prise de kumi-kata, prises interdites, absence de sanction, etc ), hormis les restrictions concernant les clés de bras et étranglements admis à partir de 14 ans 72. Les critiques sont nombreuses où bon nombre de personnalités se demandent pourquoi il n'existe pas de règlements spécifiques pour les jeunes, notamment pour tenter de réduire les temps d'attente avant la compétition 73 corrélés avec des combats très courts, des règles incompréhensibles autant pour les parents que pour les enfants 74. Il ne faut pas oublier que la compétition chez les enfants n'a pas les mêmes objectifs que celle des compétiteurs élites. Il s'agit de compétitions constructives (Aufbauwettkämpfe), qui permettront par la suite, une potentielle carrière à haut niveau 75. Il faudrait leur permettre, selon Monika Kurath, tout au moins des temps de combat suffisants, une possibilité de rachat après une faute en bannissant l'unique Ippon (score le plus élevé qu'un combattant puisse obtenir lors d'une compétition et qui clôt la confrontation) chez les tout jeunes. 76 Elle rajoute que les exigences psychiques et techniques sont trop importantes pour les enfants et qu'il arrive que certains participants n'ont finalement pas la possibilité de combattre par manque de participants dans leur catégorie de poids 77. Un élément supplémentaire qui pourrait être amélioré chez les plus jeunes, serait un réajustement des catégories, non plus uniquement en fonction des âges mais selon un système plus égalitaire. Richard Trautmann déclare à ce sujet, pour le cas de l'allemagne, que le système de compétition par âge pénalise les enfants ayant une croissance retardée et privilégie des judokas lourds, puissant pour leur âge mais qui n'ont pas forcément une technique et un avenir aussi prometteur que les jeunes n'ayant pas encore atteint leur puberté. Certains jeunes légers n'auront ainsi pas l'envie de continuer alors qu'une carrière intéressante aurait pu les attendre 78. Bien que les catégories de poids en suisse soient ajustées et les écarts diminués, de petites différences de masse peuvent, chez les enfants générer des écarts en force et en taille conséquents. Cette dernière variable étant précisément un élément décisif surtout dans un sport de combat tel que le judo où le centre de gravité jour un rôle considérable

19 Motivation et participation La participation des enfants aux compétitions dépend de leur motivation, ce qui sousentend, celle de leur professeur. Il doit choisir des compétitions adaptées. Inversement, cette dernière devrait être une source de motivation, afin de permettre une augmentation du plaisir 79. Nous parlons ici d'une sorte de récompense, une chance de pouvoir utiliser les connaissances et le travail fournit lors d'un engagement réel. Ce n'est qu'une question de représentation et d'interprétation de l'événement. Se trouver sur le banc lors d'un match de hockey, par exemple, n'est pas un souhait profond que dissimule chaque enfant. Qu'en est-il du judo, pourquoi ce sport serait-il aux antipodes des autres pratiques sportives? Richard Trautmann suggère que la compétition chez les jeunes devrait figurer comme examen pour stabiliser et juger les acquis 80. Il serait indispensable dès lors de fixer des critères précis et équitable, fait relativement délicat vu le nombre impressionnant de variables qu'offre un combat (niveau de technique, adversaire, stress, etc ). Il faut rajouter que l'envie de performance est amoindrie pendant la phase pubère de l'enfant mais se trouve être culminant lors du second âge scolaire (9 à 12 ans). Période propice à l'exploration de l'élément "compétition" mais de manière adaptée. 81 Oliver Kauer-Berk renchérit en citant Wieneke: "Lorsque des enfants ne veulent pas combattre, cela ne signifie pas qu'ils n'aimeraient pas se battre. Funke Wienecke, chercheur en sciences du sport, voit dans le combat, un besoin qu'éprouvent les enfants. 82 " Monika Kurath déclare dans la même optique qu'il existe chez les enfants un besoin inné de se comparer entre eux 83. Ils veulent se comparer entre eux, le sport devrait donc leur en donner la possibilité 84. Durand cite une étude de Gill et al., basée sur les motivations de jeunes pratiquants à adhérer à une pratique sportive quelle qu'elle soit. On y relève en tête de liste des motivations telles que "Je veux améliorer mes habiletés", "J'aime m'amuser" mais aussi des critères plus axés performance, où l'enfant cherche le défi, comme par exemple "J'aime les épreuves" ou encore "J'aime la compétition" 85. Il faut ainsi garder à l'esprit que "la compétition ne doit pas démotiver" 86, voire même représenter une source de motivation pour son avenir sportif, quel que soit le niveau que le jeune judoka détient. 87 Ce qui implique que le premier tournoi doit obligatoirement être une expérience positive 88 pour que l'enfant ait la velléité de retenter l'expérience. Une expérience positive qui d'ailleurs suffit à compenser bon nombre de défaites ultérieures. Le plaisir, un élément primordial chez l'enfant "Qu'il soit de loisir ou de compétition, le sport doit rester un espace ludique, un jeu librement consenti" 89. La pratique d'un sport est ainsi étroitement liée au plaisir que celui-ci dégage. Certains enfants ont certainement été contraints à pratiquer un sport par obligation parentale mais n'ont que rarement persévéré une fois la contrainte dissipée. Raison pour laquelle, Michel Binder insiste sur le fait que "quel que soit le sport pratiqué, quel que soit le niveau de cette pratique, le sport doit rester pour l'enfant une activité de détente." 90 D'après Monika Kurath, l'essentiel réside dans le plaisir de pratiquer un judo aux bases techniques solides et cela au minimum jusqu'à l'âge de treize voir quatorze ans. Cette pratique permettra au jeune judoka, respectivement judokate de poursuivre ce sport et envisager une potentielle carrière compétitive 91. Il faut ainsi adapter les formes de compétition aux besoins des jeunes judokas, afin de donner du sens et de la joie à la prestation

20 Car "il est évident que les enfants ont envie de se mesurer entre eux. Il faut leur donner la possibilité de le faire, mais avec prudence et en leur apprenant, tout en appréciant leur propre performance, à respecter celle des autres, quel que soit le niveau auquel on se situe." 93 Andreas Santschi met en évidence la notion de respect qu'il est indispensable d'inculquer aux enfants. Serait-il prétentieux de prétendre que de perdre avec dignité peut apporter un certain plaisir autant que celui de gagner avec égard envers son adversaire? De telle manière que les notions de victoire et de défaite se trouvent écartées de celle du plaisir. L'adulte et l'enfant, un abîme de disparités Il est d'une logique implacable de constater le contraste qui existe entre les enfants et les adultes. Il en est tout autrement complexe d'établir avec finesse, les écarts qui les distinguent. Michel Binder mentionne à cet effet que "L'enfant est un «petit d'adulte», mais pas un «petit homme». Il est important de comprendre ce qui le différencie de l'adulte pour mieux le prendre en charge. Ses capacités, mais aussi ses fragilités et ses limites, détermineront le cadre sportif dans lequel il pourra s'épanouir." 94 Réaliser que l'enfant est un être inachevé, revêt peut-être d'une image représentative de ce que peut percevoir et entreprendre un jeune. Sans aller dans les détails scientifiques, le jeune naît avec un système neurologique brut et incomplet qu'il va tout au long de sa phase de croissance, peaufiner et construire en fonction de ses propres expériences. Ses fonctions auditives, visuelles, kinesthésiques et bien d'autres ne sont pas aussi réceptives qu'un adulte et le manque sensoriel que représente ces lacunes n'est pas à établir sur une échelle progressive. Bernhard Rentsch va dans ce sens en alléguant que "[ ] ni les enfants ni les jeunes ne sont des adultes miniatures. Leurs activités sportives ne ressemblent donc pas à des modèles réduits de l'entraînement des adultes." 95 Une adaptation linéaire des règlements et conditions de compétitions des adultes pour les enfants, n'est pas une solution louable 96. Andreas Santchi rajoute que le simple fait de réadapter des variables telles que la durée d'un combat ou l'interdiction d'exécuter certaines techniques ne sont pas suffisantes pour respecter leurs besoins et possibilités 97. En effet, selon Erwin Hahn, cette adaptation linéaire ne suit pas l'évolution en escalier des enfants en fonction de son développement biologique. Ainsi, il n'est pas rare de voir des jeunes de taille et physionomie fortement contrastées alors qu'ils présentent un âge similaire. Il faut modifier les schémas de base pour tendre, en fonction de l'âge mais surtout de leur évolution, vers des formes de compétition plus traditionnelles. Ainsi pour les plus petits enfants (catégorie des écoliers A), il deviendrait intéressant de réfléchir à des systèmes compétitifs pluridisciplinaires mais qui conservent les principales caractéristiques du judo. Exemple concret des tournois "Safari" 98 réalisés en Allemagne ou encore les "Talentiades" de Nidau qui rencontrent un vif succès. Les enfants et les blessures Au-delà des limites sensorielles des enfants, se situent les limites de résistances face à la blessure. Bien qu'il soit dit que les enfants ne se blessent pas, le fait est que le risque de blessure n'est malheureusement pas inexistant dans notre sport. Rentsch

21 précise que la "poussée de croissance se situe généralement entre 11 et 13 ans, chez les filles, et entre 13 et 15 ans, chez les garçons. [ ] A cet âge, les structures du système locomoteur passif, en pleine croissance, n'étant pas encore aussi résistantes que celles des adultes, l'appareil osseux, cartilagineux, tendineux et ligamentaire détermine les limites des efforts exigés." 99 Raison pour laquelle il faut faire attention à bien respecter les catégories de poids chez les enfants et ne pas faire combattre des jeunes d'âge similaire mais au gabarit trop distant. A Michel Binder de souligner que "les enfants de moindre poids seront plus vulnérables, notamment au niveau du dos" 100. La catégorie qui prime reste donc celle du poids et non de l'âge chez les enfants. "Les accidents aigus surviennent surtout après 14 ans, quand l'adolescent a acquis une force musculaire plus importante. Ils concernent les orteils (fractures, entorses), le coude (luxation) et le genou suite à des mouvements forcés, la clavicule (fracture) et l'épaule (luxation) à l'occasion de chutes." 101 Il faut se mettre à l'esprit que la compétition apporte beaucoup, pour autant qu'elle soit adaptée. Dans le cas contraire, ce serait une expérience destructrice, nous défère Olivier Schaffter. Une place pour tout le monde? Tout le monde peut-il participer à des compétitions et pratiquer le judo sans danger? Voilà une question à laquelle il serait aisé et souhaitable de répondre par la positive mais malheureusement, cela n'est pratiquement pas réalisable. La véritable question serait de se demander où se situe et comment définir la limite de celles et ceux qui peuvent le pratiquer sans mettre les autres et eux-mêmes en danger. Le système actuel, qui ne comporte pas de différents niveaux de capacité, ne permet qu'à une faible élite de participer à des compétitions officielles en espérant y rencontrer le succès escompté. Les autres judokas doivent se rabattre sur les compétitions internes organisées par les clubs afin de pouvoir bénéficier des avantages éducatifs et ludiques de la compétition. La plage des pratiquants demeure donc fortement restreinte. Le raisonnement d'oliver Kauer-Berk répond en partie à cette question. Il soulève que bon nombre d'entraîneurs sont masqués par l'aisance, la facilité de certains jeunes judokas et en oublient qu'il existe des jeunes maladroits, peureux ou alors ceux qui viennent avec d'autres ambitions et perturbent ainsi le système compétitif mis en place. Ces derniers sont mis de côté alors qu'ils sont précisément ceux qui ont besoin d'aide et de conseils. Non pas pour percer mais bien pour faire du sport pour le plaisir 102. Il devrait être possible de proposer une certaine expérience de réussite même aux enfants, adolescents et adultes ne possédant pas les meilleurs atouts 103. Les dires du maître Kawaishi Mikinosuke, désigné comme le père du judo français 104 sont clairs. Il expose sa méthode et manière d'enseigner en se demandant "Pourquoi le judo, principe universel comme le définit Kano serait-il réservé à une élite? [élèves doués]. Pourquoi l'individu lambda aux capacités très moyennes ne pourrait-il pas profiter des bienfaits de cette discipline? [ ] Même si l'élève est médiocre, il a le droit à un enseignement de qualité et à une méthode adaptée à ses possibilités."

22 Malheureusement, la réalité en est toute étrangère. Il demeure difficile de la pratiquer à un niveau moyen. A partir d'un certain âge, il faut obligatoirement un bon niveau pour participer à des compétitions officielles. Il n'existe pas de ligues pour le plaisir ou amateurs comme dans d'autres sports (ligue wellness au volley féminin, ligue coopérative au hockey, etc ). Phase comparative L'étape de comparaison est essentielle afin de pouvoir s'arrimer à des repères temporels, spatiaux axés sur le parcours de différents pays limitrophes mais également par rapport à des pratiques sportives ayant ou non des similitudes. Dans le temps Un changement a eu lieu au niveau de la pratique et des possibilités offertes aux compétiteurs de la tranche d'âge des adolescents et des adultes. Il existait effectivement des compétitions axées sur une référence peu commune, celle des Kyu (grades et ceintures). On citait entre autre les tournois d'olten et de Chavannes. Après de nombreuses années d'absence, ces tournois se réincarnent cependant sous une version remaniée prenant lieu à Bière (vu précédemment). Les fameux Zuki nami Shiai où tout type de judokas se rencontraient et participaient à au moins cinq combats en système poule. L'ambition étant de récolter des points pour le passage du premier dan (ceinture noire). Les niveaux étaient fortement disparates mais chacun y trouvait son compte et obtenait, de gré ou de force ses points nonobstant un nombre plus ou moins de participations. Il était ainsi envisageable de combattre sans pour autant avoir un entraînement intensif derrière soi mais surtout de conserver une mentalité shiai à n'importe quel âge. Passons à présent à une constatation basée sur des entretiens obtenus auprès de personnalités ayant parcouru les aléas du judo depuis sa venue dans notre pays jusqu'à présent. Ils prétendent que la principale évolution réside dans un revirement de l'état d'esprit. Ils constatent effectivement qu'auparavant, le sport n'existait tout simplement pas sans compétition, en incluant la pratique du judo. A présent, les jeunes osent dire qu'ils ne veulent pas combattre et désirent ainsi faire davantage de sport pour le plaisir. On peut entendre dire des propos tels que "C'est une question de changement de mentalité, du rôle que joue l'enfant au sein de la famille." Ces constatations sont sans grande valeur scientifique mais indiquent tout de même un ressenti fondé sur des années d'expérience. Terminons ce sujet avec une comparaison des différentes ligues disponibles en compétition par équipe. Il existait auparavant une panoplie de différentes alternatives allant des plus prestigieuses ligues A et B, aux plus accessibles quatrième et cinquième ligues. Ces dernières permettaient à de nombreux jeunes, adolescents et adultes de s'adonner à la pratique compétitive sans pour autant en faire une vocation. L'éventail de choix s'est malheureusement fortement restreint depuis quelques années et force est de constater qu'il reste des possibilités mais réduites à la deuxième ligue tout au plus

23 Dans l'espace Pour effectuer une comparaison dans l'espace, il a fallu opter pour un choix géographique précis. Ce dernier fut en faveur des pays limitrophes à partir desquels, l'information semblait plus facile à atteindre. Des questions pratiques comme la langue furent également décisives dans le choix des pays candidats pour la comparaison. Le principal critère étant le nombre de licenciés, pour une superficie donnée. Facteur représentatif du bon fonctionnement de la fédération nationale en place. Par exemple le cas de la Belgique qui, avec une superficie relativement proche et comparable à celle du territoire helvétique, regroupe près du double de pratiquants. Le Japon aurait été un choix intéressant du fait qu'il représente la nation mère et fondatrice de ce sport. Malheureusement, il n'a pas été possible de mettre la main sur des personnalités y ayant vécu récemment et d'obtenir des informations propres à ce travail. Il serait toutefois intéressant, pour un travail annexe, de récolter des données à titre de comparaison, ceci afin d'étoffer la version actuelle de cette analyse spatiale. La France, capitale européenne du judo Le judo en France détient une cote de popularité relativement haute et se classe comme le troisième sport le plus pratiqué après le tennis et le football avec près de 55'000 licenciés 106. Sa popularité provient de son coté éducatif que les parents apprécient grandement. Il se classe ainsi comme le sport le plus populaire auprès des enfants avec près de 75% des licenciés de la Fédération. 107 Michel Binder précise cependant que "la pratique du judo ne devient réellement effective qu'à partir de ans, quand les enfants maîtrisent bien les techniques." 108 Elément en contradiction avec le flux de licences chez les tout jeunes enfants où le pic est atteint à l'âge de sept ans avec plus de 10% des pratiquants 109. On peut effectivement constater une tendance à accepter les pratiquants de plus en plus jeunes, jusqu'à atteindre des aberrations telles que des judokas âgés d'à peine une année (588 adhérents pour la saison ) 110. Le "baby-judo" est né et émerge progressivement en Suisse dans certains clubs qui tentent d'y recourir, vu le manque de pratiquants dans les classes d'âges plus élevées, mais qui a pour effet que ces derniers abandonnent le judo plus tôt. Notons à présent une volonté clairement définie de la Fédération française de judo, d'établir une réglementation des enfants qui vise à créer une continuité des règles depuis la catégorie des "Poussins" (9-10) jusqu'aux "Cadets" (15-16). L'objectif est de permettre aux "Benjamins" et aux "Minimes" de pratiquer le judo dans des conditions agréables et sécurisées à travers une progression des règlements qui soit en harmonie avec l'évolution biologique de l'enfant. Pour se faire, ils ont Age Catégories françaises 9-10 Poussins Benjamins (début cat. poids) Minimes Cadets Juniors Tableau III / Source: FFJ, mai 2008 instauré de nouvelles règles où la récupération égale au minimum deux fois le temps de rencontre, notamment chez les "Benjamins" où ils prévoient un début de combat à distance avec l'obligation d'installer une saisie fondamentale. Une main à la manche et l'autre au revers à hauteur de la clavicule 111. Il faut également rappeler que chez ces derniers, les Seoi Nage (projections à l'aide de l'épaule) à genou sont interdits ainsi que les Sutemis (sacrifices) et les actions bras sur jambes. Là encore au-delà du

24 risque de blessure il s'agit d'orienter les jeunes judokas vers d'autres apprentissages qui sont les déplacements ainsi que les ashi waza (techniques de projections à l'aide des jambes). Une des critiques venant de personnalités françaises, à l'égard de ce système étant l'application de celui-ci. Les bases théoriques sont clairement définies mais la qualité de l'application de celles-ci au niveau des arbitres est bien plus aléatoire. Les formations de ces derniers sont lourdes en investissement (différents paliers de formation) et n'apportent que trop peu de défraiements par rapport au travail investi. Le bénévolat est de mise dans le domaine de l'arbitrage. Les régions rurales dans certains départements rencontrent des difficultés à former et trouver des arbitres en nombre suffisant. La formation ne suivant pas, des arbitres non formés prennent places et péjorent ainsi la qualité escomptée par les réajustements annuels des règlements de compétition français. On peut au même titre que l'arbitrage noter certaines améliorations ou du moins critiques que font ces mêmes personnalités. A nouveau en contradiction avec Michel Binder cité auparavant, les championnats acceptent des jeunes de plus en plus jeunes et demandent, apparemment beaucoup trop aux corps en constitution. Il faudrait de préférence favoriser la construction à moyen terme d'un judo de qualité, efficace, ouvert et sécurisé en évitant de les faire participer à des championnats de type traditionnels trop jeunes. La Belgique, un désir de réforme Avant d'aborder les spécificités techniques, il convient d'aborder la scission de la fédération de judo dû au système politique en vigueur. Le Royaume de Belgique étant divisé en deux principales régions linguistiques qui sont respectivement la Flandre (région néerlandophone au Nord) et la Wallonie (région francophone au Sud), ceux-ci imposent à la Ligue Royale Belge de devoir chapeauter deux sous-sections dont la Fédération francophone belge et la Fédération néerlandophone belge de judo. Au niveau des statistiques, le regroupement des deux ligues représente près de 32' judokas, respectivement judokates et représente près du double d'adhérents pour une superficie relativement proche de celle de la Suisse. A noter également qu'ils ont subit une perte d'environ 5000 membres, que certaines personnalités mettent sur le compte d'un soutien trop marqué pour l'élite sportive au détriment des pratiquants communs. Ces derniers prétendent que la compétition est effectivement une vitrine mais qu'elle ne permet plus de drainer suffisamment de monde et de nouveaux pratiquants. Il faut changer diamétralement d'axe et s'occuper davantage des jeunes débutants qui se désintéressent vite des champions si leurs cours et compétitions ne permettent pas d'avoir un minimum de plaisir et de satisfaction. Il existe ainsi en Belgique, une grande confusion entre les fervents défenseurs de la tradition et ceux qui croient en une évolution du judo, mais qui n'ont certes pas le même pouvoir décisionnel que leur prédécesseurs. Partant de là, on peut prétendre qu'en Belgique, la tradition s'oppose à l'évolution. Leur Fédération francophone détient quant à elle, un département ou du moins une commission pédagogique, pour débattre de problèmes relatifs à l'éducation et

25 permettre ainsi un accès direct aux propositions et réclamations concernant le système compétitif en vigueur. La tendance de cette commission est d'aspirer vers une progressive adaptation des compétitions traditionnelles, pour laisser place à des versions basées sur du randori à but éducatif. Ils sont cependant contrecarrés par les clubs désireux de faire combattre jeune ainsi que certains hauts gradés, fermement rivés sur leurs positions. Précisons tout de même qu'une réforme est en cours et qu'il existe déjà chez les "Poussins", catégorie qui regroupe les 10 à 12 ans, des règlements adaptés sous formes de randoris-poule. Le cumul des points y est effectif (possibilité de concrétiser plusieurs Ippons), les sanctions sont troquées contre des explications, les défaites n'existent pas, et les Sutemis (sacrifices) ne sont pas autorisés. L'accent est ainsi clairement orienté vers un judo éducatif qui se veut être une approche plus qu'une compétition à part entière. Une Allemagne créative Le système de compétition traditionnel est relativement proche des systèmes européens (cf. tableau No 4) ainsi que celui qu'utilise notre fédération. Système qui fait réagir des personnalités telles que Richard Trautmann. Il déclare que le système de compétition en vigueur n'apporte que trop de désintérêt de la part des jeunes judokas. Il faut le réajuster afin d'être en adéquation avec les besoins réels des enfants et rajoute que beaucoup d'entraîneurs sont prêts à faire le pas, sont prêts à tenter de nouvelles méthodes 113. Age Cat. DE 8-10 U U U U20 > 17 Adultes Tableau IV / Source: DJB Oliver Kauer-Berk déplore en accord avec Trautmann que "dans certains clubs allemands, le passage de la ceinture orange n'est possible qu'en ayant déjà réalisé des compétitions au préalable. 114 " La contrainte n'apporte rien, raison pour laquelle d'anciens compétiteurs comme Trautmann voudraient aller de l'avant en proposant des nouvelles méthodes de compétitions adaptées aux jeunes. Ils se retrouvent cependant trop souvent confrontés à des dirigeants peu enclins à modifier une manière de faire qui selon eux fonctionne correctement depuis longtemps déjà 115. Côté pratique, la DJB 116 (Deutsche Judo Bund) ne reste pas de marbre et réagit de manière médiatique en promouvant le judo au travers de pubs mais également en l'intégrant dans des séries à succès telles que "Kim possible". Elle préconise aussi des étapes d'apprentissage plus courtes ceci afin de mieux préparer les enfants aux systèmes de compétition et propose une palette de systèmes mêlant innovations et respect des traditions. Nous allons dans le cadre de ce travail, nous contenter de traiter les trois principales variantes de compétition en commençant avec les jeux par équipe destinés aux moins de onze ans. Comme précisé ci-dessus, les jeux par équipe U11 de Bayern sont ouverts aux moins de onze ans et favorisent une pluridisciplinarité entre le judo et différents challenges athlétiques. On peut notamment y réaliser des défis tels que le saut en longueur, des montées à la corde, du sumo, des combats où l'on précise le mouvement qui doit être utilisé, voir encore des chronométrages de sorties d'immobilisation. Les avantages qu'on leur alloue sont les possibilités qu'ont les enfants de réaliser des combats par équipe et de leur permettre de ne pas devoir être le meilleur partout. Les possibilités d'être bon dans au moins une discipline sont nettement plus importantes que dans une compétition classique

26 La seconde variante se présente sous la forme d'un tournoi de randoris. Claus Rosenberg l'arbore comme étant son système de prédilection du fait que les randoris sont jugés selon des critères fixés lors de l'entraînement 117. Les éléments étudiés lors de l'entraînement sont alors mieux notés que d'autres projections habituellement utilisées en compétition, ce qui permet à l'entraîneur de privilégier un continuum entre le cours et l'application des techniques en milieu compétitif. A noter que celles-ci doivent être exécutées en fonction d'un temps minimum, d'où la dénomination de tournois de randori et que la confrontation ne s'achève qu'après l'obtention d'un total de points jugé sous l'observation de quatre arbitres (deux par combattant). L'objectif étant de rester le plus souple possible afin de réaliser de belles techniques. Des points sont alors alloués (trois critères différents) aux judokas par les arbitres. Les jeunes pourront ainsi cibler les éléments qui rencontrent du succès, de ceux qu'il leur faudra encore travailler. Une continuité est ainsi établie entre la compétition, l'entraînement et le prochain affrontement 118. Cela demande cependant aux arbitres d'être extrêmement bien formés avec des directives strictement identiques du fait que celles-ci varient en fonctions des exigences de l'entraîneur 119. Système très apprécié en pays germanique mais qui risque de péjorer la forme de base du randori qui prône un judo souple demandant aux judokas de s'incliner lorsque la technique de son partenaire est satisfaisante et techniquement acceptable. Un tournoi de randori, raidira obligatoirement la défense des exécutants et perdra ainsi la coopération combative qui règne dans la définition même du terme randori (entraînement libre) 120. Cette variante reste néanmoins une méthode efficace et originale de tester l'efficacité des techniques sans craindre un Kaeshi-waza (contre) et de surcroît, d'élargir le répertoire technique 121. Passons à une autre alternative à la compétition traditionnelle nommée "Safari", qui est de loin le système le plus populaire que propose la DJB. Plus de 400 clubs et 15'000 jeunes jusqu'à quatorze ans y adhèrent en Allemagne 122. Ce projet se rapproche des jeux par équipe U11 mais proposent une partie créative, artistique en plus. Activité qui permet aux moins athlétiques de compenser jusqu'à un certain point leur manque de technique ou capacité physique. L'athlétisme permet également de diversifier la palette de performances physiques réalisable. On tombe donc dans un système qui permettrait à un plus large public de réaliser des performances et de connaître peut-être la satisfaction d'avoir établi une prouesse. Claus Rosenberg contraste cependant en déplorant que la partie Budo (qui comporte du sumo ainsi que des compétitions habituelles) soit démunie de réglementation spécifiquement adaptée aux enfants 123. Les jeunes ont l'occasion de pouvoir combattre au moins trois fois, ce qui leur donne la possibilité de pouvoir se défouler mais également de perdre les trois confrontations, situation qui peut être encore bien plus dévastatrice dans la poursuite du jeune judoka 124. La notion de pluridisciplinarité n'est cependant pas au goût de tout le monde et éloignerait selon certaines personnalités, les jeunes judokas, d'un judo à part entière, pour finalement leur proposer des joutes sportives trop éloignées d'un judo de base. Avis contrasté par Monika Kurath qui stipule qu'une activité créatrice comme le propose la variante safari n'est pas forcément de la compétition traditionnelle comme le prétend le terme, mais reste tout de même en étroite relation avec le monde varié et vaste du judo. Les jeunes ont ainsi l'obligation de créer une œuvre dans le domaine de ce sport de combat. Cela ne ferait qu'élargir la culture et la connaissance de ce

27 sport aux tournures philosophiques, historiques et artistiques riches et trop peu exploitées. Argument qui incite à une séduisante analogie avec les fameux concours d'arts initialisés par Pierre de Coubertin en , qui quant à eux subirent un énorme succès, notamment à Paris en Guy Lagorce et Robert Parienté cite à cet effet son créateur qui prétend avoir mis sur pied le "pentathlon des muses" afin que "les grandes manifestations puissent revêtir un caractère littéraire et artistique [ ]." 126 On constate donc dans ces trois pays, une évolution de la compétition chez les enfants, jeunes et adolescents qui va globalement dans une direction restrictive, qui établi des règles valorisant un judo sélectif et dont toutes les techniques ne sont pas encore établies, finalisées. Le cas de la France, de la Belgique et de l'allemagne sont clairement orientés dans cette direction pédagogique à vocation échelonnée. Il ne faut cependant pas établir de généralités car l'on peut constater, notamment en Hollande, que les clés de bras sont déjà autorisées chez les enfants. Dans la pratique Il est évident de trouver des oppositions entre les multiples pratiques sportives, il est tout autrement compliqué d'en saisir les similitudes ou de façonner des rapprochements qui aient un sens. Tâche toute aussi scabreuse, celle de se procurer des statistiques fiables et significatives, car dans de nombreux sports, celles-ci ne regroupent que les jeunes et adultes étant actifs dans le système compétitif. Le cas de la natation se trouve être révélateur du manque de signification de ces statistiques en comptabilisant 846 athlètes juniors et adultes licenciés en 2008 pour un total de 4203 athlètes en général. Il est important de préciser que les nageurs, respectivement nageuses suisses ne sont pas dans l'obligation de se procurer une licence comme c'est le cas pour le judo. La fédération suisse de gymnastique figure dans le même cas et ne comptabilise que les athlètes concourant dans l'élite, soit la gymnastique artistique. La fédération suisse d'escrime FSE, œuvre cependant comme la FSJ en imposant la licence aux pratiquants qui sont inscrits au sein d'un club 127, phénomène qui autorise le rapprochement entre ces deux pratiques sportives. Par conséquent, on distingue 1820 juniors pour 803 adultes. Rapport fortement à l'avantage des jeunes qui révèle la présence d'un dynamisme et d'une volonté d'adapter la pratique aux envies, désirs et besoins des jeunes. Le cas du basketball est autrement intéressant et démontre une réelle ambition éducative chez les plus jeunes de la part de Swissbasketball qui impose également la licence à tous les pratiquants. Les chiffres sont parlants en indiquant une hausse de l'année 2000 à 2001 chez les "Ecoliers" (Moins de 11 ans) de 34 à 1180 pratiquants qui se stabilisent autour des 2200 pour les années suivantes. La catégorie des "Minimes" (Moins de 13 ans) est sujette, la même année à une augmentation similaire. On constate l'adhésion de plus d'un millier de jeunes pour atteindre 1653 basketteurs en 2001 et respectivement 2004 adhérents en Ceci nonobstant une baisse chez les "Seniors" accompagnée des "Cadets" (moins de 17 ans). 128 Dernière catégorie que l'on peut considérer comme étant celle des adolescents qui présente le fameux trou de participation si cher au judo suisse et à bon nombre d'autres pratiques sportives

28 Si l'on regagne le monde de la natation, les dirigeants de la FSN 129 se demandent pourquoi le nombre de sportifs d'élite diminue constamment? Il en résulte certaines hypothèses notamment autoure de la formation des jeunes et de l'adaptation de la compétition auprès de ce public cible. Ils ont ainsi obtenu une déclaration officielle de Swiss Olympic qui incite grandement les clubs à organiser des formes de compétitions équitables pour les enfants 130. Différentes coupes de natation adaptées pour les jeunes ont ainsi été élaborées par la FSN 131 à l'exemple de la Kids-Cup en 1998, réservée aux non licenciés puis de la Kids-Liga, 2003, dédiée quant à elle uniquement aux nageurs possédant une licence 132. Fabio Capraro cite à cet effet que pour Swiss Olympic, les compétitions pour enfants doivent être clairement différenciées des règlements alloués aux compétitions adultes et adaptées en conséquence 133. Phénomène que l'on observe également dans le monde du basket où nous avons une pratique sportive qui s'adapte à l'enfant et non l'inverse. Pour le Dr. Binder, ce genre de sport a l'énorme avantage de «grandir avec l'enfant» 134. Il met en avant les innombrables possibilités de varier et d'adapter les formes de jeux chez les enfants et cite pour exemple, le baby-basket, réservé aux enfants de 4 à 6 ans qui se joue avec un seul panier situé au centre et mesurant 1,5 mètre. Il renchérit en prétextant un avantage dû à l'aspect collectif du basket qui réside dans l'évolution des terrains, matériel didactique et règlements en fonction de l'âge biologique de l'enfant. Le jeune aura ainsi la possibilité de pouvoir s'épanouir pleinement sans dangers et autres inconvénients. 135 On pourrait donc se demander si l'élitisme en compétition est un élément spécifiquement réservé aux sports individuels? En étant moins doué, il n'est pas possible de compter sur un camarade pour compenser ses faiblesses. Pas moyen d'être meilleur à un poste ou d'opter pour rôle différent, vu que l'on est tout seul. Si l'unique rôle de judoka offensif ne convient pas au jeune, ce dernier n'aura d'autre choix que d'abdiquer la pratique compétitive. Toujours dans une optique de comparaison à une pratique collective, le judo se trouve confronté à une question de mentalité. D'après les dires des clubs, les nouveaux pratiquants ne commencent effectivement pas le judo dans un but de compétition alors que dans d'autres sports collectifs, une participation sans matchs n'est pas envisageable 136. A contrario, comme vu précédemment, le judo apporte aux jeunes la liberté de choisir s'ils veulent ou non s'immiscer dans la sphère compétitive. Pour conclure ce chapitre, il serait déraisonnable de ne pas mentionner la portée de l'aspect technique. Il faut préciser que le judo, comme tout sport de combat est une pratique à valeur technique ajoutée. Ce qui indique qu'il faut un certain temps pour pouvoir espérer réaliser des projections et mouvements ayant une certaine efficacité. Projections réalisées en compétitions qui sont par la même occasion, difficiles à subir à partir d'un certain âge. La tranche d'âge se retrouve ainsi fortement restreinte au contraire d'une discipline à "maturation tardive" telle que l'aviron ou tout autre sport valorisant un effort endurant. Les performances maximales avec de telles activités culminent autour des 25 à 30 ans. Ce qui implique une hausse de participation des classes d'âges plus élevées

29 Les causes d'abandons les plus citées dans la littérature sportive Les statistiques sportives officielles disponibles en Suisse sont maigres et manquent d'actualisation. Il n'existe à ce titre, aucune étude officielle traitant des abandons en territoire helvétique. 137 Il a donc fallu se rabattre sur des études francophones, qui quant à elles avaient le défaut de ne pas représenter la situation locale mais dont les chiffres étaient suffisamment récents pour exprimer une indication convenable. Le bulletin de statistiques et d'études du Ministère des Sports français a ainsi établi en octobre 2002, un rapport stipulant que près de la moitié des jeunes ayant au préalable adhéré à un club sportif ont déjà renoncé une fois pour tenter leur chance dans un sport étranger 138. Même bulletin qui précise que "les disciplines les plus fréquemment citées comme étant abandonnées sont le judo et les autres arts martiaux, la gymnastique et la danse." 139 Avant de se focaliser sur les abandons inhérents au judo, il faut préciser que les causes sont nombreuses et toutes les répertorier viendrait à constituer une liste bien trop grande et sans grande validité scientifique. L'établissement des principaux facteurs les plus révélateurs et qui apparaissent le plus fréquemment dans les publications m'a paru être le meilleur moyen de pouvoir réaliser une étude comparative ultérieure avec les résultats venant de la partie empirique. Il faut cependant préciser que la plupart des études citent en tête de liste des motifs de non pratique sportives tels que «je n'ai plus le temps», «je n'ai plus envie», «je préfère faire autre chose» ou encore «ça ne m'apporte plus rien» 140. La palme revenant sans surprise et selon l'étude du ministère des sports français de 2002, au fait d'avoir trop de leçons 141. Le système scolaire effectue ainsi une pression de plus en plus importante, qui selon Elizabeth Aubert entraîne chez les enfants, "une recherche de loisirs" 142 où domine la notion de liberté. Notion qui n'est pas la définition propre du sport associatif, davantage de l'ordre du contraignant (horaires imposés). Les jeunes auront ainsi davantage tendance à se concentrer sur des sports non structurés, qui n'ont pas d'attaches à un club tels que le skateboard, le ski freestyle, etc... Facteurs relatifs à l'évolution de l'entant Il est important de préciser que l'enfant est curieux de nature et change fréquemment de sport dans la tranche d'âge allant de 6 à 10 ans. Le Dr. Binder le qualifie de «zappeur du sport» 143. Mais finit par se stabiliser entre 10 et 15 ans. "Chez les jeunes pratiquants (avant 10 ans et jusqu'à ans), c'est le plaisir du jeu, l'amusement qui est recherché, mais aussi le progrès dans la maîtrise des habiletés sportives. Par la suite, une diversification des centres d'intérêts se produit, parallèlement à une extériorisation par rapport à l'activité elle-même: on recherche alors davantage les relations avec les autres membres du club et l'on s'intéresse beaucoup plus à la compétition." 144 Toujours dans le même ordre d'idée, de recherche du cadre relationnel propre à l'adolescent, Monika Kurath déclare qu'une fois atteint l'âge pubère, "nombre de judokas abandonnent le judo soit parce qu'ils ne se sentent pas suffisamment intégrés au groupe ou au club, soit parce qu'ils manquent de motivation." 145 Avec l'arrivée de la crise de l'adolescence (13-16 ans), le jeune ressent le besoin de se distancer des valeurs parentales ainsi que celles de la compétition, trop restrictives à son goût. Il rejette l'autorité quelle que soit sa forme, que cela provienne

30 des parents, du cadre scolaire ou encore de l'enceinte sportive de son club. Il garde cependant un vif intérêt pour le sport ludique à caractère non compétitif et selon le Dr. Binder, celui-ci repose son activité sportive sur le contact avec un ou une partenaire ainsi que sur l'esprit d'équipe. 146 On constate cependant qu'après ce creux, chez la plupart des jeunes, réapparaît progressivement une attache à toute sorte de sports compétitifs. La perte du plus grand nombre d'adhérents se situe donc vers les ans où les jeunes font la découverte de leur corps, de la fête, d'un nouveau monde. Par conséquent, un désistement pour une pratique ne veut pas dire que le jeune n'adhère pas ailleurs. Les adolescents sont ainsi souvent à la recherche de sensations nouvelles, qu'elles soient dans le domaine relationnel, artistique ou sportif. Il ne faut pas omettre le fait que l'enfant en devenant grand, acquiert de la maturité et commence à prendre ses propres décisions en se détachant de l'influence des autres. Il fait ce qui lui plaît et non plus ce qu'on lui conseille de faire. C'est à ce moment précis, qu'il choisit ce qu'il désir exercer. Cette étude française prétend y déceler une des causes de ces abandons massifs, précisément situés en période de préadolescence 147. Auparavant très influencé par ses parents et ses amis, le jeune prend davantage de distance critique et se permet de réaliser ses propres jugements et volontés. L'influence du monde extérieur En étroite relation avec l'évolution de l'enfant, l'influence du monde extérieur regroupe plusieurs facteurs différents tels que la parenté, les amis mais également l'ambiance qui figure au sein de l'équipe de pratiquants. "Les pairs peuvent en effet agir comme sources de sentiments de compétence, de joie, mais parfois aussi d'anxiété et de tristesse." 148 Mattia Piffaretti note que "de nombreuses études ont confirmé l'influence positive des parents comme agent de socialisation au sport pour leurs enfants." 149 Mais dès que ceux-ci entrent dans une phase de rébellion contre l'autorité parentale, le sport comme toute chose qui émerge de la volonté parentale, passe à la trappe. Jacques Delevaux précise que la meilleure recrue "est le garçon qui choisit par luimême de venir au judo vers l'âge de quinze ans. Il est conscient et il vient pour progresser. 150 " On réalise que beaucoup de jeunes se trouvant "au premier âge scolaire, [ ] font du judo/ju-jitsu parce que les leurs parents le veulent. L'objectif de ces parents est double: d'une part, laisser libre cours à un besoin de mouvement prononcé par leurs chères têtes blondes et, souvent aussi, canaliser positivement leurs énergies agressives; d'autres part, faire en sorte que leurs enfants deviennent moins peureux et soient plus forts pour affronter la vie. Les moniteurs ont alors la lourde tâche d'enthousiasmer les enfants et de découvrir avec eux, sous une forme ludique, la quintessence de notre sport [judo], à savoir le combat." 151 Tâche de motivation d'autant plus pénible pour les entraîneurs si le jeune a été contraint à la pratique du sport. La phase de rébellion sera ainsi accentuée et la réaction de refus n'en sera que plus vive. Marc Durant rajoute "qu'il est important que les parents ne poussent pas leur enfant à réaliser, accomplir les prouesses que l'on n'a pas réussi soi-même à réaliser. Il ne faut pas qu'il devienne le champion que l'on n'a pas pu être mais leur rôle consiste tout de même et cela dans la limite des possibilités financières, à soutenir le jeune s'il désire percer davantage dans le sport de compétition. [ ]" 152 Michel Binder renchérit en prétendant que "trop pousser un enfant peut apporter une victoire, cela n'en apportera pas deux."

31 Le choix du sport que l'on va pratiquer dépend fortement de la classe sociale des parents, des goûts de ceux-ci (volonté de faire comme sa mère ou son père), de l'influence de ses copains, voir de la pratique de ceux-ci, mais également et surtout de l'emprise médiatique sur certaines pratiques sportives plus en vogues que le judo. La télévision influence donc directement l'échelle personnelle de goût de l'enfant par l'intermédiaire des séries télévisées et des pubs. 154 "Les événements sportifs qu'ils [médias] relatent, l'image du sport qu'ils véhiculent et l'élite sportive qu'ils encensent vont considérablement influencer l'enfant dans ses choix sportifs et dans ses objectifs," 155 précise Miche Binder. La "pyramide des besoins" de Maslow indique qu'il est obligatoire de passer par une phase d'intégration dans le lien social, de communiquer, de s'exprimer mais surtout d'appartenir à un groupe qui nous considère comme une personne à part entière, estimée. 156 Rôle que peut jouer une bonne entente au sein du club avec le groupe de pratiquants. Il n'est pas étonnant de voir rester certains pratiquants au sein d'une institution non pas par plaisir pour la pratique, ni parce qu'ils sont doués, mais bien pour des raisons sociales. Le contraire peut aussi, se produire, si la personne ne se sent pas valorisée ou tout simplement rejetée. "Le sentiment d'acceptation de la part du groupe des pairs est associé aux réponses émotionnelles (positives) associées à la pratique sportive et par conséquent à la motivation de continuer dans le sport." 157 Si ce sentiment se dégrade, le jeune ne ressentira plus le besoin de continuer à pratiquer ce sport. Lié à l'entraînement Même si la plupart des entraînements se déroulent convenablement, il arrive cependant que certains problèmes apparaissent sous la forme d'un entraîneur trop exigeant à tendance autoritaire. Ce dernier peut faire apparaître une situation conflictuelle avec le ou la jeune adolescente et entraîner un désintérêt voir un abandon de la pratique sportive. 158 Une tendance semble clairement palpable chez les enfants: ils "sont massivement attirés par les activités sportives et sont aussi très souvent déçus au point de délaisser les stades et de s'orienter vers d'autres formes de loisirs." 159 Les sautes d'humeurs venant de l'entraîneur ne leurs font guère de bien, il leur faut de la constance. Autant il est aisé pour ce dernier de devenir un "héros" en peu de temps, autant il est envisageable de perdre un pourcentage important de jeunes en un temps record. Ces derniers n'ont pas encore la faculté de s'adapter aux changements et prennent pour comptant ce qui se passe sous leurs yeux. Des facteurs tels que l'alternance des exercices, les blessures, la présence de l'entraîneur, l'autorité, la disponibilité, etc, sont tous des éléments clés responsables ou non de l'abandon d'un jeune. Nous verrons ainsi dans la partie dédiée aux résultats, l'influence qu'ont ces différents facteurs. L'abandon dans le sport, un phénomène qui n'épargne pas le judo Comme cité précédemment, les statistiques locales sont quasi inexistantes. On peut néanmoins citer le travail d'elizabeth Aubert invoquant que "la majorité des enfants ne continuent pas le judo! Seule une petite minorité de jeunes, souvent ceux qui sont les meilleurs compétiteurs, persistent jusqu'à l'âge adulte." 160 Résultat intéressant qui va

32 dans une direction commune avec les impressions, certes subjectives des grands clubs. En corrélant ces témoignages, on peut se permettre de constater, d'une manière générale et sans aucune valeur scientifique, une diminution considérable de la tranche d'âge des adolescents (14-18 ans) adhérents à ces grands clubs. Phénomène tout de même intéressant car reproduit en territoire français. On peut effectivement lire dans une étude française datant de 2003 regroupant le judo, le jujitsu, le kendo ainsi que des disciplines associées que le nombre de pratiquants chez les moins de dix ans est en deuxième position (227'556 licenciés), juste après le football (349'134). On constate cependant un trou conséquent chez les adolescents âgés de quinze à dix-neuf ans (51'030). Ecart qui figure également parmi certaines autres pratiques sportives (avec 318'147 licenciés au football) mais qui en terme de proportionnalité est largement en tête de classement (réalisé entre les pratiques sportives). A noter que pour le basket-ball, ce rapport se retrouve inversé et indique un regain de participants chez les adolescents. 161 Des opinions telles que "les jeunes font trop de choses" sont dès lors remises en question vu que toutes les pratiques ne vivent pas cette diminution du taux de participation des adolescents. Ce phénomène reste propre au judo ainsi qu'à certaines autres pratiques sportives. Une attache avec la compétition De ce besoin compétitif que ressent l'enfant du jeune âge, émerge un désir prononcé de participer à des compétitions, quel que soit le sport qu'il pratique. Mais celui-ci s'émousse avec la poussée pubère (modification des sensations de son corps car celui-ci est sujet à de nombreuses modifications physiologiques) 162 et laisse place à une peur du ridicule synonyme de manque d'assurance, de ne pas être à la hauteur. L'enfant refuse alors la compétition et préfère vaquer à d'autres occupations moins risquées du point de vue de son estime. Cette envie peut néanmoins réapparaître par la suite mais cela dépend des influences de son entourage. 163 Au même titre, on constate en Belgique, une diminution du nombre de compétiteurs au niveau de la classe d'âge des adolescents (plus de quinze ans) part rapport aux ans. Une des explications serait entre autre, selon des personnalités Belges, dû à l'apparition des différents gabarits, du nombre d'entraînements fortement variés et des chances de podium qui s'amenuisent fortement. Les jeunes redoutent ainsi la compétition et ont davantage de peine à se relever d'une défaite, car ceux-ci sont bien plus conscients de leur propre valeur et préoccupés du regard des autres. Facteurs qui ne sont pas encore à l'esprit des plus jeunes pratiquants pour qui, les phénomènes de victoires et de défaites sont bien plus éphémères. Il faut ainsi permettre aux jeunes adolescents de ne plus devoir se comparer continuellement et réaliser que bon nombre de ces jeunes ne sont pas prêts ou n'ont tout simplement par l'envie de concourir. Raison pour laquelle il faut que l'entraîneur réfléchisse à un autre moyen de motivation pour que les judokas trouvent du plaisir ailleurs que dans le domaine de la compétition (kata, enseignement, formation, etc ). Des efforts doivent être réalisés dans la réorientation de la deuxième vie après ou à la place de la compétition. On constate en effet que "nombre de jeunes recherchent tout simplement le contact et un entraînement ludique axé sur le plaisir. Ces besoins différents ne peuvent souvent plus être couverts par un entraînement commun. L'offre doit être diversifiée."

33 "A l'instar des entraînements, les compétitions sont, pour les enfants et les jeunes, un excellent moyen de s'exercer et de faire leurs propres expériences. Moniteurs et parents doivent toutefois se rendre compte qu'un succès à court terme peut certes être important mais que, comparé à des objectifs de formation scolaires, professionnels et sportifs à long terme, il passe au second plan." 165 Elément pertinent qui explique entre autre et nous le verrons dans les résultats, l'importance accordée aux études par les enfants mais surtout par les parents. Le sport au même titre que les activités musicales et créatrices restent des activités de loisirs et en cas de résultats non satisfaisants en milieu scolaire, peuvent être sujets à des diminutions de fréquentation, voir des suppressions. Autre élément, celui du manque toujours plus croissant de bénévoles, que ce soit pour la gestion administrative, l'organisation de tournois ou tout simplement pour endosser le rôle d'entraîneur. La professionnalisation prend donc son essor dans le monde du judo suisse. Tendance à la professionnalisation qui diminue l'attrait qu'ont les entraîneurs à inciter leurs judokas à participer à des compétitions, mais surtout à les organiser vu le lot de travail qu'elles impliquent. Il est concevable que certains jeunes n'en ressentent pas l'envie, mais d'autres n'y ont tout simplement pas encore goûté et ne pas leurs permettre de la pratiquer reviendrait à diminuer l'entrain qu'ils portent à l'entraînement. 166 Rappelons tout de même que les arguments de cette section ne sont là que pour compléter les points clés vu auparavant. Bon nombre d'abandons sont en effet dus à des problèmes structurels des tournois (temps d'attente prolongé, brièveté des combats 167, contraint à combattre contre plus lourd et plus âgé ainsi que la dualité victoire/défaite 168 sujette à de nombreuses polémiques). Un judo en phase de rajeunissement Les jeunes commencent de plus en plus jeunes et n'ont finalement qu'une envie, c'est de pouvoir tenter une pratique sportive différente, lors de leur entrée à l'âge de raison, celui de l'adolescence. La tendance est malheureusement de pousser les adhésions de plus en plus tôt, ceci afin de faire davantage de baby-sitting 169 (qui rapporte le quota financier permettant au club de tourner) mais qui, finalement relève davantage d'une initiation à la motricité qu'une pratique propre au judo. Les parents amènent leurs enfants de plus en plus jeunes, soit dès l'âge de quatre ans dans le cadre de cours désignés sous le terme de baby judo, ce qui entraîne, selon Elizabeth Aubert, des abandons prématurés avant même de prétendre avoir débuté la pratique du judo. 170 Elle précise cependant qu'il est "difficile, devant la pression des parents de ne pas développer cette nouvelle catégorie." 171 Cette poussée d'adhésion des tous jeunes judokas contraint les clubs à se spécifier pour les petits (4 ans) alors qu'ils étaient axés sur des méthodes d'apprentissage adaptées aux adultes. Ces institutions n'ont pas nécessairement la formation et l'expérience pour admettre des enfants de si jeune âge. Ces derniers commençant plus tôt arrêteront avec une grande probabilité, de manière plus précipitée. Il faudrait se poser la question si le fait de commencer jeune, diminue l'envie de poursuivre la pratique ultérieurement? A ce titre et en fonction des statistiques présentées auparavant, on rappel qu'en France, le judo est une des disciplines, avec la gymnastique, la danse et les autres arts martiaux à être la plus touchée par le

34 phénomène d'abandon juvénile 172. Il en résulte donc un nombre moins important de compétiteurs vu que les jeunes abandonnent à l'adolescence. Les jeunes arrêtent donc juste avant de pouvoir transmettre leur savoir. Ainsi les entraîneurs passent beaucoup de temps à les former pour finalement les voir s'en aller avant d'avoir atteint la maturité technique inhérente au judo. Il faut préciser et selon l'expérience de plusieurs entraîneurs, que la majeure partie des enfants ayant arrêté ne recommenceront certainement pas la pratique de ce sport. Méthode et matériel Venons en à présent à la partie pratique de ce travail, soit l'intervention statistique qui permet de fixer, transposer un résultat sur la théorie et les constations présentées précédemment. Travail qui ne peut être accompli sans certaines conditions, contraintes, informations qui vous sont exposées ci-dessous. Population La population interrogée ou disons plutôt l'échantillon ciblé se constitue de jeunes garçons et filles (enfants et adolescents âgés au maximum de 18 ans) ayant pratiqué le judo et abandonné pour des raisons disparates ces cinq dernières années en suisse romande. L'année 2003 étant la date butoir au-delà de laquelle les questionnaires ne sont plus pris en comptes. Passé ce délai, il est considéré que le renseignement n'est plus actuel et qu'il n'apporte plus d'information statistiquement exploitable. En outre, il faut admettre que cette fourchette temporelle de cinq ans a permis à bon nombre d'événements, d'améliorations, de péjorations de se produire. La raison qui m'a incité à opter pour ce choix fut d'espérer recevoir un éventail suffisamment large de pratiquants afin de donner une indication fiable en tenant compte de deux variables que représentent la taille de l'échantillon cumulée à cette fourchette temporelle. Par conséquent, cette décision découle d'un compromis réalisé après avoir reçu la plupart des adresses envoyées par les clubs. Méthode Une des grandes difficultés a été d'obtenir les coordonnées de l'échantillon visé. L'unique solution étant de se référer aux différents clubs romands afin de leur solliciter les adresses désirées. Par conséquent, un premier courrier a été envoyé aux clubs romands, auquel était joint une lettre de la fédération (Annexe I) attestant le bienfondé du travail. Celle-ci n'a malheureusement pas rencontré le succès escompté. Néanmoins, là où la majorité des clubs n'a pas répondu (47), d'autres associations (14) se sont montrées tout à fait enthousiastes et intéressées par ce travail, portant d'après eux sur un problème qui mérite une certaine réflexion. En conséquence de quoi on pourrait se questionner sur les raisons qui ont retenu ces clubs. Une hypothèse serait de prétendre à un souci de confidentialité qui relève d'une crainte juridique de transmettre des adresses de jeunes ne figurant plus au registre

35 du club. Des abandons qui complexifient également les travaux de recherche dans des registres qui répertorient les actifs mais exceptionnellement les sortants. Dès lors il devient délicat de les trouver et s'ils sont encore répertoriés, de les classer et trier. Travail qui demande un certain temps mais surtout une patience à toute épreuve pour des caissiers, caissières exerçant cette fonction de manière bénévole pour la plupart d'entre eux. Finalement, on pourrait se demander, même si le courrier envoyé est formel, si les clubs n'ont pas ressenti une certaine pression, crainte d'être jugés au travers d'un questionnaire qui pourrait relever leurs "erreurs". Questionnaire du reste anonyme qui ne requiert à aucun moment de préciser de quel club le ou la pratiquante a décidé de s'éloigner. Le second courrier a quant à lui été destiné aux jeunes démissionnaires afin qu'ils remplissent un formulaire électronique disponible sur internet (Annexe II). Ils étaient ainsi invités à ouvrir une page internet à l'aide d'un lien figurant sur la lettre d'explication, leur permettant de répondre en toute confidentialité et de manière autonome, dans les meilleures conditions. Les détails concernant les réponses vous seront présentés par la suite. Matériel Avant de soumettre ce questionnaire informatisé aux intéressés, il faut noter qu'il a été testé et longuement repensé pour y apporter toutes les modifications nécessaires. Les normes d'élaboration du questionnaire ont été respectées. Notamment en créant des questions comportant un langage adapté à la population ciblée, en constituant des interrogations simples, de mise en confiance au début mais aussi en permettant d'opérer une évaluation basée sur une échelle à quatre possibilités (Tout à fait, Plutôt Oui, Plutôt Non, Pas du tout). L'intégration de ce questionnaire sur plate-forme internet a été possible à l'aide d'un logiciel d'enquêtes et de statistiques nommé "Sphinx". Certaines améliorations auraient cependant pu être apportées tel que l'aiguillage des questions. Précisons que le formulaire ne fut pas créé linéairement (question après question) mais de manière sélective en fonction des réponses de l'intéressé. Certaines questions ont en effet été moins parcourues, notamment celles en relation avec la compétition, ce qui peut également être considéré comme un gain en qualité. Les interrogations gagnaient donc en pertinence, en contre partie d'une une légère diminution du taux de fréquentation de certaines étapes du questionnaire. Il faut cependant préciser que la formule informatisée incite les jeunes à répondre plus sincèrement aux questions, car ceux-ci, pour la plupart, l'utilisent sans la présence d'un parent. La qualité est donc mise en avant, au détriment de la quantité. Résultats Il faut se mettre à l'esprit que cette étude porte sur des jeunes ayant pratiqué le judo. Par conséquent ce sport ne fait plus partie de leurs priorités et ceux-ci n'ont pas nécessairement la patience et l'envie de répondre à un questionnaire portant sur une pratique qu'ils n'exercent plus, que leur abandon soit récent ou depuis une durée prolongée. Partant de là, il est encourageant de constater un taux de réponse de

36 18.89%, même taux qui n'aurait pas été convenable s'il avait été réalisé auprès de jeunes pratiquants encore à l'heure actuelle. Il n'a pas été aisé de repérer mais surtout de contacter ces échantillons composés de jeunes qui pour la plupart sont en âge de s'éloigner du foyer parental et ainsi de changer d'adresse postale. Si l'on tient compte de tous ces facteurs, on peut considérer que l'étude relève du défi et n'a pas cherché la solution de facilité mais bien une population précise qui, selon moi, apporte des réponses intéressantes. Ensemble des réponses - Courriers envoyés Réponses papier Réponses Internet 81 - Réponses totales Retours de lettres (fausses adresses, déménagements, décès) Taux de réponse (Réponses / [Courriers envoyés Retours] * 100) % Réponses biaisées - Questionnaires valides Questionnaires biaisés.. 10 Toujours dans une optique qualitative et de respect des bases érigées dans ce travail, il a été nécessaire de retirer dix questionnaires de la base de données. Les personnes y ayant répondu ont en effet arrêté la pratique du judo avant la date butoir de 2003 fixée lors des étapes précédentes. Ces réponses comportent les numéros 6, 24, 36, 41, 43, 47, 49, 53, 54 et 55. Par conséquent, aucune donnée se référant à ces formulaires n'a été retenue. Précisons également que le questionnaire no 46 a répondu "autre" pour la date d'abandon. La raison étant simple, ce dernier a recommencé la pratique ultérieurement. Son abandon est tout de même pris en compte car l'action reste une intention définitive lors de la prise de décision. Tableaux et graphiques Avant de se lancer dans la lecture des résultats, il faut préciser que pour chaque tableau, les réponses ont été exprimées en unités mais également en pourcentages calculés par rapport à l'échantillon de base (82 questionnaires rendus). Tableau V - Sexe Réponses Décomptes Pourcentages Hommes % Femmes %

37 Tableau VI - Date d'abandon Figure II - Date d'abandon Réponses Décomptes Pourcentages % % % % % % Comme énoncé auparavant, le questionnaire no 46 a répondu "autre" à cette réponse. Raison pour laquelle il manque une unité au sein de ce tableau. Tableau VII - Grade atteint Figure III - Grade atteint Réponses Décomptes Pourcentages Ceinture blanche 8 9.8% Ceinture jaune % Ceinture orange % Ceinture verte % Ceinture bleue % Ceinture marron 3 3.7% Ceinture noire (1er dan) 0 0.0% > Ceinture noire 0 0.0% Tableau VIII - Entraînements(s) /semaine Figure IV - Entraînements(s) /semaine Réponses Décomptes Pourcentages % % % > %

38 Tableau IX - Ont-ils entre autre arrêté à cause de la compétition? Réponses Décomptes Pourcentages Enfants ayant répondu "Oui" 7 8.5% Adolescents (dès 14 ans) ayant répondu "Oui" % Non % Ne connaissent pas la compétition % Figure V - Ont-ils entre autre arrêté à cause de la compétition? Tableau X - Distinction des âges Figure VI - Distinction des âges Réponses Décomptes Pourcentages Enfants < 14 ans 33 40% Adolescents > 14 ans 49 60%

39 Tableau XI - Facteurs qui ont déclenché la pratique du judo Des copains, copines t'y ont motivé [1] Ton médecin te l'a conseillé [2] Ton entourage, ta famille baigne dedans [3] Ce sport te plaisait [4] Tu voulais pouvoir te défendre [5] On t'y a obligé [6] La compétition dans ce sport te plaisait [7] Tout à fait 13.4% 0.0% 8.5% 37.8% 23.2% 2.4% 13.4% Plutôt oui 25.6% 3.7% 15.9% 59.8% 35.4% 3.7% 28.0% Plutôt non 13.4% 2.4% 13.4% 2.4% 25.6% 9.8% 23.2% Pas du tout 47.6% 93.9% 62.2% 0.0% 15.9% 84.1% 35.4% Tout à fait Plutôt oui Plutôt non Pas du tout Figure VII - Facteurs qui ont déclenché la pratique du judo

40 Tableau XII - 1. Leur appréciation du système compétitif suisse Tu stressais trop [1] On n'acceptait pas que tu perdes [2] Les combats n'étaient pas justes [3] Les combats étaient trop courts [4] Il n'y avait pas assez de combats [5] Les règles n'étaient pas justes [6] Les compétitions étaient trop violentes [7] Tu t'es blessé(e) en compétition [8] Les compétitions étaient mal organisées [9] Les journées de compétition duraient trop longtemps [10] Autre* 80.5% 80.5% 80.5% 80.5% 80.5% 80.5% 80.5% 80.5% 80.5% 80.5% Tout à fait 3.7% 0.0% 0.0% 7.3% 9.8% 0.0% 3.7% 6.1% 4.9% 11.0% Plutôt oui 9.8% 0.0% 0.0% 0.0% 0.0% 1.2% 6.1% 0.0% 7.3% 4.9% Plutôt non 3.7% 3.7% 7.3% 4.9% 3.7% 9.8% 2.4% 4.9% 2.4% 2.4% Pas du tout 2.4% 15.9% 12.2% 7.3% 6.1% 8.5% 7.3% 8.5% 4.9% 1.2% Tout à fait Plutôt oui Plutôt non Pas du tout * Judokas n'ayant pas arrêté à cause de la compétition Figure VIII - 1. Leur appréciation du système compétitif suisse

41 Tableau XIII - 2. Leur appréciation du système compétitif suisse (suite) Tu en as trop fait et ça te suffit [1] Tu n'avais plus l'impression de t'améliorer [2] Tu devais aller combattre de plus en plus loin [3] C'était trop cher [4] Tu tombais à chaque fois contre les mêmes adversaires [5] Ton entraîneur était trop sévère [6] Tu as été victime d'injustice(s) [7] Tu avais juste envie de faire du sport sans te comparer aux autres [8] Tu aurais voulu faire plus de compétition [9] Autre* 80.5% 80.5% 80.5% 80.5% 80.5% 80.5% 80.5% 80.5% 80.5% Tout à fait 1.2% 2.4% 2.4% 0.0% 0.0% 2.4% 0.0% 11.0% 8.5% Plutôt oui 0.0% 8.5% 3.7% 1.2% 2.4% 2.4% 0.0% 7.3% 1.2% Plutôt non 7.3% 3.7% 2.4% 2.4% 8.5% 1.2% 3.7% 0.0% 3.7% Pas du tout 11.0% 4.9% 11.0% 15.9% 8.5% 13.4% 15.9% 1.2% 6.1% Tout à fait Plutôt oui Plutôt non Pas du tout * Judokas n'ayant pas arrêté à cause de la compétition Figure IX - 2. Leur appréciation du système compétitif suisse (suite)

42 Tableau XIV - Eléments qui les ont retenu éloigné de la compétition Tu n'en avais pas envie [1] Pour toi, la compétition ne fait pas partie du judo [2] Tu ne savais pas que ça existait [3] Il y avait trop peu de compétitions [4] Ton club n'a pas organisé de compétition [5] Une blessure t'a empêché d'en faire [6] C'était trop dangereux [7] Tes parents t'ont interdit d'en faire [8] Autre* 71.9% 71.9% 71.9% 71.9% 71.9% 71.9% 71.9% 71.9% 71.9% 71.9% Tout à fait 13.4% 2.4% 1.2% 1.2% 4.9% 1.2% 1.2% 0.0% 0.0% 3.7% Plutôt oui 7.3% 4.9% 0.0% 2.4% 0.0% 1.2% 3.7% 0.0% 1.2% 4.9% Plutôt non 2.4% 9.8% 3.7% 6.1% 7.3% 1.2% 2.4% 2.4% 2.4% 4.9% Pas du tout 6.1% 12.2% 24.4% 19.5% 17.1% 25.6% 20.7% 26.8% 25.6% 15.9% C'était trop "ringard" [9] Tu en avais peur [10] Tout à fait Plutôt oui Plutôt non Pas du tout * Judokas ayant déjà combattu Figure X - Eléments qui les ont retenu éloigné de la compétition

43 Tableau XV - Qualité des entraînements Les entraînements étaient trop sérieux et tu ne t'amusais plus [1] L'entraîneur n'était pas sympa [2] Les autres judokas n'étaient pas sympas [3] Tu t'es fait mal à l'entraînement [4] Plus assez d'autres judokas [5] Les judokas étaient trop vieux [6] Les judokas étaient trop jeunes [7] Tes parents ne pouvaient plus ou pas t'amener à l'entraînement [8] Il y avait trop d'entraînements [9] Les entraînements étaient trop chers [10] L'entaîneur était trop sévère [11] On ne s'occupait que des meilleurs [12] Tout à fait 14.6% 4.8% 3.7% 9.8% 6.1% 2.4% 4.9% 2.4% 6.1% 1.2% 8.5% 4.9% Plutôt oui 20.7% 7.3% 6.1% 12.2% 17.1% 9.8% 15.9% 2.4% 6.1% 2.4% 9.8% 8.5% Plutôt non 23.1% 13.4% 29.3% 25.6% 13.4% 18.3% 21.9% 11.0% 17.1% 14.6% 14.6% 19.5% Pas du tout 41.4% 74.4% 61.0% 52.4% 63.4% 69.5% 57.3% 84.2% 70.7% 81.7% 67.1% 67.1% Tout à fait Plutôt oui Plutôt non Pas du tout Figure XI - Qualité des entraînements

44 Tableau XVI - En relation avec le sport en général Un autre sport avait l'air plus "cool" que le judo [1] Le judo ne passait pas assez souvent à la TV [2] Le jeu collectif te manquait [3] Il te fallait un sport d'extérieur [4] Tu n'aimes pas le sport ou n'aimes plus en faire [5] Tu avais trop de devoirs [6] Tu voulais enfin faire un ou le sport qui te plaît, que tu choisis [7] Le Judo était trop difficile, trop dur [8] Tout à fait 19.5% 7.3% 13.4% 12.2% 3.7% 6.1% 12.2% 3.7% Plutôt oui 34.1% 11.0% 18.3% 29.3% 7.3% 19.5% 24.4% 19.5% Plutôt non 17.1% 9.8% 25.6% 17.1% 12.2% 32.9% 19.5% 37.8% Pas du tout 29.3% 72.0% 42.7% 41.5% 76.8% 41.5% 43.9% 39.0% Tout à fait Plutôt oui Plutôt non Pas du tout Figure XII - En relation avec le sport en général