'Violence et Ordres sociaux' North, Wallis, Weingast 2009.

Transcription

1 'Violence et Ordres sociaux' North, Wallis, Weingast Maison des Sciences Économiques Paris XIII mardi 11 janvier 2011 Jacques Ould Aoudia Économiste du développement

2 Une vision globale du fonctionnement des sociétés, sur une période très longue, selon une approche pluridisciplinaire, menée par des économistes. un modèle d économie politique : étude des liens entre pouvoiret richesse. 2

3 Exposé: 1.Présentation simplifiée du cadre de NWW 2.Éléments critiques 3.Programme de recherche AFD - BM. 3

4 1.Présentation simplifiée du cadre de NWW 2.Éléments critiques 3.Programme de recherche AFD -BM. 4

5 Une vision centrée sur la coupureentre 'Nord' et 'Sud', qui n appréhende pas le fonctionnement des pays du 'Sud' comme pathologique par ses manques (d épargne, d infrastructures, d éducation, de gouvernance ), mais comme la marche normale des sociétés (' l État naturel') depuis ans. Une poignée de pays s est soustrait àce fonctionnementdepuis 300 ans: les pays du ' Nord': l Europe et ses extensions. 5

6 Concepts clé: Violence, Institutions, Organisations, Croyances 6

7 Les organisations (regroupement d individus coordonnés) sont les joueurs; Les institutions (formelles et informelles) sont les règles du jeu; La relation entre pouvoir et richesse : (l économie politique) est lejeu. 7

8 les Croyances Les institutions fonctionnent quand elles sont soutenuespar les croyances qui vont avec, par les «imaginaires sociauxinstituants»(castoriadis). Une même institution ne fonctionne pas de la même façon dans au N et au S. 8

9 Par ex, la démocratie doit être soutenue par: la croyance dans le fait que ce sont les hommes qui font la loi(et non Dieu ou les Dieux ) (source de légitimitéde la loi). la croyance en l égalité de chacun devant la loi. La démocratie ne peut fonctionner avec la croyance dans le fondement religieux de la loi, dans les statuts, dans les privilèges, la hiérarchie. Conséquence : Pas de transposition des institutions formelles N S (processus endogène)!voir Kenya 2008, Côte d Ivoire 2010 pour la démocratie.. Voir aussi Bonne Gouvernance, privatisations, ouv. commerciale, ouv. financière, transparence 9

10 Le modèle d économie politique de NWW Les sociétés s instituent autour de l enjeu de la réduction de la violenceentre ses membres: Stabiliser l ordre social est l objectif n 1 de toutes les sociétés (pas le développement!!!!! ) Il y a deux façons de contenir la violence : - soit en constituant une coalitionautour du pouvoir politique par la distribution de rentes économiques (clientélisme): c est 'l État naturel'. -soit en organisant la concurrence politique (pour l accès au pouvoir) et la concurrence économique (pour l accès àla richesse): c est la ' Démocratie de marché'. 10

11 Approche Wébérienne de NWW: dans les États naturels, les relations sociales sont basées sur des rapports personnels (liens, loyauté, statut, hiérarchie). dans les Démocraties de marché, les relations sociales sont basées sur des rapports impersonnels (droit, légalité, contrat, égalité devant la loi). (donnée non modifiable à court terme). 11

12 Dans l une et l autre des situations : 'Double équilibre' entre champ politique et champ économique et au sein de chacun de ces champs. développement politique et économique sont liés pas de développement économique sans développement politique et réciproquement. 12

13 Dans l État naturel : L enjeu principal : l accès au cercle des insiders : le contrôle de l accès àce cercle est donc l élément clédu système. Les relations entre pouvoiret richessesont informelleset personnalisées (statut, hiérarchie, privilèges). Ordres sociaux à accès limités (LAO). la création et le fonctionnement des organisations (politiques, économiques, religieuses, médiatiques, sportives, culturelles ) sont étroitement contrôlés par le pouvoir politique, tandis que le contrôle de la violence n est pas assuré(ex. COL, MEX, IND, 13 ALG ).

14 Dans les démocraties de marché: Concurrencepolitique (démocratie) et économique (entrée libre sur le marché). Les relations entre pouvoiret richessesont formaliséeset impersonnelles: concurrence politique et éco., égalité devant la loi (des privilèges aux droits). Ordres sociaux à accès ouvert(oao). La création et le fonctionnement des organisations (politiques, économiques, religieuses, médiatiques..) sont libres, et le contrôle de la violence est centralement assuré par l Etat. 14

15 Parmi les États naturels (LAO): Fragiles: Pas ou peu de contrôle de la violencepar l État. Les organisationssont fragiles et peu diversifiées. Faible capacité de l État d assurer une offre de biens publics. Basics : Relatif contrôle de la violencepar l État. Toutes les organisations sont sous sa dépendance. Relative capacité de l État d assurer une offre de biens publics. Matures: Contrôle de la violencepar l État. Certaines organisationssont autonomes et sophistiquées. Capacités de l État d assurer l offre de biens publics. Mais l économie politique reste dominée par la distribution des rentes autour du Pouvoir, comme dans les Fragiles et les Matures. Partition empirique à l aide d IPD tsvp 15

16 Table Structure of the following World Map Basic LAO Fragile LAO Mature LAO OAO

17 The world map according to NWW and IPD America Europe - MENA - Subsaharan Africa Asia - Oceania North CAN, USA RUS BGR, CYP, LTU, LVA, POL, ROM, YUG AUT, BEL, CHE, CZE, DEU, DNK, ESP, EST, FIN, FRA, GBR, GRC, HUN, IRL, ITA, MLT, NLD, NOR, PRT, SVK, SVN, SWE KOR, TAI HKG, JPN Center - Middle CUB DOM, GTM, HND, HTI, MEX, NIC PAN ARE, EGY, IRN, JOR, LBY, OMN, QAT, SAU, SYR, TUN, UZB DZA, AZE, BHR, KAZ, KWT, LBN, MAR, TUR, UKR, YEM ISR CHN, LAO, MYS, SGP, VNM KHM, MNG, PHL, THA AGO, ETH South BOL, COL, ECU, PER, PRY, VEN ARG, BRA, CHL, URY BEN, BFA, BWA, CAF, CIV, CMR, COG, GAB, GHA, KEN, MDG, MLI, MRT, MOZ, NAM, NER, NGA, SDN, SEN, TCD, TGO, TZA, UGA, ZAR, ZMB, ZWE MUS, ZAF BGD, IDN, IND, LKA, NPL, PAK 17 AUS, NZL

18 Lien entre ordre social et développement État naturel (LAO): l enrichissement est liée àla proximité avec le pouvoir politique, à l appartenance àla coalition dominante (insiders). Pas d addition de richesse enjeux de répartition pour avoir accès aux rentes PAS DE DEVELOPPEMENT. Démocratie de marché(oao): l enrichissement est liéàla création de valeur, dans une démarche additive enjeux d innovation DEVELOPPEMENT. 18

20 Eléments critiques (1/3): Une approche de statique comparative: une certaine pertinencepour décrire les états de part et d autre de la coupure entre 'Nord' et 'Sud mais pas de compréhension de la dynamiqueà l œuvre dans les processus de décollage: celui-ci ne procède pas de l ouverture de l Ordre social, mais de l acquisition de capacités de gouvernance de coordination et de vision stratégique (NM, JOA..). Confusion entre niveaude développement et dynamiquede développement (croissance), comme pour la bonne gouvernance. 20

21 Eléments critiques (2/3) Idéalisation de l ordre social àaccès ouvert: - Les relations entre pouvoir et richesse dans les OAO: pas aussi transparentes qu annoncées les rentes demeurent(et pas que schumpétériennes ) ex: crise financière : capture de l État par l industrie financière aux USA, GB. (Simon Johnson, «The quiet coup») - Les capacités d adaptation ne sont pas forcément l apanage des démocraties ex: les réformes en Chine (pouvoir centraliséet autoritaire) vsréformes aux USA, en Europe 21

22 Eléments critiques (3/3) Maintien de l hypothèses de l individualisme méthodologique et de la rationalitédes comportements: la violence est 'rationnelle' «la manipulation des privilèges engendre des intérêts qui servent à limiter la violence» flou sur les croyances collectives (=/= somme des croyances individuelles) même les croyances sont rationnelles : pas de croyances 'irrationnelles' partagées (génocides, guerres, mais aussi Résistance, décollage éco, fait national ) L horizon pour tous les pays reste la démocratie de marché (CHN, SGP???). 22

23 'du bon usage du modèle de NWW. enrichissement avec Mushtaq Khan : modèle d économie politique dynamique, qui prend en compte les différentes formes de relation entre pouvoir et richesse en lien avec les performances économiques (croissance à long terme). autres enrichissements : programme de travail : «Institutions, Gouvernance et Croissance àlong terme». 23

25 Programme de recherche de l Agence Française de Développement (Dpt recherche) : «Institutions, Gouvernance et Croissance à long terme», dirigé par Nicolas Meisel. Menéconjointement avec un programme de la Banque mondiale (WBI) centrésur l approche de NWW : «In the Shadow of Violence». Le programme de la Banque, menépar D. North, J. Wallis, B. Weingast, S. Webb et B. Levy : études de cas sur : Bengladesh, deux États de l Inde, Corée, Philippines, Mexique, Chili, Zambie, Kenya. Mexique, Chili, Corée, Zambie. 25

26 Programme de l AFD en 3 dimensions: «horizontale»et quantitative àpartir de la base de données IPD (Institutional Profiles Database) : enrichissement de la base (chaque 3 ans), exploitation de la base : relation institutions / développement. «verticale»: par des études de cas sur des pays complémentaires àceux de la Banque : Chine, Vietnam, Pakistan, deux autres-états de l Inde, Burkina Faso, Côte d Ivoire, Ghana, Madagascar, Turquie. théorique : nous questionnons le cadre théorique de NWW, et empruntons à d autres sources 26

27 Relations souples et informelles entre AFD et BM. L AFD a réuni autour d elle des chercheurs et centres de recherche comme l Universitéde Maastricht (Maastricht Graduate School of Governance MGSoG), SOAS (School of Oriental & African Studies, Londres), l EFEO (École française d'extrême Orient), le FASOPO (Fonds d'analyse des Sociétés Politiques), l École Économique de Paris, l UniversitéParis Dauphine, l IFAS (Institut Français d'afrique du Sud), l Université de Galatasaray, l Université du Bosphore 27

28 IPD (Institutional Profiles Database) : données accessibles sur les sites du CEPII, de l AFD, de la MGSoG (U. de Maastricht). Références récentes: N. Meisel and J. Ould Aoudia (2010), Présentation de la base IPD 2009, Doc de travail AFD n 89. Presentation of the Institutional Profiles Database 2009, AFD Working Paper No. 89. N. Meisel and J. Ould Aoudia (2008), La bonne gouvernance est elle une bonne stratégie de développement?, Doc de travail de l AFD n 58. Is Good Governance a Good Development Strategy?, AFD Working Paper No. 58. Nicolas Meisel : meiseln@afd.fr Jacques Ould Aoudia : jacques.ould-aoudia@dgtresor.gouv.fr 28