INTERVIEW DE RAYMOND ORYE Par David Redon 19 novembre 2002 Transcription révisée

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1 ORAL HISTORY OF EUROPE IN SPACE INTERVIEW DE RAYMOND ORYE Par David Redon 19 novembre 2002 Transcription révisée European Space Agency Agence spatiale européenne ESA History Project

2 Raymond Orye a accepté de parler de sa vie et de sa participation aux programmes Europa-1 et Europa-3 de l ELDO 1 ainsi qu au programme Ariane en tant que chef du Département des programmes Ariane de l ESA [ ] ; il évoque en outre l époque pionnière du spatial en Guyane, en France et en Europe et les grandes étapes qui ont marqué l évolution de l Agence spatiale européenne jusqu à aujourd hui. 2 DAVID REDON : Monsieur Orye, bonjour. Nous allons commencer par vos origines familiales et vos activités professionnelles avant vos activités dans le spatial. RAYMOND ORYE : Je suis né le 21 septembre 1931 à Hasselt (province du Limbourg) en Belgique. Mon père travaillait pour une société qui produisait du genièvre et d autres alcools, d abord comme représentant de commerce, puis comme acheteur. Ma mère prenait soin de la famille. J ai fait mes études secondaires à l athénée de Hasselt (l'athénée étant l'équivalent belge du lycée français) avec orientation latin-mathématique. Ensuite, je suis entré à l Ecole Royale Militaire, dans la division Polytechnique. L'École Polytechnique belge ne suit pas le même schéma qu en France ; on y forme des jeunes qui sont en même temps officiers et ingénieurs. Ces études ont duré 5 ans, de 1949 à Je m étais à ce moment-là orienté vers une spécialité très militaire, l armement et la balistique. Je suis sorti de cette école en 1954 avec le grade de sous-lieutenant et le diplôme d ingénieur civil (titre donné à tous les ingénieurs belges qu ils soient civils ou militaires). Après une affectation à une unité opérationnelle de l Armée belge en Allemagne de 1955 à 1957, j ai été envoyé en Angleterre fin 1957 pour y suivre un cours destiné aux ingénieurs de l OTAN, l Organisation se préparant à ce moment-là à mettre en place des systèmes de missiles sol-air. Comme les Anglais voulaient vendre leur missile sol-air Bloodhound, ils avaient organisé un cours dans une de leurs grandes écoles aéronautiques, le Cranfield College of Aeronautics, où j ai passé une année académique ( ). Cette formation est probablement à l origine de mes activités ultérieures, puisque, après tout, il y a beaucoup de similitudes entre un engin guidé et un lanceur de satellites. DR : Peut-on dire que lors de votre stage à Cranfield, vous aviez une vocation spatiale, ou aéronautique du moins, qui commence à poindre? RO : Quand j ai commencé l'année académique en Angleterre en octobre 1957, il y a eu le premier lancement spatial des Russes. Je ne peux pas dire que ma vocation spatiale a débuté à ce moment-là, mais j ai toujours été très attiré par tout ce qui touche à l aéronautique. J avais d ailleurs commencé en à construire des planeurs modèles réduits en balsa, puis des avions à moteur. Quand j ai appris en 1962 que la Belgique allait s associer à une dizaine de pays européens pour se lancer dans l aventure spatiale, je me suis dit que je devais participer à cette aventure et je n ai pas hésité à poser ma candidature à l ELDO et à l ESRO 3 les deux organisations étant encore au tout début de leur existence et la voie que je voulais suivre n étant pas encore bien déterminée. DR : Vous avez noué des contacts lors de votre séjour à Cranfield (Angleterre), comme par exemple avec Charles Bigot. Par la suite vous avez revu ces personnes, c était déjà la naissance d un petit milieu protospatial? 1 ELDO : European Launcher Development Organisation. 2 Ce récit de carrière a été collecté dans le cadre de l Extension du Programme Histoire de l Agence spatiale européenne avec la collaboration de l Institut Français d Histoire de l Espace (IFHE). La transcription a été révisée et approuvé par Raymond Orye en septembre ESRO : European Space Research Organisation. 2

3 RO : Je n'ai revu qu'un nombre assez limité d'étudiants : Charles Bigot, premier directeur des lanceurs au CNES, plus tard PDG d'arianespace ; Max Hauzeur, le représentant de l ESA à Kourou; un autre Belge, Monsieur Rasquin, en poste aux ACEC 4 devenu ensuite ETCA 5 puis Alcatel ETCA. J'ai aussi revu quelques ingénieurs italiens, avec lesquels j ai cependant perdu le contact. Ceci étant, sur la promotion de Cranfield de cette année-là (une trentaine d ingénieurs), il y a eu au maximum 4-5 personnes qui ont été impliquées dans le spatial. Ma formation en Angleterre m a ouvert la voie aux engins sol-air, dont l approche système et les technologies telles que le guidage, les structures et la propulsion sont assez voisines de celles des lanceurs ; il n'y a que la «charge utile» charge militaire pour les engins balistiques, satellites pour les lanceurs qui est différente. DR : Peut-on dire que les engins balistiques mis en place pour la force de frappe de l OTAN sont à l origine des programmes spatiaux? RO : Je ne dirais pas «la force de frappe de l'otan», mais on peut dire que les engins balistiques, sur lesquels travaillaient les Anglais et les Français, ont ouvert la voie aux lanceurs de satellites, certains de ces engins ayant même été transformés en lanceur de satellites, comme le Blue Streak anglais devenu le premier étage du lanceur Europa-1. DR : Donc, de 1955 à 1963 vous occupez des postes opérationnels et techniques dans l artillerie belge RO : J'ai occupé deux types de fonctions. En tant que jeune officier, j'ai d'abord été affecté à une unité opérationnelle en Allemagne ; c était l époque de la Guerre froide. J ai passé deux fois deux ans en Allemagne, d abord en tant que commandant de batterie d artillerie et ensuite comme officier chargé des opérations dans un bataillon d artillerie : deux ans à Euskirchen ( ), près de Bonn, et deux ans à Aix-la-Chapelle ( ), sur la frontière hollando-allemande. J ai occupé des fonctions techniques en Belgique ( ) d abord dans l Etat-major général de l Armée de Terre, où j étais responsable de l achat de matériel pour l artillerie belge, puis dans une école d artillerie anti-aérienne, où j étais responsable de la préparation de la mise en œuvre des engins sol-air Hawk ( ). DR : Donc, en 1962, la Belgique décide de s associer aux autres Etats européens dans l aventure de l ELDO. Est-ce que vous pouvez nous raconter comment vous percevez cette nouvelle et comment vous intégrez l ELDO en 1963? RO : Un jour, au début de l année 1962, je lisais un article dans le quotidien belge Le Soir, article qui expliquait que l Europe allait mettre sur pied deux organisations : l ELDO pour la réalisation d'un lanceur européen et l ESRO pour la réalisation et l'opération de satellites scientifiques européens ; l'article précisait que cela allait se faire dans l année 1963, que la Belgique était très intéressée et que deux équipes distinctes seraient mises en place pour diriger ces deux organisations. Je me suis dit tout de suite : «voilà quelque chose pour moi». J ai donc écrit à l auteur de l article, Monsieur Depasse, un diplomate belge, devenu par la suite Directeur de l Administration de l ELDO, et qui m a convoqué à un entretien à Bruxelles : il voulait connaître ma formation et mon expérience. Je lui ai expliqué mon intérêt et il m a promis que l ELDO examinerait mon dossier. Six mois après, j ai été convoqué pour une interview. Pourquoi après six mois? Parce que le groupe des recruteurs ne se réunissait qu une seule fois par trimestre combiné avec le fait que je commandais à ce moment-là une unité de réserve, cette unité de réserve ayant été rappelée, je ne pouvais m absenter pour passer des interviews. J ai donc dû attendre la session suivante des interviews. Finalement, je n ai été interviewé que pour l ELDO ; six mois plus tard, cette organisation m a fait savoir 4 ACEC : Ateliers de Constructions Electriques de Charleroi. 5 ETCA : Etudes Techniques et Constructions Aérospatiales. 3

4 que j étais retenu pour un poste. Il a fallu que j obtienne l accord de l Armée pour quitter, parce que j'avais encore des obligations suite à ma formation d'ingénieur aux frais de l'etat belge. Mes chefs militaires ont bien compris qu il y avait d autres intérêts en jeu que l intérêt de l Armée et «m'ont laissé partir à Paris». En mars 1963 j ai pris mes fonctions à l ELDO. DR : Quelles sont les personnes qui vous ont recruté à l ELDO? RO : Je me souviens assez bien du Comité d interview du moment : à part un Français (l Ingénieur général Girardin, ancien Directeur du LRBA 6 ), il n y avait pratiquement que des Anglais : mon futur chef, le Brigadier Général Abate, le colonel Dutton et Monsieur Nichols, qui est ensuite Chef du personnel de l ESA. Ce Comité était intéressé par ma formation et par mes connaissances linguistiques : outre le néerlandais, ma langue maternelle, le français, l anglais, et l allemand. Le Comité a émis une recommandation positive pour mon recrutement, qui est intervenu quelques mois plus tard. DR : Pourquoi y avait-il autant d Anglais dans la première organisation de l ELDO? RO : Parce que l ELDO c était «un peu l enfant» des Anglais : ils avaient pris l initiative de proposer la création de l ELDO, proposition qui avait été fortement appuyée par le Général de Gaulle. Vous ne vous souvenez sans doute pas que les Anglais s étaient lancés dans le développement du missile balistique Blue Streak à ergols liquides ; ils ont compris assez rapidement que le choix des ergols liquides n était pas adapté à la mission et ils ont eu l idée la bonne idée de transformer le Blue Streak en un premier étage de lanceur de satellites. Comme en plus, le «Groupe provisoire de l ELDO», structure intérimaire en attendant la création officielle de cette Agence, avait vu le jour à Londres, il n est pas étonnant que les Anglais étaient bien représentés lors de la création de l'eldo. Ce déséquilibre n a pas duré longtemps et, dès 1964, plusieurs autres nationalités étaient représentées dans l'équipe ELDO. DR : A l ELDO, quelles sont les premières fonctions que vous avez occupées et quelle équipe intégrez-vous? RO : En 1963, la Direction Technique de l ELDO comptait trois équipes : une équipe technique, disons d ingénierie, une équipe opérationnelle et une équipe de planification chargée des plans et du financement du programme Europa-1. Moi, j étais dans cette dernière équipe qui comptait alors cinq personnes. Nous étions chargés de vérifier la mise en œuvre du développement, tant sur le plan technique que financier, fonction que l on appelle maintenant le «contrôle de projet». L approche des essais en vol du lanceur Europa-1 était très différente de celle d'ariane 1, l'avancement du développement des trois étages étant très inégal. Au début des activités de l'eldo, le premier étage basé sur le Blue Streak avait atteint le stade de prototype et avait déjà subi des essais à feu «statiques» en Angleterre. Le deuxième étage étant de responsabilité française, leurs équipes industrielles avaient déjà acquis une expérience certaine avec le développement des engins de la force de frappe et de petits lanceurs comme Véronique ; pour ce qui est du 3ème étage, sous la responsabilité des Allemands, on peut dire que leurs équipes n'avaient pratiquement aucune expérience, tout développement dans ce domaine après la guerre leur ayant été interdit. L'ELDO décidait donc de faire une approche par étapes : on lance d abord un premier étage actif avec des deuxième et troisième étages sous forme de maquettes inertes, mais représentatives du point de vue aérodynamique, masse, etc. Puis, on passe à l essai en vol des premier et deuxième étages actifs, puis à la fin les trois étages sont actifs. C était les plans, mais cela n a pas vraiment bien marché; on en parlera après. Pour Ariane par contre, il a été décidé de ne pas suivre cette approche et de faire tous les essais en vol avec des étages «actifs» ; cette décision, qui s'est avérée payante, tenait compte des expériences acquises entretemps. 6 LRBA : Laboratoire de Recherches Balistiques et Aérodynamiques. 4

5 DR : Vous avez pu assister à des lancements d'europa-1 à Woomera? RO : Eh bien non, pour différents motifs, je n ai même jamais été à cette base Australienne, d'où se faisaient les lancements d Europa-1. DR : On en arrive aux problèmes qu a rencontrés le programme Europa-1. Vous disiez tout à l heure que chaque Etat avait son étage. Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment cela s est passé...? RO : Les Etats, ou plutôt les «grands» Etats (l Angleterre, la France et l Allemagne) avaient réclamé le développement de «leur» étage, et ce sont eux qui négociaient et passaient les contrats de développement. Cela a été beaucoup critiqué par la suite, mais ce n était pas illogique compte tenu des travaux effectués avant la création de l ELDO (du moins pour ce qui est de l Angleterre et de la France). Les Anglais avaient déjà pratiquement développé le premier étage d Europa-1, le Blue Streak (ceci au moyen d une licence de l industrie américaine), les Français avaient réalisé ou étaient en train de réaliser les engins de la force de frappe et le lanceur Véronique ; par contre, et comme l imposait le Traité de paix de la guerre , les Allemands n avaient ni les structures industrielles en ce domaine, ni l expérience nécessaire et il fallait pratiquement recommencer à zéro. Tout ceci a bien sûr été un obstacle sérieux, mais le fait d avoir confié le développement à certains Etats n était pas la seule cause du mauvais déroulement du programme Europa-1. D après moi les causes de l échec sont multiples. Sur le plan technique, outre le manque d expérience de certaines équipes, l erreur qui a été faite était double : d une part il n y a jamais eu de gestion de «système lanceur» (notamment les études système) et d autre part, il n y a pas eu de gestion efficace des interfaces : un lanceur ne s obtient pas en «empilant» trois étages. S ajoute à cela l absence de règles communes de gestion technique. A ces faiblesses techniques, s ajoute le fait que les Etats Membres de l ELDO n ont pas voulu lui donner la responsabilité totale du développement et l autorité technique et financière nécessaire pour gérer le programme. Il est à noter que, alors que pour le programme Europa-2 cette faiblesse a été partiellement corrigée, elle l a été complètement pour Europa-3, l entière responsabilité du développement étant confiée à l ELDO. DR : Comment s opère alors la transition entre les programmes Europa-1 et Europa-2, qui ne fut que virtuelle ou presque, puis Europa-3? RO : Europa-2 n était pas virtuel puisqu il a été lancé (une seule fois) : c était un lanceur Europa-1 avec l étage supérieur PAS (Perigee and Apogee System), cet étage devant permettre de placer un satellite d une masse d environ kg en orbite de transfert géostationnaire. Ceci étant, il y a eu un changement du mode de gestion entre Europa-1 et Europa-2, les Etats ayant compris qu il fallait renforcer l autorité de l'exécutif de l ELDO ; c'est ainsi que les nouveaux développements nécessaires à la réalisation d'europa-2 ont été réalisés sous le contrôle direct de l ELDO, les trois étages à Europa-1 restant dans le schéma initial de gestion des étages par les Etats. Ceci n a cependant pas permis d éviter l échec de son seul lancement. DR : La plupart des Etats ayant des réflexes nationalistes avaient sans doute du mal à accepter qu'une institution internationale comme l ELDO dirige les programmes spatiaux? RO : Je ferai une distinction entre l'esro et l'eldo. Pour ce qui est du premier, leurs satellites scientifiques ont été réalisés sous la responsabilité directe de l'esro, ceci parce que d'une part on «partait de zéro», l'europe n'ayant pas à ce moment-là réalisé ou même commencé à réaliser des satellites, d autre part parce que l'ampleur d un programme de satellites est nettement inférieure à celle d un lanceur. C était une bonne décision, ce qui a été amplement démontré par le succès de tous les satellites ESRO. Pour l'eldo par contre, les 5

6 Etats n'ont pas voulu confier la gestion du programme Europa-1 directement à l'eldo ; toujours d'après moi, ceci était dû d une part au fait que le Royaume-Uni et la France avaient déjà démarré des programmes de lanceurs et souhaitaient maintenir le contrôle de ces projets «en mains propres» et, d'autre part, l'ampleur du programme. Quand les Etats ont fini par comprendre qu'il fallait confier la gestion directement à l'eldo, il était malheureusement trop tard ; c est ce que le Général Aubinière, alors Secrétaire général de l ELDO, a dû constater après l échec du vol Europa-2 (F11) en Guyane en novembre DR : Comment se passe la transition entre Europa-2 et Europa-3 dans lequel vous êtes contrôleur de projet? RO : Comme je l ai déjà dit, le programme Europa-3 était très différent des programmes antérieurs, son développement étant géré par l ELDO. Yves Sillard, qui jusque là avait été le patron du Centre Spatial Guyanais, avait été désigné directeur de programme ; il avait constitué une équipe de projet dirigée par Hartmut Treiber, ingénieur allemand, Fréderic d'allest et Roger Vignelles occupant des postes clés. L ELDO lançait alors des appels d offres systématiques suivis par leur évaluation et le choix du contractant par l ELDO. DR : Avant, comment cela se passait-il? RO : Avant, la gestion des travaux et des contrats était faite par les autorités nationales et, en me limitant aux étages propulsifs, les choix des contractants étaient faits dès le début du programme. En Angleterre, Hawker-Siddley Dynamics et Rolls-Royce développaient le Blue Streak ; en France le BPNV (Bureau Permanent Nord Vernon), une association entre Nord Aviation (pour la structure et l étage) et le LRBA (pour la propulsion) développait l étage Coralie. En Allemagne, l'industrie du Nord du pays (ERNO) réalisait la structure et l'étage et l'industrie du Sud du pays (Messerschmitt-Bölkow-Blohm, MBB) réalisait la propulsion et le système électrique. Ceci étant, même pour Europa-3, le choix des industriels était souvent très restreint, mais chaque industriel devait soumettre des propositions techniques et financières et des schémas de management permettant de juger si les solutions techniques répondaient aux spécifications, si les équipes étaient expérimentées et disponibles et si le financement était adéquat. DR : En , on lance le programme Europa-3 ; le Général Aubinière est Secrétaire général, et Yves Sillard est Directeur de ce programme. Comment expliquez-vous l arrivée des Français, est-ce le succès du programme Diamant qui a lancé Messieurs Aubinière et Sillard à la tête de l ELDO? RO : C est une combinaison de plusieurs choses. Il faut d abord se remettre dans le contexte politique du moment. Les Anglais n étaient plus «dans le coup» après leur décision politique en 1967 ou 1968 de ne plus participer au développement des lanceurs Europa ; ils s'étaient pratiquement retirés des programmes ELDO, leur rôle se limitant à la fourniture du Blue Streak pour les lancements opérationnels d'europa-2 et de quelques équipements tels que par exemple la plateforme inertielle. Les Allemands n étaient pas encore très avancés dans le domaine des lanceurs. Et puis, la France avait la volonté de continuer le développement d un lanceur européen, volonté qui n'existait pas vraiment en Allemagne. Le Général Aubinière dirige le CNES dont les équipes avaient fait leurs preuves dans l'espace. Yves Sillard avait dirigé la réalisation du CSG et sa mise en œuvre. Tous deux étaient des hommes remarquables. DR : Comment se déroule le programme Europa-3 ; quelle fonction occupez-vous au sein de ce programme? Dans quel sens peut-on dire qu il est précurseur d Ariane et quels sont vos rapports avec Yves Sillard? 6

7 RO : La préparation du programme Europa-3 a commencé (sous le sigle ELDO-B) bien avant la création de l équipe d Europa-3 proprement dite : depuis , l'eldo et ses Etats Membres se rendaient compte qu il fallait un jour passer à un lanceur plus puissant vu la tendance de croissance de la masse des satellites de télécommunication, première application concrète et prometteuse de l'espace civil. Des décisions importantes avaient déjà été prises avant l arrivée d Yves Sillard, sous la direction de Hans Hoffmann qui, à l ELDO, était alors le Directeur des développements futurs. Un des premiers choix était le système propulsif du premier étage d ELDO-B. Compte tenu d une part de l expérience acquise en France dans le domaine des ergols stockables et d autre part du refus de l Angleterre de continuer à participer au développement des lanceurs, on a dans un premier temps retenu la filière des ergols stockables (UDMH-N 2 O 4 ) en choisissant un moteur en cours d'expérimentation à la SEP/Vernon, moteur qui a ensuite été baptisé «Viking» ; c était un des points de départ de la configuration d Europa-3. Ensuite, il y a eu des études système pour définir la configuration du lanceur, l'objectif ambitieux, disons-le étant de faire un lanceur à deux étages avec un premier étage L140 (140 tonnes d ergols liquides) qui est devenu le premier étage d Ariane 1, le deuxième étage étant doté d un système de propulsion cryotechnique très ambitieux (le flux intégré), le H20 (20 tonnes d hydrogène) ; ce lanceur visait une performance de l ordre de 1500 kg en orbite de transfert géostationnaire. Cet objectif, qui a été maintenu pour Ariane-1, correspondait à la performance du lanceur américain Atlas Centaur qui était alors la référence pour les plus grands satellites de communication. Le programme Europa-3 était en fait un pré-développement : études système, définition des étages, des systèmes électriques et de la coiffe, développement de certaines technologies ; en outre, on a pu lancer la réalisation de certains équipements à long délai d'approvisionnement (notamment les outillages pour le premier étage) ainsi que le développement du moteur Viking. Quand, fin 1972, au moment où la France a proposé le lanceur Ariane, le programme Europa-3 a été arrêté, tous les acquis d'europa-3 pour l'étage L140 ont pu être repris par Ariane. Entre-temps, j ai eu la chance de faire la connaissance de la Guyane dans un contexte qui n avait rien à voir avec Europa-3. Une délégation de parlementaires des Etats Membres de l'eldo voulait se renseigner sur la Guyane, les lanceurs et leurs installations de lancement ; et j ai eu le privilège d accompagner cette délégation en tant que représentant technique de l ELDO. On a visité la Guyane pendant une petite semaine au début Ensuite, Yves Sillard étant déjà à l'eldo, il y a eu une mission en Guyane pour choisir le site de lancement d Europa-3. Un site avait été retenu à Malmanouri (entre Kourou et Sinamary), site situé près de la station de télémesure Diane du CNES. A ce sujet une petite anecdote mérite d être mentionnée. La recherche du site Europa-3 s était terminée par un débriefing entre le CSG et l équipe ELDO dirigée par Yves Sillard. Plusieurs sites ayant été examinés le CSG avait fait une liste des avantages et des désavantages de chacun de ces sites. Un des désavantages du site de Malmanouri était le risque, pour le personnel et le matériel Diane, engendré par la combustion des ergols en cas d'explosion du lanceur, compte tenu des vents dominants. Yves Sillard qui, en tant que Directeur du CSG, avait été le responsable de toute l infrastructure du CNES en Guyane, a alors dit que «l ELDO n était pas responsable des erreurs que le CNES aurait pu commettre», ce qui a bien faire rire tout le monde. DR : Comment voyez-vous la naissance de la «famille Ariane»? RO : La «famille Ariane» (non pas dans le sens de l'ensemble des versions successives du lanceur, mais dans le sens d'un ensemble cohérent d acteurs ayant un même objectif) et l'esprit Ariane se sont faits progressivement. On ne crée pas des liens solides par «diktat», il 7

8 faut apprendre à se connaître et à régler des problemes ensemble. Ceci demande du temps : du temps pour les équipes industrielles de se connaître, d'apprendre à coopérer en appliquant des règles communes de gestion ; du temps pour les délégations, l'esa et le CNES de se connaître, de coopérer et de régler les problèmes en tout genre qui peuvent surgir comme par exemple lors de lancements réussis ou d échecs de lancement, l'organisation industrielle combinée avec l exigence du «juste retour». Ceci étant dit, je dirais que la famille Ariane et l'esprit Ariane étaient devenus une réalité bien avant le premier lancement et se sont maintenus depuis lors. J ajoute qu'un programme comme Ariane, qui court depuis 30 ans et a «produit» plus de 150 lancements, est une exception dans le secteur spatial européen, et ne peut que renforcer la cohésion de tous les acteurs qu'ils soient industriels ou gouvernementaux. Dans ce contexte, nous avons toujours fait valoir auprès des délégations pour les développements successifs que les retombées industrielles d Ariane valaient entre trois et quatre fois l investissement gouvernemental. DR : On va revenir aux années Comment percevez-vous l échec d Europa-2, l'arrêt d'europa-3 et la décision politique de l arrêt des programmes ELDO? J ai vu avec Charles Bigot, ou avec d autres, que certains ont quitté le monde spatial. Comment réagissez-vous? RO : Une fois que l on a senti (en fait dès 1972) qu Europa-2 était condamné, il devenait assez probable qu'on ne ferait pas Europa-3, du moins pas dans sa configuration en cours (avec un deuxième étage très ambitieux). Ceci étant, les décisions de 1972/73 ont quand même été un choc pour tout le monde. Mais ce choc est venu en même temps que la proposition française qui maintenait l'objectif stratégique de l'accès indépendant à l'espace, la proposition s'appuyant, d'une part, sur un projet réalisable avec des technologies existantes en Europe et, d'autre part, sur une proposition financière valable. Pour le personnel de l ELDO, les décisions d arrêter Europa-2 et Europa-3 ont été très dures et beaucoup sont partis, certains retournant dans leur société ou administration d origine mais beaucoup ont quitté l'espace. DR : Comment cela s est-il passé pour vous personnellement? RO : Début 1973, le patron de l ELDO, le général Aubinière, m a demandé si, compte tenu de ma fonction de contrôleur de projet d Europa-3, je voulais diriger l équipe de l ESRO chargée du contrôle de l exécution du programme Ariane, la Direction des lanceurs du CNES n étant pas sous l autorité directe du Directeur Général à l ESRO, organisme dans lequel serait exécuté le développement Ariane. J étais bien sûr assez déçu de l abandon d Europa-3 (et d Europa-2) mais je m étais rendu compte que ceci était devenu inévitable. La proposition du Général Aubinière m intéressait pour plusieurs raisons : le concept d Ariane était dicté par le pragmatisme, je connaissais la valeur des équipes Lanceur du CNES et celle des personnes qui seraient à la tête du programme. Le genre de travail à faire le contrôle de l exécution d un programme lanceur m était familier ; finalement, et comme je suis de nature plutôt optimiste, j étais convaincu, contrairement à certains collègues de l ELDO, que «cela allait se faire» sachant que la France voulait que l Europe devienne autonome en matière de moyens de lancement et que plusieurs autres Etats Membres de l ELDO (dont la Suède, la Suisse et la Belgique) appuyaient cet objectif. J ai donc accepté le poste et j ai pris mes nouvelles fonctions à l ESRO après avoir liquidé les contrats du programme de développement préparatoire d Europa-3. Je n ai jamais regretté ma décision qui m a permis de contribuer activement au déroulement du programme Ariane et à son succès. J en profite pour dire que, alors que je n ai pas toujours été d accord avec les positions des Français, je «leur tire mon chapeau» pour leur initiative Ariane et pour leur constance dans la poursuite de l objectif, cette dernière qualité s appliquant par ailleurs aussi à la grande majorité des Etats Membres de l ESRO puis de l ESA. J espère que cette attitude positive se maintiendra. 8

9 Ceci étant il faut se remettre dans le temps du package deal de 1973, où les politiques ont mis au point un schéma global donnant satisfaction à «tout le monde» : les Français obtiennent Ariane, les Anglais obtiennent les satellites de télécommunications maritimes et les Allemands obtiennent le Spacelab. C était une bonne décision, mais ce qui était un peu gênant, c était qu ultérieurement, dans toutes les grandes décisions, on a dû fonctionner systématiquement par package deal ce qui n'est pas toujours facile et retarde parfois les décisions : encore maintenant, on n arrive pas à prendre une décision importante sur un programme sans prendre les décisions sur un autre programme. Mais en Europe, les intérêts des uns et des autres ne sont pas les mêmes. DR : Donc vous rejoignez l ESRO RO : Je rejoins l ESRO avec une petite équipe et on s organise avec le CNES gestionnaire du programme Ariane. L'équipe de gestion de la Direction des Lanceurs du CNES était dirigée par Yves Sillard, ancien Directeur du programme Europa-3, des postes importants étant occupés par des «anciens» de cette même équipe de programme, plus particulièrement Fréderic d Allest (qui devenait chef de projet Ariane) et Roger Vignelles (qui prenait la responsabilité des premier et deuxième étages). DR : Roger Vignelles vous le connaissiez, depuis? RO : Je le connaissais déjà depuis quelques années, Vignelles et d Allest ayant rejoint pratiquement en même temps l ELDO en 1970 (si j ai bon souvenir). Il y avait aussi plusieurs ingénieurs allemands dont le Dr Treiber de MBB. Dans l équipe Europa-3, Sillard était le patron, Treiber chef de projet, Vignelles et d'allest, respectivement responsable du premier et deuxième étages ; il y avait aussi un autre Allemand (dont j'ai oublié le nom), responsable du système électrique, et j'étais moi-même contrôleur de projet. DR : Comme l on parle des Allemands, savez-vous si les ingénieurs allemands compétents de l époque de la deuxième guerre mondiale ont pu influencer les lanceurs européens? RO : Ce sont en fait quelques Allemands qui sont à la base du moteur Viking. Karl-Heinz Bringer du LRBA à Vernon a conçu l'essentiel du moteur Viking basé sur les ergols stockables (UDMH et le N 2 O 4 ) et est à l origine de l'utilisation des turbopompes ; il faisait partie de l'équipe allemande qui avait fait la V2. Il y avait également quelques autres Allemands dans l industrie allemande, dont un ingénieur allemand, Monsieur Mandel qui était le chef de l équipe MBB et qui a été très actif dans le développement du troisième étage Europa-1. DR : Le monde spatial dans les années 60, aux Etats-Unis comme en Europe, a été bâti par les techniciens allemands? RO : Je crois qu'il est un peu exagéré de dire que «le monde spatial a été bâti par les techniciens allemands» ; disons qu'ils ont fortement contribué à la conception et la réalisation des premiers lanceurs tant aux Etats-Unis qu'en URSS, et aussi, mais dans une moindre mesure, en Europe occidentale. Ceci a été rendu possible par l'énorme effort que les Allemands avaient fait pour le développement de la V2 pendant la guerre, des moyens en équipe et en financement pratiquement illimités étant mis en œuvre. L'argent n'est pas uniquement le Dieu de la guerre, il l'a été et le sera toujours pour tout nouveau développement, particulièrement dans le spatial. Ceci étant, il y a eu bien avant la dernière guerre des pionniers, aux Etats-Unis (Robert Goddard), en URSS (Konstantin Tsiolkovski) et en Allemagne (Professeur Sänger). DR : Pouvez-vous décrire en quelques mots la mise en route du programme Ariane (appelé alors LIIIS) et les principaux problèmes associés? 9

10 RO : Parlons d'abord du schéma de gestion qui était tout à fait nouveau : l'esa étant maître d'ouvrage du programme Ariane chargée entre autres du contrôle d exécution, le CNES avait reçu mandat des Etats de gérer, en tant que maître d'œuvre, ce programme européen. Ce schéma avait été proposé par la France compte tenu, d'une part, de sa contribution élevée au programme (62,5%) combinée avec son engagement de financer à 100% une marge supplémentaire (à la marge pour aléas de 20%) de 15% et, d'autre part, de l'existence d'une équipe lanceurs qui avait fait ses preuves. Il fallait donc que l'agence et le CNES s'organisent pour respecter cet accord. Je peux dire qu'on a assez rapidement trouvé une entente avec le CNES sur les rôles respectifs de l'un et de l'autre. Plusieurs principes étaient à la base du schéma retenu. D'abord, il fallait une séparation claire entre la fonction du CNES, gestionnaire du programme, et l'agence responsable du contrôle ; ceci impliquait notamment que le CNES était le seul interlocuteur de l'industrie, ceci afin de respecter le principe de «l'unité de commandement». En outre, pour éviter qu'on «se marche sur les pieds» il a fallu éviter que l'agence duplique les fonctions du CNES : ceci nous avait d'ailleurs conduit à une règle non-écrite comme quoi l'effectif de l'équipe ESA ne devait pas dépasser 10% de l'effectif du CNES. Ensuite, et comme l'agence était chargée du contrôle de l'exécution, c'est elle qui était le seul interlocuteur des délégations tant pour les contacts individuels que dans le Conseil directeur du programme Ariane. J'en profite pour rappeler, dans le contexte des relations avec les délégations, ce qu'on peut maintenant appeler une «anecdote» mais qui jadis fut une crise majeure du programme. Apres son élection à la Présidence de la République française en 1974, Monsieur Valéry Giscard d'estaing avait, sans doute sur proposition de son Ministre des Finances, fait bloquer des contrats de plusieurs grands programmes, dont Ariane. Cette action unilatérale, intervenue à environ un an après la décision d'ariane, a été plutôt mal accueillie par les autres pays et par le Conseil directeur du programme Ariane ; leurs protestations et l'erreur tactique des Américains, qui avait assorti leur accord de lancement de satellites européens par des lanceurs américains de sévères restrictions dans l'utilisation de ces satellites, ont fait basculer la position française et le programme a repris sans conséquence négative réelle. Je voudrais ajouter ici un mot sur la fameuse «réserve négative» du programme de développement d Ariane-1. Le problème était le suivant : les contributions de l Allemagne et de l Italie étaient forfaitaires pendant respectivement quatre et trois ans (pour l Allemagne initialement de 40 millions de DM par an puis étaient réactualisées une seule fois ; ce mécanisme avait été accepté par tous les Etats participants. Après un ou deux ans, ce mécanisme créait cependant un déficit de contribution dans les budgets annuels, déficit que la France a dû prendre en charge. Comme le disait une lettre du CNES, il y aurait parfois une «réserve positive» parfois une «réserve négative». Il se fait que, même après l actualisation des contributions allemandes et italiennes, il n y a eu qu une réserve négative totalisant environ 90 MUC. A noter qu il n y a plus jamais eu de contributions forfaitaires pour les programmes Ariane. DR : Je reviens sur l arrêt de l ELDO, et sur les ingénieurs et autres agents de l ELDO qui sont passés au CNES, dans d'autres établissements ESA ou dans l industrie RO : Cette phase a été très dure pour la plupart des gens. Une bonne partie des administratifs a disparu «du système» sauf quelques personnes dont par exemple Messieurs Nichols et Bourély, respectivement Chef du Personnel et Conseiller juridique de l'eldo et qui ont gardé cette fonction à l'esro/esa. Certains autres agents ELDO sont partis à l'estec comme par exemple Franco Emiliani, ancien chef de l équipe ELDO en Guyane qui est parti à l ESTEC où il a d'abord travaillé sur le Spacelab. Certains sont restés à Paris : Walter Naumann, Max Hauzeur, Carlo Dana, Klaus Krüger et André Bellot. Un petit nombre d'agents ELDO est passé au CNES (tels que I. Howarth, M. Sebeo) d autres sont retournés au CNES, dont 10

11 notamment Yves Sillard, Frédéric d'allest et Roger Vignelles ; ils ont constitué le noyau de la Direction des Lanceurs. D autres sont partis ou repartis à l'industrie, mais je n'ai pas beaucoup de détails à ce sujet. A noter également que l'esro et la Commission européenne avaient monté une action commune pour aider les agents ELDO à trouver un nouvel emploi, à Bruxelles ou ailleurs ; cette action a produit des résultats, mais je ne peux pas les quantifier. Pour résumer, sur environ 300 personnes que comptait l'eldo en début 1973, je dirais que moins de 100 sont restées à l'esa. DR : Donc, dans les années c est la création de l ESA, comment vivez-vous cette période? RO : Je dirais que c'était plutôt la gestation de l'esa. Pour tous les agents de l ESRO, c était plutôt une «grosse affaire». On préparait la création d une grande agence qui allait avoir des programmes et des moyens plus importants que l ESRO et l ELDO réunis. Ma fonction consistait à faire démarrer le programme Ariane, mais nous avons également beaucoup travaillé sur le financement du Centre Spatial Guyanais (CSG). Ce point important avait été «oublié» dans l'accord Ariane, dans lequel il y avait trois «paquets» de financement : le développement du lanceur, la maintenance des installations de lancements de l ELDO (ELA- 1) et les dépenses internes de l'esro/esa. Il n'y avait pas un centime pour le fonctionnement du CSG. A mon avis, cette situation était due au fait que la proposition financière du programme couvrait le seul développement du lanceur ; quand on s'est rendu compte fin 1973/début 1974 de l'absence de financement du CSG, les accords Ariane étaient déjà «ficelés» et la délégation française a sans doute préféré ne pas y revenir pour éviter d être confrontée à la remise en cause d une décision ministérielle datant d environ 6 mois. Or, les dépenses de fonctionnement du CSG étaient de l'ordre de 70 millions d'euros par an. Avant l'ère Ariane, l'eldo payait une part importante de cette dépense (de l'ordre de 40%, si j'ai bon souvenir) compte tenu du programme Europa-2 et de l'ensemble de lancement Europa, le CNES payant le reste sur le budget national. De l'autre coté, l'arrangement Ariane stipulait que les Etats Membres devaient mettre leurs installations à la disposition du programme Ariane et, si je ne me trompe pas, ceci devait se faire au coût marginal. Il a donc fallu trouver et «vendre» une solution de financement équitable, on a négocié longuement, d'abord avec le CNES puis avec les délégations pour arriver à une solution ; cette action de près de deux ans a demandé une petite dizaine de missions en Guyane (avec ou sans les délégations). Aux délégations, il fallait d'abord expliquer la différence entre le CSG (base de lancement, propriété du CNES, utilisée pour le lancement de plusieurs lanceurs) et l'ensemble de Lancement Ariane propriété de l ESA, installation spécifique à ce lanceur) ; ceci était d'autant plus nécessaire que certains pays participant au programme Ariane (le Danemark, l'espagne, la Suède et la Suisse) n'étaient pas membres de l'eldo et étaient donc confrontés à un problème nouveau. Pour ce faire, nous avions fait une analogie avec un aéroport dont les installations propres (contrôle de navigation, lutte contre l'incendie, sécurité, etc.) sont comparables à celles du CSG, les moyens spécifiques d une ligne aérienne opérant sur l'aéroport étant comparables à l ensemble de lancement spécifique d'un lanceur donné. L'objectif de la négociation était de convaincre les délégations que les besoins du CSG proposés pour la phase opérationnelle d'ariane étaient estimés correctement. Contrairement aux Britanniques relativement peu impliqués dans le programme Ariane mais qui savaient ce qu était une base de lancement (Woomera/Australie pour le Blue Streak, puis pour Europa-1), les Allemands n'étaient manifestement pas convaincus de l'objectivité de l'esa et du CNES dans l'estimation des besoins, particulièrement en ce qui concerne les effectifs. L'ESA a alors demandé aux Allemands de désigner un expert neutre ; ceux-ci ont désigné le Dr Kurt Debus, un ancien de l'équipe von Braun et ancien Directeur du Kennedy Space Center (KSC) de la NASA. Nous avons alors organisé une mission du Dr Debus en Guyane pour lui expliquer le 11

12 CSG : moyens techniques et moyens logistiques, organisation du CSG, effectifs correspondants, organisation d une campagne de lancement, etc. La conclusion du Dr Debus peut se résumer comme suit : il n'arrivait pas à comprendre comment le CSG pouvait fonctionner correctement avec l'effectif proposé (environ 500 personnes pour la phase initiale du programme Ariane-1), l'effectif de la partie «base de lancement» du KSC étant pratiquement cinq fois plus élevé ; cette expertise a fini par convaincre les Allemands. Après deux ans de négociation (culminant dans la réunion des ministres de l'espace à Bruxelles en 1975), on a fini par obtenir une contribution européenne non-française au financement du CSG de l'ordre de 30% des dépenses pour une période initiale de 4-5 ans. DR : Avez-vous quelques anecdotes sur les missions en Guyane pour les affaires CSG? RO : Il y a d'abord une toute petite anecdote concernant Kurt Debus, qui avait oublié son imperméable en Guyane, imperméable auquel il tenait beaucoup et qu il voulait absolument récupérer. Après une recherche assez longue par le CSG, on a réussi à retrouver son bien et on le lui a envoyé aux Etats-Unis où il vivait, geste pour lequel il nous avait alors remercié avec «profusion». Une autre anecdote plus importante et dont certains anciens du CNES devraient encore se souvenir concerne une mission à Kourou en 1975 qui coïncidait avec le dernier lancement du lanceur français Diamant BP-4, dernier lancement avant le passage du CSG en «configuration B» impliquant une forte réduction des effectifs du CSG en attendant les premières activités opérationnelles d Ariane-A. Après le lancement, l'équipe Diamant avait monté, sur la plateforme de lancement, une Renault 4L (qui était alors «la» voiture du CSG) pour marquer la fin du programme Diamant BP-4 et le début de la «configuration B». Michel Bignier, alors Directeur général du CNES et «un grand monsieur», y avait fait un discours comme il savait le faire. Michel était très ému par l étape difficile qui attendait le CSG et il n a pu retenir quelques larmes à la fin de la cérémonie. Le Directeur du CSG du moment, Hubert Bortzmeyer, était lui tellement déçu de la configuration B qu il a quitté le CSG presqu immédiatement après l événement. DR : Hubert Bortzmeyer avait, je crois, été associé au programmes lanceurs dès le début. RO : C'est exact, c'est un homme d'une grande intelligence et un expert de ces programmes. L'Agence a d'ailleurs ultérieurement fait appel à lui (dans le contexte des nouvelles technologies à développer pour des lanceurs futurs). A ce sujet, l'europe spatiale n'a malheureusement pas pu faire un vrai effort financier sur les nouvelles technologies, une grande partie des budgets disponibles étant affectée prioritairement au développement du programme Ariane. DR : De même que l on a vu que la période de la fin de l ELDO avait été très durement ressentie par le personnel, le passage à la configuration B du CSG l a été tout autant pour les agents du CNES. Comment avez vous vécu cette période? RO : L équipe Ariane de l ESA et la Direction générale de l ESA (et d ailleurs du CNES) se sont senties obligées de passer par cette étape douloureuse pour les équipes du CSG afin de prouver qu un vrai effort était fait pour réduire son budget de fonctionnement au strict minimum, afin de «crédibiliser» le financement demandé le tout pour convaincre tous les participants au programme Ariane autres que la France, de contribuer à ce financement : en effet, il n y avait dans les accords Ariane aucune obligation des Etats de contribuer à des activités allant au-delà du développement proprement dit d Ariane, alors que le CSG était bien sûr une installation essentielle à ce programme. Ceci étant, le passage à la configuration B a également permis d adapter l organisation et les moyens du CSG aux nouvelles exigences d'ariane. 12

13 Pour terminer cette partie de l entretien sur le financement du CSG, je voudrais ajouter ici que, après les difficultés initiales pour obtenir la participation de tous au financement du CSG, nos Etats Membres ont toujours été positifs vis-à-vis de ce programme, ceci malgré le fait que «la règle du juste retour» n'était pratiquement pas applicable au CSG, tout espoir de réaliser un retour sur une contribution annuelle des Etats (hors France) de l ordre de MUC étant du moins initialement peu réaliste. DR : En 1973, vous devenez Chef du programme Ariane ; quels étaient alors vos responsabilités et vos moyens? RO : Mes équipiers initiaux étaient : Jean Lacaze, un Français et l un des meilleurs ingénieurs que j'ai connus et qui maîtrisait complètement la technique d'un système lanceur, André Bellot, autre Français, responsable de l'interface lanceur/charge utile, tâche de responsabilité directe de l'esa, Klaus Krüger, un Allemand, responsable du contrôle du projet, un autre Allemand dont j'ai oublié le nom et qui n'est pas resté longtemps dans mon équipe et Laura Martina, une Italienne, notre secrétaire efficace. Ensuite, dès que l'affaire CSG s est pointée, Carlo Dana, Italien lui aussi et qui avait été impliqué dans les accords ELDO/CNES concernant le CSG, nous a rejoints. Quand Jean Lacaze a quitté mon équipe pour devenir l'architecte industriel Ariane à l'aérospatiale, Walter Naumann, un Allemand, l'a remplacé en tant que responsable technique. Quant au fonctionnement de mon équipe, il faut rappeler que le développement Ariane était un programme ESA dont la gestion était déléguée au CNES, le Directeur général de l'esa n'ayant pas autorité directe sur le CNES. La tâche principale de mon équipe était le contrôle technique et financier de l'exécution du programme, à quoi s ajoutait la vérification du «retour industriel» sur lequel le CNES s'était engagé en début du programme. La proposition du budget était présentée par l'agence sur la base de la proposition du CNES. A mon avis, le schéma mis en place pour le développement d'ariane (et pour ses successeurs jusqu'à y compris le programme Ariane 5 dans sa version initiale) a bien fonctionné tout ou long de ce programme, avec quelques aménagements et, bien sûr, quelques conflits occasionnels... qui ont toujours été réglés d'une façon correcte et, je crois, efficace. A part la fonction de contrôle d'exécution du programme Ariane, l'agence avait la responsabilité des contacts avec les utilisateurs déclarés et potentiels du lanceur. Développer Ariane était bien sûr l objectif principal du programme, encore fallait-il acquérir des clients : clients européens (ceux de l'esa et des Etats Membres) et les clients externes. Dans ce contexte et comme c'est le cas pour d'autres secteurs de haute technologie (avions militaires et civils, systèmes d'armes etc.), il est pratiquement impossible d'exporter ce produit sans qu'il soit d'abord acquis par les utilisateurs «nationaux» ; il fallait donc d'abord acquérir des clients européens. Pour ce qui est des clients européens, on a visé dès le début des programmes ESA déjà décidés tels que ECS-1 (European Communications Satellite), Marots devenu entretemps Marecs (Maritime ECS) et le satellite scientifique Exosat (remplacé par le satellite Giotto pour l observation de la Comète Halley, ceci après décision de lancer Exosat sur une fusée Delta) ainsi que le programme français Telecom-1. Malgré le fait que les satellites ESA étaient des satellites européens, il a fallu convaincre les équipes de projet ESTEC de retenir Ariane, équipes qui ne connaissaient que le lanceur américain Thor-Delta. Cette action a pris du temps, mais après des hésitations initiales dues au fait qu'ariane n'avait pas encore volé et aussi, disons-le pour être complet, parce que le programme Ariane n'était pas géré par l'esa, mais les choses ont fini par s'arranger et une coopération efficace s'est établie entre les équipes ESTEC et Ariane. 13

14 Quant aux clients externes à l'europe, ceux-ci n étaient pratiquement que des clients américains, aucun autre pays (sauf bien sûr l'urss) n'envisageant à cette date de lancer des satellites. Il se faisait que l'organisation internationale de communication par satellite Intelsat devait décider à la fin des années 1970 du lanceur pour les trois dernières unités de la série Intelsat 5, les quatre premières devant être lancées par le lanceur américain Atlas-Centaur, dont la performance (env kg en GTO, orbite de transfert géosynchrone) était voisine de celle d'ariane 1. L'ESA et le CNES ont alors décidé qu'il fallait tout mettre en œuvre pour obtenir une commande d'intelsat, organisation disposant déjà d'un réseau mondial de communication par satellite ce qui faisait d'elle une référence de premier ordre ; nous étions convaincus qu une commande Intelsat constituerait un atout majeur pour la commercialisation d'ariane. Avec Frédéric d'allest, et avec le plein appui de Roy Gibson (alors Directeur général de l'esa) et de nos délégations, l'esa et le CNES ont alors monté une action visant d'abord à convaincre l'équipe technique d'intelsat de la valeur technique et de l'organisation du programme Ariane, puis à leur présenter une proposition technique et financière valable. DR : Cela se passe durant la phase de qualification d'ariane? RO : L action commune ESA/CNES à commencé en 1977 par une présentation à l'exécutif d'intelsat, dont le siège était à Washington et qui était alors complètement dominé par les Américains qui avaient la majorité absolue au Conseil des gouverneurs d'intelsat, l'organe supérieur de décision de cette organisation ; en outre, la gestion des programmes Intelsat était «déléguée» à la Comsat, société américaine agissant en fait pour le compte du Gouvernement des Etats-Unis. Mais en 1976, il y a eu une évolution importante de cette situation dans la mesure où les Américains ont perdu la majorité, ce qui a permis aux Européens de mieux faire entendre leur voix. Nous avons bénéficié d'un appui soutenu de Jean Grenier, alors Gouverneur français au Conseil des Gouverneurs d'intelsat (qui est ensuite devenu le patron d'eutelsat) ; c'est lui qui, avec l'aide des autres Gouverneurs européens (plus particulièrement anglais et allemand), a fortement contribué d'abord à la prise de conscience du Conseil Intelsat de la «réalité» d'ariane, puis à la décision de ce Conseil de commander trois lancements Ariane. DR : Tout ceci se passe alors que le développement est encore en cours ; ce programme comprenait 4 lancements destinés à qualifier Ariane-1, mais aucun lancement au-delà. Pouvez-vous rappeler les grandes lignes de ce qui a été fait pour démarrer la production des lanceurs opérationnels? RO : Pour vendre des lancements à des clients non-européens, tels qu'intelsat, il faut non seulement convaincre ces clients commerciaux qu'ariane, alors en cours de développement, sera qualifié au bon moment, mais aussi qu'il y aura alors des lanceurs «au-delà» des vols d'essais ; il faut noter dans ce contexte que le délai de réalisation d un lanceur (approvisionnements à long terme inclus) était alors de trois ans et plus. Tout ceci a conduit nos gouvernements à lancer un nouveau programme, la Série de Promotion Ariane, avec le double objectif de démontrer aux constructeurs et aux opérateurs de satellites (principalement de communication) la confiance de l'europe dans Ariane (en décidant de lancer par Ariane quatre de leurs satellites) et de garantir aux futurs acheteurs de lancements la disponibilité de lanceurs opérationnels pour satisfaire leurs besoins. La Série de Promotion consistait dans la fabrication et le lancement de six Ariane 1, plus le développement du SYLDA (SYstème de Lancement Double Ariane) et la réalisation au CSG d un ensemble d installations permettant la préparation des satellites pour le vol, l EPCU (Ensemble de Préparation de Charges Utiles). En parlant du SYLDA, il faut dire un mot de l adaptation du lanceur aux besoins du marché, plus particulièrement de la masse des satellites en cours de réalisation ou prévus à court terme. Dans la deuxième partie des années 1970, la 14

15 majorité de ces satellites était dimensionnée pour le lanceur Thor-Delta qui permettait le lancement en GTO d'un satellite (moteur d'apogée inclus) d'environ 750 kg, le reste étant à lancer sur le lanceur Atlas Centaur d une performance double. Le lancement d'un satellite de 750 kg en passager unique d'ariane aurait été économiquement impossible ; comme la performance visée d'ariane (initialement de 1500 kg) permettait de lancer deux satellites de la classe Delta, il a été décidé de systématiser le lancement double de cette classe de satellites au moyen du SYLDA. Après une négociation relativement longue (près de 2 ans), la Série de Promotion a été approuvée par le Conseil directeur Ariane en 1978 ; cette durée était due à plusieurs aspects assez particuliers de ce programme : qualification pas encore acquise, incertitude de la configuration finale et du coût de production du lanceur, incertitude des recettes en provenance des utilisateurs et donc du financement de la différence entre les coûts et les recettes. Je me limiterai aux deux derniers. Sur le premier, et alors que les recettes attendues des clients européens étaient bien connues, une grande incertitude existait sur celles en provenance d'intelsat, le premier utilisateur, tant à cause de la concurrence américaine que des fluctuations du dollar. Quant au deuxième point, l'objectif promotionnel de ce programme impliquait la prise en charge par les Etats participants du solde des dépenses non couvertes par les recettes en provenance des utilisateurs, ce qui posait un problème tout à fait nouveau à nos délégations. DR : Toujours dans le contexte de la Série de Promotion, vous n avez pas encore rappelé la décision d Intelsat à l issue de la négociation dont on vient de parler. RO : Je peux dire que la Série de Promotion s est bien déroulée et a bien servi l objectif de commercialisation. Début 1979, soit près d un an avant le premier vol d essai de décembre 1979, Intelsat a passé une commande ferme pour un lancement Ariane et pris une option pour deux lancements supplémentaires ; Intelsat a transformé cette option en deux commandes fermes, ceci quelques mois après l échec du vol L02 dans le deuxième trimestre Je voudrais exprimer ma reconnaissance à nos interlocuteurs techniques d'intelsat, les Américains Allan McCaskill et Fred Ormsby. Ces deux ingénieurs qui avaient une grande expérience des lancements de satellites ont toujours été des interlocuteurs objectifs, ce qui leur a d ailleurs valu des critiques de certains de leurs compatriotes! Je voudrais aussi remercier Messieurs Gibson et van Reeth, respectivement Directeur Général et Directeur de l'administration de l ESA, qui ont fait confiance à l'équipe de négociations ESA/CNES et l'ont appuyée en permanence au moment où, disons les choses comme elles l étaient, peu d Européens croyaient au succès de l offre ESA à Intelsat. Le même commentaire s'applique à nos délégations qui ont appuyé cette initiative avec enthousiasme malgré les risques financiers, ainsi qu'aux gouverneurs européens d'intelsat, en premier lieu à Jean Grenier, gouverneur français au Conseil d Intelsat. Pour terminer «l épisode Intelsat», une petite histoire. Je n'oublierai jamais qu'en janvier ou février 1979 quand on attendait la décision du Conseil des Gouverneurs sur notre offre, Frédéric d'allest m'a réveillé en pleine nuit pour m'annoncer la décision positive d'intelsat ; je n'ai jamais été aussi heureux d'avoir été réveillé la nuit! On peut dire que cette première vente commerciale à Intelsat à été une vraie «carte de visite» pour Ariane. DR : On arrive à Ariane L01. Quels sont vos souvenirs du premier lancement? RO : J'ai plusieurs souvenirs de ce lancement. D'abord l'échec de la première tentative de lancement, le tir avorté. C'était une situation complexe et hasardeuse, mais les opérationnels 15

16 du CNES s'étaient bien préparés à ce cas. Les procédures avaient été rédigées et une deuxième équipe de lancement était prête pour les opérations après un tir avorté. La remise en configuration du lanceur a été menée tambour battant, et après une dizaine de jours de travail intense, le lanceur était prêt pour une nouvelle tentative. Avant la reprise de la chronologie de lancement, il y a eu un petit incident sur le «plan de peinture» d'ariane. Sans en informer l'esa et, à ma connaissance, la Direction générale du CNES, Alexandre Merdrignac (Chef des Opérations de l'ensemble de Lancement Ariane) et quelques «complices» avaient réalisé un plan de peinture mettant en avant le CNES ; cet «exploit» a fait couler beaucoup d'encre, mais n'a ni empêché un lancement parfait ni perturbé les célébrations qui ont suivi. Comme vous le savez, le lancement s'est effectué avec un succès total, le 24 décembre 1979 ; l'ambiance après le lancement était fantastique, il y avait de la joie et de l'émotion en même temps. Dans ce contexte, je me souviens du «pot» offert après le lancement à toutes les équipes et à leurs familles dans l'ancien bâtiment d'assemblage d'europa-2 au CSG. Les pompiers du CSG nous y attendaient et ont copieusement mais gentiment arrosés d eau tout le monde sans exception. C'était la «grosse rigolade» même si on était un peu mouillé. Dans ce hall il y avait des centaines de personnes, le champagne y coulait à flots et le niveau de bruit empêchait la plupart des gens de se comprendre. Le Professeur Curien (alors Président du CNES) et Monsieur Gibson (alors Directeur général de l'esa) ont réussi à prononcer des discours du haut d un premier étage, puis ont entamé ensemble la chanson Auprès de ma blonde qui a été reprise par la foule. La joie était bien sûr générale, mais elle était, je crois, la plus forte chez les opérationnels Ariane et leurs épouses dont beaucoup avaient profité de l excellente initiative du Directeur des Lanceurs du CNES qui les avait invitées à rejoindre leur mari en Guyane, après le tir avorté ; quelle fête de Noël pour tous! Le succès complet du premier lancement a été un atout majeur pour le succès du programme. DR : Comment cela s'est passé après l'échec de L02? RO : Après la réussite de L01, l'échec de L02 est évidemment venu comme un choc pour tous : équipes techniques, dirigeants, gouvernements, clients et clients potentiels et même l'opinion publique après quelques articles ironiques de la presse. Après ce choc initial, il y a eu une longue période d'incertitude et d'interrogation, et un travail énorme a été fait pour remédier au défaut. On a su rapidement après le lancement qu'il y avait eu un problème d'instabilité haute fréquence de combustion dans un des quatre moteurs Viking du premier étage, mais il a fallu en comprendre la cause et y remédier, ce qui a valu une année difficile aux équipes de la SEP/Vernon et du CNES. DR : Quelle a été alors votre action vis-à-vis des délégations et des clients? RO : Un des soucis communs ESA/CNES a toujours été de tenir tous nos interlocuteurs au courant d une façon systématique, ceci au moyen de rapports périodiques et de briefings : la transparence paie! Pour ce qui est d Intelsat, notre premier client à l export, qui a bien sûr voulu être tenu au courant et connaître le détail des choses, leur réaction a été «nous attendons les résultats de votre enquête et de vos actions correctives, mais nous restons confiants», attitude qui s était d ailleurs concrétisée par la transformation de deux options de lancements supplémentaire en deux commandes fermes après l échec L02, point que j ai déjà mentionné. DR : J'ai une question un peu spéciale: certaines personnes ont dit qu'il y avait des navires américains dans les parages lors du lancement L02, et qu'il pourrait y avoir eu sabotage 16

17 RO : Après un échec, toutes les hypothèses possibles ont été examinées, comme c'est également le cas par exemple lors d'un accident d'avion. L'hypothèse du sabotage a été examinée, mais n'a pas été retenue. Il a en effet été prouvé rapidement que l'échec était dû à une instabilité de combustion dans un des moteurs Viking, ce phénomène violent ayant détruit l'injecteur du moteur en un temps très court ce qui a conduit à l'échec du tir. Ceci a été clairement démontré par des télémesures, puis confirmé après qu'on ait récupéré le moteur incriminé grâce au fait que les débris du premier étage étaient retombés dans la zone marécageuse de la côte guyanaise. DR : Yves Dejean, alors responsable de la logistique du CSG, m a parlé de la récupération de cet étage. RO : Cette opération s'est faite dans des conditions très difficiles, l'étage étant retombé dans la mangrove difficilement accessible ; c'était une opération «homérique» à laquelle la Légion étrangère a fortement contribué. Je vous raconte une anecdote personnelle au sujet du moteur Viking. Comme il fallait briefer les clients d'ariane, l'esa avait organisé un briefing pour le Directeur général d'intelsat, Monsieur Lundberg, cette Organisation étant un des premiers utilisateurs d'ariane (pour les satellites de communication maritime Marecs-A et Marecs-B). Comme beaucoup de délégations et d'agents ESA n'avaient qu'une notion très vague de ce qu'était le moteur Viking et plus spécialement son dôme d'injection, la SEP (motoriste du Viking) avait mis à notre disposition un dôme d'injection Viking permettant d'expliquer sur un matériel réel ce qui s'était passé. Pendant le briefing de Monsieur Lundberg, j'ai dû aller chercher ce matériel de l'autre coté du bâtiment ESA. Ne trouvant pas de manutentionnaire, j'ai dû porter l'objet (qui pesait plusieurs dizaines de kilos) moi-même : ayant sans doute surestimé mes forces, je suis arrivé totalement essoufflé dans la salle de réunion et j'ai dû attendre au moins une minute avant de pouvoir reprendre mon souffle et la parole. Messieurs Gibson et Lundberg ont alors beaucoup ri, mais l'exposé a manifestement été satisfaisant, Inmarsat ayant maintenu son intention d'utiliser nos satellites Marecs. Pour revenir à la cause de l'échec en vol L02, il s'avérait qu'il y avait une forte dispersion dans la fabrication des injecteurs ce qui pouvait effectivement conduire à des instabilités de combustion ; le même genre de problème avait déjà été rencontré sur des lanceurs américains et russes. Différentes mesures ont été prises dont le renforcement de la gestion technique de la SEP Vernon, l'acquisition de moyens performants de fabrication à commande numérique et de moyens de contrôle ; par ailleurs il a fallu un grand nombre d'essais du moteur Viking pour comprendre le phénomène ayant causé l'échec et pour y remédier. Le vol suivant L03, qui s'est fait pratiquement un an après le lancement L02, a démontré que le phénomène avait été bien compris et maitrisé. DR : En parlant de L03, il y avait des «vrais» satellites passagers sur ce vol ; pouvez-vous en dire quelques mots? RO : Il avait été convenu avec le CNES que seul le premier vol d'essai serait lancé avec une capsule technologique (CAT) représentative de satellites réels pour ce qui est de la masse et des moments d'inertie, cette capsule étant surtout destinée à mesurer l'environnement en vol. Pour les trois vols L02, L03 et L04 on avait lancé le programme APEX 7 qui était destiné à lancer les charges utiles qui acceptaient d être embarquées sur des vols d'essais, étant entendu qu elles ne pouvaient créer aucun risque ou dépense supplémentaire pour le programme Ariane ; ceci nous permettait de crédibiliser Ariane et de mettre au point les procédures techniques applicables aux futurs clients. 7 APEX: Ariane Passenger Experiment. 17

18 Le lanceur L02 devait emporter un satellite scientifique Firewheel de l'institut Max-Planck pour examiner les couches hautes de l'atmosphère et le satellite Amsat de la communauté mondiale des radioamateurs ; ces charges utiles ont été détruites avec le lanceur L02. Le lanceur L03 a emporté un prototype mis à niveau du satellite Meteosat de l ESA et un satellite de communication expérimental de l'isro 8 appelé APPLE 9 ; cette action nous a permis d'établir des contacts avec l'isro, qui n'en était alors qu'à un niveau technologique relativement peu avancé (mais qui a été très nettement amélioré depuis lors). Une équipe de l ESTEC, dirigée par Jaques Durand, a conseillé l ISRO pour la réalisation et l utilisation du satellite. Les deux passagers ont été lancés avec succès et ont fonctionné parfaitement en orbite. Le lanceur L04, dernier vol d'essai, emportait le satellite Marecs-A destiné à Inmarsat comme déjà indiqué précédemment et a également rempli sa mission. DR : Roger Vignelles a dit qu'il y a eu en début du programme Ariane une coopération France/Inde, et que des représentants de l'isro avaient travaillé dans les rangs du CNES. RO : C'est exact, l'objectif de l'isro étant clairement d'acquérir de l'expérience dans le domaine des lanceurs, plus particulièrement en propulsion (moteur Viking). Ceci étant, les coopérations ESA/Inde et France/Inde ont été très productives pour Ariane, étant donné que jusqu'à maintenant 10 satellites opérationnels ISRO ont été lancés par Arianespace. DR : Passons maintenant à la création d Arianespace, la commercialisation d Ariane et son industrialisation conduisant plus tard à la commande du lot P9 de 50 lanceurs. RO : La proposition pour la création d'arianespace a été faite et discutée en 1980, la société elle-même ayant été formellement créée en Le dossier Arianespace à été élaboré sans implication de l ESA et à son insu, sans doute parce que le CNES voulait maintenir la position de la France dans le domaine des lanceurs. Comme je l ai déjà dit, la Série de Promotion a bien servi le programme Ariane, mais il était clair qu on n'aurait pas pu prolonger le même schéma pour tous les lancements ultérieurs. Les Etats Membres ont financé le développement ainsi que la promotion, mais l exploitation commerciale du lanceur n est ni dans la vocation des Etats ni compatible avec le statut de l ESA. Par ailleurs, les mécanismes de décision de la Série de Promotion n étaient pas compatibles avec la commercialisation et on ne pouvait pas s attendre à ce que les Etats continuent à financer un programme de production. Le partage des rôles dans ce genre de programmes est assez standard : les gouvernements financent le développement des nouveaux systèmes mais dès que ceux-ci ont atteint la maturité, l'industrie prend la main, et les avantages et les risques qui en découlent. Après les premières réticences ou hésitations tant du coté de l'esa que de plusieurs Etats, tous ont reconnu la valeur de la solution Arianespace, dont même les plus optimistes n auraient pu imaginer en 1980 les résultats concrets obtenus. Un dernier mot pour dire que la commercialisation d'ariane a bénéficié d'une erreur stratégique du Gouvernement américain (sur proposition de la NASA), qui avait décidé au début des années 80 que tous leurs futurs satellites seraient lancés par la Navette à des conditions apparemment très favorables (mais totalement irréalistes), les Américains voulant également «imposer» le lancement par la Navette à leurs opérateurs commerciaux et même aux opérateurs non-américains. Cette décision d abandonner les lanceurs conventionnels américains Delta et Atlas Centaur a été révoquée après l échec de la Navette en Cependant, la disponibilité des lanceurs conventionnels américains était alors déjà tellement compromise qu on peut dire sans exagération que si Ariane n avait pas existé à ce moment-là, 8 ISRO : Indian Space Research Organisation. 9 APPLE : Ariane Preliminary Payload Experiment. 18

19 le marché des satellites de communication aurait été menacé de disparition par manque de moyens de lancement. DR : Un des atouts d'ariane a été l'adaptation du lanceur aux besoins du marché, pouvez-vous nous dire comment cela s'est passé pour Ariane-3? RO : La performance initiale d'ariane 1 en orbite GTO de 1500 kg avait été graduellement augmentée à environ 1800 kg ; ceci étant, les études de marché montraient dès une tendance continue à l augmentation de la masse des satellites de communication. D'une part, les satellites de la classe Delta (d'une masse initiale de 750 kg) s'alourdissaient, leur masse dépassant 1000 kg ; comme il fallait nécessairement maintenir le mode de lancement double, il fallait donc augmenter la performance d Ariane. Par ailleurs, on voyait arriver les satellites de télévision directe (le TDF français et le TV SAT allemand), d'une masse voisine de 2000 kg, et il en était de même pour des satellites américains, ces satellites étant à lancer en passager unique. Il a donc été décidé en 1979 qu'on développerait dès que possible la version Ariane 2/Ariane 3, avec une performance GTO voisine de 2100 kg pour Ariane 2 (destiné aux lancements simples) et de kg pour Ariane 3 (destiné aux lancements doubles). Cette augmentation de performance s'obtenait principalement par l'augmentation du volume d'ergols du troisième étage de 8 t à 10 t d hydrogène liquide pour les deux versions, et par l'adjonction de deux propulseurs à poudre accolés au premier étage pour la version Ariane 3 ; ce programme était un programme relativement modeste avec un coût situé autour de 200 M. Compte tenu de la nature relativement mineure de l évolution d Ariane 1 à Ariane 3 par rapport à Ariane 1, il n'y a pas eu de vol d'essai, et la première Ariane 3 (V10) a lancé en août 1984 les satellites ECS 2 (ESA) et Telecom 1 (DGT/France). Pour terminer sur Ariane 2/Ariane 3, j'ajoute que ce programme a également permis de maintenir les équipes de développement et leurs compétences entre la fin du développement d'ariane 1 et le début de celui d'ariane 4. DR : Vous venez de parler du lancement premier lancement d Ariane 3, pouvez-vous rappeler quels ont été les premiers lancements opérationnels après le lancement L04 en décembre 1981? RO : Après L04, il y a eu en septembre 1982 le lancement L5 (avec Marecs-B et le satellite italien Sirio-2) qui a été un échec, un problème «noir» pour ce premier lancement opérationnel dû à une faiblesse du troisième étage ; puis il y a eu le lancement L6, avec ECS-1 et le satellite Amsat III B des radioamateurs, en juin 1983, puis deux lancements successifs pour les satellites Intelsat 5 F7 et Intelsat 5 F8 respectivement en octobre 1983 et mars Ces quatre lancements faisant partie de la Série de Promotion. Le premier lancement commercial (V9, Spacenet-1) effectué par Arianespace s est fait en mai 1984 ; pour son premier lancement, Arianespace avait organisé une grande manifestation à Kourou, à laquelle participaient notamment Madame Cresson (alors Ministre français du Commerce extérieur) et Monsieur Hanin, ancien Ministre belge et «architecte» de la décision des Ministres en été 1973 qui avait, entre autres, donné le coup d'envoi du programme Ariane. En parlant des premiers lancements opérationnels, je me souviens très bien de la visite du Président Mitterrand à Kourou lors du vol V15 en septembre Lors du lancement, il était assis dans la première rangée de l'ancienne salle Jupiter (qu'on appelait alors le «cimetière des éléphants») entre le Professeur Curien et Fréderic d'allest ; le lancement a échoué suite à une défaillance du moteur du troisième étage. Le Président Mitterrand en avait été fortement affecté et déçu et était sur le point de quitter le CSG sans faire aucun commentaire, mais le Professeur Curien l'a persuadé de s'adresser aux équipes de lancement pour les encourager à 19

20 continuer à œuvrer pour le programme. Il faut ajouter que le voyage du Président avait été marqué par plusieurs incidents techniques dont la panne de son Concorde, qui a dû être remplacé, la panne de l'hélicoptère qui devait l'amener de Cayenne à Kourou et la panne de l'ascenseur du bâtiment Jupiter 2 dans lequel il a été bloqué pendant un moment. Pour autant que je sache, le seul point positif du voyage a été le Concorde qui, sur le vol de Cayenne vers une destination dans le Pacifique, avait battu le record de vitesse de la traversée de l'océan Pacifique. DR : Peut-on maintenant parler d Ariane 4? RO : Le lanceur Ariane 4 a été développé pour prendre en compte une nouvelle évolution du marché des satellites de communication. Dès le début des années 1980 on s'est rendu compte que la masse des satellites de communication continuait à monter ; en effet la nouvelle génération Intelsat 6 (qui allait prendre la relève de la génération Intelsat 5 à laquelle appartenaient les trois Intelsat lancés par Ariane) était d'une classe nettement supérieure avec une masse de près de 4000 kg et un diamètre de plus de 3,5 m ; par ailleurs, les plus «petits» satellites appelés auparavant les satellites de classe Delta étaient graduellement remplacés par des satellites d'une masse de kg. Il y avait aussi des satellites (par exemple les satellites d'observation SPOT) d'une masse nettement inférieure ayant une orbite spécifique et peu fréquentée, ce qui demandait une version moins performante du nouveau lanceur permettant un lancement à un prix acceptable. L'ensemble des ces besoins a conduit à la conception d'un lanceur à configuration multiple, le moins performant (A 40) permettant de lancer environ 2000 kg en GTO et le plus performant (A 44L) environ 4200 kg. Cette nouvelle version du lanceur avait demandé plusieurs nouveaux développements : l'augmentation de la performance des moteurs du premier étage et la modification de son bâtimoteur afin de pouvoir recevoir quatre propulseurs d'appoint solides, le développement d'un propulseur solide plus puissant que celui d'ariane 3 et d'un propulseur liquide utilisant le moteur Viking, une nouvelle case à équipements et une nouvelle coiffe de diamètre 4 m pour pouvoir accueillir les nouveaux satellites de communication. Les différentes révisions de lanceur étaient réalisées avec le corps central «augmenté» de 0, 2 ou 4 propulseurs d'appoint (solides ou liquides). A cela s ajoute la construction d'un nouvel ensemble de lancement (ELA 2) dont l'objectif était double. Le premier objectif était de disposer d'une installation permettant de lancer Ariane 4, qui n'était contrairement à Ariane 2 et 3 plus compatible avec le premier Ensemble de lancement Ariane (ELA 1) ; le deuxième objectif était de disposer d'une installation de lancement plus flexible permettant une cadence de lancement plus élevée : l'ela 1 permettait au grand maximum six lancements par an et ne permettait pas de remplacer un lanceur en cours de préparation par un autre en cas de difficulté technique ou de changement de configuration de lanceur ; l'ela 2 devait permettre de doubler la cadence et d éliminer le manque de souplesse de l'ela 1. Cet ensemble de lancement a été décidé et réalisé pratiquement en parallèle avec le développement Ariane 4. Le programme Ariane 4 s'est décidé en deux étapes : un programme préparatoire relativement modeste décidé en 1981 et le programme de développement proprement dit décidé en Le développement, qui n'était pas de la même envergure que celui d'ariane 1, a eu plusieurs problèmes techniques et a également subi des retards à la suite des échecs des vols V15 et V18, échecs qui ont mobilisé beaucoup de moyens et de ressources, la priorité étant donnée aux lancements opérationnels. Le premier lancement A 401 (emportant un satellite Meteosat de l'esa et un satellite de communication américain Panamsat) s'est fait en juin 1988 avec un retard de plus d'un an, mais a été un succès complet. 20

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