IFT2505. Programmation Linéaire

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Transcription:

IFT 2505 Programmation Linéaire DIRO Université de Montréal http://www.iro.umontreal.ca/~bastin/ift2505.php Automne 2013

Solutions de base min c T x x s.c. Ax = b, x 0. Supposons m n et rang(a) = m. Sans perte de généralité, supposons les m premières colonnes de A indépendantes, et formons A = ( B D ) Solution de base: x = (x b 0), avec Bx b = b. Solution de base dégénérée: si x b contient des composantes nulles. Solution de base réalisable: solution de base telle que Ax = b et x 0.

Théorème fondamental de la programmation linéaire Soit un PL sous forme standard, avec A de dimension m n et de rang plein (i.e. rang(a) = m. S il y a une solution réalisable, alors il y a une solution de base réalisable. S il y a une solution réalisable optimale, alors il y a une solution de base réalisable optimale. Preuve. Réalisabilité. Ecrivons... A = a 1 a 2 a n... et x = (x 1, x 2,, x n )

Théorème fondamental de la PL: réalisabilité Si x est réalisable, alors x 1 a 1 + x 2 a 2 +... + x n a n = b. Supposons qu il y a exactement p composantes > 0. S.p.d.g., supposons qu il s agit des p premières composante: x 1,..., x p. Alors, nous avons x 1 a 1 + x 2 a 2 +... + x p a p = b. Cas 1: a 1,...,a p linéairement indépendants. Dès lors, p m. Si p = m, la preuve est complète. Supposons donc p < m. Comme A est de rang plein, on peut choisir m p vecteurs (colonnes de A) à partir des n p vecteurs restants pour former un ensemble de m vecteurs linéairement indépendants. En affectant la valeur 0 aux m p variables correspondantes, on obtient une solution de base réalisable (dégénérée).

Théorème fondamental de la PL: réalisabilité Cas 2: a 1,..., a p linéairement dépendants. Dès lors, pour un certain y = (y 1, y 2,..., y p, 0,..., 0) ( R n ), avec au moins un y i > 0, Dès lors, pour un ɛ quelconque, Autrement dit, y 1 a 1 + y 2 a 2 +... y p a p = 0. (x 1 ɛy 1 )a 1 + (x 2 ɛy 2 )a 2 +... (x p ɛy p )a p = b. A(x ɛy) = b. Pour ɛ > 0, et croissant, les composantes de x ɛy augmentent, diminuent, ou restent constantes, suivant que y i est négatif, positif ou nul.

Théorème fondamental de la PL: réalisabilité Prenons ɛ = min{x i /y i y i > 0}. Soit j l indice permettant d atteindre ce minimum. Alors x j ɛy j = 0, et donc x ɛy a au plus p 1 variables positives. En répétant ce processus si nécessaire, on peut éliminer des variables positives jusqu à obtenir une solution réalisable avec des colonnes correspondantes qui sont linéairement indépendantes. Le cas 1 s applique alors.

Théorème fondamental de la PL: optimalité Soit x = (x 1, x 2,..., x n ) une solution optimale réalisable, et comme précédemment, supposons qu il y a exactement p variables positives x 1, x 2,..., x p. On peut distinguer à nouveau deux cas. Le cas 1, correspondant à l indépendance linéaire, se traite comme pour la question de réalisabilité. Le cas 2 procède également de manière similaire à la réalisabilité, à ceci près que nous devons montrer que pour n importe quel ɛ, la solution x ɛy est optimale.

Théorème fondamental de la PL: optimalité La fonction objectif prend alors comme valeur c T x ɛc T y. Pour ɛ suffisamment proche de 0, qu il soit positif ou négatif, x ɛy est réalisable (on ne change pas le signe des composants). Dès lors, c T y = 0. En effet, si c T y 0, un ɛ suffisamment petit et de signe adéquat conduirait à réduire la valeur de la fonction objectif, tout en maintenant la réalisabilité. Dès lors, x ne serait pas optimal. On peut alors appliquer le procédé du cas 2 sur la réalisabilité, pour diminuer le nombre de composantes non-nulles de la solution, tout en maintenant l optimalité, puis en se ramenant au cas 1.

Conséquences du théorème On peut résoudre un PL en énumérant les solutions de base réalisables. Problème: il peut y en avoir beaucoup. Pour n variables et m contraintes, nous pouvons avoir jusqu à solutions de base. ( ) n m = n! m!(n m)!

Exemple Considérons le programme max 2x + 3y t.q. x 1 2x + 3y 5 x 0, y 0. On voit immédiatement que la valeur optimale est 5 (pourquoi?). Sous forme standard, nous obtenons min 2x 3y t.q. x u = 1 2x + 3y + s = 5 x 0, y 0, s 0, u 0.

Exemple Graphiquement: y 1 0 0 1 2 3 x 5 = 2x + 3y

Relations à la convexité But: faire le lien entre solutions de base réalisables et points extrêmes d un polytope. Un point x d un ensemble convexe C est un point extrême de C s il n existe pas deux points distincts x 1 et x 2 dans C tels que x = αx 1 + (1 α)x 2 pour un certain α, 0 < α < 1. Polyèdre P = {x Ax b}. Polytope: polyèdre borné non vide. (Voir Annexe B de Luenberger et Ye pour plus de détails).

Convexité Un ensemble C dans E n est dit convexe si pour tout x 1, x 2 C, et pour n importe quel réel α tel que 0 < α < 1, le point αx 1 + (1 α)x 2 C. Géométriquement, cela revient à dire que chaque point du segment joignant deux points quelconques d un ensemble convexe est aussi dans cet ensemble.

Convexité: propriétés 1 Si C est en ensemble convexe et β un nombre réel, l ensemble est convexe. βc = {x x = βc, c C}, 2 Si C et D sont deux ensembles convexes, l ensemble est convexe. C + D = {x x = c + d, c C, d D}, 3 L intersection de n importe quelle collection d ensembles convexes est convexe.

Equivalence des points extrêmes et des solutions de base Soit A une matrice m n de rang m et b un vecteur de dimension m. Soit K le polytope convexe consitué de l ensemble des vecteurs x de dimension n satisfaisant Ax = b x 0. Un vecteur x est un point extrême de K si et seulement si x est une solution de base réalisable pour le système précédent. Preuve Supposons tout d abord que x = (x 1, x 2,..., x n ) est une solution de base réalisable. S.p.d.g., x 1 a 1 + x 2 a 2 +... + x m a m = b, où a 1, a 2,..., a m sont les m premières colonnes de A, linéairement indépendantes.

Equivalence des points extrêmes et des solutions de base Supposons par l absurde que x n est pas un point extrême. Il est alors combinaison convexe de deux autres points de K: y, z K, y z, α (0, 1) tels que x = αy + (1 α)z. Comme x 0, y 0, z 0, les n m dernières composantes de y et z sont nulles. Par définition de K, on a aussi y 1 a 1 + y 2 a 2 +... + y m a m = b, z 1 a 1 + z 2 a 2 +... + z m a m = b, Comme a 1, a 2,..., a m linéairement indépendantes, x = y = z.

Equivalence des points extrêmes et des solutions de base Supposons à présent que x est un point extreme de K, et s.p.d.g. que les composantes non-nulles de x sont les k premières composantes. Dès lors: avec x i > 0, i = 1,..., k. x 1 a 1 + x 2 a 2 +... + x k a k = b, Pour montrer que x est une solution de base, nous devons montrer que a 1, a 2,..., a k sont linéairement indépendants. Supposons par l absurde que ce n est pas le cas. Alors, il existe y = (y 1, y 2,..., y k, 0..., 0) tel que y 1 a 1 + y 2 a 2 +... + y k a k = 0,

Equivalence des points extrêmes et des solutions de base On peut prendre ɛ 0 suffisamment petit pour avoir et x + ɛy 0, x ɛy 0, x = 1 2 (x + ɛy) + 1 (x ɛy). 2 Clairement, aussi x + ɛy, x ɛy K. A(x + ɛy) = A(x ɛy) = b, Dès lors, x peut être exprimé comme combinaison convexe de deux points distincts de K, et donc n est pas un point extrême. Ceci implique qu on doit avoir a 1,..., a k linéairement indépendants, et de là, k m. x est dès lors solution de base.

Corollaires Corollaire 1 Si l ensemble convexe K est non vide, il y a au moins un point extrême. Corollaire 2 S il existe une solution optimale finie à un problème de programmation linéaire, il existe une solution optimale finie qui est un point extrême de l ensemble de contraintes. Corollaire 3 L ensemble de contraintes K possède un nombre fini de points extrêmes. Preuve. L ensemble des points extrêmes de K est un sous-ensemble des solutions de base, qui sont en nombre fini (il y a un nombre fini de sélections possible de m colonnes de A parmi n colonnes). Corollaire 4 Si le polytope convexe K est borné, alors K est un polyhèdre convexe, i.e. K consiste de points qui sont combinaisons convexes d un nombre fini de points.