TOUR D HORIZON DU SECTEUR SUISSE DE L ASSURANCE Executive Summary

Documents pareils
L'importance économique du secteur financier suisse

La place bancaire de Zurich. Faits et chiffres Edition 2015/2016

Moniteur des branches Industrie MEM

Info Finance. et Prévoyance. En 2013 aussi, les clients profitent d une rémunération globale attractive!

Portrait La branche de l'automobile en Suisse

Lettre aux actionnaires

L importance du secteur bancaire suisse

MONITEUR DE LA BRANCHE INDUSTRIE MEM. Avril 2014

Le marché suisse des assurances

Avantages économiques procurés par le secteur des assurances

Compte d exploitation Assurance vie collective.

Erich Walser, Président de l Association Suisse d Assurances

Chiffres-clés relatifs à la place financière suisse Mis à jour en décembre 2008

Be selective. Swiss Invest. En Suisse, votre capital évolue comme vous le souhaitez.

Accenture Software. IDMF Insurance Data Migration Factory. La migration en toute confiance de vos données d assurance

Plan d action du PDC concernant le franc fort

Monnaie, banques, assurances

Gérer votre patrimoine.

Edition 2015 des conditions modèles non contraignantes de l ASA. Les compagnies sont libres de convenir de conditions divergentes.

La place financière luxembourgeoise : mythes et réalités

La Prévoyance en France «La prévoyance ne doit pas stériliser l'avenir ; elle doit préparer ses voies» Tristan Bernard

RAFFINEZ VOTRE STRATÉGIE DE PLACEMENT, SIMPLIFIEZ VOTRE VIE

L assurance française : le bilan de l année 2012

1 Ce mémento fournit des informations sur les cotisations

Les assurances de personnes pour votre entreprise Un seul prestataire pour les solutions de prévoyance et d assurance

RISK INDEX 2014 SUISSE

Fonds de placement Le modèle adapté à chaque type d investisseur.

2.09 Etat au 1 er janvier 2013

INTACT CORPORATION FINANCIÈRE ANNONCE SES RÉSULTATS DU DEUXIÈME TRIMESTRE DE 2010

Les réformes se poursuivent en faveur d une économie française plus compétitive et d un appui renforcé aux entreprises à l export

L environnement juridique et fiscal

SWISS limite les pertes à 200 millions de CHF au premier trimestre

La BNS capitule: Fin du taux plancher. Alain Freymond (BBGI Group SA)

Remarques d Ouverture par M. Mohammed Laksaci, Gouverneur de la Banque d Algérie, Président de l Association des Banques Centrales Africaines

Perspectives de l industrie suisse Pierres et Terres

Analyse Financière. Tunis Re en Bourse. En toute Ré Assurance. Souscrire à l OPF

Études. Des effets de la réglementation des produits d épargne sur le comportement de placement des ménages

UBS Optio 1e Fondation collective. Comment les entreprises et leurs collaborateurs peuvent-ils profiter des «plans 1e»?

Statut des indépendants dans les assurances sociales suisses

Fiche info-financière Assurance-vie pour une combinaison des branches 21 et 23. Top Rendement 1. Type d assurance-vie

Berne, mai Questions fréquentes au sujet de l aide sociale

DORVAL FLEXIBLE MONDE

L AI peut, à titre exceptionnel, prendre en charge les frais de. 3 Ces dispositions sont aussi valables pour les frontaliers

L assureur des transports publics

Résultats du premier trimestre SCOR enregistre un résultat net de grande qualité de EUR 175 millions et un ROE annualisé de 12,1 %

Investissements et R & D

Les entreprises paient avec un retard de 19,3 jours la morale de paiement en berne à cause de l effet domino

la voie bilatérale reste la meilleure option

Floored Floater sur le taux d intérêt LIBOR CHF à trois mois avec emprunt de référence «General Electric Capital Corporation»

Migration: un plus pour la Suisse Relations entre État social et migration: la position de Caritas

Legal Quote Dominique Sperisen Membre du team de conduite AXA Vie Suisse

Efficacité énergétique de la part des pros

«Vaincre la crise par la solidarité» La réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire

Banque nationale suisse

[ les éco_fiches ] Situation en France :

ÉPARGNE-PENSION COMMENT S Y PRENDRE?

Examen Information de vente et controlling de distribution

La stratégie de la SWX Swiss Exchange pour la place financière suisse

EPARGNE, INVESTISSEMENT, SYSTEME FINANCIER

credit crunch ou non?

UNE MEILLEURE CROISSANCE, UN MEILLEUR CLIMAT

Axpo réalise un résultat opérationnel solide dans un contexte difficile

Coffre-fort de données : comment la Suisse peut rester un site d excellence pour les datacenter dossierpolitique

Initiative sur les bourses d études : le mauvais chemin vers l égalité des chances dossierpolitique

Zurich Invest SA. Le placement de vos valeurs patrimoniales est une activité exigeante et délicate. Confiez-la à des professionnels.

LES SIIC. Pierre Schoeffler Président S&Partners Senior Advisor IEIF. Étude réalisée par. Les SIIC et la retraite 1

Qu est-ce que le ehealthcheck?

Vos revenus à la pension? Les meilleures solutions pour un avenir confortable!

Un Budget 2012 en hausse pour la jeunesse et l emploi. Unique et inédit!

Initiative parlementaire Loi fédérale sur la continuation de l assurance des travailleuses dans la prévoyance professionnelle

RECOMMANDATION DU CONSEIL SUR LES BONNES PRATIQUES POUR AMELIORER LA SENSIBILISATION AUX RISQUES ET L'EDUCATION SUR LES QUESTIONS D'ASSURANCE

Un gouvernement qui agit en misant sur l investissement privé

«Quelle fiscalité pour le capital à risque?»

SWISS dégage un résultat opérationnel de 347 millions de francs

Assurance automobile : défis et perspectives des compagnies d assurances

FÉDÉRATION FRANÇAISE DES SOCIÉTÉS D'ASSURANCES

Compétences, qualifications et anticipation des changements dans le secteur de l électricité en Europe

Faites le bon choix pour votre épargne

INFORMATION SUR LES ASSURANCES

6.05 Etat au 1 er janvier 2008

Zurich Invest Target Investment Fund

Tournant énergétique indispensable, défis immenses

Séminaire du 26 Mars 2013

SUR LES RETRAITES PAR REPARTITION DU SECTEUR PRIVE ET LES FONDS DE PENSION

Rapport sur la situation financière des institutions de prévoyance et des assureurs vie

Equilibre offre-demande du système électrique : vers la naissance d un marché de capacités

I) L ouverture des économies à l international

INFORM OBLIGATIONS DE PREMIÈRE QUALITÉ ET OBLIGATIONS À HAUT RENDEMENT: AUGMENTER LE RENDEMENT ET DIMINUER LE RISQUE GRÂCE À UNE JUSTE COMBINAISON

Directive relative aux assurances perte de gain pour les partenaires de distribution

Banque nationale suisse Résultat de l exercice 2014

3La charge fiscale effective induite par les. 3Les pouvoirs publics consacrent déjà plus. 3Si nous voulons garantir la compétitivité

3L indépendance de la Banque Nationale. 3economiesuisse rejette l idée d un programme. 3economiesuisse réclame un moratoire sur

La CCM vous remercie de lui offrir la possibilité de donner son avis sur la révision partielle de la LA Mal.

Comprendre les produits structurés

Assurance de protection juridique d'entreprise Orion PRO Basic 01/2010

Les primes d assurances-maladie et accidents non obligatoires. La déduction est limitée au double de la prime moyenne cantonale, par tranche d âge;

Les assurances sociales et le travail à temps partiel

Assurance perte de gain pour les membres de MEDISERVICE VSAO-ASMAC.

Transcription:

TOUR D HORIZON DU SECTEUR SUISSE DE L ASSURANCE Executive Summary Une étude réalisée à la demande de l Association Suisse d Assurances Juin 2013

Editeur BAKBASEL Direction de projet Rebekka Rufer T +41 61 279 97 09 rebekka.rufer@bakbasel.com Rédaction Michael Grass Rebekka Rufer Adresse BAK Basel Economics AG Güterstrasse 82 CH-4053 Bâle T +41 61 279 97 00 F +41 61 279 97 28 info@bakbasel.com http://www.bakbasel.com Remerciement Cette étude repose en grande partie sur le document «Finanzplatz Zürich 2012/13 Monitoring, Prognosen, Standortanalyse Versicherungen» (Place financière zurichoise 2012/13 Monitoring, prévisions, analyse de la situation des assurances; en allemand uniquement). Nous remercions ses éditeurs, l Office du développement économique et de l emploi / Direction de la promotion du canton de Zurich et du développement de la ville de Zurich / Direction de la promotion économique de la ville de Zurich, de nous avoir donner l autorisation d utiliser et d exploiter leur précieuse publication. 2013 by BAK Basel Economics AG Le Copyright appartient à BAK Basel Economics AG. L abonné s engage à ne pas copier, reproduire, publier gratuitement ni commercialiser ce document sous quelque forme que ce soit, ni partiellement ni intégralement. L utilisation et la reproduction d informations contenues dans ce document sont autorisées avec indication de leur source: «Source: BAKBASEL».

Executive Summary Depuis le début de la crise financière en 2008, le secteur financier est l un des thèmes de prédilection du public et des médias. Au premier abord, la situation des assurances semble comparable à celle des banques: la Suisse compte au nombre des principaux marchés de l'assurance dans le monde; deux des plus grandes compagnies d'assurances internationales y ont leur siège, elles sont d ailleurs considérées comme potentiellement d importance systémique. Pourtant, à lire la presse, les assurances restent dans l ombre des banques et de l industrie des titres. Il suffit d y regarder de plus près pour comprendre ce qui les différencie. A la demande de l Association Suisse d Assurances (ASA), BAKBASEL a analysé le positionnement et le développement de la Suisse en tant que place d assurance. Cette étude présente des résultats quantitatifs détaillés sur la structure, l importance et la performance des assurances, indique leurs développements futurs potentiels et évalue les facteurs liés à la place suisse d assurance. Ces résultats ont permis de mettre en évidence les défis que la branche se doit de relever, les opportunités à saisir ainsi que les risques qui la menacent. Importance pour l économie nationale La Suisse compte quelque 210 assureurs privés qui ont enregistré 166 milliards de recettes de primes dans le monde en 2011, dont 56 milliards dans les affaires directes en Suisse. La Suisse est donc l un des principaux marchés de l assurance au niveau international. Dans aucun autre pays, les dépenses par personne pour la couverture des risques intérieurs ne sont aussi élevées. Avec une valeur ajoutée brute de 20 milliards de francs, une contribution de 4% à l économie nationale et près de 60 000 salariés, le secteur de l assurance est un pilier important de l économie suisse. Au sein du secteur financier, l assurance occupe également une place non négligeable et participe aussi de manière déterminante à la diversification et à la stabilisation de la place financière. Selon les définitions et les critères retenus, l importance de l industrie de l assurance s avère encore plus élevée que celle obtenue avec les chiffres susmentionnés de la valeur ajoutée brute: en effet, pour des raisons de statistiques, non seulement le transfert des risques n est pas pris en compte, mais les prestations d assurance les sommes versées à la suite d un sinistre ne sont pas imputées sur la branche assurantielle, mais sur les branches contribuant à la réparation du dommage. Les compagnies d assurances sont des prestataires de services et des employeurs importants. Or, leur activité se répercute également indirectement, par exemple sur les sociétés informatiques et autres fournisseurs de cette branche (réviseurs, sociétés d audit ou courtiers) ou sur le commerce et l artisanat local par le biais des dépenses de consommation réalisées par les salariés de ce secteur. BAKBASEL 1

De surcroît, l assurance remplit toute une série de fonctions économiques importantes. Transformation des risques et accumulation de capital mises à part, ses deux rôles majeurs, il s agit également de son effet de «promoteur». On entend par là le fait qu elle libère le potentiel des entreprises en leur offrant la possibilité d assurer les risques qui les menacent, ce qui accroît alors leur propension à se montrer économiquement «téméraires». Mutation structurelle L histoire récente de l assurance suisse est marquée par plusieurs tournants qui ont durablement modifié son devenir. Ces mutations ont commencé dans les années 1990 avec la suppression des cartels et les progrès phénoménaux dans les technologies de l information et de la communication. Ce nouvel environnement a généré des regroupements et des fusions d entreprises, des gains en productivité et l externalisation à des prestataires externes de plusieurs étapes de la chaîne de production processus souvent désignés par le terme d «industrialisation» de la branche. Toujours dans les années 1990, dans le sillage de la forte affirmation des Bourses et de l idée de bancassurance, une certaine surchauffe transparaissait dans l importance croissante des opérations financières et des affaires de placement par rapport aux affaires d assurance, plutôt techniques. Si la première crise financière de ce nouveau siècle a permis de corriger radicalement ce phénomène, elle a aussi impliqué de la part de la branche de nouveaux efforts en termes d amélioration de sa performance et de sa productivité. Grâce à ce retour à son cœur de métier, le secteur de l assurance a mieux surmonté les récentes crises financières survenues depuis 2008 que les banques et les autres prestataires de services financiers. 2 BAKBASEL

Taux de croissance annuel moyen Tour d horizon du secteur suisse de l assurance Ill. 0-1 Facteurs de croissance des différentes branches de l assurance, 1995-2011 12% 10% 8% Autres assurances Réassurance 6% Caisses-maladie SUVA 4% 2% Contribution à la croissance 2,0% pts 1,0% pt Caisses de pension Vie Accidents/dommages 0% 0,1% pt 0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% Part de la valeur ajoutée brute nominale 2011 Part en pour-cent en termes nominaux de la valeur ajoutée brute du secteur de l assurance en 2011; croissance moyenne en termes réels de la valeur ajoutée 1995-2011; contribution des différentes branches sectorielles à l augmentation de la création de valeur ajoutée de l assurance en % Source: BAKBASEL Performance La mutation structurelle décrite ci-avant a marqué le début d une décennie dorée pour l industrie de l assurance, générant une amélioration considérable de la création de valeur ainsi que des bonds en productivité, également inégalés au niveau international. Toute médaille a son revers, et cette mutation structurelle s est accompagnée d une nette diminution du nombre d actifs dans la branche. Un très grand nombre de postes ont été externalisés dans d autres secteurs, comme les services d assistance à l assurance ou les métiers des technologies de l information. L industrie de l assurance a donc déjà bien entamé sa mutation structurelle et mis en place nombre de mesures en vue de l amélioration de son efficacité, alors que le secteur bancaire commence à peine à s engager sur cette même voie. Cluster d importance internationale, la réassurance a connu une évolution quelque peu différente. Outre les raisons d ordre historique, ce regroupement renforcé est essentiellement à mettre au compte des excellents facteurs liés au rayonnement zurichois. L important essor enregistré dans les années 1990 s'explique principalement par l'installation nouvelle de nombreux réassureurs. BAKBASEL 3

Perspective En dépit de taux d intérêt exceptionnellement bas et d une conjoncture plutôt paisible, le secteur de l assurance suisse a parfaitement bien géré l année 2012. BAKBASEL s attend à ce que l industrie de l assurance continue de récolter les fruits de ses mesures d amélioration des coûts et de la hausse de ses recettes de primes. En outre, l embellie conjoncturelle soutient le développement du secteur de l assurance du fait de la hausse de la demande et du potentiel positif du marché financier. L industrie de l assurance dépasse le secteur financier et s impose comme l une des branches enregistrant la plus forte croissance en Suisse. L évolution démographique positive et la hausse des revenus des acteurs privés dans le sillage de la croissance économique générale constituent, sur le long terme, les principaux éléments moteurs de la dynamique de l assurance. En outre, il faut également s attendre à l affermissement continu de la position de la réassurance en Suisse, car cette branche est la mieux à même de profiter du développement fulgurant des pays émergents. Ill. 0-2 3.0% 2.5% 2.0% Evolution de la valeur ajoutée brute des assurances par rapport aux banques, 2012-2015 Ensemble de l'économie Secteur financier Banques Autres prest. services financiers Assurances 1.5% 1.0% 0.5% 0.0% -0.5% 2012 2013 2014 2015 Croissance en termes réels de la valeur ajoutée brute en %, 2012-2015 Source: BAKBASEL La place suisse, particulièrement attractive pour cette branche Les défis que doit relever l industrie suisse de l assurance sont étroitement liés aux facteurs caractérisant ce site. La place Suisse est extrêmement attractive pour les compagnies d assurances. 4 BAKBASEL

Avec sa concentration de savoirs, tous plus pointus les uns que les autres, et la grande disponibilité d intrants spécialisés, la place financière zurichoise, surtout, jouit d une position de choix, difficilement égalable. De surcroît, la fiabilité du cadre réglementaire général et la stabilité politique et économique de la Suisse garantissent aux entreprises des conditions exceptionnelles pour l exercice de leur activité économique ainsi qu une sécurité durable en matière de planification. Son excellente accessibilité et ses infrastructures de qualité contribuent aussi largement au fort rayonnement helvétique. Les derniers développements en termes de réglementation du secteur de l assurance sont, par contre, moins réjouissants. Les révisions permanentes sont sources d incertitudes et les nombreuses divergences entre la réglementation suisse et les réglementations étrangères risquent de pénaliser la compétitivité des entreprises nationales. Défis Les défis que doit relever l'industrie de l'assurance sont extrêmement variés et dépendent énormément des caractéristiques propres à chaque entreprise, comme ses domaines d activité, son orientation géographique ou sa taille. Réassurances: Les marchés en plein essor des pays émergents ouvrent des perspectives significatives du fait de l élargissement de la demande. Conjugué aux défis en termes d adaptation ou de renouvellement des modèles des risques, le changement climatique génère aussi un accroissement de la demande de couverture de risques particulièrement graves. Assurances-vie: Outre, l actuelle faiblesse des taux d intérêt, les défis spécifiques qui se posent aux assurances-vie portent essentiellement sur leur gestion de l évolution démographique. En la matière, il s agit, d une part, de trouver les moyens de financer l allongement de l espérance de vie et, d autre part, d identifier de nouveaux champs d activité ou d élargir les champs existants. Assurances-accidents et assurances de dommages: Pour les assurances-accidents et les assurances de dommages, le principal défi réside dans la concurrence d éviction prédominante du fait de l extrême saturation du marché domestique. Dans ce domaine d activité, les opportunités découlent essentiellement de l immigration et de l innovation en termes de produits. Cadre réglementaire: Les évolutions réglementaires sont également des sources importantes de difficultés pour l'industrie de l'assurance. Avec le Test suisse de solvabilité (SST), la Suisse est l un des premiers pays à disposer d'un instrument de régulation flexible et orienté sur le risque; ce dernier peut d'ailleurs servir de modèle aux réglementations étrangères, lesquelles reposent en grande partie sur des règles. Si ce rôle de précurseur offre aux compagnies d assurances suisses l opportunité d être les premières opérationnelles («first mover advantage), il n en provoque pas moins dans le même temps une certaine inégalité des chances sur la scène internationale, car les règles suisses ont tendance à être plus restrictives. Conjugué aux directives de placement, le SST pourrait induire des risques systématiques au sein de l industrie suisse de l assurance puisque les compagnies tendent à orienter leurs stratégies de placement dans le même sens. La branche observe également avec scepticisme les développements en BAKBASEL 5

matière de protection des consommateurs. Toutefois, au regard du stade encore précoce de leur avancement, les éventuelles répercussions de la FIDLEG ou des révisions d autres textes législatifs ne sont encore que simples spéculations. «War for Talents»: En raison de la mondialisation de l économie et de l exacerbation de la concurrence, du personnel hautement qualifié s'impose. Avec son exceptionnelle offre de formation et sa qualité de vie de premier ordre, la Suisse est la mieux à même de répondre à ce besoin. Il s agit néanmoins de rester dans la course, de soigner l attractivité de la place suisse pour les individus et de pallier la pénurie de main d œuvre qualifiée en renforçant davantage encore et de manière ciblée la formation initiale et la formation continue du personnel local. Ces dernières années, le nombre d'apprenants dans le secteur de l'assurance n'a cessé de se réduire; cette tendance doit absolument être inversée. En cas de durcissement de la politique d immigration, le rôle primordial en Suisse de l offre de formation spécifique à l assurance ne manquera pas de se renforcer. Technologisation progressive: Le potentiel immense que revêt le progrès technologique est une gageure à lui tout seul et promet au secteur suisse de l'assurance de profonds bouleversements. Les outils techniques offrent aux clients aussi de nouveaux instruments d'information ainsi que la possibilité d'organiser leurs intérêts plus simplement. Ces deux phénomènes tendent à déplacer les forces en présence sur le marché en faveur des clients et, ainsi, à intensifier encore la concurrence. L exacerbation de la concurrence (provoquée par la libéralisation) était l'une des raisons de la montée en puissance des assurances au cours des années 1990 et continuera de s'accompagner de gains en productivité et de stimuler la croissance. Résumé Le marché suisse de l assurance compte au nombre des 20 plus importants marchés du monde. Dans aucun autre pays, les dépenses en primes d assurance pour la couverture des risques intérieurs ne sont aussi élevées qu en Suisse. Avec une valorisation de 20 milliards de francs ou une contribution de près de 4% à la valeur ajoutée brute nationale, le secteur de l assurance est un pilier important de l économie suisse. Au sein du secteur financier, l assurance occupe également une place non négligeable et contribue de manière déterminante à la diversification de la place financière. Dernièrement, l industrie suisse de l assurance a connu plusieurs virages ayant conduit à une mutation structurelle très nette. Suppression des cartels, technologisation, révision du modèle économique après l échec de l idée de bancassurance ainsi que constitution du cluster de réassurances sont les grandes étapes de ce renversement. Au global, le secteur de l assurance a bien surmonté cette mutation structurelle, comme en témoigne les fulgurantes améliorations de ses performances et de sa productivité. L année passée, l industrie de l assurance s est élevée au rang des moteurs de croissance de l économie suisse. Au regard de l éclaircissement conjoncturel qui se dessine depuis le milieu de l année 2013, la demande de prestations d assurances ainsi que le potentiel des placements financiers devraient continuer d enfler. BAKBASEL s attend à l affirmation d un développement 6 BAKBASEL

économique supérieur à la moyenne pour le secteur de l assurance. Si la place Suisse préserve son attrait actuel, le cluster de réassurances à Zurich devrait également se consolider. Ce rayonnement constitue l une des principales conditions essentielles à l émergence de diverses répercussions positives et d opportunités nouvelles pour cette branche. Le fait que la Suisse se montre exemplaire en la matière ne s explique pas principalement par l installation de nombre de compagnies d assurances et d instituts financiers renommés. Le cadre réglementaire fiable, la stabilité politique et économique, les infrastructures de premier ordre, la bonne accessibilité par les divers réseaux de transport ainsi que l imposition concurrentielle parallèlement à un budget public solide, tels sont les principaux paramètres de l'attrait de cette place. Le vivier de main d œuvre qualifiée constitue aussi un facteur prépondérant lors du choix par les entreprises de leur lieu d établissement. Avec son offre de formation de premier ordre et sa qualité de vie exceptionnelle, la Suisse est la mieux à même de répondre à ce besoin. La pénurie de main d œuvre spécialisée en assurances s aggravant au niveau international, les efforts ne devraient pas faiblir. Outre la préservation de ce rayonnement pour les individus, il est possible d endiguer cette pénurie de personnel qualifié en renforçant de manière ciblée la formation initiale et continue du personnel local. La branche observe avec inquiétude l évolution de la réglementation spécifique à l assurance. Selon la teneur du pendant européen au Test de solvabilité suisse (SST), Solvabilité II, une nette détérioration de l attrait de la place Suisse est à craindre. Un grand potentiel d opportunités réside dans la technologisation progressive de la branche, le changement climatique et la conquête de nouveaux marchés. Outre les pays en voie d industrialisation (pour les réassureurs), un accord avec l UE sur le commerce de services pourrait également constituer un véritable challenge. Toutefois, une telle ouverture du marché ne comporte pas uniquement des chances à saisir, mais aussi (du moins à court terme), des risques sous la forme d effets de fusions d entreprises. BAKBASEL 7