Meilleures approximations diophantiennes simultanées



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Meilleures approximations diophantiennes simultanées Nicolas Chevallier décembre 200 Contents Introduction 2 Meilleures approximations diophantiennes 2 2. Définition et inégalité fondamentale....................... 2 2.2 Coefficients....................................... 3 2.3 Travaux existants................................... 3 2.4 Meilleures approximations et répartition.................... 4 2.5 Résultats sur s n et b n................................. 6 2.6 Utilisation du réseau dual.............................. 7 2.7 Remarques sur le calcul des meilleures approximations............ 8 2.8 Exemple......................................... 0 2.9 Discrépance et discrépance isotrope de suites (nθ) n N............. 3 3 Extensions du théorème des trois distances 4 3. Dans le tore de dimension............................ 5 3.2 Dans le tore de dimension d............................. 5 3.3 Recouvrements..................................... 6 4 Inégalités complémentaires 6 4. Extension de l inégalité +2 (x) 2 (x)..................... 7 4.2 Extension de l inégalité r n (x) 2r n+2 (x)..................... 7 4.3 Changement de norme................................ 7 4.4 Liaison entre les coordonnées de θ......................... 8 5 Démonstrations 8 5. Preuve des propriétés P, P2, P3 et P4..................... 8 5.2 Démonstration de l inégalité (2).......................... 8 5.3 Démonstration de l inégalité (3).......................... 9 5.4 Démonstration de l inégalité (4).......................... 9 5.5 Preuve du lemme (paragraphe 2.6)....................... 9 5.6 Preuve du théorème 6................................ 20 5.7 Recouvrements, preuve de la proposition 2................... 2 5.8 Changement de norme, preuve de la proposition 4.............. 22 5.9 Liaison entre les coordonnées de θ, preuve de la proposition 5....... 23 5.0 Appendice : Minima d un réseau......................... 24 6 Exemple de θ R 2 dont la trajectoire est mal répartie 25 6. Construction...................................... 25 6.2 Application : un exemple de Yoccoz........................ 26 7 Bibliographie 29

Introduction Soit Θ T = R/Z. Les points 0, Θ, 2Θ,..., nθ découpent le tore T en n + intervalles qui ont plus 3 longueurs distinctes. Ce résultat connu sous le nom de théorème des 3 distances, est intimement liée au développement en fraction continue. Dans le tore de dimension supérieure à 2, ni le théorème des trois distances, ni le développement en fraction continue n ont de généralisations évidentes. Ces généralisations constituent le cadre de notre travail. Il est remarquable que l algorithme du développement en fraction continue unidimensionnel donne les meilleures approximations d un réel par des rationnels. Cette propriété de meilleure approximation devrait être importante pour l extension du théorème des trois distances car la répartition de la suite (nθ) n N dépend fortement des meilleures approximations. Malheureusement, à partir de la dimension deux, le point vue algorithmique devient difficile à concilier avec la recherche des meilleures approximations. Les travaux consacrés aux généralisations multidimensionnels du développement en fraction continue sont nombreux et débutent au 9 ième siècle mais l étude directe des meilleures approximations diophantiennes simultanées ne commence qu en 979 par une série d articles de J.C. Lagarias ([Lag],...,[Lag6]). D autres auteurs ont contribué à cette étude, on peut citer A. J. Brentjes ([Br], [Br2]), G. Larcher ([Lar]), V. T. Sós et G. Szekeres ([Só,Sz]). Les articles [Ch],..., [Ch5] sont dans la même ligne et ce texte en est une synthèse avec quelques compléments. La section 2 est consacrée aux meilleures approximations diophantiennes ; l essentiel des résultats est donné dans les paragraphes 2., 2.4, 2.5 et 2.6. L utilisation du réseau dual, présentée au paragraphe 2.6, est nouvelle et conduit à un nouveau résultat (théorème 6). La section 3 est consacrée aux extensions du théorème des trois distances contenues dans les publications [Ch2], [Ch3] et [Ch4]. Nous avons aussi inclus une généralisation en dimension 2 d un résultat de recouvrement lié au développement en fraction continue (cf. proposition 2). L ensemble des relations vérifiées par le développement en fraction continue unidimensionnelle ne se transpose pas aux meilleures approximations mais des inégalités plus faibles restent vraies, elles se déduisent du principe des tiroirs. Certaines de ces inégalités ont été prouvées par J. C. Lagarias, nous les rappelons section 4, il y figure aussi deux inégalités non publiées. Les démonstrations des résultats non publiés sont données section 5. La section 6 ne contient pas de résultats nouveaux, elle donne la construction d éléments Θ appartenant au tore de dimension 2 dont la suite des multiples est de plus en plus mal répartie. L existence de ces Θ est une des principales différences entre la dimension et les dimensions 2. La construction que nous indiquons est dans l esprit de ce qui précède et nous l utilisons pour retrouver le résultat de J. -C. Yoccoz sur la disparition de la propriété de Denjoy en dimension 2. Notations.. Pour x R, [x] désigne la partie entière de x et x la distance de x à l entier le plus proche. 2. On note x la norme euclidienne usuelle d un vecteur x de R d et x.y le produit scalaire de deux vecteurs x et y de R d. 3. Pour x et y R d, x y signifie x y Z d. 4. T d = R d /Z d. On note p la projection canonique de R d sur T d. 5. Pour une norme N fixée sur R d et pour X T d, on note X = inf{n(x) : x X}. 6. Pour Λ un réseau de R d muni d une norme, λ (Λ),..., λ d (Λ) désignent les minima successifs de Λ. 7. Si f et g sont deux applications définies sur N, f(n) g(n) lorsque n tend vers l infini signifie que lim n f(n) g(n) =. 8. La relation entre réels A(x, y,...) B(x, y,...) signifie qu il existe c R + ne dépendant pas de x, y... telle que A(x, y,...) cb(x, y,...). 9. La relation A(x, y,...) B(x, y,...) signifie A(x, y,...) B(x, y,...) et A(x, y,...) B(x, y,...). 0. Soit G un groupe et a un élément de G. Le sous-groupe engendré par a est noté a. 2

2 Meilleures approximations diophantiennes 2. Définition et inégalité fondamentale On suppose que R d est muni d une norme N et pour X T d = R d /Z d on note X = inf{n(x) : x X}. On obtient ainsi une distance d(x, Y ) = X Y invariante par translation sur le tore. Convention et notation : Dans toute la suite θ désigne un point de R d et Θ = p(θ) sa projection dans le tore T d = R d /Z d. Définition Soit Θ un élément de T d et q un entier. On dit que q est une meilleure approximation de Θ si, pour tout entier k strictement positif et strictement inférieur à q, on a qθ < kθ. On dit que q est une meilleure approximation de θ si q est une meilleure approximation de la projection Θ de θ dans le tore T d. Ordonnons par ordre croissant la suite des meilleures approximations. Posons q 0 (Θ) = q 0 (θ) = et désignons par (Θ) = (θ) la n + -ième meilleure approximation de Θ si elle existe. Lorsque d =, (θ) est le dénominateur de la n ième ou (n + ) ième réduite du développement en fraction continue de θ. À chaque meilleure approximation (θ) d un élément θ de R d correspond une approximation de θ par un point à coordonnées rationnelles, il s agit du point (θ) P n où P n est l élément de Z d vérifiant N( (θ)θ P n ) = (θ)θ (P n est unique dès que n est assez grand). L élément (P n, (θ)) de Z d+ s appelle le vecteur meilleure approximation correspondant à (θ). La précision de l approximation rationnelle est donnée par la quantité r n (Θ) = r n (θ) = (Θ)Θ. Lorsqu il n y pas d ambiguïté nous écrirons simplement et r n. Enfin nous appellerons ε n = ε n (θ) = θ P n le résidu de la meilleure approximation. L inégalité + r n valable en dimension se généralise facilement : Inégalité fondamentale. Il existe une constante C ne dépendant que de la norme N, telle que pour tout Θ de T d on ait + r d n C. L inégalité se déduit aisément du théorème de Dirichlet mais on peut aussi remarquer que les boules ouvertes B(kΘ, r n /2), k = 0,..., +, sont des boules disjointes de T d dont le volume total est donc inférieur à. Dans le cas particulier de la norme sup on obtient + r d n. L inégalité fondamentale a été remarquée par plusieurs auteurs et A. J. Brentjes a démontré une inégalité un peu plus générale à l aide du théorème de Minkowski sur les convexes symétriques ([Br2]). La notion de meilleure approximation n est pas aussi satisfaisante en dimension d qu en dimension car des exemples simples montrent que la suite des meilleures approximations dépend de la norme choisie (cf. paragraphe 2.8). 2.2 Coefficients Si x est un réel, la suite des coefficients du développement en fraction continue de x peut se reconstituer à partir des dénominateurs ou des restes : [ ] [ ] qn (x) rn 2 (x) a n = =. (x) r n (x) Cela suggère deux manières de définir les coefficients d un élément Θ de T d, a n (Θ) = q ( ) d n(θ) (Θ) et b rn 2 (Θ) n(θ) =. r n (Θ) 3

2.3 Travaux existants Nous résumons ici brièvement un certain nombre de travaux sur les meilleures approximations. C. A Rogers. Dans [Ro] Rogers définit les meilleures approximations associées à la norme sup. Il montre que deux meilleures approximations consécutives ne sont jamais dans le même quadrant. Il donne aussi une version affaiblie de l inégalité fondamentale ( r d n < ). J. C. Lagarias. Lagarias est le premier à avoir étudié de manière systématique les meilleures approximations d un élément θ R d. La définition que nous avons donnée apparaît dans le premier article qu il a écrit sur les meilleures approximations [Lag]. Lagarias s est intéressé en particulier aux points suivants :. Minorer la croissance de la suite des meilleures approximations [Lag], [Lag2]. Il montre par exemple que pour tout θ R d \Q d lim inf n () n + 2 d+, cette inégalité étant indépendante de la norme sur R d (voir aussi les inégalités complémentaires section 4). 2. Définir les meilleures approximations simultanées de formes linéaires et minorer leurs croissances [Lag4]. 3. Étudier le déterminant de d + vecteurs meilleures approximations consécutifs. Il montre l existence de θ R 2 tel que pour tout entier L il existe un entier k tel que det P k, q k P k+, q k+ P k+2, q k+2 =... = P k+l, q k+l P k+l+, q k+l+ P k+l+2, q k+l+2 = 0. 4. Donner des résultats sur les meilleures approximations des θ R d mal approximables, c est-àdire tels que inf q>0 q qθ > 0. 5. Étudier en particulier les couples (α, α 2 ) de R 2 où (, α, α 2 ) forment une base d un corps cubique ([Lag]. 6. Calculer la complexité de problèmes liés aux meilleures approximations ([Lag5]). Grâce à l algorithme de réduction des réseaux de Lovasz, il montre que lorsque la dimension est fixée, le calcul des meilleures approximations peut s effectuer en un temps polynomial en la longueur des données. 7. Enfin, dans [Lag6] il définit la notion de base de Minkowski lexicographiquement réduite d un réseau. Il construit ainsi un algorithme additif mais non positif qui donne une suite infinie de meilleures approximations pour tout θ R d \Q d. A. J. Brentjes ([Br], [Br2]). Il étudie une notion plus générale de meilleure approximation : Soit l une droite de R d+ et Λ un réseau de R d+. Il définit les meilleures approximations de la direction l par les points du réseau Λ. Sur l hyperplan l orthogonal à l on se donne une norme N et on fixe une forme linéaire h de R d+, nulle sur l. Notons enfin π la projection orthogonale sur l hyperplan l. Un point B de Λ est une meilleure approximation de l s il n y a pas de point M Λ tel que { N(π(M)) N(π(B)) et h(m) < h(b) ou N(π(M)) < N(π(B)) et h(m) = h(b). Pour cette notion de meilleure approximation il donne une inégalité du même type que l inégalité fondamentale. Sa contribution principale est un algorithme additif en dimension 2 (d + = 3) qui donne toutes les meilleures approximations lorsque N est la norme euclidienne. Il applique cet algorithme à la recherche des unités dans les corps cubiques. V. T. Sós et G. Szekeres ([Só, Sz]). Les résidus ε n = θ p n du développement en fractions continues unidimensionnelles sont alternativement positifs et négatifs. En dimension 2, avec la norme sup, V. T. Sos et G. Szekeres étudient la signature des résidus des meilleures approximations pour la norme sup (voir plus haut, C.A. Rogers), ils montrent : Étant donnée une suite (Q n ) n N de quadrants telle que Q n+ Q n pour tout n N, il existe un élément θ de R 2 tel que ε n appartienne à Q n pour tout n. 4

G. Larcher ([Lar], [Lar2]). Il étudie la discrépance isotrope des suites (nθ) n N, Θ T d. Dans ce but, il estime la discrépance isotrope aux instants, c est-à-dire la discrépance isotrope des suites finies de la forme {0,..., ( )θ} où est une meilleure approximation de Θ ; puis, grâce à une majoration presque-sûre des coefficients a n, il en déduit une majoration globale de la discrépance isotrope. Il donne aussi une minoration de la discrépance isotrope dont la démonstration s appuie essentiellement sur le théorème des minima de Minkowski. Dans [Ch3], nous redonnons une démonstration simple de la minoration de Larcher grâce à une généralisation de l inégalité fondamentale aux meilleures approximations simultanées de formes linéaires. 2.4 Meilleures approximations et répartition Les inégalités présentées dans cette section (cf. (), (2), (3) et (4) plus loin) sont en partie nouvelles, elles sont sous-jacentes dans [Ch]. Leurs démonstrations sont simples, nous les donnons section 5. Soit Θ T d. Notre but est d étudier, pour chaque q N, la répartition dans le tore de l ensemble {0, Θ,..., qθ}. Nous dirons qu un sous-ensemble fini X de T d est bien réparti si le diamètre de la plus grande boule ouverte de T d qui ne rencontre pas X est du même ordre de grandeur que la distance des deux points (distincts) de X les plus rapprochés. Plus précisément, posons nous utiliserons le rapport e(x ) = sup{r : a T d, B(a, r) X = }, r(x ) = {d(x, y) : x, y X, x y}, e(x ) r(x ) comme mesure de la qualité de la répartition de X. Notons que e(x ) s appelle la dispersion de X et a été introduite par Hlawka ([Hla]). Dans le cas d une suite (nθ) n N, e(x ) r(x ) représente le rapport entre les approximations diophantiennes inhomogènes et les approximations diophantiennes homogènes. Remarquons que si {x 0,..., x n,...} est une suite de T d, l équirépartition de cette suite ne découle pas de l inégalité e({x 0,..., x N }) lim sup N r({x 0,..., x N }) < +. Cette inégalité entraîne seulement que les valeurs d adhérence faible de la suite de mesures ( n (δ x 0 +... + δ xn )) n N sont des mesures équivalentes à la mesure de Lebesgue. Inversement il est facile e({x de trouver des suites (x n ) n N équiréparties telles que lim 0,...,x N }) N r({x 0,...,x N }) = +. Nous avons adopté le rapport e(x ) r(x ) comme mesure de la répartition car il représente une quantité géométrique naturelle et il est facile d en obtenir des majorations et des minorations à l aide des meilleures approximations. En complément, nous rappelons quelques résultats sur la discrépance dans le paragraphe 2.9. Répartition de {0, Θ,..., ( )Θ}. L utilisation des meilleures approximations repose sur la remarque simple : Si est une meilleure approximation de Θ alors Θ est proche d un élément de T d d ordre fini égal à ; par conséquent l ensemble {0, Θ,..., ( )Θ} est proche d un sous-groupe fini de T d (cf. figures et 3, paragraphe 2.8). Comme les sous-groupes finis de T d correspondent aux réseaux de R d qui contiennent Z d, les outils de la géométrie des réseaux sont très utiles, en particulier le théorème de Minkowski sur les minima (cf. appendice). Introduisons quelques notations afin d énoncer les propriétés qui précisent le lien entre meilleures approximations et sous-groupes. Soit θ R d, une meilleure approximation de Θ et ε n = θ P n le résidu. L approximation rationnelle correspondant à est θ n = P n = θ ε n, Θ n = p(θ n ) 5

(p désigne la projection de R d dans le tore T d ). On lui associe le réseau Λ n = Zθ n +Z 2 = p ( Θ n ). Ce réseau a été utilisé par Larcher pour estimer la discrépance isotrope de la suite (nθ) n N (cf. [Lar]). Le transfert des propriétés du réseau Λ n ou du sous-groupe Θ n à l ensemble {0, Θ,..., ( )Θ} se fait grâce aux propriétés suivantes : (P). L ensemble {0, Θ,..., ( )Θ} et le sous groupe engendré par Θ n sont proches : k {0,..., }, d(kθ, kθ n ) r n (Θ) (la distance de Hausdorff entre {0, Θ,..., ( )Θ} et Θ n est inférieure à r n ) ( P2). Les points du sous-groupe Θ n sont à une distance les uns des autres du même ordre de grandeur que ceux de {0, Θ,..., ( )Θ} : 2r n (Θ) r(λ n ) = r( Θ n ) = λ (Λ n ) r n (Θ)/2 ( λ (Λ n ) désigne le premier minimum du réseau Λ n ). (P3). Le sous-groupe Θ n a éléments : k {,..., }, kθ n 0. (P4). det Λ n =. Ces propriétés sont faciles à vérifier, elles sont formulées dans [Ch2] et plusieurs articles en donnent implicitement la démonstration (cf. section 5 pour une démonstration). Utilisons-les pour estimer le rapport e({0,θ,...,( )Θ}) r({0,θ,...,( )Θ}). Cas de la dimension : la situation est limpide car T ne contient qu un seul sous groupe d ordre et les éléments de ce sous-groupe sont régulièrement espacés à une distance. La propriété (P) montre que et la propriété (P2) montre que e({0, Θ,..., ( )Θ}) e( Θ n ) + r n = 2 + r n = r( Θ n ) 2r n. Or par définition de on a r({0, Θ,..., ( )Θ}) = r n donc e({0, Θ,..., ( )Θ}) r({0, Θ,..., ( )Θ}) + r n 2 r n = r n + r n r n 2 Un raisonnement plus fin, basé sur le théorème des trois distances, montre que e({0, Θ,..., ( )Θ}) r({0, Θ,..., ( )Θ}). Cas des dimensions 2 : La situation est moins simple car T d n a pas qu un seul type de sous-groupe d ordre, le rapport e({0,θ,...,(qn )Θ}) r({0,θ,...,( )Θ}) s estime à l aide de la quantité s n = rn d. D après la propriété (P2), λ (Λ n ) d rn d = s n et d après le théorème de Minkowski sur les minima d un réseau λ (Λ n )... λ d (Λ n ) det Λ n =, donc λ d λ d que et λ d λ λ d s n. Comme e(λ n ) λ d (cf. appendice, corollaire) on en déduit e({0, Θ,..., ( )Θ}) r({0, Θ,..., ( )Θ}) e(λ n) + r n r n e(λ n) r(λ n )/2 + s n +, 6

or d après l inégalité fondamentale s n est minoré par une constante strictement positive donc () e({0, Θ,..., ( )Θ}) r({0, Θ,..., ( )Θ}) s n, (voir [Ch] pour le cas de la dimension 2). On démontre de même l inégalité (cf. section 5) (2) e({0, Θ,..., ( )Θ}) r({0, Θ,..., ( )Θ}) s d n. Répartition de {0, Θ,..., qθ} pour q < +. Décrivons la transition d une meilleure approximation à la suivante. La trajectoire se construit à partir des points aθ, a = 0,..., et de ε n. En effet, chaque q {,..., + } s écrit sous la forme q = a + k avec a < et k [ + a ]. On obtient qθ = (k + a)θ = aθ + k(p n + ε n ) aθ + kε n. Lorsque q croît la trajectoire progresse depuis les points aθ, a <, par translations successives de ε n. Par définition des meilleures approximations, toutes les autres distances entre les points de la trajectoire sont supérieures à la longueur de ε n (cf. figure 2, paragraphe 2.8). Le rapport e({0,θ,...,qθ}) r({0,θ,...,qθ}) s estime à l aide de t n = r d n : (3) (4) e({0, Θ,..., qθ}) r({0, Θ,..., qθ}) t n, e({0, Θ,..., qθ}) r({0, Θ,..., qθ}) ct n d [ q ] (cf. section 5 pour une démonstration). D après l inégalité (3), si rn d n est pas petit, alors {0, Θ,..., qθ} est bien réparti pour tous les < q < +. D après l inégalité (4), si rn d est petit alors {0, Θ,..., qθ} est mal réparti tant que q n est pas trop grand (cf figure 7, paragraphe 2.8). Dans [Ch] on peut trouver un exemple de Θ T d tel que e({0, Θ,..., qθ}) lim q r({0, Θ,..., qθ}) =, et dans [Ca] on peut trouver un exemple analogue pour les formes linéaires. L existence de tels Θ montre la différence entre la dimension et les dimensions supérieures. Nous redonnons, section 6, une construction (légèrement simplifiée) d un tel Θ et nous l utilisons pour retrouver l exemple de J.C. Yoccoz sur la disparition de l inégalité de Denjoy-Koksma en dimension 2. 2.5 Résultats sur s n et b n Les inégalités (), (2), (3) et (4) montrent que s n et t n jouent un rôle important pour décrire la répartition de la suite (nθ) n N. D autre part s n et t n sont reliés au coefficient b n+ par la relation t n = s n b n+. Dans [Ch5] on montre les résultats suivants sur s n et b n (R d est muni de la norme sup) : Théorème Pour presque tout Θ T d lim inf n (Θ)r d n (Θ) = 0 i.e. lim sup n s n = +. Théorème 2 Il existe une constante c ne dépendant que de la dimension telle que pour presque tout Θ T d on ait lim sup n (Θ)r d n (Θ) c. Les coefficients (b n ) vérifient un théorème du type Borel-Bernstein : 7

Théorème 3 Soit g et h deux applications décroissantes de N dans R + telles que n 0 g(n) < et n 0 h(n) =. ) Pour presque tout Θ T d il existe au plus un nombre fini de n tels que b n+ (Θ) = ( ) d rn (Θ) r n (Θ) g(n). 2) Pour presque tout Θ T d il existe une infinité de n tels que b n+ (Θ) = 2.6 Utilisation du réseau dual ( ) d rn (Θ) r n (Θ) h(n). Le contenu de ce paragraphe est nouveau, il donne une meilleure compréhension de certains résultats de [Ch2] et [Ch5] (les théorèmes 4 et 5 plus loin) et en permet la généralisation (théorème 6). Nous supposerons que R d est muni de la norme euclidienne usuelle notée N. Pour Θ T 2, des images d ordinateur font souvent apparaître un réseau de droites parallèles autour duquel l ensemble {0, Θ,..., ( )Θ} est régulièrement réparti (voir les figures du paragraphe 2.8). Ce phénomène s explique facilement à l aide du réseau dual Λ n Λ n = {X R d : Y Λ n, X.Y Z} = {X Z d : X.θ n Z} car Λ n = Z d + θ n Z. Appelons X n un plus court vecteur du réseau Λ n. Le vecteur X n détermine un réseau d hyperplans H n = {X R 2 : X.X n Z} qui contient Λ n. Le réseau H n est le meilleur possible :. la distance entre deux hyperplans consécutifs de H n est N(X n ), 2. la distance entre deux hyperplans consécutifs d un réseau d hyperplans qui contient Λ n, est inférieure à N(X. n) Examinons les figures 5 et 6 de la section 2.8. Les points 0, Θ,..., ( )Θ sont très proches d un réseau de droites. Pour l expliquer il suffit de comparer la distance entre deux hyperplans consécutifs du réseau H n et la distance de la trajectoire au réseau H n. D après la propriété (P) (paragraphe 2.4) la distance de {0, Θ,..., ( )Θ} au sous-groupe Θ n est inférieure à r n donc la distance de {0, θ,..., ( )θ} + Z d à H n est inférieure à r n, alors que la distance entre deux hyperplans successifs de H n est N(X. Il faut donc comparer r n) n et N(X n) sur les minima d un réseau on a et donc (N(X n )) d = (λ (Λ n)) d λ (Λ n)λ 2 (Λ n)...λ n (Λ n) det Λ n =, N(X n ) q d n. D après le théorème Ainsi dès que r d n est petit, r n est petit devant la distance entre deux hyperplans consécutifs du réseau H n et l ensemble {0, θ,..., ( )θ} est situé à proximité du réseau H n comme dans les figures 5 et 6; au contraire, lorsque r d n n est pas petit la trajectoire peut s éloigner du réseau H n comme dans la figure 3. Le vecteur X n permet aussi de distinguer les meilleures approximations entre elles. Dans la transition de à + deux cas peuvent se produire :. Soit le plus court vecteur du réseau dual Λ n appartient aussi au réseau Λ n+, i.e. X n.θ n+ Z. 2. Soit le plus court vecteur du réseau dual Λ n n appartient pas au réseau Λ n+, i.e. X n.θ n+ / Z. Le lemme suivant précise le premier cas (cf. section 5 pour la démonstration). Lemme ) Tant que X n.θ n+p Z, les points kθ, k = 0,..., +p, sont à proximité du réseau d hyperplan H n. Plus précisément, si p 0 et X n.θ n+p Z alors k {0,..., +p }, kθ.x n q d n r n+p. 2) Si N(X n )r n < 2 alors X n.θ n+ Z N(X n+ ) = N(X n ). 8

Décrivons la transition de à + lorsque X n.θ n+ / Z et rn d est petit. À l instant q = la trajectoire est à proximité du réseau d hyperplans H n = {X R 2 : X.X n Z} et pour chaque a < les points (k + a)θ aθ + kε n, k = 0,..., [ + ], traversent l espace compris entre deux hyperplans du réseau H n (voir les figures paragraphe 2.8 et pour une démonstration voir le lemme 2 section 5). Si on combine cette observation avec le fait qu en dimension 2, H n est un réseau de droites sur lequel les points de Λ n sont régulièrement répartis on obtient l inégalité : Théorème 4 ([Ch 2]) Soit Θ T 2. Si NΘ est dense dans T 2 alors il existe une infinité d entiers n tels que r n r n 2 /00. En dimension 3 ou plus, les points de Λ n peuvent être mal répartis sur le réseau d hyperplans H n. Cette différence explique le résultat : Théorème 5 ([Ch5]) Il existe Θ T 3 tel que NΘ soit dense dans T 3 et lim r n r n 2 r n 3 = 0. n Pour obtenir une extension en dimension 3 du théorème 4, il faut changer sa formulation et utiliser la forme linéaire X R d X n.x. Théorème 6 Il existe une constante strictement positive c(d) ne dépendant que de la dimension telle que pour tout Θ de T d de trajectoire dense l une des inégalités soit vérifiée par une infinité de n N. r d n c(d), + X n.θ c(d) Ce théorème est démontré section 5, on peut en déduire une démonstration du théorème 4 légèrement différente de celle de [Ch2]. 2.7 Remarques sur le calcul des meilleures approximations. La suite des vecteurs meilleures approximations (P n, ) ne peut pas être obtenue à l aide d un algorithme classique de développement en fraction continue multidimensionnelle ; en effet, Lagarias a montré que la suite (P n, ) des vecteurs meilleures approximations d un élément θ R d ne satisfait en général pas la propriété d unimodularité (cf. [Lag3] et section 2.3) (Il est bien sûr possible d affaiblir les conditions que l on exige d un développement en fraction continue, cf. [Lag6]). Cependant Lagarias a montré comment utiliser l algorithme de réduction des réseaux de Lovasz pour calculer les meilleures approximations ([Lag5],[Lag6]). Nous voulons simplement ajouter deux remarques à sa méthode. L idée de Lagarias est d introduire pour t > 0 le réseau de R d+ Λ t = Ze Ze 2... Ze d Z(te d+ (θ e +... + θ d e d )) où e,...,e d+ sont les vecteurs de la base canonique de R d et t > 0. Supposons R d+ muni de la norme euclidienne. Soit v t = d i= p ie i + q t (te d+ d i= θ ie i ) le plus court vecteur de Λ t, un calcul simple montre que q t est une meilleure approximation de θ. En effet, si q est un entier compris entre et q t alors pour tout k,..., k d Z on a N( d k i e i + q(te d+ i= d θ i e i )) N(v t ) i= donc d d N 2 ( (k i qθ)e 2 i ) + q 2 t 2 N 2 ( (p i q t θ)e 2 i ) + qt 2 t 2 i= i= 9

et d d N 2 ( (k i qθ)e i ) > N 2 ( (p i q t θ)e 2 i ). i= L algorithme de Lovasz fournit une bonne base b,..., b d+ du réseau Λ t pour laquelle N(b ) 2 (d )/2 N(v t ) (cf. [G.L.S.] page 43, theorem 5.3.3). Babai ([Ba]) a démontré que cette base vérifie : pour tout k {,..., d + } le sinus de l angle entre b k et le sous-espace engendré par les autres vecteurs de base est supérieur à ( 3/2) d+. Il suffit donc de chercher le plus court vecteur de Λ t parmi les vecteurs dont les coordonnées dans la base b,..., b d+ sont inférieures à (2/ 3) d+. Notre première remarque porte sur le choix du paramètre t > 0. Supposons que pour une certaine valeur de t nous ayons trouvé une meilleure approximation q t, quelle nouvelle valeur t faut-il choisir pour être sûr d obtenir une nouvelle meilleure approximation q t > q t? La réponse se déduit facilement de l inégalité fondamentale. Soit n l entier tel que = q t ; nous avons r n = r t = N( d i= (p i q t θ)e i ). Appelons C la constante intervenant dans l inégalité fondamentale. Considérons le plus petit entier k tel que r n+k < 2 r n. Pour p < k nous avons donc Choisissons i= +p+ r d n +p+ 2 d r d n+p 2 d C +k 2d C rn d. t = rd+ n 2 d+ C. Soit (k,..., k d ) Z d les coordonnées du point P n+k de Z d vérifiant r n+k = N(P n+k +k θ). Le vecteur w = d i= k ie i + +k (t e d+ d i= θ ie i ) appartient à Λ n+k et N(w) 2 = N 2 ( d (k i +k θ i )e i + +k t e d+ ) i= = rn+k 2 rn d+ + (+k 2 d+ C )2 < 4 r2 n + ( 2 r n) 2 < r 2 n. Par conséquent la meilleure approximation q t = déduite du plus court vecteur v t de Λ t, est telle que r n N(w) < r n et q t > q t. Ce choix de t en fonction de r t combiné avec la méthode Lagarias donne un algorithme qui détermine une sous-suite de la suite des meilleures approximations. Un bon algorithme multidimensionnel de développement en fraction continue devrait détecter la présence d une relation linéaire entre les coordonnées de θ. Cela peut se faire grâce au réseau dual Λ n. En effet, on vérifie facilement que les trois propositions suivantes sont équivalentes :. Il existe des entiers non tous nuls, a,..., a d, tels que a θ +... + a d θ d Z. 2. Il existe n N tel que X n.θ Z. 3. Il existe n 0 N tel que X n.θ Z pour tout n n 0. Il suffit donc pour détecter une relation linéaire, de déterminer à l aide de la méthode précédente une sous-suite k de la suite des meilleures approximations et pour chaque k de calculer successivement une base de Λ nk (cf. [G.L.S.] page 54, corollary 5.4.8) puis une base de Λ n k et enfin le plus court vecteur de Λ n k. 2.8 Exemple Considérons l élément θ = (0, 963729, 0, 53624) R 2 et examinons le déroulement du début de la trajectoire de Θ dans le tore T 2. Un calcul sur machine montre que pour R 2 muni de la norme 0

Figure euclidienne, les meilleures approximations sont : q 0 =, q = 26, q 2 = 37, q 3 = 22, q 4 = 332, q 5 = 358, q 6 = 048, q 7 = 406, q 8 = 6625, q 9 = 30796, q 0 = 32202 etc... Lorsque R 2 est muni de la norme sup les meilleures approximations sont : q 0 =, q = 26, q 2 =, q 3 = 37, q 4 = 332, q 5 = 358, q 6 = 048, q 7 = 406, q 8 = 32202 etc... Dans les figures qui suivent le tore est représenté par le carré [0, ] 2. Les points de la trajectoire qθ sont représentés par des croix et les approximations qθ n par des petits losanges. Sur chaque figure le point correspondant à la plus grande meilleure approximation est représenté par le petit carré contenant une croix (sauf sur la figure 4). La figure correspond à la première phase de la trajectoire : qθ, q =,..., q. Le point Θ se trouve en bas à droite et 2Θ, 3Θ, 4Θ...apparaissent successivement le long des droites représentant H pour aboutir au point q Θ situé en haut à gauche. On a s, 5 et t, 7. La figure 2 représente les points qθ, q =,..., 52. Elle illustre la progression pour les q compris entre deux meilleures approximations, des points qθ à partir des points kθ, k q, par translations de vecteur ε. Ici les points qθ traversent la partie comprise entre les droites du réseau H par conséquent X.θ 2 / Z. La figure 3 représente l ensembles {Θ,..., q 2Θ}. On a, s 2 2, 2 et t 2 2, 3 (s 3 =, 5, t 3 =, 7, s 4,, t 4, 7, s 5, 6 et t 5 2, ). La figure 4 représente l ensemble {Θ,..., 600Θ}. Les figures 5 et 6 représentent les ensembles {Θ,..., q 6 Θ} et {Θ,..., q 7 Θ}. Le réseau de droites ne change pas, la trajectoire ne traverse pas l espace compris entre les droites du réseau H 6. On a s 6 4,, t 6 6, 4, s 7 4, 8 et t 7 = 20, 3. Enfin la figure 7 représente l ensemble {Θ,..., 4000Θ}. Comme l approximation r 7 est très bonne les points sont très rapprochés et leur lente progression d une droite de H 6 = H 7 à une autre, est clairement visible. On a s 8 2, t 8 2, s 9,, t 9, 3, s 0, 2 et t 0 9, 6. 2.9 Discrépance et discrépance isotrope de suites (nθ) n N. La discrépance est la mesure de l équirépartition communément utilisée. Elle est naturelle mais privilégie les directions des axes de coordonnées. La discrépance isotrope a l avantage de ne pas privilégier de direction. Nous rappelons ces définitions et quelques résultats sur ces discrépances. Ils conduisent à une appréciation très différente de la répartition des suites (nθ) n N : - Pour la discrépance (usuelle) les suites (nθ) n N sont presque-sûrement proches (à des facteurs

Figure 2 Figure 3 2

Figure 4 Figure 5 3

Figure 6 log près) de la répartition optimale et beaucoup mieux réparties que les suites aléatoires. - Pour la discrépance isotrope les suites (nθ) n N sont loin de la répartition optimale alors que les suites aléatoires ont une répartition presque optimale. Définition 2 Soit X un sous-ensemble à N éléments de [0, [ d où de T d que nous identifions à [0, [ d. ) La discrépance de X est le nombre D N (X) défini par D N (x) = sup { card (X [0, x [... [0, x n [) Nx...x n : (x,...x n ) [0, ] d}. 2) La discrépance isotrope de X est le nombre J N (X) défini par J N (x) = sup { card (X C) Nµ(C) : C [0, ] d, C convexe } où µ désigne la mesure de Lebesgue. W. M. Schmidt a démontré que pour presque tout Θ T d D N ({0, Θ,..., (N )Θ}) (ln N) d++ε où ε > 0 (Cf. [Sch]). Ce résultat a été amélioré par J. Beck qui a prouvé l estimation suivante dont la démonstration est très difficile: Soit φ une fonction croissante de N dans N. Alors D N ({0, Θ,..., (N )Θ}) (ln N) d φ(ln ln N) pour presque tout Θ D autre part J. F. Roth a donné la minoration : Si X est un ensemble a N éléments de T d alors D N (X) (ln N) d 2 n= φ(n) < +. (en dimension 2, on conjecture que pour tout Θ T 2, D N ({0, Θ,..., (N )Θ}) (ln N) 2 ). Pour les suites aléatoires les ordres de grandeur sont très différents. En effet, si (X n ) n N est une suite de variables aléatoires indépendantes uniformément distribuées dans [0, ] d alors presque-sûrement D N ({X 0,..., X N }) lim sup > 0 N N log log N 4

Figure 7 (il suffit de fixer un rectangle non dégénéré R de [0, ] d et d appliquer la loi du logarithme itéré à la suite Y n = R (X n )). Ces résultats montrent que presque toutes les suites (nθ) n N, Θ T d, sont beaucoup mieux réparties que les suites aléatoires. L inverse se produit avec la discrépance isotrope. W.M. Schmidt a montré que pour tout ensemble fini X à N éléments de I d = [0, ] d on a J N (X) cn 2 d+ ([Sch2]). W. Stute ([St]) a étudié la discrépance isotrope d une suite aléatoire de N points de I d. Pour d = 3 il a obtenu l estimation J N (X) = O(N /2 (ln N) 2/3 ) presque sûrement. À des facteurs log près les suites aléatoires de I 3 ont donc une discrépance isotrope optimale. Pour les suites qui nous intéressent, (nθ) n N, G. Larcher a prouvé que J({0, Θ,..., (N )Θ}) N d pour tout Θ de T d (Cf. G. Larcher, On the distribution of the multiples of an s-tuple of reals numbers, Journal of Number Theory 3, 367-372 (989), voir aussi [Ch3]). Une puissance strictement positive de N sépare donc la discrépance isotrope optimale de la discrépance des suites (nθ) n N. Rappelons enfin un résultat presque-sûr dû à Larcher ([Lar]) : pour presque tout Θ T d J N ({0, Θ,..., (N )Θ}) N d (ln N) d d +ε. 3 Extensions du théorème des trois distances Soit Θ un élément de T et n un entier. Le théorème des trois distances affirme que l ensemble {0, Θ,..., (n )Θ} découpe le tore T en n intervalles ayant au plus trois longueurs distinctes. Il a été démontré pour la première fois en 958 et 959 par V.T. Sós et S. Świerczkowski (cf. [Só,2,3] et [Św] ) ; il admet de nombreuses démonstrations et peut être relié au développement en fraction continue de Θ. Nous allons présenter plusieurs extensions de ce théorème. 3. Dans le tore de dimension En 976, F. R. K. Chung et R. L. Graham ont étendu ce résultat au cas de la réunion de plusieurs suites arithmétiques : 5

Soit Θ, α,...,α d des éléments de T et n,...,n d des entiers positifs. Alors les points α i + kθ, i =,..., d, k = 0,..., n i, divisent T en intervalles ayant au plus 3d longueurs distinctes. Ce résultat est connu sous le nom de théorème des trois d-distances et en 978, F. M. Liang en a donné une démonstration très simple ([Li]). En 993, J. F. Geelen et R. J. Simpson ont prouvé une version 2-dimensionnelle du théorème des trois distances : Soit Θ, Θ 2 deux éléments de T et n, n 2 deux entiers positifs. Alors les points k Θ + k 2 Θ 2, k = 0,..., n, k 2 = 0,..., n 2, divisent T en intervalles ayant au plus n + 3 longueurs distinctes. Ils ont formulé la conjecture suivante : Soit Θ,..., Θ d des éléments de T et n,..., n d des entiers positifs. Alors les points k Θ +... + k d Θ d, k = 0,..., n,..., k d = 0,..., n d, divisent T en intervalles ayant au plus d i= n i +C d longueurs distinctes où C d est une constante qui ne dépend que de d. Nous avons prouvé dans [Ch4] un résultat qui n est pas très éloigné de la conjecture de Geelen et Simpson. Théorème 7 Supposons d 2. Soit Θ,..., Θ d des éléments de T et n,..., n d des entiers positifs. Alors les points k Θ +... + k d Θ d, k = 0,..., n,..., k d = 0,..., n d, divisent T en intervalles ayant au plus d i= n i + 3 d 2 i= n i + longueurs distinctes. 3.2 Dans le tore de dimension d Il est naturel de chercher une généralisation du théorème des trois distances valable dans le tore à d dimensions. Un énoncé pourrait être : Soit Θ T 2 et n un entier. Existe-t-il une triangulation du tore T 2 dont les sommets sont les points 0, Θ,..., (n )Θ et telle que le nombre de triangles différents à isométrie près soit majoré par une constante qui ne dépende ni de n ni de Θ? Cette question ne semble pas apparaître dans la littérature et nous n avons pu qu y répondre partiellement. En dimension le théorème des trois distances est relié à l existence de certaines tours de Rokhlin : Soit Θ un élément de T et ( ) n 0 la suite des dénominateurs des réduites de Θ. Appelons A et B les intervalles [0, Θ [ et [ + Θ, 0[. Pour n pair, on a la partition T = { 0 k<qn+ (A + kθ) } { 0 k<qn (B + kθ)}. (Une partition analogue est valable pour n impair.) En fait, plutôt que d étudier directement l énoncé sur les triangulations nous avons recherché de bonnes tours de Rokhlin. Dans ce but, nous avons utilisé un diagramme de Voronoï, cela permet d utiliser le caractère isométrique des translations x T d x + Θ. Rappelons la définition d un diagramme de Voronoï. Définition 3 Soit (X, D) un espace métrique, E une partie de X et x un élément de E. La région de Voronoï associée à l ensemble E et au site x E est définie par V D (E, x) = {y X : x E, D(x, y) D(x, y)}. Soit N une norme sur R d. Pour Θ T d, m et n N, m n, désignons la région de Voronoï associée à E = {0, Θ,..., nθ} et au site mθ par V N (Θ, n, m). Lorsque la norme N est euclidienne les régions de Voronoï sont des polyèdres convexes dont les intérieurs sont disjoints. Théorème 8 ([Ch3]) ) Il existe une constante C d telle que pour tout Θ T d et chaque meilleure approximation de Θ associée à la norme euclidienne usuelle, la propriété suivante soit vraie : Il existe une norme euclidienne N(.) = N n (.) sur R d et une partition de l intervalle {0,..., 2} en au plus C d sous-intervalles I,..., I k telles que pour chaque intervalle I j et tout entier m, (m et m + I j ) (V N (Θ, 2, m) + Θ = V N (Θ, 2, m + )). 2) De plus, si NΘ est dense dans T d alors le diamètre pour la norme usuelle de ces régions de Voronoï tend vers 0 quand tend vers l infini. 6

La triangulation de Delaunay, duale du diagramme de Voronoï, fournit une réponse positive à la question sur les triangulations mais seulement pour certains entiers n. Le théorème précédent est démontré dans [Ch3] mais le principe de la démonstration se trouve dans [Ch2] qui contient aussi un résultat pour les nombres mal approximables : Proposition On suppose que R d est muni de la norme euclidienne. Si Θ T 2 est mal approximable, c est-à-dire si c = inf{n nθ d : n N } > 0 alors il existe une constante C ne dépendant que de c, telle que pour tout n il existe une partition de l intervalle {0,..., n} en au plus C sous-intervalles I,..., I k telle que pour chaque intervalle I j et tout entier m, 3.3 Recouvrements (m et m + I j ) (V (Θ, 2, m) + Θ = V (Θ, 2, m + )). La recherche de bons recouvrements du tore T d par les translations successives d une même partie est un problème voisin de celui des tours de Rokhlin. En dimension, il y a de bons recouvrements par des intervalles : Soit Θ est un élément du tore T et ( ) la suite des dénominateurs des réduites de Θ alors [kθ Θ, kθ + Θ] = T k=0 et tout point de T d appartient à au plus deux intervalles [kθ Θ, kθ + qθ], k {0,..., }. Pour généraliser ce recouvrement au tore T d nous allons utiliser les réseaux Λ n associés à un élément Θ du tore. Pour une base e,n,..., e d,n de Λ n posons D n = { d x i e i,n : i, x i [ 2, 2 ]}; D n est un domaine fondamental du réseau Λ n (à la frontière près). i= Proposition 2 Soit Θ un élément du tore T d tel que NΘ soit dense dans T d. Alors pour chaque n on peut choisir la base e,n,..., e d,n de telle sorte que ) lim n diam D n = 0, 2) il existe un entier a qui ne dépend que de la dimension tel que (p(ad n ) + kθ) = T d, k=0 3) il existe un entier b qui ne dépend que de la dimension tel que tout élément de T d appartienne à au plus b parties de la forme p(ad n ) + kθ avec k {0,..., }. 4 Inégalités complémentaires Désignons par x = [a 0, a,..., a n,...] un réel dont (a n ) est la suite des quotients partiels. Nous allons voir que le principe des tiroirs permet d étendre très simplement un certain nombre d inégalités valables pour le développement en fraction continue unidimensionnelle.. 4. Extension de l inégalité +2 (x) 2 (x) La relation de récurrence + (x) = a n+ (x) + (x) montre que + (x) (x) + (x) et (x) ω n pour n 2, ω désignant le nombre d or. Les résultats suivants sont dus à J. C. 7

Lagarias [Lag]. ) Si R d est muni de la norme sup alors θ T d, n N, +2 d(θ) + (θ) + (θ). 2) Si R d est muni d une norme quelconque alors θ T d, n N, +2 d+(θ) 2+ (θ) + (θ). 3) Il existe une constante λ > telle que θ T d, n N, λ n. Les affirmations ) et 2) reposent sur une utilisation astucieuse du principe des tiroirs. Quand R d est muni de la norme sup, l inégalité plus faible +2 d(θ) 2 (θ) est facile à prouver. En effet, si +2 d(θ) < 2 (θ) alors pour i, j = 0,,..., 2 d on a +i (θ) +j (θ) < (θ). Donc +i (θ)θ +j (θ)θ > r n, ce qui est impossible car la boule B(0, r n ) ne peut pas contenir 2 d + points dont les distances mutuelles sont strictement supérieures à r n. Dans le cas de R 2 muni de la norme sup, J. C. Lagarias a démontré des inégalités plus précises par un emploi ingénieux du principe des tiroirs ([Lag2], théorème 3..). 4.2 Extension de l inégalité r n (x) 2r n+2 (x) Proposition 3 ) Si R d est muni de la norme sup alors 2) Si R d est muni d une norme quelconque alors θ T d, n N, r n+3 d(θ) 3 r n(θ). θ T d, n N, r n+3 d(θ) 2 r n(θ). J. C. Lagarias a démontré une inégalité du même type pour la norme euclidienne dans [Lag6]. Le cas de R 2 muni de la norme sup se trouve dans [Ch3]. La deuxième inégalité est facile. En effet, une boule de R d de rayon r contient au plus 3 d points dont les distances mutuelles sont supérieures à r/2 car une boule de rayon 3r/2 contient au plus 3 d boules disjointes de rayon r/2. Si r n+3 d 2 r n alors les points q i Θ, i = n,..., n+3 d, sont 3 d + points de la boule B(0, r n ) dont les distances sont supérieures à 2 r n. On conclut en choisissant des représentants de ces points dans la boule de R d de centre 0 et de rayon r n (θ). 4.3 Changement de norme Supposons que R d soit muni des deux normes N(.) et N (.), et appelons d et d les distances induites dans le tore T d. Notations. Pour un élément θ de T d, on note ( ) la suite des meilleures approximations associées à la première norme, (q n) la suite des meilleures approximations associées à la deuxième norme, r n = d(0, Θ) et r n = d (0, q nθ) les restes. Des exemples simples montrent que les suites ( ) et (q n) sont en général différentes, cependant leurs croissances sont liées (cf exemple paragraphe 2.8). Proposition 4 Il existe un entier k ne dépendant que des normes tel que i) Θ T d, n N, m N, q m ], +k ], ii) Θ T d, n N, q n q kn. 8

4.4 Liaison entre les coordonnées de θ En dimension, lorsque θ et sont rationnellement liés, c est-à-dire lorsque θ est rationnel, le développement en fraction continue s arrête au bout d un nombre fini d itérations et le nombre de meilleures approximations est fini. En dimension 2, les coordonnées de θ et peuvent être rationnellement liées sans que le nombre de meilleures approximations soit fini, il suffit que θ n appartienne pas à Q d. Par contre des liaisons entre les coordonnées de θ et permettent d améliorer l inégalité fondamentale : Proposition 5 Supposons R d muni de la norme euclidienne usuelle. Soit θ appartenant à R d et x,..., x p des éléments linéairement indépendants de Z d. Si θ vérifie les relations x i.θ Z, i =,..., p alors, pour tout n N tel que r n (θ), on a (θ)r d p 2d p n (θ) det(x i.x j ) i,j p σ d p où σ m désigne le volume de la boule unité de R m. 5 Démonstrations 5. Preuve des propriétés P, P2, P3 et P4 Voir [Lar], [Ch] et [Ch2]. ) Pour k, d(kθ, kθ n ) = p(k ε n qn ) k N(ε n ) r n. 2) Soit k {,..., } tel que kθ n = r( Θ n ). On a ( k)θ n = kθ n = r( Θ n ) on peut donc supposer que k qn 2, d où kθ n = r( Θ n ) = k(θ ε n ) kθ k ε n r n k N(ε n ) r n r n 2 r n 2. On a aussi r( Θ n ) Θ n Θ + (Θ n Θ) r n + r n 2r n. 3) Si k k {0,..., } alors le calcul de 2) montre que (k k )Θ n r n 2 > 0. 4) det Λ n = car card Θ n =. 5.2 Démonstration de l inégalité (2) Soit une meilleure approximation de Θ T d et λ λ 2... λ d les minima du réseau Λ n associé à Θ et à la meilleure approximation. D après le théorème de Minkowski (cf. appendice, à la fin de la section 5) nous avons λ λ d d det Λ n =, or d après (P2) r n λ donc ( λd λ ) d λ d s d n s n. De plus, d après le corollaire de l appendice e(λ n ) λ d donc e(λn) r(λ n ). Comme tout point de {0, Θ,..., ( )Θ} est à une distance inférieure de Θ n à r n nous en déduisons e({0, Θ,..., ( )Θ}) r({0, Θ,..., ( )Θ}) e(λ n) r n e(λ n) r n 2r(Λ n ) cs d n où c est une constante qui ne dépend que de la norme. Comme on a évidement e({0,θ,...,(qn )Θ}) r({0,θ,...,( )Θ}) 2, on obtient l inégalité e({0, Θ,..., ( )Θ}) (2) r({0, Θ,..., ( )Θ}) s d n. 9

5.3 Démonstration de l inégalité (3) D après (P2) et l inégalité () (cf. 2.4) donc pour q, e({0, Θ,..., ( )Θ}) s n r n e({0, Θ,..., qθ}) e({0, Θ,..., ( )Θ}) s n r n. Par définition des meilleures approximations r({0, Θ,..., qθ}) = r n pour q < +, d où e({0, Θ,..., qθ}) r({0, Θ,..., qθ}) s ( ) d nr n s n r n rn = t n = t n t n. r n t n r n r n 5.4 Démonstration de l inégalité (4) Soit q un entier appartenant à {,..., + }. Tout point A k = (k + a)θ de {0, Θ,..., qθ} est à une distance de {0, Θ,..., qθ} inférieure à kr n car (k + a)θ = aθ + k(p n + ε n ) aθ + kε n et aθ {0, Θ,..., qθ}. Il en résulte que Pour tout q on a donc e({0, Θ,..., qθ}) e({0, Θ,..., ( )Θ}) [ q ]r n. e({0, Θ,..., qθ}) r({0, Θ,..., qθ}) e({0, Θ,..., (q q n )Θ}) [ ]r n r n e({0, Θ,..., ( )Θ}) r({0, Θ,..., ( )Θ}) e({0,θ,...,(q Grâce à l inégalité (2) : n )Θ}) r({0,θ,...,( )Θ}) s d n, on obtient e({0, Θ,..., qθ}) r({0, Θ,..., qθ}) cs n d r n r n ( [ q ] = c r d n r n 5.5 Preuve du lemme (paragraphe 2.6) r n r n ) d [ q [ q ]. d ] ct n [ q ]. ) Comme k on a kθ.x n θ.x n. Par définition de θ n+p, ε n+p et de X n on a θ.x n = (θ n+p + ε n+p ).X n +p = ε n+p.x n +p N(ε n+p )N(X n ), +p d où kθ.x n N(ε n+p )N(X n+p ) r n+p q d n. 2) Comme X n+ appartient à Z d et θ n appartient à Z d, le produit scalaire X n+.θ n appartient à Z. D autre part, X n+.θ n = X n+.θ n+ + X n+.(θ n θ n+ ) X n+.(θ n θ n+ ). De plus, X n Λ n+ donc N(X n ) N(X n+ ) et X n+.(θ n θ n+ ) N(X n+ )N(θ n θ n+ ) N(X n )(N( ε n ) + N( ε n+ + )) 2r nn(x n ) <, par conséquent X n+.(θ n θ n+ ) = 0, X n+ Λ n et N(X n+ ) N(X n ). 20

5.6 Preuve du théorème 6 Lorsque X n.θ n+ / Z nous avons affirmé que la trajectoire entre les instants et +, traverse l espace intermédiaire entre les hyperplans du réseau H n. Pour le prouver, il faut d abord traduire en termes d inégalité cette affirmation. Soit a {0,..., } et A k = aθ + kε n (a + k )θ, k = 0,..., [ + a ]. Pour k = 0 le point A 0 se trouve dans la bande B 0 = {X R d : X n.x [a 0 2, a 0 + 2 ]} où a 0 est l entier le plus proche du produit scalaire aθ.x n. Il nous faut vérifier que A k pour k = [ qn+ a ], se trouve en dehors ou presque en dehors de la bande C est l objet du lemme. B = {X R d : X.X n [a 0, a 0 + ]}. Lemme 2 Supposons que X n.θ n+ / Z, alors ) a n+ ε n.x n 3r n N(X n ) (a n+ := [ + ]), 2) n n(d) + X n.θ 3r n N(X n ). Démonstration. Notons L Xn la forme linéaire X R d L Xn (X) = X n.x et ε = (θ n+ θ n ). Pour a {0,..., } posons. Par définition de θ n, θ n Z d donc E a = {aθ + kε n : k 0 et a + k < + } + Z d, F a = {aθ n+ + kε : k 0 et a + k < + } + Z d. (a + k )θ = aθ + k (θ θ n ) + k θ n aθ + kε n et De même et E a = E a + Z d où E a = {(a + k )θ : k 0 et a + k < + }. (a + k )θ n+ = aθ n+ + k (θ n+ θ n ) + k θ n aθ n+ + kε F a = F a + Z d où F a = {(a + k )θ n+ : k 0 et a + k < + }. 2. Tout p {0,..., + } est de la forme p = a + k où k 0 et a + k < + donc On en déduit que Λ n+ = a=0 F a. L Xn (Λ n+ ) + Z = (L Xn (F a ) + Z). a=0 3. Notons δ H la distance de Hausdorff sur les parties de R ou R d. D après, pour a {0,..., } on a δ H (E a, F a ) δ H (E a, F a ) + N(θ θ n+ ) = N(ε n+ ) = r n+. 4. Soit a, b {0,..., }. Appelons k a (resp. k b ) le plus grand k tel que a + k < +. On vérifie que k a k b k 0 k qn donc δ H (L Xn (F a ) + Z, L Xn (F b ) + Z) δ H (L Xn (F a ) + Z, L Xn {bθ n+ + kε : 0 k k a } + Z) +δ H (L Xn {bθ n+ + kε : 0 k k a } + Z, L Xn (F b ) + Z) δ H (L Xn (F a ) + Z, L Xn {bθ n+ + kε : 0 k k a } + Z) + N(X n )N(ε). 2

Or N(ε) N(θ n+ θ + θ θ n ) + N(ε n+ ) + N(ε n ) 2r n et pour k k a on a donc L Xn (aθ n+ + kε (bθ n+ + kε)) = L Xn ((a b)θ n+ ) X n.(θ n+ θ n + θ n ) = X n.(θ n+ θ n ) N(X n ) N(θ n+ θ n ) 2r n N(X n ), δ H (L Xn (F a ) + Z, L Xn (Λ n+ ) + Z) 4r n N(X n ). En combinant cette inégalité avec 2 et 3 on trouve pour tout a {0,..., } δ H (L Xn (E a ) + Z, L Xn (Λ n+ ) + Z) δ H (L Xn (E a ) + Z, L Xn (F a ) + Z) +δ H (L Xn (F a ) + Z, L Xn (Λ n+ ) + Z) N(X n )δ H (E a, F a ) + 4r n N(X n ) N(X n )(r n+ + 4r n ) 5r n N(X n ). 5. L Xn (Λ n+ ) + Z est un sous groupe discret de R car il est inclus dans + Z. Donc il existe τ > 0 tel que L Xn (Λ n+ ) + Z = τz. On a τ 2 r n qn N(X n ). En effet, X n.θ n+ / Z, X n.θ n+ = X n.θ n +X n.(θ n+ θ n ) X n.(θ n+ θ n ) et X n.(θ n+ θ n ) N(X n )N(θ n+ θ n ) 2 rn N(X n ). 6. D après 5, l un des points de L Xn (Λ n+ ) + Z appartient à l intervalle [ 8r n N(X n ), 6r n N(X n )], donc d après 4 l un des points de L Xn (E 0 )+Z appartient à l intervalle [ 3r n N(X n ), r n N(X n )]. Par suite il existe k {0,..., [ + ]} et m Z tels que kε n.x n m [ 3r n N(X n ), r n N(X n )]. En changeant éventuellement X n en X n on peut supposer que ε n.x n 0. Dans ce cas m 0 et [ qn+ ]ε n.x n 3r n N(X n ) ce qui achève la démonstration du premièrement. Le deuxièmement découle simplement du fait que si r n qn N(X n ) < 2 alors X n.θ = X n. ε n = X n. ε n. Fin de la preuve du théorème 6. Supposons qu il existe n 0 tel que n n 0, r d n c(d). En choisissant convenablement c(d) on peut supposer que pour tous les n n 0 on a N(X n )r n r n q d n < 26. Si il n existe qu un nombre fini de n tels que θ n+.x n / Z alors, d après le lemme. 2), sup n N N(X n ) < +. On en déduit qu il existe un vecteur Y 0 Z d tel que Y 0 = X n pour tous les n I, I infini. Dans ce cas Y 0.θ = lim n, n I Y 0.θ n Z ce qui contredit l hypothèse NΘ dense. On conclut grâce au lemme 2. 5.7 Recouvrements, preuve de la proposition 2 Utilisons le résultat de Babai sur les bases réduites d un réseau : Lemme 3 ([Ba]) Supposons R d muni de la norme euclidienne. Soit Λ un réseau de R d, alors il existe une base e, e 2,..., e d du réseau Λ telle que ) e e 2... e d, 2) pour tout k {,..., d} le sinus de l angle entre e k et le sous-espace engendré par les autres vecteurs de la base, est supérieur à ( 3/2) d. Pour chaque n soit e,n,..., e d,n une base de Λ n vérifiant les conditions du lemme. ) Comme diam D n N(e,n ) +... + N(e d,n ) dn(e d,n ). Il suffit de prouver que N(e d,n ) tend vers 0 quand n tend vers l infini. Soit H n = { d i= t ie i,n R d : t d Z}. Le choix de la base e,n,..., e d,n montre que e(h n ) 3 2 ( 2 )d N(e n,d ). 22