République Algérienne Démocratique et Populaire. Ministère de l Industrie, de la Petite et Moyenne Entreprise et de la Promotion de l Investissement



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اﻟﺠﻤﻬــﻮرﻳــﺔ اﻟﺠــﺰاﺋــﺮﻳــﺔ اﻟــﺪميﻘــﺮاﻃﻴــﺔ اﻟﺸﻌﺒﻴـﺔ République Algérienne Démocratique et Populaire وزارة اﻟﺼﻨــــﺎﻋـــﺔ واﳌـــﺆﺳﺴـــﺎت اﻟﺼﻐﻴـــﺮة واﳌﺘــــﻮﺳﻄـــﺔ وﺗــــﺮﻗﻴـــﺔ اﻹﺳﺘﺜﻤـــﺎر Ministère de l Industrie, de la Petite et Moyenne Entreprise et de la Promotion de l Investissement E I R É G L A N I SS O N S E E S È H T SYN O B E R È I L I LA F 2 1 0 2

filiere boissons EN AlgErie 2012 Période de l étude : Mars-juillet 2012 L étude a été réalisée dans le cadre du programme PMEII PAr Messieurs Mohammed KACI, et Abdenour ABTroun. «Le contenu de la présente publication relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant l avis de l Union européenne ou des Autorités algériennes». PMEII, Alger - Juin 2013

SYNTHESE DE L ETUDE /107

Synthèse : La filière des boissons est parmi les plus dynamiques des filières de l industrie agroalimentaire en Algérie. L importance économique qu elle a prise, la croissance qu elle connait, les progrès qu elle a enregistrés sur le plan de la diversification et la qualité des produits en font une filière à part. Elle se distingue aussi par la présence d entreprises «major» et par l organisation de la profession. Elle a fait l objet, en 2005, d une étude sur son positionnement stratégique et d une actualisation en 2007, focalisée sur les entreprises qui ont bénéficié d actions du programme de mise à niveau avec l EDPME. L étude, objet de ce document, constitue une mise à jour des deux études. Elle vise : La mise à disposition d une étude stratégique de cette industrie qui permettrait de guider dans leur réflexion les entreprises de la filière, leur association professionnelle et les institutions concernées ou intéressées par le développement de cette industrie; L élaboration des principaux chiffres clés globaux du secteur. L actualisation des chiffres de l étude 2005 et les chiffres-clé de l étude 2007 relatifs aux boissons alcoolisées. La collecte de l information, pour la réalisation de cette étude s est effectuée à travers cinq types d investigations : - enquêtes administratives : collecte de données officielles et professionnelles. - recherches documentaires pour l analyse des publications se rapportant au secteur. - rnquête «producteurs» via un questionnaire administré conjointement par CEAI et l APAB. - deux panels de discussions, organisés par l APAB, qui ont regroupé des responsables de structures des entreprises du secteur et ont débattu respectivement de la qualité des produits et du marketing dans la filière. des interviews des dirigeants d un panel d entreprises situées dans les régions Centre, Est et Ouest. LA FILIERE DES BOISSONS, OBJET DE L ETUDE Elle couvre la production et la commercialisation des boissons et des jus de fruits, le terme «boissons» incluant les boissons rafraîchissantes sans alcool (BRSA) et les boissons alcoolisées. Les boissons comprises dans cette étude incluent les : boissons gazeuses, y compris les boissons à pulpe, carbonatées, boissons plates : boissons aux fruits, boissons aromatisées, sirops, boissons énergétiques, eaux embouteillées jus de fruits et nectars, bières, vins. Classifications : Les nomenclatures internationales classent la filière des boissons dans les industries agroalimentaires (IAA). La NAA (Nomenclature Algérienne des Activités) distingue onze sous-branches des IAA, dont les boissons. Au plan de la statistique nationale algérienne, l ONS identifie la filière «boissons» et ses sous-filières au travers de la Section D «Produits Manufacturés» et Division 15 «Produits des Industries Alimentaires». Réglementation : La réglementation applicable à la filière a peu évolué par rapport à 2005 ; il y a lieu cependant de noter la promulgation de textes régissant les eaux embouteillées (2006) et la révision en 2009 de la loi sur la protection des consommateurs. 108 / la filiere boissons EN Algerie 2012

IMPORTANCE ECONOMIQUE Poids économique des IAA en Algérie En 2010, les industries agroalimentaires en Algérie réalisent 52% de la production, 41% de la valeur ajoutée et 57% de l excédent net d exploitation du secteur industriel algérien. Elles couvrent plus de 40% des dépenses privées des ménages. Sa consommation des fonds fixes (CFF) était de 16.835 MDA, soit une contribution de 22% par rapport à toute l industrie, ce qui reflète le caractère peu capitalistique des IAA. Au plan des salaires, les IAA ont distribué une rémunération de 33.656 MDA, soit une contribution significative de 25% par rapport à toute l industrie. Les IAA occupent ainsi la deuxième position du secteur Industriel. Place de la filière boissons dans les IAA en Algérie : La contribution de la filière des boissons à la production des IAA en 2010 est de l ordre de 7%. La croissance de l industrie des boissons (14%/an) est nettement plus élevée que celle des IAA (7.1%). EVOLUTION DE LA FILIERE BOISSONS EN ALGERIE Sur la période 2005-2010, l industrie des boissons a enregistré des croissances significatives de ses principaux agrégats. En moyenne annuelle, l évolution a été de : 14% pour la production ; 15% pour les consommations intermédiaires ; 13% pour la valeur ajoutée. Valeur ajoutée de la filière : la valeur de l industrie des boissons est à base de consommations intermédiaires qui représentent 61% de la valeur des produits. Ainsi : l industrie exerce des effets d entraînement importants sur son amont (service des eaux, matières et consommables et notamment le conditionnement) ; la valeur des produits est tributaire des fluctuations des cours des inputs. Le taux de valeur ajoutée s est détérioré, passant de 42% en 2005 à 39% en 2010, l industrie n ayant pu répercuter les hausses des prix des inputs (essentiellement importés) sur les prix de vente, en raison de la faiblesse du pouvoir d achats des consommateurs. La Valeur ajoutée de l industrie des boissons se répartit comme suit, en 2010. Amortissements : 19% Impôts liés à la production : 3% Salaires : 21% Excédent Net d exploitation : 56%. La part des segments de la filière Considérant les deux segments principaux de l industrie des boissons que sont les BRSA et les boissons alcoolisées, les statistiques (2002 à 2010) montrent que les BRSA dominent la production et la valeur ajoutée de l industrie avec des poids respectifs de 91% et 93%. /109

Les marques commerciales de la filière Les produits de la filière boissons sont commercialisés sous près de 300 marques commerciales, essentiellement au niveau des marchés locaux. Des marques de réputation nationale ou des marques de franchise internationale sont commercialisées au niveau national. Les grandes marques ont acquis une notoriété nationale et sont distribuées sur tout le territoire. Elles n ont cependant pas réussi à faire disparaître les marques locales. Le marché algérien n a pas encore atteint le degré de concentration observé dans les pays européens. Le conditionnement des produits Le conditionnement des boissons s est diversifié en suivant les standards internationaux. On retrouve une gamme de conditionnements similaire à celle de l industrie mondiale : Types de conditionnements Produits PET Carton Cannette Verre Eau Proche de100% BG 60% 5% 35% Jus conditionné en bouteille 60% 15% 25% Bière 70% 30% Vin Non déterminé Dominante Pour tous les conditionnements, la contenance s est beaucoup diversifiée aussi bien dans le sens de la petite contenance que de celui de la grande contenance familiale. Le verre a beaucoup reculé en raison de son coût et des contraintes de gestion du «verre retournable». La faible qualité du verre local est aussi présentée par les entreprises comme facteur limitant. Les conditionnements dominants au niveau mondial sont : boîtes (Canettes) : 50% carton (bricks) : 13% plastique (PET) : 30% verre : 7% Démographie des entreprises L étude de 2005 avait observé 1400 entreprises enregistrées au CNRC, dont une grande partie n activait pas ou travaillait une partie de l année. L étude avait estimé les entreprises réellement actives à 430. Le nombre d entreprises enregistrées au CNRC en 2012 est de 748 dont 695 activent dans l industrie des BRSA. Le recensement économique réalisé par l ONS en 2011, indique un nombre de 810 entreprises qui activent dans l industrie des boissons. Selon ces statistiques, la tendance est à la restructuration par des fermetures d entreprises et un mouvement de concentration. Ce mouvement résulte essentiellement des fermetures de petites entreprises. La restructuration par fusion-absorption est marginale. 110 / la filiere boissons EN Algerie 2012

Emploi dans l industrie des boissons Sur la base de l Annuaire des entreprises agroalimentaires MIPMIPI 2009, on peut estimer que l emploi dans l industrie des boissons (hors Office National de la Commercialisation du Vin) s élève à près de 14.800 emplois directs et environ 37.000 emplois indirects Répartition géographique des entreprises : La répartition géographique des entreprises est réalisée à partir du fichier du CNRC (2012). Les statistiques démontrent un phénomène de concentration régional prononcé : 39% des wilayas abritent 80% des entreprises ; 20% des wilayas abritent 60% des entreprises ; 80% des entreprises sont localisées dans les wilayas nord du pays ; la wilaya d Alger se distingue nettement avec 26% des implantations ; Trois bassins d implantation industrielle se distinguent par la densité d implantation industrielle (Algérois, Béjaïa-Sétif, Oranais). Structure juridique des entreprises L industrie des boissons est dominée par le secteur privé qui représente 94.6% des entreprises. Répartition des entités économiques selon la division et le secteur juridique Source : ONS Code Division Public Privé Autres Total 11 Fabrication de boissons 19 766 25 810 Situation économique des entreprises de l industrie des boissons Les résultats de l enquête auprès des producteurs des boissons réalisée dans le cadre de cette étude sont comme suit : le statut des entreprises est à dominante SARL (60%) et SPA (30%) ; les entreprises se caractérisent par des gammes étendues et larges. Elles développent une diversification par produits liés : les entreprises de la filière «eaux embouteillées» se diversifient vers les boissons plates ou gazéifiées, aromatisées ; les entreprises de sodas se diversifient vers les eaux fruitées et/ou les jus. l exportation est une option forte : 46% déclarent exporter. Il s agit des sodas, des jus et de l eau embouteillée ; en moyenne, le capital initial a été multiplié par 8.2, dénotant un développement de la taille suite à des investissements de capacité ; leffectif global des entreprises de l échantillon est de 5217 agents. 45% des entreprises emploient 81% et 35% des entreprises emploient moins de 100 travailleurs. le chiffre d affaires (CA) a progressé pour 80% des entreprises. Le taux d accroissement moyen est de 16% ; en moyenne le taux d utilisation des capacités est de l ordre de 66%. 50% des entreprises ont réalisé des taux supérieurs à la moyenne et 40% des taux supérieurs à 80%. Ce niveau des taux d utilisation est de nature à inciter à des investissements de capacité ; en moyenne, la productivité commerciale (CA/Effectif ) est de 6 626 KDA par agent avec une dispersion allant d un minimum de 827 KDA à un maximum de 16 421 KDA/agent ; la productivité physique (production/effectif ) se situe à 1675 hl/agent. Cette productivité est très variable dans l échantillon. La variation exprime des différences importantes dans les équipements et leur rendement ; /111

les petites entreprises sont faiblement encadrées et fonctionnent avec des exécutifs et la maîtrise ; c est le chef d entreprise qui assure l encadrement ; les entreprises d envergure adoptent un profil d entreprise bien structurée et disposant d un encadrement de qualité ; le salaire moyen annuel avoisine 604 KDA, avec une forte variation, allant de 139 KDA à 1440 KDA par agent ; la distribution se pratique de manière différente selon que l entreprise est un grand groupe Industriel ou une entreprise de plus petite taille : pour les grandes entreprises, la distribution se fait de trois manières : vers le commerce de détail directement, vers le commerce de détail via les grossistes, vers les grandes surfaces ; pour les petites entreprises, la distribution se fait à partir des achats effectués par des détaillants et des semi-grossistes avec leur propre moyen de transport directement sur les lieux de production. les entreprises leaders et les grandes entreprises ont développé des pratiques intégrant les outils modernes du marketing : - le suivi des marchés par le recours, aussi, à des cabinets d études et de suivi du marché ; - le Mix produit et conditionnement (très forte diversification et innovation dans les produits) ; - publicité sur tous les supports disponibles ; - le sponsoring et les actions caritatives ; - les campagnes de promotion. les budgets promotionnels n ont pu être cernés, l item n ayant pas été renseigné par les entreprises enquêtées. Cependant, selon le panel marketing, les grandes entreprises ont un budget promotionnel conséquent. LE MARCHE ALGERIEN DES BOISSONS Importance de la consommation alimentaire dans le budget des ménages La consommation alimentaire constitue le premier poste de dépense des ménages en Algérie. Le cœfficient budgétaire de l alimentation était de 52% (enquête 2001) et demeure une constante qui est mise en évidence par toutes les enquêtes de consommation. Les dépenses de consommation individuelle des ménages ont connu un accroissement moyen de 13.5%/an, sur la période 2005-2010. Le niveau de dépenses par habitant demeure cependant modeste (1600 $ US/an/hab) comparé aux pays du Nord de la Méditerranée et légèrement inférieur à celui des pays voisins. Dans les zones urbaines, les 10% des ménages les plus riches du pays consomment 30% de la consommation globale. Les 10% des ménages les plus pauvres n en consomment que 3%. Place des boissons dans le modèle de consommation alimentaire La consommation des boissons est intégrée depuis longtemps dans les habitudes de consommation des Algériens. Durant la période coloniale, les habitants des villes avaient introduit dans leurs habitudes de consommation les boissons. La consommation des boissons était pendant longtemps un mode urbain des classes aisées. Pour les couches de population à faibles revenus, la boisson était considérée comme un produit festif. Depuis l Indépendance, la consommation a connu un développement prodigieux, tirée par l accroissement des populations urbaines et le développement de l industrie. L offre des produits est demeurée, cependant, et pendant longtemps, limitée en raison de la faiblesse de l investissement privé. La libéralisation de l activité et l ouverture du marché ont entraîné à la fois une diversification de l offre et un accroissement des volumes. L étude de 2005 a situé la consommation à 33,6 litres/tête/an; l enquête «niveau de vie de 1995» réalisée par l ONS avait situé la consommation à 19 litres/tête/an. 112 / la filiere boissons EN Algerie 2012

Le modèle de consommation algérien s oriente de plus en plus vers le modèle international en raison d une offre de produits transformés par les IAA. Cette tendance s observe aussi pour les boissons, avec cependant une particularité culturelle qui tient à l interdit religieux pour les boissons alcoolisées. Les consommateurs algériens recherchent des produits plus sophistiqués (eaux aromatisées, jus multi-arômes, multi-vitamines ) à la place des produits traditionnels (limonade, lait ). Modes de consommation des boissons Les modes de consommation se différencient avec l urbanisation, les modes de vie et l offre de l industrie des boissons. Boissons gazeuses Après une période de «structuration qualitative de la demande», signalée par l étude 2005, les besoins s affinent et se diversifient. La première diversification est réalisée par les colas grâce aux franchises «Coca Cola» et «Pepsi Cola». Les sodas des deux franchises ont été adoptés (marques Fanta, Miranda, 7UP, etc.). La deuxième vague de diversification est introduite par les produits diététiques. Les produits «light» sont adoptés dès leur introduction sur le marché. On les retrouve dans les sodas, les colas et les jus. L autre évolution est le développement des boissons aromatisées à base d eau minérale ou de source. Le consommateur algérien a adopté les marques des franchises internationales, tout en gardant son attachement aux marques locales considérées comme des produits de «terroir». Des marques comme «Hamoud Boualem» ou «Mami» profitent toujours de leur prestige. Jus de fruits et boissons plates Les jus de fruits font partie depuis longtemps des habitudes de consommation des Algériens. Les jus de fruits industriels se sont substitués à la tradition fortement ancrée des préparations à domicile. La consommation progresse fortement grâce à la qualité des produits et à l étalement le long de l année de la consommation. La consommation des jus s est aussi fortement diversifiée par le produit et le conditionnement. Le produit s est diversifié par les nectars et les fruits exotiques. Le conditionnement s est; quant à lui; diversifié par le conditionnement en carton et les petites contenances. Les boissons plates sont souvent assimilées aux jus. Dans plusieurs régions, la même appellation est utilisée pour ces deux produits par les consommateurs. La réglementation fait cependant une nette distinction, en fixant la teneur en extrait. La consommation augmente fortement pour ces produits car elle est ancrée dans des habitudes de consommation du sirop mélangé à de l eau. Eaux embouteillées Les eaux embouteillées constituent une nouvelle tendance dans la consommation des boissons par les algériens. La première marque remonte aux années 1940. C est dans les années 1990 que la consommation a pris un grand essor. La première marque privée «Ifri» a constitué une innovation par son conditionnement et l image d un produit de qualité. L offre des eaux embouteillées s est fortement diversifiée, avec pas moins d une quarantaine de marques sur le marché. Le produit est recherché pour la qualité de l eau avec des attributs «thérapeutiques». Le petit conditionnement (33 cl) connaît un grand succès et se développe grâce à la restauration hors foyer. Boissons alcoolisées Les boissons alcoolisées sont frappées par les interdits religieux et par des restrictions imposées notamment par le système de valeurs morales du pays, le Code de la route et les agréments d ouverture et d exploitation des débits de boissons. Néanmoins le marché des boissons alcoolisées demeure actif. La consommation de la bière s est développée en Algérie grâce, notamment, à la qualité des produits offerts et à l introduction de la cannette, mieux adaptée à la consommation hors débits de boissons. Un produit dérivé «bière sans alcool» a fait son apparition mais sa consommation demeure marginale. /113

La production vitivinicole est encouragée par la politique agricole avec des plantations importantes de renouvellement, voire d extension des superficies. L argument d exportation motive cette politique, mais les volumes exportés régressent en raison de la forte concurrence sur les marchés internationaux. Le marché intérieur devient stratégique. L ONCV fait des efforts pour écouler sa production. Il faut noter, par ailleurs, l entrée de producteurs privés avec une offre de vins de qualité. Niveaux de consommation L étude de 2005 a situé la consommation dans une moyenne allant de 33,6 à 40,6 l/tête/an. La présente étude estime la consommation comme suit : Consommation L/tête/an Boisson gazeuse Boisson plate Jus Bières Vins Eaux Total 22.2 0,5 6,0 4,4 1,4 23,4 57,4 La croissance du marché actuel, estimée par un panel d entreprises, est stable pour les boissons alcoolisées et fortes pour les BRSA : Jus 9% ; Eau 5% ; Boissons gazeuses 5% ; Bières stable ; Vins stable. Volume des ventes en valeur : En valeur, le marché des BRSA a atteint en 2011, un CA de plus de 38 Mds DA : Volumes totaux en hl Valeur des ventes en MDA* Boissons Jus & boissons Eaux S/T S/T Bières Vins gazeuses fruitées embouteillées BRSA Boissons alcoolisées 7 977 000 2 331 000 8 407 000 1 574 000 1 574 000 508 000 20 666 000 18 046 7 918 12 131 38 095 27 660 - - *Au prix départ usine HT ; **hors vin La croissance moyenne du marché des BRSA sur la période 2010-2011 a été de l ordre de 5.9%. Estimation du marché à l horizon 2015 L étude situe le niveau de consommation en 2015 à 62.2 l/tête/an et un volume global de 2 394,7 millions de litres. Le commerce extérieur des boissons La filière boissons joue un rôle relativement dynamique dans le commerce extérieur. Le commerce extérieur des boissons par rapport aux industries agroalimentaires Les échanges commerciaux comparés à ceux de l agroalimentaire sont les suivants : la part des importations des boissons comparée à celle des produits agro-alimentaires est pratiquement insignifiante (moins de 1% sur 6 ans) ; pour ce qui concerne les exportations, les exportations en valeur sont croissantes ; leur valeur a été multipliée par 5 en 6 ans. 114 / la filiere boissons EN Algerie 2012

La filière boissons joue un rôle relativement dynamique dans le commerce extérieur. Le commerce extérieur des boissons par rapport aux industries agroalimentaires Les échanges commerciaux comparés à ceux de l agro-alimentaire sont les suivants : La part des importations des boissons comparée à celle des produits agro-alimentaires est pratiquement insignifiante (moins de 1% sur 6 ans) ; La balance commerciale Pour ce : qui concerne les exportations, les exportations en valeur sont croissantes ; leur valeur a été multipliée par 5 en 6 ans. La balance commerciale pour les boissons non alcoolisées est positive ; La balance commerciale : La balance commerciale pour les boissons non alcoolisées est positive ; 2500 2000 1500 1000 Importations en MDA Exportations en MDA 500 0 2005 2006 2007 2008 2009 2010 La balance commerciale pour les boissons alcoolisées est déficitaire en raison notamment des exportations en baisse. La balance commerciale pour les boissons alcoolisées est déficitaire en raison, notamment, des exportations en baisse. 9 2500 2000 2500 1500 2000 1000 IMPORTATIONS EXPORTATIONS 1500 500 1000 0 2005 2006 2007 2008 2009 2010 IMPORTATIONS EXPORTATIONS La 500balance des échanges des boissons est globalement déficitaire sur la période, en raison du volume des importations de boissons alcoolisées, cela malgré les efforts réalisés en matière d exportation de boissons non alcoolisées qui ont permis, en 2007 et 2010, une balance positive. 0 La balance des échanges 2005 des boissons 2006 est globalement 2007 2008 déficitaire sur 2009 la période, en 2010 raison du volume des importations de boissons alcoolisées, cela malgré les efforts réalisés en matière d exportation de boissons non alcoolisées qui ont permis, La balance en 2007 des et 2010, échanges une balance des boissons positive. est globalement déficitaire sur la période, en raison du volume des importations de boissons alcoolisées, cela malgré les efforts réalisés en matière d exportation de boissons non alcoolisées qui ont permis, en 2007 et 2010, une balance positive. 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Analyse par sous- filières : 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Boissons non alcoolisées : Les boissons non alcoolisées sont celles où sont réalisées les meilleures performances en matière d échanges commerciaux. Elles représentent en moyenne, sur la période 2005 à 2010, 76% des exportations, mais seulement 6% des importations de boissons. Analyse Exportation par sous- des filières sodas :: Les exportations de sodas occupent le premier poste des exportations de boissons et représentent 300 Millions de DA en 2009 et 210 Millions en 2010. Elles sont essentiellement Boissons non orientées alcoolisées vers : les pays européens et, notamment, la France. Les Exportations boissons non de jus alcoolisées : Les exportations sont celles de jus où viennent sont réalisées en troisième les meilleures place et passent performances de 33 millions en de matière d échanges DA en 2009, commerciaux. sur 11 pays, Elles à 29,5 représentent millions de DA en en moyenne, 2010 vers 6 sur pays. la La période France 2005 reste le à 2010, plus grand 76% des importateur. exportations, mais seulement 6% des importations de boissons. Exportation d eaux embouteillées : Les exportations d eaux embouteillées sont encore modestes Exportation mais enregistrent des sodas une forte : Les hausse exportations puisqu elles de sodas passent occupent de 1,5 million le premier de DA en poste 2009 des à 3 exportations millions de de boissons et représentent 300 Millions de DA en 2009 et 210 Millions en 2010. Elles sont /115

Analyse par sous-filières : Boissons non alcoolisées : les boissons non alcoolisées sont celles où sont réalisées les meilleures performances en matière d échanges commerciaux. Elles représentent en moyenne, sur la période 2005 à 2010, 76% des exportations, mais seulement 6% des importations de boissons. Exportation des sodas : Les exportations de sodas occupent le premier poste des exportations de boissons et représentent 300 millions de dinars en 2009 et 210 Millions en 2010. Elles sont essentiellement orientées vers les pays européens et, notamment, la France. Exportations de jus : Les exportations de jus viennent en troisième place et passent de 33 millions de dinars en 2009, sur 11 pays, à 29,5 millions de DA en 2010 vers 6 pays. La France reste le plus grand importateur. Exportation d eaux embouteillées : Les exportations d eaux embouteillées sont encore modestes mais enregistrent une forte hausse puisqu elles passent de 1,5 million de DA en 2009 à 3 millions de dinars en 2010. Importation de jus : Les importations de jus concernent essentiellement les matières premières et sont de l ordre de 1 Mds dinars. Importation d eaux embouteillées : Les importations d eaux embouteillées sont insignifiantes. Boissons alcoolisées : Bières : Les importations de bières en provenance de 9 pays sont d environ un peu plus de 300 millions de dinars. Aucune exportation de bières n est constatée. Vins : Les importations de vins en provenance de 14 pays, en 2010, sont de l ordre de 170 millions de dinars et enregistrent une baisse par rapport à 2009. Les exportations de vins baissent et se situent à 105 millions de dinars en 2010. Le principal client est la France, qui absorbe 70% des exportations en 2010. Il est à noter que l Espagne qui exporte du vin vers l Algérie n en importe pas en retour. Les exportations de vins représentent le second poste en valeur derrière celui des sodas. Réglementation régissant le commerce extérieur des boissons La réglementation régissant le commerce extérieur des boissons a évolué depuis 2005. Trois évolutions sont à signaler : la loi de finances complémentaire de 2009, impose le CREDOC comme mode de paiement unique des importations ; le calendrier de démantèlement tarifaire pour les produits industriels et des concessions tarifaires pour les produits agricoles et agroalimentaires dans sa révision accorde un délai supplémentaire de 3 ans dans la mise en place de la zone de libre-échange (2020 au lieu de 2017) ; la convention de facilitation et de développement des échanges commerciaux entre les Etats arabes, signée en 1981 à Tunis, et qui a pour objet l établissement d une Zone Arabe de Libre-Echange (ZALE), ratifiée par l Algérie en 2004, a été mise en vigueur le 1 er Janvier 2009. Tarifs douaniers Les tarifs douaniers ont peu évolué depuis 2005. La structure des tarifs douaniers est toujours en trois paliers : 5%, 15%, et 30% pour les inputs et les produits finis. Il y a lieu de signaler la suppression de la DAP (droit additionnel provisoire) en janvier 2006. 116 / la filiere boissons EN Algerie 2012

COMPETITIVITE DE L INDUSTRIE DES BOISSONS : Cas des BRSA Les exportations de sodas et d Eaux embouteillées ont fortement progressés depuis 2003, ce qui atteste d une compétitivité prix et même qualité. Cette compétitivité peut être considérée comme durable, en raison des gisements de productivité que recèlent les grandes entreprises. Le démantèlement des tarifs douaniers dans le cadre de la ZALE peut cependant constituer une menace. Le poids des taxes intérieures peut aussi constituer un facteur de baisse de la compétitivité. Cas des boissons alcoolisées Les exportations des vins ont fortement régressé; de 779,7 MDA en 2003, elles sont passées à 105,4 DA en 2010. La compétitivité du produit algérien se pose avec acuité. Cette baisse trouve son explication dans le nouveau contexte mondial caractérisé par la baisse de la consommation dans les marchés européens et l arrivée de nouveaux producteurs (Chili, Australie, Afrique du Sud). Les marchés qui progressent (Asie) sont demandeurs de produits de qualité. Pour les bières, le produit local est compétitif par rapport aux produits européens, malgré le poids de la fiscalité. Les progrès réalisés dans la qualité et la réputation des marques (en franchise) ont amélioré la compétitivité du produit local ; les importations sont réalisées pour des qualités non disponibles sur le marché national ou de grande réputation mondiale. ANALYSE ECONOMIQUE ET FINANCIERE : L analyse économique et financière permet de tirer les conclusions suivantes : PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DE LA FILIERE FORTE CONCENTRATION CAPITALISTIQUE EXPLOITATION DES ACTIFS RENTABILITE La filière est fortement concentrée avec une vingtaine d opérateurs qui représentent 99% du marché. Volumes d investissements importants et récents chez les acteurs dominants qui représentent 90% des investissements de la filière. Des réserves de productivité existent encore chez les grands acteurs de la filière. Rentabilité intéressante pour les entreprises de production de sodas et eaux minérales suivies par celles produisant les jus et les bières. ENVIRONNEMENT DE L INDUSTRIE : Cadre général : L ouverture de l économie nationale dans les années quatre-vingt-dix a permis un développement prodigieux de l investissement privé et a entraîné la disparition du secteur public dans la filière boissons, à l exception de l ONCV pour la sous filière vitivinicole. Les réformes structurelles ont aussi concerné l ouverture du commerce extérieur. Dans le prolongement de ces réformes, l Algérie a signé des accords de libre-échange avec l Union européenne et la Zone de Libre-Echange Arabe. Cependant, cette ouverture n a pas été accompagnée d une mise à niveau de l administration. C est le cas, en particulier, des administrations des douanes, des impôts et du commerce. Le système bancaire public accuse lui aussi un retard par rapport à la dynamique des investissements. Le financement bancaire reste limité ; il ne joue pas encore le rôle moteur attendu pour le développement industriel. Une des conséquences néfastes de ce déséquilibre dans les réformes est le développement de l économie informelle. /117

Contrôle de la distribution des produits alimentaires Le système de distribution des produits constitue une forte contrainte pour les producteurs qui se retrouvent dépendants de distributeurs-grossistes qui usent des ventes sans factures. Le dysfonctionnement du système de distribution entraîne des dérives au niveau de la distribution de détail, avec des produits distribués sans respect des conditions d hygiène. Ce dysfonctionnement favorise aussi des pratiques de contrefaçon sur les marques. Le contrôle incombe à plusieurs administrations : services du Ministère du Commerce, douanes et administration des impôts. Un effort important est réalisé dans le domaine du contrôle de la qualité par les services du Ministère du Commerce. Les contrôles effectués sont de deux types : les contrôles physico-chimiques et les contrôles microbiologiques. En 2011, sur 251 403 interventions des services de contrôle à travers le territoire national 4,4% d entre elles, soit, 11 025 interventions, ont été consacrées au secteur des boissons et eaux embouteillées (75% au niveau du commerce du détail, 14% au niveau de la production, 9% au niveau du commerce de gros et 3% au niveau des services). 85% en moyenne des contrôles se sont révélés conformes aux normes, en nette amélioration par rapport aux années précédentes. Le secteur informel : Des pratiques informelles sont constatées. Les pouvoirs publics admettent l existence du phénomène, mais estiment qu un effort important est réalisé. Il est difficile de situer l importance du secteur informel, mais un faisceau d indices révèle ses formes : des pratiques d imitation de marques ou de conditionnement sont constatées, et des affaires sont parfois apportées devant la justice; des mises sur le marché de produits sans étiquetage ; des préparations de «charbet» sans respect des règles d hygiène se pratiquent ; la sous-facturation est parfois pratiquée par des distributeurs de gros ; la distribution des produits est réalisée hors magasins, sans respect des conditions d hygiène notamment en période estivale et pendant le mois de ramadhan. Politique fiscale La politique des taxes liées à l industrie des boissons est considérée comme contraignante et ne favorisant pas la compétitivité de cette industrie. Ces taxes sont certainement contraignantes dans leur mise en œuvre parce que nombreuses, mais n ont pas d impact négatif sur la consommation. Dispositifs de mise à niveau des entreprises Deux programmes sont en cours actuellement, l un dit Plan National de Mise à Niveau, financé par le gouvernement algérien et dont la mise en œuvre est confiée à l Agence Nationale du Développement de la PME (ANDPME), et l autre dit PME II, réalisé avec le concours de l UE. Certains organismes de coopération, tels la GIZ allemande ou l ONUDI, proposent aussi leurs propres appuis. Un autre programme dit de diversification de l Economie (DEVICO) touche aussi à l industrie agroalimentaire dont la filière boissons, et a inscrit dans ses objectifs la création d un centre technique, et l appui à l organisation professionnelle. Ces programmes visent la mise à niveau tant des entreprises que des institutions. 118 / la filiere boissons EN Algerie 2012

Les aides de l Etat Les aides de l Etat sont communes à l ensemble des secteurs d activité et il n existe pas d aide spécifiquement consacrée à la filière. ANALYSE DU POSITIONNEMENT STRATEGIQUE DE LA FILIERE Benchmark International Selon une étude internationale, le marché algérien des BRSA est caractérisé de marché croissant. Il compte parmi les 9% des pays qui enregistrent une croissance supérieure à 7,8%. Il se positionne sur le même rythme de croissance que ceux du Maroc, de la Tunisie et de l Egypte. Concernant la consommation par habitant, 20% des autres pays ont une consommation inférieure à 53,6 litres alors que les évaluations réalisées par l étude de 2005 et son actualisation situent le niveau de consommation en Algérie, à 55.3 l/hab./an pour 2008 et à 57.4 l/hab./an pour 2011. Développement de l offre et des technologies ITEM ALGERIE TENDANCE MONDIALE OFFRE DE PRODUITS Sodas Limonades et autres boissons gazeuses carbonatés Identique Eaux embouteillées Eau minérale (5 l, 1,5 l, 0,33 l) conditionnement avion Eau minérale gazéifiée (5 l, 1,5 l, 0,33 l) conditionnement avion Eau de source (5 l, 1,5 l, 0,33 l) conditionnement format avion Identique + eau de table Eaux aromatisés ou fruités Forte diversification Gamme plus resserrée sur les grandes marques internationales Jus Gamme diversifiée Gamme plus étendue Purs jus Produits de terroir (France, Tunisie etc.) Bière Produit de qualité mais de base Produit de qualité et produit de terroir Vins Qualité instable Produit de qualité et de terroir CONDITIONNEMENT Eaux embouteillés PET dominant suivi du verre PET et verre pour la restauration Sodas Verre, PET, cannette Identique Eau x aromatisés et fruités PET dominant suivi du verre Identique et tendance gobelet grand format en carton Jus Carton, PET, verre Carton, verre Bières Verre jetable, cannette Verre jetable, tonneaux pour pression, cannette Vins Verre, carton Verre, carton TECHNOLOGIE Toutes filières Aux normes internationales utilisant des technologies modernes pour les grandes entreprises et obsolètes pour les petites. Aux normes internationales avec des standards élevés de qualité production (normes 22 000) et un très grand degré d automatisation. /119

Performances économiques : Le Benchmark réalisé à partir des entreprises françaises montre que les ratios sont beaucoup plus favorables pour les entreprises algériennes en ce qui concerne les taux de valeurs ajoutées et les taux de marge d exploitation notamment en raison des consommations intermédiaires moins couteuses (eau, énergie, services, etc.). L avantage comparatif reste donc à l Algérie, qui a d ailleurs vu l implantation d un nombre important de sociétés multinationales dans cette filière ces dernières années. Tableau SWOT (forces, faiblesses, menaces, opportunités) par filière BRSA Boissons gazeuses Eaux embouteillées FORCES FAIBLESSES OPPORTUNITES MENACES Taille du marché Bonne rentabilité Couts des inputs d origine nationale Cout de la main d œuvre Maitrise de la distribution pour les majors Diversification de la gamme. Taille du marché Bonne rentabilité Qualité des produits. Concurrence déloyale Cout de l emballage Prolifération des marques Contrôle encore insuffisant TUC moyenne Persistance d une concurrence diffuse Faiblesse de la force de vente des PME Faible niveau de développement du circuit de distribution. Cout de l emballage Faible niveau de développement du circuit de distribution. Taille et croissance du marché Pyramide des âges favorable Possibilité d exportation Diversification. Taille et croissance du marché Possibilité d exportation Gisement important en matière de sources. Insuffisance de contrôle. Fluctuation du prix du sucre Fortes taxations Persistance d une économie informelle Dumping dans le cadre de la suppression de la liste négative dans le cas de la ZALE. Risque de la pollution de l environnement de la source. Fluctuation du prix de la matière première PET. Taxes. Jus Qualité des produits Innovation Rentabilité importante. Confusion dans les dénominations (eaux fruitées, jus etc.). Faible niveau de développement du circuit de distribution. Taille et croissance du marché Possibilité d exportation. Forte dépendance à l importation des intrants (extraits et concentrés). Boissons alcoolisées Bières Forte rentabilité Marché important Image de marque reconnue à l échelle internationale Outil performant. Perception culturelle du produit Prix élevés en raison des charges parafiscales. Reserve de productivité. Réglementation contraignante Difficulté de recrutement de personnel qualifié Réduction des centres de consommation et de distribution. Augmentation des taxes. VINS Marques historiquement reconnues et appréciées dans certains pays européens (France). Perception culturelle du produit Qualité des cépages Qualité variable Absence de recherche développement Prix élevés en raison du cout du raisin et des charges parafiscales. Programme de renouvellement des cépages Possibilités d exportation. Augmentation des taxes. Concurrence internationale Environnement socioculturel Réduction des centres de consommation et de distribution Main d œuvre difficile à trouver dans ce secteur. 120 / la filiere boissons EN Algerie 2012

L analyse par le modèle de Porter Le déterminant de la demande : Le potentiel de croissance du marché national est contrasté, dégageant trois perspectives possibles : Une évolution incertaine pour les filières des boissons alcoolisées, en raison des restrictions imposées par les autorités locales dans l octroi des agréments et d un marché à l export de plus en plus difficile. Un marché proche de la maturité pour les filières des boissons gazeuses ne pouvant être tiré que par l accroissement démographique. Un marché potentiel élevé pour les filières des jus et des eaux embouteillées. Pour ces filières, les perspectives de développement sont certaines. Ce déterminant doit inciter les entreprises à se développer sur les filières à fort potentiel de croissance. Les déterminants de l offre : a) Ressources humaines Le personnel, de formation correcte, ne possède pas cependant de compétence confirmée dans le domaine des boissons. Le système de formation universitaire et de la formation professionnelle ne dispensent pas de formation spécifique. Les entreprises dépendent de leurs fournisseurs de matériel ou d ingrédients pour la formation technique La contrainte de la main-d œuvre qualifiée se pose avec acuité pour l industrie de la bière et du vin. b) Ressources en savoirs Les grandes entreprises et les franchises internationales ont la possibilité de développer des savoirs spécifiques à leurs filières. Les PME sont souvent dépourvues en savoirs. Le projet de création d un centre technique et le programme de mise à niveau peuvent constituer une réponse adéquate à cette contrainte. c) Ressources en capital Les enquêtes «producteurs» et l analyse des bilans ont montré que des opérations d investissements importants et récents sont réalisées chez les acteurs dominants. Des augmentations de capital sont effectuées pour soutenir ces efforts. Le financement devient un facteur important. d) Ressources naturelles Elle concerne les ressources en eau. Elle est à l origine du développent prodigieux de la filière des eaux embouteillées. Elle constitue cependant une contrainte pour l investissement en raison des autorisations de forage. La protection des nappes constitue par ailleurs une autre contrainte. e) Infrastructure L infrastructure routière est en nette amélioration. L autoroute Est-ouest est une réalisation structurante de l implantation des investissements. Elle peut aussi favoriser la mobilité de la main-d œuvre. Structure, Stratégie et rivalité entre les entreprises : L ouverture du marché et l arrivée de franchises internationales ont profondément transformé la structure de l industrie des boissons. La disparition rapide des entreprises publiques des BRSA et de la bière a permis aux nouveaux arrivants de capter des parts de marché importantes. Certaines entreprises privées ont réussi à se mettre à niveau des standards des franchisées en innovant dans le conditionnement, les méthodes de distribution et la promotion. Actuellement le marché est dominé par quelques entreprises leaders dans leur filière : Industries en amont et apparentées : Le secteur de l emballage est de plus en plus perçu par les industriels algériens comme un élément essentiel de l attractivité de leurs produits, en particulier sur le marché local. La filière est structurellement importatrice, aussi bien en matières premières destinées à la fabrication d emballages qu en produits finis. /121

PERSPECTIVES : 1. Potentiel du marché national et ses perspectives d évolution a. L eau embouteillée : L eau en bouteille a enregistré une forte croissance depuis 2005. La demande pour l eau embouteillée devrait continuer à croître dans tous les groupes de revenu. La croissance continuera à être entraînée par la plus large disponibilité de l eau embouteillée et par un accent sur la santé à travers l Algérie. b. Sodas : Les boissons gazeuses sont bien ancrées dans les habitudes de consommation. Dans le futur, il devrait y avoir un intérêt croissant pour la santé, à la fois chez les consommateurs et chez les producteurs. Les entreprises sont appelées à développer le positionnement marketing santé pour les produits à faible teneur en calories, en plus de l accent sur le prix et la publicité en vue de soutenir les ventes. c. Jus de fruits : La demande en jus de fruits progresse fortement, bénéficiant des préoccupations de la santé des consommateurs, les produits sont considérés comme naturels et sains. Cette tendance est particulièrement forte chez les consommateurs et les femmes dans les grandes villes, où le pouvoir d achat est plus élevé. Cette tendance devrait se poursuivre notamment chez les ménages à revenu moyen et élevé. d. Concentrés de boisson : Les boissons sous forme de concentrés se sont développées rapidement, en raison de l existence de larges couches de population à faibles revenus, en particulier dans les zones rurales. Le concentré, en général, et les concentrés de poudre, en particulier, bénéficient d une demande à moindre prix que les boissons gazeuses. e. Bière : La demande pour les bières est contrastée, avec d un côté l interdit religieux et les restrictions dans la distribution, de l autre l engouement chez une catégorie de consommateurs. Une incertitude caractérise de ce fait les perspectives d évolution de ce produit. f. Vin : L incertitude est encore plus forte pour ce produit, car il souffre des contraintes à l export. g. Boissons énergisantes : Les boissons énergisantes sont récentes mais connaissent une forte croissance, dans les pays développés. En Algérie, Burn de Coca-Cola a été lancé en 2007 et les ventes continuent de croître. 2. Perspectives de la filière boissons: L étude se place dans un horizon de moyen terme (sur les cinq années à venir). a. La concentration et la consolidation attendues du secteur : On devrait s attendre à une évolution vers une plus grande concentration de l industrie. Il est attendu des entreprises la poursuite des stratégies qui se dessinent déjà : la recherche des économies d échelle, la diversification par produit liés. Dans les deux cas, des investissements lourds sont nécessaires. Ils concernent les capacités de production, la chaîne logistique et le marketing. Cependant, cette restructuration ne peut se réaliser qu à long terme. b. Le devenir du secteur informel L économie informelle ira en diminution dans le secteur des boissons. La concentration des entreprises, le renforcement des contrôles et la sensibilisation des consommateurs sont des facteurs pouvant favoriser cette tendance. Le rôle des pouvoirs publics est à même d accélérer cette tendance. c. Les conséquences de la mise en vigueur de l accord d association Les accords d association avec l UE et la Zone de Libre-Echange Arabe constituent un facteur porteur d avenir, dans la mesure où il change radicalement le contexte concurrentiel de l industrie nationale. Ces accords sont actuellement perçus par les industriels algériens comme plutôt une menace. L analyse du commerce extérieur de la filière boissons a dégagé une balance positive pour les BRSA et en nette évolution. Les entreprises algériennes ont plutôt profité de l ouverture des marchés extérieurs et ont fait preuve d un dynamisme certain. La balance est, par contre, négative pour les boissons alcoolisées. 122 / la filiere boissons EN Algerie 2012

d. Les caractéristiques des entreprises qui se maintiendront en activité Le profil des entreprises qui se maintiendront et se développeront dans le futur sont : les entreprises à gamme diversifiée ; les franchises internationales ; les entreprises de grande taille. e. L amélioration de la rentabilité L amélioration souhaitée des marges des entreprises ne peut être réalisée que par une baisse des charges fiscales, en particulier pour les eaux embouteillées ; la rationalisation des coûts étant largement engagée. f. Les nouveaux investissements prévus L investissement productif est une réalité constatée chez toutes les grandes entreprises. L investissement concerne : La mise à niveau technologique, L extension de capacité, L innovation produits et conditionnement, La logistique de distribution et production d emballage (PET), dans certains cas. g. Innovation produits, packaging Pour les grandes entreprises, l innovation constitue un axe fort. Elle traduit le souci de suivre les tendances du marché. Les franchises internationales imposent au reste de l industrie un rythme d innovation élevé. h. La logistique de distribution La logistique de distribution est essentielle pour l approvisionnement des marchés. Les entreprises sont souvent obligées de développer leur propre logistique. Cette pratique devrait s accentuer à cause du développement de la grande distribution et des centrales d achat qui émergent. /123

RECOMMANDATIONS 1/ DEVELOPPER LES INSTRUMENTS JURIDIQUES DE CONTroLE Amener les pouvoirs publics à étoffer les instruments réglementaires (textes, décrets, lois) relatifs aux normes et recommandations devant s appliquer à la filière, notamment en matière de définitions de produits. Ceci permettra aux organismes de contrôle d exercer leurs missions de manière plus qualitative et efficace mais également d aboutir à la pénalisation de certaines équivoques qui continuent à être entretenues par certains producteurs sur les qualifications des produits (pur jus, jus, eau de source, eau de table etc.). L élimination de cette concurrence déloyale permettra de revaloriser les produits de la filière. 2/ INCITATION A LA MISE EN CONFORMITE AUX NORMES ISO Malgré les efforts fournis, un grand nombre d entreprises ne sont pas encore aux normes et des actions de soutien peuvent être envisagées, notamment dans le cadre du Plan National de Mise à Niveau. Au niveau international, la tendance dans l industrie alimentaire est la mise en conformité aux normes ISO 22000 qui intègre l ISO 9001, l ISO 14000 et la méthode HACCP. 3/ PRODUCTIVITE ET OPTIMISATION DE LA GESTION Elaborer des missions d appui en termes d organisation de la production et de maîtrise des processus d ordonnancement et de gestion des stocks. De manière plus générale, appuyer les entreprises dans l élaboration et la mise en place de procédures de gestion. 4/ DEVELOPPEMENT DE LA MAINTENANCE Elaborer des missions d appui pour la mise en place d un système structuré de suivi de la maintenance et organiser des cycles de formation. 5/ DEVELOPPEMENT DE SYSTEMES DE GESTION ASSISTES PAR ORDINATEUR Appuyer les entreprises qui souhaitent mettre en place des systèmes automatisés et intégrés de gestion de type ERP (Entreprise Ressource Planning). 6/ CREATION D UN OBSERVATOIRE DE VEILLE STraTEGIQUE La veille stratégique est utilisée par les entreprises, les organisations professionnelles et les gouvernements comme un outil de visibilité et d aide à la décision. Il est d autant plus indispensable à l Algérie qui s est engagée à intégrer l économie nationale au marché mondial via les adhésions aux zones de libre-échange et, bientôt, à l OMC. La veille doit revêtir plusieurs dimensions : réglementaire 1 : nationale et internationale sur les normes et l organisation des marchés internationaux, concurrentielle : contexte concurrentiel mondial et stratégie des firmes internationales, technologique : innovations des produits et des process, sociale : évolution des modes de vie et des habitudes de consommation. 1. L Association APAB dispose d une cellule veille réglementaire et normative ainsi qu un portail Web d information 124 / la filiere boissons EN Algerie 2012