À PROPOS DE LA CONSTRUCTION DE L ESPACE DE MODULES DES FAISCEAUX SEMI-STABLES SUR LE PLAN PROJECTIF. Joseph LE POTIER



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Bull. Soc. math. France, 122, 1994, p. 363 369. À PROPOS DE LA CONSTRUCTION DE L ESPACE DE MODULES DES FAISCEAUX SEMI-STABLES SUR LE PLAN PROJECTIF PAR Joseph LE POTIER RÉSUMÉ. SoitM = M(r, c 1,c 2 ) l espace de modules des classes de S-équivalence de faisceaux semi-stables de rang r, de classes de Chern c 1 et c 2 sur le plan projectif. Nous montrons comment on peut décrire M comme quotient de Mumford d un ouvert d un sous-schéma fermé d un produit de deux grassmanniennes sous l action d un groupe réductif, et nous déterminons quelle polarisation on doit choisir sur ce produit de grassmanniennes pour interpréter cet ouvert comme ouvert de points semi-stables, au sens de Mumford, pour l action de ce groupe réductif. Cette polarisation se calcule en termes de rang et classes de Chern. ABSTRACT. LetM = M(r, c 1,c 2 ) the moduli space of S-equivalence classes of semistable sheaves of rank r, and Chern classes c 1 and c 2 ontheprojectiveplane.we show how to describe M as a Mumford quotient of an open set in a closed subscheme of a product of two Grassmann varieties, by the action of a reductive group. We determine what is the good polarisation on this product of Grassmann varieties to interpret this open set as the open set of semistable points for the action of the reductive group, in sense of Mumford. We can compute this polarisation with the rank and the Chern classes. 1. Introduction Nous apportons ici une réponse à une question qui nous a étéposée par S.A. STRØMME. Il s agit de donner une construction directe de l espace de modules des classes de S-équivalence de faisceaux semi-stables sur le plan projectif P 2,à partir des complexes de Kronecker semi-stables introduits dans [1]. La construction donnée dans [1] consistait, de manière un peu artificielle, à se ramener à celle de MARUYAMA [4] c est-à-dire à quotienter (*) Texte reçu le 16 novembre 1992. J. LE POTIER, UFRdeMathématiques et URA 212, Université de Paris VII, 2, place Jussieu, 75251, Paris CEDEX 05. Email : jlp@mathp7.jussieu.fr. Classification AMS : 14F05, 14J60. BULLETINDELASOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE 0037 9484/1994/363/$ 5.00 c Société mathématique de France

364 J. LE POTIER un schéma de Hilbert-Grothendieck par l action d un groupe réductif. La méthode expliquée ici consiste à comparer directement les complexes de Kronecker semi-stables avec l ouvert des points semi-stables d une variété projective pour l action d un groupe réductif. Le point essentiel est de déterminer quelle polarisation on doit choisir sur cette variété projective pour retrouver la définition standard des monades semi-stables. Par commodité, on va commencer par se ramener à l étude de l action d un groupe linéaire agissant sur un produit de grassmanniennes, ce qui réduit le calcul des points semi-stables à des résultats bien connus. 2. La variété G Comme il est d usage, on désigne par Q le fibré quotient canonique de rang 2 sur le plan projectif, et par V l espace vectoriel de ses sections ; l espace vectoriel dual V s identifie à l espace des sections de O(1). Soient (r, c 1,χ) trois entiers satisfaisant aux conditions suivantes : r <c 1 0, χ 0, χ 2c 1 + r. Soient H un espace vectoriel de dimension n = χ + r + c 1, K un espace vectoriel de dimension n + c 1,etL un espace vectoriel de dimension n (r + c 1 ). On considère les complexes de Kronecker 0 K 2 Q α H Q β L O 0. Rappelons [1] qu un tel complexe de Kronecker D est dit semi-stable si pour tout sous-complexe de Kronecker D D on a 1 rp D (m) r P D (m), où P D et P D désignent le polynôme de Hilbert de D et D,définis par la somme alternée des polynômes de Hilbert des composantes, et r et r les rangs respectifs de D et D,définis aussi par la somme alternée des rangs des composantes. On considère la variété M ss des complexes de Kronecker semi-stables. Le groupe G = Gl(K) Gl(H) Gl(L) opère sur M ss. Il s agit de montrer qu il existe un bon quotient M ss M(r, c 1,χ). Il est en fait commode de commencer par quotienter par l action du sous-groupe distingué Gl(K) Gl(L). On sait que pour un tel complexe semi-stable, le morphisme α est génériquement injectif, et que le morphisme β est 1 Les polynômes sont ordonnés par ordre lexicographique, commençant par les termes de plus haut degré. TOME 122 1994 N 3

FAISCEAUX SEMI-STABLES SUR LE PLAN PROJECTIF 365 surjectif. Le seul faisceau de cohomologie du complexe ci-dessus est F = Kerβ/Im α ; ce faisceau est semi-stable au sens de Gieseker et Maruyama, et a pour rang r, pourpremière classe de Chern c 1 et pour caractéristique d Euler-Poincaré χ. Il en résulte que pour un tel complexe, l application linéaire a : K H V définie par a = H 0 (α(1)) est injective, et l application linéaire b : H V L définie par b = H 2 (β( 3)) est surjective. Considérons le produit de grassmanniennes G =Grass n+c1 (H V ) Grass n (r+c1) (H V ), où le premier facteur est la grassmannienne des sous-espaces de dimension n + c 1 et le deuxième facteur est la grassmannienne des sous-espaces de codimension n (r + c 1 ). Le groupe Gl(K) Gl(L) opère librement sur M ss, et on a un morphisme équivariant φ : M ss G qui associe au complexe de Kronecker semi-stable D =(α, β) lapaire (K =Ima, L =kerb). LEMME 2.1. Le morphisme φ fait de M ss un Gl(K) Gl(L)-fibré principal au-dessus d une sous-variété localement fermée N ss de G. Définition de N ss. Pourdécrire la variété N ss on introduit pour tout sous-espace vectoriel H H et tout point (K, L) G les sous-espaces vectoriels K K et L L définis par K = a 1 (H V ), L = b(h V ), où a : K H V est l inclusion canonique et b : H V L la projection canonique sur L, considéré comme espace vectoriel quotient de H V. On définit χ,n,c 1,r par les formules : dim H = n, dim K = n + c 1, dim L = χ = n (r + c 1). La sous-variété N ss est définie par les paires (K, L) G satisfaisant aux conditions suivantes : (1) Les morphismes canoniques K 2 Q α H Q β L O satisfont àl équation β α =0. BULLETINDELASOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE

366 J. LE POTIER (2) Pour tout sous-espace H H, on a : r(c 1 m + χ ) r (c 1 m + χ). Démonstration du lemme 2.1. Il est clair que la paire (K,L) associée au complexe de Kronecker D satisfait àlacondition(1);elle satisfait également à la condition (2), car la paire (K,H ) associée à un sous-espace H H définit un sous-complexe D D, et la condition (2) résulte de la définition de la semi-stabilité écrite pour ce souscomplexe. Réciproquement, une paire (K, L) N ss définit un complexe de Kronecker D 0 K 2 Q α H Q β L O 0 et le morphisme α est trivialement injectif ; pour voir que ce complexe est semi-stable, on peut considérer le sous-complexe maximal D D (cf. [1, p. 212]) : 0 K 2 Q α H Q β L O 0. Ce sous-complexe est en fait une monade d après [1, lemme 2.4]. Il en résultequelerangr est 0 et que le complexe D coïncide avec celui qui est associé au sous-espace H H. De la condition (2) résulte la semi-stabilité ducomplexed. Dès lors, si on trivialise localement les fibrés universels sur G on construit des sections locales pour le morphisme équivariant φ. L énoncé en résulte. 3. La polarisation On désigne par G ss l ouvert de G despaires(k, L) qui satisfont àla condition (2) ci-dessus. On se propose de montrer que G ss est l ouvert des points semi-stables de G pour une polarisation que nous allons préciser. Pour tout sous-espace H H, on considère le polynôme de degré 1 P H (m) =(rc 1 r c 1 )(m 1) + (rχ r χ), où les entiers r,c 1,χ sont ceux qui ont été définisdanslasection2.on obtient ainsi une famille finie de polynômes de degré 1,et on peut choisir un entier m = m(r, c 1,χ) assez grand pour que l on ait les équivalences : P H < 0 P H (m) < 0, P H =0 P H (m) =0. TOME 122 1994 N 3

FAISCEAUX SEMI-STABLES SUR LE PLAN PROJECTIF 367 On choisira en outre m assez grand pour que (r + c 1 )m>n.un tel entier m sera fixé dans toute la suite. L ouvert G ss est défini par les paires (K, L) qui satisfont à la condition P H (m) 0 pour tout sousespace vectoriel H de H. On munit G du plongement G P ( n+c1 (H V ) ) P ( 2n+(r+c1) (H V ) ) induit par le plongement de Plücker sur chacun des facteurs. Ceci donne un sens au fibré inversibleo(k, l) pour tout couple d entiers (k, l), et l action de Sl(H) surg se relève de manière naturelle en une linéarisation de ce fibré inversible. THÉORÈME 3.1. Soient k =(r + c 1)m n et l = c 1 m + n. La variété projective G étant munie de la polarisation définie par le fibré très ample L = O(k, l), l ouvert G ss coïncide avec l ouvert des points semistables de G pour l action naturelle du groupe Sl(H). Considérons un sous-groupe à un paramètre : λ : C Sl(H). Rappelons que si z G est un point fixe sous l action de λ, ondéfinit l entier µ = µ(λ, z) parlaformule λ(t)ξ = t µ ξ pour ξ L z.siy G est un point quelconque, l entier µ(λ, y) estdéfini par µ(λ, y) =µ(λ, z), où z est la spécialisation z = lim t 0 λ(t)(y). Le point y est semi-stable sous l action de Sl(H) si pour tout sous-groupe à un paramètre λ de Sl(H) onaµ(λ, y) 0. Considérons un point y =(K, L) G et désignons par H i la somme directe des sous-espaces propres correspondant aux valeurs propres t j, avec j i. La suite H i est croissante ; désignons par K i et L i les sousespaces de K et L associés, et par gr i (H), gr i (K) etgr i (L) les gradués associés. LEMME 3.2. On a µ(λ, y) = i i m i avec m i = k dim gr i (K)+l ( 3dimgr i (H) dim gr i (L) ). C est un calcul standard que nous ne reprendrons pas ici (voir [5], [3]). Il en découle le critère suivant. BULLETINDELASOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE

368 J. LE POTIER LEMME 3.3. Le point y =(K, L) est semi-stable si et seulement si pour tout sous-espace vectoriel H H de dimension n on a, avec les notations de la section 2 : 1 n (k dim K l dim L ) 1 (k dim K l dim L). n Démonstration du théorème 3.1. L inégalité dulemme 3.3 s écrit encore, avec les notations de la section 2 : On a : k(n dim K n dim K) l(n dim L n dim L) 0. n dim K n dim K = nc 1 n c 1, n dim L n dim L = n χ nχ = n (r + c 1 ) n(r + c 1 ). Considérons la matrice : c 1 n r + c 1 c 1 n r+ c 1. c 1 n r+ c 1 En développant le déterminant par rapport à la dernière ligne, et compte tenu des valeurs de k et l et des relations 2n = r + dimk + diml et 2n = r +dimk +diml, on voit que cette inégalitéestéquivalente à c est-à-dire : nm(rc 1 r c 1 )+n(nr n r) 0, (rc 1 r c 1 )(m 1) + rχ r χ 0. Compte tenu du choix de m, ceci signifie exactement que le point (K, L) appartient à l ouvert G ss. REMARQUE 3.4. On a bien sûr un peu de liberté dans le choix de la polarisation. Avec la polarisation que nous avons choisie, les calculs s arrangent un peu mieux. COROLLAIRE 3.5. L espace de modules M(r, c 1,χ) est une sous-variété fermée de la variété projective N(r, c 1,χ):=G ss /Sl(H). Lorsque r, c 1 et χ sont premiers entre eux, les points semi-stables de G sont stables, et l action du groupe Sl(H) se factorise en une action libre de PSl(H) de sorte que la variété projective N(r, c 1,χ) est lisse. TOME 122 1994 N 3

FAISCEAUX SEMI-STABLES SUR LE PLAN PROJECTIF 369 Il nous paraît intéressant de calculer l anneau de Chow de cette variété : les fibrés universels introduits par G. ELLINGSRUD et S.A. STRØMME [2] s étendent à cette variété, et la classe fondamentale [M] dem(r, c 1,χ) se calcule facilement en termes des classes de Chern de ces fibrés en utilisant la formule de Porteous. En calquant l article de G. ELLINGSRUD et S.A. STRØMME, on obtient que l anneau de Chow A(M(r, c 1,χ)) est isomorphe au quotient de A(N(r, c 1,χ)) par l annulateur de [M]. BIBLIOGRAPHIE [1] DREZET (J.M.) et LE POTIER (J.). Fibrés stables et fibrés exceptionnels sur le plan projectif, Ann. Sci. École Norm. Sup. (4), t. 18, 1985, p. 193 244. [2] ELLINGSRUD (G.) and STRØMME (S.A.). Towards the Chow ring of the Hilbert scheme of P 2,Preprint,1992. [3] LE POTIER (J.). Fibrés vectoriels sur les courbes algébriques,cours de DEA, Université Paris 7, 1991. [4] MARUYAMA (M.). Moduli of stable sheaves, II, J.Math.Kyoto Univ., t. 18, 1978, p. 557 614. [5] MUMFORD (D.) and FOGARTY (J.). Geometric Invariant Theory, Springer Verlag, 1982. BULLETINDELASOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE