Programme de recherche PRISTINE Polynésie française

Transcription

1 Avec le soutien de Juin 2013 Programme de recherche PRISTINE Polynésie française Responsables de projet Laurent Vigliola (IRD COREUS Nouméa) & David Mouillot (UM2 ECOSYM Montpellier) Objectif Redéfinir les conditions de référence des écosystèmes coralliens du Pacifique Sud par la comparaison de sites quasi-vierges, «pristine» en anglais, avec les aires marines protégées et les zones soumises à la pêche. Date et destination Iles inhabitées entre Mangaréva et Hao, Polynésie française, du 04 au 18 juin Equipe scientifique Laurent Vigliola (IRD), Alan Friedlander (Univ. Hawaii), Tom Letessier (Univ.Western Australia), Gérard Mou-Tham (IRD), Stéphanie d Agata (IRD/ UM2), Jean-Baptiste Juhel (IRD/UNC) Equipage de l Alis Raymond Proner, Loic Le Goff, Julien Duroussy, Gwenael Danes, Pierrick Prigent, Steeve Taalo, Simon Godard, Jean Lamata, Ronald Bong, Victor Bole, Jacques Qenejoj, Jean-François Trives 1

2 4 juin. Arrivée à Mangaréva Après de longues journées de voyage, l équipe au complet arrive aux Gambiers, à l extrême Est de la Polynésie Française. Ce même jour, la pêche illégale de requins dans les eaux polynésiennes fait la une des journaux. IRD/S. D Agata 2

3 5 juin. Transit vers la zone des Actéons La mer est mauvaise. Arrivée sur l atoll de Marutea Sud après une nuit (blanche) de navigation dans une houle énorme de Sud. Impossible d ancrer avec cette météo ; le navire fait des ronds dans l eau en attendant une météo plus clémente et l équipe prépare le matériel. IRD/S. D Agata 3

4 6-7 juin. Plongée à Marutea Sud Cet atoll est habité par les employés d une ferme perlière. En théorie, ils ne pêchent pas et surveillent cet atoll privé contre la pêche illégale. La présence sous l eau d une faune dominée par les prédateurs apicaux confirme l hypothèse. U. Hawaii/A. Friedlander U. Hawaii/A. Friedlander 4

5 8 juin. Plongée à Maria Est Cet atoll est inhabité. Alan le surnomme «la petite corse», car nous recensons plusieurs napoléons à chaque plongée. Les grands prédateurs patrouillent les fonds et nous passons une partie de la journée en compagnie d une raie Manta. U. Hawaii/A. Friedlander 5

6 9 juin. Plongée à Matureivavao Cet atoll est inhabité. Après une première plongée exceptionnelle, nous sommes un peu déçus. La faune est peu abondante, même si requins, carangues et napoléons sont présents. Une partie de l habitat est dégradé, peut être les séquelles d un cyclone. Comme chaque jour, des stéréo-caméras appâtées sont déployées. IRD/J.B. Juhel 6

7 10 juin. Plongée à Tenaruga La présence de quelques baraques indique une population saisonnière pour la récolte du coprah (coco). Sous l eau, nous observons une espèce connue auparavant des seules îles Marquises, Coris Hewetii, sous réserve de confirmation par les taxonomistes. Une tortue et deux thons à dent de chien nous accompagnent lors de la dernière plongée. IRD/G. MouTham U. Hawaii/A. Friedlander 7

8 11 juin. Plongée à Vahaga Une forte houle s est levée vers minuit. L ancre a décroché et nous avons dû naviguer toute la nuit. Au petit matin, personne n a vraiment dormi. Un vent froid de sud souffle toute la journée et nous mettons les cirés après les plongées. La faune de Vahaga ressemble à celle des autres îles visitées : faible diversité et forte biomasse. Cette nuit nous faisons route vers Tureia, à une dizaine d heures de navigation. 8

9 12 juin. Plongée à Tureia Cet atoll est habité par 320 habitants. Il y a une petite piste d atterrissage, une rampe de mise à l eau et quelques maisons. Sous l eau, la faune est dominée par les poissons herbivores. Les prédateurs semblent absents du récif. U. Hawaii/A. Friedlander U. Hawaii/A. Friedlander 9

10 13 juin. Plongée à Ahunui Cet atoll n a pas de population permanente. Nous rencontrons 3 personnes qui sont sur l île depuis 2 mois pour ramasser les cocos (coprah). Sous l eau, le spectacle est exceptionnel, forte biomasse dominée par les prédateurs et comportement caractéristique des zones pristines ; l humain n est pas craint. 10

11 14 juin. Plongée à Paraoa Cet atoll n a ni population, ni cocoteraie. Du bateau, nous observons une végétation typique d atoll intouché et des traces de tortue sur la plage. Sous l eau, cet atoll est quasi vierge d impact. Nous observons une espèce de perroquet, Scarus Chameleon, dont la distribution géographique s étend de l Indonésie à Fidji. Il s agit probablement du premier enregistrement de cette espèce en Polynésie. 11

12 15 juin. Plongée à Nengo Nengo Cet atoll est habité par les employés d une ferme perlière. Comme chaque jour, nous mesurons une vingtaine de variable habitat en plus des recensements de poissons, d invertébrés, et le déploiement des stéréo caméras. La couverture corallienne était exceptionnellement forte pour la plupart des îles visitées. A Nengo Nengo, nous observons à plusieurs reprises un habitat dégradé. 12

13 16 juin. Plongée à Hao Cet atoll est habité et possède un aéroport. La faune ichtyologique semble dominée par les herbivores même si les prédateurs et les napoléons sont encore bien présents. Sur l ensemble des îles visitées, nous n avons recensé que quelques bénitiers et aucun trocas. A Hao, nous trouvons douze coquilles de trocas le long d un même transect. Onze d entres elles étaient vides. 13

14 17 juin. Le lagon de Hao Nous entrons le 16 au soir dans le lagon de Hao ; enfin une mer calme. Après une nuit paisible, nous rangeons le matériel. C est l heure du bilan. Pour les caméras stéréo appâtées pélagiques, celui-ci est maigre. Nous n avons enregistré que quelques poissons alors que ce système enregistre normalement des dizaines de poissons pélagiques, ce qui suggère une grande pauvreté de ce compartiment dans cette région. UWA/T. Letessier UWA/T. Letessier 14

15 Bilan au terme de la mission La qualité de l habitat, l abondance et la structure des populations de poissons et de certains invertébrés benthiques ont été mesurés dans 53 transects de 50 m de long. Cela a représenté environ 50 heures d immersion par plongeur, soit plus de 200 heures d observation sous-marine en 11 jours. Cette donnée sera comparée aux 1700 transects enregistrés dans l Océan Pacifique Insulaire par notre consortium scientifique. Cinquante deux stations de stéréo-vidéo appâtée récifale et 50 stations de stéréo-vidéo appâtée pélagique ont été déployées dans les 10 îles visitées. C est une première pour la Polynésie française. Cette donnée fait un zoom sur les populations de grands prédateurs et sera comparée à celle collectée dans les récifs de l Océan Indien par nos partenaires Australiens. Plusieurs heures de vidéo et plusieurs centaines de photos ont été prises afin d archiver l état des récifs visités et de réaliser des documentaires et des expositions d information du grand public. Un premier résultat La présence des grands prédateurs a été enregistrée dans 17% des 1700 plongées réalisées dans 68 sites répartis dans 17 pays du Pacifique entre la Papouasie et la Polynésie. Pour un site donné, le pourcentage le plus élevé était de 68%. Nous venons d observer des grands prédateurs dans 96% des plongées réalisées dans les récifs des îles isolées et pour la plupart inhabitées de Polynésie française. Ces îles se classent au premier rang de notre base de données en termes de fréquence des grands prédateurs. La suite L équipe repart le samedi 29 juin 2013 pour l île Ata et les récifs de Minerve à Tonga. 15