Compte rendu du stage de «form action» de Megève. Point de vue du formateur

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1 Avertissement : Compte rendu du stage de «form action» de Megève Point de vue du formateur Le compte rendu de ce stage ne peut réellement avoir de sens que pour ceux qui en ont été les acteurs. Il est néanmoins important «de rendre compte» à ceux qui n étaient pas là, même si il est illusoire de vouloir le faire. 18 entraîneurs (dont moi-même) et 21 nageurs du comité Dauphiné Savoie se sont retrouvés en stage pour faire évoluer leur pratique du dimanche 1 ier novembre 14h au mercredi 4 novembre 14h à Megève. Une précision : l entraînement des nageurs est subordonné par la formation des entraîneurs. Emploi du temps : - 8 h : petit déjeuner - 8 h30-9h30 : travail en salle - 10h - 12h : entraînement - 12h30 : déjeuner - 16h - 18h30 : travail en salle - 19h - 20h45 : entraînement - 21h15 : dîner - 21h45-23h : travail en salle Objectifs : Côté entraîneurs : «Remplacer le plan d entraînement (traditionnel) par un plan de construction du nageur» (Cette formule à été employé par un entraîneur en fin de stage) Côté nageurs : Obtenir un fonctionnement de haut niveau pour devenir meilleur nageur Démarche : I - À partir «du modèle théorique du nageur» une grille d observation est construite par le collectif d entraîneurs, cette grille doit rendre compte de la manière dont le nageur s organise pour «passer à travers l eau», s organise pour se propulser et respirer et gère sa vitesse. II - Lors de la première séance d entraînement les nageurs réalisent un 1000m crawl départ plongé chronométré, les entraîneurs observent le fonctionnement des nageurs de façon organisée en utilisant la grille de lecture qu ils ont construite. III - Grâce aux observations collectées : 1 - Nous faisons le point sur l ensemble des transformations à obtenir pour devenir meilleur nageur. 2 - Nous hiérarchisons les transformations qui permettront de passer du niveau de fonctionnement observé à un fonctionnement de meilleur niveau. 3 - Nous planifions celles qu il nous semble possible d obtenir pendant le stage. 4 - Nous définissons les objectifs intermédiaires ou passages obligés qui permettront d obtenir les transformations que nous faisons le pari d obtenir. IV - Les entraîneurs «ainsi armés» conduisent les séances d entraînement qui doivent leur permettre de se former et de se transformer en obtenant un fonctionnement de haut niveau des nageurs entraînés.

2 Déroulement et contenu des séances : Première demie journée (dimanche 1 novembre, après midi) : La construction collective d une grille d observation du nageur permet de faire émerger les représentations «du bien nagé» de chaque entraîneur, à partir de là il devient possible d engager la formation et si besoin de revenir sur le «modèle théorique» du nageur qui a fait l objet d un travail en amont du stage. Nous avons besoin de repères concrets (visibles) pour caractériser un niveau de fonctionnement : l actuel et le projeté. L observation «organisée» nous fournie ces repères. Cette observation nous indique que l ensemble des nageurs utilise un fonctionnement «spontané» qui n est pas de haut niveau pour «passer à travers» l eau et pour se propulser. En effet : - Excepté dans les coulées le grand axe de leur corps n est pas confondu avec l axe de déplacement : la tête même si elle reste fixée est toujours placée haute et émerge de l eau. La prise d information visuelle est constante, la tête se redresse franchement avant les virages. Des oscillations latérales du corps sont fréquentes. Les retours de bras sont latéraux et conduits, ils manquent par conséquent de vitesse et de relâchement. - «Les pales» (main/avant bras) ne sont pas toujours solidement construites et jamais orientées perpendiculairement à l axe de déplacement. La phase propulsive se termine lorsque le bras se trouve à la verticale de l épaule : l arrière en position horizontale n est pas construit. La phase propulsive est donc de très courte durée, du point avant au point profond. - L inspiration est prise dès que le bras dépasse la verticale de l épaule et la tête se relève encore un peu plus. - La vitesse de nage reste stable sur l ensemble du 1000m chez un grand nombre de nageurs. La construction d un fonctionnement de haut niveau pour passer à travers l eau, le corps projectile, s impose en priorité (dans le plan de construction le postural avant le moteur). Les 2 séances de mardi 2 seront exclusivement consacrées à la construction du corps projectile. Le pré requis du corps projectile est le corps flottant (il n est pas possible de construire le corps projectile si le corps flottant ne l est pas) Nous souhaitons donc, après le test du 1000m, nous assurer que les nageurs sont capables de se laisser flotter, de se laisser équilibrer par l eau : de ne rien faire dans l eau, et de choisir la forme du corps entraînant une orientation voulue. Les entraîneurs sont très surpris de découvrir que plusieurs nageurs sont alors incapables d accepter se laisser équilibrer par l eau. L un d entre eux nous dit «on va se noyer!». A la fin de séance, tous sont capables de se laisser équilibrer par l eau. La construction du corps projectile, notre objectif du lendemain, est envisageable. Deuxième journée (lundi 2 novembre)

3 Les 2 séances de la journée sont consacrées exclusivement à la construction du corps projectile : capacité de passer à travers la masse d eau avec un minimum de freinage. Passer à travers l eau suppose pour le corps une vitesse préalablement acquise (grâce à une impulsion). C est aussi la condition qui va permettre au nageur de rechercher la posture efficace. Assez rapidement les nageurs sont capables de plonger et de sortir loin sans rien faire, le pilotage du corps sous la surface est assuré par l ouverture de l angle bras/tronc et non plus par les jambes ou par la tête. La tête reste placée sous les bras, le corps est indéformable. L alignement en immersion du corps rendu indéformable sur l axe de déplacement conditionne cette capacité à passer à travers la masse d eau avec un minimum de freinage. Le placement de la tête joue un rôle déterminant dans la construction de cette posture mais le nageur ne peut placer sa tête comme il se doit qu à condition d avoir construit un système de repères sensitifs qui le renseigne sur le placement de sa tête mais aussi sur l alignement de son corps. Les entraîneurs se rendent compte qu il est alors possible d obtenir instantanément une nuque en extension et une tête immergé qui garantissent l alignement du corps sur l axe de déplacement. L indéformabilité est aussi obtenue très rapidement en utilisant le système proprioceptif. Les nageurs sont désormais capables de nager dans les nages alternées en offrant beaucoup moins de résistances à l avancement. Ces transformations doivent être stabilisées et automatisées par de nombreuses répétitions afin de devenir moins coûteuses sur le plan énergétique et sur le plan informationnel, cette automatisation dépendra du niveau d exigence (jusqu à l intransigeance) dont feront preuve les entraîneurs, sans lequel les nageurs reviendront aux solutions antérieures. Le fait d être parfaitement aligné horizontalement en immersion permet déjà à certains nageurs d organiser leurs propulseurs différemment : ils poussent plus fort et plus loin vers l arrière. La mobilisation de la tête et obtenue rapidement en traversant de part et d autre le plan horizontal de la surface de l eau : par le front en montant très haut au dessus de la surface pour ensuite plonger «par la nuque» sous la surface. Dans les nages simultanées le pilotage du corps par la tête sous la surface de l eau après l impulsion est rendu possible. La structure motrice (de haut niveau) est en place, la nage papillon va devenir rapidement efficace. Troisième journée (mardi 3 novembre) Les 2 séances de la journée et la séance du lendemain seront consacrées à la construction du corps propulseur. Mardi 3 novembre, matin : La construction des propulseurs et plus particulièrement leurs orientations et la direction dans laquelle ils propulsent la masse d eau impliquent la structuration conjointe de l espace du nageur (son propre corps), et son espace d action. 2 objectifs sont visés : 1 - Celui d assumer les modifications des repères d espace du nageur passant de la verticale à l horizontale : avant, arrière, haut, bas, droite, gauche. 2 - Celui de situer en permanence la position des membres et de leurs segments dans l espace à 3 dimensions. Cette structuration et rendu possible par la construction par le nageur de 3 plans qui se coupent à angle droit : - le plan horizontal, matérialisé par la surface de l eau, qui définie le haut et le bas. - Le plan vertical sagittal qui traverse le nageur dans sa longueur et qui définie la droite et la gauche.

4 - Le plan frontal qui traverse latéralement le nageur au niveau des épaules et qui définie l avant et l arrière. L orientation de la pale, perpendiculairement à l axe de déplacement, sa profondeur et la direction dans laquelle elle doit propulser la masse d eau, l arrière, est alors seulement possible. Cette séance a été déterminante tant pour les nageurs que pour les entraîneurs qui prennent conscience de toute l importance de ce travail de repérage qui conditionne l exacte représentation que le nageur a de son corps dans l espace ou il évolue. Mardi après midi : La séance est consacrée à l organisation des propulseurs : la pale, son orientation, sa direction, l intensité de la force appliquée qui doit être croissante. Ces objectifs sont désormais rendus possible grâce au travail réalisé le matin. «Il faut aux gestes un système de repères sensitivo-sensoriels qui les suscitent, les guident et contrôlent» Paillard En fin de séance les nageurs s entraînent à couvrir la plus grande distance possible à partir de 2 impulsions : la première prise sur le plot de départ et la deuxième grâce a une action simultanée de des propulseurs sur la masse d eau. Le record a été réalisé par une jeune nageuse, 22 mètres. Toute la natation est contenue dans cette tâche. Quatrième journée, mercredi 4 novembre : La 6 ième et dernière séance du stage poursuit les mêmes objectifs en transférant dans l eau des informations kinesthésiques perçues hors de l eau et en associant aux actions des variations d intensité expiratoire (même tonus). A l attention des entraîneurs du stage : La formation des entraîneurs a subordonnée l entraînement des nageurs, vous avez expérimenté une option pédagogique qui vous a permit d obtenir des transformations motrices de haut niveau à stabiliser. On ne passe pas de la pédagogie traditionnelle (ou du mouvement) à la pédagogie de l action par un coup de baguette magique, il faut la construire, c est ce que nous avons entrepris. Ce type de stage peu parfois être déstabilisant, en effet, il n est pas encore possible d abandonner totalement la pédagogie traditionnelle, qui ne nous satisfait déjà plus, pour une pédagogie de l action qui n est pas encore construite Nous avons vécu 4 jours très denses, la durée très courte du stage nous imposait ce rythme. Je vous invite à relire la présentation faite à Eybens le 17 octobre «devenir nageur et toujours meilleur nageur» pour bien situer dans la formation du nageur ce que vous avez mis en œuvre pendant ce stage. Pour terminer j attirerai votre attention sur le fait que tous les grands nageurs français sont issus de petites structures. A Megève j ai repéré de très bons nageurs en devenir, je suis désormais certain que votre implication, associé à un savoir faire efficace, va vous permettre de devenir des entraîneurs aptes à les conduire sur le chemin de la haute performance. Un collectif est né, à nous de le faire vivre, notre niveau de performance régionale en dépend mais aussi le plaisir qui découle de nos métiers. J ai pris beaucoup de plaisir à partager avec vous pendant 4 jours et je vous en remercie, vous pouvez compter sur moi. Marc BEGOTTI

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