magazine Un arrêt d exploitation



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TOPICS magazine La revue destinée aux assureurs Faits, marchés, positions Numéro 1/2014 Un arrêt d exploitation coûteux Les catastrophes naturelles peuvent avoir des répercussions sur la production à l échelle mondiale. Cependant les chaînes d approvisionnement sont de plus en plus solides. PAGE 26 RC Produits Les prothèses examinées à la loupe Marchés L Italie retourne sur la voie de la croissance Assurance Automobile Assainir le portefeuille pour améliorer la rentabilité

AVANT-PROPOS Chères lectrices, chers lecteurs, La Terre tremble au Japon et, en Europe, les chaînes de production sont à l arrêt. Cela peut induire de lourdes charges financières : de nombreuses entreprises de l industrie automobile et électrotechnique ont en fait l expérience en 2011. Depuis, beaucoup d entre elles ont identifié les failles dans leur chaîne d approvisionnement et élaboré des plans d urgence. Dans la souscription, l appréciation de la gestion des risques chez l assuré est l élément crucial permettant d évaluer exactement le risque résiduel contenu dans une couverture Carence des fournisseurs. Vous trouverez plus d informations à ce sujet page 26 et suivantes. L Italie fait partie des pays européens qui ont particulièrement souffert de la crise financière globale. Lentement la reprise s annonce, et on s attend à enregistrer enfin, pour 2014, une tendance positive du produit intérieur brut. Si l économie redémarre, les entreprises et les particuliers vont devoir aussi commencer à combler les lacunes dans leurs garanties. Mais dans d autres domaines également, il est grand temps d agir : ainsi, le sol italien étant régulièrement secoué par des séismes, un bon nombre de joyaux architecturaux sont en péril. Comme les caisses du Trésor publique sont vides et ne peuvent donc fournir les moyens nécessaires pour la remise en état, il faut trouver de nouvelles solutions. Un partenariat public-privé, auquel travaille déjà Munich Re en collaboration avec la fédération italienne des assureurs, pourrait constituer une solution. Lisez à ce sujet notre article sur le marché italien, page 12 et suivantes. Munich, janvier 2014 Torsten Jeworrek : Membre du Directoire de Munich Re et Président du Comité de réassurance NOT IF, BUT HOW Munich Re Topics Magazine 1/2014 1

Sites de production sous les eaux Cette usine, située dans la province de Ayyuthaya, a aussi été submergée par les flots lors des inondations survenues en Thaïlande en 2011. À la suite de cette catastrophe naturelle, un grand nombre de chaînes de production ont été à l arrêt dans le monde entier. Depuis, entrepreneurs et assureurs ont pris de nombreuses mesures visant à limiter les risques de carence des fournisseurs. 26 2 Munich Re Topics Magazine 1/2014

Sommaire Dans l assurance Automobile, le type de voiture joue un rôle important pour la tarification. Mais la rentabilité du portefeuille dépend du profil des conducteurs et leur façon de conduire. 6 L ambiance s améliore. La croissance de l économie italienne va vraisemblablement reprendre en 2014. Les entreprises et les particuliers devraient alors combler les lacunes dans leurs garanties. 12 ASSURANCE AUTOMOBILE Le risque lié aux conducteurs en point de mire 6 Les critères de tarification sont décisifs pour une souscription rentable. Montre-moi ta voiture et je te dirai qui tu es 10 Stefan Schulz nous parle des tendances actuelles sur le marché de l assurance Automobile. Italie Une lueur d espoir 12 L Italie retourne sur la voie de la croissance. Et les besoins de rattrapage en matière de prévoyance individuelle privée sont importants. Il est urgent de trouver une solution 16 pour les risques de séismes Massimo Reina (Guy Carpenter) interviewé à propos du marché de l assurance en Italie Petites et moyennes entreprises 20 Performantes mais sous-assurées Les trésors du patrimoine artistique situés 22 en zone sismique Patrimoine historique en danger CARENCE DES FOURNISSEURS Une meilleure vue d ensemble à tous les niveaux 26 Entrepreneurs, assureurs et réassureurs ont beaucoup appris. RC PRODUITS Les prothèses examinées à la loupe 30 L objectif : améliorer la qualité de vie. Le risque : des sinistres sériels se chiffrant à plusieurs milliards. ASSURANCE VIE Demande acceptée 38 Une coopération internationale facilite l assurabilité des maladies rares. PLACEMENTS FINANCIERS À la recherche des rendements perdus 42 Comment trouver le juste équilibre entre rendement et risque? Avant-propos 1 Actualités 4 Recension 37 Chronique 46 Mentions légales Munich Re Topics Magazine 1/2014 3

ACTUALITÉS DE L ENTREPRISE social media Rejoignez-nous en ligne! NATHAN RISK SUITE Nouvelles zones d inondation globales SÉMINAIRES CLIENTS Knowledge in dialogue Cela fait déjà bien longtemps que nos lecteurs peuvent, sur notre site Internet, commenter les articles publiés dans Topics Online. Ils ont également la possibilité de contacter Munich Re sur les diverses plateformes des médias sociaux : nous sommes actifs sur Twitter, Facebook, Google+, YouTube, LinkedIn et Xing. Suivez-nous et suivez avec nous les thèmes concernant l assurance : dans des articles intéressants, des vidéos captivantes ou de manière très actuelle via les «live tweets» des évènements d entreprise ou de la branche. >> twitter.com/munichre >> facebook.com/munichre >> youtube.com/user/munichrevideo >> linkedin.com/company/munich-re >> xing.com/companies/munichre >> plus.google.com/ 115897201513788995727 Nous développons constamment le NATHAN Risk Suite afin de le rendre encore plus attrayant pour vous. Un rapport d analyse des valeurs assurées est ainsi disponible depuis la fin de l année 2013. Les zones inondables seront prochainement et à ce jour de manière exclusive sur le marché mises à disposition tout d abord pour les États-Unis, le Canada, l Amérique centrale et les Caraïbes. Elles se basent sur un modèle numérique de terrain doté d une résolution de 30 mètres. Jusqu à présent, la norme de référence concernait une précision de 90 mètres pour toutes les choses découlant des observations globales des risques naturels. Nous mettons à disposition des zones inondables modélisées hydrauliquement avec une période de récurrence de 100 ans ou de 500 ans. La haute résolution sera peu à peu également disponible pour d autres régions. En 2014, Munich Re propose de nouveau un éventail très intéressant de séminaires et ateliers adaptés aux besoins de sa clientèle internationale. Celle-ci a le choix parmi 50 séminaires et ateliers portant sur des thèmes d assurance et de réassurance des secteurs Vie et non-vie, mais aussi sur l «Enterprise Risk Management» des sociétés d assurance. Les séminaires ont lieu à Munich et sur différents autres sites de notre organisation internationale. Avec le programme du séminaire, nous souhaitons offrir à nos clients un forum pour le transfert de connaissances et le réseautage. >> Si vous souhaitez participer à l un de nos séminaires, veuillez s il vous plaît contacter votre manager Clients. Brèves Ces derniers temps, l Europe a connu de nombreux scandales alimentaires. Et tandis que la nourriture y est jetée négligemment, des gens meurent de faim dans de nombreuses parties du monde. Mais selon les experts, le problème de la faim dans le monde n est pas une question de quantité, mais un problème de distribution. Dans les forums de dialogue 2014 de la Fondation Munich Re, «Famine en abondance?», des personnalités de renom dans le monde de la science, de la politique et des affaires, se penchent sur cette question au cours de 5 soirées. Plus d informations sur : www.munichre-foundation.com/dialogforen2014 En automne, le magazine spécialisé Reactions a récompensé Munich Re en tant que meilleur réassureur dans la catégorie «International (Non-US) Casualty/Liability» et a également couronné du titre du meilleur ILS-Deal (Insurance Linked Securities) 2013 le contrat d emprunts pour catastrophes de Munich Re pour les tremblements de terre en Turquie. Il existe enfin un nouvel ouvrage de référence en langue allemande sur le sujet du droit de la réassurance. Le livre est le seul à se pencher sur ce sujet complexe et comprend des articles sur toutes les questions juridiques de la réassurance. Bien entendu, il aborde également des questions internationales. L ouvrage a été publié en novembre 2013 par C. H. Beck à Munich sous la direction de Dieter W. Lüer et d Andreas Schwepcke (ISBN 978-3-406-62975-4). Eberhard Witthoff et Tobias Büttner de Munich Re ont contribué à la rédaction. >> Lisez sur ce point, l entretien avec Eberhard Witthoff dans Topics Online : www.munichre.com/wcs/ en/homepage/default.aspx 4 Munich Re Topics Magazine 1/2014

ACTUALITÉS DE L ENTREPRISE Le Groupe de Recherche Géorisques a 40 ans La connaissance approfondie des risques naturels constitue la base de nombreuses décisions de souscription C est en 1974 que Munich Re a créé le domaine «Risques naturels». Le prédécesseur de Peter Höppe, Gerhard Berz, était à l époque le premier expert en sciences de la Terre à travailler pour une assurance. Topics : Monsieur Höppe, y avait-il à cette époque une raison particulière pour le lancement de la nouvelle unité «Risques naturels», plus tard le Groupe de Recherche Géorisques? Peter Höppe : Il n y avait pas de raison très concrète, mais la direction s étonnait déjà au début des années 1970 de l accumulation frappante de catastrophes naturelles inhabituelles et souhaitait mieux comprendre ces phénomènes. C est en 1974 que le météorologue Gerhard Berz a ainsi été engagé ; il a été suivi quatre ans plus tard par le géophysicien Anselm Smolka. Qu est-ce qui a changé depuis? Au lieu des 2 employés de l époque, il y a maintenant environ 35 personnes qui, au sein de la société, se penchent sur les risques naturels, à savoir des météorologues, géophysiciens, géologues et hydrologues. Les géoinformaticiens ont déjà gagné en importance, car avec les outils qu ils développent, comme Nathan par exemple, nos souscripteurs et clients sont en mesure de pouvoir analyser leur portefeuille en fonction des risques naturels. Cela signifie-t-il que la principale mission est restée la même? Oui. Notre objectif est de pouvoir évaluer au mieux les risques d évènements naturels de chaque région et d analyser les vulnérabilités. Ces informations sont ensuite combinées aux données d exposition dans les modèles de risque qui permettent aux souscripteurs de pouvoir évaluer les attentes de sinistres. La modélisation des risques naturels a donc un impact significatif sur notre activité. Les priorités ont-elles pour autant changé? La nouveauté est que les risques changent de plus en plus fortement du point de vue de la météorologie. Sur ce point, nous souhaitons reconnaître et comprendre le plus tôt possible les tendances, à savoir si des cycles naturels et le changement climatique en sont à l origine. À cette fin, nous faisons de la recherche intensive tout en travaillant en étroite collaboration avec des scientifiques externes et les institutions internationales afin d être toujours en tête. Notre expertise est-elle d autre part demandée à l extérieur? Assurément. Nous sommes par exemple, des experts très demandés au sein du GIEC. Gerhard Berz a contribué aux rapports 3 et 4 et a ainsi obtenu en 2007, avec le GIEC et Al Gore, une part du prix Nobel de la Paix. Le diplôme est accroché dans nos bureaux. Dans le rapport actuel, notre collègue Eber hard Faust est un «Leading Author». Quelles sont à présent les dernières découvertes? Peter Höppe dirige depuis dix ans chez Munich Re le département Geo Risks Research and Corporate Climate Center, qui fêtera son jubilé en 2014. Dans la revue «American Meteorological Society», nous avons récemment publié un document novateur concernant les évènements météorologiques de convection aux États-Unis. Nous avons également été pour la première fois en mesure de démontrer l influence d un cycle climatique naturel sur les sinistres résultant de typhon dans notre article «Severe Weather in Eastern Asia» publié en novembre. Cet article permet de conclure que nous devons encore nous attendre à encore plus de sinistres dans les années à venir ; la saison des typhons 2013 en a peut-être été le début avec Haiyan. Munich Re reste donc une sorte d «avertisseur»? Oui, nous voulons créer une sensibilisation face aux risques résultant au changement climatique. Toutefois, nous nous engageons de plus en plus activement pour les solutions visant à la protection climatique et à l adaptation, par exemple avec le projet Desertec de Dii ou la Munich Climate Insurance Initiative (MCII). >> www.munichre.com/touch/ naturgefahren >> www.climate-insurance.org Munich Re Topics Magazine 1/2014 5

ASSURANCE AUTOMOBILE Le risque lié aux conducteurs en point de mire Une gestion de portefeuille adéquate est une condition nécessaire pour pouvoir pratiquer une souscription rentable. Pour cela, il faut trouver les critères de tarification adaptés en s inspirant des autres marchés. José Antonio Sobrino Reineke La rentabilité d un portefeuille automobile dépend considérablement du profil des clients et de leur façon de conduire. L âge du conducteur à risque et le type de véhicule ont longtemps joué un rôle décisif dans l assurance Automobile. Sur les marchés de plus en plus libéralisés, le conducteur fait désormais l objet d une attention accrue. Ainsi, les hommes autrefois classés dans la catégorie des «jeunes conducteurs masculins inexpérimentés» cristallisaient toute l attention, car ce sont eux qui occasionnent en général la plupart des dégâts et des coûts : ils sont 3 à 5 fois plus souvent impliqués dans un accident que des adultes plus expérimentés. En raison de la loi sur l égalité de traitement, ce facteur de risque n est cependant plus admissible. Depuis décembre 2012, il est interdit de différencier les tarifs selon le sexe de l assuré(e). Il convient donc de se concentrer sur d autres aspects. Identifier les polices à haut risque constitue la première étape simple dans la gestion du portefeuille ; il s agit déjà, dans une certaine mesure, d une pratique courante chez la plupart des assureurs. Une autre possibilité consiste à modifier le comportement au volant par le biais d une formation ou d un système de surveillance installé dans le véhicule. Mais ce sont là des mesures généralement disproportionnées par rapport à l effet quelles ont. Quand on demande aux clients de s autoévaluer, on obtient inévitablement une réponse de ce type : «En x années de conduite, je n ai eu aucun accident et je conduis mieux que la moyenne.». Mais le fait est que même les bons conducteurs manquent parfois de vigilance. La question est donc de savoir comment quantifier le comportement au volant de façon générale lorsque ne survient que rarement un accident. En ce qui concerne la gestion de leurs portefeuilles, les assureurs peuvent atteindre bien des résultats en faisant preuve de discipline dans le cadre de la souscription et en se posant les bonnes questions telles que : «Quel est le niveau de risque que nous sommes prêts à assurer?» et «Comment pouvons-nous limiter autant que possible le nombre de conducteurs à risque dans notre portefeuille?» Une solution pourrait consister à demander le nom des personnes conduisant le véhicule et de quelle expérience de la conduite elles disposent. Divers critères de tarification sont envisageables Une étude espagnole a récemment mis en lumière une différence significative au sein du groupe à risque des jeunes conducteurs. D une part, on trouve les personnes qui optent pour une voiture petite mais relativement neuve et, d autre part, celles qui préfèrent acheter une voiture d occasion plus ancienne et dotée d un moteur plus puissant ou bien un véhicule plus insolite de type Roadster. D après cette étude, les jeunes conducteurs du deuxième groupe qui choi- Qui conduit le véhicule? Il s agit d une question essentielle pour la souscription en assurance Automobile. Munich Re Topics Magazine 1/2014 7

ASSURANCE AUTOMOBILE Le comportement du consommateur est également révélateur. Des études montrent que les acheteurs à crédit représentent davantage un risque que les clients qui paient comptant. Les clients pour lesquels le plus important est que l assurance soit peu coûteuse semblent aussi représenter un risque supérieur à la moyenne. En revanche, les clients qui font preuve d un plus grand sens des responsabilités et qui possèdent souvent des véhicules très coûteux recherchent un assureur fiable pouvant leur fournir un service de qualité à un prix raisonnable. Les clients et le portefeuille doivent faire l objet d une analyse minutieuse Le type de voiture et sa motorisation sont également considérés lors de l analyse des risques. sissent une plus grosse cylindrée présentent des risques plus élevés. C est la raison pour laquelle, certaines compagnies d assurance appliquent des majorations notamment pour les voitures d occasion (par exemple pour les véhicules de plus de 6 ans achetés d occasion) ou pour les jeunes conducteurs. Plus les tarifs sont complexes, plus il est difficile d assainir le portefeuille. Les assureurs réagissent à ce problème en apportant diverses solutions : certains exploitent les résultats, alors que d autres essaient d en savoir plus sur les caractéristiques particulières du conducteur en effectuant des analyses détaillées. Le nombre d infractions routières entre également en compte. Sur certains marchés, notamment aux États- Unis et en Allemagne, on recourt à un système de points permettant de répertorier le nombre et le type d infractions routières commises par le titulaire du permis de conduire. Ce système s est avéré être un indice très significatif du comportement d une personne sur la route et de la probabilité qu elle soit impliquée à l avenir dans un accident. Il est également important de considérer le temps nécessaire à la réalisation de cette analyse. Lorsqu un assureur ne pose aucune question, il prend le risque de couvrir tous les conducteurs à haut risque que ses concurrents ne veulent plus assurer. D autres assureurs suivent la stratégie simple du non-renouvellement des polices en cas de sinistre. Pourtant, de telles mesures de contrôle prises a posteriori ne peuvent en aucun cas remplacer une souscription méthodique. Les compagnies qui peuvent adapter leurs tarifs et leurs produits à leur profil de clientèle sont mieux placées pour gérer la conclusion des contrats et sont moins menacées par la concurrence des sociétés à bas prix. Cette approche est toutefois délicate et requiert un partenaire expérimenté. Grâce à sa présence mondiale, Munich Re peut compter ici sur des expériences multiples sur divers marchés. Nous pouvons ainsi développer avec vous des stratégies innovantes et personnalisées pour optimiser votre portefeuille. N hésitez pas à nous en parler! Sur d autres marchés, on ne trouve aucune source d information fiable sur les anciennes infractions routières des conducteurs. Dans ce cas, les statistiques de la police concernant certains quartiers peuvent s avérer utiles. La fiabilité financière constitue un autre aspect lié au comportement au volant : les factures sont-elles payées à l échéance? La personne perçoit-elle un revenu régulier? Sait-elle apprécier à sa juste valeur la protection financière d une assurance? Cet aspect peut être évalué dans une certaine mesure par le biais des cotes de solvabilité dont le contrôle est désormais devenu un standard en matière d assurance de risques personnels aux États-Unis et en Europe. NOTRE EXPERT : José Antonio Sobrino Reineke occupe le poste de Senior Consultant au sein de la division Motor Consulting. jsobrinoreineke@munichre.com 8 Munich Re Topics Magazine 1/2014

ASSURANCE AUTOMOBILE >> Vous trouverez d autres thèmes sur le marché de l assurance Automobile dans notre publication actuelle intitulée «Préparez-vous à prendre la pole position». N hésitez pas à la demander à votre manager Clients! Vue d ensemble des facteurs de risque Risque lié au conducteur Âge du conducteur Catégorie de bonus Profession Garage, kilométrage Sinistres antérieurs Autres facteurs Risque lié au véhicule Motorisation/cylindrée Âge du véhicule Type de carburant Modèle de voiture Classe de risque du modèle Accessoires (alarme, ABS) Autres facteurs Facteurs régionaux Pays Région Ville Code postal ou similaire Autres facteurs Couverture Somme assurée Franchise Choix du produit Couvertures complémentaires, notamment pour les accessoires, remplacement du matériel ancien par du neuf, couverture de la différence/assurance automobile complémentaire, services d assistance Autres facteurs Assurance liée à l usage Nombre de trajets Types de routes empruntées Durée d utilisation Vitesse relative Autres facteurs Autres Circuit de distribution Bureau régional Utilisation des véhicules Structure de la commission Les critères les plus divers sont pris en compte dans la tarification de l assurance Automobile. Toutefois, sur de nombreux marchés moins développés, les tarifs tiennent surtout compte du risque lié au véhicule, bien que le risque imputable au conducteur soit prépondérant. Source : Munich Re/Unité Motor Consulting Munich Re Topics Magazine 1/2014 9

ASSURANCE AUTOMOBILE Montre-moi ta voiture et je te dirai qui tu es Stefan Schulz, directeur de l Unité Motor Consulting, évoque les évolutions actuelles sur le marché de l assurance Automobile et les offres de conseil de Munich Re. Topics : Monsieur Schulz, quelles sont les tendances actuelles du marché de l assurance Automobile? Stefan Schulz : Les différentes compagnies sont depuis longtemps confrontées à une situation difficile. Sur de nombreux marchés développés, le volume des primes se situe actuellement à peu près au même niveau qu il y a 20 ans, bien que le nombre de voitures en circulation ait considérablement augmenté. Sur la centaine d assureurs que compte le marché allemand, seuls quelquesuns gagnent de l argent. Les autres présentent un ratio combiné de plus de 100 %. En Grande-Bretagne, les écarts entre les compagnies rentables et non rentables sont encore plus importants. Les nombreuses fusions de ces dernières années n ont-elles pas amélioré la situation? Depuis des années déjà, les acteurs du marché se font de plus en plus rares. Seuls quelques-uns ont pu profiter pleinement de la vague de fusions. Au fil des années, une compagnie norvégienne, par exemple, avait repris environ 18 concurrents et atteint une part de marché supérieure à 50 %. Mais une dizaine d années plus tard, sa part de marché est descendue sous la barre des 20 %. Et cette tendance va se poursuivre avec l avancée du numérique : selon des estimations réalisées par des instituts indépendants, 50 à 70 % des assureurs Automobile à travers le monde pourraient disparaître dans les 10 à 15 années à venir. En quoi les compagnies rentables sont-elles différentes? Les compagnies d assurance rentables sont très sélectives et gèrent bien mieux leur portefeuille. Elles le surveillent en permanence et adaptent leurs conditions rapidement ; certaines peuvent même modifier quotidiennement leurs tarifs. Pour cela, elles ont surtout besoin d un système informatique performant et flexible. Un trop grande nombre d entreprises n investissent pas dans ce domaine ou travaillent, après une fusion, avec plusieurs systèmes informatiques qui ne peuvent pas communiquer entre eux ou très difficilement. Voilà comment se perdent de nombreuses informations qui permettraient une analyse approfondie des affaires! Constatez-vous aussi ce phénomène dans le cadre de vos prestations de conseil? Oui, la qualité des données est malheureusement souvent insuffisante pour réaliser une analyse détaillée : en l absence de numéros de clients uniques, les données sur le portefeuille ne peuvent souvent pas être rattachées aux données de sinistres correspondantes. Ainsi, lorsqu un client assuré depuis 10 ans déjà auprès d une compagnie achète une voiture neuve, il est à nouveau classé dans la catégorie des nouveaux clients avec un nouveau numéro de La motorisation ou la couleur d une voiture en disent déjà beaucoup sur son propriétaire. 10 Munich Re Topics Magazine 1/2014

ASSURANCE AUTOMOBILE Stefan Schulz dirige depuis 2008 l Unité Motor Consulting de Munich Re. police. Les informations du client sont alors perdues et on ne peut plus analyser le déroulement. La qualité de la base de données est ainsi altérée. Comment l Unité Motor Consulting soutient-elle concrètement ses clients? Normalement, la consultation commence par un contrôle rapide de 3 jours chez le client. Sur place, 2 ou 3 personnes discutent avec tous les départements pour se familiariser avec les processus et identifier les points faibles. En outre, nous obtenons toutes les données nécessaires relatives au portefeuille et aux sinistres et nous les analysons ensuite en 6 semaines environ. Puis, nous présentons nos résultats au client et parlons avec lui des solutions possibles. Il peut s agir d une intervention unique ou qui s étale dans le temps puisque nous accompagnons certains clients pendant plusieurs années. Où peut-on mettre l accent pour améliorer la rentabilité? Hormis la qualité des données dont j ai déjà parlé, nous constatons parfois que certains clients n ont aucun profil de client cible ou que leurs tarifs et circuits de distribution ne sont pas adaptés aux clients finaux qu ils aimeraient avoir. Nous faisons ensuite des propositions sur la façon dont l éventail de produits peut être modifié, avec des tarifs adaptés aux groupes cibles et une offre de services adéquate pour chacun. Souvent, dans une perspective d assainissement, on doit affiner sensiblement la sélection des risques, ce qui peut parfois se répercuter sur les nouvelles activités. Peut-on mesurer la réussite d une telle opération de conseil? Oui, chez certains de nos clients, le résultat a pu être amélioré de 25 % en à peine 2 ans, grâce à la prise en compte de nouveaux critères dans la tarification et à l amélioration de la sélection des risques. À propos des critères de tarification, depuis près d un an, les assureurs européens n ont plus le droit d utiliser le sexe de l assuré(e) comme critère. La transition a-t-elle été difficile? Pas en Allemagne car, chez de nombreuses compagnies, le tarif ne prenait plus en compte ce critère depuis longtemps. En Grande-Bretagne, en revanche, ce changement a suscité de vifs débats. Les différences de tarif y étaient bien plus importantes et, de ce fait, les répercussions aussi. À l échelle européenne, de nombreux assureurs ont profité de cette loi pour augmenter les primes de tous les assurés, tandis que dans d autres pays cette loi a continué d attiser la concurrence. Mais au fond, cette particularité homme ou femme ne joue aucun rôle. On peut utiliser de nombreux autres critères. En Allemagne, on en compte actuellement environ 70. Si vous demandez aujourd hui à quelqu un le modèle de voiture qu il conduit, vous pouvez lui dire le genre de personne qu il est. Dans le cadre de la législation antidiscrimination, on discute de l interdiction d utiliser l âge comme critère de tarification. Quelles en seraient les conséquences pour une tarification adaptée aux risques? Les conséquences seraient relativement importantes. Pour avoir une idée de ce à quoi ressemble le tarif d une assurance Automobile en fonction de l âge, imaginez un graphique en forme de baignoire : d un côté se trouvent les très jeunes conducteurs avec des tarifs élevés, ensuite vous avez des taux de sinistres et des tarifs qui restent longtemps à un niveau beaucoup plus bas, et à partir de 70 ans la courbe remonte. L âge est donc un critère déterminant pour une tarification adéquate. Dans la tranche des 18 25 ans, seuls quelque 25 % des conducteurs causent des dommages d une importance telle que la totalité du segment devient non rentable. Si je parviens à les exclure par filtrage, je peux alors assurer correctement les autres. Munich Re Topics Magazine 1/2014 11

Italie Une lueur d espoir Après une longue récession, il y a de bonnes chances que l Italie retourne en 2014 sur la voie de la croissance. Et la nécessité, vu les finances publiques tendues, de renforcer la prévoyance individuelle privée pour la prévoyance vieillesse et santé ainsi que pour les risques de séisme pourrait conférer de nouvelles impulsions au secteur de l assurance. Paolo Ghirri L Italie fait partie des pays d Europe qui ont été particulièrement touchés par les répercussions de la crise financière mondiale. Alors que la conjoncture a déjà montré des signes de reprise dans des parties de l Union européenne, ce n est qu avec hésitation que le pays s est rétabli, mais il a dérapé en automne 2011 vers une nouvelle récession. Contrairement à la crise de 2008 à 2009, marquée par un commerce mondial en recul, l économie a été cette fois-ci paralysée principalement à cause d une chute des dépenses de consommation privées et publiques et d un manque d investissements. Seules les exportations ont donné des signes de croissance encore modestes. À cela s est ajouté le fait que les marchés financiers ont regardé l évolution des finances publiques d un œil de plus en plus critique. Les conséquences de la perte de confiance se sont manifestées par des intérêts en augmentation rapide pour les emprunts d État italiens. Les taux de rendement ont atteint fin 2011 plus de 7 %, ce qui a fait surgir la crainte d une crise de la dette publique. Milan change de visage : un tout nouveau quartier est né entre la gare Garibaldi et la Piazza della Repubblica. Munich Re Topics Magazine 1/2014 13

Italie Figure 1 : La croissance réelle du produit intérieur brut (PIB) et des primes d assurance 50 40 30 20 10 0 10 20 30 L Italie reprend très lentement le chemin de la croissance et les primes d assurance pourraient de nouveau augmenter. PIB réel (variation en % par an) Primes d assurance Vie, croissance réelle (en % par an) Primes P&C, croissance réelle(en % par an) Source : Munich Re, Economic Research Estimation 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Figure 2 : PIB par habitant en standard de pouvoir d achat* Seul un gouvernement de transition sous la conduite de Mario Monti, professeur d économie et ancien commissaire de l Union européenne, est parvenu à stabiliser les finances publiques et à regagner la confiance des marchés. Durant son mandat, qui a duré environ un an et demi jusqu en avril 2013, Monti n a pas seulement appliqué un programme d épargne, il a également mis en œuvre des réformes d urgence nécessaires dans le secteur de l administration, des retraites, de la justice et sur le marché de l emploi. En outre, il a intensifié la lutte contre la corruption et la fraude fiscale. Les progrès considérables réalisés dans la consolidation du budget ont produit leurs effets : en mai 2013, l UE a suspendu sa procédure de déficit excessif contre le pays. Selon l estimation de la Commission européenne, l Italie est sur la bonne voie, mais doit s en tenir à la politique fiscale restrictive et faire avancer les réformes. Déjà avant les années de crise, depuis l introduction de l euro, l Italie luttait contre un déficit de croissance structurel. Les coûts de main-d œuvre en constante augmentation sans les progrès de productivité correspondants, qui ne peuvent plus être amortis dans l Union monétaire par des dévaluations, ont affaibli la position concurrentielle sur le plan international. À cela s ajoute une infrastructure en partie insuffisante que le développement freine au sud et au centre de l Italie et donc dans les régions qui disposent du plus grand potentiel de croissance. Les autres obstacles sont une bureaucratie peu favorable aux entreprises, un système juridique pesant et la migration du personnel qualifié à l étranger. Une disparité Nord-Sud inchangée Ce qui est frappant c est l écart entre le nord, économiquement très développé avec un niveau de vie élevé et un faible chômage, et le sud (voir la figure 2). Malgré tous les efforts, cette disparité n a pas pu être réduite, ce que Enrico Letta, Premier ministre actuel, a qualifié depuis fin avril 2013 comme la conséquence de la politique défaillante menée par les dirigeants durant plusieurs décennies. Letta a entrepris une lutte implacable contre la corruption et la criminalité et a placé la croissance ainsi que la création d emplois au premier plan. Toutefois, il ne peut pas inverser la politique d austérité de son prédécesseur en un tour de main et doit donc essayer de parvenir à un équilibre difficile entre croissance et discipline budgétaire. * en pourcentage de la moyenne des 27 pays de l UE On reconnaît bien ici l écart Nord-Sud. < 125 100 < 125 75 < 100 50 < 75 < 50 Source : Eurostat, Annuaire régional (2013) Les conditions, pour relancer la croissance, sont en réalité favorables : L Italie fait partie des grandes nations industrialisées occidentales et occupe dans l UE la quatrième place, derrière l Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, en matière de produit intérieur brut (PIB). Elle est la huitième économie du monde. La structure économique avec un secteur des services et de production bien développé est diversifiée ; un grand nombre de petites et moyennes entreprises remportent, avec des produits de grande qualité, de grands succès à l exportation (voir l article «Performantes mais sous-assurées», page 20). Avec 14 Munich Re Topics Magazine 1/2014

Italie Expo 2015 Toujours plus haut à Milan Après celle de 1906, Milan organisera à nouveau une exposition universelle l année prochaine. L Expo 2015, qui porte le slogan «Nourrir la planète, de l énergie pour la vie», veut apporter des réponses aux défis de l alimentation mondiale. Une série de grands projets dans le cadre de cette manifestation à venir sont en train de modifier le visage de la ville. Ces dernières années, la ville a connu des changements rapides entre la gare Garibaldi et la Piazza della Repubblica située au cœur de Milan. Sur des friches industrielles est en train de naître, sur plus de 290 000 m 2, un nouveau quartier avec des logements et des bureaux, des hôtels ainsi que des centres culturels intégrés dans un espace vert spacieux. La Unicredit Tower, qui avec ses 231 mètres est le plus haut bâtiment d Italie, occupe une place dominante au milieu des nombreuses nouvelles tours. Mais il convient de préciser que si la Tower occupe la toute première place en hauteur, c est grâce à la pointe haute de 84 mètres située sur son toit. En termes d étages utilisables, avec ses 161 mètres, le centre administratif de la région Lombardie, qui se trouve tout à côté, dépasse la Unicredit Tower et fait de l ombre à la tour Pirelli (127 mètres) construite dans les années 50 près de la Stazione Centrale, la gare centrale. Mais il y a encore plus haut : sur le vieux champ de foire à la périphérie ouest du centre-ville, de spectaculaires constructions s élèvent dans le ciel. Au centre du quartier réaménagé se dressent 3 tours d une hauteur comprise entre 150 et 202 mètres qui ont été conçues par les 3 grands architectes Arata Isozaki, Zaha Hadid et Daniel Libeskind. En raison de leur forme particulière, les bâtiments ont été baptisés populairement «le droit», «le tordu» et «le bossu». La transformation de cet espace d environ 255 000 m 2 a été rendue possible grâce au déménagement du parc des expositions aux portes de la ville. Un musée, un centre culturel et des complexes d appartement font également partie de l ensemble. Milan gagne de la hauteur : L Unicredit Tower est maintenant avec ses 231 mètres le plus haut bâtiment de la ville et de toute l Italie. Un grand terrain de 1,1 million de m 2 carrés, à côté du nouveau parc des expositions de Milan, situé au nordouest dans les municipalités de Rho et de Pero constituera le cœur de l Expo 2015. Conçu comme une île encerclée par un canal, le site de l Expo est traversé par un axe principal portant le nom de World Avenue. Tout le long de cette avenue, qui mesure 1,5 kilomètre de long et 35 mètres de large, sont installés les pavillons des pays participants. Transversalement à cet axe principal s étend le Cardo, une rue de 325 mètres de long et 30 mètres de large, où sont présentées l Italie et ses régions. À l intersection des 2 axes, là où l Italie rencontre le monde, se trouve la Piazza Italia, le centre de l Expo 2015. Les investissements en infrastructure, les hôtels et un nouveau parc d expositions doivent faire à nouveau de Milan ce que la ville lombarde s est toujours considérée être : la capitale secrète et économique de l Italie. Munich Re Topics Magazine 1/2014 15

Italie une performance économique d environ 30 %, les exportations représentent un appui essentiel à l économie italienne, l Allemagne étant le partenaire commercial le plus important. En dépit des réformes engagées, l OCDE juge encore le marché de l emploi trop rigide. Le ministère du travail italien lui-même voit dans la perte de productivité, surtout par rapport à l Allemagne, l obstacle principal pour améliorer la compétitivité. Les propositions présentées à plusieurs reprises par la fédération des entrepreneurs Confindustria visant l introduction de conventions collectives de portée régionale, au lieu de la validité nationale obligatoire jusqu ici, se heurtent toutefois à une résistance de la part des syndicats. À moyen terme, le développement démographique est un sujet de préoccupation. Une espérance de vie élevée, un faible taux de natalité et une pyramide des âges de la population défavorable seront un frein à la croissance au cours des prochaines décennies. Il est d autant plus important pour le pays d améliorer la compétitivité et de remettre de l ordre dans le budget. De même, en ce qui concerne les systèmes sociaux, l évolution démographique s avère être un problème. Pour pallier ce problème, l augmentation des pensions de retraite a été limitée et l âge de la retraite a été relevé. En outre, à l avenir, les personnes en activité devront de plus en plus recourir à des outils de protection privés. Il est urgent de trouver une solution pour les risques de séismes Massimo Reina est Président et CEO de Guy Carpenter en Italie. Il a parlé avec Topics des perspectives pour le marché de l assurance en Italie. Massimo Reina, président et PDG de Guy Carpenter à Milan et dirigeant de Guy Carpenter Fac. International à Londres Topics : Du point de vue d un observateur international, comment estimez-vous le potentiel du marché italien? Massimo Reina : L Italie vit actuellement une des phases les plus difficiles de son histoire : L économie se contracte depuis 2 ans, le niveau de vie diminue et le chômage est élevé, surtout chez les plus jeunes. D autre part, les Italiens ont toujours eu la capacité extraordinaire de ne pas se laisser démoraliser. C est pourquoi, personnellement, je continue à considérer l avenir avec optimisme. En matière d assurances, la situation est différente : les entreprises italiennes sont fortes et solides, et le marché recèle encore un potentiel de croissance considérable. Par rapport au produit intérieur brut, les dépenses en matière d assurances sont plus faibles que presque partout ailleurs en Europe. Entre-temps, l activité de l assurance Vie a manifestement repris son cours. Il existe une réelle chance que la tendance de croissance négative change maintenant de direction aussi bien pour l assurance non-vie que pour l assurance Vie. Le marché italien de l assurance se concentre aujourd hui plus que jamais sur un petit nombre de multinationales avec une rétention propre potentiellement plus élevée. Par conséquent, il y a moins d activité de réassurance. Quelles modifications ou quels développements jugez-vous nécessaires sur le marché de la réassurance? La réassurance est un outil de gestion de capital et offre des solutions innovantes et approfondies qui vont bien au-delà de la gestion des risques individuels ou des portefeuilles de risques. Les entreprises italiennes sont des clients exigeants et, à ce titre, elles ont déjà changé 16 Munich Re Topics Magazine 1/2014

Italie Figure 3 : Pénétration de l assurance en 2012 (en pourcentage du PIB) Royaume-Uni France Suisse Espagne Allemagne Italie Vie Property et Casualty 0,0 2,0 4,0 6,0 8,0 10,0 Nécessité d une plus grande initiative personnelle en matière de prévoyance De même, dans d autres secteurs du système social, les Italiens doivent se préparer à des modifications d une portée considérable. Aldo Minucci, président de l ANIA, la fédération italienne des assureurs, ne laisse planer aucun doute : une initiative personnelle plus forte est nécessaire pour garantir une prévoyancesanté appropriée. Il demande plus de souplesse dans le cadre de l exercice des droits des co-assurés et des incitations fiscales plus fortes. En outre, la protection contre le risque de dépendance devrait être encouragée et intégrée automatiquement dans l offre des fonds de pension. Source : Munich Re, Economic Research d attitude. Les fractions des risques gardées pour propre compte étant plus élevées, il s est produit un recul des dépenses totales, surtout parce que la part de la réassurance proportionnelle a reculé. D autre part, on développe constamment de nouvelles solutions et de nouveaux produits. Cela offre de la même manière aux réassureurs et aux courtiers toute une série de nouvelles possibilités. En ce qui concerne les pleins de conservation dans le cas des traités en excédent de sinistres, je voudrais faire remarquer que certains des plus grands clients européens sont justement en train de repenser leur stratégie. Ils ont pu constater qu une rétention propre plus élevée n est pas toujours efficace en termes de capital. Comment les réassureurs peuvent-ils soutenir le marché italien qui doit affronter des problèmes non seulement du côté de la demande mais également du côté de l offre? Le manque d offre en Italie n est sûrement pas un problème de quantité, car les capacités y sont plus que suffisantes. Cependant, il se peut que cela soit un problème de qualité, dans la mesure où les réassureurs et les courtiers devraient se concentrer de la même manière sur l élaboration de produits nouveaux et innovants à la hauteur des défis d aujourd hui. Beaucoup de choses ont déjà été faites de ce point de vue, mais comme cela est souvent le cas, ce n est pas encore suffisant. L introduction de Solvency II traîne en longueur. Comment les entreprises italiennes sont-elles préparées aux nouvelles lignes directrices? Le défi réel consiste de nos jours à se procurer du capital. Chaque PDG réfléchit à la façon d y parvenir, que Solvency II soit sur le point d entrer en vigueur ou non. La réassurance est de ce fait un outil souple qui peut être utilisé aussi bien pour constituer du capital supplémentaire que pour réduire les besoins en capitaux. Par conséquent, je suis convaincu qu elle continuera à jouer un rôle important. En ce qui concerne l application de Solvency II, je crois que les retards posent des difficultés surtout aux acteurs de plus petite taille. Les plus grandes entreprises s y préparent au moins en partie depuis un certain temps. Elles sont parvenues grosso modo à mettre en place une gouvernance solide y compris une fonction de gestion des risques dans tous les secteurs d activité. Même si la plupart des assureurs italiens ont l intention de définir leur position en matière de capital sous Solvency II selon la formule standard, au moins 4 groupes d assurances ont déjà formulé une demande d autorisation préalable pour des modèles internes. Les séismes les plus récents, qui ont causé beaucoup de dommages, ont mis en lumière une série de problèmes liés à la prévention et à la gestion des risques. Que peut-on faire ici pour améliorer la situation? Le fait qu il y a des risques de séismes en Italie n est en rien nouveau. Les terribles catastrophes des années passées ont toutefois encore montré combien il est urgent de trouver ici une solution pour traiter ce genre d événements. Bien que le secteur de l assurance travaille déjà depuis un temps considérable à différentes options, l Italie reste l un des rares pays industrialisés ne disposant pas d un programme prévu par l État ou d un programme combiné public-privé. Mais les initiatives les plus récentes du gouvernement semblent indiquer une sensibilisation croissante à ce problème. Par conséquent, je suis optimiste quant à une solution prochaine. L ANIA, la fédération italienne des assureurs, a déjà formé un groupe de travail qui se compose de représentants de toutes les grandes entreprises italiennes ainsi que de Munich Re et Guy Carpenter. Munich Re Topics Magazine 1/2014 17

Italie Toutefois, même dans le secteur des catastrophes naturelles, il faut s attendre à de grandes modifications si le gouvernement ne peut plus jouer suffisamment son rôle «d assureur de dernière instance» parce que les caisses de l État sont vides. D autres solutions doivent combler le vide qui en résulte (lire également à ce sujet l entretien avec Massimo Reina, page 16). Les séismes des années passées en Émilie- Romagne (2012) ou à L Aquila (2009) ont encore confirmé à quel point l Italie est fortement exposée aux risques de catastrophes naturelles. Il ya quelques temps, le secteur de l assurance a déjà signalé qu il était disposé à coopérer à la constitution d un système combiné public-privé pour couvrir de tels risques. Selon Tom Van den Brulle, directeur de l antenne de Munich Re à Milan, une participation plus directe aurait toute une série d avantages : allègement du budget public, responsabilisation des propriétaires d appartements et de maisons, une plus grande transparence et plus de sécurité dans le règlement des sinistres dans le temps. L assurance non-vie : un segment qui manque de tonus La nécessité de faire plus de prévoyance individuelle privée dans les secteurs des catastrophes naturelles et de la protection sociale pourrait conférer un nouvel élan au secteur de l assurance en Italie. Avec des rentrées de cotisations brutes de 108 milliards d en 2012, la branche se place certes dans le peloton de tête européen derrière la Grande-Bretagne, la France et l Allemagne. La grande partie des cotisations se concentre toutefois sur le secteur de l assurance Vie. À l exception de la RC Automobile, le segment de l assurance non-vie est toutefois peu développé lorsque l on opère une comparaison au plan européen (voir aussi figure 4). Après 2 années de rentrées de cotisations en recul, l année 2013 a marqué un changement de tendance. Le total des primes encaissées (assurance Dommages et Vie) pourrait s élever selon les estimations à 114 milliards d. Les augmentations viennent essentiellement de la branche assurance Vie qui se trouve maintenant en hausse après l effondrement de 18 % en 2011 et un nouveau recul en 2012 ( 5,5 %). Au total, le volume des primes encaissées pourrait connaître une hausse de 15 % et dépasser ainsi 80 milliards d. L augmentation repose sur un portefeuille plus grand et plus spécifique de produits de la branche I qui sont vendus aux guichets des banques, ainsi que sur la vente, de nouveau croissante, de polices de la branche III qui devraient profiter de la situation améliorée des marchés boursiers et financiers. Dans le segment des sinistres, l encaissement de primes pourrait en revanche se réduire encore légèrement, ce qui est surtout dû à la conjoncture languissante. Alors que le recul dans les branches autres que l automobile pourrait encore être dans une certaine mesure modéré, les cotisations dans la branche de l assurance Automobile sont de manière particulièrement évidente sous pression, surtout en raison de la diminution persistante des nouvelles demandes d immatriculation. Au total, les primes réalisées en 2013 pourraient s élever à environ 34 milliards d, après 35,4 milliards d en 2012. Changement de tendance pour l encaissement de primes Compte tenu de la hausse des primes réalisées, particulièrement dans la branche Vie comme déjà mentionné, la rentabilité des assureurs pourrait aussi augmenter. En 2012 déjà, la tendance négative des 2 années précédentes a été rompue. Au total, les assureurs ont réalisé en 2012 un profit de 5,8 milliards d après déduction d impôts et ont pu ainsi plus que compenser la perte de 4,4 milliards des 2 années précédentes. La branche Dommages, avec un profit de 0,6 milliard d, clopinait toutefois très loin derrière la branche Vie avec un excédent de 5,1 milliards d. Figure 4 : Répartition des primes en assurance non-vie, 2012 L assurance RC Automobile représente presque 50 % du marché de l assurance non-vie et prédomine donc nettement. Il y a donc encore de la marge. RC Automobile : 49,6 % Accidents et Santé : 14,4 % Dommages aux biens : 13,9 % Transport : 9,0 % RC générale : 8,3 % Crédit et caution : 1,3 % Autres branches : 3,4 % Source : ANIA, juillet 2013 18 Munich Re Topics Magazine 1/2014