Le pétrole, les déversements et les deal

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1 Le pétrole, les déversements et les deal Les controverses aux Etats-Unis à propos du déversement accidentel du pétrole dans le Golfe du Mexique présagent des moments difficiles à l avenir dans les pays africains où il y a eu des découvertes de pétrole offshore. Tout d abord, la déréglementation du régime de réglementation de l industrie pétrolière américaine par l administration du Président Bush a rendu les organes de réglementation impuissants, ce qui explique le recours de l administration Obama à l influence politique. Le déversement accidentel et les tentatives manquées pour l endiguer ont également remis en cause la fiabilité de la technologie actuelle utilisée pour l exploitation du pétrole offshore et le contrôle et des catastrophes écologiques qui peuvent émaner de cette exploitation. Qu est-ce que tout cela implique pour les gouvernements et les peuples africains dotés de pétrole offshore? Des dangers graves si l on ne tire pas des leçons de la catastrophe du Golfe du Mexique. Si même les Etats-Unis ont du recourir à des tactiques politiques de main forte pour tenir BP responsable compte tenu de la faiblesse de leurs organes de reglementation qu adviendra t-il aux gouvernements africains affaiblis qui ne peuvent pas tenir la tête à une société multinationale et pis encore ont des cadres de réglementation et des institutions faibles. Depuis que les cinq millions de barils de pétrole ont commencé à s écouler des installations off shore de BP dans le Golfe du Mexique, aucun jour ne passe sans des appels incessants à l endroit du gouvernement américain et de BP pour qu ils prennent des mesures rapides et appropriées pour remédier aux dégâts. Même le Premier Ministre Britannique David Cameron a du tenir des pourparlers avec le Président Barack Obama sur la question. Ce qui démontre l importance accordée au déversement. En fin de compte le PDG de BP a été démis de ses fonctions et envoyé en Sibérie. La situation est différente en Afrique où lorsque ces mêmes sociétés, BP, Shell Exxon Mobil, les sociétés multinationales des pays développés causent des déversements. En premier, elles n acceptent par la responsabilité pour ces déversements. En second lieu, au cas où elles acceptent la responsabilité, elles ne prennent pas des mesures pour remédier à la situation mais font des gestes inefficaces envers les gouvernements africains ou les communautés touchées par leurs actions. En fait, elles sont parfois aidées par les gouvernements qui persuadent les communautés touchées d accepter des remèdes insignifiants ou les contraignent à ne pas porter des accusations contre les societes pétrolières. En fait de compte, comme le démontre le cas classique du Delta du Niger au Nigeria, les communautés chassées de leurs terres communales, privées de leurs moyens de subsistance et confrontées à un environnement pollué se tournent vers la violence comme moyen de survie (Voir l article intitulé, les déversements de pétrole du Delta du Niger au Golfe du Mexique. Au fur et à mesure qu on découvre de plus en plus de gisements de pétrole offshore dans le Golfe de Guinée, si les mesures de précaution nécessaires ne sont pas prises, les ressources halieutiques abondantes de la zone seront détruites de manière irréversible tout en mettant en péril les moyens de subsistance déjà précaire des pêcheurs qui sont réduits à des indigents en raison des activités des bateaux de pêches étrangers. Les marrées noire dans les champs pétroliers découverts récemment en

2 Sierra Leone passant par la Cote d Ivoire, le Ghana, le Nigeria, la Guinée Equatoriale à l Angola posent de graves dangers à la région et à ses populations. Si le déversement récent de 706 barils de boue à base d huile de faible toxicité (LTOBM) par Kosmos Energy, l un des exploitants du pétrole nouvellement découvert au Ghana avant la production du premier baril de pétrole est une indication de ce que le Ghana attendre, le pays ne sera pas à l aise. Suite à des enquêtes par un comité mis en place par le gouvernement, Kosmos Enery a été tenu coupable et écopé d une amande de 40 milliards de cedis que la société refuse de reconnaître. Dans une lettre émise par l intermédiaire de leurs avocats ghanéens, Kosmos Energy conteste les revendications du gouvernement ghanéen et remet en cause la légalité de l amende imposée par un ministère qui, à son avis, n a pas l autorité ou le mandat juridique d agir ainsi. Il ressort de cette situation que les gouvernements africains doivent non seulement assurer que les accords d exploration du pétrole prennent en compte les dégâts environnementaux potentiels qui sont inhérents à l industrie pétrolière. Cette situation révèle aussi un déficit dans l application des connaissances et expériences acquis dans le cadre des dégâts environnementaux causés par les sociétés minières au fil des ans en Afrique sans que les gouvernements africains et leurs agences ne puissent intervenir car ils se sont liés par des accords qui privilégient les avantages des sociétés minières. Dans leur tentative d attirer les dits investissements étrangers directs vers leur pays, la plupart des pays africains sont encouragés à signer des accords dont les termes sont très défavorables, y compris la clause de stabilisation, qui compromettent même la souveraineté de ces pays. Le résultat est que les sociétés minières pillent les ressources minières de l Afrique et laissent dans leur sillage des terres dévastées et polluées qu on ne peut pas utiliser à d autres fins. De nombreuses communautés touchées par l exploitation minière ont des expériences atroces à relater à mesure que les opérations minières les privent de leurs terres, polluent leurs sources d eau et les appauvrissent davantage en raison de la perte des leurs moyens de subsistance. Les gouvernements africains doivent assurer que dans les accords qu ils signent avec ces sociétés multinationales sont strictes et contiennent des clauses environnementales qui non seulement les tiennent responsables mais aussi exigent qu elles prennent des mesures pour remédier à la situation en cas de déversements accidentels. Ils doivent aussi se doter des agences bien outillées et un personnel qualifié qui peuvent gérer de manière efficace la situation sans craindre la possibilité d être compromis par les sociétés coupables. L affaire entre Kosmos Energy et le gouvernement ghanéen est un exemple des questions controversées provenant des accords que les gouvernements africains signent avec les sociétés multinationales. Il est très redoutable qu en dehors du pillage des ressources de l Afrique au bénéfice des sociétés multinationales nous nous retrouvons avec un environnement détruit.

3 Les marées noires en Afrique n ont rien de nouveau Les marrées en Afrique sont souvent passées sous silence ou lorsqu elles sont signalées, ni les sociétés multinationales impliquées dans ces actes épouvantables ne prennent pas les mesures correctives nécessaires, ni les gouvernements africains n assurent pas qu elles prennent ces mesures comme c est le cas du gouvernement américain écrit * Edem Torkornoo Cinq millions de barils de pétrole auraient été déversés accidentellement dans les eaux du Golfe du Mexique. Pour les environnementalistes et ceux qui vivent de la pêche et du potentiel touristique, c est une tragédie grave! Mais, si les Américains avec toutes les technologies sophistiquées n ont pas pu endiguer les fuites, quel est le sort des pays en développement de l Afrique surtout du Golfe où les découvertes de pétrole sont pour la plupart en offshore. En fait, de la Mauritanie passant la Sierra Leone, au Ghana toutes les découvertes sont en offshore. La région du Delta du Niger où se trouvent les gisements de pétrole au Nigeria est une situation lamentable de déversement continu de pétrole depuis le début de l exploitation au début des années 70. Les déversements Les déversements se produisent le long de la côte africaine sont causés non seulement par la production mais aussi par l explosion ou les incendies dans les pétroliers. Les incendies les plus graves étaient celle du pétrolier espagnol Castillo de Belver en 1983 qui a libéré 1,8 millions de barils de pétrole brut et été brulé en mer. Un pétrolier iranien aussi a déversé tonnes de pétrole brut au large de la côte marocaine en Face à tous ces dégâts, les gouvernements africains et les sociétés multinationales impliquées n ont pris aucune mesure pour remédier à la situation bien que les ressources halieutique et, en l occurrence, les moyens de subsistance des populations soient en danger. Les sociétés multinationales s en sortent impunément parce que les gouvernements africains et les agences de réglementation ne font pas preuve de leur capacité à tenir les sociétés coupables responsables. Les exportations de pétrole et de gaz du Nigeria représentent environ 95% des recettes en devise du pays et environ 80% des revenus du gouvernement fédéral et 20% du PIB. Les réserves de pétrole prouvées du Nigeria sont estimées sont estimées à en 36 millions de barils et sa production moyenne de brut s élève à 1,6 millions de barils par jour. Cette production se déroule dans le Delta du Niger au sud du pays. Le Delta du Niger est doté d abondantes ressources naturelles et abrite des rivières, des plaines, et de vastes mangroves rouges et blanches, une faune intéressante. Il est situé dans une plaine alluvionnaire et son sol est riche en substances minérales, ce qui le rend à la région favorable à l agriculture. La région regroupe six états dans la partie australe du Nigeria et a une population de 20 millions d habitants. La principale source de revenu de la population est l agriculture ou la pêche. Malheureusement, malgré sa richesse en ressources naturelles et en pétrole, c est l une des plus pauvres régions du pays.

4 Dégâts majeurs «Nous voyons que des efforts désespérés sont consentis pour endiguer les fuites de pétrole aux Etats-Unis. Au Nigeria, les sociétés s enfichent des déversements accidentels et les occultent et détruisent ainsi les moyens de subsistance et l environnement» déclarent Nmi Mio Bassey, un militant de écologique. Chaque année on assiste en moyenne à 175 marées noires dans la région du Delta du Niger. En ,5 millions de tonnes de pétrole ont été déversées dans la région au cours des 50 dernières années et cela représente 50 fois l ampleur de la pollution qui s est produite suite à la marée noire d Exxon Valdez. Ces déversements de ce genre se produisent chaque semaine. Un rapport réalisé par WWF RU, l Union Mondiale pour la Conservation de la Nature, des Représentant du Ministère Fédéral à Abuja et la Nigeria Conservation Foundation a conclu que le Delta est l une des cinq zones les plus polluées de la planète. Malheureusement, ni les societes responsable des déversements accidentels, ni le gouvernement nigérian ne se préoccupent des déversements qui se produisent. Il est intéressant de noter que le Nigeria fournit 40% des importations de pétrole des Etats-Unis. Les trois cas d étude suivants décrivent ce qui se passe dans la région du Delta du Niger. «Si vous observez le lot des pêcheurs ici, vous verrez que nous peinons toute la nuit et nous revenons bredouilles ou avec peu de prise parce que les déversements de pétrole tuent les poissons ou les font migrer vers les eaux profondes que nous ne pouvons pas atteindre et nous n avons pas d autres moyens de subsistance en dehors de la pêche. L industrie pétrolière nous a privé de notre métier traditionnel par ce que Mobil s enfiche de l environnement au Nigeria.» Quelques jours après le déversement accidentel du pétrole par BP dans le Golfe du Mexique, un oléoduc de Exxon Mobil s est éclaté à Ibeno dans l état du Delta du Niger de Akwa Ibom. Le pétrole brut a été déversé dans l Océan Atlantique et a pollué l eau des communautés de pêche situées le long d Akwa Ibom et Cross River. Selon les rapports, plus d un million de gallons de pétrole ont été déversés avant que la société ne prenne des mesures pour arrêter le déversement. Ce n était pas le premier déversement à Akwa Ibom. En 1988, barils de pétrole provenant de la plateforme de Mobil au large de la Côte d Akwa Ibom ont été déversés, occasionnant ainsi des dégâts graves à l environnement côtier. Acceptation Malheureusement, les cas décrits ci-dessus ne surprennent plus. Les populations du Delta du Niger essaient de comprendre que c est ainsi que serait leur mode vie. Pourtant, cela ne les empêche pas de revendiquer parfois des compensations. En 2009, quatre agriculteurs venant de l Etat de Bayelsa dans le Delta du Niger ont traduit la société pétrolière Shell en justice pour avoir pollué leur terre. Ce qui est intéressant c est que les agriculteurs ont fait appel au Tribunal de la Haye pour qu il entende leur cas bien que l affaire a eu lieu au Nigeria. Selon les Amis de

5 la Terre, plus de 500 procès de pollution ont été intenté contre Shell mais très peu de cas ont abouti à des compensations. Cinquante pour cent des déversements sont dus au manque d entretien des oléoducs et des pétroliers rouillés. De nombreux oléoducs utilisés par les sociétés n ont pas été changés pendant des décennies et en conséquence les pipelines en mauvais état sont susceptibles aux dégâts. Par ailleurs, 28% des déversements sont dus à des sabotages. Les déversements menacent les divers écosystèmes de la région. De plus, les moyens de subsistance de 20 millions d habitant de la région sont en danger. Ces populations vivent essentiellement de la pêche et de l agriculture