L'auto-détermination L usager est considéré non comme utilisateur des services, mais comme acteur participatif de la qualité des services devant répondre aux besoins qu il a pu identifier. Dès lors, les rapports entre les uns et les autres, les places respectives des uns et des autres s en trouvent modifiés. «La participation active implique que les personnes concernées [par un service] aient la possibilité d influencer effectivement les décisions qui les concernent [idée de co-décision]«. * L auto-détermination, des publics en difficulté psychique, est non seulement une position éthique, un principe, mais c est aussi une pratique dont nous avons vérifié la pertinence en réponse aux spécificités de ce handicap. Celui-ci se caractérise par la conjonction de difficultés dans : le rapport à soi, le rapport aux autres, le rapport au réel. Les préalables peuvent être perçus comme des obstacles infranchissables en écho à ces distorsions du rapport à soi, aux autres et au réel. Contrairement à d autres situations de handicap, les barrières à l insertion sont plus subjectives qu objectives. Elles sont dans le rapport qu entretient la personne à elle-même et son environnement. La personne de ce fait est dans le doute quant à sa capacité à s inscrire en qualité de sujet agissant. La démarche «Fil Rouge» s inscrit dans une dynamique d action (aller vers l insertion professionnelle). Elle s appuie sur une constante dialectique entre l auto-évaluation et la coévaluation. Le projet se co-construit, non sur un avis extérieur, mais sur l évaluation que fait la personne de ses possibles du moment. Concrètement :
L usager a en permanence accès à l intégralité de son dossier, est décisionnaire à chaque instant de son parcours, est associé aux rencontres entre partenaires, son savoir sur lui-même et sur son vécu est premier dans la construction de la démarche. Le professionnel va écouter, respecter le rythme, consolider la trajectoire par la mise à disposition de ses compétences et savoirs, va accompagner «le choisir» pour permettre et conforter «l agir». La proposition «Fil Rouge» ne fixe pas l insertion professionnelle comme un objectif en soi mais comme un possible à explorer. Cela laisse moins prise à l auto-dévalorisation, l auto-stigmatisation et paradoxalement libère l espace de la réussite. L auto-détermination vise à faire passer l usager de la position d un individu qui subit son existence à celle d un acteur, metteur en scène de sa vie. * inspiré des travaux de Brigitte Pitois Choquet directrice de la permanence du Jard : EQUAL «Une nouvelle dynamique : le processus d inclusion». La mise en synergie L idée d adaptation s impose comme un fondement de Fil Rouge. En 2005, Le dispositif a été créé pour proposer des réponses adaptées en soutien à l inclusion des personnes présentant des troubles psychiques. Depuis cette notion d adaptation s impose comme une donnée transversale qui irrigue tant les dimensions structurelles qu opérationnelles du dispositif. Elle est nécessaire pour prendre en compte :
La singularité de chacune des personnes accompagnées et la dynamique de chacun des parcours de vie. Les évolutions des contraintes institutionnelles (économiques, contractuelles, réglementaires, ). Le contexte politico-économique et les mutations sociétales. 2013 illustre cette adaptabilité permanente qui n est possible que par ce qu elle s appuie sur des fondamentaux solides. La capacité de résistance dans la durée de toute chose tient autant de sa conception originelle que de l attention que l on porte à son entretien. Plus roseau que chêne, Fil Rouge se doit donc à la fois de cultiver sa souplesse, sa plasticité, son adaptabilité et de consolider ses encrages. Ceux-ci sont : Territoriaux : s inscrire comme acteur de l inclusion sociale et professionnelle au niveau départemental et dans chacun des infra-territoires Structurels : Groupement de Coopération Médico-sociale, la puissance de Fil Rouge résulte de sa capacité à mutualiser les compétences nécessaires pour garantir la prise en compte globale de la personne. D où la nécessité d entretenir la vitalité de nos partenariats tant en interne qu en externe. Conceptuels : l intervention de Fil Rouge repose sur des modes opératoires formalisés qui s appuient eux même sur des principes fondamentaux : * développement des capacités d autodétermination, * dynamiques de réhabilitation (prioriser le développement des capacités plutôt que des réponses de suppléance),
* appui et renforcement du réseau primaire de la personne (priorités aux réponses de droit commun). L enjeu est, sur la base de ces fondamentaux, de maintenir une dynamique d ajustement et d enrichissement permanent dans un rapport dialectique pratiques/théories. Ainsi, en 2013 malgré un contexte très défavorable en matière d emploi, l équipe n a pas ménagé ses efforts pour soutenir celles et ceux qui souhaitaient et pouvaient accéder et/ou se maintenir dans un emploi en milieu ordinaire de travail. Aux difficultés particulières liés à la situation de handicap psychique se surajoute la nécessité de résister aux effets de la désespérance ambiante, au «s il n y pas de travail pour les autres alors pour nous», au «dans le contexte actuel, l AAH c est déjà ça,» et autres effets pervers. Dans ce contexte, même si l on pouvait espérer mieux notons que 41 personnes ont accédé à un emploi, 74 contrats ont été signés et 124 personnes suivies en emploi. Ces résultats sont loin d être les seuls qu il convient de prendre en compte. Pour certains, l emploi peut ne pas être la priorité du moment. Le fait d être soutenu dans cette prise de conscience et dans une meilleure prise en compte de leur santé, dans la recherche d autres formes d intégrations sociales devient l objet premier de l intervention de Fil Rouge. Depuis 10 ans, le regard de la société sur le handicap d origine psychique a sensiblement évolué. La loi de février 2005 y a notamment contribué. Si cette problématique est aujourd hui un peu mieux prise en compte, son ampleur interpelle. Il y a tension entre la nécessité de proposer des réponses spécifiques et leurs intégrations dans les politiques du handicap. Au quotidien l équipe doit composer avec ces réalités. Malgré un rythme de travail très soutenue, nous devons saluer le travail des intervenants qui ont su préserver une constante mobilisation. Malgré les changements d intervenants (congés maternité, affectations sur d autres missions, congés formation,..), les usagers n ont que peu été impactés et l équipe a toujours préservé le cadre d intervention, l esprit et la forme des processus institués. Une enquête de satisfaction a été réalisée début 2014 auprès des usagers de Fil Rouge (elle porte donc principalement sur l activité 2013). Le taux élevé de réponse donne une bonne fiabilité aux indications relevées. Au-delà des indices de satisfaction (très élevées) il apparait important de relever ce que les usagers nomment 1 comme éléments essentiels de qualités :
L accueil : «attentif», «non-jugeant», «respectueux», «très bon accueil de l équipe» Le temps savoir prendre le temps : en début d intervention un entretien de plus de deux heures est proposé aux usagers ce format est largement plébiscité, «on peut aller à notre rythme» «même si c est lent» «importance de la régularité» «de pouvoir avancer progressivement» Le référent d accompagnement -«sur qui on peut compter» «qui sait se rendre disponible» «qui écoute» «qui fait avec nos difficultés» Le cadre institutionnel «On sent une équipe derrière (le référent), des intervenants clairs», «C est bien organisé, ça fonctionne bien». Si adaptation doit rester un mot clé pour Fil Rouge, c est bien pour préserver la conception d un dispositif qui soit adapté aux besoins des usagers. Les usagers nous indiquent des éléments à préserver pour demeurer pertinent. Alors que 2014 sera marquée par le déménagement du service, nous espérons l accès à un nouveau programme européen 2 pour financer une partie de notre activité. Deux événements qui nous inviterons à amender notre projet de services. 1 Dans l enquête et lors de la réunion de restitution. 2 Le programme FSE «Compétitivité Régionale et Emploi» c est terminé le 31/12/13, un nouveau programme 2014/2020 est en cours d élaboration.
Le handicap d'origine psychique Faire vivre l égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Santé mentale L OMS définit la santé mentale comme «un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté«. Loi 2005-102, définition du handicap : «Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d une altération substantielle, durable ou définitive d une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d un poli-handicap ou d un trouble de santé invalidant«. La loi du 11 février 2005 «officialise» la notion de handicap psychique. Maladies mentales / Troubles psychiques / Situation de Handicap HANDICAP MENTAL HANDICAP PSYCHIQUE
Apparaît à la naissance Déficience durable Soins médicaux peu fréquents Stabilité Troubles associés Apparaît à l adolescence ou l âge adulte Capacités intellectuelles souvent intactes Soins médicaux indispensables Evolution fréquente (variabilité des troubles)