TABAC ET TRANSFERTS SOCIAUX



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Transcription:

TABAC ET TRANSFERTS SOCIAUX Pierre Kopp et Philippe Fénoglio Sommaire I INTRODUCTION... 2 II IMPACT DE LA CONSOMMATION DE TABAC SUR L EQUILIBRE D UN SYSTEME DE RETRAITE... 2 1 Les retraites par répartition... 2 2 Les fonds de pension... 5 III L EQUILIBRE TRANSFERTS SOCIAUX AUX ETATS-UNIS ET LE TABAC... 5 1 Retraites... 5 2 Système de soins... 11 IV TRANSFERTS SOCIAUX ET TABAC EN France... 11 1 Retraites... 11 2 Système de soins... 11 3 La taxation de la consommation... 11 V IMPLICATIONS POUR LA POLITIQUE PUBLIQUE... 11 VI CONCLUSION... 12 1

I INTRODUCTION Le bénéfice que les individus tirent des transferts sociaux est affecté par le fait de fumer ou non. Les individus payent des taxes sur le tabac (lorsqu ils fument), des cotisations retraites et santé et éventuellement des assurances vie et des compléments privés de retraite. Ils perçoivent, en contrepartie, des prestations retraites et bénéficient de soins plus ou moins gratuits. Les s contractent plus de maladies que les non s et décèdent plus rapidement. Ceci affecte l équilibre du système de santé et de retraite. Les s subventionnent-ils les non s ou bien le contraire. Cet article propose de passer en revue les mécanismes qui concourent à engendrer des subventions croisées entre et non s (II) avant de passer en revue les données empiriques disponibles (essentiellement aux Etats- Unis) (III) puis de donner un premier aperçu de la situation française (IV) avant de livrer les enseignements qu il convient de tirer pour la politique publique (V) et de conclure (VI). II IMPACT DE LA CONSOMMATION DE TABAC SUR L EQUILIBRE D UN SYSTEME DE RETRAITE Le système des retraites d un pays mélange, dans des proportions différentes, deux types de mécanismes. Le premier, fondé sur la répartition (souvent géré par l Etat) et le second basé sur la capitalisation et fréquemment confié à des fonds de pension. 1 Les retraites par répartition La mortalité et la morbidité liée au tabac ont un effet direct sur l équilibre du système des retraites. Elles affectent le montant des contributions comme celui des versements. Le montant total des cotisations de retraites versées par un individu à la caisse de retraite, durant sa vie, dépend de la durée de celle-ci et du niveau de ses revenus. Le revenu est une fonction de la productivité qui est influencée par le fait de fumer ou non via les conséquences 2

de l absentéisme plus important des s, engendré par leur morbidité plus élevée. Les personnes ayant des revenus plus faibles que la moyenne reçoivent donc des pensions de retraites inférieures à la moyenne puisque le montant mensuel de la pension est calculé en fonction du revenu mensuel moyen. Toutefois, une grosse différence de contribution ne se traduit que par une faible différence de paiements. Le montant des pensions de retraite reçu par un individu au cours de la vie dépend du montant de la pension et de l espérance de vie après la retraite. Le montant de la pension dépend du niveau d éducation, de la préférence pour le risque puisque les individus ont racheté ou non des points de retraites et d autres caractéristiques individuelles corrélées avec le taux de dépréciation du futur propre à chaque individu, mais pas nécessairement attribuable au fait de fumer ou non. La durée durant laquelle l individu reçoit sa pension est également déterminée par les caractéristiques du système de retraite, puisque le programme peut favoriser, ou non, la prise de retraite précoce. Ainsi, la différence d espérance de vie entre les s et les non-s affecte de manière cruciale les montant des pensions de retraites perçues par ces deux catégories d individus. Une survie plus longue se traduit immédiatement par une retraite totale plus élevée. Il faut également prendre en compte des éléments plus complexes. Une productivité plus faible sur le marché du travail due a une morbidité supérieure peut conduire a des taux plus élevés de retraite anticipée parmi les s puisque le coût d opportunité de la retraite, en termes de revenus perdus, sera plus faible. Bien que les ajustements des retraites anticipées sont censées être actuariellement «neutre» en moyenne (c est-à-dire qu ils réduisent les paiements mensuels inversement proportionnellement à la période durant laquelle les pensions sont censées être payés), ils ne prennent pas en compte les différences d espérance de vie basée sur le statu de ou non. Ainsi, une personne bien informée d une espérance de vie inférieure à la norme, comme un, peut gagner à prendre sa retraite anticipée avec une pension réduite alors que l individu bénéficiant d une espérance de vie supérieure devrait attendre pour prendre sa retraite de bénéficier d une retraite pleine. Enfin, certaines personnes payent pour avoir une retraite, mais n en bénéficient jamais car elles décèdent trop tôt. La forte mortalité des s vient peut être compenser partiellement leur plus grande morbidité et leur plus faible niveau de cotisation. Chaque survivant à 3

l âge de la retraite est financé par les contributions d un nombre relativement élevé de s qui n ont pas survécu jusque la retraite. Toutefois, le système de retraites prévoit généralement que lorsqu une personne meurt, une partie de sa pension fait l objet d une réversion vers le conjoint survivant. Donc, le fait de fumer réduit la contribution d un individu au système des retraites mais peut diminuer les pensions versées. Comment ces deux effets (différence d espérance de vie et différentiel de contribution) affectent le solde de la contribution des s aux retraites? Tableau 1 Tabac et équilibre du système de retraite Composente Relation avec le fait de fumer Effet du fait de fumer Montant des revenus Le fait de fumer peut réduire la producutvité du fait de la p morbidité plus éleve, du temps passé a fumer, du cout direct pour l emplou-yeur$ - Durée des revenus fumer diminue L espérance de vie. Fumer peut provoquer une retraite anticipée due a la morbidité élevé, due au pzaiement obtenus jeunes pour inaptitude au travail, due a des revenus pklsu faibles. - Niveau des taxes / earnings limits les Effet de fumer sur les paiements Pas de relation avec le fait de fumer Benefices - Benefice level Les niveau de contribution affectent le niveau des benefices, onset of benefits levels inflerunce benefice levels - Espérance de vie Timing on onset Fumer diminue l espérance de vie Fulmer encourage la retraite anticipée du fait de la morbitdité eleveer et de due to early onset of work 4 - - +

Effets de fuemr sur les benefices Effet nets Effect on benefit minus effet on contribution disability, due a des revnus plus faibles? 2 Les fonds de pension Les retraites privées constituent une source plus ou moins importante de revenu selon les pays. Les retraites privés, dans le modèle américain, et plus généralement, peuvent être classées en deux catégories. Les plans de retraites a bénéfice définis «defined benefit (DB)» et ceux à contributions fixes «Defined Contributions (DC)». Les retraites privées de type DB sont numériquement les plus répandues aux Etats-unis et le modèle DC est un modèle par répartition qui possède donc les mêmes caractéristiques que le système public déjà analysé. Un plan DB a de nombreux points communs avec le système par répartition. Les pensions sont calculées par une formule où intervient l âge de l employé, la durée durant laquelle il a cotisé et le montant de son salaire. L éligibilité aux pensions DB est régulée par les lois fédérales. Les retraites DB permettent des transferts importants entre les s et les non-s du fait de la faible longévité des premiers. Les plans DC offrent peu de possibilités de subvention croisées. III L EQUILIBRE TRANSFERTS SOCIAUX AUX ETATS-UNIS ET LE TABAC 1 Retraites Le système des retraites américain repose sur trois piliers, les assurances privées ou fonds de pension et les programmes de retraites publiques qui se divisent en deux volets. On distingue, d une part, le programme OASI «Old Age and Survivors Insurance) destiné à l ensemble des salariés et le programme, SSDI ( Social Security Disability 5

Insurance) qui offre une retraite aux personnes âgées de moins de 65 ans qui sont dans l incapacité de travailler. Le système public de retraite est fondé sur le fait que chaque génération de contributeurs doit payer un montant de contributions qui vient couvrir le montant des pensions versées à leurs aînés qui ont pris leur retraite. Il s agit d un programme classique par répartition. En 2002, il y avait 3,4 personnes employées pour un retraité. À partir de 2010, lorsque la génération du Baby Boom partira à la retraite, le ratio descendra vers 3,1 et atteindra, en 2.1. observons que le nombre de personnes dépendants du SSDI a augmenté dans les dernières années. L étude réalisée par Philip Morris (Arthur D. Little International, 2001) consacrée au cas de la République Tchèque a engendré de nombreux débats. Philip Morris a, par la suite présenté ses excuses pour avoir publié cette étude. L étude démontrait que le budget de l économie tchèque réalisait en 1999 une économie nette due au tabac de 160 millions de dollars. Paradoxalement, selon cette étude, les économies dues aux décès prématurés ne représentaient que 5,5 millions de dollars soit 0,9% de l économie totale, l essentiel provenant des taxes levées sur la consommation. Très peu d études se sont intéressées à l impact du tabac sur les retraites. Le point de vue qui fait consensus est que le tabac réduit plus les dépenses de pensions qu il ne réduit les cotisations. Les s subissent une perte importante, et transfèrent de la richesse vers les non s. Dans une étude la très complète, Shoven, Sundberg et Bunker (1989) analysent les recettes du système de retraite américain selon l appartenance des individus nés en 1920 à l une ou l autre des deux catégories : et non-. Utilisant les taux relatifs de mortalité de 1966 des deux catégories (s et non s), les tables d espérance de vie et le revenus moyens par sexe, les auteurs calculent les pensions touchées par les s et les non s pour les célibataires, hommes et femmes, et les deux types de couples. Ils estiment que la perte de valeur présente nette pour un couple de s dont l un des deux membres a pris sa retraite est compris entre 15575 dollars et 48918 dollars, lorsque seule la femme fume dans un couple de deux retraités où les deux personnes fument (en dollars 2000). D autres études sont arrivées a des conclusions similaires. Atkinson et Townsend (1977) ont analysé le coût des retraites et des soins pour le National Health Service anglais (NHS). Ils ont mesuré qu une réduction des coûts 6

de santé qu engendrerait une éventuelle baisse de 40% de la consommation de tabac serait contrebalancée par l augmentation des pensions qu il faudrait verser. De même Gori, Richter, Wu (1984) ont montré que les bienfaits pour l équilibre du système de santé de l amélioration de la santé des employés de Ford serait également dépassée par le coût des pensions supplémentaires. Viscusi (1995) a estimé que les économies pour les pensions payées par l Etat sont comprises entre 0,076 et 0,091 dollars par paquet de cigarettes et que le coût pour l Etat du tabac, du fait des revenus plus faibles payés aux s (en incluant les taxes pour les retraites mais excluant les,taxes sur le revenu) serait compris entre 0,21 et 0,26 dollars par paquet de cigarettes (dollars 2000). Les économies pour l Etat serait donc comprise entre 0,82 et 0,99 dollars par paquet. Dans une étude actualisée, Viscusi (1999) estime que la mortalité anticipée engendre une économie pour les retraites publiques et privées de 1,23 dollars par paquet alors que le coût des taxes de santé et de retraites non collectée est de 0,41 dollars 2000, par paquet. L étude récente de Sloane et al. (2004) conduit à des résultats analogues mais repose sur une méthodologie plus précise exploitant les données individuelles fournies par les dossiers des pensionnés entre 1951 et 1991. Il ressort que les femmes qui fumaient à l âge de 24 ans contribuaient à une hauteur de 23642 à l OASI au cours de leurs vies, soit 428 dollars de plus que les femmes qui n avaient jamais fumé, qui payaient 23214 dollars en moyenne. Les hommes s contribuaient en moyenne pour 58875 dollars soit 5572 dollars de moins que les non s qui avaient contribué pour 64447. Les anciens s ont contribué plus que les s, 23879 pour les femmes et 62702 pour les hommes. La différence de contribution qui est attribuable au fait de fumer représente 238 dollars pour les femmes et 3827 dollars pour les hommes et reflète les différences de survie aussi bien que les différences de revenu entre les s et les non-s. Même avec une espérance de vie plus courte, les bénéfices de la retraite pour les hommes sont plus importants que pour les femmes, ce quelle que soit leur attitude vis-àvis du tabac. Parmi les femmes, les non-fumeuses mariées à des s reçoivent les bénéfices les plus élevés dus à leur durée survie après la prise de retraite mais aussi car elles tirent des revenus supérieurs des pension de réversion à ce qu elles tireraient de leurs propres pensions. Parmi les femmes non mariées, les non fumeuses reçoivent des pensions de 6000 dollars supérieures à celles reçues par les fumeuses. Parmi les hommes, les «jamais 7

s» mariés à des fumeuses ont une espérance de revenu plus forte (55227 dollars), soit 20% de plus que les femmes jamais fumeuses et mariées à un (46423 dollars) et bien plus que les hommes s mariés à des femmes fumeuses (38733 dollars). Les femmes seules, fumeuses, ont la plus faible espérance de revenu (29006 dollars), malgré une espérance de vie plus longue que celle des hommes, l espérance de revenu des hommes est moins sensibles au statut de que celle des femmes. Pour les femmes fumeuses, en moyenne les bénéfices sont de 7000 dollars à 10000 dollars supérieurs si elles sont mariées. En comparaison avec les non-fumeuses, les revenus réduits et l espérance de survie parmi les s engendrent une réduction des bénéfices de 11324 dollars pour chaque homme et de 2729 dollars pour chaque femme fumeuse. En combinant ces résultats on obtient des résultats par couples. Les s mariés aux s sont victimes d une baisse de leur pension de 14066 dollars. Lorsque l homme fume et la femme pas, la perte est de 8326 dollars. Inversement quand la femme fume, mais pas l homme, la perte est de 4709 dollars ; puisque l espérance de vie des hommes est plus faible le bénéfice pour le survivant est plus faible quand la femme fume. Afin d être complet, il conviendrait de mentionner également les effets du tabac sur l équilibre du système des retraites personnes incapables de travailler (SSDI). Les tendances sont les mêmes que celles qui sont observées pour le système classique des retraites. En combinant les effets sur les deux systèmes de retraites on obtient le tableau suivant qui indique les effet globaux du tabac sur les retraites. Les femmes qui fument perdent 1519 dollars, soit une perte nette de 1761 dollars de pensions reçues, compensées par de plus faibles cotisations de 242 dollars. Pour les femmes, non-fumeuses, mariées à des s on enregistre un gain due la mortalité anticipée des époux. Les hommes s ont une perte de 6459 dollars. Il apparaît à la lecture de Sloane et al. (2004) que les s, du fait de leur forte mortalité, reçoivent moins de retraites que les «jamais s» même en prenant en compte leur plus faible contribution en cotisation. L effet sur l équilibre du système des retraites est de 1519 dollars pour une femme fumeuse de 24 ans et de 6549 dollars pour un homme de 24 ans. 8

Les hommes mariés s souffrent de la plus forte réduction de bénéfices du fait de leur mortalité précoce (6581 dollars au lieu de 7360) suivi par les hommes célibataires s (5367) et les femmes fumeuses mariées à des «jamais s»(4041). Les femmes «jamais fumeuses» mariées à des s bénéficient des pensions de reversions de leurs maris décédés de manière prématurée. Les s sont donc pénalisés par leur pratique, les bénéfices des pensions sont plus faibles même une fois pris en compte les plus faibles contributions. En fait la mortalité précoce joue plus que les plus faibles contributions. Dans un groupe de non-, le montant total des contributions disponibles augmente de 9% du fait du décès prématuré de certains avant 65 ans alors qu il augmente de 25% chez les s. Si la réduction de la consommation de tabac s avérait possible, il conviendrait de trouver des moyens de rééquilibrer le régime des retraites. Tableau 2 Tabac et équilibre du système de retraite américain (en dollars 2000) (AEffet sur les contributions à OASI Femm es Marriées à Non célibataire Total Homm es Mariés à fumeuse Non fumeuse célibataire Total Fumeur -116 178-528 -238-4,184-3,315-3,916 3,827 Jamais 0 0 0 0 0 0 0 0 (B) Effect on OASI benefices Fumeur -1,025-4,799-4,404-2,73 9-13,041-12,853-11,518-12,60 9 Jamais 90 0 0 22 4,527 0 0-1,99 9 ( C ) Effet sur SSDI contribution Fumeur 9 42-37 -4-488 -391-448 -446 9

Jamais 0 0 0 0 0 0 0 0 (D) sur SSDI Bénéfices Fumeur 978 978 978 978 1,787 1,787 1,787 1,787 Jamais 0 0 0 0 0 0 0 0 Effet net (B+D-A-C) Fumeur 60-4,041-2,861-1,51-6,581-7,360-5,367-6,549 9 4,527 0 0 1,99 9 Jamais Source : Note : avec un tau x d actualisation de 3% 90 0 0 22 Sloane (2004) montre que les s, du fait de leur forte mortalité, reçoivent moins de retraites que les jamais s même en prenant en compte leur plus faible contribution en cotisation. L effet sur l équilibre du système des retraites était de 1519 dollars pour une femme fumeuse de 24 ans et de 6549 dollars pour un homme de 24 ans. Les hommes mariés, s, souffrent de la plus forte réduction de bénéfices du fait d leur mortalité précoce (6581 dollars au lieu de 7360) suivi par les hommes célibataires s (5367) et les femmes fumeuses mariées a des jamais s (4041). Les femmes jamais fumeuses mariées à des s bénéficient des pensions de réversion de leurs maris décédés de manière prématurée. Les s sont donc pénalisés par leur pratique, les bénéfices des pensions sont plus faibles même une fois pris en compte les plus faibles contributions. En fait la mortalité précoce joue plus que les plus faibles contributions. Dans un groupe de non-,le montant total des contributions disponibles augmente de 9% du fait du décès prématuré de certains avant 65 ans alors qu il augmente de 25% chez les s. Si la réduction de la consommation de tabac s avérait possible,il conviendrait de trouver des moyens rééquilibrer le régime des retraites. 10

2 Système de soins IV TRANSFERTS SOCIAUX ET TABAC EN France Ici l idée est la suivante : Soins, on prend les dépenses de santé pour les s et les dépenses de santé pour les non s, on compmare. De l autre cote, on regarde ce que cotise perso et employereurs, les fuemeurs (c est sans doute moins car ils vivent moins longtemps). La taxe sur le tabac, combien ils payent a qui elle sert On regarde le solde Idem pour les retraites. 1 Retraites 2 Système de soins 3 La taxation de la consommation V IMPLICATIONS POUR LA POLITIQUE PUBLIQUE Premièrement, le fait que les s soient pénalisés, en terme de retraite, constitue un argument favorable pour inciter ces derniers a arrêter de fumer et les autres à ne pas compenser, à supposer que les s ne déprécient pas trop le futur. Deuxièmement, les industries du tabac peuvent mettre en avant que le fait de fumer engendre une économie pour le budget du système de retraite et exiger que le coût social du tabac qu on leur impute soit diminué de ces économies. Il est toutefois absurde de confondre une économie budgétaire et un gain social due à la mort prématurée 11

Troisièmement, les s pourraient exiger une baisse de leurs cotisations retraites au vue de ces résultats. Ceci n a pas de sens. Le système des retraites engendre une multitude de subventions croisées entre les femmes et les hommes, les gros et les faibles revenus, les célibataires et les non célibataires. L équité actuarielle n est pas l un des objectifs que le système des retraites se voit fixé ce qui dévalorise la portée d une telle réclamation ; Quatrièmement, on peut arguer d une limitation de la rationalité des s qui ne prennent pas suffisamment en compte les effets futurs de leur consommation présente et recommander une augmentation des taxes sur le tabac pour les forcer à prendre en compte cet effet. Cinquièmement, si les politiques publiques de réduction de la consommation de tabac sont efficaces il conviendra de trouver des sources complémentaires de financement du système des retraites. VI CONCLUSION 12