La marque employeur et l identification à l entreprise au cœur de la relation client



Documents pareils
PROPOSITION D UN MODELE INTEGRATEUR DE LA MARQUE EMPLOYEUR

L expérience-employé et l expérience-client : Un tandem indissociable au service de la performance organisationnelle

Master MPS LE MANAGEMENT DE LA QUALITÉ DANS LES SERVICES N 2 MURIEL JOUGLEUX 2014/2015

Analyse RH. Génération Y : comment recruter efficacement?

Motiver les équipes commerciales

LA GESTION DES TALENTS

La mobilisation des employés: importance et facteurs clés de succès. Conférence IGF 25 mars 2015

UN MARCHE DU RECRUTEMENT DU MARCHE COMPTABLE

Table des matières. Partie I La marque en idée Remerciements... XVII Avant-propos... XIX Introduction... 1

Le tableau de bord de la DSI : un outil pour mieux piloter son informatique.

PERCEPTION ET PERCEPTION SOCIALE

LES PARTICULARITES DU PROCESSUS DECISIONNEL D ACHAT SUR LE MARCHE D ASSURANCES 511

Le Focus Group. - Bases de données, personnes ayant déjà participé à des expériences et acceptant de participer à des études ultérieures.

Bientôt plus d'1 Français sur 10 client d'une banque en ligne.

L efficacité des programmes de fidélisation dans le secteur hôtelier : proposition d un cadre conceptuel

SAN07 IBM Social Media Analytics:

RESSOURCES HUMAINES. Yourcegid Ressources Humaines, des solutions pour les entreprises qui s investissent dans leur capital humain.

Les grandes tendances RH Deloitte Conseil

Séminaires Système D Information. Formation Conduite du Changement. Préambule

Communication Opérationnelle Franchises et Réseaux

MODÈLE DE TRANSFORMATION ORGANISATIONNELLE CONDUISANT À L AUGMENTATION DES VENTES PAR UNE MEILLEURE PRODUCTIVITÉ

Orange Graduate Programme

BTS MANAGEMENT DES UNITES COMMERCIALES GUIDE DU TUTEUR

Theme Sensorial marketing, from stores to Internet : retailers and sensorial marketing integration in multichannel distribution management.

Exemple de problématiques

Retenir les meilleurs talents

De nouveaux modèles de GRH?

Luxe et Internet: Danger ou opportunité. Gérer la cohérence des marques de luxe sur Internet PAROLES D EXPERT. devrait peser 4,7 % du

Peut-on gérer les Ressources

Les salaires de L écosystème php en france. L Association Française des Utilisateurs de PHP (AFUP) le cabinet de recrutement spécialisé Agence-e

Aurélie Merle Professeur associé, Grenoble École de Management Chercheur associé au CEROG et à Coactis (EA 41 61)

Des compétences numériques à la littératie numérique

Vos stratégies d attraction et de rétention vous permettent-elles d attirer et de fidéliser les meilleurs talents?

Rapport d évaluation du master

satisfaction client Relation client : satisfaction? fidélisation?

NOTORIETE DE L ECONOMIE SOCIALE SOLIDAIRE ET ATTENTES DE LA JEUNESSE

CONSEILS POUR LA REDACTION DU RAPPORT DE RECHERCHE. Information importante : Ces conseils ne sont pas exhaustifs!

La relation client constitue un axe progrès stratégique pour toutes les entreprises.

Master Ressources Humaines

Responsable mécénat/ partenariats entreprises

Hospitality Awards 2012 Meilleure opération de communication

Logiciels RH. Les organisations fortes sont portées par des collaborateurs forts

Recrutement des étudiants sur les nouveaux canaux, mobile et réseaux sociaux : mythe ou réalité?

Introduction. Enjeux de l intégration

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

Partie 2 : Des leçons pour l entrepreneur

Forum Web et Innovation Sociale

Abstract: Anticipating in-shop consumer's expectations from on-line experienceand symbolic meanings

Assurance et Protection sociale Les enjeux du Digital Commerce

Expérience de consommation et séries télévisées : Le cas de Friends.

L influence des medias sociaux auprès des entreprises dans le choix d un partenaire financier. réalisée par

Banque de détail. Dynamiser votre réseau de distribution et accroître son efficacité commerciale

Notre Approche. Le concept de projet. Les 4 Pas. 4. Nous Evaluons et Améliorons. 3. Nous Exécutons. 2. Nous Concevons. 1. Nous Analysons.

Quelques réflexions introductives sur le rôle de la confiance dans le travail collaboratif

Oracle, Gestion du Capital Humain. Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin!

Marketing and Sales Manager, Rubicon, Jewels creator and precious gems, Thailand (2000)

Les compétences des permanents face à la nouvelle activité que constitue le recrutement en CDI et en CDD

Compétences de gestion et leadership transformationnel : les incontournables liés au nouveau contexte environnemental

Impact de la marque de service et des associations à la marque sur le processus de tangibilisation des services : proposition de recherche

Le nouveau marketing urbain à l heure du numérique

Comment trouver une idée de recherche

2 ANNÉES intensives pour un Bachelor (BAC + 3) en management

Une nouvelle enquête montre un lien entre l utilisation du Cloud Computing et une agilité accrue de l entreprise ainsi qu un avantage concurentiel.

Liste des cours BAC+3 BAC+5 en Management & Leadership

Jean-Mathieu Fallu Candidat au doctorat en marketing, HEC Montréal. Proposition de thèse

Stages de recherche dans les formations d'ingénieur. Víctor Gómez Frías. École des Ponts ParisTech, Champs-sur-Marne, France

Réseaux sociaux et recrutement : Quand, Pourquoi, Comment? présentation : Patrick Debray tél info@dmd.ch

Avenant Avenant du 28 avril 2014 à l accord du 6 juillet 2010 relatif aux certificats de qualification professionnelle

The right stage to success KING. Notre expertise pour vos projets STAGE. Recruitment & Consulting. Recruitment & Consulting

Ces formations se font uniquement «Sur mesure» - Nous contacter. II - Techniques de vente «Avancées» - 6 ou 7 modules selon le concept vente

Cycle LTL. David Cooperrider. John Fitzgerald Kennedy. Leadership for Team Leaders

LE MARKETING SOCIAL ET

OUTIL DIAGNOSTIQUE DE L ACTION EN PARTENARIAT

MESURES DE LA PERFORMANCE ET SYSTEME D INCITATION : LE CAS DU SECTEUR HOTELIER EN REGION PACA

Chapitre 1 Comprendre l évolution du marketing

TOUR DE FRANCE NOUVEAU DIALOGUE FORUM-DEBAT POITIERS

Alignement stratégique du SI et gestion de portefeuille de projets

Macroscope et l'analyse d'affaires. Dave Couture Architecte principal Solutions Macroscope

Jour 1. Origines et évolution du marketing

Table des matières. Partie I Concevoir le commerce électronique 7. Liste des études de cas Introduction 1 Les auteurs 5

La gestion de la relation client (CRM)

Conseil & Audit Les leviers de la croissance

Analyse. Comment stimuler la confiance en soi des aînés par rapport à l apprentissage des nouvelles technologies?

LE RECRUTEMENT PARTICIPATIF

Le Recrutement Octobre

La croissance des entreprises : nouvel enjeu pour le management?

Barack Obama a gagné la bataille... sur les médias sociaux aussi!

WHY CONSULTING. Performance Commerciale en B2B

Enquête sur la formation initiale dans l industrie du jeux vidéo en France. Résultats

PRÉPARER LA RELÈVE DANS LE MONDE DE L ÉVALUATION: LE CONCOURS DE SIMULATION DU POINT DE VUE DES COMMANDITAIRES

REGLEMENT D ETUDES CADRE DU MASTER OF BUSINESS ADMINISTRATION (MBA) FACULTE D ECONOMIE ET DE MANAGEMENT

La supervision en soins infirmiers

Marketing des services & Relation Clients

1. DÉFINITION DU MARKETING

Les bonnes pratiques du recrutement en ligne

CONGRES PARIS-VENISE 2004

Management Stratégique. Saïd YAMI Maître de Conférences en Sciences de Gestion ERFI/ISEM Université Montpellier 1 Cours de Master 1.

La communauté de pratique selon Étienne Wenger

Bien-être des salariés et performance des magasins entrent-ils dans le même caddie?

Transcription:

La marque employeur et l identification à l entreprise au cœur de la relation client Fanny-Juliet Poujol Montpellier Research in Management, Montpellier Université Montpellier 1, 208 Rue Vendémiaire, 34000 Montpellier Associée à l INSEEC Paris fanny.poujol@univ-montp1.fr + 33 (0)6 71 82 88 59 Alexandra Vignolles INSEEC Business School Hangar 19 Quai de Bacalan CS 60083 33070 Bordeaux Cedex avignolles@inseec.com + 33 (0)6 31 22 56 36 Audrey Charbonnier-Voirin INSEEC Business School Hangar 19 - Quai de Bacalan CS 60083 33070 Bordeaux Cedex acharbonnier@inseec.com +33 (0)6-85-66-74-76

La marque employeur et l identification à l entreprise au cœur de la relation client La littérature en marketing est passée d une optique produit à une logique basée sur les services où l intangible et le relationnel dominent (Vargo et Lush, 2004). Les valeurs fonctionnelles et émotionnelles de la marque sont délivrées lors de l interaction entre le consommateur et l employé. Dans ce contexte, les employés jouent un rôle fondamental dans le management de la marque (Burmann et Zeplin, 2005). Selon Chernatony et al, (2003) la culture d entreprise et les valeurs des employés déterminent l ensemble des valeurs qui représentent la marque pour le consommateur. D après l approche par les ressources Ressource Base View - (Barney, 1991), l identification des employés à l entreprise est un avantage concurrentiel pour l entreprise. Afin de développer cette identification l entreprise se doit d avoir des atouts pour les employés. La marque employeur est ainsi proposée en tant que source d identification du personnel alors mieux à même de représenter l organisation et de fournir un service de qualité. Ce travail s articule autour de trois parties, la première présente la notion de marque employeur et les différents niveaux d analyse de ce concept ; la deuxième porte sur l identification à la marque employeur comme moyen de gérer les relations clients (client employé et client consommateur) ; la troisième porte sur les principaux déterminants de la marque employeur en tant que vecteur d identification organisationnelle. Qu est-ce que la marque employeur? La notion de marque employeur fait référence à l ensemble des avantages fonctionnels, économiques et psychologiques fournis par l employeur et identifiés à celui-ci (Ambler et Barrow, 1996). Plusieurs auteurs tels que Berthon et ses collègues (2005) adoptent une définition similaire, (en lui adjoignant la notion d attractivité ou attrait de la marque employeur) : la marque employeur correspond aux avantages potentiels perçus de travailler pour une entreprise. Elle inclut à la fois les attributs réels du travail perçus par les employés (marque employeur interne), et la perception de ces attributs par les candidats (marque employeur externe). La gestion de la marque employeur correspond aux efforts que l entreprise fait pour communiquer sur l attractivité de l entreprise. En d autres termes la marque employeur vise à convaincre le candidat et le salarié qu il «fait bon» travailler pour l entreprise. Celle-ci se crée ainsi une identité, une image propre à son rôle d employeur (Lievens et al. 2007). 2

Pour Lievens (2007), le processus de gestion de la marque employeur, permettant d attirer et retenir les talents, comporte 3 phases : (1) l identification de «sa proposition de valeur» (offre liée aux attributs du travail et aux valeurs de l organisation); (2) la communication de cette offre; et (3) un alignement de la marque employeur externe à la culture organisationnelle ou un alignement entre marque employeur interne et externe. Ses travaux montrent que la dimension symbolique et affective de la marque employeur (évaluée par le biais de l échelle d Aaker, 1997) prédirait mieux l attraction à l égard d un employeur que la dimension fonctionnelle (attributs réels). Par ailleurs, il confirme que les salariés peuvent décrire l entreprise avec des traits de personnalité et surtout que les candidats tendent à être attirés par des organisations ayant des traits similaires aux leurs (Slaughter et al. 2004). L image de l entreprise et son identité sont associées respectivement à son attractivité pour des candidats et à l identification des employés. Ces variables dépendantes sont elles mêmes liées à la satisfaction au travail, à l intention de quitter l entreprise, d où l importance de mieux connaitre les antécédents de la marque employeur. La recherche dédiée à la marque employeur souffre d insuffisances conceptuelles (Charbonnier- Voirin et Vignolles, 2010). Les articles publiés traitent souvent des aspects spécifiques de la marque employeur (les bénéfices fonctionnels, économiques et psychologiques, les dimensions et les attributs les plus importants de la marque employeur, les attributs génériques que les employés trouvent attractifs chez un employeur, l attractivité de la marque employeur, l attitude vis-à-vis de l entreprise, la gestion de la marque employeur). Si des recoupements semblent pouvoir être réalisés concernant les attributs de la marque employeur énoncés par la littérature, il n existe pas de consensus quant aux dimensions constitutives de la marque employeur. De plus très peu d études théoriques et empiriques ont été conduites sur les déterminants et les effets de ce concept. D après l état de l art (Charbonnier-Voirin et Vignolles, 2010), la première opérationnalisation de la marque employeur menée auprès de managers (Berthon et al, 2005) comporte cinq dimensions : (1) L intérêt du travail : environnement attractif, nouvelles pratiques de travail et recours à la créativité des employés; (2) L aspect relationnel : environnement stimulant, bonnes relations de travail et esprit d équipe ; (3) Les avantages économiques : rétributions, sécurité et opportunités de promotion ; (4) Le développement personnel : reconnaissance, confiance, carrière enrichissante et évolutive et (5) La transmission des savoirs : opportunité d appliquer ce qu il sait et de le transmettre. Rares sont les études menées auprès de candidats et d employés. Parmi elles, un article intitulé «Motiver les employés à vivre la marque» de Maxwell et Knox (2009) identifie les facteurs susceptibles d influencer les perceptions de la marque employeur chez les candidats. Ces éléments sont synthétisés dans la figure 1 : 3

Figure 1 : Catégories et sous-catégories d attributs influençant l attractivité perçue de la marque employeur d une organisation, selon le point de vue des employés actuels (Maxwell et Knox, 2009) Selon Kim et ses collègues (2011) deux niveaux de marque expliquent l intention de poursuivre une opportunité de carrière : la marque employeur et la marque produit (ou service). L engagement envers la marque employeur provient de l attachement psychologique et du sentiment d appartenance que les employés ont envers une marque globale, composée des deux dimensions (marque employeur et marque produit). Cette résonance de la marque au sens de Keller (2001) entraine non seulement de la fidélité et un attachement à la marque mais la capacité à créer un sens de communauté entre ceux qui sont associés à la marque (King et Grace, 2012). Lievens et ses collègues (2007) montrent que les attributs symboliques (attributs subjectifs et intangibles de l organisation) mesurés à partir des travaux d Aaker, (1997) prédisent mieux l identification des candidats. Cette notion d identification et de fit entre personne et organisation (Kristoff, 1996) est fondamentale. Les individus son naturellement attirés par un travail et un environnement qui leur correspond selon le modèle de Schneider (1987) - Attraction-Selection-Attrition. Judge et Cable (1997) montrent que, selon leur personnalité, les candidats perçoivent la culture d entreprise différemment et c est à partir de ces impressions liées à la culture de l entreprise et du fit perçu envers celle-ci qu ils décident ou non de postuler. Les candidats infèrent des caractéristiques aux 4

organisations et tendent à être attirés par celles ayant des traits similaires aux leurs (Slaughter et al. 2004). L image de l entreprise et son identité sont ainsi associées à son attractivité à travers un processus d identification. Lorsque les caractéristiques de l organisation et les attributs réels du travail ne correspondent pas à l idée qu ils s en sont faite et à leurs attentes, les candidats ne restent pas (Julien, 2007). Comme nous allons le voir ci-après, des études dans le domaine du marketing relationnel font de l identification à l entreprise un moyen de retenir à la fois les employés et les clients. Elles soulignent à ce titre l enjeu de mieux comprendre le processus de construction de la marque employeur. L identification à l entreprise : un moyen de satisfaire le client Dans un article sur l extension du marketing relationnel et plus précisément l identification du client à l entreprise et au personnel, Ahearne et al. (2005) considèrent qu au delà de la satisfaction, il existe d autres moyens de construire des liaisons robustes entre les clients et les entreprises. Ces experts proposent d examiner le concept d identification à l entreprise encore appelé sens de connexion entre l individu et l organisation. A ce titre, Homburg et al. (2009) estiment que les firmes qui souhaitent accroître la satisfaction de leurs salariés doivent travailler sur le modèle des caractéristiques de l emploi ; alors que celles qui souhaitent développer des actions identitaires doivent se concentrer sur le groupe et ses ressentis. S il n y pas lieu d opposer ces deux approches, les approches de contenu étant intemporelles (seul leur contenu peut évoluer), Homburg et al. (2009) revisitent la chaîne de profit (Heskett et al, 2008). A l origine, ce modèle relie la satisfaction du personnel en contact, sa fidélisation et ses comportements et la valeur du service perçue qui, à son tour, détermine la satisfaction et la fidélisation de la clientèle, source de profitabilité. Selon Homburg et al, (2009) l identification du client et de l employé serait le premier maillon de la chaine. Ce modèle fait entrevoir l identification comme un moyen d aligner les pratiques de management et la gestion de la relation client. En partant de la sélection du personnel, Homburg et al. (2009) font remarquer l importance de communiquer clairement sur les caractéristiques distinctives de l entreprise et de recruter les individus qui partagent ces dimensions cardinales. Par exemple, une entreprise qui a une forte culture de la responsabilité sociale devrait attirer et ensuite considérer les candidatures selon cette perspective. Ces chercheurs mobilisent la théorie de l identité sociale (Tajfel, 1981) pour expliquer ce phénomène entre l employé et l entreprise. 5

Développée par Tajfel (1981), la théorie de l identité sociale définit le groupe social comme «une collection d individus qui se perçoivent comme membres de la même catégorie sociale, partagent un engagement émotionnel dans cette définition commune d eux-mêmes, et atteignent un certain degré de consensus à propos de l évaluation de leur groupe et de leur appartenance à celui-ci» (Tajfel, 1981). Selon la théorie de l auto-catégorisation, l homme, d après un besoin de simplification, catégorise les individus en groupes. Les individus se sentent comme appartenant à un groupe, dépendant de son appartenance groupale, et en particulier de la différenciation qui existe entre ses groupes d appartenance et d autres groupes. L identité sociale est la partie du concept de soi qui provient de la conscience qu a l individu d appartenir à un groupe social, ainsi que la valeur et la signification émotionnelle qu il attache à cette appartenance (Tajfel, 1981). L identification au groupe implique des émotions et sentiments («feelings») favorables. Dans notre ère consumériste, Homburg et al. (2009) expliquent que des entreprises représentent et offrent des identités sociales aux consommateurs en les aidant à satisfaire un besoin d autodéfinition. La nouvelle chaîne de profit place ainsi l identification employé-entreprise à l origine de l identification client-entreprise et, à son tour, de la fidélité du client. Ses auteurs expliquent que les consommateurs s identifient à une organisation selon la perception de ses caractéristiques clés (Bhattacharya et Sen 2003). Or les salariés, en tant que représentant de l organisation en sont la principale caractéristique. Pour Ahearne et al. (2005), le personnel en contact révèle la qualité et le caractère de l entreprise. De ce fait l identification du client à l entreprise est plus forte lorsque celui-ci a une perception favorable du personnel. Par ailleurs, les employés qui s identifient fortement à l entreprise, qualifiés de «prototypiques», seraient plus enclins à se conformer aux normes et aux particularités de l entreprise. Par conséquent, ils en adopteraient mieux ses codes, attitudes et comportements. Ils seraient naturellement motivés pour le faire. L identification génèrerait par la suite des comportements extra-rôles tels que le bouche à oreille positif chez les employés (Ahearne et al. 2005). Homburg et al. (2009) parlent de contagion émotionnelle en postulant, d après la dimension hédonique de l identification, que les individus qui s identifient le plus à l entreprise expriment davantage d émotions positives. Ces émotions ressenties par le client seraient alors génératrices de son identification à l entreprise. la marque employeur faciliterait ainsi l identification organisationnelle du salarié, qui a son tour, développerait l identification du client à l organisation. Nous nous intéressons ainsi aux déterminants de la marque employeur en tant que source d identification à l entreprise. 6

Les déterminants de la marque employeur Un premier travail de clarification conceptuelle (Charbonnier-Voirin et Vignolles, 2010) a mis en évidence plusieurs antécédents de la marque employeur. La marque employeur se construirait ainsi en premier lieu à partir des forces de l entreprise, inhérentes à sa culture, ses politiques et ses procédures (Mandhanya et Shah, 2010). La culture organisationnelle, définie comme l ensemble des attitudes, des croyances, des valeurs et des normes partagées dans l organisation et qui constitue en quelque sorte sa personnalité, joue donc un rôle crucial dans la création d une marque employeur. Les résultats obtenus par Kapoor (2010) vont dans ce sens et montrent que les attributs considérés comme étant les plus importants pour améliorer la marque employeur sont : la mission, la vision et les valeurs de l entreprise. Les activités marketing traditionnelles apparaissent ensuite comme étant fondamentales pour améliorer l image de marque employeur (Collins et Steven, 2002 ; Kapoor, 2010). Collins et Steven (2002) identifient quatre activités marketing susceptibles d influencer positivement la marque employeur : 1. La publicité faite sur l entreprise (dans les journaux, sur internet, à la télévision), 2. La communication faite par l entreprise (au travers de ses brochures, de son site internet, de ses annonces d emploi par exemple), 3. Le sponsoring (ou parrainage)1 et 4. Le bouche à oreille positif. Au-delà des outils marketing qui participent à la création de l image marque employeur, d autres moyens de communication peuvent servir à développer une bonne marque employeur. Les événements et actions dirigés vers les candidats potentiels (forums, conférences, journées portes ouvertes, speed-recrutement), le site internet, les blogs et les réseaux sociaux professionnels La marque employeur crée de la visibilité auprès de cibles de talents selon une approche multi facettes, incluant les sites internet institutionnels qui communiquent la culture de l entreprise, les pratiques de rémunération, les opportunités de carrières et qui en font un lieu unique où travailler (Mandhanya et Shah, 2010). Nous proposons ainsi le modèle de recherche suivant : Marque employeur Identification à l entreprise Bouche à oreille positif 7

Nous proposons également une échelle de mesure de la marque employeur. Les résultats seront présentés et discutés en relation lors de la conférence sur les nouvelles tendances du marketing (Venise, Janvier 2014). 8

Bibliographie Ahearne, M, Bhattacharya C. B, Gruen, T. (2005), Antecedents and consequences of customercompany identification: Expanding the role of relationship marketing, Journal of Applied Psychology, 90, 3, 574-585. Ambler, T. et Barrow, S. (1996). The employer brand, The Journal of Brand Management, 4, 185-206. Arnould, E.J. et Thompson, C.J. (2005), Consumer Culture Theory (CCT): Twenty years of research, Journal of Consumer Research, 31, 4, 868-882. Barney, J. (1991), Firm Resources and Sustained Competitive. Advantage, Journal of Management, 17, 99-120 Berthon, P., Ewing, M. et Hah, L.L. (2005). Captivating company: dimensions of attractiveness in employer branding, International Journal of Advertising, 24, 2, 151-172. Bhattacharya, C.B. et Sankar, S. (2003), Consumer Company Identification: A Framework for Understanding consumers relationships with companies, Journal of Marketing, 67, 2, 76 88. Burmann, C. et Zeplin, S. (2005), Building brand commitment: A behavioral approach to internal brand management, Brand Management, 12, 4, 279-300. Carù, A. et Cova, B. (2006), Expériences de consommation marketing expérientiel, Revue française de gestion, 3, 162, 99-113. Charbonnier-Voirin, A. et Vignolles, A. (2010), Proposition d un modèle intégrateur de la marque employeur, 28ème Congrès de l Association Française de Marketing, Le Mans. Chernatony, L., Drury, S., Segal-Horn, S. (2003), Building a Services Brand: Stages, People and Orientations, Service Industries Journal, 23, 3, 1-21. 21. Heskett, J.L, Jones, T, Loveman, O, Sasser, W.E, Schlesinger, L.A. (2008), Putting the serviceprofit chain to work, Harvard Business Review, 86, 7/8, 118-129. Holbrook, M.B. (1999), Consumer Value - A framework for analysis and research, Routledge London and New York. Holbrook, M. B. et Hirschman, E. C. (1982). The experiential aspects of consumption: Consumer fantasies, feelings, and fun, The Journal of Consumer Research, 9, 2, 132-140. Homburg, C, Wieseke J, Hoyer W.D. (2009), Social identity and the service profit chain, Journal of Marketing, 73, 2,.38 54. Judge, T.A. et Cable D. (1997), Applicant personality, organizational culture and organization attraction, Personnel Psychology, 50, 2, 359-394. Julien, A. (2007), Construire une marque employeur attractive, Revue Banque, 687, 38-40. Kapoor, V. (2010), Employer branding: A study of its relevance in india, Journal of Brand Management, 7, 1/2, 51-75. Kim, J., York, K., Lim, J.S. (2011), The role of brands in recruitment: A mixed-brand strategy approach, Marketing Letters, 22, 2, 165-179. King, C. et Grace, D. (2012), Examining the antecedents of positive employee brand-related attitudes and behaviours, European Journal of Marketing, 46, 3/4, 469-488. Kristoff, Aaker, J. L. (1997), Dimensions of brand personality, Journal of Marketing research, 34, 3, 347-356. 9

Lievens, F. (2007). Employer branding in the Belgian Army: The importance of instrumental and symbolic beliefs for potential applicants, actual applicants, and military employees, Human Resource Management, 46, 1, 51-69. Mandhanya, Y. et Shah, M. (2010), Employer branding - A tool for talent management, Global Management Review, 4, 2, 43-48. Maxwell, R. et Knox, S. (2009), Motivating employees to" live the brand": a comparative case study of employer brand attractiveness within the firm, Journal of Marketing Management, 25, 9, 893-907. Michel, G., (1999), L'évolution des marques : approche par la théorie du noyau central, Recherche et Applications en Marketing, 14, 4, 33-53. Schneider, B. (1987) The people make the place, Personnel Psychology, 40, 3, 437-453. Slaughter, J. E., Zickar, M. J., Highhouse, S. et Mohr, D. C. (2004). Personality trait inferences about organizations: Development of a measure and assessment of construct validity, Journal of applied psychology, 89, 1, 85-103. Tajfel, H. (1981), Human groups and social categories, Cambridge University Press. Vargo, S. L. et Lusch, R. F. (2004), Evolving to a new dominant logic for marketing, Journal of Marketing, 68, 1 17. 10