Contact entre résistance intérieure et France libre, les opérateurs radio des réseaux Amarante et Pourpre dans le Cher

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1 Musée de la Résistance et de la Déportation du Cher Concours national de la Résistance et de la Déportation «Communiquer pour résister» Contact entre résistance intérieure et France libre, les opérateurs des réseaux Amarante et Pourpre dans le Cher Valise du SOE. Émetteur récepteur morse de type 3 MKII (DADP-MRDC / F.Lauginie) Dossier réalisé par Jean-Claude Bonnin, ancien professeur d Histoire-Géographie membre de l association des amis du musée de la Résistance et de la Déportation du Cher

2 Contact entre résistance intérieure et France libre, les opérateurs des réseaux Amarante et Pourpre dans le Cher Le département du Cher, en particulier la zone dite libre (jusqu en novembre 1942), devenue le Cher-Sud et rattachée à la région R6 de la Résistance après l invasion par les troupes allemandes, a joué un rôle important (et assez peu connu) dans les relations entre la Résistance intérieure et la France libre dont les services centraux se trouvaient à Londres. Les liaisons étaient effectuées par des avions Lysander de la RAF dont l autonomie de vol leur permettait tout juste d effectuer un aller et retour à partir de Tangmere (Royaume-Uni) jusqu au sud du département. C est d ailleurs la relative proximité avec l Angleterre de cette zone, d abord non occupée par l armée allemande et par la suite subissant une présence limitée de la Wermacht, qui explique le choix de cette implantation de terrains d atterrissage destinés aux opérations «pick-up». S ajoute à cela la facilité de choisir des terrains plats relativement isolés. Ceci a conduit à un développement de réseaux spécialisés dans la réception de ces opérations aériennes. D abord uniquement préparées par des messages de la BBC elles vont, avec les progrès dans l organisation de la Résistance, être facilitées par la possibilité d échanges par réception-émission de messages codés. Il s agissait d assurer le départ et le retour pour Londres de chefs de mouvements de Résistance, de personnalités, d agents de renseignement, de courrier. Ces opérations «pick-up» étaient décidées par le BCRA avec le soutien logistique de la RAF. Pour l ensemble de la France, il y eut 323 atterrissages, 443 personnes déposées, 631 ramassés, 6 pilotes tués, 13 Lysander détruits. Dans le Cher on dénombre 13 opérations Pick-up (dont certaines comportaient deux appareils) du 28 janvier 1942 au 6 août Inutile de souligner l importance de ces déplacements entre Londres et le territoire national pour le développement et l organisation de la Résistance. Des personnalités comme Gaston Deferre, chef du réseau Brutus, Pierre Brossolette, Félix Svagrovsky, fondateur du réseau Amarante, Henri Gorce, Achille Peretti ont transité par les terrains d atterrissage du Cher-Sud. Pour un certain nombre de ces opérations la va jouer un rôle essentiel. Des résistants souvent oubliés se sont dévoués, maillons de la lutte plus ou moins coordonnée entre la Résistance extérieure et la Résistance intérieure. 2

3 Qui étaient les opérateurs clandestins du Cher-Sud? Différents réseaux étaient chargés de la réception des Lysander ou des parachutages : le réseau Action R6 sur le terrain du Champ aux moines (voir carte) qui bénéficia de parachutages à Colombiers, Ineuil, Bigny, Beddes et Givardon, les réseaux Alliance, Amarante, puis Pourpre à «La Pièce des usages», commune de Primelles. Le réseau Amarante (voir la biographie de Felix Svagrovsky en annexe 1) réceptionnait les avions qui se posaient sur le terrain de la «Chaussée» à Bussy. Ce réseau fut l un des plus actifs avec un grand nombre d opérations Lysander et de parachutages dans une vaste zone, Lyon étant le centre névralgique, Châteauroux et Tours des sous-centres. Le Saint-Amandois dépendait de Châteauroux. A partir de février 1944, le grand réseau Amarante cède peu à peu la place à Pourpre dans le Cher, le BCRA. ayant ordonné la création de plusieurs sousréseaux, tels Azur, Ecarlate, Vermillon Pour la réussite des atterrissages, transmettre les informations, le réseau Pourpre fut renforcé par des spécialistes des transmissions : d abord Louis Le Tailleur («Xavier») puis Francis Guillou («Joseph») (voir biographies en annexe 3). Ces deux techniciens sont issus du Groupement des Contrôles électriques (GCR) 1 officiellement rattaché au service des PTT, direction de la TSF, organisme créé juste après l armistice et chargé de l écoute de tous les messages (par stations TSF ou en morse). Cet organisme officiel du régime de Vichy disposait de cinq centres d écoutes : à Hauterive près de Vichy, Francheleins dans l Ain, Bouillargues près de Nîmes, Bordières-sur-Echez près de Tarbes et Argenton-sur-Creuse dans l Indre. Les opérateurs ne se gênèrent pas pour écouter les messages des occupants, informant le 2ème Bureau (toujours existant dans l armée d armistice jusqu en novembre 1942) puis les groupes de résistants. Le Tailleur et Guillou sont issus de l antenne d Argenton-sur-Creuse. Sources : Collectif, La Résistance dans le Cher , Saint-Germain-du-Puy,

4 Annexe 1 Félix Henri Svagrovsky, fondateur du réseau Amarante (pseudonymes : «César», «Vector», «Rake», «Gabriel Félix», «Timide», «Jacot»,«Lallemand») «CESAR est l un des hommes le plus courageux qu il m ait été donné de rencontrer». Colonel REMY Félix Svagrovsky, d origine tchèque, est né le 9 mars 1917 à Lyon. Engagé à 17 ans dans l armée française, Félix Svagrovsky fait preuve d une conduite exemplaire au front en En janvier 1942 il entre comme agent P2 dans le réseau Confrérie Notre-Dame (C.N.D.) du «Colonel Rémy». Obligé de fuir, il gagne Londres en juin Peu après, Svagrovsky se porte volontaire pour créer en France un réseau d opérations aériennes, Amarante, dont il aura la responsabilité. Il est déposé en France occupée le 13 février 1943, pour la mise en place de ce réseau (mission «Vector»). Il accomplit une série de missions en France occupée, faisant des aller et retour par diverses opérations pick-up. Le 3 juin 1944 (opération «Camaraderie»), il est dans le Cher à Terland, puis se rend dans la région lyonnaise où il est arrêté le 18 juin 1944 par la Gestapo qui était sur ses traces. Parti de Compiègne le 15 juillet 1944, il est déporté à Neuengamme où il mourra le 1 er avril 1945 Source : Livre Mémorial FMD - convoi I.247 4

5 Annexe 2 Le réseau Pourpre C est par suite de l éclatement du grand réseau Amarante, devenu trop vulnérable, que fut ainsi créé le réseau Pourpre, sur ordre du BCRA. (Bureau Central de Renseignement et d Action), son état-major à Londres, pour le compte des FFL. (Forces Françaises Libres). Sa mission était, elle aussi, la réalisation d opérations aériennes (atterrissages et parachutages) pour le compte des centres d antennes et les réseaux de renseignements. Il avait notablement réussi son implantation dans des milieux diversifiés du département du Cher. Robert Wackherr Le réseau devint opérationnel à partir du 2 février 1944, date de l arrivée de son chef, «Lecomte» (Robert Wackherr), par l opération «Roumanie», sur un terrain près de Châteauroux, menée par le chef du réseau Ecarlate. Ses activités se situaient dans les départements du Rhône, la Loire, l Allier et le Cher. Sa centrale fut successivement implantée près de Bourges, Montluçon et Lyon. Il était en liaison directe avec Londres et le BCRA., via les services anglais de et la transmission de messages codés. Ce réseau cessa ses activités fin septembre

6 Relevé des états de service de Robert Wackherr (source : AMRDC) 6

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8 Liste des agents du réseau Pourpe dans le Cher (source AMRDC) 8

9 Annexe 3 Les opérateurs Le Tailleur et Guillou Louis Le Tailleur «Xavier» Louis Le Tailleur est né le 24 janvier 1912 à Boulogne-sur-Mer. Il est sous-officier au 8 ème Génie, en Hollande, en Belgique, dans la Somme. Il est démobilisé en 1940 en Dordogne et rejoint son ancienne affectation au G.C.R. (Groupement des Contrôles Radioélectriques). En 1944, il est contacté par «Maxime», le du réseau Ecarlate pour devenir opérateur du réseau Pourpre. Il n est, semble-il, pas intervenu dans le Cher, mais dans l Indre et l Allier. Arrêté à Montluçon le 30 avril 1944, son émetteur est découvert par l Abwehr. Après un interrogatoire de deux jours, il est dirigé sur la prison de Moulins avec son adjoint, Dardillon. Il y séjourne jusqu au 26 août. Les Allemands évacuent la prison et dans leur fuite se servent des prisonniers comme «couverture». Parti de Belfort en déportation pour Buchenwald le 5 septembre 1944, il décède le 11 mai 1945 avant son rapatriement. Il avait 29 ans. Source : Fédération pour la Mémoire de la Déportation Francis Guillou «Joseph» A sa sortie de l école des mousses, il s engage volontaire le 2 mars 1927 pour cinq ans dans les Equipages de la flotte. Matelot de 2ème classe, il est breveté de l Ecole des marins télégraphistes. Le 1 er avril 1932, il est placé dans la réserve de l armée de mer. Il devient chef de poste au Centre d aérostation de Cuers-Pierrefeu (Var) à sa sortie de l Ecole de TSF. Affecté le 24 novembre 1938 au premier dépôt des Equipages de la flotte, il est versé dans l armée de terre le 18 octobre Il entre dans le Service électrique du territoire, rejoint le réseau d écoute et de goniométrie implanté le long de la frontière du nord et de l est de la France. Rappelé à l activité le 5 décembre 1939, il est affecté au dépôt de guerre n 8. Le 20 décembre 1939, il est au centre d écoute de Maubeuge (Nord). Il est démobilisé le 20 août Il est contacté par Delile, responsable d un groupe de s qui travaille pour le réseau Alliance. Puis il est en attente de la création d un hypothétique réseau de liaisons intérieures dans le Sud-Ouest. Francis Guillou 9

10 En avril 1944, il est contacté par «Maxime», le du réseau Ecarlate, pour remplacer celui du réseau Pourpre, Louis Le Tailleur («Xavier»), arrêté. Jusqu en septembre 1944, il parcourt le sud du département à vélo le plus souvent avec son matériel, d une ferme à une autre, d un presbytère à la maison d un instituteur, devenant un acteur essentiel des liaisons entre le Cher-Sud, la France libre et les Britanniques, il enverra vers Londres quelque groupes 1. Après la libération, il collabore avec le colonel Rémy en participant à ses recherches sur documents nécessaires à l édition de ses ouvrages. Source : «Les réseaux Action de la France combattante». Ed. France Empire 1986 Dessin d un opérateur réalisé par Francis Guillou (AMRDC) 1 Groupe : Eléments de 5 lettres d un message codé sans signification apparente. 10

11 Cartes des lieux où Francis Guillou émettait et réceptionnait les messages codés. (Source : AMRDC) 11

12 Missions de l opérateur Guillou («Joseph») dans le département du Cher (Cher-Sud) N Repère sur la carte Sites Communes de rattachement (pour les lieux isolés) Hébergeurs Maurepas Saint-Ambroix Ferme tenue par M. et Mme Floquet, Maxime et Georges (leurs enfants), Abel Porcheron Le Grand Malleray Primelles (leur gendre) Ferme tenue par Marcelline Jolivet, Jean et André (ses enfants) La Marinière Vorly Ferme tenue par Henri Pillet Les Pêcheries Bussy 6 Terland «Le Grand Terland» Saint-Germain des Bois Ferme tenue par Camille Gerbeau Ferme tenue par Georges Girard Dun-sur-Auron Ferme tenue par Emile Catteloin, Victor, Marguerite, Hélène (ses enfants) Terrains d atterrissage - Participation aux opérations sur le terrain Marabout (Maquis) - -Participation aux opérations sur le terrain Marabout (Maquis) - Participation aux opérations sur le terrain Crevette - Participation aux opérations sur le terrain Crevette Descriptif des opérations - Hébergement de passagers et d agents réseaux - Transport et camouflage de matériel - Transport et hébergement de passagers et d agents réseaux - Transport et camouflage de matériel - Prêt d une auto pour le transport de passagers et de courrier. - Hébergement de passagers - Camouflage de matériel - Prêt d une auto pour le transport de passagers et de courrier. - Hébergement d agents réseaux et de parachutistes - Camouflage de matériel Activités/Missions de l opérateur - Hébergement agents réseaux - Hébergement de passagers Ecoute Broadcast * - Camouflage de matériel par «Joseph» *Broadcast : diffusion sur longueur d ondes spéciale ou de la BBC D après les travaux de Benoît Thiault Exposition itinérante «La Flamme de la Résistance dans le Cher» - AMRDC 1/1 N Repère sur la carte Sites La Berthenoux «Pêcheurs» Communes de rattachement (pour les lieux isolés) Dun-sur-Auron Hébergeurs Ferme tenue par Marcel Baron Thaumiers Maison de C. Machecourt Presbytère Uzay-le-Venon Logement du curé Léon Sotton et de sa nièce Madeleine Segogne Arpheuilles Maison de Lucien Guillemin (brigadier Eaux et Forêts) Les Forêts Arpheuilles Ferme tenue par «Maison» M. et Mme Bilbeau et Julien (leur fils) Terrains d atterrissage Descriptif des opérations - Transport en voiture à cheval de matériel, postes, courrier - Camouflage de matériel - Boîte aux lettres - Hébergement d agents réseaux et autres résistants - Camouflage de matériel Participation aux parachutages sur un terrain contigu Activités/Missions de l opérateur Charenton Maison d un instituteur Acre (Indre) Neret Château (maison bourgeoise) 12