L embolie pulmonaire

Documents pareils
INSUFFISANCE CARDIAQUE DROITE Dr Dassier HEGP

EMBOLIE PULMONAIRE. E Ferrari. Service de cardiologie. CHU Nice.

Maladie thrombo-embolique veineuse (135) Docteur Jean-Luc BOSSON Juillet 2002 (Mise à jour Janvier 2005)

B06 - CAT devant une ischémie aiguë des membres inférieurs

Prise en charge de l embolie pulmonaire

S o m m a i r e 1. Sémiologie 2. Thérapeutique

Les différentes maladies du coeur

27 ème JOURNEE SPORT ET MEDECINE Dr Roukos ABI KHALIL Digne Les Bains 23 novembre 2013

URGENCES MEDICO- CHIRURGICALES. Dr Aline SANTIN S.A.U. Henri Mondor

Nouveaux anticoagulants oraux : aspects pratiques

Maladie thrombo-embolique veineuse

Votre guide des définitions des maladies graves de l Assurance maladies graves express

B08 - CAT devant une thrombose veineuse profonde des membres inférieurs

Prise en charge du patient porteur d un dispositif implantable. Dr Philippe Gilbert Cardiologue CHU pavillon Enfant-Jésus

COMPLICATIONS THROMBOTIQUES DES SYNDROMES MYÉLOPROLIFÉRATIFS: ÉVALUATION ET GESTION DU RISQUE

PRISE EN CHARGE DES PRE ECLAMPSIES. Jérôme KOUTSOULIS. IADE DAR CHU Kremlin-Bicêtre. 94 Gérard CORSIA. PH DAR CHU Pitié-Salpétrière.

Le cliché thoracique

Réparation de la communication interauriculaire (CIA) Informations destinées aux patients

Cancer et dyspnée: comment peut-on soulager? Dr Lise Tremblay 10 mai 2010

DIAGNOSTIC DE L EMBOLIE PULMONAIRE DANS LE CONTEXTE PERI-OPERATOIRE

PRINTEMPS MEDICAL DE BOURGOGNE ASSOCIATIONS ANTIAGREGANTS ET ANTICOAGULANTS : INDICATIONS ET CONTRE INDICATIONS

La prise en charge de l AVC ischémique à l urgence

Les anticoagulants. PM Garcia Sam Hamati. sofomec 2008

journées chalonnaises de la thrombose

Fibrillation atriale chez le sujet âgé

Contrôle difficile non prévu des voies aériennes: photographie des pratiques

Conseils aux patients* Lutter activement. *pour les patients ayant subi une opération de remplacement de la hanche ou du genou

Item : Souffle cardiaque chez l'enfant

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 10 mars 2010

SYNOPSIS INFORMATIONS GÉNÉRALES

ALTO : des outils d information sur les pathologies thromboemboliques veineuses ou artérielles et leur traitement

Le syndrome de la classe économique

PREVENTION DE LA MALADIE THROMBO- EMBOLIQUE VEINEUSE (MTEV) EN PERI- OPERATOIRE QUOI DE NEUF?

ORDONNANCE COLLECTIVE

Les Nouveaux AntiCoagulants Oraux

Rôle de l ARCl. V Grimaud - UE recherche clinique - 18 mars Définitions

LES NOUVEAUX ANTICOAGULANTS

HTA et grossesse. Dr M. Saidi-Oliver chef de clinique-assistant CHU de Nice

Apport de la TDM dans les cellulites cervico-faciales

sur la valve mitrale À propos de l insuffisance mitrale et du traitement par implantation de clip

Épreuve d effort électrocardiographique

Le donneur en vue d une transplantation pulmonaire

Infospot. Les nouveaux anticoagulants oraux (NACOs) Octobre - Novembre - Decembre 2014

TUTORAT UE Anatomie Correction Séance n 6 Semaine du 11/03/2013

Le reflux gastro-oesophagien (280) Professeur Jacques FOURNET Avril 2003

Actualité sur la prise en charge de l arrêt cardiaque

La fonction respiratoire

PICCO2. PROTOCOLE DE SERVICE Année 2010 MISE À JOUR Hôpital de Bicêtre Département d'anesthésie-réanimation Réanimation Chirurgicale

La Dysplasie Ventriculaire Droite Arythmogène

Maladie thrombo embolique veineuse IADE. D.SCARLATTI Praticien Hospitalier Cardiologie I4C

Observation. Merci à l équipe de pharmaciens FormUtip iatro pour ce cas

Tronc Artériel Commun

Et si c était une embolie pulmonaire? Pierre Baril

La ventilation non invasive aux soins intensifs

Les nouveaux anticoagulants ont ils une place aux Urgences?

UTILISATION DES C.C.P DANS LES HEMORRAGIES SOUS AVK ET SOUS NACO : RECOMMANDATIONS DE L HAS COPACAMU 2014

Livret des nouveaux anticoagulants oraux. Ce qu il faut savoir pour bien gérer leur utilisation

Don d organes et mort cérébrale. Drs JL Frances & F Hervé Praticiens hospitaliers en réanimation polyvalente Hôpital Laennec, Quimper

E03 - Héparines non fractionnées (HNF)

APONEVROTOMIE ENDOSCOPIQUE du Syndrome Compartimental d Effort à l Avant-bras

Maladie thrombo embolique veineuse IADE

Livret d information destiné au patient MIEUX COMPRENDRE LA FIBRILLATION ATRIALE ET SON TRAITEMENT

Résultat du traitement de la varicocèle chez l'adolescent par l'association coils-sclérosants.

recommandations pour les médecins de famille

Les nouveaux anticoagulants oraux sont arrivé! Faut il une surveillance biologique?

PLAC E DE L AN ALYS E TOXIC OLOG IQUE EN URGE NCE HOSP ITALI ERE

Carte de soins et d urgence

Le RIVAROXABAN (XARELTO ) dans l embolie pulmonaire

Monitoring non invasif dans l état de choc

fréquence - Stimulateur chambre ventriculaire Indications retenues : est normale Service Attendu (SA) : Comparateu retenu : Amélioration Nom de marque

TRAITEMENT DE LA MPOC. Présenté par : Gilles Côté, M.D.

UN PATIENT QUI REVIENT DE LOIN. Abdelmalek AZZOUZ GRCI 29/11/2012 Service de Cardiologie A2 CHU Mustapha. Alger Centre. Algérie

Vous intervenez en équipage SMUR sur un accident de la voie publique : à votre arrivée sur les lieux, vous trouvez un homme d environ 30 ans au sol à

THEME 2 : CORPS HUMAIN ET SANTE : L EXERCICE PHYSIQUE

LA VIE APRES VOTRE INFARCTUS

QUE SAVOIR SUR LA CHIRURGIE de FISTULE ANALE A LA CLINIQUE SAINT-PIERRE?

Les nouveaux anticoagulants oraux, FA et AVC. Docteur Thalie TRAISSAC Hôpital Saint André CAPCV 15 février 2014

EVALUATION DE L AUTOSURVEILLANCE DE

LE POINT TOX. N 7 - Juillet Bulletin du réseau de toxicovigilance de La Réunion L ÉVOLUTION TEMPORELLE DU NOMBRE D INTOXICATIONS

Maladie des valves. Changer leur évolution. Rétrécissement aortique Insuffisance aortique Insuffisance mitrale Rétrécissement mitral

LITHIASE URINAIRE USAGER PRÉSENTANT UNE LITHIASE URINAIRE OC-091. Uroscan. Rx abdominal

Plan. Introduction. Les Nouveaux Anticoagulants Oraux et le sujet âgé. Audit de prescription au Centre Hospitalier Geriatrique du Mont d Or

prise en charge médicale dans une unité de soins

Les nouveaux anticoagulants oraux (NAC)

Ventilation mécanique à domicile

Parcours du patient cardiaque

Point d information Avril Les nouveaux anticoagulants oraux (dabigatran et rivaroxaban) dans la fibrillation auriculaire : ce qu il faut savoir

Conseil Français de Réanimation Cardio-pulmonaire (CFRC) Recommandations pour l organisation de programmes de défibrillation

INSUFFISANCE CARDIAQUE «AU FIL DES ANNEES»

4eme réunion régionale des référents en antibiothérapie des établissements de Haute-Normandie

PATHOLOGIE CARDIO-VASCULAIRE DES VOYAGEURS ET TRANSPORTS AERIENS. DR Daniel HOROVITZ Novembre 2007

La Broncho-Pneumopathie chronique obstructive (BPCO)

XARELTO (RIVAROXABAN) 2,5 MG - 15 MG - 20 MG, COMPRIMÉS PELLICULÉS GUIDE DE PRESCRIPTION

de la thrombose veineuse et de l embolie pulmonaire

Insuffisance cardiaque et télémédecine: Exemple du Projet E care : prise en charge à domicile des insuffisants cardiaques en stade III

Le monitoring réinventé

Oxygénothérapie à domicile

Dr Pierre-François Lesault Hôpital Privé de l Estuaire Le Havre

Informations sur le rivaroxaban (Xarelto md ) et l apixaban (Eliquis md )

Transcription:

L embolie pulmonaire Pr R. MEHYAOUI Chef de service d Anesthésie- Réanimation en chirurgie cardio- vasculaire E.H.S «Dr MAOUCHE M.A» Octobre 2016 PLAN : I II INTRODUCTION - INTERET DEFINITION III PHYSIOPATHOLOGIE 1

IV STRATEGIE DIAGNOSTIQUE V PRISE EN CHARGE IV CONCLUSION I INTRODUCTION INTERET - L embolie pulmonaire (EP) est une pathologie grave qui engage le pronostic vital, il s agit d une urgence diagnostique et thérapeutique, - Reste une des principales causes de décès dans la population générale. - Les études autopsiques montrent que 70 % des décès par EP se manifestent s/f de morts subites inexpliquées sans que le dgc ne soit porté du vivant du patient - 15% des patients qui décèdent de cause inconnue à l hôpital présentaient, en fait, une EP - Diagnostic difficile à cause de son polymorphisme clinique, 2

II DEFINITION : L embolie pulmonaire L'oblitération aiguë de l artère pulmonaire ou de l une de ses branches par un embole provenant le plus souvent d'une TVP des MI III PHYSIOPATHOLOGIE : III-1 Nature de l embole : Cruoriques fréquents 90 % des cas Non cruoriques (plus rares) - Graisseux - Gazeux - Athéromateux - Amniotique - Septique -. III-2 Formation du caillot : Triade de Virchow : Stase sanguine Altération de la paroi Activation de la coagulation III-3 Provenance du caillot : MI, mollet +++ Veines pelviennes, abdominales, VCI, MS, cavités cardiaques droites. III-4 Migration du caillot : «l embole s arrête en aval de son point de départ dans un vaisseau de diamètre insuffisant pour le laisser passer». Se loge plus fréquemment aux bases et plus spécifiquement dans le poumon droit. 3

Au stade initial dit de phlébo-thrombose le thrombus est peu adhérent. Les risques de migration sont élevés. Secondairement, la réaction inflammatoire de la paroi veineuse et l'organisation du caillot rendent ce dernier adhérent. Au 5ème jour, l'adhérence est obtenue et les risques d'embolie sont moindres. III-5 Devenir du caillot : Au niveau de l'arbre artériel pulmonaire le thrombus subit une lyse par activation du système fibrinolytique physiologique particulièrement riche et abondant à ce niveau d'où diminution progressive et constante de l'obstruction anatomique au fil de l'évolution. III- 6 Conséquences physiopathologiques : a- Hémodynamiques : Deux facteurs : -Mécanique : l'obstruction artérielle, - Humoral vaso-constriction artériolaire pulmonaire + broncho-constriction (les produits de dégranulation plaquettaire (histamine, sérotonine..) + la thrombine du caillot) La vaso-constriction artériolaire est aggravée par l'hypoxémie artérielle b- Respiratoires : -Effet espace mort du territoire embolisé -Effet shunt des territoires non embolisés hypoxie hypocapnie -Alteration du surfactant dans le territoire occlus collapsus alvéolaire l'atélectasie -Infarctus pulmonaire : dans des EP de petite taille. 4

III-7 Facteurs de risque : IV STRATEGIE DIAGNOSTIQUE : Symptomatologie riche+++ avec examen clinique pauvre et examens complémentaires (ECG- Rx du thorax) souvent normaux. Clinique : - Signes fonctionnels : Douleur thoracique- Dyspnée- Agitation- Syncope- Hémoptysie, - Examen physique : souvent normal 5

- Etablir une probabilité clinique : Score de wells et Score de Genève révisé 6

Examens complémentaires : 1- Radiographie pulmonaire : souvent normale+++ - Dgc differentiel +++ - Signe de Westermark : Hyperclarté localisée du parenchyme - Ascencion de la coupole diaphragmatique - Atelectasie en bande - Elargissement des artères pulmonaires - Opacité triangulaire à base pleurale (Infarctus pulmonaire) - Epenchement pleural 2- ECG: souvent normal+++ Normal dans 25% - Signes transitoires et parfois retardés ++ - Tachycardie sinusale - Déviation axiale droit - S1Q3 (classique, non spécifique) - BBD - Tbles repol en ant (T - de V1 à V3) - TDR (flutter, ACFA) 3- Gazométrie : Valeur diagnostique limitée. Les signes classiques sont 7

*Hypoxie (< 60 mm Hg signe de gravité) *Hypocapnie *Alcalose resp / acidose métab (f graves) 4- D dimers: Sensibilité de 96,8 % spécificité de 45,1 % La spécificité augmente avec le taux : >500 spécificité de 45% >1000 spécificité de 70% >4000 spécificité de 93% Un taux < 500 ng/ l élimine une EP +++ 5- L angioscanner pulmonaire : L embolie pulmonaire Très bonne visualisation des artères pulmonaires proximales et moyennes. La définition des branches plus distales s améliore avec la technique (scanner multibarettes). Nécessite une injection de produit de contraste ainsi que le transport du patient. Algorithme diagnostique Diagnostic differentiel : SCA- Dissection de l aorte- Péricardite aigue- Pnoumothorax- pneumopathie Diagnostic de gravité : 8

Hight risk PE = EP massive instabilité hémodynamique (TA < 90mmHg ou de 40 mmhg de la valeur de base pour une durée >15 minutes, choc, ou ACC) No hight risk PE : EP sub-massive stabilité hémodynamique, IVD EP non massive stabilité hémodynamique, pas d IVD V PRISE EN CHARGE : Traitement symptomatique : 1 Oxygénothérapie : Un apport à haut débit d O2/sonde nasale suffit à corriger l hypoxémie, 2 Immobilisation: Le premier levé: autorisé après 2 jours d anti coagulation MEP de contention élastique des MI prevenir le syndrome post phlebitique Traitement étiologique: - Anticoagulation : Embolie pulmonaire non grave Thrombolyse Embolie pulmonaire grave Interruption de la VCI si CI au traitement AC Embolectomie chirurgicale Si CI au traitement AC Traitement préventif: thromboprophylaxie en cas de FR thrombo-emboliques IV CONCLUSION : PENSER TOUJOURS A L EMBOLIE PULMONAIRE S ENTRAINER SUR LE CALCUL DES SCORES DE PROBABILITE CLINIQUE PRENDRE EN CHARGE PRECOCEMENT ET EFFICACEMENT Bibliographie : 1- A. Armand-Perroux, P.-M. Roy Embolie pulmonaire aux urgences SFAR 2009 2- Pr Nicolas Meneveau, Pôle Coeur-Poumon, CHU Jean Minjoz, Besançon Recommandations sur l'embolie pulmonaire ESC 2014 9