en tous genres! De nouvelles attentes de la part des

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1 Enquête Dossier Interview Evénement Baromètre GfK Nouveaux produits Papier bureautique : la baisse de volu en tous genres! L usine Greenfield de Château-Thierry, dans l Aisne, où Arjo Wiggins fabrique de la pâte à papier recyclée. Crédit photo : Matteo Carcelli (Some/Things Agency) C est souvent en temps de crise que la société prend conscience de certains de ses travers. Depuis quelques années maintenant, la chasse au gaspillage est entrée dans les mœurs et dans les consciences. Cela concerne bien sûr la vie des entreprises et ses modes de consommation. Avec des budgets en baisse sur les fournitures de bureau notamment, celles-ci ont adopté de nouveaux comportements. L un des secteurs les plus touchés par ces réductions est bien sûr le papier à usage bureautique. Les entreprises impriment moins et ont opté pour une optimisation de leurs parcs d imprimantes. De nouveaux gestes apparaissent également comme l impression recto verso, par exemple, ou le noir et blanc préféré à la couleur pour certains documents du quotidien. Avec une dématérialisation de plus en plus présente, le secteur souffre. Si la baisse des ventes en volume est évidente, l industrie papetière continue de faire évoluer ses produits. D une part, elle a dû s adapter aux nouvelles technologies et à des imprimantes de plus en plus compétitives et performantes. D autre part, la donnée écologique est de plus en plus présente. Recyclés ou certifiés, les papiers se sont adaptés aux demandes des entreprises qui souhaitent plus de clarté sur leur provenance et leur origine. De nouvelles attentes de la part des entreprises Face à une situation conjoncturelle et économique difficile, les entreprises ont bien sûr dû revoir leurs budgets à la baisse. Prendre de nouvelles habitudes et optimiser leur consommation est devenu l objectif à atteindre. Une situation à laquelle les fabricants et les distributeurs de papiers ont dû s adapter, comme le souligne Alexis Dormoy, directeur d Inapa : «Nous essayons toujours de faire bouger les lignes pour créer de nouvelles attentes et de nouveaux besoins. Il y a deux attentes importantes : des solutions papier pour optimiser les coûts comme la baisse de grammage, par exemple. Ensuite, c est plus dans l utilisation du papier que cela se joue, comme de faire du recto verso ou de l impression en noir en automatique sur des serveurs centralisés. Les solutions environnementales sont 16 / Le Papetier de France - Septembre 2013

2 me n exclut pas les progrès présentes aussi, mais moins importantes, du fait de la crise économique notamment. Il y a tout de même une demande pour des produits respectueux. Mais la priorité reste l efficacité en entreprise». Par ailleurs, certaines gammes de papiers voient un développement plus conséquent au sein des entreprises, ce qui modifie la donne et provoque certains changements. C est ce que confirme Michel Febvet, directeur commercial des Papeteries de Clairefontaine : «Il y a quelques annonces et quelques matériels qui arrivent, ce qui signifie de nouveaux papiers pour répondre à ces besoins. C est plutôt axé sur le technique et non sur le besoin de l entreprise. Traditionnellement, nous avons une segmentation sur trois niveaux. Le A concerne le haut de gamme, le B en milieu de gamme avec des performances techniques un peu en retrait et le niveau C qui est basé sur un prix bas. Notre sentiment est qu il y a une réduction de cette gamme intermédiaire. De ce fait, le papier de niveau B commence à glisser vers le C. On assiste à une descente en gamme. Finalement, soit on cherche un papier à faible budget, soit on est sur de la communication et le papier plus haut de gamme». Comme toujours, l argent reste le nerf de la guerre et les entreprises cherchent de plus en plus des papiers à des prix plus compétitifs pour elles. C est le constat que dresse Edmund Rück, directeur marketing et communication de Metsä : «Il y a des grands consommateurs qui continuent à chercher des papiers à bas prix. On aperçoit une tendance vers des papiers qui doivent satisfaire des exigences plus élevées en termes de qualité d impression et de présentation. A long terme, cela se paye car les papiers à bas prix ne sont souvent plus économiques qu à première vue. La consommation d encre et l usure sont moindres avec des papiers de qualité». Jean-Louis Fillon, directeur UFP (Uncoated Fine Paper) de Mondi France, va également dans ce sens : «Du fait de la crise, les entreprises consomment un peu moins de papier, c est vrai. On note aussi une régression des gammes dans l utilisation des entreprises qui vont au moins cher. Les papiers à grammage plus faible font aussi de plus en plus leur apparition». L étendue de la gamme «Pioneer» de Soporcel est vaste et propose des grammages allant de 80 grammes à 110 grammes, selon les usages. La gamme «360» de Chatelles est un papier respectueux de l environnement conçu pour les applications bureautiques. Idéal pour les impressions laser ou jet d encre, c est un papier écolo, produit à partir de 100 % de fibres recyclées et certifiées FSC. Il est proposé en 80 g avec une blancheur CIE 151 et un niveau d opacité qui permet d imprimer recto verso, en noir et blanc ou en couleur. On note également de nouvelles attentes de la part des entreprises, notamment sur la provenance des papiers qu elles utilisent. Il semble qu un effort notoire soit à l œuvre au sein des sociétés dans ce sens. C est ce que confirme Olivier Langlois, directeur général de Papyrus : «Il y a un renforcement des attentes, notamment en termes de traçabilité et d origine. Aujourd hui, un grand nombre de labels existants créent beaucoup de confusion sur le marché. Nos clients attendent donc plus de précisions et de garanties sur l origine de nos papiers. Les plus importantes certifications sont les FSC et PEFC qui permettent de garantir le respect de l environnement tout au long de la chaîne de fabrication». Chez Portucel Soporcel également, c est une donnée que l on a prise en compte, comme le rappelle Diane Fortin, responsable prescription : «Les entreprises sont de plus en plus sensibles et sensibilisées à l usage de papiers respectueux de l environnement, grâce aux labels FSC, PEFC et l écolabel européen. On retrouve dans toutes les grandes entreprises la même démarche de part leurs engagements à travers le Grenelle papiers : réduire la consommation de papiers, imprimer mieux, être sûr à 100 % de leur consommation sur des papiers certifiés ou recyclés à l'horizon 2014». Les labels et les certifications sont presque devenus un sésame pour un fabricant ou un distributeur cherchant à intégrer le carnet de commandes d une entreprise. Un changement de comportement noté par Pascal Pequin, responsable des ventes en France et au Benelux pour International Paper : «Les entreprises sont de plus en plus demandeuses de produits respectueux de l environnement. Le Papetier de France - Septembre 2013 / 17

3 Enquête Dossier Interview Evénement Baromètre GfK Nouveaux produits Face aux avancées technologiques des imprimantes, les papetiers ont déjà répondu présents La gamme Premium en 80 grammes de Double A présente un papier d excellente qualité qui s adapte à tout type d impression. Cela passe par des certifications, l écolabel européen et il y a également une demande de plus en plus forte sur l origine du produit de la part des entreprises (pâte, bois et production). Par rapport à une dizaine d années, c est réellement devenu un besoin. Par ailleurs, les papiers à grammage plus léger, comme le 75 grammes, connaissent aussi une forte croissance». Si le prix est devenu une composante essentielle dans le choix des entreprises, la qualité du papier l est tout autant, comme le rappelle Thirawit Leetavorn, vice-président exécutif senior de Double A : «La demande pour le papier de haute qualité est en augmentation. Les consommateurs sont à la recherche d un certain niveau d opacité et de lissé, qualités qui caractérisent le papier Double A. La tendance est aussi impulsée par l augmentation des impressions couleur et les différents usages du papier, par exemple pour des documents officiels ou à usage interne». On le sait, les imprimantes ne cessent d évoluer technologiquement pour atteindre aujourd hui des performances remarquables. En effet, les constructeurs proposent des machines capables d imprimer jusqu à cent pages/minute. Cette évolution a-t-elle obligé les papetiers à faire évoluer également leurs gammes de papier pour s adapter à ces nouveaux produits? Pour Jean-Louis Fillon de Mondi, la marque a suivi ces mutations technologiques : «Si on reste sur les imprimantes non numériques, nous avons fait évoluer nos papiers, même si ces évolutions ne sont pas très importantes. Pour tout ce qui est numérique et digital, nous avons sorti des gammes de papiers adaptées à ce type d utilisation, et en particulier sur le jet d encre haute vitesse». Proposer un papier conforme aux performances de ces nouvelles imprimantes est donc devenu nécessaire, comme le souligne également Fred Marquis, directeur commercial et marketing de Chatelles : «Cette évolution technologique des machines nous amène à travailler sur des aspects de type mécanique et physique du papier, notamment sur la composition fibreuse. L objectif est d avoir un papier qui, quel que soit son mode d utilisation, s adapte parfaitement à tout type de process. Il faut trouver le bon compromis pour toutes les machines. On sollicite beaucoup les critères de rigidité, et nous sommes très vigilants sur ces aspects-là. C est un travail permanent». Etre compatible avec ces machines a donc demandé aux marques des efforts et un travail sur le grammage du papier notamment. La technique reste au centre des préoccupations, comme l explique Olivier Langlois de Papyrus : «Il est évident que l ensemble de nos papiers est testé pour l ensemble des machines actuellement en service, qu elles soient anciennes ou récentes. Nous nous engageons, à travers des fiches techniques, à correspondre aux compatibilités et à l imprimabilité de ceux-ci. C est plutôt en termes d applications que les attentes varient car nos clients se développent sur la segmentarisation de leur utilisation. Pour la communication interne et le tout-venant, nous travaillons sur du papier à faible grammage ou recyclé. En revanche, pour ce qui est communication commerciale, on met en avant l image de l entreprise avec un choix de papier plus professionnel, voire du papier de couleur». La qualité des papiers a donc atteint un standard qui permet aujourd hui d accompagner l évolution des machines depuis des années. Tous répondent, par conséquent, aux critères nécessaires. C est ce que confirme Michel Febvet des Papeteries de Clairefontaine : «Il n y a pas à faire d adaptation réelle du papier car ce sont des technologies que nous connaissons déjà depuis plusieurs années. Nos papiers ont déjà évolué en ce sens et sont en adéquation avec ces nouvelles machines. Ils sont plus lisses et plus blancs afin de réaliser de belles impressions couleur pour du papier multi-usages». Cette évolution s est faite chez Metsä également, comme le Une rigidité optimale pour un excellent passage machine et une parfaite tenue après impression, telles sont les qualités de la gamme «Pro Design» d International Paper. 18 / Le Papetier de France - Septembre 2013

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5 Enquête Dossier Interview Evénement Baromètre GfK Nouveaux produits UPM : une approche résolument écologique de la production de papiers La gamme «Digi Color Laser» d'upm est parfaitement adaptée aux nouvelles technologies développées par les fabricants d'imprimantes et offre une impression optimale. UPM, acteur majeur de l industrie papetière, mène l intégration des industries bio et forestière en produisant et en fabriquant ses papiers à partir de matières premières renouvelables et qui sont recyclables. Dans une industrie forestière en pleine mutation, UPM s impose comme une société dont les maîtres mots sont développement durable et innovation. Le terme «Biofore» est une contraction de «bio», qui fait référence à toutes les nouvelles initiatives d UPM, et de «fore», les premières lettres de forêt. En anglais, «fore» fait également allusion au fait d être précurseur (forerunner). Son positionnement comme «The Biofore Company» souligne son engagement dans des activités durables et la bonne performance environnementale de ses opérations. Chez UPM, le constat d une crise économique, encore présente pour un moment, est une donnée acquise. Parallèlement, la concurrence électronique, via une dématérialisation croissante, risque également de s intensifier. Face à ces bouleversements et à cette nouvelle donne, l entreprise a su s adapter afin de proposer des nouveaux produits. Ceux-ci présentent des avantages non négligeables, dont UPM a parfaitement su faire une force. Corinne Brianchon, responsable de la communication, revient sur ce point : «Nous avons développé des grammages légers, comme le 75 g et le 70 g qui possèdent un bon potentiel de croissance. Ils représentent un avantage économique certain pour le client. L autre atout est environnemental car, pour la fabrication, nous consommons moins de ressources et moins d énergie. Ces grammages sont, par ailleurs, aussi performants que le 80 g. Ils ont été testés sur tous types d imprimantes, laser ou jet d encre, et leurs performances sont excellentes». Avec une politique environnementale qui porte ses fruits en termes d économies sur l eau, l énergie ou d utilisation de fibres certifiées ou recyclées, UPM demeure précurseur dans ce domaine. L entreprise se veut garante d une ligne de conduite irréprochable. «UPM prône, bien sûr, une utilisation responsable du papier», rappelle Corinne Brianchon. «Le papier a beaucoup de détracteurs. Pourtant, suite à de nombreuses études, on sait aujourd hui que les médias électroniques, comme les plates-formes Google et autres, consomment énormément d énergie. Le choix entre l imprimé ou le numérique n a pas de réponse unique et mérite d être nuancé.». Evacuer les préjugés concernant l utilisation du papier et son rapport environnemental reste bien sûr une préoccupation essentielle pour UPM. «Fabriquer du papier permet de maintenir les forêts - sources de notre matière première - en bonne santé. Et tout le monde reconnaît l importance de la forêt sur l environnement! En outre, la papeterie constitue un revenu indispensable pour l industrie forestière.», souligne Corinne Brianchon. Quel avenir pour le papier et comment peut-on envisager son évolution, afin que les ventes repartent de l avant? C est une question qui reste en suspens pour nombre de papetiers comme chez UPM : «La baisse des volumes s explique, d une part, par la conjoncture économique et cela est renforcé par la concurrence électronique qui est de plus en plus importante. L amélioration à court terme est difficile à évaluer». On le comprend bien, l avenir de l industrie papetière est directement lié aux évolutions de l économie, mais également à une information plus claire et surtout plus visible de la part de l ensemble des acteurs du secteur. Chez Metsä, la préoccupation écologique est omniprésente dans la fabrication du papier, mais également sur toute la chaîne de production jusqu au transport. souligne Edmund Rück : «Depuis des années, nous proposons des papiers spéciaux. Un papier spécial pour chaque application n est pas nécessaire selon nous. Data Copy et LOGIC sont des papiers multifonctions qui obtiennent des bons résultats sur les appareils. Ceci est valable autant pour la qualité d impression que pour l imprimabilité». Le grammage est donc l une des données qui a le plus fait progresser la qualité d impression sur des machines toujours plus rapides et techniques. C est ce que constate Diane Fortin de Portucel Soporcel : «Aujourd hui, il est possible, en associant les meilleures fibres (l eucalyptus globulus) et des machines ultramodernes, de fabriquer un papier de 75 g/m 2 avec des caractéristiques physiques égales ou supérieures à celles des papiers 80 g/m 2, garantissant un excellent passage machine et une qualité d impression très supérieure à ce que proposent les papiers 80 g/m 2 traditionnels (fibres nordiques)». En revanche, que ce soit sur le laser ou sur le jet d encre, les contraintes techniques ne sont pas les mêmes. C est ce que précise Pascal Pequin d International Paper : «Depuis une dizaine d années, nous travaillons énormément sur la qualité 20 / Le Papetier de France - Septembre 2013

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7 Enquête Dossier Interview Evénement Baromètre GfK Nouveaux produits de nos papiers pour, justement, répondre à ces imprimantes de haute définition. Dans notre usine de Saillat, nous avons particulièrement investi pour avoir des produits parfaitement adaptés aux nouvelles imprimantes laser couleur. Celles-ci se sont considérablement développées ces dernières années, tout comme l industrie du papier, et on les retrouve de nos jours même dans des entreprises de taille moyenne. Cela nous a conduit à développer de nouvelles gammes, avec de nouveaux grammages, ce qui fait qu aujourd hui nous sommes l un des leaders en ce qui concerne le papier laser couleur». Les vitesses d impression ayant augmenté, qu en est-il de la consommation d encre? Les papiers ont-ils techniquement beaucoup évolué? Pour Thirawit Leetavorn de Double A, la technique est essentielle : «Notre papier a été pensé pour obtenir un rendu aux couleurs chatoyantes ainsi que pour tous les usages quotidiens. La surface lisse du papier Double A le rend compatible avec des photocopieurs et imprimantes à haute vitesse. De plus, sa faible teneur en cendre permet de réduire la consommation d encre, et donc les coûts, et de garder les appareils de reprographie en bon état. Ces caractéristiques particulières peuvent être attribuées à la haute teneur en fibre du papier Double A. Concernant le grammage, notre plus grand succès est le 80 grammes». Qu en estil du format? Ces nouvelles imprimantes ont-elles une incidence sur les nouvelles gammes de papier? Pour Clémence Héraud, chargée des relations presse chez Arjo Wiggins : «On reste essentiellement sur des papiers de 80 ou 90 grammes, en format A4 et A3. Par ailleurs, il y avait une demande du marché pour une offre digitale. Nous venons de lancer dernièrement toute une gamme de papiers adaptés aux machines dotées de la technologie «Color Pro», en partenariat avec des leaders du secteur de l impression, qu'ils soient constructeurs ou fabricants d encre». Le papier recyclé connaît une lente progression en entreprise La gamme des papiers recyclés s est effectivement largement étoffée ces dernières années. A usage interne, les entreprises acceptent plus ou moins les qualités recyclées mais leur surcoût reste un des freins auprès des utilisateurs finaux. Si la volonté écologique est notoire, reste que le prix demeure toujours un obstacle, comme le souligne Alexis Dormoy d Inapa : «Il y a une volonté de la part des entreprises, mais le coût du papier recyclé est encore un frein important car la phase de récupération de vieux papiers est assez chère. C est plus coûteux que les produits certifiés, par exemple. Certaines entreprises ont déjà franchi le pas depuis des années, mais c est un peu retombé en réponse à la situation économique. Aujourd hui, c est assez stable sur le recyclé, même si l on pense que cela va repartir». Cette stagnation du papier recyclé en entreprise ne s explique pas uniquement sur le coût, mais également sur sa conception même, comme le précise Pascal Pequin d International Paper : «On ne peut pas parler d explosion du papier recyclé. Nous avons vécu une grosse poussée il y a environ cinq ans qui s est un peu tarie pour la simple raison qu il n y a pas énormément de pâte recyclée aujourd hui sur le marché. L offre de papier bureautique recyclé est relativement limitée. Les prix sont assez élevés et, dans le même temps, une partie des papetiers, dont nous faisons partie, a investi pour obtenir les certifications et l écolabel. De fait, beaucoup de consommateurs se dirigent vers des papiers certifiés qui répondent favorablement aux besoins environnementaux». Certes, certaines entreprises ont opté pour le papier recyclé. Cependant, cette tendance évolue lentement. Les consommateurs recherchent avant tout du papier de bonne qualité qui leur offre une grande qualité en matière d impression et de copie. Or, le papier recyclé ne présente pas encore tous ces avantages. La matière première pour le papier recyclé étant le papier usé, un autre problème peut donc venir de son approvisionnement. La gamme «DCP» de Clairefontaine a été spécialement conçue et développée pour l impression laser et jet d encre couleur. Au-delà, c est la qualité et la présentation de celui-ci qui peut freiner les utilisateurs, comme l explique Fred Marquis de Chatelles : «Je n ai pas le sentiment qu il y ait une réelle montée en puissance de la consommation de papier recyclé. En revanche, il y a une demande, mais le passage à l acte ne se fait pas encore de manière significative. La première problématique à laquelle doit faire face le papier recyclé est la disponibilité de matière première. Soit on assume soi-même sa collecte, soit on achète directement des pâtes à papier traitées. Aujourd hui, pour avoir de la pâte à papier 100 % certifiée FSC recyclée, je suis obligé de l acheter et elle n est pas toujours disponible, ou alors assez chère. Au final, le prix du papier augmente pour le client. Aujourd hui, sur le marché français, on considère que le recyclé doit être aussi blanc qu un papier fabriqué à partir de fibres vierges. Ce que recherche le marché, c est un papier recyclé qui ne ressemble pas à du recyclé justement. Actuellement, les papiers réellement recyclés sont plutôt gris clair et nous sommes confrontés à une frilosité du marché». La France était en retard sur des pays comme l Angleterre et l Allemagne, mais les entreprises françaises s y mettent de plus en plus. Les papetiers ont de fait renforcé leurs certifications et ont augmenté considérablement le côté blancheur. Ainsi, la demande s accroît et l offre se développe. Le recyclé semble donc avoir un bel 22 / Le Papetier de France - Septembre 2013

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9 Enquête Dossier Interview Evénement Baromètre GfK Nouveaux produits avenir, comme le souligne Michel Febvet des Papeteries de Clairefontaine : «Nous avons une très bonne tendance sur le papier recyclé. Nous sommes fournisseurs et nous avons d ailleurs une usine qui lui est entièrement dédiée dans la région de Reims et qui tourne très bien. C est vrai que les volumes se développent de façon intéressante. Dans le recyclé aussi il y a des différences de papiers et cela se note essentiellement sur sa blancheur. Pour le papier gris, cela relève presque de l acte militant pour montrer qu on l utilise». Enfin, les entreprises se tournent de plus en plus vers les productions hexagonales. Une tendance qui se confirme, comme le note Olivier Langlois de Papyrus : «Le recyclé ne se développe pas de façon exponentielle. Pourtant, on note des attentes écologiques et d empreinte carbone fortes. Ce sont surtout les questions sur l origine du papier qui sont récurrentes. Etre fabriqué en France et certifié apporte également un plus non négligeable. Nous insistons beaucoup sur la provenance de la pâte et la production du papier qui est réalisée en France». Vers toujours plus d écologie La demande en papier recyclé est donc légèrement en hausse dans les entreprises. Les questions d environnement sont plus que jamais dans les esprits, grâce notamment au Grenelle de l Environnement et à l éco-contribution Ecofolio. Outre la fabrication de papier recyclé, de quelles autres manières les fabricants agissent-ils pour le développement durable? Chacun travaille à sa manière dans ce même objectif. Chez Arjo Wiggins, trois axes principaux sont développés, comme l explique Clémence Héraud : «Tout d abord, nous privilégions l utilisation des fibres recyclées pour la fabrication de l ensemble de notre gamme de papier qui en est composé de 60 à 100 %. Nos marques répondent très bien à cette demande du marché et sont très fortes. Nous avons développé des gammes aux teintes naturelles, ainsi que des papiers extrablancs. D autres papiers innovants, comme le «Cocoon» qui est 100 % recyclé, viennent compléter ces gammes». La grande majorité des papetiers a entrepris ces démarches depuis de longues années, sans attendre forcément des décrets et des lois en ce sens. La gamme «Color Copy» de Mondi est le papier laser couleur leader avec un état de surface velouté qui garantit des résultats d impression parfaits. Il est neutre en CO 2 et fait tout naturellement partie de la gamme environnementale «Green Range» de la marque. Chez Portucel Soporcel, la politique environnementale est primordiale, comme le rappelle Diane Fortin : «La gestion durable de la ressource forestière est l un de nos objectifs stratégiques : le groupe gère environ hectares de forêts certifiées FSC et PEFC (soit 54 % de la surface totale certifiée au Portugal) et encourage les nombreux propriétaires privés, qui fournissent du bois d eucalyptus à nos usines, à certifier leurs forêts. Au-delà de la certification, le groupe continuera de promouvoir et développer la biodiversité en association avec les grandes organisations non gouvernementales, nationales et mondiales. Et il intensifiera par ailleurs ses actions en faveur de la prévention des incendies de forêts». La démarche de Metsä va dans le même sens, ce que souligne Edmund Rück : «Le fait que les propriétaires de notre groupe soient composés de propriétaires de forêt en Finlande en dit long sur notre idée de la gestion durable. C est donc une évidence pour nous. La même chose est valable pour la protection des eaux, de l électricité et du transport. Nous investissons beaucoup dans la protection de l environnement et dans d autres domaines de la gestion durable». Double A a également de forts engagements pour la promotion d une industrie papetière durable. Ceux-ci s expriment à travers des processus de production respectueux de l environnement. Thirawit Leetavorn s en explique : «Double A n utilise pas de fibres en provenance de forêts naturelles. Notre compagnie produit de la pâte à papier à partir d arbres d élevage disposés en rangs entre les terres cultivées, des espaces qui ne sont d ordinaire pas utilisés. Ils contribuent également à la biodiversité et à l absorption de CO 2 à travers le processus naturel de photosynthèse. Deuxièmement, nous portons une attention particulière à la réduction de nos consommations énergétiques. L utilisation de résidus d arbres (boues, écorces, lignine résiduelle) nous permet ainsi d économiser 340 millions de litres de mazout chaque année. Enfin, notre usine thaïlandaise utilise une technologie de pointe grâce à laquelle elle n utilise que 10 % de la consommation moyenne en eau de ce secteur industriel. Cette eau provient de réservoirs d eau de pluie également utilisés pour l arrosage des plantations d arbres à papiers environnantes. Et la méthode de blanchiment que nous utilisons est un procédé ne comprenant ni chlore gazeux (ECF) ni acide». Chez les Papeteries de Clairefontaine, cette démarche fait déjà partie de la politique de l entreprise depuis de longues années. Michel Febvet le souligne : «C est un programme mis en place de longue date chez Clairefontaine. En ce qui concerne l impact local, nous travaillons depuis de longues années pour avoir une usine qui ne crée pas de nuisance. Concernant l impact global, c est-à-dire l effet de serre et la biodiversité, nous avons beaucoup investi dans la biomasse notamment. Nous avons mis en place des réductions d énergie en améliorant nos rendements entre autres. Par ailleurs, toutes les fibres vierges que nous achetons sont à 100 % certifiées». Les distributeurs suivent également le même processus en termes d écologie. S ils ne fabriquent pas le papier, l utilisation de leurs outils de distribution va dans le sens du développement durable, comme le rappelle Alexis Dormoy d Inapa : 24 / Le Papetier de France - Septembre 2013

10 «En tant que distributeur, nous essayons de proposer des solutions à tous niveaux aux entreprises. Depuis six ans, nous avons initié un programme qui s appelle «Inapa Oxygène», qui s appuie sur plusieurs piliers essentiels. Le premier est de communiquer à nos clients les achats les plus éco-responsables possibles. Le second est de proposer Les entreprises utilisent de plus en plus de papier à faible grammage et la gamme «Inacopia Office 75 g» d Inapa s ajuste à cette nouvelle tendance. une solution environnementale pour tous les besoins et sur toutes les tranches de produits. Le troisième concerne notre propre comportement éco-responsable dans notre chaîne de valeurs, notamment pour la logistique». Combattre les idées reçues et mieux communiquer Les efforts fournis par l industrie papetière sont très importants dans le domaine du développement durable, la profession souffre toujours de nombreuses idées reçues. Mieux communiquer et expliquer au grand public comme aux entreprises la fabrication et la production du papier semble aujourd hui plus que nécessaires. Pour Alexis Dormoy d Inapa, c est peut-être aussi l une des raisons de la baisse des ventes : «L utilisation du papier a longtemps été montrée du doigt. Aujourd hui, la communication faite par l industrie papetière a un peu corrigé le tir pour ne plus être désignée comme la cause d une déforestation. Par ailleurs, l environnement économique fait qu aujourd hui les entreprises optimisent leurs coûts. Enfin, la dématérialisation est importante et cela devrait encore s accentuer dans certains domaines. Nous sommes donc à la conjonction de plusieurs phénomènes». Même constat pour Pascal Pequin d International Paper, lequel pointe du doigt une certaine hypocrisie générale,

11 Enquête Dossier Interview Evénement Baromètre GfK Nouveaux produits notamment en ce qui concerne les signatures d recommandant de n imprimer qu en cas de nécessité : «Les entreprises veulent baisser leurs coûts. Or, compte tenu des certifications et de la fiabilité de celles-ci, c est un peu déplacé. Aujourd hui, on ne tue plus d arbres pour fabriquer du papier! On en plante d ailleurs plus que l on en coupe. Par ailleurs, nous ne prenons que les sous-produits du bois. Cela dit, nous avons un gros travail à faire en ce qui concerne la persuasion au niveau du grand public et du consommateur en général». Combattre le gâchis de manière générale, et pas uniquement au niveau du papier, est bien entendu très important. En tant que distributeur de la gamme «Rey», Papyrus propose une gamme 100 % d origine France. Les comportements sont en train de changer, même s il reste des efforts à faire. Pour Clémence Héraud d Arjo Wiggins, ces signatures en bas d ont leur utilité : «C est vrai qu il y a un vrai impact, car on assistait à beaucoup de gâchis. Beaucoup de gens avaient tendance à imprimer systématiquement les mails, sans forcément les lire. Je pense que c est plutôt une bonne idée de mettre ce genre d avertissement en signature de mail. Et puis, ce n est pas forcément néfaste pour nous. Ce qui est important, c est surtout de bien trier son papier». Lutter contre le gaspillage est essentiel, mais cela passe aussi par une meilleure communication auprès du public et des entreprises. En effet, certains messages ne vont pas dans le bon sens, comme le souligne Diane Fortin de Portucel Soporcel : «Soyons juste, dans l industrie du papier, nous sommes bien d accord pour imprimer mieux! Néanmoins, certaines signatures de mails ne vont pas dans ce sens et transmettent un message faux qui est que consommer du papier détruit nos forêts! C est absolument faux et il faut se battre pour le faire savoir. Utiliser des papiers fabriqués à partir de bois d origine contrôlée, et seulement à cette condition, c est participer à la plantation et l élevage de forêts gérées durablement». Du coup, certains ont trouvé la parade en informant leurs interlocuteurs. C est le cas chez Mondi, comme le souligne Jean-Louis Fillon : «Je pense que le but n est pas tant de réduire l impression du papier, mais d avoir plutôt une consommation optimale. Dans notre propre signature de mail, nous avons apporté des précisions et mis un lien expliquant notre politique environnementale qui s appelle «Go Green». Et puis, sans papier recyclable, il n y a pas de papier recyclé!». Chez Papyrus, la démarche est sensiblement la même : informer le consommateur. Olivier Langlois s en explique : «Bien sûr qu il est toujours souhaitable d avoir une consommation raisonnable et raisonnée du papier. Notre crédo est plutôt l information, l éducation et l explication du marché. Ce qui est préjudiciable, c est cette cacophonie de labels qui peut troubler la communication et semer le doute. Le papier est un produit propre qui, lorsqu il est certifié, provient de forêts élevées pour ne faire que ça. Nous insistons sur ces aspects pour démontrer que le papier est un produit noble et propre». Cependant, combattre les idées reçues n est pas chose aisée et les amalgames sont souvent légions. C est ce que pense Michel Febvet des Papeteries de Clairefontaine : «En tant que papetier, lorsque je reçois un mail avec ce type de signature, j aurais tendance à ne pas y répondre, car je le prends comme une provocation. Plus sérieusement, il ne faut pas associer l utilisation du papier à un dommage environnemental, et c est malheureusement ce que l on subit en permanence. Cela fait du bien aux forêts et permet d utiliser du papier recyclé également. L industrie papetière est propre, elle a fait d énormes progrès et recycle bien plus que d autres. Nous avons malheureusement toujours cette image qui est liée au volume des déchets papier. On joue sur une ambiguïté économie/écologie. Il y a aussi beaucoup d hypocrisie dans ce domaine-là. Par ailleurs, le support papier apporte aussi une flexibilité et un confort de lecture sur lequel on peut annoter, par exemple». En outre, et au-delà des signatures d préventives, le géant Google y est également allé de sa petite leçon de morale en lançant une campagne intitulée «Go Paperless» qui a suscité un grand nombre de réactions. D ailleurs, Edmund Rück de Metsä lui retourne la question : «C est une bonne idée pour détourner l attention de leurs propres problèmes. Qui se pose jusqu ici la question sur la consommation d énergie énorme au niveau mondial par les milliards de clics effectués chaque jour? Le papier est un produit qui possède des ressources renouvelables et faciles à recycler. Jusqu à maintenant, les utilisateurs ne se sont pas posé beaucoup de questions sur les résidus de l électronique. C est plutôt dans ce domaine qu on apprécierait une campagne médiatique de quelqu un qui a un tel pouvoir d influencer l opinion publique». 26 / Le Papetier de France - Septembre 2013

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