Les temples de la forêt

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2 Les temples de la forêt Par : Tauzia Daniel Temple Ta Prohm, avec un fromager (#) B.T.M.S. «Métiers de la pierre»

3 Remerciements Je remercie pour leur aide précieuse : -Patrick Cernesson, grâce à lui j ai pu avoir un rendez-vous avec L E.F.E.O au Siem Reap, Cambodge. -Marc Verrot pour toutes les informations qu il m a donné et le temps qu il m a accordé. -Vittorio Alcidi pour le temps passé ensemble pendant deux jours au temple du Baphuon. -Toutes les personnes qui m ont aidé à rédiger ce mémoire. 3

4 Sommaire : Introduction 1-Présentation du pays 1/1-Situation géographique actuelle du Cambodge -Carte du Cambodge 1/2-Le climat et le biotope 2-Histoire du royaume khmer 2/1-Préhistoire 2/2- Le Fou nan 2/3- Le Chenla ou Tchen-la 2/4-Géographie et vie à l époque angkorienne (du IX ème au XIV ème siècle) -Carte de l Asie du Sud-Est représentant les anciennes cités khmères 2/5-La période Angkorienne -Carte de l emplacement d Angkor Thom dans la région du Siem Reap -Emplacement des temples aux environs d Angkor Thom -Carte du centre d Angkor Thom - Palais royal 2-La construction khmère 2/1-Utilité des temples 2/2-Orientation et emplacements des temples 2/3-Evolution de l architecture khmère 2/4-Lieu d extraction et matériaux généralement utilisés 2/5-Méthode de construction 2/6-La taille 2/7-Les douves et les bassins (bârây) -Carte du réseau hydraulique aux alentours de Angkor Thom 2/8-Les ponts-barrages 2/9-Les fondations 2/10-Les plate-formes de soubassements 2/11-Les murs 2/12-Les gopura 2/13-Les ouvertures et les portes 2/14-Les colonnettes 2/15-Les fenêtres 2/16-Les linteaux 2/17-Les frontons 2/18-Les escaliers 2/19-Les voûtes 2/20-Le prasat 2/21-La charpente et les toitures 4

5 3-Décoration rime avec religion 3/1-Religions et croyances du peuple Khmer 3/2-Le brahmanisme 3/3- Le culte du dieu roi 3/4-Bouddhisme 3/5-L ornementation 3/6-La sculpture 3/7-Description de temples 4-La redécouverte et les méthodes de rénovations sur le site d Angkor 4/1-Les principaux «découvreurs» 4/2-Les actions nationales et internationales pour la préservation d Angkor - La prise de conscience -La création d autorités compétentes -La recherche des œuvres volées -Cas de restitution -Campagnes de sensibilisation 4/3-Conservation et maintenance -Les équipes de conservation -Equipe de maintenance 4/4-Les dégradations -Dommages causés par la nature -Dommages causés par l'homme 4/5-Méthode de rénovation avec l E.F.E.O (Ecole française d Extrême-Orient) - La coopération française avec l APSARA -La restauration du Baphuon - Méthode de restauration -Visite guidée du chantier du Baphuon - Façade Sud - Façade Ouest - Façade Est - Façade nord 4/6 L organisation du chantier 5-Conclusion 6-Annexes 6/1-Glossaire 6/2-Mémoires sur les coutumes du Cambodge 6/3-la tragédie cambodgienne 6/4-Carte archéologique des sites dans la région de Angkor et Chronologie des temples 6/5-Bibliographie 5

6 Introduction : Passionné par l architecture asiatique, j ai effectué durant l été 2004 un voyage d un mois au Cambodge. J ai eu la chance de visiter le site d Angkor, et ses temples grandioses. J ai pu organiser avec l aide de Patrick Cernesson, tailleur de pierre et chef de chantier au Mont Saint Michel, un rendez-vous avec l école française d extrême orient (E.F.E.O) au Cambodge, avec l architecte Marc Verrot. Celui-ci m a ouvert les portes du Baphuon, un temple encore fermé au public qui est rénové sous la tutelle de France en partenariat avec le Cambodge. Pour mon BTMS, j ai donc décidé de faire partager ma passion : la taille de pierre, l histoire de l art et les voyages. Je retracerais dans un premier temps l histoire du royaume Khmer et de ce site unique, avant de détailler les méthodes de construction. On ne peut toutefois pas visiter Angkor sans connaître les religions et les divinités qui ont inspirées les tailleurs de pierre et les sculpteurs de cette époque. Laissés à l abandon pendant des siècles, recouverts par la jungle et pillés par les voleurs d objets d art, les temples d Angkor sont heureusement aujourd hui protégés et d importantes restaurations sont en cours : ce sera l objet de ma quatrième partie. Fascinant et magique, cet endroit m a réellement donné envie d aller y travailler, j espère par ce mémoire transmettre cette envie à d autres tailleurs de pierres ou professionnels du bâtiment. Légende : Toutes les photographies avec le signe (#) dans leurs cadres, ont été prises durant le voyage que j ai fait au Cambodge. 6

7 1 - Présentation du pays 1/1- Situation géographique actuelle du Cambodge Le Cambodge a une superficie de km², une capitale du nom de Phnom Penh, et compte environ 13 millions d habitants. La monnaie de ce pays est le riel. Il y a 7 heures de décalage horaire par rapport à la France, ce pays est situé dans le Sud-Est asiatique entre le 102 et le 108 de longitude Est, et entre le 10 et le 15 de latitude Nord. 7

8 Les pays limitrophes actuels sont la Thaïlande, le Laos, et le Vietnam. La géographie du Cambodge est simple, une plaine débouchant au sud sur la mer, fermée à l est par un des plus grands fleuves d Asie, le Mékong. Ce pays est ensuite bordé au Nord par des montagnes de moyenne altitude. Enfermé dans ce cadre magnifique, le grand lac ou Tonlé sap au centre du Cambodge évolue au rythme de l alternance de la saison sèche et de la saison des pluies. Place du Cambodge dans le monde Cette grande plaine alluviale (plaine formée par des dépôts de sédiments fluviaux),occupe presque toute la partie centrale du pays. Les deux principaux éléments de ce pays sont le Mékong qui traverse le pays du Nord au sud. Le Tonlé sap ou grand lac dont la superficie passe de 2600 km² à la saison sèche à km² à la saison des pluies. Le Tonlé sap à la saison sèche se déverse dans le cours d eau du même nom qui coule vers le sud et rejoint le Mékong. A l époque des crues le Mékong se jette à son tour dans le Tonlé sap provoquant d importantes inondations dans la partie centrale du pays. «ce pays est dominé par une grande plaine alluviale, occupant presque toute la partie centrale» A l Ouest de la plaine alluviale une région de plateaux arrondis et de chaînes de montagnes (chaîne des Cardamones au sud Ouest) constitue une barrière physique le long du golfe du Siam. Au nord la chaîne du Dangrek forme une frontière naturelle séparant le pays de la Thaïlande. 8

9 Phnom Penh Région du rattanakiri 1/2 - Le climat et le biotope Le climat du Cambodge est tropical. A la mousson la température est de 27 C en moyenne. La saison des pluies dure de mi-avril à mi-octobre. Les précipitations annuelles sont en moyenne de 1400mm dans les plaines et environ de 3800mm dans les zones montagneuses et de 5080mm le long de la côte. «le climat du Cambodge est tropical» Dès novembre la température augmente à nouveau et le temps se charge d orages qui n éclatent pas. La température augmente encore et peut atteindre au mois d avril 54 C au soleil, forçant la population à se protéger. Ainsi se perpétue le cycle. La végétation du Cambodge reste très dense malgré la déforestation. Il y a divers types de forêts : des mangroves, des forêts tropicales. Une partie de ces forêts sont inondées pendant la grande crue durant la saison des pluies autour du Tonlé sap. Ces forêts inondées sont aussi appelées mangroves, et deviennent pour toutes sortes de poissons ou de crustacés un paradis. Le Tonlé sap devient pendant cette période un des lacs les plus poissonneux au monde. 9

10 Maison de pécheur proche de Sianouk-ville (#) Plaines dans la région de Bokor (#) Forêt tropicale (#) Mangroves (#) 10

11 2-Histoire du royaume khmer 2/1-Préhistoire Les préhistoriens sont d accord pour dire que l industrie de la pierre façonnée par l homme en Asie a vu le jour dans cette région (galets travaillés, pierres éclatées ou avec une surface polie). Cette industrie de la pierre a durée durant l ère du quaternaire à la péninsule indochinoise. Les traces des plus anciennes industries ont été trouvées en Birmanie, au Laos et en Thaïlande. Les premiers habitants, les proto-australiens ne semblent pas avoir été un peuple ingénieux et les progrès de cette civilisation n ont été rendus possible que grâce à un apport extérieur humain, auquel ils vont se mêler. Ce qui arriva aux alentours du sixième ou septième millénaire avant Jésus Christ, avec une première vague qui arrivera du nord (Austroasiatique ou Mongoloïde) et qui s est répandue dans le sud-est asiatique, et une deuxième venant de chine (l austronésienne) qui par la suite donna naissance à une population mélangée et plus évoluée. «les préhistoriens sont d accord pour dire que l industrie de la pierre façonnée par l homme en Asie a vu le jour dans cette région» Les fouilles faites au Cambodge dans la région des grands lacs (ou Tonlé Sap) sur des sites tels que «Mlu Prei, D Anlong Pdau, et Samrong Sen» qui dateraient du néolithique révèlent un outillage varié et une industrie croissante des métaux. Cette industrie qui a comme point de départ le troisième millénaire avant JC annonce la protohistoire qui est la période intermédiaire entre la préhistoire et l histoire: ce sera l age du cuivre, du bronze et enfin celui du fer. Au cours de l age du bronze et au début de l age du fer, apparaît le culte des mégalithes. Ce sont de grands blocs de pierres dressés ou posés en dalles que l on trouve particulièrement au Nord-est du Laos. On y a aussi trouvé de nombreux rassemblements de grandes jarres de pierres fichées en terre, dans lesquelles des restes humains calcinés ont été découverts. On peut rattacher à la même époque les vastes levées de terres circulaires que l on remarque dans le sud de la péninsule indochinoise. Leurs destinations peuvent être défensives, mais n ont pas encore été définies. 11

12 2/2- Le Fou-nan Seules les chroniques chinoises permettent, de nos jours, d avoir des renseignements sur un pays situé dans la péninsule sud-indochinoise dans le delta du Mékong. Dès le premier siècle ces chroniques signalent dans cette région un royaume qui s appelle le Fou-nan, déformation chinoise possible du nom khmer bnam qui signifie montagne. De nos jours ce mot est prononcé phnom. Du deuxième au septième siècle, le Fou-nan s étend et se modernise en s inspirant fortement des coutumes et de la vie de son grand voisin l Inde (technique de drainage de marécage et méthodes d irrigation). Une première indianisation donna lieu à une légende : Un brahmane indien du nom de Kaundinya rencontra à son arrivée au Fou-nan, Soma la fille du roi naga qui gouvernait le pays, et il l épousa. Ce couple fut à l origine d une lignée qui régna sur la péninsule indochinoise. Tous les rois khmers antérieurs au neuvième siècle se serviront de cette légende pour affirmer leur autorité sur le peuple. Diverses pratiques religieuses sont établies : le dieu Siva, le culte de Visnu et le Bouddhisme. «le Fou-nan en s inspirant fortement des coutumes de son grand voisin l Inde s étend et se modernise» En 480, le premier Jayavarman prend le pouvoir et établit sa capitale près de Ba phnom, au sud est de l actuel Phnom Penh. Rudravarman devient roi à la suite de son père en 514. A la même époque la capitale Ba Pnhom doit être abandonnée suite à plusieurs attaques venant du Nord, qui sont organisées par leur voisin immédiat mais cependant ennemi : le Chenla. Cette capitale est alors transférée sur la rive droite du Mékong à Angkor Borei au sud de l actuelle Phnom Penh. Le dernier roi du Founan Rudravarman disparaît vers 550 après JC, peu après cette date le Fou-nan s éteint et est annexé d après les sources chinoises, par le Chenla. 12

13 Carte de situation 2/3- Le Chenla ou Tchen-la Au nord du Fou-nan, un autre royaume s était établi de la famille Mon-Khmère : le Chenla. Un texte chinois datant du sixième siècle mentionne déjà le Chenla en tant que royaume. Par ce nom de Chenla les Chinois ont toujours désigné le pays des Kambuja, de nos jours le Cambodge. Le Chenla reste le berceau historique du Cambodge. A l identique du Fou-nan, les monarques du Chenla se servent d une légende pour affirmer leur origine. Cette fois-ci leur lignée serait issue de l union d un ermite nommé Kambu Svâyambhuva, un ancêtre éponyme des habitants de Kambudjeca et de la nymphe Merâ qu il aurait reçu de la part de Civa. De cette union Kambu et Merâ, semble dériver le nom «khmer». Au septième siècle, le Chenla annexe le Fou-na. Comme l autorité du dernier roi Isanavarman 1 n est pas assez forte, le royaume du Chenla se disloque en deux parties : le Chenla de terre, et le Chenla maritime. Ces deux Chenla sont eux-même morcelés en plusieurs états, dont un à Angkor qui est gouverné par une femme. 13

14 A la fin du septième siècle, suite à des attaques de la part des îles indonésiennes proches, le Chenla fut soumis à Java. Cette période trouble laisse dans l histoire un hiatus de près de cent ans dans la chronologie des rois du Cambodge. Dans l état actuel des connaissances de l histoire pré-angkorienne, il est prématuré de dire que le Fou-Nan et le Chenla étaient des états uniques. Il est possible, que ces deux royaumes aient été divisés en plusieurs «régions» ou constitués de petits royaumes, gouvernés par des roitelets. Ils auraient également pu être sous la domination d un roi suprême, le Râjâdhirâja. De plus le Fou-Nan et le Chenla ne représenteraient pas l ensemble du pays khmer à cette époque, mais seulement une partie avec qui les chinois auraient commercé. Ces derniers auraient donc répertoriés et conservés ces transactions, grâce auxquelles ces royaumes ont put être connu de nos jours. «Les frontières de l empire Khmer de cette époque restent difficiles à déterminer avec exactitude.» Je resterai maintenant entre le IX ème et la fin du XIV ème siècle pour me concentrer sur la société, la religion, la vie quotidienne et les constructions, de cette époque angkorienne, et plus spécialement sur le site d Angkor qui reste un des ensembles de monuments les plus prestigieux du Cambodge. 14

15 2/4- Géographie et vie quotidienne à l époque angkorienne (du IX ème au XIV ème siècle) Pour situer l empire khmer on peut dire que le cadre géographique de ce royaume est celui de ses monuments (voir carte la page suivante). Ces monuments sont principalement groupés au Nord du grand lac, on compte plus d un millier de vestiges en bon ou mauvais état. Ces monuments sont d abord répartis sur l ensemble du territoire entre le golfe du Siam et le Vientiane, puis entre le delta du Mékong et la vallée du Ménan. On repère encore des temples à 200 kilomètres d Angkor. Les frontières du pays khmer ont évolué au gré des guerres et des rois qui se sont succédés. Sous le règne de Suryavarman 2 (1107 à 1150), l empire khmer atteint son l apogée et s étend au-delà des chaînes annamitiques, jusqu aux frontières du royaume birman. «On compte plus d un millier de vestiges dans un rayon de 200 km autour d Angkor» Ce que l on sait sur la vie quotidienne de cette époque est basé sur les textes ramenés par un chinois du nom de Tchéou Ta-Kouan (voir en annexe), des bas reliefs taillés sur certains «temples montagnes» tels que Angkor vat, le Bayon, ou le Baphuon. 15

16 Carte de l Asie du sud-est représentant les anciennes cités khmères et les villes actuelles légende : En jaune : les anciennes villes khmères En gris : les villes actuelles 16

17 2/5-La période Angkorienne En 802, le roi fondateur de la monarchie angkorienne, Jayavarman II, s installe pour un moment au mont Khulen, un massif gréseux au nord d Angkor Thom, et se consacre souverain unique. Il se dégage de toute dépendance vis-à-vis de l Indonésie et de Java qui avaient annexé le Chenla. Il se mit en quête d une capitale qui se trouverait non plus dans le bassin inférieur du Mékong, mais dans la région du Grand Lac, sur le site actuel de Roluos et qui s appelle Hariharâlaya. Il régnera pendant quarante huit années, et il ouvre une nouvelle ère en créant les bases d un culte nouveau : celui du dieu roi (voir religion paragraphe 3/2). Son fils Jayavarman 3 lui succède en 850 et règne vingt sept ans à Hariharâlaya où il finira sa vie. Son règne dût être calme car aucun fait marquant ne fut connu, cette indication souligne la stabilité, peut-être la paix, dont jouissait l empire nouvellement créé. Temple du Preah Kô (1) Indravarman 1 hérite du trône en 870 et marque son époque, en construisant le site de Roluos(voir carte p30 à 33), le temple en briques de Preah Kô (1) en 879, le temple pyramide de Bakong en 881 où il installe le linga royal (emblème phallique de Siva) au nord du site. Il crée un lac artificiel, l indratatâka (ou bârây de lolei), qui sert de réserve pendant la saison sèche pour les rizières environnantes. 17

18 On lui doit également le développement de Hariharâlaya, la première cité de type angkorien classique, avec ses grands temples et surtout son système hydraulique caractéristique. Le fils d Indravarman I, Yasovarman I devient roi en 889. Il reste dans la capitale de ses ancêtres pendant un temps, et fait construire au milieu de l Indratatâka les quatre tours du temple de lolei qu il dédit à ses parents. Il décide ensuite d établir sa propre capitale, Yasodharapura, à l est d Angkor Thom. Il choisit comme centre de sa nouvelle ville la colline de Bankheng(2) et y fait édifier un temple du même nom. Tout comme son père, il installe une pièce d eau de deux kilomètres de large et sept kilomètres de long : c est le baray oriental. Il fait ensuite au sud de ce lac bâtir plusieurs temples-monastères. Bankheng (2) Les berges de la rivière de Siem Reap sont très fertiles, ce qui a facilité le développement des cultures de riz et la construction d un réseau hydraulique très évolué. Nous ne savons que très peu de choses sur la ville de Yasodharapura. Seuls les bâtiments à caractère religieux comme le temple du Phnom Bankheng(voir carte p30 à 33) qui étaient bâtis en maçonnerie ont résisté au temps. Le reste des habitations, en matériaux périssables, ont depuis longtemps disparus. Le Bankheng, sur la colline du même nom, fait une soixantaine de mètres de haut. Couronnant la colline, les cinq sanctuaires principaux, disposés en quinconce, s élèvent sur une terrasse pyramidale à cinq gradins haute de treize mètres. Ce temple a été construit en grés. De nombreux villages devaient aussi s élever dans toute la région car on a découvert des temples tel que le Prâsât Patri, (au sud du bankheng) qui est du même style que le temple du bankheng, et aurait pu servir de «temple de campagne». Nous n avons aucun renseignement sur la façon dont vivait le peuple à cette époque. La découverte, dans Angkor Thom, d une stèle qui commémore la fondation d un âçrama bouddhique (ermitage) donne toutefois des indications sur l organisation des monastères et leurs moyens d existence. Les monastères comprenaient des cellules pour le logement du personnel, des salles d enseignements et des bibliothèques. 18

19 Cette stèle dit : -«Chaque monastère est dirigé par un supérieur qui doit veiller, à ce que cet ermitage s enrichisse abondamment, une des fonctions essentielles étant l enseignement, on prévoit le séjour des maîtres et des étudiants qui doivent recevoir des moyens de subsistance ; quatre cure-dents, huit noix d arec, une portion de riz décortiqué, soixante feuilles de bétel, ainsi qu un fagot de bois, doivent être données au maître et aux étudiants célibataires. Lors des fêtes annuelles, on ajoute un supplément à la nourriture. Quelques instruments sont également mis à la disposition des étudiants. Certains objets font partie du matériel déposé dans les cellules, la couchette, le rasoir et les ciseaux seront renouvelés chaque année dans chaque cellule. D autres objets sont attribués à titre personnel : l étudiant vertueux recevra des feuillets vierges, du noir animal, de la craie.» Il est clair que tous ceux qui vivaient à l intérieur du monastère étaient privilégiés, mais le monastère servait aussi de lieu d asile. Des personnes de marques pouvaient aussi y être accueillies avec les égards qui leurs étaient dus. Photographie de moines actuels -«Et si le roi vient ici avec ses femmes, il (le supérieur) prendra soin de l honorer comme un dieu, suivant les ressources de l ermitage, car, maître suprême de la terre, il a été déclaré guru du monde entier». Il est dit aussi que la fille du roi, ses petites filles ou ses vieilles épouses devaient être honorées comme les autres hôtes mais elles ne pouvaient pas accéder aux cellules du monastère. Il est aussi inscrit que les femmes : -«dont la coquetterie est notoire, elles n obtiendront pas d entrer ici» Yaçovarman a seulement régné une vingtaine d années, mais laisse une empreinte si profonde qu aucun roi après lui ne modifiera le symbolisme d Angkor, sa capitale. Il ne reste que peu d indications sur ses deux fils qui ont dirigé le royaume successivement sous les noms d Hashavarman I et Isanavarman. Un oncle de ces souverains, sûrement régent, fonde en 920 une nouvelle capitale au nord est d Angkor, à Chok gargyar, sur l actuel site de Koh ker et s y fait couronner sous le nom de jayavarman IV. Il entreprend des travaux importants comme le Prang Garande : une pyramide de trente-cinq mètres de haut sur laquelle il installe le linga royal et fait creuser dans la roche un important bassin : le Rahal. 19

20 Il meurt à Koh Ker en 940 et laisse le royaume à son fils Hashavarman II, qui règne peu de temps jusqu en 944. Rajendravarman II lui succède et réinstalle la capitale à Yaçodharapura. Il fait édifier les cinq tours de brique du Mebon, au beau milieu du bârây Occidental(voir carte p30 à 33). Banteay Srei (3) Des inscriptions rapportent que ce roi avait : -«la beauté charmante» -«dont le monde chantait les vertus naissantes» et que : -«il restaura la sainte ville de Yaçodharapura demeurée longtemps vide» Il s installa avec de hauts dignitaires qui devaient avoir surtout un rôle politique. L un d entre eux fait construire le Bârây de Srah Srang (bassin). Phimeanakas (4) Un autre hauts dignitaires, Kavîndrârimathana, qui était bouddhiste, est chargé de construire le palais royal ou Phimeanakas (4), (voir carte p30 à 33), au centre de Angkor Thom, le Mebon Oriental et le Bat Chum. A la fin du règne de Rajendravarman, un autre dignitaire, un brahmane du nom de Yajnavarâha, installe une petite agglomération au nord-est d Angkor. Il fait construire à partir de 967 le Banteay Srei (3)(voir carte p30 à 33), merveille de décoration, un des plus beaux monuments du site archéologique d Angkor, plus connu sous le nom de temple des femmes. 20

21 Pré rup (5) Il semblerait que malgré le monastère bouddhique qui fut bâti par Yaçovarman, il y eut un déclin de cette religion au cours du 9 ème et au début du 10 ème siècle. Cependant une inscription signale une renaissance bouddhique à la fin du 10 ème siècle. Le Bat Chum qui fut bâti en 953 devait abriter dans ses trois tours une image de bouddha. Rajendravarman fait bâtir en 960 un temple pyramide, son temple d Etat, le Pré rup(5)(voir carte p30 à 33) qu il consacre au linga royal. Rajendravarman II meurt en 968, son fil alors très jeune lui succède sous le nom de Jayavarman V. C est alors le fondateur du Banteay srei, Yajnavarâha, guru du roi, qui assure la régence du pays pendant l adolescence du jeune monarque. Jayavarman V fait batir sa propre capitale dont le centre aurait été la pyramide de Ta kev à coté de Yasodharapura. Ces travaux commencent à la fin du dixième siècle et comme il meurt en 1001, ne seront jamais achevés. Le neveu du roi Udayaditiavarman 1 vient au trône pour n y régner qu une année en Après sa mort, une guerre de succession de six ans éclate et ne s arrêtera qu après la mise en place d une nouvelle dynastie entre 1006 et Le roi Jayaviravaman disparaît à la suite d événements inconnus et son rival Suryavarman s installe et se fait couronner tout en s assurant de la loyauté des dignitaires du pays. Temple Preah Vihear (6) Au cour de son règne d une cinquantaine d années, il pacifie et reconstruit le royaume miné par la guerre, et l étend jusqu au bassin du Menan en Thaïlande. Même s il ne fait pas de grands travaux sur Angkor, il édifie le grand temple de Preah Vihear (6)(voir carte p30 à 33), à 140 kilomètres au Nord-Est de Yasodharapura. 21

22 Ce temple est perché à 400 mètres d altitude, sur le rebord d une falaise de la chaîne des Dangrek. On lui doit aussi le grand ensemble du Prea Khan (7)( voir carte p30 à 33), de Kompong Svay à l est d Angkor, ainsi que le Phnom Chisor au sud de Phnom Penh. Prea Khan (7)(#) Il est possible qu il soit aussi à l origine de la construction du Bârây occidental, plus vaste que le bârây oriental(voir carte p30 à 33) : il mesure 2,2 kilomètres de large sur 8 kilomètres de long. Suryavarman I, un des grands de l histoire cambodgienne meurt en 1049, et laisse le trône à Udayaditiavarman II, son petit-neveu. Son règne de 16 ans est ponctué par plusieurs révoltes qui occasionnent des destructions. Cependant il entreprend la construction du Baphûon (8)(voir carte p30 à 33), une imposante pyramide qui impressionnera deux cents ans plus tard Tchéou ta kouan (voir en annexe 1). Il est aussi possible qu il ait fait terminer le bârây occidental(voir carte p30 à 33), au centre duquel il fait construire le Mebon occidental. A sa mort en 1066, il laisse le trône à son frère Harshavarman III, qui relève les ruines accumulées au cours du dernier règne mais doit faire face à des attaques venues du Champa. Le Champa, situé au nord-est de l empire khmer, a subi la même influence indienne que le Fou Nan, mais a évolué de son coté et reste un royaume rival (proche de l actuel Vietnam, voir carte page 12). 22

23 Baphûon, avant rénovation (8) A sa disparition, en 1080 la dynastie instaurée par Suryavarman I s achève. En cette fin de 11 ème siècle le royaume khmer se retrouve divisé. Apogée khmer (9) Il apparaît alors un nouveau souverain, Jayavarman VI qui n appartient à aucune lignée royale. Il va régner pendant 27 ans sans laisser de traces particulières. A sa mort, en 1107, son frère aîné prend le pouvoir, et est renversé par un de ses neveux, un adolescent plein de fougue qui se fait sacrer roi sous le nom de Suryavarman II. De tempérament combatif, il guerroie longtemps et étend son empire du Champa, au-delà de la chaîne Annamitique, jusqu aux frontières du royaume birman, et renoue des relations avec la Chine. Pendant les quarante années de son règne, la civilisation khmère atteint son apogée (9). De nombreuses fondations religieuses sont établies dans tout le pays. On lui doit sûrement le début de la construction à Angkor, des temples de Thommanon et de Chau Say Tevoda, de même que le temple du Beng Meala (10)(voir carte p30 à 33 ). 23

24 Beng Meala (10) Le temple qui le glorifie pour l éternité, et dont il fie son tombeau, est Angkor Vat (11)(voir carte p30 à 33). Ce monument prestigieux dresse vers le ciel ses cinq flèches de pierres, comme pour avertir le visiteur de la présence permanente de ce grand roi. Angkor Vat (11)(#) Au XI ème siècle, il semble qu un véritable fossé sépare la noblesse du peuple. La noblesse est elle-même composée de plusieurs groupes : les religieux (castes brahmaniques), le roi et la famille royale (kshatriya), et ses administrateurs. 24

25 Les castes religieuses ont généralement une grande influence, non seulement sur la vie religieuse mais aussi sur la vie politique du Cambodge angkorien. Bien des personnes fortunées, sans faire partie des deux premières classes supérieures, peuvent toutefois obtenir un rang élevé par leurs mérites. Les faveurs du roi ne vont toujours pas aux administrateurs ou aux guerriers. Ainsi le roi Udayâdityavarman II donne des terres à un artiste. -Inscriptions de Vat Baset : «Par ordre du roi, il fut (promit à la dignité de) Viçvakarman, chef des artistes A l occasion de l achèvement de ces travaux, le roi lui donna une terre de son propre domaine exempte pour l avenir de toutes contestations Ayant rassemblé brahmanes et princes comme témoins, le roi chargea le président de la cours de planter les cinq bornes de ce terrain Par considération pour les vertus de ce Viçvakarman, le roi fit inscrire ce domaine avec la famille dans célèbre caste des gens chargés des coupes d or». Le peuple est pour sa part soumis à de diverses tâches telles que le paiement de l impôt et l exécution des corvées. Les plus basses classes, celles des artisans ou des ouvriers, restent mal connues, et devaient certainement être exploitées. Tout en bas de la hiérarchie sociale, les esclaves travaillent dans les rizières. Au-dessus, on trouvait les esclaves spécialisés : ouvriers, cuisiniers, les fileuses Les artistes sont un peu plus respectés: les musiciens, danseuses et chanteuses Le roi Suryavarman 2 (12) G. Coedès a relevé, dans certaines inscriptions, des qualificatifs pour les esclaves ou des gens de la basse classe, telles que : - «Chien ; Puant ; Détestable». Cependant d autres noms d esclaves moins antipathiques existent, tels que : - «Détestant l injustice». -«Qui ne raconte pas tout ou pour une femme ; Née pour aimer». On a peu de certitudes sur la vie au dixième siècle, car il ne reste aucun document et peu d iconographie : 25

26 - Les bas reliefs d Angkor vat (13) qui furent gravés durant la première moitié du douzième siècle, où l on voit le roi sûryavarman II (12) et sa cour, des scènes de guerres contre les chams. - Au Bayon, des scènes de la vie quotidienne telles que des pêcheurs, des scènes de chasses, une femmes qui accouche. Gravure Angkor Vat (13)(#) Après la mort de Suryavarman II, Yasovarman II, dont on ignore l origine, prend le pouvoir. Ce roi règnera pendant une quinzaine d années mais on n a que très peu d informations. On sait cependant qu il se fait renverser lors d une rébellion organisée par un de ses dignitaires, qui se fait couronner en 1165, sous le nom de Tribhuvanadityavarman. Ce roi usurpateur règne pendant douze années sans que l on puisse lui attribuer une activité ou une construction quelconque. Le roi du royaume ennemi, le Champa, Jayaviravarman IV, épaulé par des princes cambodgiens, décide de déclarer la guerre au royaume khmer en attaquant Angkor Thom. Il lance deux armées pour envahir la ville, une qui passe par les montagnes de la chaîne Annamitique, et qui n arrivera pas à son objectif, une deuxième qui passe par le Mékong et ensuite par le grand lac. Cette armée se retrouve devant les portes d Angkor Thom, qui prise par surprise n oppose qu une faible résistance. Le roi khmer Tribhuvanadityavarman est tué pendant le combat. Les Chams après la mise à sac de la ville s y installent pendant quatre ans. Ta Prohm (14)(#) 26

27 Cependant Jayavarman VII, un prince qui se rattache aux plus anciennes dynasties cambodgiennes, et qui fut l un des alliés du roi cham, se retourne contre lui et établit son autorité auprès des autres prétendants khmers tout en chassant l envahisseur. Il accède au pouvoir en En 1190, le Champa attaque de nouveau, mais cette fois-ci le nouveau roi Jayavarman VII, réussit à les repousser. Pour asseoir son autorité, il envahit le Champa, qui devient à son tour une province khmère jusqu en A cette époque, le royaume s étend de la mer de Chine à l Est, jusqu'au golfe du Bengale à l Ouest. Il choisit comme capitale Angkor Thom, et la fortifie avec une muraille coupée de cinq portes monumentales, de façon à ce quelle soit capable de résister à des attaques. Bayon (15) Il fait aussi construire le Ta Prohm (14), et au centre de la ville le Bayon (15)(voir carte p30 à 33) qui avec ses tours à visages reste très énigmatique. Il fait bâtir plusieurs autres monuments, aussi bien dans la capitale que dans le reste du pays. Sous son règne, le pays se dote de nombreux hôpitaux. La date de sa mort n est pas bien déterminée, et se situerait aux alentours de Son successeur, Indravarman II, reste très peu connu, et meurt en Jayavarman VIII qui le remplace, doit faire face aux Thaïs qui ont l intention d envahir le pays en 1285, et aux mongols qui font leur apparition dans le Champa. En cette fin de douzième siècle, Tchéou Ta-Kouan avec une ambassade chinoise, vient visiter Angkor. Il nous fait pénétrer dans la vie et les coutumes khmères à cette époque grâce au livre qu il écrit à son retour en chine, «mémoires sur les coutumes du Cambodge» (voir annexe). Des chinois qui vivaient à Angkor ont pu le renseigner sur les traditions et la vie quotidienne khmère. D après ces récits, le niveau de vie était assez élevé : -«Le riz est facile à gagner, les femmes faciles à trouver, les maisons faciles à aménager, les mobiliers faciles à se procurer, le commerce facile à diriger. Aussi y en a -t-il constamment qui se dirigent vers ce pays» 27

28 Il séjourne aussi dans une famille cambodgienne où il peut observer leur façon de vivre au jour le jour. Il semble que la différence entre chaque classe existe toujours au treizième siècle car le chroniqueur chinois signale l importance des fonctionnaires et leur position dans la hiérarchie sociale: -«Dans ce pays, il y a conseillers, généraux, astronomes, etc, et, au-dessous d eux, toute espèces de petits employés la plupart du temps on choisit des princes pour les emplois ; sinon, les élus offrent leurs filles comme concubines royales. Les insignes et la suite dépendent du rang.» Ensuite il mentionne les gens du peuple comme étant : -«grossiers et très noirs, habitant des lointains villages des îles de la mer ou dans les rues les plus fréquentées, c est tout un». Il raconte aussi : -«Comme serviteurs on achète des sauvages qui font ce service. Ceux qui en on beaucoup en ont plus de cent, ceux qui en ont peu de dix a vingt, seuls les très pauvres n en ont pas du tout. Les sauvages sont des hommes des solitudes montagneuses. Ils forment une race a part( ) Ils ne peuvent s asseoir et se coucher que sous l étage. Pour le service, ils peuvent monter à l étage, mais alors ils s agenouillent, font l anjali (salut, mains jointes levées au niveau du front), se prosternent, et ensuite peuvent s avancer( ) s ils ont commis une faute et qu on les batte, ils courbent la tête sans oser faire le moindre mouvement.» Il décrit les habitations des pauvres ou des classes moyennes : -«les gens de classes moyennes ont une maison, mais sans table, bassine ou seau. Pour cuire le riz, il se servent d une marmite de terre, pour préparer la sauce, ils emploient une poêle de terre, ils enterrent trois pierres pour faire leur foyer et se servent d une noix de coco comme louche. Pour servir le riz, ils emploient des assiettes chinoises de terres ou de cuivres. Pour la sauce, ils se servent de feuilles d arbres dont ils font une petite tasse, qui, bien que pleine de jus, n en laisse pas couler». Dans le courant du 13 siècle, l empire khmer commence à avoir des difficultés à gérer le royaume qui a atteint des proportions excessives. S ajoute à cela la lassitude du peuple qui travaille dans des conditions relevant de l esclavage. De plus l élite locale fortement imprégnée de la culture indienne disparaît peu a peu. Une nouvelle religion, basée sur une forme de bouddhisme, plus pratique et d une expression plus simple, plus à la portée du peuple, se met en place, c est le bouddhisme «petit véhicule» ou Hînâyâna. Cette nouvelle religion fait référence à la condition d Arhat, relative à celui qui s est libéré de toute aspiration, ce qui peut expliquer en partie le manque de combativité des souverains suivants. En 1295, Jayavaman VIII abdique et laisse la place à son gendre, Srindravarman qui abandonne le trône à son tour en Plusieurs rois prennent ensuite le pouvoir sans qu il reste des faits ou gestes marquants, qui auraient permis de les identifier. 28

29 Bouddha sur nâga On sait que ces princes ou rois se laissent dépouiller peu à peu par leurs voisins, les Thaïs, de leurs anciennes conquêtes, puis de leurs patrimoine. Ils décident alors de déménager la capitale dans la plaine du Mékong, dans la région de l actuelle Phnom Penh. En 1296, le voyageur chinois Tchéou Ta Kouan signale cette pression grandissante qui provoque entre le XIV ème et le XV ème siècle l abandon d Angkor. Les temples n ont probablement jamais été abandonnés, car on sait par quelques inscriptions du XVI ème siècle que certains rois khmers sont revenus habiter à Angkor Thom. De plus, Angkor Vat reste à cette époque un lieu de pèlerinage connu au-delà des frontières khmères. Les Thaïs annexent par la force la région du Siem reap (région où est située Angkor Thom) et la région de Battambang, ils ne la restitueront au Cambodge qu en C est à partir de cette date que les chercheurs français ont pu commencer leurs recherches sur la période angkorienne. Fresques à Angkor Vat (#) 29

30 Carte de l emplacement d Angkor Thom dans la région du Siem Reap 30

31 Emplacement des temples aux environs d Angkor Thom 31

32 Carte du centre d Angkor Thom 32

33 Palais royal 33

34 2- La construction khmère 2/1-Utilité des temples Il est possible que les temples, selon Tchéou Ta-kouan soient la demeure du dieu pour lequel ils avaient été bâtis. Pour s attirer les bonnes grâces du dieu, le temple était nettoyé trois fois par jour. Des musiciens restaient toute la journée pour divertir le dieu sous sa forme de pierre. Le peuple et les fidèles pouvaient seulement entrer dans la première enceinte pour "lire" les panneaux décoratifs faits de bas reliefs. Au-delà de cette première enceinte, seuls les prêtres étaient admis et seul le roi et le grand prêtre pouvaient accéder au saint des saints, à la salle du temple qui est situé dans la partie la plus haute du temple. «Ces monuments étaient à la fois la demeure du dieu et le mausolée du roi.» Chaque temple pouvait posséder des rizières que ses paysans cultivaient. Le temple restait non seulement la demeure du dieu, qui y séjourne sous la forme d'une statue, mais devenait, à la mort du roi, son mausolée. C'est aussi une fondation pieuse destinée à vanter les mérites du roi et de ses sujets. On peut conclure en disant que ces monuments, étaient à la fois des temples et des mausolées. «Dernière demeure d un être qui jouissait, dès son vivant de certaines prérogatives divines, et que la mort avait achevé d assimiler à un dieu» Dessin de Angkor Vat 34

35 2/2-Orientation et emplacement des temples L'astrologie a probablement servi pour l'implantation des temples et la disposition du bâtiment répondait peut-être à des fins magiques. Dans la mythologie hindoue, le centre de l'univers est le mont Méru sur lequel vivent les dieux, tout comme les divinités grecques habitaient l'olympe. Le maître d œuvre, probablement un prêtre choisi pour cette occasion particulière, devait étudier soigneusement le lieu choisi et la conjonction planétaire qui devait déterminer la position exacte que devait occuper l espace sacré. C'était donc face aux quatre points cardinaux qu'ils bâtissaient leurs temples à quatre entrées (ou gopura). L'Est restait généralement la direction maîtresse vers laquelle à peu d exception prés, l entrée principale est située, à l endroit exact où le soleil apparaît le matin. Il existe cependant quelques temples où l orientation de l entrée principale est vers l ouest comme à Angkor Vat. «Ce prêtre après avoir étudié la conjonction planétaire, devait déterminer la position exacte de l espace sacré.» On peut imaginer que ce culte de l'est, comme dans beaucoup de civilisations, vient du soleil qui se lève de ce côté et qui, à son maximum de puissance, correspond au solstice d'été. Des recherches tendent à démontrer que le choix de l'emplacement de la plupart des temples correspondrait à une suite de jalonnement de la trajectoire solaire selon des alignements solsticiaux. 2/3-Evolution de l architecture Khmère Le temple type de l'architecture Khmère reste le "temple montagne". Ce sanctuaire est constitué de cinq tours en quinconce évoquant les cinq sommets, qui seraient donc une réplique, en suivant une loi de réduction proportionnelle, du mont Méru érigé selon l'axe du monde. Ce temple a généralement un puit suivant cet axe de la base jusqu'en haut et qui sert de piédestal à la statue érigée en l'honneur du "dieu roi". La pyramide est constituée d'une superposition de terrasses de plus en plus petites. La pyramide est parcourue par un ou plusieurs escaliers des plus raides, elle est aussi couverte de constructions en général répétitives, destinées à évoquer la cité des dieux. L élancement des monuments est une caractéristique de la construction khmère, tout comme l adoption des voûtes en encorbellement qui sert à couvrir les sanctuaires, et qui conduit à créer cette envolée. Cet élan a été recherché et même accentué par le jeu des étages en réduction qui surmontent les tours. 35

36 Des édifices annexes, salles longues bordant les gradins, galeries entourant chaque terrasse, tours d'angles, pavillons d'entrée, rythment l'espace du «temple montagne». «Le temple type de l architecture khmère reste le temple montagne» Perspective type d un temple montagne L'architecture est basée sur des notions d'axes et de symétrie qui impliquent une répétition des éléments architecturaux. La forme géométrique carrée est privilégiée et traduit la perfection absolue. Les temples sont construits grâce à deux axes qui se croisent à angle droit. «la forme géométrique carrée est privilégiée et traduit la perfection absolue.» Le temple est toujours une réduction symbolique de l'univers. Les douves représentent l'océan entourant l'univers, les enceintes extérieures les chaînes de montagnes qui bordent le monde, et les différents étages de terrasses le mont Méru. Même si au départ l'inde influence fortement l'art des Khmers, ils ne tardent pas à créer une architecture complètement nouvelle et propre à leur culture. 36

37 Les architectes de l'époque khmère utilisent principalement quatre éléments de base: -les bassins -les terrasses -les tours -les galeries voûtées «Le temple est toujours une réduction symbolique de l univers» On peut dire qu il y a deux étapes dans la construction khmère. La première, le temple Pré-angkorien, se situe entre le VII ème et le IX ème siècle. Ces temples ne présentent généralement pas un plan très compliqué, il se compose d un seul sanctuaire, entouré d une douve carrée. L accès se fait suivant une direction est-ouest dans l axe du monument. On peut noter sur certains de ces temples, qu un mur a été construit entre les douves et le temple. Au cours de cette période les constructions étaient plus étendues que celles qui vont suivre au IX ème siècle. La seconde étape, à la fin du IX ème siècle, évolue vers une tendance à vouloir rassembler plusieurs sanctuaires, généralement d un nombre impair, sur un seul soubassement de petite hauteur. Les Khmers les établissent sur un seul rang, et donnent ainsi plus d importance au sanctuaire principal (Prasat Kravan). Par la suite ils seront sur deux rangs comme au Preah Ko(1), et pour finir, l emplacement des sanctuaires sera mis en quinconce. Plan du Preah Ko (1) 37

38 Deux types de plan se dégagent en fonction de la disposition des différents éléments du temple : - Le plan symétrique, par rapport à deux axes se coupant à angle droit est-ouest, nord-sud. Ce type n est utilisé que pour les pyramides de quelques temples, comme au Bakong(2) et au Bakheng(3). Dans le but de souligner l entrée principale, souvent du coté Est, les constructeurs sont amenés à concevoir de vastes chaussées, des constructions annexes, et des galeries. Plan du Bakheng (3) Plan du Bakong (2) Ceci les conduit à créer le deuxième type de plan plus allongé. -Le plan symétrique par rapport à un seul axe longitudinal. Ce principe a été utilisé aussi bien pour les temples montagnes tel que le Pré rup, Angkor Vat (4), les temples plats tel que, Banteay Samre, Ta Prohm. Plan de Angkor Vat (4) 38

39 2/4- Les matériaux -La brique : le problème du transport ne se posait pas. La terre était prise généralement au plus près des temples et par la suite, les briques étaient fabriquées sur place. Elles sont constituées d argile, avec du sable comme dégraissant, dans lequel il y a énormément de grains de quartz. On peut aussi voir des débris végétaux probablement intégrés à la pâte pour donner davantage de consistance. «Les briques étaient fabriquées sur place, près des temples» Les briques étaient ensuite cuites à une température d environ 300 degrés. Les dimensions sont variables, mais généralement elles mesurent environ 26 cm de longueur, 14 cm de large, et 6 cm d épaisseur. Construction en brique - Le bois : Le bois était également facilement accessible. Les forêts ne sont jamais trop éloignées, et le transport facilité grâce aux éléphants. Ils utilisaient du yan (diptérocarcus alatus, densité de 0,6 à 0,78 par m 3 ) pour les chevrons et les pannes, du trach (dipterocarcus intricatus, densité 0,7 a 0,8 par m 3 ) pour les poteaux, arbalétriers et les entraits. 39

40 -La latérite: Il faut des conditions topographiques et climatiques particulières pour permettre l élaboration de la latérite(5), ou baï kriem en khmer («riz grillé». La latérisation d un sol provient du lessivage des éléments les plus solubles d une roche par les eaux de pluie. Cette pierre est de couleur brun-rouge et très granuleuse avec de gros modules marrons ou noirs. Aux alentours d Angkor on peut l extraire à une profondeur d environ 4 mètres, sur une épaisseur moyenne de 1 mètre. A l état brut, la latérite est très malléable, on peut la couper au couteau. Cette matière durcit à l air libre, mais certains blocs subissent une décomposition qui les rend friables. «A l état brut, la latérite est très malléable et on peut la couper au couteau» Les Khmers l ont prélevée en blocs de 40 cm de haut, avec des longueurs allant jusqu'à 2 mètres. Aspect de la Latérite (5)(#) -Le grès : Le grès que les Khmers appellent "pierre à boue" (thma phok) est de couleur et de dureté variable. Sensible aux conditions atmosphériques, il se dégrade par lamelles. 40

41 Il y a deux sortes de grès. Le grès gris est une pierre dure qui reste le plus généralement utilisé pour la construction des temples. Son poids est de 2 à 2,5 tonnes au mètre cube. Le grès rose est une pierre tendre et peu résistante. Ces deux grès proviennent des carrières du Phnom Kulen, situées à quarante kilomètres au nord-est d Angkor, qui sont aujourd'hui quasiment épuisées et protégées. «Le grès gris est une pierre dure qui reste le plus généralement utilisé pour la construction des temples» Pour le transport des blocs grossièrement équarris jusqu au lieu de la pose, les Khmers utilisaient sûrement des charrettes et des pirogues. Il ne reste pourtant aucune trace du chemin emprunté. Plusieurs trajets étaient possibles : - Le premier est mi-terrestre, et mi-fluvial. Selon une première théorie, les blocs étaient chargés sur les charrettes, puis transportés le long du Phnom kulen pour ensuite être chargés sur des radeaux. Ces radeaux auraient ensuite navigués sur la rivière Siem Reap, vers Angkor. Ce cours d eau n est toutefois navigable qu une partie de l année, et le transport terrestre reste long et difficile. Carrière de grés - Selon une autre hypothèse, les charrettes stoppaient à Samrong, pour ensuite descendre par un canal nord-sud, qui de nos jours n existe plus, vers le village de Kompomg kleang en bordure du grand lac. Elles remontaient ensuite la rivière Siem Reap jusqu'à Angkor, avec toutefois la même réserve que précédemment : la rivière n est pas navigable tout au long de l année. - Une dernière possibilité serait de n emprunter que la voie terrestre, et consisterait à traverser directement la jungle, de la carrière jusqu à Angkor. Ce chemin resterait praticable toute l année mais devait être difficile et laborieux. 41

42 - Les métaux: Le fer est utilisé depuis longtemps, il existe encore au nord de Kompong Thom une montagne du nom de Phnom Dek ou «montagne de fer» où les Khmers récoltent le minerai de fer qui affleure le sol. De là, on imagine qu un outillage varié et complet devait exister (ciseaux, couteaux, ancrages à double queue d aronde, etc ) Ils connaissaient aussi les techniques qui permettaient de couler des statues de bronze ou toutes sortes de décorations de petite et grande taille. Statue en bronze du mebon 2/5-Méthodes de construction La construction de tels temples prouve que l empire khmer de l époque avait une coordination puissante de tous les corps de métiers spécialisés ou non dans le travail de la pierre, et qu il devait disposer de beaucoup de richesses, avec de grands moyens humains et matériels. On pense que ces tailleurs de pierres étaient au début des autochtones qui auraient été formés par des sculpteurs venus de l Inde, et qu ils utilisaient comme main d œuvre des paysans ou des esclaves provenant des régions envahies. «On pense que ces tailleurs de pierre étaient au début des autochtones qui auraient été formés par des sculpteurs venus de l Inde» Ils ont d abord utilisé des briques. Ils les ajustent entre elles par frottements et les rendent solidaires entre elles par un liant-colle d origine végétale. Les briques sont posées sans faire attention aux joints verticaux et sont toujours en parement. Les briques préalablement dégrossies étaient ensuite recouvertes d un enduit à base de chaux (6). C est dans cet enduit qu étaient ensuite sculptés les décors. 42

43 Enduit sculpté au Prah Ko (6) Toutefois d autres temples sont construits en brique et en pierre. Même si ces matériaux sont différents, la conception structurelle reste néanmoins très proche et ils gardent la même méthode de pose. La pierre était en général utilisée pour les ouvertures alors que les briques servaient pour les murs (7). Le cœur même des pyramides était constitué de matériaux de remblai, sable ou latérite. Mélange de construction, briques et pierres (7)(#) 43

44 Les maisons, et même certaines parties du palais royal, étaient construites en bois, montées sur pilotis et couvertes de pailles, ou de tuiles pour les plus fortunés. Le bois pour les charpentes était taillé sur dosse c est à dire à plat (éclatement longitudinal des troncs). A l intérieur des bâtiments on faisait des poutres de soutien ou de doublure, des portes à pivots à deux vantaux, des panneaux de revêtement de mur et les plafonds étaient richement sculptés, de fleurs de lotus épanouies. La latérite était généralement réservée au gros œuvre, ou était utilisée pour bâtir les murs d enceinte et contre murs dans les soubassements. Cependant certains temples ont été construits avec, en parement, un mur en latérite (8). Par la suite, la pierre sera exclusivement utilisée et sera appareillée à sec, sans mortier. Pour obtenir un jointoiement parfait, les Khmers procédaient à un surfaçage par frottement d'une pierre sur l'autre. Procédé très efficace car deux surfaces parfaitement planes (deux miroirs posés l'un sur l'autre par exemple) sont très difficiles à dissocier. La cohésion de l'appareillage est donc purement statique et ne se fonde que sur l assemblage et la force de gravité. Les Khmers posent la pierre de façon similaire aux charpentiers, sans tenir compte du fait qu'elle ne peut travailler en traction comme le bois. Ils se servaient de queues d'arondes, et de coupes d onglets pour l assemblage. «la pierre est appareillée à sec sans mortier» Il est aussi reconnu que les Khmers ont fait preuve dans l art de bâtir de certaines incapacités techniques, ignorant jusqu aux rudiments de la stéréotomie. Trop souvent les blocs de pierres n étaient ni équarris ni réglés en hauteur par assise. Les joints verticaux filaient de haut en bas d un édifice, sans aucun chevauchement, causant de longs coups de sabre, comme aux tours du Bayon, et créant ainsi de véritables plans de rupture (9). La masse des murs n était pas homogène car le corps principal était revêtu d un parement simplement accolé ce qui entraîne à terme des effondrements. Dans les porches ou galeries à larges travées, tout le poids des frontons ou des voûtes est réparti sur de longues architraves monolithes qui reposent sur des piliers et qui, presque invariablement, se brisent sous l excès de la charge. Certains linteaux de pierres étaient creusés et doublés d'armatures en bois, mais le bois pourrit avec le temps et la pierre ne pouvant plus supporter la charge se brise. Les pièces cylindriques étaient tournées et mortaisées, les encadrements de portes conçus comme des cadres avec des angles aigüs, ce qui fragilise d autant plus la pierre. 44

45 Construction en latérite (8)(#) Appareillage typique khmer au Ta Prhom (9)(#) 45

46 Les blocs de pierres amenés de la carrière à peine dégrossis n étaient pas de dimension standard. Ils devaient être taillés à la demande au moment de leur mise en place car tous les blocs ont un emplacement bien déterminé sur le monument. De ce fait l appareillage des temples est tout à fait anarchique. La mise en place de ces pierres pouvait se faire à l aide de rondins de bois, et d échafaudages en bois ou en bambou. Il se peut que des éléphants aient été utilisés pour la mise en place des pierres ou pour le bardage. «L appareillage des temples est tout à fait anarchique» On remarque sur les pierres des trous de quelques centimètres de diamètre et de profondeur (10) : ils étaient peut-être creusés pour le maniement des pierres, pour enfoncer des chevilles en bois, serrées par des liens végétaux, ou par des ergots métalliques comme des sortes de louves (dispositifs permettant différentes manipulations de la pierre au cours de la mise en œuvre). Ces trous étaient ensuite obturés par des tampons de grés taillés à la demande ou par des bouchons de mortiers. Trous dans les pierres (10)(#) 46

47 Quelques exemples de durées de construction : -La durée de construction d'un temple royal est estimée entre 32 et 35 ans. -La durée de construction d'un bârây (bassins) serait de 4 à 7 ans avec 2000 ouvriers. -On estime aussi que la construction d Angkor Vat a duré autour de trente ans. -Pour le Bârây occidental : 6000 ouvriers auraient mis trois ans à construire ce bassin, dont les berges sont constituées de 14 millions de mètres cubes de remblais. Le chantier progressait au rythme de trente mètres par jour, soit 2 mètres cubes de terre par jour et par ouvrier. 2 /6 La taille Selon les différents aspects de taille que j ai relevés, on peut deviner l outillage utilisé. Les Khmers se sont certainement servi de pointerolles plus ou moins grosses pour le dégrossi ou l affinage. Des ciseaux de différentes tailles ont dû être utilisés sur les parties sculptées ou ornementées. La taille n est pas régulière : ils devaient tailler directement, sans se servir de profils comme on le fait aujourd hui. Aspect broché (#) Trace de ciselure (#) Autre aspect d un linteau (#) 47

48 Tchéou ta-kouan, le diplomate chinois qui visita Angkor au XIIè siècle, nous a aussi laissé des indications sur leur méthode de taille: «Les grandes barques sont faites au moyen de planches taillées dans des arbres [en bois] dur. Les ouvriers n'ont pas de scies et n'obtiennent les planches qu'en équarrissant les arbres à la hache; c'est une grande dépense de bois et une grande dépense de peine. Quoiqu'on veuille faire en bois, on se borne de même à le creuser et le tailler au ciseau; il en est également ainsi dans la construction des maisons. Pour les grandes barques, on se sert aussi de clous de fer, et on recouvre ces barques avec des feuilles de Kiao (kajang) maintenues par des lattes d'aréquier. Un bateau de ce genre est appelé sin-na; il va à la rame. La graisse dont on l'enduit est de la graisse de poisson, et la chaux qu'on y mélange est la chaux minérale». Si l on tient compte du fait que les Khmers taillaient la pierre comme le bois, on peut imaginer que chaque pierre taillée représentait beaucoup de travail et qu il devait y avoir à chaque fois énormément de gâchis de matériaux. Taille de dégrossie (#) Taille d approche (#) Taille fine (#) Marque de tournage (#) 48

49 2/7- Les douves et les bassins (bârây) - Un outil pour l irrigation : Ce sont généralement des blocs de latérite en gradins, dont la margelle est constituée de grandes dalles en grès. A Angkor Vat, cette margelle représente une longueur développée de 6700 mètres. Angkor est située au pied d'un vaste château d'eau naturel d'où coulent plusieurs rivières: le Mont Kulen, mais l'eau est une ressource capricieuse et le surplus doit être stocké en vue de la saison sèche. Les rois d'angkor le comprirent et décidèrent de construire des bârây. Les bârây étaient des réservoirs artificiels alimentés par les pluies de la mousson et des rivières dont on détournait le cours. «les bârây étaient des réservoirs artificiels alimentés par les pluies et des rivières dont on détournait le cours» En regardant le croquis plus bas(11), vous verrez combien les bârây étaient bien pensés : plutôt que de creuser, on a érigé des digues pour retenir l'eau. L'eau pénétrait par la digue nord et était ensuite libérée pour irriguer les rizières. Le creusement des bârây pour les plus grandes douves ou bassins a nécessité l'emploi de milliers d'hommes à Angkor Vat; sa douve, qui est large de 200 mètres et profonde de 2 mètres, a nécessité un transport de terre de m 3. Coupe d un bârây (11) La terre qui était en surplus a sûrement servi à faire du remplissage pour les terrasses et les monuments. 49

50 - Description des différents bârây : On distingue plusieurs sortes de bassins : -Ceux qui bordent l allée principale d accès au temple, qui sont de petites dimensions, tel qu à Angkor Vat où le bassin mesure 53 mètres sur 110 mètres. -Les bassins de moyenne dimension ou srah se situant pour la plupart à l est, au départ de l allée principale d accès et dans l axe du sanctuaire. Les débarcadères existent encore en bordure de ces bassins. On pouvait sûremen, accéder ou partir du temple par voie d eau. Le srah srang qui est le bassin de Banteay Kdei mesure 300 mètres sur 700 mètres. Srah Srang Srah Srang, ou "bain royal", date du Xème siècle mais fut refaçonné deux cents ans plus tard. C'est un petit bassin de 700m sur 300, qui est toujours en eau. Srah Srang fait partie d'une série de plus petits réservoirs destinés à compléter le baray occidental. Mais la plupart s'avérèrent dérisoires, car le système en lui-même atteignait peu à peu ses limites... Indratataka -Les bassins de grandes dimensions ou bârây: le premier à être conçu est l Indratataka, au Nord du groupe actuel de Roluos, il mesure 800 mètres sur 3500 mètres. Indratataka, ou "le bassin d'indra" en sanscrit, fut le premier bârây. Il a été construit vers 880 par le roi Indravarman I près de Roluos. Le réservoir était un rectangle parfait et il était quatre fois plus long que large. Les digues mesuraient de 2 à 5 mètres. Plus de 10 millions de m3 de déplacés. La rivière de Roluos alimentait ce bârây, qui assurait la consommation de dizaines de milliers d'hommes. Le bârây est aujourd'hui asséché, mais vous toujours pouvez y voir le temple qui fut autrefois une île au centre du bârây. -Yasovarman I fit construire le bârây Oriental, large de 1800 mètres et long de 7000 mètres. Cette pièce d eau selon les croyances khmères aurait put servir à l alimentation en eau de la ville, et aussi a l irrigation des rizières avoisinantes. Cependant ce bârây se trouva asséché au bout d une quarantaine d années. Le bârây oriental Ce qu'on appelle aujourd'hui le bârây oriental fut le deuxième bârây à être construit. Les travaux se sont achevés à la fin du Xème siècle sous le règne de Yaçovarman I. Ce deuxième bârây était cinq fois plus grand que le premier (Indratataka). Imaginez un réservoir long de 7 km et large de 2 km, encadré de digues hautes de 5 à 8 m. Des centaines de milliers d'hommes pouvaient alors être alimentés en eau. Le Mébon oriental est un temple-montagne dédié à Shiva, et qui fut achevé en 953. Situé au centre du réservoir, on ne pouvait alors n y accéder qu'en bateau. Le bârây oriental est désormais recouvert par les rizières. 50

51 - Au début du IX ème siècle, un grand bassin large de 2000 mètres et long de 8000 mètres, le bârây occidental, fut aménagé à l ouest d Angkor. Le bârây occidental La taille des bârây et des cités royales allait croissant. Le bârây occidental, qui était le troisième, était aussi le plus imposant. Il était long de 8 km et large de 2,2 km et encadré de digues hautes de 10 à 17 m. Dès lors, plus de 100 km² de rizières pouvaient être irrigués, ce qui devait faire vivre près d'un million d'hommes. Malheureusement, ce troisième réservoir s'ensabla peu à peu. Les digues furent surélevées pour tenter d'approfondir le bârây, ce qui noya l'îlot central du temple du Mébon occidental. Construit en 1050, le bârây occidental fut en partie restauré au début des années 50. Aujourd'hui, il demeure partiellement en eau, perpétuant le souvenir de l'âge d'or d'angkor... Le dernier bârây -Au XII ème siècle, un autre bassin fut établi par Jayavarman 7 qui mesure 900 mètres de large et long de 3500 mètres, à l est de la chaussée axiale du temple de Preah Khan. Le dernier des bârây d'une certaine ampleur fut achevé sous le règne de Jayavarman VII à la fin du 12ème siècle. Quatre bassins entouraient un réservoir central. Mais la capacité globale du bârây se limitait à 15 millions de m3. Le réservoir s'avéra insuffisant et s'ensabla une fois de plus. Le temple (Neak Pean) au milieu de ce lac était autrefois recouvert par un arbre, jusqu'à ce qu'un orage le déloge en De plus, les eaux du Neak Pean avaient la réputation d avoir des vertus curatives, qu elles auraient conservés. Dans la plupart des bassins, un îlot artificiel a été construit, pour accueillir un sanctuaire, comme on le voit avec le Mebon Oriental au centre du bârây Oriental. Les constructeurs ont poussé le perfectionnisme jusqu à agrémenter également ces petits monuments d un bassin. La construction de tels bassins laisse imaginer qu Angkor Thom avait un réseau hydraulique très évolué (Voir page 19). -Une valeur symbolique? Les bârây n'étaient pas seulement des réservoirs qui permettaient aux rois de consolider leur pouvoir en ayant le monopole des réserves en eau. Les bârây avaient aussi une fonction religieuse. Dans la symbolique khmère, les bassins, qui représentent la limite ou la bordure du monde, sont très présents. L'eau stockée et les temples centraux symbolisent l'océan mythique entourant le Mont Méru, foyer des dieux. Les bârây étaient donc des sites sacrés. Certains chercheurs pensent même que les bârây n'étaient pas du tout destinés à l'irrigation. Ils soutiennent que la manière dont l'eau aurait été redistribuée demeure vague, sinon inconnue, et qu'aucun des anciens manuscrits ou inscriptions n'en parle. Il ne fait aucun doute qu'avec le temps, les considérations religieuses devinrent de plus en plus importantes. Toutefois, il est difficile de déterminer quelle était la fonction première des bârây : le débat reste ouvert. 51

52 Emplacements des principaux bârây et temples aux alentours d Angkor Thom - Un ensablement inévitable Les bârây n'étaient malheureusement pas fait pour durer. Avec le temps, les canaux se sont envasés se sont peu à peu remplis de sable. Les digues étaient dans un premier temps surélevées, mais très vite la construction d'un nouveau bârây s'imposait. Ce phénomène irréversible est l'une des raisons pour lesquelles de nombreux rois ont souhaité avoir leur propre bârây. 2/8- Les ponts-barrages Les ponts-barrages ont été construits au XIII ème siècle, et ont dû être utilisés à partir de cet époque après l abandon du système de distribution de l eau, peut-être dû aux difficultés d entretien des bârây. Les piles de ces ponts étaient tellement resserrées qu'il fallait élargir le lit de la rivière à l'endroit du pont pour permettre un passage d'eau suffisant. Il se pourrait que les khmers aient contrôlé le niveau de l eau, en obstruant à l aide de planches ou de bois les piles du pont, ce qui expliquerait que les piles soient construites très proches les unes des autres. Le pont le plus impressionnant reste le Spean Praptos qui est près de Kompong Kdei. 52

53 Spean Praptos Long de 80 mètres, ce pont est en latérite. Il a été construit durant la première moitié du XIII ème siècle. Les arches ont été construites en encorbellement et sont de portée réduite. L architecte Jacques Dumarçay a démontré que ces arches pouvaient être fermées, de manière à retenir l eau en amont du pont. 2/9 - Les fondations Les monuments sont construits sur un sol géologiquement stable et donc les fondations étaient réduites à leur plus simple expression. Une ou deux assises de blocs de latérite reposant parfois sur une couche de pierraille pilonnée. Des désordres dus à de mauvais drainages se sont cependant produits. Ainsi, sur le Baphuon, le tassement des terrasses insuffisant a entraîné l affaissement du bâtiment sur lui-même. 2/10 - Les plate-formes de soubassement Elément typique angkorien, le soubassement consiste à construire une vaste terrasse de blocs de latérite ou de grès, surélevée par rapport au sol. Il entoure le mur de soutènement en grès sur lequel vont s élever les constructions. Les murets de ces plateaux sont toujours soulignés par des lignes de moulurations horizontales importantes. Plate-forme du Baphuon (#) 53

54 2/11 - Les murs 2/12 - les gopura Les murs sont toujours construits à joints vifs, sans mortier pour la pierre. Pour la brique, les Khmers utilisent une colle végétale de composition encore inconnue. Les blocs de grés ou briques étaient rodés sur place (frottés et usés l'un sur l'autre afin d'obtenir un contact parfait). Les murs des temples sont en général formés d une juxtaposition d un blocage en latérite et d'un parement en grès. Les murs de clôture sont édifiés avec des blocs rectangulaires à peu près réguliers. Les blocs de pierre sont toujours plus épais que nécessaire, des largeurs de plus d'un mètre sont courantes. Gopura est le nom donné pour désigner une entrée de temple ou d une ville. Les dimensions de ces gopura varient selon l ampleur du temple, et c est généralement la gopura Est, qui est le plus importante. A l origine, les gopura se présentaient comme une simple pièce avec deux portes, mais elles se sont développées jusqu à devenir totalement indépendantes du temple. Les gopura vont devenir si complexes qu elles deviendront de véritables sanctuaires dans certains temples. Gopura d Angkor Thom Porte d Angkor Thom 54

55 2/13 - Les ouvertures et les portes Les portes qui s ouvrent sur le sanctuaire sont toujours orientées vers l est. Elles sont en bois et à double vantaux, les trois autres côtés étant fermés. Elles font en moyenne 1m10 de large pour 2m20 de haut. Ces ouvertures sont composées de 4 dalles en grès et sont assemblées comme des menuiseries, à savoir, en assemblage à repos ou en assemblage à tenon et onglet. Les portes de l époque pré-angkorienne sont peu décorées, mais dès la fin du IX ème siècle, les tableaux des portes sont gravés avec des inscriptions. De part et d autre de la porte soutenant le linteau sont disposées deux colonnettes en pierres sculptées, et un fronton en pierre est posé sur le dessus, généralement décoré. En revanche, les trois autres portes, qui sont factices, sont bâties en briques. Ces briques grossièrement épannelées étaient posées, puis un enduit de modelage à base de chaux servait à reproduire les décors de la porte ouverte vers l est. Banteay Srei 2 /14 - Les colonnettes Dés le IXème siècle, les colonnettes taillées dans du grès, engagées ou monolithes, ont été utilisées pour tenir les linteaux des vrais et des fausses portes. De section circulaire au départ, elles évolueront durant la période angkorienne en section octogonale. Richement moulurées, elles ont une place majeure dans les ouvertures de portes. 55

56 Porte avec ses colonnettes, Ta Prhom (#) Détails de colonne avec pilastre Banteay Srei Porte, Beng Mealea (#) 56

57 2/1 - Les fenêtres L encadrement des fenêtres reste le même que pour les portes : quatre dalles en grès posées en assemblage à repos ou en assemblage à tenon et onglet. Cependant, plusieurs types de fenêtres existent : -Les fenêtres libres. Elles ne comportent ni fermeture ni balustre. Curieusement ces fenêtres restent parfois la seule ouverture pour entrer dans certaines galeries. -Les fenêtres à balustres. Ces fenêtres sont décorées par des balustres, tournés en grès, copieusement mouluré. Ces balustres sont mis en place en même temps que le linteau et l appuie de la fenêtre, et tiennent grâce à des tenons qu ils ont sur chaque extrémité. Les balustres sont toujours en nombre impair(5,7,9) et parfois en double rangées. -Les fenêtres hautes. Ce genre de fenêtres est généralement fermé par un claustras en brique, en carré ou en losange. Ces fenêtres seront reprises plus tard en pierre, avec des variantes de fenêtres à meurtrières, parfois doublées de balustres. -Les fausses fenêtres. Elles sont réalisées par un enfoncement du mur, et décorées de balustres. Balustres de prés (#) 57

58 Fenêtre à balustres, Beng Mealea (#) Fenêtre basses à balustres (#) 58

59 2/16 - Les linteaux *Makaras : sorte de monstres marins composite à trompe. Au début de la période angkorienne, les linteaux étaient avec les colonnettes, les seules parties sculptées en grès dans les prasat (12)(voir page 63) ou tours sanctuaires en brique. Le décor était fortement inspiré par le grand voisin, l Inde. Ces linteaux dérivant de l architecture bois se composaient essentiellement d une sorte d arc méplat rehaussé de médaillons, craché aux extrémités par des makaras* tournés vers le centre, et laissant tomber une série de pendeloques. Par la suite les makaras seront remplacés par des motifs en crosses végétales. Les décors de feuillages prirent de plus en plus d importance pour finir par transformer l arc méplat en branche richement sculptée de Linteaux, du primitifs aux 9 ème siècle feuilles. Après le IX ème siècle, apparaît au centre et en haut du linteau le motif d origine javanaise de la tête de Kâla*, monstre dévorant armé de deux bras et censé représenter un aspect de Civa. Dans l art classique, le feuillage s impose pour de bon : il est horizontal, ou vertical et parfois coupé au centre par une sculpture ou des personnages surmontant la tête de kâla, qui fait saillie sur un fond de feuilles flammées et de crosses végétales, qui sont souvent crachées par des lions, et terminées par des nâga polycéphales. Certains linteaux du Prah Kô, qui datent du X ème siècle, et où les décors sont composés de plusieurs personnages, font partie des plus intéressants. Ils sont particulièrement développés en hauteur et couronnés par une petite frise. A partir du XII ème siècle on peut voir certains linteaux où la branche est à brisures multiples pour finir par disparaître en changeant l axe vertical en un axe de symétrie pour l ornementation. Les feuilles flammées s allongent, d où ressortent de larges crosses, alors que la tête de kâla s abaisse progressivement. *Kâla La tête de Kâla est aussi appelée «tête de Rahu», c est le démon des éclipses. La légende de Rahu est liée au Barrattement de la mer de lait ; le monstre en effet, voleur de l amrita, liqueur d immortalité, est dénoncé par le soleil et la lune à Vishnou qui, d un jet de son disque, lui sectionne le corps en deux ; depuis, chaque tronçon demeurant immortel, il s efforce pour se venger de dévorer le soleil et la lune chaque fois que l un de ces astres passe à sa portée. 59

60 Linteaux X ème à la fin du XII ème siècle Linteau au Mebon 60

61 Linteau, Musée Guimet (#) Linteau, Musée Guimet (#) 61

62 2 /17 - Les frontons Nés de l arc en fer à cheval des monuments indiens, les frontons khmers ornent généralement les entrées des murs d enceinte des temples. Ils sont toujours richement décorés de gravures qui montrent des scènes religieuses ou qui seraient en relation avec le roi qui aurait fait construire le temple en question. Le fronton khmer classique, simple ou à encadrements superposés, suit la forme des Fronton, Banteay Srei (#) voûtes qui généralement sont derrière et donc de forme ogivale. Il participe aussi au mouvement ascendant de la tour sanctuaire ou prasat. Au début, les frontons sont en briques et peu décorés et de forme souvent différente. Au IX ème siècle, les frontons sont souvent faits en grès et leurs tympans sont couverts d un décor végétal à grandes volutes formant ainsi une composition unique. L encadrement traité en méplat se terminait par des têtes de makaras divergentes. A partir du X ème siècle, les makaras sont remplacés par des nâga polycéphales crachés par des têtes de kâla. Ces têtes de kâla finissent par disparaître durant le XI ème siècle, alors que l arc supérieur du fronton se galbe davantage. Au XII ème siècle, le nâga est à nouveau craché par un monstre rappelant cette fois la tête de dragon. A la suite de ce galbe, la forme supérieur du fronton qui suit la forme de la voûte en encorbellement, devient cette fois polylobé. Fronton, Ta Prohm (#) 62

63 2/18-Les escaliers Particulièrement éprouvants, les escaliers sont d abord un artifice de perspective pour souligner et accroître la verticalité de l'architecture. Les angles de montée peuvent atteindre 70 degrés. Les dimensions respectives de la marche et de la contremarche sont inversées par rapport aux normes habituelles. Pour accentuer l effet de l allongement, certains de ces escaliers vont en rétrécissant. Généralement les marches d escaliers sont moulurées avec des tracés plus ou moins compliqués. Ils n'étaient pas conçus pour transporter les foules mais seulement à l usage de quelques officiants. Beaucoup de ces escaliers comportent des paliers. Les escaliers sont posés sur des murs d échiffres, souvent massifs. Ces murs finissent par un redan à chaque étage de terrasse et vont en se rétrécissant. Escalier du Baphuon (#) 63

64 2/19-Les voûtes Les voûtes sont toujours en encorbellement coiffées au sommet par une dalle à cheval sur les deux parois. L'édification des voûtes ne dépassera jamais ce genre de construction. Elles ne permettent de couvrir que des portées très réduites. En conséquence, les pièces des temples semblent toujours minuscules à nos yeux d hommes modernes. On peut toutefois penser que si les Khmers ont choisi ce mode de voûte, ce n'est pas par manque de connaissances mais délibérément, en donnant des portées limitées aux galeries dont la capacité d'appui est ainsi rendue plus adéquate. Vue en coupe de voûte Khmère Dans les tours khmères, les murs épais permettent de suivre un concept structurel identique à celui trouvé dans les arcs en encorbellement avec les mêmes résultats positifs. Le rapport élevé entre la hauteur et la portée permet de réduire les forces de traction et de poussée. Leurs comportements structurels sont sensiblement différents de celui des dômes ou voûtes européennes dont l'équilibre dépend de la force de traction le long des parallèles (joints), ce qui peut causer des craquements verticaux et des déformations extérieures, alors que dans les tours khmères, les forces sont plus réduites et largement compatibles avec l'épaisseur massive des murs. Il est résulte que ces structures sont parfaitement stables sans qu'il soit besoin de faire appel à des forces externes comme des contreforts ou des arcs-boutants. On sait cependant sait que très tôt, les civilisations du Moyen-Orient et de la Méditerranée, ainsi que de l'inde, ont connu et pratiqué la voûte en plein cintre. Il est étrange que le Cambodge ancien, malgré ses relations avec l'inde, n'est pas entrevu les possibilités d'une voûte relativement facile à mettre en oeuvre et qui permet une grande flexibilité quant aux espaces à couvrir. Peut-être faut-il y voir un parti pris ou encore une question de religion. 64

65 Voûte en encorbellement au Beng Mealea (#) 2/20-Le prasat Un des éléments qui est très présent dans la construction khmère est le prasat, ou tour-sanctuaire, qui abritait l idole en sa «cella» de plan carré, généralement avec une seule baie ouvrant à l est. Il arrive cependant sur certains prasat que plusieurs portes communiquent avec la cella. Le prasat, construit sur une petite terrasse en surélévation par rapport à celle du temple, est accessible grâce à un escalier. Chaque porte est encadrée de colonnettes portant un linteau, ces portes sont généralement bordées d un pilastre qui supporte un fronton sculpté. L étage principal est couronné d une corniche et de piles d angles à simple ou double redent souvent sculptées avec des motifs de divinités dans les niches. Audessus de cette première corniche se trouvent des étages fictifs, presque toujours au nombre de quatre, qui reprennent le principe de réduction proportionnel des temples à gradins. A l intérieur du prasat les assises de pierres posées en encorbellement constituent une sorte de cheminée à ressauts, qui étaient cachées a l époque par un plafond décoré, en bois. 65

66 Prasat Khmer (12) Prasat à Angkor Vat 66

67 2/21-La charpente et les toitures Les charpentes sont généralement très lourdes et sont employées à la flexion (13) ce qui permet de très nombreuses variations. Elles sont utilisées pour de nombreuses annexes des temples khmers qui étaient construits en pierre mais couverts de tuiles. Il ne reste malheureusement que les logements creusés dans la pierre pour étudier ces charpentes (14). A la tête des murs, des logements ont été prévus pour encastrer les sablières, mais également pour les extrémités des entraits. Ces derniers étaient engagés sur la sablière par un encastrement à mi-bois. Cependant il arrivait que des poteaux en bois soient pris dans la maçonnerie pour poser ensuite les sablières dessus. Les logements des pannes étaient taillés dans les pignons, mais dans certains cas les pignons étaient trop minces, et les pannes étaient alors tenues par des crampons en double queue d aronde, comme sur le Pre Rup et le Mebon. Dans plusieurs monuments il reste des fragments de plafonds (15). Ce sont d'épaisses planches dont le décor sculpté présente des caissons ornés d'une large fleur de lotus. Les planches reposent sur la corniche et devaient être raidies et soutenues par une poutre à certains endroits: c'est le cas au Bayon dans la galerie du premier étage. On peut encore voir un certain nombre de bourdonnières décorées de fleurs de lotus. Exemple de charpente travaillant à la flexion (13) Logements pour la charpente (14) 67

68 Fragments de plafonds sculptés (15) L'ensemble des éléments de couverture ont été divisés par A. Silice et G.Groslier en cinq catégories, à partir d observations réalisées d'abord au musée national du Cambodge à Phnom Penh et au dépôt archéologique de la conservation d'angkor, ensuite sur certains sites archéologiques comme Angkor Thom, Bantay Srei, Preah Vihear, Preah Khan, Vat Phu, et enfin non loin du Bayon. -Les tuiles canal (16) Elles sont de plan trapézoïdal et de section allant du demi-circulaire au demi-rectangulaire à angle arrondi. Une barrette assez large sur le dos permettant l'accrochage était créée sur les lattes. Il y a trois types de tuiles canal dont le poids varie de 0,8 kg a 1,7 kg. -Les tuiles couvre-joints (17) Elles sont de plan trapézoïdal et de section demi-circulaire. Un petit téton est fixé à l'intérieur pour permettre de caler les tuiles les unes sur les autres. Il y en a également trois catégories différentes dont le poids varie de 0,9 kg a 1,7 kg. 68

69 Tuiles canal type : A,B,C (16) -Les tuiles d'abouts (18) Ce sont des tuiles couvertes de joints demi-circulaires ou demirectangulaires, sur lesquelles on a rapporté des masques de volume très important. Ils sont creux et une perforation de la tuile évitait l'éclatement pendant la cuisson. Le masque peut représenter trois pétales de lotus appuyées les uns sur les autres et deux pétales rabattus vers le bas ou deux pétales de lotus appuyés l'un sur l'autre avec le bord du pétale supérieur qui présente des flammèches à trois pointes se découpant en relief. Sur le pétale inférieur, deux fleurons superposés se détachent. Sur la base du pétale supérieur, le bord extérieur du pétale inférieur présente ces mêmes flammèches à trois pointes. Ces décors-ci très fragiles ont presque toujours disparus. 69

70 Tuiles faîtières Tuiles couvres-joints type : A,B,C (17) 70

71 Tuiles d abouts (18) -Les épis de faîtage (19) Il y a différents types d'épis selon l'endroit où ils sont placés. On peut dire qu'il y a quatre types, qui reposent sur une tuile couvre-joint parfois retaillée en selle sans bord relevé ou bien alors avec une feuillure latérale qui repose directement sur le plat de la tuile faîtière. La modénature n'est pas très régulière. Ces pièces sont généralement tournées avec plus de soins que les autres. Certains de ces épis étaient de grande taille et dans ce cas tournés en deux pièces. Ces deux pièces sont généralement fixées sur une longue tige dont la base est une petite selle oblongue. La modénature sous la pointe terminale comprend généralement deux baguettes séparées par une gorge. 71

72 -Méthodes de confection des tuiles -Modelées dans des coquilles et reprises à l'extérieur par une spatule. -ou bien modelées sur des mandrins recouverts d'une toile ou sur des poupées. Les masques sur les tuiles d'abouts ont été moulés séparément, puis collés sur des tuiles couvres joints. Le raccord était souvent caché par un boudin de terre. Les épis sont tournés. Même lorsqu'il sont pleins, la tige est parfois amincie au couteau, sans doute après un premier séchage, la pâte blanche rose ou ocre jaune est souvent riche en dégraissant fait de fins graviers de fragments de terre cuite pilés grossièrement. Les tuiles sont grossièrement émaillées sans grand soin. La glaçure est sans plomb. La coloration serait due à l'urane dont la teinte est jaune en atmosphère oxydante et gris vert en atmosphère réductrice. Il est probable que des fours ont été construits prés de chaque site pour fournir les bâtisseurs. Autre épi de faîtage de type B,B, D 72

73 Montage final 73

74 3-Décoration rime avec religion Beaucoup de monuments khmers présentent des décorations et des bas-reliefs époustouflants, comme le Bayon, Angkor Vat, le Banteay Srei ou le Baphuon. Le moindre emplacement a été utilisé pour sculpter des scènes de la vie quotidienne, des cérémonies importantes ou des scènes qui se rapportent aux croyances religieuses. Il serait impossible de montrer les gravures ou de tenter une quelconque explication sans avoir auparavant parlé du bouddhisme, du brahmanisme et des principales divinités que l on retrouve dans l iconographie khmère. 3/1- Religions et croyances du peuple Khmer Les temples d'angkor entremêlent deux religions, le bouddhisme du Grand Véhicule et le brahmanisme, auxquelles s'ajoute un culte importé de Java, le culte du Dieu-Roi ou Devaraja. Tout laisse à penser que les deux religions officielles coexistaient et tendaient même à se fondre l'une dans l'autre. Les sculptures d'angkor mélangent les symboles religieux et même les divinités. «Les temples d'angkor entremêlent le bouddhisme, le brahmanisme, et le culte du Dieu-Roi» Certains chercheurs pensent qu il n'y eut jamais de guerres de religion, tout au plus des appropriations successives de certains temples : les circonstances politiques firent que les mêmes temples furent affectés tantôt à l'une, tantôt à l'autre de ces religions. Ces changements se seraient parfois accompagnées d'actes de vandalisme, mais parfois les emblèmes de la religion "sortante" étaient simplement retaillés : ainsi les brahmanes transformèrent les Bouddhas en ascètes barbus, et les bouddhistes détruisirent certains linga. D autres spécialistes estiment cependant qu il y eut à certains moments de vraies rivalités religieuses. Selon Maurice Glaize, la montée du bouddhisme entraîna en 1245 une réaction violente des brahmanes qui a laissé des traces sur les statues et les bas-reliefs qui portent encore des marques de buchâge. Le récit de voyage de Tchéou Ta-Kouan à Angkor en 1296 nous apprend qu à cette époque, les adeptes de trois religions coexistent à Angkor : des brahmanes, des bonzes, moins bouddhistes, et des ascètes vivant en monastère et rendant un culte au linga. 74

75 3/2-Le brahmanisme Les différentes images des divinités brahmaniques apparaissent surtout sur les linteaux, les frontons, et les bas-reliefs. Le Brahmanisme est fondé sur l'idée d'une «âme universelle que les apparences nous empêchent d'atteindre». Elle est représentée par une multitude de dieux principaux et de personnages divins qui sont souvent représentés sur ces gravures. Il faut souligner que les Khmers n'ont jamais été formellement attachés aux règles indiennes en ce qui concerne les attributs des divinités, et qu il est souvent ardu de reconnaître le dieu représenté par une statue... Civa -Les principales divinités: Civa (ou Shiva), la divinité suprême. Il est le dieu créateur et destructeur, symbole des violences énergétiques du monde. C'est aussi un ascète qui cherche la perfection dans la méditation. Sa représentation symbolique est celle du Linga (emblème phallique). Son nombre de bras et de visages est variable. Il a un troisième oeil au milieu du front et porte souvent un trident. Il a plusieurs épouses, Parvati, déesse de la terre, Uma la Gracieuse et Durga la Batailleuse. Sa monture est le taureau Nandin. Brahmâ Brahmâ, symbole de l'activité, est le dieu créateur. Il est représenté avec quatre bras et quatre visages. Son épouse est Sarasvatî. Sa monture est l'oie sacrée Hamsa. Il est représenté comme divinité principale sur des linteaux préangkorien. 75

76 Vishnou Vishnou, symbole de la bonté, est le dieu préservateur. Il est représenté avec quatre bras et un seul visage. Ses bras portent un disque, une conque, une boule, une massue. Sa monture est le Garuda(16), oiseau à corps d'homme et à bec d'aigle. Son épouse est Laksmi, déesse de la beauté. Vishnou détient des pouvoirs importants parmi lesquels celui de descendre sur terre en s'incarnant en homme ou en animal. Ces "avatars de Vishnou", descendent sur la terre pour triompher des forces du mal. Les avatars de Vishnou sont racontés dans deux célèbres légendes hindoues, le Ramayana et le Mahabharata, reprises dans le Ramayana khmer. Il y a par exemple Krisna, Rama qui met fin au pouvoir tyrannique des démons sur l île de Lanka, ou la tortue qui devient le support du mont Mandara. Parmi les autres divinités brahmaniques que l'on retrouve dans la statuaire d'angkor, citons : Ganesha, l'un des enfants de Civa et de Parvati, dieu de l'intelligence. Son aspect physique est curieux : un peu ventru, ceint du cordon brahmanique, il possède une tête d'éléphant expliquée par une légende. Chargé de monter la garde à la porte de sa mère, il empêcha son père ivre d'entrer, mais son père le décapita. Sa mère plaida sa cause auprès de Civa, qui consentit à lui rendre une tête, celle du premier passant qu il rencontrerait... qui fut un éléphant. Ganesha (#) 76

77 Surya, dieu du soleil nimbé du disque solaire et monté sur son char emporté par un attelage de chevaux fougueux. Skanda, dieu de la guerre. Il monte un paon ou un rhinocéros. Skanda (#) Indra, ordonnateur de la pluie monté sur Airâvana, l'éléphant blanc, la plupart du temps à trois têtes, et qui est né à la Mer de Lait. Les Rsi, sages barbus. Ils ont les jambes croisées et les mains jointes en signe de prière. Kâma le dieu de l'amour. Les innombrables et aériennes apsara (13), danseuses célestes nées du barattage de la Mer de Lait, qui, quand elles ne dansent pas, deviennent les déveta(14). Les gardiens de portes ou dvarapala armés d'une lance. les Deva, dieux bienfaisants aux prises avec les démons asuras, etc... Les nâga (15), modelés sur le cobra ou serpent à lunettes: serpents à plusieurs têtes qui sont les génies des eaux. 77

78 Déveta (14) Légende de nâga et de garuda : *Les nâga sont aussi les ennemis mortels des garuda. Une légende raconte l amour de deux femmes pour un prince indien. L une d elle était gentille et serviable, alors que l autre était jalouse et méchante. Le prince décida cependant d épouser la femme jalouse. Sa rivale malade d amour demanda au dieu comment reconquérir son amour. Répondant à son appels un sous dieu lui demanda d aller chercher l eau de la vie dans le palais céleste de Vishnou. Ne pouvant pas voler, elle implore ce sous dieu de l aider. Il lui donna alors un enfant, mi-aigle mi-homme, le garuda. Le garuda pénétra dans le palais de Vishnou, mais se fit surprendre. Il se battit avec Vishnou durant plusieurs jours, et finalement le dieu impressionné par la force du garuda lui demanda de devenir sa monture, ce qu il accepta. Pendant ce temps, la femme méchante et jalouse avait accouché d un autre être fantastique, le nâga, que le garuda dévora. 78

79 Nâga polycéphale (15)(#) Balustrade nâga (#) 79

80 Apsara, Angkor Vat (13) Le Garuda (16)(#) 80

81 3/3-Le culte du Dieu roi Au IX ème siècle, Jayavarman II, le fondateur d'angkor, imposa le culte du Dieu-Roi (Devaraja) et l intégra au Brahmanisme. Le roi devient l incarnation de Civa, le dieu supérieur de la trinité brahmanique : Brahmâ, Civa, Vishnou. Il doit être adoré comme une divinité, avec des rites formels dont l'observance fut confiée à une même famille de brahmanes pendant des siècles. L'introduction de ce culte est attestée par une unique source d'information, la stèle de Sdok Kok Thom, postérieure de 250 ans au règne de ce roi. Il est probable que la famille brahmane qui avait en charge ce culte, au début fort modeste, ait voulu lui donner, 250 ans plus tard, un aspect grandiose, pour augmenter son propre prestige. En cherchant les origines de ce culte, certains chercheurs ont pu conclure qu'il existait, aussi bien au Champa qu'au Cambodge et à Java, une tradition établissant "un rapport étroit entre Civa, son linga, un Brahmane éminent et la dynastie régnante". Civa et le roi-dieu partagent le même symbole religieux, le linga, qui, à l'origine, est le symbole de Civa. Coupe d un linga avec sa table d ablution 81

82 Il semble que le culte du Devaraja, civaiste d'origine, se soit adapté sans difficultés au brahmanisme puis au bouddhisme. C'est Jayavarman VII, roi bouddhiste du XIIème siècle, qui décida de s'incarner non plus dans le linga mais dans le Bouddha. Son essence divine sera adorée sous les traits du Bouddha comme au Bayon. Le "Bouddha vivant", Jayavarman VII(17), ne se contenta pas de sa propre déification: il compléta la trinité Bouddhique en introduisant le culte de ses parents, son père, déifié, étant vénéré au Prah Khan, et sa mère, déifiée elle aussi, au Ta Prohm. Jayavarman VII (17)(#) Un linga (#) 3/4- Le bouddhisme - L introduction du bouddhisme au Cambodge Il y a un nombre infini de bouddha, terme qui signifie «éveillé à la connaissance». Le dernier, le prince Siddharta Gautama, est né en 560 av JC au Népal. Il vivait dans une cité protégée, un cocon ou tout était bonheur et plaisir. A vingt-neuf ans, il décide toutefois de sortir dans le monde extérieur, et découvre l existence de la misère, de la maladie et de la mort. Il décida alors de quitter la cité pour entreprendre un voyage initiatique au Népal et en Inde, en menant une vie d ascète, puis en prêchant sur les routes de l Inde pour aider les hommes à se détacher de toute souffrance. Au terme d une profonde méditation, il finit par atteindre le nirvana, l état de pureté absolue. 82

83 Au 12ème siècle Jayavarman VII, roi bouddhiste, décida d'abandonner le linga et de s'incarner dans le Bouddha. Il créa la trinité Bouddhique (Bouddha, Lokecvara, Prajnaparamita) en instaurant le culte de ses parents. Sa mère devint la déesse Prajnaparamita, mère spirituelle de tous les Bouddhas, dont l'âme séjournait au Ta Prohm. Son père devint le bodhisattva Lokeçvara, le "Bouddha compatissant", le dieu de bonté accessible à tous, demeurant au Preah Khan. C'est Lokeçvara, père de Jayavarman VII, qui, semble-il, étend sa protection à tout l'univers sur les tours à quatre visages du Bayon. Il est souvent représenté debout ou assis sur un lotus épanoui. Ses bras multiples portent un livre, un flacon, un rosaire et un lotus. Il peut présenter plusieurs têtes étagées, et souvent émanent de lui de multiples petits êtres. «Les termes «petit» ou «grand véhicule» désignent le moyen de progresser vers le Nirvana.» Au XIII ème siècle, le bouddhisme du Grand Véhicule céda devant le brahmanisme qui, petit à petit laissa la place au bouddhisme du Petit Véhicule de langue pâli (Ceylan), qui est encore la religion officielle du Cambodge. Les termes «petit» ou «grand véhicule» désignent le moyen de progresser vers le Nirvana. Pour les adeptes du bouddhisme du Petit Véhicule, ce chemin est plutôt étroit et réservé aux moines, mais les actions de chacun sont comptabilisées et déterminent la vie future. Le bouddhisme dit du «Grand Véhicule» considère que le chemin de la connaissance est plus ouvert : à côté du Bouddha, on trouve des bodhisattvas, l équivalent des saints, qui sont parvenus au seuil du nirvana, mais qui se consacrent à l enseignement et au progrès des autres plutôt qu à leur propre salut. -Les représentations de Bouddha Les nombreux épisodes de la vie de Bouddha ("le grand départ" où l'on voit les dieux amortir le bruit des sabots de son cheval, la tentation du démon Mara...) se retrouvent fréquemment sur les bas-reliefs. Les statues représentent le Bouddha dans des poses diverses qui toutes ont une signification : Bouddha couché sur le côté droit, un bras replié sous la tête, l'autre le long du corps exprime l'attitude de l'entrée au Nirvana, Bouddha assis à l'indienne, les jambes repliées devant lui, les paumes en l'air, posées sur les genoux : l'attitude de la méditation, souvent un arbre. 83

84 Le Bouddha debout, bras pliés au coude, paumes retournées vers l'avant est dit dans la pose de "l'absence de crainte" ou la "pose de l'accueil". Lorsque le Bouddha allonge la main droite devant la cuisse, les doigts tendus vers le sol, il est "attestant la Terre". Si la paume est tournée en l'air c'est l'attitude de "la charité". Le geste de la "prédication" ou de la "roue de la loi" se reconnaît aux mains ramenées contre la poitrine, un doigt de l'une entre le pouce et l'index de l'autre. Le visage de Bouddha est invariablement empreint d'une sérénité souriante et d'une grande douceur. Le corps est vêtu d'une robe de moine découvrant l'épaule droite. Sur la tête est posée "l'usnisha" sorte de chignon en bouclettes. (En Thailande et au Laos le chignon est surmonté d'une flamme et l'ovale du visage est allongé). Revêtu d'un costume princier, coiffé d'un diadème et d'un chapeau conique (mukuta), "paré", le Bouddha est souverain du monde. Le Bouddha peut parfois porter un signe sur le front. Le Bouddha, quand il est assis, est presque toujours posé sur un socle garni de pétales de lotus ou sur les replis du corps du nâga Mucilinda dont les têtes, toujours en nombre impair, sont déployées en éventail pour le protéger de l'orage pendant sa méditation. -Bouddha méditant, assis sur un nâga L'empreinte du pied du Bouddha, sur laquelle sont gravée, autour d'une roue (chkra), de nombreuses inscriptions, constitue aussi un sujet d'adoration. (Phnom Bakeng) 84

85 3/5- L ornementation L ornementation reste le triomphe de l architecture khmère, elle souligne et rehausse chaque forme et cela sans la dominer. Dans la plupart des monuments khmers, ces décors ou gravures enlèvent la froideur que pourrait avoir un monument d une telle ampleur. Dans un décor floral, il est très difficile de discerner une catégorie de fleurs. Les plantes sont associées et peuvent finir par le corps d un nâga, ou en un rinceau quelconque. Les fleurs en séries se reconnaissent mieux et on peut trouver des lotus épanouis, des moulures décorées de pétales et des fleurs en semis, ou mélangées avec des animaux stylisés. Principaux animaux utilisés comme motifs de décoration : Le Taureau, à bosse ou zébu, grand bovidé domestique élevait en inde. Les éléphants présent dans toutes les scènes de guerres, ou de défilés souvent harnachés. Les lions, souvent représentées de façon curieuse, ressemblent plutôt à des chiens hargneux, les yeux globuleux et les narines dilatées. Ils sont souvent dressés sur leurs pattes de derrière. Les singes, qui ont souvent un corps ou certains attributs humains. Le cheval, il apparaît aussi sur des scènes de bataille ou de défilés. Le makara, c est un animal composite fantastique au corps de saurien et à tête d éléphant. Singe Eléphants Apsara 85

86 Les temples en briques étaient recouverts de stuc(18), il en reste de très belles traces au Preah Ko de Roluos. Les briques étaient alors présculptées. Les murs extérieurs de certains temples en briques (notamment le Mébon oriental) présentent actuellement d'innombrables trous d'accrochage régulièrement disposés (à ne pas confondre avec les trous de transport). Il se pourrait qu'ils fussent recouverts de plaques de métal. On retrouve ces trous d'accrochage dans les parties les plus nobles de beaucoup de temples ( sanctuaire central du Preah Khan, par exemple). Les pièces étaient closes par des portes en bois, dont il ne reste plus aujourd hui que les systèmes de fixation que l ont retrouve partout. Il en est de même pour les cinq entrées d'angkor Thom pour lesquelles on a en plus le témoignage de Tchéou Ta Kouan. «Il est probable que certains sols devaient être dallés d'argent ou d'or.» Des plafonds en bois sculptés cachaient les superstructures des toits. Il est probable que certains sols devaient être dallés d'argent ou d'or. Il ne semble pas que les murs étaient peints. Les traces de couleurs dateraient de l'époque où des moines squattaient les temples, car on sait que ces temples n ont jamais été réellement abandonnés après le XIVè siècle. Chaque pièce abritait une statue ou un symbole religieux. Les idoles étaient parées de pierres précieuses et, au moins pendant la période bouddhique, habillées. Toutes ces richesses originelles de décorum ont disparu dès le 15 ème siècle, emportées par les vainqueurs, les Cham (1177) ou les Siamois (1353, 1431). Certes, toutes les statues ne furent pas emportées mais on peut se demander si les idoles ne furent pas mutilées dès cette époque. Il devait être du devoir du vainqueur soit de s'approprier la protection des dieux attachée aux statues, soit de les éliminer. Stuc (18)(#) 86

87 3/6-La sculpture Durant la première moitié du XII ème siècle, le puissant roi Sûryavarman II fait édifier le monumental temple d'angkor Vat, chef d'œuvre de l'architecture khmère consacré à Vishnu. Les artistes de la période angkorienne portent alors à la perfection les normes héritées d'une tradition vieille de plusieurs siècles. Jusqu'à la fin de la période angkorienne, les sculpteurs ont privilégié le travail du grès, même s'ils ont aussi ciselé la brique, modelé le stuc et la terre cuite. Les affleurements de grès sont nombreux au Cambodge, et de couleurs variées, rose, violacée, verdâtre. C'est le grès, dans toutes ses nuances de gris, qui a été, en général, le matériau le plus habituellement utilisé. Comme les prêtres de cette époque, les architectes, tailleurs de pierres, sculpteurs et ouvriers ne sont que les serviteurs du culte, ils œuvrent avec une égale abnégation, en restant anonymes. Ils reproduisent des modèles sans chercher à apporter une touche personnelle, et ce qu ils exécutent est à base de constante répétition : l art réside en ce que cette répétition n engendre pas la monotonie mais le rythme. Moulures ornementées (#) Les sculpteurs pratiquaient la technique de la taille directe. Après un épannelage grossier, l'artiste affinait progressivement l'œuvre de façon à harmoniser les formes et les volumes avec des règles fixées dans des traités sur les oeuvres d'art, les "çilpaçâstra". Les oeuvres ainsi produites pouvaient varier de quelques dizaines de centimètres jusqu'à plus de deux mètres. 87

88 Répondant à l'imposante majesté architecturale des temples, les sculpteurs s'attachent à donner une allure hiératique aux idoles qui manifestent ainsi leurs dimensions surhumaines. L'aspect physique de leurs épaules carrées, de leur torses bombés et de leurs jambes sans modelé, la richesse de leur parure, leur costume au plissé rectiligne viennent renforcer l'impression de rigidité. Le traitement du drapé est exceptionnel dans l'art khmer. Le tissu de la jupe moule les hanches et semble frémir autour des jambes. Quand ils ne sont plus bridés par les règles sacrées pour l'exécution des images des divinités, les sculpteurs donnent alors libre cours à une fantaisie plus profane, comme en témoignent les innombrables "devatâ" et "apsara" qui animent les murs des temples. Représentation de divinités, Musée Guimet (#) (#) Ornementation Musée Guimet (#) Panneaux sculptés, Angkor Vat (#) 88

89 3/7 - Description de temples -La grande ville Angkor Thom est une ville entourée de murs d enceinte qui forment un carré de trois kilomètres de coté avec une hauteur d environ 8 mètres et qui délimitent une surface de 900 hectares. Ce vaste quadrilatère qui recouvre aussi la partie nord de l ancienne capitale Yasodharapura est partagée par deux axes Nord-Sud, Est-Ouest sur lesquels quatre portes ont été construites, plus une porte supplémentaire sur le coté Est. Au centre de cette ville se trouve le temple du Bayon et un peu plus excentré vers l Ouest le Baphuon. Dans le quart Nord-Ouest se trouve le palais royal ou Phimeanakas et dans son prolongement la terrasse des éléphants. A l intérieur de la ville on relève un dénivelé de 3 mètres entre les angles Nord-Ouest et Sud-Ouest. Cette déclivité aboutit à un bassin, le Beng Thom, ou grand étang. L eau s évacue dans la douve par cinq passages voûtés qui traversent la muraille. La ville avait un réseau de canalisations et de canaux assez complexe, mais peu visible de nos jours. Angkor Thom 89

90 -Un temple de beauté Angkor Vat reste le plus connu et le plus magnifique de part ses rénovations qui sont récentes, qui continuent de nos jours et mettent en valeur le monument. Il a été construit en dehors de Angkor Thom. Il mesure environ avec les douves extérieures 1470 mètres de long sur 1650 mètres de large, et couvre une surface de 240 ha. Le monument en luimême ne mesure que 187 mètres sur 215 mètres pour une hauteur de 58 mètres. Les prasat restent fabuleux, élancés vers le ciel tels des flèches. A Angkor Vat, plus de 1700 devatâ et apsara ont été recensées. Elles offrent au regard leur grâce exquise, rehaussée par l'infinie variété de leurs costumes, de leurs parures et de leurs attitudes enjouées. Disposées sous une arcature ou dans un décor de feuillage, ces figures féminines, au visage souriant, se tiennent isolées ou en groupe, silencieuses ou conversant entre elles. L'une relève sa tête fine, ceinte d'une tiare à trois pointes, tandis que sa main joue avec le long pan de son vêtement. Une autre élève un miroir près de son visage. Une autre encore, à une branche fleurie piquée dans ses cheveux, et entoure de son bras les épaules de sa compagne. Plan de dessus de Angkor Vat avec les noms des bas reliefs Ces galeries ont toutes été nommées tel ci-dessus : -la galerie Sud, aile Est, dite Galerie des cieux et des enfers -la galerie Est, aile Sud, dite Galerie le barattage de l océan de lait -la galerie Est, aile Nord, dite Galerie la victoire de Visnu sur les asuras -la galerie Nord, aile Est, dite Galerie la victoire de Krisna sur l asuras Bana -la galerie Nord, aile Ouest, dite le combat des asuras et des deva -la galerie Ouest, aile Nord, dite la bataille de lanka 90

91 Les bas-reliefs d'angkor Vat tiennent aussi une place de choix au sein de l'art khmer. D'immenses compositions, se déployant le long des galeries de la troisième enceinte, atteignent 90m de long. Elles représentent, entre autres, les péripéties des dernières batailles des épopées du Râmâyana et du Mahâbhârata, mais aussi le grand mythe de création du barattage de l'océan de lait pour obtenir 'l'amrta" (la liqueur d'immortalité) et le roi Sûryavarman 2 partant à la guerre, monté sur son éléphant à quatre défenses. Les sculpteurs ont gravé au trait le contour des silhouettes, dégagé les volumes et ciselé les détails des visages, des corps, des parures, des chars de combats et des guerriers en armes, avec un art magistral. Angkor Vat, gravure sur un linteau (#) Les flèches d Angkor Vat 91

92 Gravures murales, Angkor vat (#) Gravures murales, Angkor Vat (#) 92

93 -Quand la pierre sourit Le Bayon se trouve au centre d Angkor Thom et ses quatre portes monumentales sont exactement situées sur les deux axes de la ville. Il mesure 140 mètres sur 160 mètres pour une hauteur de 43 mètres. Ce temple est un assemblage de pierres très dures à discerner de loin mais dès que l on s approche tout apparaît : les gravures, et les fameux visages souriants qui ont fait la réputation de ce temple. De nos jours seulement 37 tours à visages sont encore existantes, mais on pense qu elles devaient être plus nombreuses. Il y en avait peut-être 54, avec 216 visages. Selon une légende, ces tours à visages auraient été construites pour surveiller les 54 régions khmères de l époque. Plan du Bayon Le Bayon se compose de trois terrasses, avec les tours à visages sur la dernière. Sur chaque coté du temple des récits de guerre, et des scènes de la vie de tous les jours sont gravés avec soin. Pour accéder à ces terrasses un enchevêtrement d escaliers et de galeries donne au Bayon ce coté magique et terrifiant à la fois. Cela n engage bien-sûr que moi. 93

94 le Bayon Les tours à visages du Bayon 94

95 Le Bayon (#) Gravures sur la vie khmère au Bayon 95

96 -Quand la pierre est décorée Le temple brahmanique du Banteay Srei est considéré comme un pur joyau de l'art khmer, il est aussi comme Angkor vat construit à l extérieur de Angkor Thom. Ce temple est relativement petit, il ne dépasse pas les 50 mètres hors murs extérieur, mais l œil est saisi par la richesse de sa décoration : motifs végétaux stylisés, frises, arcatures, représentations humaines ou animales en relief ou en "ronde-bosse" sculptées dans un grès rose aux subtiles nuances. Jamais les artistes n'avaient évoqué avec autant de vie et d'habileté les épisodes légendaires de la vie de Shiva. Au fronton oriental de la "bibliothèque" sud, par exemple, de somptueux bas-reliefs représentent l'ébranlement par le démon Râvana du Kailâsa, la montagne sacrée de Shiva. Ils se distinguent par un extraordinaire luxe des détails et un état de conservation exceptionnel. Plan du Banteay Srei 96

97 Banteay Srei, prasat (#) Banteay Srei, entrée du temple (#) Banteay Srei, cour intérieure (#) Mon seul regret, pour ce temple est de n avoir pas eu assez de temps pour réellement le visiter, car à la saison des pluies, la route était en très mauvais état, et le trajet nous a pris trop de temps. 97

98 4 - La redécouverte et les méthodes de rénovation sur le site d Angkor 4 /1 -Les principaux «découvreurs» -Tchéou Ta Kouan en 1296 Il est aussi appelé, Zhou Daguan, et il était un des accompagnateurs de l ambassade chinoise de la dynastie des Yuan. Il reste au Cambodge une année, et visite Angkor Thom en 1296, ce qu il raconte dans ses «Mémoires sur les coutumes du Cambodge». Ces mémoires attendront jusqu en 1902 pour être traduits par Paul Pelliot, qui rendit ainsi accessibles toutes ces informations qui restent à ce jours les plus complètes. -Missionnaires espagnols et portugais en 1550 Diego Do Couto, fait une précise description D Angkor vat en 1550, mais ces descriptions ne seront publiées qu en Le dominicain portugais Gaspar de Cruz visite le Cambodge en Pèlerin japonais Au 17 ème siècle un pèlerin japonais dessine le premier plan connu d Angkor Vat. Ce plan sera découvert au japon en Le père Charles-émile Bouillevaux Il vivait entre Bangkok (Thaïlande) et Battambang (Cambodge) Ce sera le «premier touriste» à Angkor. Ses descriptions seront publiées en France en 1857(Voyage en Indochine , L Annam et le Cambodge) Ces écrits serviront à Henri Mouhot. -Henry Mouhot 1860 Journaliste- explorateur français et en mission pour la British Royal Geographic Society, il fut le premier occidental à vanter auprès du grand public les merveilles d Angkor en Ses descriptions seront publiées dans le journal le «Tour du monde» et la Bibliothèque rose. -Adolf Bastian 1863 Cet Allemand ethnographe fut le premier qui associa l architecture khmère à l architecture indienne. -Doudard de Lagrée 1860 Polytechnicien, marin et l un des principaux artisans du protectorat français au Cambodge, instauré en 1863 et qui incluait alors la région d Angkor (le Siem Reap) 98

99 L une de ses premières missions porta sur Angkor et les autres sites archéologiques. On lui doit les premiers plans précis de temples. Il mourut en 1868 au court de cette mission dans le Yunnan. -J.Moura Il a été le premier à essayer de retrouver la lignée des rois khmers. -Auguste Pavie Ancien sergent de l infanterie coloniale et représentant du protectorat à Kampot, il vécut onze ans au Cambodge. Il devient vice-consul de Luang Prabang, puis commissaire général au Laos. Il rédigea ses mémoires en dix volumes sur ses différentes missions. -Louis Delaporte 1873 Dessinateur habile et compagnon de Doudart de Lagrée, auquel il succéda comme chef de la mission du Mékong, il fut ensuite chargé d une étude sur les monuments khmers qui fut publiée sous le titre «Voyage au Cambodge» Il fit beaucoup d effort pour faire connaître Angkor et ses temples en France. Avec Delaporte on peut dire que l ère des découvreurs se termine pour laisser place à celle des touristes. -Etienne Aymonier Epigraphiste et marin, il fait le premier inventaire des monuments d Angkor, dans trois volumes d études sur le Cambodge ou les premières traductions des inscriptions trouvées sur le site sont données. -Lunet de la jonquière Il continue le travail d Etienne Aymonier en recensant et en numérotant 910 monuments. En 1899, l Ecole française d Extrême-Orient est créée et fonde en 1908 la Conservation d Angkor. -Georges Groslier Né au Cambodge le 4 février 1887, il étudie en France à l école des Beaux-Arts. Il fait découvrir l art khmer au travers de ses livres et conférences. Il est aussi le créateur du musée Albert Sarrault qui est le musée national de Phnom Penh. Il est reconnu comme le grand rénovateur des arts khmers. Il mourut prisonnier au Japon pendant la Seconde Guerre Mondiale. 99

100 4/2 - Les actions nationales et internationales pour la préservation d Angkor Les temples d Angkor ont une valeur historique, architecturale et scientifique unique. Il était important de prendre ses mesures de protection spécifiques, afin de sauvegarder l'intégrité de ces groupes de monuments, souvent très dispersés et à l abandon, mais le Cambodge n avait pas les moyens d y arriver seul. L UNESCO a donc mis en place un programme de coopération unique. - La prise de conscience En 1991, le roi du Cambodge, Norodom Sihanouk, fait appel à la communauté internationale. Il achève de ratifier les trois principales conventions internationales sur la protection des biens culturels : la convention de La Haye de 1954, la convention de 1970 et la convention de «La France et le Japon président le comité international pour la préservation d Angkor» En 1993, le site est classé au patrimoine mondial de l humanité par l UNESCO. Toutefois, comme l explique Marc Verrot, le chef de projet de l Ecole française d Extrême-Orient, «ce classement n est pas acquis, l Etat cambodgien doit prendre des engagements pour protéger le site. Or, le pays n avait aucun moyen de le faire : pas de loi qui protège le patrimoine ni d organisme chargé de la faire respecter». En 1993 la conférence de Tokyo pose les bases de la protection d Angkor, sous l égide du Japon et de la France, qui président un comité international. Son secrétariat permanent est assuré par l UNESCO. Peu après, le Cambodge adopte la loi sur la Protection du Patrimoine Culturel : Article 5 : L'Autorité APSARA est "responsable de la protection, la conservation et la mise en valeur des biens culturels nationaux"dans la province de Siem Reap, et est ainsi responsable de la tenue ou de l organisation des fouilles de sauvetage dans la région. Si L Apsara le juge nécessaire, des fouilles de sauvetage sont requises avant toute activité de construction significative. Article 69: L'Etat a le devoir de préserver et de développer la culture nationale. L'Etat a le devoir de sauvegarder et de faire évoluer la langue khmère en fonction de ses besoins. L'Etat a le devoir de sauvegarder et de protéger les monuments anciens, les objets d'art antique et de restaurer les sites historiques. 100

101 Article 70: Toute infraction portant directement ou indirectement atteinte au patrimoine culturel et artistique sera sévèrement punie. Article 71: Le périmètre du patrimoine national ainsi que celui du patrimoine inscrit comme patrimoine mondial sont considérés comme zone neutre sans aucune activité militaire. Pour assurer une protection efficace des différents sites historiques, qui contiennent souvent plusieurs monuments et couvrent une grande superficie du territoire, la loi prévoit la délimitation de sites classés. De plus, les sites monumentaux et les réserves archéologiques protégées sont de propriété publique et tous les biens qui s'y trouvent sont classés d'office. Au début des années 90, avec une aide juridique internationale, des amendements furent introduits dans le Code pénal du Cambodge, qui déterminent les sanctions contre la destruction, le vol et le trafic des biens culturels. -La création d autorités compétentes En 1995 est créé l Apsara, l autorité cambodgienne pour la protection des temples. Toutefois, d après Marc Verrot, «elle reste une coquille vide jusqu en 1999, date à laquelle le programme de coopération française est lancé». Son rayon d action s étend alors sur plus de 400 km 2 aux alentours d Angkor. APSARA a eu notamment pour rôle de mettre en oeuvre des fouilles de sauvetage avant la construction des nombreux hôtels dans la ville de Siem Reap, et de son aéroport. L Apsara a établi ou essaye d établir une carte des risques pour les monuments. Il s agit de faire vite pour essayer de sauver ce qui s effondre. Un quart des monuments ont été couverts. Un autre problème concerne les mines laissées par les Khmers rouge et la guerre. Le Cambodge possède une équipe de démineurs. On recense encore au Cambodge une cinquantaine d incidents chaque mois, ce qui pose problème lors du défrichage des monuments. Ce ne sont pas forcément des mines, désormais ce sont plutôt les obus ou les munitions qui posent problème. Marc Verrot raconte que pour le tournage du film «Deux frères» de Jean-Jacques Annaud, il a fallu défricher une zone de 20m sur 150m où 70 mines ont été retirées. Toutefois peu sont heureusement encore actives. 101

102 Panneaux d avertissement de mines au Preah Khan Un service spécial de la police française, le Service de coopération technique internationale de police (S.C.T.I.P), et l'unesco travaillent en collaboration avec le gouvernement cambodgien depuis 1994, non seulement pour former des agents de police à des techniques spécifiques de surveillance et de recherche de biens culturels, à la dissuasion, aux méthodes de poursuite et d'arrestation, mais aussi pour concevoir des structures administratives appropriées pour diffuser les informations et récupérer les objets volés, aussi bien à l'intérieur du pays que hors des frontières. Plus de 500 agents d une brigade de police d'élite ont été spécialement formés à la protection des biens culturels dans la province de Siem Reap. Une antenne d'interpol a été installée à Phnom Penh pour coopérer étroitement avec cette force. -La recherche des œuvres volées Des inventaires complets d'objets d'arts ont été réalisés par les institutions nationales (musées nationaux et provinciaux, Conservation d'angkor) avant les guerres de De nombreux objets du site, y compris les monuments eux-mêmes, ont été spécifiquement inventoriés et sont très bien documentés. Le défi que le gouvernement khmer doit maintenant relever est d'établir un inventaire d'après-guerre complet de l'héritage artistique. Comparés à la documentation d'avant-guerre, ils serviront de fondement à l'identification des objets volés et aux demandes de remise de ceux-ci. D'autre part, des inventaires actualisés sont bien entendus essentiels pour prévenir de futurs vols et récupérer les objets pillés. A Angkor, des mesures ont déjà été prises en ce sens. Les spécialistes d'art khmer de l'ecole française d'extrême-orient (EFEO), dont l'un d'entre eux a participé à l'établissement des inventaires d'avant-guerre, ont travaillé de 1994 à 1998 avec l'aide de l'unesco, pour établir un nouvel inventaire des statues de pierres entreposées à la Conservation d'angkor. 102

103 APSARA prépare une comparaison des inventaires d'avant et d'aprèsguerre afin d'établir une liste d'objets volés. L'E.F.E.O détient les photographies des objets inventoriés avant-guerre dans ses archives parisiennes : les photographies des objets manquants pourront donc être réunies dans un document final qui sera distribué par INTERPOL et d'autres agences travaillant en collaboration avec le gouvernement khmer dans la lutte contre le pillage. «APSARA prépare une comparaison des inventaires d'avant et d'aprèsguerre afin d'établir une liste d'objets volés» Ce travail s'inspire en partie d'une première publication : «Pillage à Angkor : Cent Objets Disparus». Ce livre, résultat de la collaboration entre le Conseil International des Musées (ICOM) et l'e.f.e.o, d'abord été publié en 1993, puis révisé et ré-édité en 1997, contient des descriptions illustrées de quelques-unes unes des pièces les plus importantes de la collection de la Conservation d'angkor à avoir été volées entre 1970 et Le livre a apporté une contribution significative à la lutte contre le pillage de l'art khmer, accélérant la restitution au gouvernement khmer de nombreuses pièces présentées dans le livre. Les autorités cambodgiennes et l'unesco ont pour projet de faire figurer l'ensemble des pièces qui ont disparu des dépôts de la Conservation d'angkor, entre 1972 et 1994, sur une base de données informatique spécialisée dans la lutte contre le trafic illicite de biens culturels nommés Art Loss Register. Cette base de données est largement utilisée par les banques, les assurances et les marchands d'art pour vérifier la légalité des pièces qui leur sont proposées. Le nombre total de pièces qui ont disparu des dépôts de la Conservation est évalué à plusieurs centaines. -Cas de restitution Malgré ces efforts nationaux et internationaux, les ventes d'objets culturels khmers avaient encore lieu dans les années 90 au grand jour, et dans les salles de ventes les plus renommées des capitales occidentales. Des progrès significatifs ont toutefois été enregistrés pour diminuer ce trafic illicite. Une tête en grès (inventaire DCA 1664) avait été mise en vente par Sotheby's (lot 143) à Londres en juin Elle se trouve actuellement en possession de la Honolulu Academy of Arts aux Etats-Unis. Les négociations pour son retour sont en cours depuis En novembre 1988, l'ancien premier ministre cambodgien Son Sann a demandé aux autorités britanniques d'empêcher la vente aux enchères à Sotheby's à Londres de deux statues de Vishnu. 103

104 Les deux objets sont toujours marqués des numéros d'inventaire. Cette requête ne stoppa pas la vente, mais elle permit, de par la publicité qu'elle entraîna, de porter l'attention sur ce problème. Au cours des dix dernières années, de nombreux objets ont été saisis par la police thaïlandaise, qui travaille souvent en collaboration avec le Département national des Beaux-Arts thaïlandais. Les pièces sont confisquées tant pendant leur transport entre la frontière cambodgienne et Bangkok, que dans les galeries de Bangkok. «Plusieurs procédures de demande de restitution sont en cours» La plupart des pièces saisies sont entreposées au Musée National de Bangkok, attendant une identification définitive. Un cas a cependant été résolu : 13 objets confisqués à une galerie de Bangkok en 1990 ont été officiellement rendus au Cambodge en Une série de pièces provenant du temple de Banteay Chhmar, près de la frontière thaïlandaise, a été confisquée par les autorités thaïlandaises en Conservées dans le musée provincial de Prachinburi, elles devraient être rendues au Cambodge dans un proche futur. Plusieurs procédures de demande de restitution sont en cours, elles impliquent plusieurs musées Américains et marchands d'art internationaux. -Campagnes de sensibilisation Le Département de la Culture lutte pour la sensibilisation des communautés locales, nationales, et internationales concernées à tous les aspects du site d'angkor, comprenant l'histoire, les traditions, ainsi que les problèmes de protection du patrimoine culturel, social, et environnemental. Le Département de la Culture travaille aussi avec les autorités villageoises et de district du Parc d'angkor pour encourager l'établissement de relations solides entre les villageois et les touristes. Bien que les programmes scolaires sur ce thème restent à l'état de projet, les dirigeants des communautés locales ont commencé à sensibiliser les habitants à l'importance de l'éducation des enfants, au lieu des les envoyer chercher une gratification immédiate dans la chasse aux touristes à l'intérieur du Parc... Des activités éducatives et culturelles ont aussi été mises en place avec les pagodes Bouddhistes situés dans l'enceinte d'angkor Vat. 104

105 4/3 - Conservation et maintenance La communauté internationale a pris en charge une dizaine de monuments, la France se concentrant sur le Baphuon, comme nous le verrons plus tard. Aujourd hui une trentaine de temples sont hors de danger. Des experts internationaux visitent deux fois par ans les chantiers, comme Pierre-André Laborde, inspecteur général des monuments historiques à Versailles. Ils donnent aussi un avis technique sur les projets et les temples à risques qui doivent être rénovés d urgence. Les experts rencontrent cependant des problèmes de vocabulaire, car ils n ont pas toujours les mêmes références architecturales. Pour la restauration, toutes les équipes ont choisi la méthode du démontage/remontage ou anastylose, à l exception des Italiens qui procèdent au rééquilibrage des charges avec des tirants. «Ces divergences, raconte Marc Verrot, ont donné lieu à de grands éclats entre les différents restaurateurs et maîtres d œuvre. Aujourd hui, c est pourtant bien le recentrement des charges qui est préconisé par la charte de Venise.» -Les équipes de conservation Les temples d'angkor souffrent actuellement de dégradations de toutes sortes. La fréquentation massive mais non maîtrisée des touristes nationaux et internationaux a soulevé des problèmes nouveaux en ce qui concerne la restauration. Alors que jusqu'aux années 1960, les villageois et les touristes nationaux ne passaient pas devant le temple sans ôter leurs chapeaux en signe de dévotion, Angkor risque de nos jours de devenir une place marchande, vidée de toute valeur sacrée. L'assaut touristique comporte aussi de nombreux risques pour l'intégrité physique du temple. En réponse à cette situation, APSARA a commencé à mettre en place, en juillet 1999, un plan d'urgence visant à : protéger le site contre ces dégradations physiques., le mettre en valeur par des actions de sauvetage physique, y compris de restauration, et des actions de nature pédagogique au profit de tous les touristes et pèlerins. Des équipes de conservation ont été créées pour couvrir, dans un premier temps, les principaux temples: Conservation d'angkor Vat, 40 personnes Conservation d'angkor Thom, 70 personnes Conservation de Kbal Spean et Banteay Srei, 25 personnes Conservation de Roluos, 30 personnes, Conservation du Bayon, 65 personnes. 105

106 Chaque équipe est constituée de gardes (choisi parmi les villageois de la région d'angkor) qui travaillent sous la responsabilité d'une petite équipe dirigeante, elle-même composée d'architectes, archéologues et ingénieurs. Ces gardiens sont chargés d'assurer un ensemble d'activités variées, telles que : s'assurer que les déchets sont convenablement déposés dans les nouvelles poubelles disposées à cet effet ; interdire aux visiteurs de grimper sur les structures du temple, de toucher les basreliefs, et de pénétrer dans les zones de chantier de restauration. Ils doivent également vérifier que toutes les photographies professionnelles, les films et autres activités de documentation sont effectués avec l'autorisation de l autorité APSARA, et en accord avec la réglementation de protection. L'équipe qui dirige est aussi chargée de contrôler l'évolution des structures des temples, de préparer des consolidations d'urgences, d'effectuer des cartes des risques, de façon à prévenir les dégradations futures et d améliorer la qualité de la visite pour les touristes. «Des équipes de conservation ont été créées pour couvrir, dans un premier temps, les principaux temples» Dans l'immédiat, APSARA a entrepris des actions de remise en ordre du temple : l'établissement d'un système de gardes APSARA. 250 gardes en uniforme (de nombreux autres seront nécessaires dans le futur) sont stationnés aux principaux temples d'angkor depuis août Ils travaillent en collaboration avec la Police du Patrimoine Culturel. APSARA gardes délimitation d'un espace de vente. Aucune vente n'est permise en dehors de zones délimitées, dont les vendeurs doivent maintenir la propreté et l'ordre général. Assistance aux mendiants en vue d'éliminer la mendicité de l'enceinte d'angkor. Depuis quelques années, Angkor attire de plus en plus de mendiants, souvent handicapés. Ces personnes sont aussi sujettes à exploitation, elles doivent quotidiennement acheter le droit de mendier pour un montant non déterminé et n'ont pas de logement stable. Nombre d'entre eux sont amenés chaque matin en camion et doivent donner une partie de leurs revenus à des superviseurs. 106

107 Ces autorités ont conçu des programmes pour reloger dans des villages de la province les individus vivant et mendiant actuellement dans les temples. Ces individus auront droit à une assistance financière du gouvernement pendant et après leur relogement afin de leur redonner leur indépendance au sein du village. De plus, APSARA a demandé l'assistance d ONG internationales pour aider les mendiants à refaire leur vie. Encourager les enfants à aller à l'école au lieu de mendier ou de vendre des boissons, de la nourriture et des souvenirs. Victimes du même système d'exploitation, de nombreux enfants des villages travaillent dans l'industrie du tourisme, au détriment de leur éducation scolaire. L'Autorité APSARA travaille actuellement avec des dirigeants de village et de district, le Comité de développement des villages du programme de volontaires des Nations-Unies, et la police du patrimoine, pour décourager cette pratique. Comme la pauvreté et le manque d'éducation des parents eux-mêmes constituent la racine du problème, APSARA est en train de concevoir des programmes d'éducation et de développement en vue de mettre en place des solutions de long terme. D'autres mesures sont prises, telles que la mise en place de panneaux rappelant aux visiteurs la nécessité de garder le temple propre, la distribution de brochures, ou encore la réalisation de panneaux discrets expliquant les bas-reliefs des galeries... -Equipe de maintenance Une unité d'entretien quotidien des temples d'angkor a également été mise en place en Dirigée par un administrateur de chantier et deux adjoints, l'unité comprend entre 200 et 300 employés, selon les besoins saisonniers. Les employés viennent des villages locaux et leurs salaires sont payés en partie par APSARA et en partie par le Programme alimentaire mondial. Ils effectuent une rotation à travers le parc et la région de Roluos, ainsi que des temples plus isolés. L 'unité s'occupe d'enlever la végétation et les déchets à l'intérieur et autour des temples, ainsi que de maintenir les infrastructures de base en état (canaux de drainage par exemple). L'unité a aussi entamé une campagne de reboisement dans le parc. 4/4 - Les dégradations -Dommages causés par la nature La végétation, qui fait aussi l attrait de certains temples comme le Ta Prohm ou le Beng Melea, est toutefois la première cause de dégradation des bâtiments. Ainsi, des graines déposées au sommet des temples et sur les structures donnent naissance à de petits arbustes, qui se développent, font descendre leurs racines à la recherche de la terre, et s'immiscent entre les pierres. 107

108 Puis ils continuent de grandir, leurs racines grossissent, écartent les blocs, provoquent des effondrements de murs, toitures et fondements, jusqu'à ce que la pierre et l'arbre deviennent quasi indissociables. Ta Prohm Ta Prohm (#) De même, la chute de ces arbres gigantesques, qu on appelle les arbres «fromagers» à cause de l odeur de la sève, provoquent de nombreux dégâts. Les faiblesses de construction, l'absence de joints, ou l'instabilité des fondations, aggravent ce problème. La pierre elle-même est fragile : elle subit des altérations dues au climat tropical, s'effrite, et affaiblit l'ensemble. Les bas-reliefs et sculptures disparaissent lentement. Ces détériorations dues aux pluies sont surtout visibles sur la latérite. Détérioration des pierres causée par l eau (#) - 108

109 Dommages causés par l'homme Toutefois, ces destructions causées par l'environnement restent négligeables, en comparaison du pillage a considérablement endommagé les temples. Dans les temples éloignés tout comme à Angkor, et même à l'intérieur d'angkor Thom, les bas reliefs, linteaux et frontons ont continués jusqu à récemment d être arrachés, et les sculptures décapitées. De nombreux temples ont souffert des fouilles effectuées dans les fondations des monuments, dans l'espoir de trouver des dépôts sacrés en métaux précieux. Ces fouilles sauvages ont déstabilisé la structure des monuments. Après la guerre, le vandalisme s'est multiplié à une vitesse phénoménale. Un temple était d abord débarrassé de ses statues, puis les pilleurs se mettaient à enlever les linteaux et les frontons pesant plusieurs tonnes, et à buriner les reliefs des murs. Ils utilisaient des tronçonneuses pour détacher les morceaux d'objets fixes. Employant les populations locales pour emporter ces objets, les intermédiaires fortement armés les transportaient - parfois dans des tanks ou dans des camions blindés - pour les vendre à la frontière thaïlandaise. Statues pillées Confrontés dans les années 80 à un mouvement croissant de pillage dans le parc archéologique, la Conservation d'angkor dût se résoudre à enlever certains objets du site pour les protéger. Bien qu'elle soit entourée de fils de fer barbelés, ses dépôts protégés de sacs de sable, et surveillée par des gardes armés 24 h/ 24, la Conservation n'arrivait toujours pas à empêcher le vol. 109

110 Lokesvara, face nord du sanctuaire central de Neak Pean Par trois fois, entre 1992 et 1995, elle fut attaquée par des groupes armés. De nombreuses pièces de grande valeur furent dérobées. En réponse à cette violence qui ne paraissait pas contrôlable, le gouvernement opéra le transfert de plus d'une centaine de pièces a Phnom Penh. Avec le concours de l'unesco, les mesures de sécurité furent renforcées à l'intérieur et autour de l'enceinte de la Conservation. Avec la surveillance et la répression accrue, ce pillage s est aujourd hui éloigné de la zone centrale très fréquentée, et s est déplacé vers les temples périphériques qui restent inaccessibles au public et pour certains inexplorés. 4/5-Méthode de rénovation avec l E.F.E.O (Ecole française d Extrême-Orient) Pendant le voyage que j ai fait au mois de septembre 2004 au Cambodge, j ai pu observer le travail effectué par l Ecole française d Extrême-Orient, en collaboration avec l APSARA, pour la préservation et la restauration du site d Angkor. La France a choisi en particulier de se concentrer sur le Baphuon, l un des plus grands temples d Angkor Thom, et aussi l un des plus détérioré. La terrasse des éléphants a aussi été restaurée par l E.F.E.O, établissement public autonome, mais ce chantier est désormais terminé. 110

111 - La coopération française avec l APSARA En septembre 2004, j ai rencontré Marc Verrot, qui était un architecte «volant» des bâtiments de France, et qui dirige désormais le projet de coopération française pour les temples d Angkor. Les équipes de l Apsara, l autorité cambodgienne qui gère les temples, sont formées par des techniciens français, mais l objectif à terme est de les rendre autonomes. La France se charge du recrutement et de la formation des futurs spécialistes cambodgiens, architectes, archéologues ou ingénieurs. 3 unités ont été créées : une chargée de la maintenance, des diagnostics et du sauvetage d urgence des bâtiments qui menacent de s effondrer (étaiement). Les Cambodgiens sont désormais opérationnels. une intervenant dans la gestion des abords des temples. Elle devient problématique à cause de l explosion de la fréquentation touristique : on est passé de visiteurs en 1999 à en Il faut tracer des chemins, construire des parkings, des toilettes, contrôler les commerçants qui s installent. une pour mettre en place une archéologie préventive : selon Marc Verrot, «les autorités cambodgiennes commencent à admettre le principe selon lequel il faut sauver les vestiges historiques avant de construire des routes ou des aéroports». Un observatoire des publics a également été mis en place. Il a permis de montrer que la moitié des visiteurs étaient cambodgiens. Le tourisme local se développe : il a un aspect patriotique, lié à l identité nationale (Angkor Vat figure sur le drapeau cambodgien), c est aussi pour certains un pèlerinage religieux. - La restauration du Baphuon architecte : Pascal Royère chef de chantier : Vittorio Alcidi - Un temple immense mais très dégradé le Baphuon est situé dans Angkor Thom, parallèlement au palais royal. Cette situation est une indication de l emprise urbaine de cette époque, qui devait être très importante puisque l insertion de ce temple ne laisse pas de dégagement entre l enceinte du Baphûon et la douve sud du palais royal. L enceinte est composée d un mur de grès de 425 mètres sur 125 mètres, et qui est percé à l est pour laisser la place à un très grand pavillon. Cet édifice a été repris et incorporé à la terrasse des éléphants sous Jayavarman VII. 111

112 Baphûon, avant rénovation Baphuon pendant la rénovation (#) La composition des plans des bâtiments est extrêmement rigoureuse (pas comme en Europe à la même époque), en revanche la taille laisse à désirer, par exemple au niveau de la section des tailles ou du parallélisme. Le Baphuon a tous les ensembles et sous ensembles qui caractérise le «temple montagne» khmer, plusieurs terrasses, des galeries voûtées. Le second étage de la façade ouest a été profondément modifié au milieu du XVIè siècle. Des bouddhistes ont démantelé une partie du monument construit au XIè pour construire un bouddha de plus de 70m de long, qui n a sans doute pas été achevé. Seule la partie supérieure du corps est clairement identifiable, le visage et la main dans laquelle le bouddha pose sa tête. 112

113 Les constructeurs ont d abord érigé une montagne de terre, sur laquelle ils ont posé un chemisage en latérite, que l on remplit de sable avant d ajouter le parement en grès. Le temple ne possède donc pas de fondations, il repose uniquement sur cette colline artificielle en sable. On est sûr que le Baphûon s est effondré sur lui-même. L eau s est infiltrée à l intérieur des remblais ou terrasses, et causa de très graves effondrements des parements, surtout dans les angles, car aucun système de drainage n avait été prévu. La cohérence de la maçonnerie ne pouvait pas supporter le surcroît de charge provoqué par l entrée des eaux de ruissellement dans le remblai. Reconstitution 3D du Baphuon d origine (#) Plan Baphuon 113

114 - Un chantier français Les Français ont commencé dès le début du siècle à s intéresser au Baphuon. Ils ont d abord dégagé la végétation qui envahissait le monument, puis dans les années 1910 ils avaient déjà entrepris des travaux de sauvegarde. En 1960, un premier plan d ensemble est établi pour reconstruire le monument. Le chantier a commencé en 1965, il a été abandonné en 1970 à cause des événements politiques et de l arrivée au pouvoir des Khmers rouges (voir en annexes 5/4). L E.F.E.O avait conclu une sorte d accord avec les belligérants pour que le site ne soit pas dégradé. Le fait qu une grande partie des pierres étaient déjà démontées a toutefois faciliter les vols. Pire, les calepins qui répertoriaient les numérotations de pierres et leurs emplacements ont été perdus. C est un chantier qui emploie au maximum 220 personnes selon les étapes de la restauration. La stabilisation est aujourd hui achevée aux 2/3. Il faut maintenant terminer la face nord et le troisième étage. Le Baphuon est encore fermé aux touristes. Vittorio Alcidi, le chef de chantier, estime qu il nécessitera encore dix ans de travaux pour le rendre accessible aux visiteurs. NB : La France a aussi un chantier expérimental au petit temple Bat Chum. C est un temple qui est principalement construit en briques. - Méthode de restauration Les techniques de restauration ont 50 ou 60 ans de retard par rapport à celles qu on utilise en France. - Consolidation Les dimensions étant très grandes, l édifice a certainement posé dès l origine des problèmes de stabilité. La méthode de l anastylose ne suffit donc pas : avant de remonter les pierres tels qu elles étaient disposées à l origine, il faut consolider les fondations. La méthode utilisée par les restaurateurs consiste à démonter les pierres, à remplacer la latérite par un rempart en béton, avant de remettre les pierres sans utiliser de mortier. Vittorio Alcidi, le chef de chantier, explique que pour résoudre le problème d évacuation de l eau les ouvriers mettent en place un drain, et ensuite du bidim, un tissu spécial qui empêche les impuretés de boucher les canalisations de drainage. 114

115 Système de drainage, coté est du Baphuon Marc Verrot est certain que les Khmers ont, dès le début, rencontré des problèmes de stabilité. Selon lui, ils ont peut-être commencé euxmêmes à démonter certaines parties du temples, pour récupérer les pierres et faire un renforcement d urgence, masqué par un faux escalier. C est sans doute pour cela que la tour centrale du temple n a pas été retrouvée. Mais on sait qu elle existait parce que le Baphuon est construit avec toutes les caractéristiques «temple montagne» ( voir p37). Marc Verrot estime aussi que le grand bouddha couché, qui est postérieur au reste de l édifice, a été construit avec des pierres également récupérées sur d autres parties du monument, en particulier la galerie du 1 er étage. Le bouddha étant inachevé, on peut observer certaines de ses pierres, qui n ont pas reçu de nouvelle taille et laissent voir leurs décorations originales du XIè siècle. «Le bouddha a peut-être servi de contrefort au temple déjà fragilisé» Cette modification apportée au XVIè siècle peut s expliquer par le changement de religion, mais le bouddha a également peut-être servi de contrefort au temple déjà fragilisé. Pourtant, ils n ont sans doute fait qu empirer les choses, car le poids en surplus du bouddha a fait que le temple s est affaissé de plus belle. Cette hypothèse ne semble toutefois pas toujours corroborée par la réalité du chantier. Vittorio Alcidi explique de son côté qu on n a pas retrouvé dans le bouddha les pierres qui manquaient pour reconstituer la galerie. D après lui les pierres du bouddha proviennent de la façade ouest, ou ont été apportées de l extérieur. 115

116 Ceinture béton derrière le parement de pierre (#) - Un défi : retrouver les pierres En février 1975, après la fin du conflit, les restaurateurs ont retrouvé un champs de pierre qui provenaient d effondrements antérieurs aux travaux de restauration, ou qui avaient été démontées par leurs prédécesseurs, mais ils n avaient plus aucune indication de l endroit où il fallait les reposer. Il y avait près de pierres à répertorier, réparties sur 17ha aux alentours. Ce travail a pris dix ans et on estime que 70% des pierres ont aujourd hui été retrouvées. L EFEO a tenté d utiliser un logiciel qui devait enregistrer tous les paramètres des pierres : une base de données graphiques de tous les profils de pierre a été mise au point, en définissant les pierres par structures architecturales, étage de construction et type d ornement. Marc Verrot estime toutefois a posteriori que cet outil informatique ne s est pas révélé très utile. Le travail est long et fastidieux. Chaque pierre était ajustée et usée de façon à ce qu elle n ait qu une position possible sur l édifice : les profils ne sont pas répétitifs, et chaque moulure correspond à un emplacement bien précis. Les archéologues commencent par faire un gabarit pour trouver la hauteur d assise de la pierre, puis ils regroupent sur le champs de pose toutes les pierres du même rang pour trouver le bon ordre et répertorier les pierres. Deux archéologues y travaillent. Quand il y a besoin, des pierres neuves sont commandées aux carrières environnantes. Elles coûtent 120 dollars le m 3, et jusqu à 150 dollars pendant la saison des pluies quand les routes sont plus difficilement praticables. 116

117 Pierres repérées grâce à un gabarit puis stockées en attendant de les replacer sur le temple. (#) -Reproduire l aspect de taille d origine Patrick Cernesson, tailleur de pierre et chef de chantier de l entreprise Degaine au Mont Saint-Michel, est venu deux fois enseigner la taille de pierre aux ouvriers khmers qui travaillent sur le Baphûon. Marc Verrot lui a demandé de retrouver les outils qui devaient être «adapté à l aspect des pierres taillées par les khmers», et qui puissent reproduire la même taille qu à l époque. En effet, on ne sait pas de quoi les khmers se sont servis : peut-être une sorte de taillant ou des ciseaux, et des pointerolles plus ou moins fines. A certains endroits sur les pierres, on voit les traces d une grosse pointe. Aujourd hui encore, tout est taillé à la main. Chaque pierre demande environ une semaine de travail. La plupart des motifs sont inspirés du lotus (voir croquis). Le motif est toujours dessiné sur la pierre avant d être taillé. Les moulures sont refaites à l identique. Les pierres une fois replacées, sont uniquement brossées au chiendent (à la différence des Allemands qui posent une pâte pour le nettoyage). 117

118 Panneau de présentation du chantier à l entrée du Baphuon (#) -Visite guidée du chantier du Baphuon J ai pu visiter le chantier grâce à Vittorio Alcidi, qui dirige les travaux depuis deux ans. Vittorio Alcidi vit depuis 9 ans au Cambodge où il a monté une entreprise de maçonnerie. On peut remarquer qu il n y a jamais eu d accidents mortels sur ce chantier. Le 1 er étage a été restauré entre 1960 et 1970, par la mise en place d un renforcement en béton armé après démontage préalable des structures. L intégralité du soubassement a été restituée, tandis que seules les bases des murs des galeries et de la tour d angle ont pour le moment été restituées. La plate-forme du premier étage sert à entreposer ce qui est nécessaire au fonctionnement du chantier, les machines de transport et de levage. 118

119 Panneau de Corniche (#) Plan de galerie (#) Le champs de pierres autour du Baphuon (#) Le champs de pierres autour du Baphuon (#) 119

120 - Façade Sud : Les ouvriers ont effectué un prémontage avec les pierres du deuxième étage pour vérifier que chacune était à sa place. Il va falloir tout redémonter pour faire le drainage, couler une ceinture de béton et consolider les murs avant de faire la pose définitive. C est un travail extrêmement long : Vittorio Alcidi explique qu une partie d un bas relief a déjà été remontée et démontée quatre fois depuis février Ceinture béton puis pose de parement (#) Gravures du Baphuon (#) Murs en latérite qui sera entre la ceinture béton et le parement en grès (#) Remontage d une Gopura, coté sud du Baphuon (#) 120

121 - Façade Ouest : La façade ouest est celle du bouddha couché. Dans une large brèche centrale, au deuxième étage, on voit encore un pavillon qui est le gopura du XIè, qui est enveloppé dans le corps du Bouddha. Les restaurateurs ont décidé de restituer le bouddha du XVIè siècle, tout en permettant d accéder aux structures anciennes comme le gopura et les galeries. Les ouvriers ont rencontré des difficultés, car quand on déplaçait une pierre dans la tête du bouddha, toute la galerie risquait de s écrouler. Là encore, il a fallu mettre en place un système de drainage puis un linteau en béton pour soutenir les parements, mais il y a encore des risques d éboulements. Façade Ouest avec le bouddha tel qu il devrait être (#) Sur cette façade il reste encore une des rares zones où les pierres n ont pas été démontées. Les ouvriers ont posé des étaiements en bois sur des sacs de sable. 121

122 Coffrage pour la tenue de la voûte, coté ouest (#) Remontage du Bouddha Coté Ouest du Baphuon (#) 122

123 Rénovation de la tête du Bouddha, Coté Ouest Baphuon (#) Future tête du Bouddha, Coté Ouest du Baphuon (#) 123

124 - Façade Est : La moitié est du soubassement du 3è étage est en cours de traitement. Un renforcement structurel a été fait sur toute la longueur, contenant les deux gradins qui le composent. Les parements originaux ont été remontés, et les lacunes encore visibles aux angles seront comblées au fur et à mesure de l inventaire des pierres. Dans l axe de la façade est se déroule actuellement la restauration du gopura (entrée), qui a été remonté sur une structure de renforcement assurant une bonne fondation. De part et d autre du gopura se profile la galerie qui fait le tour de la terrasse en cours de reconstruction. Ici la voûte est presque finie, mais on voit la latérite affleurer à certains endroits, là où les pierres du parement manquent encore. Regard pour évacuation de l eau, coté Est du Baphuon (#) 124

125 Façade Est du Baphûon (#) Remontage du dallage, coté Est (#) Voûte reconstruite, coté Est (#) 125

126 Tailleurs de pierres, coté est (#) Outils de tailleurs de pierres (#) Dessus de la Voûte, coté est (#) La pierre est posait et après taillée (#) - Façade nord : Le mauvais état des pierres du second gradin de la face nord s explique par un effondrement survenu en 1943, qui a emporté les deuxième et troisième étages de l angle Nord-est de la pyramide. La base de la pyramide a été en partie renforcée au ciment, mais la ceinture béton n est pas finie car le deuxième étage risque de s effondrer. Ici encore, les pierres dispersées aux environs du temple sont apportées au fur et à mesure de leur identification. 126

127 Arbre sur le Baphuon (#) Dégâts causés par l arbre (#) Eboulements (#) Ceinture béton coté Nord (#) La façade est du Baphuon était la plus avancée durant ma visite. Aujourd hui cependant, la façade ouest a du beaucoup progressé, car le bouddha était presque fini lorsque je l ai vu en septembre /6 L organisation du chantier Il y a autour du Baphuon, tout ce dont l équipe a besoin pour le chantier : une forge pour les outils, une débiteuse à fil, un atelier de mécanique, et un atelier de restauration pour les pierres. Pour le reste, réparation de camion, outillage, tout marche à la «débrouille». 127

128 Atelier de rénovation de pierres (#) Taille d une corniche (#) Etaiement de voûte (#) 128

129 Outils de taille (#) Le magasin, l atelier de restauration des pierres, et les bureaux (#) 129

130 L atelier de mécanique (#) Débiteuses à fil pour la coupe des pierres (#) 130

131 La forge pour les outils avec un soufflet très évolué et parfaitement adapté (#) Champs de pierres qui ont été, ou qui restent à répertorier (#) 131

132 Passerelle reliant l entrée du Baphuon à la terrasse des éléphants (#) Champs de pierres répertoriées autour du Baphûon (#) 132

133 Dégradation de pierre posée en délit (#) Champs de pierres (#) Nâga d angle servant d exemple pour la taille (#) Nâga d angle en train d être taillé (#) Sculpture (#) Pose et taille d un bouchon (#) 133

134 5 - Conclusion En écrivant ce mémoire, je me suis fait d abord plaisir en approfondissant mes connaissances sur des méthodes de travail et une histoire autres que européennes. Je souhaite maintenant et je l espère dans un délai proche, expérimenter ces nouvelles connaissances sur le terrain. Dans une année ou deux je pense envoyer un C.V à l E.F.E.O pour partir travailler là-bas ou pour former des jeunes cambodgiens aux métiers de la pierre. Malgré les difficultés que le pays a récemment rencontré, il reste beaucoup à faire. Même si une partie des temples sont rénovés, il en reste des milliers a découvrir, à protéger et à restaurer. Certaines O.N.G éduquent et apportent une formation aux enfants démunis pour qu ils aient un métier, dans le bâtiment par exemple, mais des milliers d autres sont sans emploi et ne demandent qu à apprendre. J aimerai participer, ou créer une association qui permettrait de transmettre aux enfants la connaissance de leur patrimoine culturel, et de leur apprendre la taille de pierre. Je resterai joignable pour information pour toute personne qui serait intéressée par ce projet à cette adresse dantza@caramail.com 134

135 6 -Annexes 6/1- Glossaire Âçrama : Cela est comme un ermitage. Les personnes après avoir accomplie leurs vie active se retiraient dans un temples pour préparer leurs vie future. Anastylose : Méthode de rénovation qui consiste à démonter le monument, et après avoir répertoriaient les pierres, le reconstruire avec les mêmes pierres. Angkor : Signifie Capitale. Apsara : Danseuse céleste représentée sous la forme d'un personnage volant; à Angkor, la stylisation est poussée à l'extrême et les apsaras sont souvent représentées en groupe avec des parures et de nombreux bijoux. Elles sont le "symbole divin de la joie" (Maurice Glaize). Avalokiteçvara ou Lokeçvara : Bodhisattva compatissant, répondant à l'idée de Providence; il a quatre bras et porte l'amitâbha sur son chignon; attributs : le lotus, le rosaire, le flacon et le livre. Avatar : Littéralement "descente" en sanskrit, c'est l'incarnation de dieu en un être humain ou animal. Les 7ème et 8ème avatars de Vishnou, Rama et Krishna, sont les plus connus. Cf Ramayana et Mahabarata. Banteay : C est une citadelle. Barattage de la mer de lait : Les devas (dieux) et les asuras (démons) tiennent un immense naga (le roi des nagas Vasouki) enroulé autour du mont Mandala qui leur sert au barattage de l'océan primordial, c'est-à-dire à l'extraction de la liqueur de l'immortalité (amrita) que chaque groupe convoite. Un célèbre bas-relief d'angkor Vat illustre cette épisode tiré de la mythologie hindoue. 135

136 Bârây: Retenue d'eau en forme de rectangle, plus qu'un bassin ou un réservoir, c'est une digue remplie par la pluie et certains cours d'eau détournés, composée de nombreux canaux. Sa fonction est d'assurer l'irrigation des terres avoisinantes et d'approvisionner les douves des sanctuaires. Le baray est à la base du système hydraulique angkorien ; son envasement progressif a pu contribuer à affaiblir les royaumes angkoriens successifs. Il a aussi une fonction symbolique et sacrée autant qu'économique comme en témoignent les temples qu'on érigeait en leur centre ( Mébon). Bodhisattva : Etre en passe de devenir bouddha mais qui renonce à son propre salut (nirvana) pour aider les hommes. Bouddha : Ou éveillé ou encore le réalisé, à la connaissance et libéré de toutes les passions. Ce qui fut le cas pour Siddhartha Gotama, le plus connue des Bouddha. Brahmâ : L'un des dieux de la trinité brahmanique, le créateur, généralement à quatre visages, monté sur le hamsa ou oie sacrée. Civa : Dieu suprême, la plus parts des temples à l époque Angkorienne sont construis en son honneur. A la différence de Vishnu, il ne s incarne pas en avatars. Le symbole le plus fréquent pare lequel il se représente est le linga. Cella : Salle la plus intérieure et la plus sacrée, la statue du dieu pour lequel le temple a été bâtie y est intallée. Cham : Habitant du Champâ, royaume de civilisation hindoue sur la côte d'annam, antérieurement aux annamites. Dangrek : Chaîne de montagne. Devarâdja : Ou dieu-roi, essence même de la royauté, censée résider dans le linga royal. 136

137 Devatâ : Divinité féminine, nymphe céleste ; motif récurrent de l'architecture khmère, souvent représentées les yeux clos avec un sourire serein : "la fraîcheur de leur jeune corps au torse nu, la grâce de leurs gestes souples et de leurs doigts fuselés tenant un lotus ou jouant avec des cordons de fleurs" (M. Glaize). Dvârapâla : Debout, armé d'une lance ou d'une massue, flanquant l'entrée des sanctuaires de certains temples, ce guerrier au caractère menaçant et au rictus sinistre sert de gardien et a pour fonction de chasser toutes les influences néfastes. Fou-nan ou Funan : Nom chinois d'un ancien empire indochinois antérieur au Royaume du Cambodge. Ganesha : Dieu associé à la gourmandise et surtout au savoir, fils de Shiva et de Parvati. Il est représenté avec un corps humain et une tête d'éléphant dont la trompe plonge souvent dans un bol (symbolisant la quête de la connaissance). Garuda : Oiseau divin, à corps humain, ennemi des naga et monture de Vishnou. Le garuda-naga est un motif récurrent dans la sculpture Khmère : le garuda est représenté chevauchant un naga. Gopura : Porte d un temple ou d une ville. Hariharâlaya : Capitale antérieure à Angkor Thom. Hari Hara : Dieu unissant dans la même personne Hari ( Vishnou) et Hara ( Shiva). Hînâyâna : Ou petit véhicule, secte bouddhique. Indra : Dieu de l orage et gardien de l est. Indreçvara : Linga divinisé dans les temples khmers de Bakong. Karma : Conséquence des actes passés, agissant sur sa vie future. 137

138 Kompong : Embarcadère, village sur une berge. Krishna : 8 ème avatar de Vishnou, divinité très vénérée dans le panthéon hindou. Lakshmi : Epouse ou çakti de Vishnou. Linga : Représentation symbolique de Shiva, en forme de phallus, la stylisation s'accroît avec le temps. Son format type est en trois parties : la base cubique correspond à Brahmâ, le créateur, la partie médiane octogonale correspond à Vishnou, le préservateur, et la partie du haut, circulaire, correspond à Shiva. Couplé avec le Yoni, l'ensemble symbolise les forces mâles et femelles du dieu Shiva. Lokesvara : Autre nom d'avalokiteçvara, le bodhisattva compatissant. Mahâbhârata : Récit mythologique, qui avec le célèbre Ramayana, fonde les épopées classiques indiennes. L histoire met en scène les frères Pandava luttant à mort contre leurs cousins les Kaurava Mahâyâna : Ou grand véhicule, secte bouddhique. Makara : Créature mythique, mi crocodile et moitié éléphant. Mara : Esprit du mal qui tente le bouddha. Il règne sur le ciel des délices sensuels et des plaisirs. Mékong : Fleuve qui traverse le Cambodge. Méru : Montagne centre du monde et demeure des dieux. Mudra : Geste symbolique des dieux ou du Bouddha. Nâga : Roi-serpent, cobra mythique polycéphale, (5 ou 7 têtes), il est au Cambodge depuis longtemps associé à l'eau et à ses richesses ; sa fonction symbolique est celle de garant de la prospérité et de gardien des trésors. Symbole des eaux, c'est un motif décoratif fréquent dans tous les temples khmers, où il orne les balustrades des chemins d'accès, les ponts, les douves, et les réservoirs. Les nagas du 12 ème siècle comptent parmi ce que l'art khmer a réalisé de plus beau. 138

139 Nandin : Taureau sacré monture de Shiva. Nirvana : Anéantissement final, objectif suprême du bouddhisme. Parinirvana : Entrée du Bouddha dans le néant, pose des statues de Bouddha couché. Parvati : Epouse ou çakti de Shiva et sœur de Vishnou. Déesse des montagnes et de la procréation. Phnom : Littéralement montagne ou colline, c'est l'emplacement privilégié des temples et plus tard des monastères, de par sa fonction sacrée et spirituelle. Prang : Sanctuaire Thaïs. Prâsât : Tour sanctuaire cambodgien. Preah : Signifie Saint, sacré. Râma : Personnage héroïque de l épopée du ramayana. Râmâyana : Grande épopée hindoue, racontant la lutte de Rama pour retrouver sa femme Sita capturée par le démon Ravana, grâce à l'aide notamment du roi des singes Hanuman. Les scènes de ce conte magnifique ont été largement utilisées pour orner les murs des temples khmers aussi bien que thaïlandais ( Palais Royal) et indonésiens ( Prambanan). Riel : Monnaie cambodgienne. Sarong : Panneau d'étoffe enroulé autour de la moitié inférieure du corps. Shiva : L'un des dieux de la trinité brahmanique, à la fois créateur et destructeur, monté sur Nandin ( taureau sacré), porte généralement l œil frontal et le croissant sur son chignon, adoré sous forme du linga. Srah : Signifies bassin, bain, ou étang artificiel. 139

140 Srei : Signifie femme. Stûpa : Monument bouddhique de caractère funéraire ou commémoratif contenant souvent les résidus de l'incinération. Tchen La : Royaume de terre et d'eau littéralement, ancien nom chinois du Cambodge. Theravâdin : Bouddhisme original, du petit véhicule. Tevoda : Ou Devata, divinité féminine. Thom: Signifies grand. Trapeang : Signifies mare. Vat : Signifies pagode. Véda : Règles brahmaniques. Vishnou : L'un des dieux de la trinité bramahnique, le protecteur monté sur garuda; a généralement quatre bras, tenant le disque, la conque, la boule et la massue. Nombreux avatars. Wat : Monastère Thaï. Yama : Dieu de la mort et juge suprême, monté sur un buffle. Yonî : Symbole de la vulve féminine, toujours couplé au linga de Shiva. C'est une pierre à la coupe carrée, au centre de laquelle se dresse le linga. Sur l'un de ses côtés, une saignée permet au liquide sacré (eau, lait, miel) de s'écouler. 140

141 6/2 - Mémoires sur les coutumes du Cambodge Le Tchen-la est aussi appelé Tchan-la. Le nom indigène est Kan-po Tche. La dynastie actuelle, se basant sur les livres religieux tibétains, appelle ce pays kan-p'ou-tche( (Kamboja), ce qui est phonétiquement proche de Kan-po-tche. Traduction de Paul Pelliot En s'embarquant à Wen-Tcheou( au Tchö-kiang), et en allant Sud Sud-Ouest, on passe les ports des préfectures du Fou-kien, du Kouang-tong et d'outre-mer, on franchi la mer des Sept-Iles (Ts'i-tcheou, Iles Taya), on traverse la mer d'annam, et on arrive au Champa ( à sin-tcheou, Quinon). Puis, du Champa, par bon vent, en quinze jours environ, on arrive à Tchen-p'ou (région Cap Saint- Jacques ou Baria) : c'est la frontière du Cambodge. Puis, de Tchen-p'ou, en se dirigeant Sud-ouest-1/6 Ouest, on franchit la mer de K'ouen-louen (= de Poulo-Condor) et on entre dans les bouches. De ces bouches il y en a plusieurs dizaines, mais on ne peut pénétrer que par la quatrième: toutes les autres sont encombrées de bancs de sable que ne peuvent franchir les gros navires. Mais, de quelque côté qu'on regarde, ce ne sont que longs rotins, vieux arbres, sables jaunes, roseaux blancs ; au premier coup d' oeil il n'est pas facile de s'y reconnaître; aussi les marins considèrent-ils comme délicate la découverte même de la bouche. De l'embouchure, par courant favorable, on gagne au Nord, en quinze jours environ, un pays appelé Tch'a-nan,(Kômpon Chnan), qui est une des provinces du Cambodge. Puis à Tché-nan on transborde sur un bateau plus petit et, en un peu plus de dix jours, par courant favorable, en passant par le village de la mi-route et le Village du Bouddha (probablement Pôsat) et en traversant la Mer d'eau douce, on peut atteindre un lieu appelé Kan-p'ang (=kômpon, <Quai>, ) à cinquante stades de la ville murée. Selon la Description des Barbares (le Tchou-fan tche, paru en 1225), Le royaume a 7000 stades de largeur. Au Nord de ce royaume, on arrive au Champa en quinze jours de route; vers le Sud-Ouest, on est à quinze jours d'étapes du Siam; au Sud, on est à dix jours d'étapes de P'an-vu(?); à l'est, c'est l'océan. Ce pays a ôté depuis longtemps en relations commerciales avec nous. Quand la dynastie sainte(= la dynastie mongole) reçut l'auguste mandat du Ciel et étendit son pouvoir sur les quatre mers, et que le généralissime Sôtu eut créé (en 1281) l'administration du Champa, il envoya une fois, pour se rendre ensemble jusqu'en ce pays-ci, un centurion avec insigne au tigre et un chiliarque à tablette d'or, mais tous deux furent saisis et ne revinrent pas. A la sixième lune de l'année yi-wei de la période yuantcheng (14 juillet -11août 1295), le saint Fils du Ciel envoya un ambassadeur rappeller [les gens de ce pays] au devoir, et me désigna pour l'accompagner. La deuxième lune de l'année suivante ping-chen (5 mars-2 avril 1296) nous quittions Ming-tcheou (=Ning-po), et le vingt (24 mars 1296). Nous obtîmes l'hommage et retournâmes à notre navire la sixième lune de l'an Ting-yeou de la période ta-tö (21 juin -20 juillet 1927). Le douze de la huitième lune ( 30 août 1297), nous mouillions à Sseu-ming (Nong-po). Sans doute les coutumes et les choses de ce pays n'ont pu nous être connues dans tous leurs détails; du moins avons-nous été en mesure d'en discerner les traits principaux. 141

142 1. La ville murée. (Angkor Thom) La muraille de la ville a environ vingt stades de tour. Elle a cinq portes, et chaque porte est double. Du côté de l'est s'ouvrent deux portes; les autres côtés n'ont tous qu'une porte. A l'extérieur de la muraille est un grand fossé; à l'extérieur du fossé, les grands ponts des chaussées d'accès. De chaque côté des ponts, il y a cinquante-quatre divinités de pierre qui ont l'apparence de "généraux de pierre" : ils sont gigantesques et terribles. Les cinq portes sont semblables. Les parapets des ponts sont entièrement en pierre, taillée en forme de serpents qui ont tous neuf têtes. Les cinquante-quatre divinités retiennent toutes le serpent avec leurs mains, et ont l'air de l'empêcher de fuir. Au-dessus de chaque porte de la muraille, il y a cinq grandes têtes de Bouddha en pierre, dont les visages sont tournés vers les quatre points cardinaux: au centre est placée une des cinq têtes qui est ornée d'or. (C-C : Aucune recherche n'a pu confirmer ce point) Des deux côtés des portes, on a sculpté la pierre en forme d'éléphants. La muraille est entièrement faite de blocs de pierre superposés : elle est haute d'environ deux toises. L'appareil des pierres est très serré et solide, et il ne pousse pas d'herbes folles. Il n'y a aucun créneau. Sur le rempart, on a semé en certains endroits des arbres Kouang-lang (arbres à sagou). De distance en distance sont des chambres vides. Le côté intérieur de la muraille est comme un glacis large de plus de dix toises. Au haut de chaque glacis, il y a de grandes portes, fermées à la nuit, ouvertes au matin. Il y a également des gardiens des portes. L'entrée des portes n'est interdite qu'aux chiens. La muraille est un carré très régulier, et sur chaque côté il y a une tour de pierre. L'entrée des portes est également interdite aux criminels qui ont eu les orteils coupés. Au centre du royaume, il y a une Tour d'or (Bayon), flanquée de plus de vingt tours de pierre et de plusieurs centaines de chambres de pierre. Du côté de l'est est un pont d'or ; deux lions d'or sont disposés à gauche et à droite du pont; huit Bouddha d'or sont disposés au bas des chambres de pierre. A environ un stade au Nord de la Tour d'or, il y a une tour de bronze (Baphuon) encore plus haute que la Tour d'or et dont la vue est réellement impressionnante; au pied de la Tour de bronze, il y a également plus de dix chambres de pierre. Encore environ un stade plus au Nord, c'est l'habitation du souverain. Dans ses appartements de repos, il y a à nouveau une tour d'or. Ce sont, pensons-nous, ces monuments qui ont motivé cette louange du "Cambodge riche et noble" que les marchands d'outre-mer ont toujours répétée. La tour de pierre est à un demi-stade en dehors de la porte du Sud ; on raconte que Lou Pan (ancien artisan chinois légendaire) l'érigea en une nuit. La tombe de Lou Pan (= Angkor vat) est à environ un stade en dehors de la porte du Sud et a à peu près dix stades de tour ; il y a plusieurs centaines de chambres de pierre. Le Lac oriental est à environ dix stades à l'est (= erreur probable, lire le lac occidental) de la ville murée, et à peu près cent stades de tour. Au milieu il y a une tour de pierre et des chambres de pierre (= le Mébon Occidental). Dans la tour est un Bouddha couché en bronze, dont le nombril laisse continuellement couler de l'eau. 142

143 Le lac septentrional est à cinq stades au Nord de la ville murée. Au milieu il y a une tour d'or carrée (= Neak Pean) et plusieurs dizaines de chambres de pierre. Pour ce qui est du lion d'or, Bouddha d'or, éléphant de bronze, bœuf de bronze, cheval de bronze, tout cela s'y trouve. 2- les habitations Le Palais Royal ainsi que les bâtiments officiels et les demeures nobles font tous face à l'est. Le palais royal est au Nord de la Tour d'or et du Pont d'or ; proche de la porte (?), il a environ cinq ou six stades de tour. Les tuiles de l'appartement principal sont en plomb; sur les autres bâtiments du palais, ce sont toutes des tuiles d'argile et jaunes. Linteaux et colonnes sont énormes; sur tous, des Bouddha sont sculptés et peints. Les toits (?) sont imposants. Les longues vérandas, les corridors couverts s'élancent et s'enchevêtrent, non sans quelque harmonie. Là où le souverain règle ses affaires, il y a une fenêtre en or ; à droite et à gauche du châssis, sur des piliers carrés, sont des miroirs; il y en a environ quarante à cinquante, disposés sur les côtés de la fenêtre. Le bas de la fenêtre est en forme d'éléphants. J'ai entendu dire qu'à l'intérieur du palais, il y avait beaucoup d'endroits merveilleux; mais les défenses sont très sévères, et il m'a été impossible de les voir. Pour ce qui est de la Tour d'or à l'intérieur du palais (le Phiménéakas), le souverain va coucher la nuit à son sommet. Tous les indigènes prétendent que dans la tour il y a un génie qui est un serpent à neuf têtes, maître du sol de tout le royaume. Ce génie apparaît toutes les nuits sous la forme d'une femme. C'est avec lui que le souverain couche d'abord et s'unit. Même les épouses du roi n'oseraient entrer. Le roi sort à la deuxième veille et peut alors dormir avec ses épouses et ses concubines. Si une nuit le génie n'apparaît pas, c'est que le moment de la mort du roi barbare est venu; si le roi barbare manque une seule nuit à venir, il arrive sûrement un malheur. Les habitations des princes et des grands officiers ont une tout autre disposition et d'autres dimensions que les maisons du peuple Tous les bâtiments périphériques sont couverts de chaume, seuls le temple de famille et l'appartement principal peuvent être couverts en tuiles. Le rang officiel de chacun détermine les dimensions des demeures. Le commun du peuple ne couvre qu'en chaume, et n'oserait mettre sur sa demeure le moindre morceau de tuile. Les dimensions dépendent de la fortune de chacun, mais jamais le peuple n'oserait imiter la disposition des maisons nobles. 3. Les vêtements Tous, à commencer par le souverain, hommes et femmes se coiffent en chignon et ont les épaules nues. Ils s'entourent simplement les reins d'un morceau d'étoffe. Quand ils sortent, ils y ajoutent une bande de grande étoffe qu'ils enroulent par-dessus la petite. Pour les étoffes, il y a beaucoup de règles, suivant le rang de chacun; Parmi les étoffes que porte le souverain, il y en a qui valent trois à quatre onces d'or ; elles sont d'une richesse et d'une finesse extrêmes. 143

144 Bien que dans le pays même on tisse des étoffes, il en vient du Siam et du Champa, mais les plus estimées sont en général celles qui viennent de l'inde, pour leur facture habile et fine. Seul le prince peut se vêtir d'étoffes à ramages continus. Il porte un diadème d'or, semblable à ceux qui sont sur la tête des vajradhara. Parfois il ne porte pas de diadème et enroule seulement dans son chignon une guirlande de fleurs odorantes qui rappellent le jasmin. Sur le cou, il porte environ trois livres de grosses perles. Aux poignets, aux chevilles et aux doigts, il a des bracelets et des bagues d'or enchâssant tous des oeils-de-chat. Il va nu-pieds. La plante de ses pieds et la paume de ses mains sont teintes en rouge par la drogue rouge. Quand il sort, il tient à la main une épée d'or. Dans le peuple, les femmes seules peuvent se teindre la plante des pieds et la paume des mains; les hommes n'oseraient pas. Les grands officiers, et les princes peuvent porter de l'étoffe à groupes de ramages espacés. Les simples mandarins peuvent seuls porter de l'étoffe à deux groupes de ramages. Dans le peule les femmes seules y sont autorisées. Mais même si un Chinois nouvellement arrivé porte une étoffe à deux groupes de ramages, on n'ose pas lui en faire un crime parce qu'il est ngan-ting pacha. Ngan-ting pa-cha, c'est qui ne connaît pas les règles 4. Les fonctionnaires Dans ce pays aussi, il y a ministres, généraux, astronomes et autres fonctionnaires, et, au-dessous d'eux, toutes espèces de petits employés ; les noms seuls diffèrent des nôtres. La plupart du temps on choisit des princes pour les emplois ; sinon, les élus offrent leurs filles comme concubines royales. Quand les fonctionnaires sortent, leurs insignes et leur suite sont réglés par leur rang. Les plus hauts dignitaires se servent d'un palanquin à brancard d'or et de quatre parasols à manche d'or; les suivants ont un palanquin à brancard d'or et un parasol à manche d'or, enfin simplement un parasol à manche d'or ; au-dessous on a simplement un parasol à manche d'argent ; il y en a aussi qui se servent de palanquin à brancard d'agent. Les fonctionnaires ayant droit au parasol d'or sont appelés pa-ting (mraten?) ou ngan-ting (amten); ceux qui ont le parasol d'argent sont appelés sseu-la-ti(? sresthin). Tous les parasols sont fait de taffetas rouge de Chine, et leur "jupe " tombe jusqu'à terre. Les parasols huilés sont tous faits de taffetas vert, et leur "jupe " est courte. 5. Les trois religions Les lettrés sont appelés Pan-k'i; les bonzes sont appelés tch'ou-kou; les taoïstes sont appelés passeu-wei. Pour ce qui est des pan-k'i (pandita,=ici brahmanes), je ne sais de quel modèle ils se réclament, et ils n'ont rien qu'on puisse appeler une école ou un lieu d'enseignement. Il est également difficile de savoir quels livres ils lisent. J'ai seulement vu qu'ils s'habillent comme le commun des hommes, à l'exception d'un cordon de fil blanc qu'ils s'attachent au cou et qui est la marque distinctive des lettrés. Les pan-k'i qui entrent en charge arrivent à de hautes fonctions. Le cordon du cou ne se quitte pas de toute la vie. 144

145 Les tch'ou-kou (=iamois chao ku, " bonze") se rasent la tête, portent des vêtements jaunes, se découvrent l'épaule droite ; pour le bas du corps, ils se nouent une jupe d'étoffe jaune, et vont nupieds. Leurs temples peuvent être couverts en tuiles. L'intérieur ne contient qu'une image, tout à fait semblable au Buddha Sakyamuni, et qu'ils appellent Po-lai (=Prah ). Elle est vêtue de rouge. Modelée en argile, on la peint en diverses couleurs; il n'y a pas d'autre image que celle-là. Les Buddha des tours sont tous différents; ils sont tous fondus en bronze. Il n'y a ni cloche ni tambours, ni cymbales, ni bannières, ni dais, et... Les bonzes mangent tous du poisson et de la viande, mais ne boivent pas de vin. Dans leur offrandes au Buddha, ils emploient aussi le poisson et la viande. Ils font un repas par jour, qu'ils vont prendre dans la famille d'un donateur ; dans les temples, il n'y a pas de cuisines. Les livres saints qu'ils récitent sont très nombreux; tous se composent de feuilles de palmier entassées très régulièrement. Sur ces feuilles, les bonzes écrivent des caractères noirs, mais comme il n'emploient ni pinceau ni encre, je ne sais avec quoi ils écrivent. Certains bonzes ont aussi droit au brancard de palanquin et au manche de parasol en or ou en argent ; le roi les consulte dans les affaires graves. Il n'y a pas de nonnes bouddhistes. Les Pa-sseu-wei [ tapasvi] s'habillent absolument comme le commun des hommes, sauf que sur la tête ils portent une étoffe rouge ou une étoffe blanche, à la façon du Kou-kou (? Kükül) des dames mongoles, mais un peu plus bas. Ils ont aussi des monastères, mais plus petits que les temples bouddhistes; c'est que les taoïstes n'arrivent pas à la prospérité de la religion des bonzes. Ils ne rendent de culte à aucune autre image qu'un bloc de pierre (= le linga) analogue à la pierre de l'autel du dieu du sol en Chine. Pour eux non plus je ne sais de quel modèle ils se réclament. Il y a des nonnes taoïstes. Les temples taoïstes peuvent être couverts en tuiles. Les pa-sseu-wei ne partagent par la nourriture d'autrui, ni ne mangent en public. Ils ne boivent pas non plus de vin. Je n'ai pas été témoin de leurs récitations de livres saints, ni de leurs actes méritoires pour autrui. Ceux des enfants des laïcs qui vont à l'école s'attachent à des bonzes qui les instruisent. Devenus grands, ils retournent à la vie laïque. Je n'ai pu tout examiner en détail. 6. Les habitants Les habitants ne connaissent que les coutumes des barbares du Sud. Physiquement ils sont grossiers et laids, et très noirs. Ce n'est pas le cas seulement(?) de ceux qui habitent les recoins isolés des îles de la mer, mais pour ceux mêmes des agglomérations courantes il en est sûrement ainsi. Quant aux dames du palais et aux femmes des maisons nobles (nan-p'ong), s'il y en a beaucoup de blanches comme le jade, c'est parce qu'îles ne voient pas les rayons du soleil. En général, les femmes, comme les hommes, ne portent qu'un morceau d'étoffe qui leur ceint les reins, laissent découverte leur poitrine d'une blancheur de lait, se font un chignon et vont nu-pieds ; il en est ainsi même pour les épouses du souverain; Le souverain a cinq épouses, une de l'appartement principal, et quatre pour les quatre points cardinaux. Quant aux concubines et filles du palais, j'ai entendu parler d'un chiffre de trois mille à cinq mille, qui sont elles aussi divisées en plusieurs classes; elles franchissent rarement leur seuil. Pour moi, chaque fois que je pénétrai au palais pour voir le souverain, celui-ci sortait toujours avec sa première épouse et s'asseyait dans l'encadrement de la fenêtre d'or de l'appartement principal. 145

146 Les dames du palais étaient toutes rangées en ordre des deux côtés de la véranda en dessous de la fenêtre, mais changeaient de place et s'appuyaient [à la fenêtre] pour jeter un regard [sur nous] ; je pus ainsi les très bien voir. Quand dans une famille il y a une belle fille, on ne manque pas à la mander au palais. Au-dessous sont les femmes qui font le service de va-et-vient pour le palais; on les appelle tch'en'kialan (seeinka<skr. Srengara); il n'y en a pas moins d'un ou deux mille. Toutes sont mariées et vivent au milieu du peuple un peu partout. Mais sur le haut du front elles se rasent les cheveux à la façon dont les gens du Nord "ouvrent le chemin de l'eau". Elles marquent cette place de vermillon, ainsi que les deux côtés des tempes; c'est là le signe distinctif des tch'en-kialan. Ces femmes peuvent seules entrer au palais; toutes les personnes au-dessous d'elles ne le peuvent pas. [Les tch'en-kialan] se succèdent sans interruption sur les routes en avant et en arrière du palais. Les femmes du commun se coiffent en chignon, mais n'ont ni épingle de tête ni peigne, ni aucun ornement de tête. Aux bras elles ont des bracelets d'or, aux doigts des bagues d'or; même les tch'enkia-lan et les dames du palais en portent toutes; Hommes et femmes s'oignent toujours de parfums composés de santal, de musc et d'autres essences. Toutes les familles pratiquent le culte du Bouddha. Dans ce pays il y a beaucoup de mignons qui tous les jours vont en groupe de dix et plus sur la place du marché. Constamment ils cherchent à attirer les Chinois, contre de riches cadeaux. C'est hideux, c'est indigne. 7. Les accouchements Sitôt accouchée, la femme indigène prépare du riz chaud, le malaxe avec du sel et se l'applique aux parties sexuelles. Après un jour et une nuit elle l'enlève. Par-là l'accouchement n'a pas de suites fâcheuses, et il se produit un resserrement qui laisse l'accouchée comme une jeune fille. Quand je l'entendis dire pour la première fois, je m'en étonnai et ne le crus guère. Mais, dans la famille où je logeais, une fille mit au monde un enfant, et je pus ainsi me renseigner complètement : le lendemain, portant son enfant dans les bras, elle allait avec lui se baigner dans le fleuve; c'est réellement extraordinaire. Toutes les personnes que j'ai vues disent en outre que les femmes indigènes sont très lascives. Un ou deux jours après l'accouchement, elles s'unissent à leur mari. Si le mari ne répond pas à leurs désirs, il est abandonné comme [ Tchou] Mai-tch'en (mort en 116 av J.-C.). Si le mari se trouve appelé par quelque affaire lointaine, cela va bien pour quelques nuits. Mais, passé une dizaine de nuits, sa femme ne manque pas de dire: "Je ne suis pas un esprit ; comment pourrais-je dormir seule?" Leurs instincts licencieux sont très ardents; toutefois j'ai aussi entendu dire que certaines gardaient leur foi; Les femmes vieillissent très vite, sans doute à cause de leur mariage et de leurs accouchements trop précoces. A vingt ou trente ans, elles ressemblent à des Chinoises de quarante ou cinquante. 146

147 8. Les jeunes filles. Quand dans une famille il naît une fille, le père et la mère ne manquent pas d'émettre pour elle ce vœu : "Puisses-tu dans l'avenir devenir la femme de cent et de mille maris!" Entre sept et neuf ans pour les filles de maisons riches, et seulement à onze ans pour les très pauvres, on charge un prêtre bouddhiste, taoïste de les déflorer. C'est ce qu'on appelle tchen-t'an. Chaque année, les autorités choisissent un jour dans le mois qui correspond à la quatrième lune chinoise, et le font savoir dans tout le pays. Toute famille où une fille doit subir le tchen-t'an en avertit d'avance les autorités, et les autorités lui remettent d'avance un cierge auquel on a fait une marque. Au jour dit, quand la nuit tombe, on allume le cierge et, quand il a brûlé jusqu'à la marque, le moment du tchen-t'a est venu. Un mois avant la date fixée, ou quinze jours, ou dix jours, le père et la mère choisissent un prêtre bouddhiste ou taoïste, suivant le lieu où ils habitent. Le plus souvent, temples bouddhiques et taoïques ont aussi chacun leur clientèle propre. Les bonzes excellents qui suivent la voie supérieure sont tous pris à l'avance par les familles mandarinales et les maisons riches; quant aux pauvres, ils n'ont même pas le loisir du choix. Les familles mandarinales ou riches font au prêtre des cadeaux en vin, riz, soieries, arec, objets d'argent, qui atteignent jusqu'à cent piculs, et valent de deux à trois cents onces d'argent chinois. Les cadeaux moindres ont de trente à quarante, ou de dix à vingt piculs; c'est suivant la fortune des gens. Si les filles pauvres arrivent jusqu'à onze ans pour accomplir la cérémonie, c'est qu'il leur est difficile de pourvoir à tout cela. Il y a aussi des gens qui donnent de l'argent pour le Tchen-t'an des filles pauvres, et on appelle cela "faire une bonne oeuvre". Un bonze ne peut en effet s'approcher que d'une fille par an, et quand il a consenti à recevoir l'argent, il ne peut s'engager vis-à -vis d'une autre. Cette nuit-là on organise un grand banquet, avec musique. A ce moment, parents et voisins assemblent en dehors de la porte une estrade élevée sur laquelle il disposent des hommes et des animaux d'argile, tantôt plus de dix, tantôt trois ou quatre. Les pauvres n'en mettent pas. Le tout est d'après des sujets anciens, et ne s'enlève qu'après sept jours. Le soir venu, avec palanquins, parasols et musique, on va chercher le prêtre et on le ramène. Avec des soieries de diverses couleurs on construit deux pavillons ; dans l'un on fait asseoir la jeune fille; dans l'autre s'assied le prêtre. On ne peut saisir ce que leur bouche se disent; le bruit de la musique est assourdissant et cette nuit-là il n'est pas défendu de troubler la nuit. J'ai entendu dire que, le moment venu, le prêtre entre dans l'appartement de la jeune fille; il la déflore avec la main et recueille ses prémices dans du vin. On dit aussi que le père et la mère, les parents et les voisins s'en marquent tous le front, ou encore qu'ils les goûtent. D'aucuns prétendent aussi que le prêtre s'unit réellement à la jeune fille; d'autres le nient. Comme on ne permet pas aux Chinois d'être témoins de ces choses, on ne peut savoir l'exacte vérité. Quand le jour va poindre, on reconduit le prêtre avec palanquins, parasols et musique. Il faut ensuite racheter la jeune fille au prêtre par des présents d'étoffes et de soieries; Sinon elle serait à jamais sa propriété et ne pourrait épouser personne d'autre. Ce que j'ai vu s'est passé la sixième nuit de quatrième lune de l'année Ting-yeou de la période ta-työ (28 avril 1297). 147

148 Avant cette cérémonie, le père, mère et filles dormaient dans une même pièce; désormais, la fille est exclue de l'appartement et va où elle veut, sans plus de contrainte ni de surveillance. Quant au mariage, bien que la coutume existe de faire les présents d'étoffes, c'est là une formalité sans importance. Beaucoup ont d'abord des rapports illicites avec celle qu'ils épousent ensuite; leurs coutumes n'ont font pas un sujet de honte, non plus que l'étonnement. La nuit du Tche-t'an il y a parfois dans une seule rue plus de dix familles qui accomplissent la cérémonie; dans la ville, ceux qui vont au-devant des bonzes ou des taoïstes se croisent par les rues, il n'est pas d'endroit où l'on n'entende les sons de la musique. 9. Les esclaves Comme esclave, on achète des sauvages qui font ce service. Ceux qui en ont beaucoup en ont plus de cent; ceux qui en ont peu en ont de dix à vingt; seuls les très pauvres n'en ont pas du tout. Les sauvages sont des hommes des solitudes montagneuses. Ils forment une race à part qu'on appelle les brigands "Tchouang" (les Tchong). Amenés dans la ville, ils n'osent pas aller et venir hors des maisons. En ville, si autour d'une dispute on appelle son adversaire "tchouang", il sent la haine lui entrer jusqu'à la moelle des os, tant ces gens sont méprisés des autres hommes. Jeunes et forts, ils valent la pièce une centaine de bandes d'étoffe ; vieux et faibles, on peut les avoir pour trente à quarante bandes. Ils ne peuvent s'asseoir et se coucher que sous l'étage. Pour le service ils peuvent monter à l'étage, mais alors ils doivent s'agenouiller, joindre les mains, se prosterner ; après cela seulement ils peuvent s'avancer. Ils appellent leur maître Pa-t'o (patau) et leur maîtresse mi (mi, mé); pa-t'o signifie père, et mi-mère. S'ils ont commis une faute et qu'on les batte, ils courbent la tête et reçoivent la bastonnade sans oser faire le moindre mouvement. Mâles et femelles s'accouplent entre eux, mais jamais le maître ne voudrait avoir de relations sexuelles avec eux. Si d'aventure un Chinois arrivé là-bas, et après son long célibat, a par mégarde une fois commerce avec quelqu'une de ces femmes et que la maître l'apprenne, celui-ci refuse le jour suivant de s'asseoir avec lui, parce qu'il a eu commerce avec une sauvage. Si l'une d'elles devient enceinte des oeuvres de quelqu'un d'étranger à la maison et met au monde un enfant, le maître ne s'inquiète pas de savoir qui est le père, puisque la mère n'a pas de rang civil et que lui-même a profit à ce qu'il ait des enfants; ce sont encore des esclaves pour l'avenir. Si des esclaves s'enfuient et qu'on les reprenne, on les marque en bleu au visage; ou bien on leur met un collier de fer au cou pour les retenir; d'autres portent ces fers au bras ou aux jambes. 148

149 10. Le langage. Ce pays a une langue spéciale. Bien que les sons soient voisins des leurs, les gens du Champa et du Siam ne le comprennent pas. Un se dit mei (muï); deux, pie (pi); tois pei (baï); quatre, pan (boun); cinq; po-lan (pram) ; six po-lanmei ( pram muï) ; sept, po-lan -pie (pram pir) ; huit, prolan-pei; (pram bei); neuf, p-lan -pan (pram buon); dix, ta (dop); père, pa-t'o (patau); oncle paternel aussi pa-t'o; mère, mi (mi,mé); tante paternelle ou maternelle et jusqu'aux voisines d'âge respectable; au mi; frère aîné, pang (ban) ; soeur aînée, également pang; frère cadet, pou-wen (phaon); oncle maternel, k'i-lai (khlai): mari de la tante paternelle aussi k'i-lai. D'une façon générale, ces gens renversent l'ordre des mots. Ainsi, là où nous disons: cet homme-ci est de Tchan san le frère cadet, ils diront << pou-wen Tchang San>>: cet homme-là est de Li Sseu l'oncle maternel, ils diront <<Pei-che>>: un mandarin, pa-ting; un lettré, pan-k'i. Or, pour dire << un mandarin chinois>>, ils ne diront pas pei-che pa-ting, mais pating pei-che; pour dire <<un lettré chinois>> ils ne diront pas pei-che pan-k'i, mais pan k'i pei-che; il en est ainsi généralement; Voilà les grandes lignes. En outre, les mandarins ont leur style mandarinal de délibérations; les lettrés ont leurs conversations soignées de lettrés ; les bonzes et les taoïstes ont leur langage de bonzes et de taoïstes ; les parlers des villes et des villages différent. C'est absolument le même cas qu'en Chine. 11. L'écriture Les écrits ordinaires tout comme les documents officiels s'écrivent toujours sur des peaux de cerfs ou daims et matériaux analogues, qu'on teint en noir. Suivant leurs dimensions en long et en large, chacun les coupe à sa fantaisie. Les gens emploient une sorte de poudre qui ressemble à la craie de Chine, et la façonnent en bâtonnets appelés so (siamois=sô) Tenant en main le bâtonnet, ils écrivent sur les morceaux de peaux des caractères qui ne s'effacent pas. Quand ils ont fini, ils se placent le bâtonnet sur l'oreille. Les caractères permettent chez eux aussi de reconnaître qui a écrit. Si on frotte sur quelque chose d'humide, ils s'effacent. En gros, les caractères ressemblent absolument à ceux des Ouigoours. Tous les documents s'écrivent de gauche à droite et non pas de haut en bas. J'ai entendu dire à Asän-qaya que leurs lettres se prononçaient presque absolument comme celles des Mongols; deux ou trois seulement ne concordent pas. Ils n'ont aucun sceau. Pour les pétitions, il y a aussi des boutiques d'écrivains où on les écrit. 13. Le jour de l'an et les saisons Ces gens font toujours de la dixième lune chinoise leur premier mois. Ce mois-là s'appelle Kia-tö (katik< skr. Karttika). En avant du palais royal, on assemble une grande estrade pouvant contenir plus de mille personnes, et on la garnit entièrement de lanternes et de fleurs; En face, à une distance de vingt toises, au moyen de [pièces de] bois mises bout à bout, on assemble une haute estrade, de même forme que les échafaudages pour la construction des stupa, et haute de plus de vingt toises. 149

150 Chaque nuit on en construit trois ou quatre, ou cinq ou six. Au sommet on place des fusées et des pétards. Ces dépenses sont supportées par les provinces et les maisons nobles. La nuit tombée, on prie le souverain de venir assister au spectacle. On fait partir les fusées et on allume les pétards. Les fusées se voient à plus de cent stades; les pétards sont gros comme des pierriers, et leur explosion ébranle toute la ville. Mandarins et nobles contribuent avec des cierges et de l'arec: leurs dépenses sont considérables. Le souverain invite aussi au spectacle les ambassadeurs étrangers. Il en est ainsi pendant quinze jours, et puis tout cesse. Chaque mois il y a une fête. Au quatrième mois "on jette la balle". Au neuvième, c'est le ya-lie (rap riep, "énumérer, recenser" : le ya-lie consiste à rassembler dans la ville la population de tout le royaume et à la passer en revue devant le palais royal. Le cinquième mois, on va "chercher l'eau des bouddha" ; on rassemble les Bouddha de tous les points du royaume, on apporte de l'eau(?) et, en compagnie du souverain, on les lave(?). [le sixième mois?] on fait naviguer les bateaux sur la terre ferme : le prince monte à un belvédère pour assister à la fête. Au septième mois, on brûle le riz. A ce moment le nouveau riz est mur; on va le chercher en dehors de la porte du Sud, et on le brûle comme offrande au bouddha. D'innombrables femmes vont en char ou à éléphant assister à cette cérémonie, mais le souverain reste chez lui. Le huitième mois, il y a le ngai-lan; ngai-lan(ram) c'est danser. On désigne des acteurs et musiciens qui chaque jour viennent au palais royal faire le ngai-lan; il y a en outre des combats de porcs et d'éléphants. Le souverain invite également les ambassadeurs étrangers à y assister. Il en est ainsi pendant dix jours. Je ne suis pas en mesure de rappeler exactement ce qui concerne les autres mois. Dans ce pays, il y a comme chez nous de gens qui entendent l'astronomie et peuvent calculer les éclipses du soleil et de la lune. Mais pour les mois longs et courts ils ont un système très différent du nôtre. Aux années, eux aussi sont obligés d'avoir un mois intercalaire, mais ils n'intercalent que le neuvième mois, ce que je ne comprends pas du tout. Chaque nuit se divise en cinq (?) veilles seulement. Sept jours font un cycle; c'est analogue à ce qu'on appelle en Chine K'i pi kien tch'ou. Comme ces barbares n'ont "ni nom de famille, ni nom personnel", ils ne tiennent pas compte du jour de leur naissance, on fait pour beaucoup d'entre eux un "nom personnel" avec le jour [de la semaine] où ils sont nés. Il y a deux jours de la semaine très fastes, trois jours indifférents, deux jours tout à fait néfastes. Tel jour on peut aller vers l'est, tel jour on peut aller vers l'ouest. Même les femmes savent faire ces calculs. Les douze animaux du cycle correspondent également à ceux de Chine, mais les noms sont diffèrent. C'est ainsi que le cheval est appelé pou-si (sèh); le nom du coq esy man (ma n); le nom du porc est che-lou (cruk); le bœuf est appelé ko (ko),etc. 14. La justice Les contestation du peuple, même insignifiantes, vont toujours jusqu'au souverain. On ne connaît aucunement la peine [de la bastonnade] avec le bambou léger ou lourd, et on condamne seulement, m'a-t-on dit, à des amendes pécuniaires. 150

151 Dans les cas particulièrement graves, il n'y a pas non plus de strangulation ou de décapitation, mais, en dehors de la porte de l'ouest, on creuse une fosse où on met le criminel on la remplit ensuite de terre et de pierre qu'on tasse bien: et tout est fini. Pour des cas moindres, il y a l'ablation des doigts des pieds et des mains, ou l'amputation du nez. Toutefois il n'y a pas de prescription contre l'adultère et le jeu. Si le mari d'une femme adultère se trouve mis au courant, il serre entre deux éclisses les pieds de l'amant qui ne peut supporter cette douleur, lui abandonne tout son bien, et alors recouvre sa liberté. Il y a aussi [comme chez nous] de gens qui montent des coups pour escroquer. Si quelqu'un trouve un mort à la porte de sa maison, il le traîne lui-même avec des cordes en dehors de la ville dans quelque terrain vague; mais rien n'existe de ce que nous appelons une "enquête complète". Quand des gens saisissent un voleur, on peut lui appliquer le châtiment de l'emprisonnement et de la mise à la question. On recourt aussi à un procédé remarquable. Si quelqu'un perd un objet et soupçonne d'être son voleur quelque autre qui s'en défend, on fait bouillir de l'huile dans une marmite, et on oblige la personne soupçonnée à y plonger la main. Si elle est réellement coupable, sa main est en lambeaux, sinon, peau et chair sont comme avant. Tel est le procédé merveilleux de ces barbares. En outre, soit le cas où deux hommes sont en contestation sans qu'on sache qui a tort ou raison; En face du palais royal, il y a douze petites tours de pierre. On fait asseoir chacun des deux hommes dans une tour, et les deux hommes sont surveillés, l'un l'autre par leur parenté. Ils restent un ou deux jours, ou bien trois ou quatre jours. Quand ils sortent, celui qui a tort ne manque pas d'avoir attrapé quelque maladie; soit qu'il lui vienne des ulcères, ou qu'il attrape catarrhe ou fièvre maligne. Celui qui a raison n'a pas la moindre chose. Ils décident ainsi du juste ou de l'injuste; c'est ce qu'ils appellent le "jugement céleste". Telle est la puissance surnaturelle du dieu du pays. 15. Les maladies et la lèpre. Les gens de ce pays guérissent spontanément beaucoup de leurs maladies courantes en allant se plonge dans l'eau et en se lavant la tête de façon répétée. Toutefois il y a beaucoup de lépreux de distance en distance sur les routes. Même quand ceux-ci[viennent] coucher avec eux, manger avec eux, les indigènes ne s'y opposent pas. D'aucuns disent que c'est là une maladie due aux conditions climatiques du pays. Il y a eu un souverain qui a attrapé cette maladie ; c'est pourquoi les gens ne la considèrent pas avec mépris. A mon humble avis, on attrape en règle générale cette maladie si, immédiatement après la jouissance sexuelle, on entre dans l'eau pour se baigner ; et j'ai entendu dire que les indigènes, à peine leurs désirs satisfaits, entrent toujours dans l'eau pour se baigner. De leurs dysentériques, il meurt huit à neuf sur dix. On vend comme chez nous des drogues sur le marché, mais très différentes de celles de Chine, et que je ne connais pas du tout. Il y a aussi une espèce de sorciers qui exercent leurs pratiques sur les gens; c'est tout à fait ridicule. 151

152 16. Les morts. Pour les morts, il n'y a pas de cercueils; on ne se sert que d'espèces de nattes, et on les recouvre d'une étoffe. Dans le cortège funéraire, ces gens aussi emploient en tête drapeaux, bannières et musique. En outre ils prennent deux plateaux de riz grillé et le jettent à la volée au alentours de la route. Ils portent le corps hors de la ville, jusqu'en quelque endroit écarté et inhabité, l'abandonnent et s'en vont. Ils attendent que les vautours, les chiens et autres animaux le viennent dévorer. Si le tout est achevé vivement, ils disent que leur père, leur mère avaient des mérites et ont par suite obtenu cette récompense; si le corps n'est pas mangé, ou n'est mangé que partiellement, ils disent que leur père, leur mère ont amené ce résultat par quelque faute. Maintenant il y a aussi peu à peu des gens qui brûlent leurs morts se sont pour la plupart des descendants de Chinois. Lors de la mort de leur père de leur mère, les enfants ne mettent pas de vêtements de deuil, mais les fils se rasent la tête et les filles se coupent les cheveux en haut du front, grand comme une sapèque, c'est là leur deuil filial. Les souverains eux, sont enterrés dans des tours, mais je ne sais si on enterre leurs corps ou si on enterre leurs os. 17. Agriculture En général, on peut faire trois à quatre récoltes par an ; c'est que toute l'année ressemble à nos cinquième et sixième lunes et qu'on ne connaît ni givre ni neige. En ce pays il pleut la moitié de l'année, l'autre moitié de l'année, il ne pleut pas du tout. De la quatrième à la neuvième lune, il pleut tous les jours l'après-midi. Le niveau des eaux du Grand Lac peut [alors] s'élever à sept ou huit toises. Les grands arbres sont noyés ; à peine leur cime dépasse. Les gens qui habitent au bord de l'eau se retirent tous dans la montagne. Ensuite, de la dixième lune à la troisième lune [de l'année suivante] il ne tombe pas une goutte d'eau. Le Grand Lac n'est alors navigable qu'aux petites barques ; aux endroits profonds, il n'a pas plus de trois à cinq pieds d'eau. Les gens redescendent alors. Les cultivateurs tiennent compte du temps où le riz est mûr et des endroits où la crue peut atteindre à ce moment-là, et sèment en conséquence selon les lieux. Pour labourer, ils n'emploient pas de bœufs. Leurs charrues, faucilles et houes, tout en ayant quelque analogie de principe avec les nôtres, sont de construction tout à fait différente. Il y a en outre une espèce de champs naturels où le riz pousse toujours sans qu'on le sème; quand l'eau monte jusqu'à une toise, le riz aussi croit d'autant; je pense que c'est là une espèce spéciale. Toutefois, pour fumer les champs et cultiver les légumes, ces gens ne font aucun usage de fumier, qui leur répugne comme impur. Les Chinois qui sont là-bas ne leur parlent jamais des épandages de fumier en Chine, de peur d'exciter leur mépris. Par deux ou trois familles, les gens creusent une fosse qu'ils recouvrent d'herbe(?) quand elle est pleine, ils la comblent et en creusent une autre ailleurs. Après être allés aux lieux, ils entrent toujours dans le bassin pour se laver, mais n'y emploient que la main gauche; la main droite est réservée pour prendre la nourriture Quand ils voient un Chinois se rendre au lieux et s'essuyer avec du papier, ils le raillent et vont jusqu'à désirer qu'il ne passe pas leur seuil. Parmi les femmes, il y en a qui urinent debout ; c'est vraiment ridicule. 152

153 18. La configuration du pays Depuis l'entrée de Tchen-p'ou, ce sont presque partout les épais fourrés de la forêt basse ; les larges estuaires du Grand fleuve s'étendent sur les centaines de stades ; les ombrages profonds des vieux arbres et des longs rotins font des couverts luxuriants. Les cris des oiseaux et des animaux s'y croisent partout. Arrivé à mi-route dans l'estuaire, on aperçoit pour la première fois la campagne inculte, sans un pouce de bois. Aussi loin qu'on regarde, ce n'est que millet [sauvage] abondant. Par centaines et par milliers, les buffles sauvages s'assemblent en troupes dans cette région. Il y a ensuite des pentes couvertes de bambou qui s'étendent elles aussi sur plusieurs centaines de stades. Aux nœuds de ces bambous, il pousse des épines, et les pousses ont un goût très amer. Des quatre cotés, il y a des hautes montagnes. 19. Les productions. Dans les montagnes, il y a beaucoup de bois rares. Les endroits où il n'y a pas de bois sont ceux où rhinocéros et éléphants s'assemblent et se reproduisent. Les oiseaux précieux, les animaux étranges sont innombrables; Les produits de valeur sont les plumes de martin-pêcheur, les défenses d'éléphant, les cornes de rhinocéros, la cire d'abeille. Comme produits ordinaires, il y a le laka-wood, le cardamome, la gomme-gutte, la gomme-laque, l'huile de chaulmoogra. Le martin-pêcheur est fort difficile à prendre. Dans les forêts épaisse il y a des étangs, et dans les étangs des poissons. Le martin-pêcheur vole hors de la forêt pour chercher des poissons. Le corps caché sous des feuilles, l'indigène est tapi au bord de l'eau. Il a dans une cage une femelle comme appât, et tient à la main un petit filet. Il épié la venue de l'oiseau, et le prend sous le filet. Certains jours il en prend trois ou cinq, parfois pas un de toute la journée. Ce sont les habitants des montagnes reculées qui ont les défenses d'éléphants. Pour chaque éléphant mort on a deux défenses. On racontait autrefois que l'éléphant renouvelait ses défenses une fois par an, mais cela n'est pas. Les défenses provenant d'un animal tué à la lance sont les meilleures. Viennent ensuite celles qu'on trouve peu après que l'animal est mort de mort naturelle. Les moins estimées sont celles qu'on trouve dans la montagne bien des années après la mort. Le cire d'abeille se trouve dans les arbres pourris des villages. Elle est produite par une espèce d'abeille au corselet fin comme celui des fourmis. Les indigènes la leur prennent. Chaque bateau peut en recevoir deux à trois mille rayons; un gros rayon pèse de trente à quarante livres; un petit, pas moins de dix-huit à dix-neuf livres. La corne de rhinocéros blanche et veinée est la plus estimée; la noire est inférieure. Le laka-wood vient dans les forêts épaisses. Les indigènes se donnent beaucoup de mal pour le couper; c'est que c'est là le cœur d'un arbre, et autour il y a jusqu'à huit et neuf pouces d'aubier; les petits arbres en ont au moins quatre à cinq pouces. 153

154 Tout le cardamome est cultivé dans la montagne par les sauvages. La gomme-gutte est la résine d'un arbre spécial. Les indigènes incisent l'arbre un an à l'avance, laissant suinter la résine, et ne la recueillent que l'année suivante. La gomme-laque pousse dans les branches d'un arbre spécial, et a absolument la forme de l'épiphyte du mûrier. Il est aussi fort difficile de se la procurer. L'huile de chaulpoogra provient des graines d'un grand arbre. Le fruit ressemble à un coco, mais est rond: il contient plusieurs dizaines de graines. Le poivre se trouve aussi parfois. Il pousse enroulé autour des rotins, et s'attache comme le l-ts'aotseu (houblon?). Celui qui est frais et vert-bleu est le plus amer. 20. Le commerce Dans ce pays se sont les femmes qui s'entendent au commerce. Aussi, si un Chinois en arrivant là-bas commence toujours par prendre femme, c'est qu'il profite en outre des aptitudes commerciales de celle-ci. Chaque jour se tient un marché qui commence à six heures et finit à midi. Il n'y a pas [à ce marché] de boutiques où les gens habitent, mais ils se servent d'une espèce de natte qu'ils étendent à terre. Chacun a son emplacement. J'ai entendu dire qu'on payait aux autorités la location de la place. Dans les petites transactions, on paie en riz, céréales et objets chinois ; viennent ensuite les étoffes ; pour ce qui est des grandes transactions, on se sert d'or et d'argent. D'une façon générale les gens de ce pays sont extrêmement simples. Quand ils voient un Chinois, ils lui témoignent beaucoup de crainte respectueuse et l'appellent "Bouddha". En l'apercevant, ils se jettent à terre et se prosternent. Depuis quelque temps, il y en a aussi certains qui trompent les Chinois et leur font tort. Cela tient au grand nombre de ceux qui y sont allés. 21. Les marchandises chinoises qu'on désire. Ce pays ne produit, je crois, ni or ni argent; ce qu'on y estime le plus est l'or et l'argent chinois, et ensuit les soieries bigarrées légères à double fil. Après quoi viennent les étains de Tchen-cheou, les plateaux laqués de Wen-tcheou, les porcelaines vertes (=céladons=) de Ts'iuan-tcheou, le mercure, le vermillon, le papier, le soufre, le salpêtre, le santal, la racine d'angélique, le musc, la toile de chanvre, la toile de houang-ts'ao, les parapluies, les marmites de fer, les plateaux de cuivre, les perles d'eau douce(?), l'huile d'abrasin, les nasses de bambou(?), les vans, les peignes de bois, les aiguilles. Comme produits plus communs et lourds, il y a par exemple les nattes de Ming-tcheou (Ning-po). Ce que ces gens désirent vivement obtenir, ce sont des fèves et du blé, mais l'exportation [de Chine] en est interdite. 154

155 22. La flore Seuls la grenade, la canne à sucre, les fleurs et racines de lotus, le carambolier, la banane et le coniosélin sont identiques à ceux de Chine. Le letchi et l'orange sont de même forme [que chez nous], mais acides. Tous les autres [fruits] n'ont jamais été vus en Chine. Les arbres aussi sont très différents. Les plantes florales sont en nombre encore plus grand, et de plus ont à la fois parfum et beauté. Les fleurs aquatiques sont d'espèces encore plus nombreuses, mais j'ignore leur noms. Quant aux pêchers, pruniers communs, abricotiers, pruniers mume, pins, cyprès, sapins, genévriers, poiriers, jujubiers, peupliers, saules, canneliers, orchidées, chrysanthèmes, etc..., ils n'en ont pas. Dans ce pays, il y a déjà à la première lune [chinoise] des fleurs de lotus. 23. Les oiseaux Parmi leurs oiseaux, le paon, le martin-pêcheur, le perroquet n'existent pas en Chine. Pour le reste, ils ont [comme nous] vautours, corbeaux, aigrettes, moineaux, cormorans, cigognes, grues, canards sauvages, serins(?), etc...; mais il leur manque la pie, l'oie sauvage, le loriot, l'engoulevent, l'hirondelle, le pigeon. 24. Les quadrupèdes Parmi leurs quadrupèdes, le rhinocéros, l'éléphant, le buffle sauvage et le cheval de montagne n'existe pas en Chine. Il y a en grande abondance tigres, panthères, ours, sangliers, cerfs, daims, gibbons, renards, etc... Ce qui manque, c'est le lion, le sing-sing, le chameau. Il va sans dire qu'on a en ce pays poules, canards, bœufs, chevaux, porcs, moutons. Les chevaux sont très petit. Les bœufs abondent. Les gens montent les bœufs vivants, mais morts il n'osent ni les manger, ni les écorcher ; ils attendent qu'ils pourrissent, pour cette raison que ces animaux ont dépensé leurs forces au service de l'homme. Ils ne font que les atteler aux charrettes. Jadis il n'y avait pas d'oies; depuis peu des marins en ont apporté de Chine; aussi ont-ils cet animal. Ils ont des rats gros comme des chats, et aussi une espèce de rats dont la tête ressemble absolument à celle d'un tout jeune chien. 25. Les légumes. Comme légumes, ils ont les oignons, la moutarde, le poireau, l'aubergine, la pastèque, le citrouille; le concombre, l'ansérine(?): ils n'ont pas la rave, la laitue, la chicorée, l'épinard. Dès la première lune on a cucurbitacées et aubergines; il y a des plants d'aubergines qui ne s'arrachent pas de plusieurs années. Les arbres à coton peuvent dépasser en hauteur les maisons ; il y en a qui ne se remplacent pas pendant plus de dix ans. Beaucoup de légumes existent dont j'ignore le nom; les légumes aquatiques sont également très nombreux. 155

156 26. Les poissons et reptiles. Parmi les poissons et tortues, c'est la carpe noire qui est la plus abondante ; très nombreux sont ensuite les carpes ordinaires, les carpes bâtardes, la tanche. Il y des goujons(?), dont les gros pèsent deux livres et plus. Nombre de poissons existent dont j'ignore le nom. Tous les poissons ci-dessus viennent dans le Grand Lac. Quant aux poissons de mer, il y en a de toutes espèces, des anguilles, des congres de lac(?). Les indigènes ne mangent pas de grenouilles; aussi à la nuit pullulent -elles sur les routes. Tortues de mer et alligators(?) se mangent. Les crevettes de Tch'a-nan pèsent une livre et plus. Les pattes de tortue de Tche pou ont jusqu'à huit et neuf pouces. Il y a des crocodiles gros comme des barques, qui ont quatre pattes et ressemblent tout à fait au dragon, sauf qu'ils n'ont pas de cornes; leur ventre est très croustillant. Dans le grand Lac, on peut ramasser à la main bivalves et gastéropodes. On ne voit pas de crabes; je pense qu'il y en a également, mais que les gens ne les mangent pas. 27. Les boissons fermentées Ces gens ont quatre classes de vins. La première est appelée par les Chinois "vin de miel" ; on la prépare au moyen d'une drogue à fermentation, et en mêlant du miel et de l'eau par moitié. La classe qui vient ensuite est appelée par les indigènes p'ong-ya-sseu; on l'obtient avec des feuilles d'arbre; p'ong-ya-sseu est le nom des feuilles d'un certain arbre. Encore au-dessous est le vin fait de riz cru ou de restes de riz cuit, et qu'on appelle pao-leng-kio; pao-leng -kio ( ranko>anka) signifie "riz". En dernier lieu vient le vin de sucre; on le fait avec du sucre. En outre, quand on pénètre dans l'estuaire, on a encore le long de la rivière du vin de suc de kiao (vin de kajang?) ; il y a en effet une espèce de feuilles de kiao qui pousse au bord de la rivière, et son suc peut donner du vin par fermentation. 28. Le sel, le vinaigre, le soy. Dans ce pays, l'exploitation de salines n'est soumise à aucune restriction. Tout le long de la côte, à partir de tchen-p'ou et Pa kien, on obtient le sel par cuisson de l'eau de mer. Dans les montagnes il y a aussi un minéral dont la saveur l'emporte sur celle du sel; on peut le tailler et en faire des objets. Les indigènes ne savent pas faire de vinaigre. S'ils désirent rendre une sauce acide, ils y ajoutent des feuilles de l'arbre hien-p'ing (? Ampil). Si l'arbre bourgeonne, ils emploient les bourgeons; si l'arbre est en graines, ils emploient les graines. Ils ne savent pas non plus préparer le soy, faute d'orge et de haricots. Ils ne fabriquent pas de levure de grains. Quand ils font du vin avec du miel, de l'eau et des feuilles d'herbe, c'est d'une mère de vin qu'ils se servent, ressemblant à la mère de vin blanche de nos villages. 156

157 29. Les vers à soie et le mûrier. Les indigènes ne s'adonnent pas à [l'élève des] vers à soie ni à [la culture du] mûrier, et leurs femmes n'entendent également rien aux travaux de l'aiguille et du fil, de la couture et du reprisage. Ils savent juste tisser des étoffes avec le [coton de] l'arbre à coton; encore ne savent-ils pas filer au rouet, et font-ils leur fil à la main. Ils n'ont pas de métier pour tisser; ils se contentent d'attacher une extrémité de la toile à leur ceinture et continuent le travail à l'autre extrémité. Comme navettes, ils n'ont que des tubes de bambou. Récemment des Siamois sont venus s'établir en ce pays, qui s'adonnent à l'élève des vers à soie et à la culture du mûrier ; leurs graines de mûriers et leurs graines de vers à soie viennent toutes du Siam. Les gens n'ont pas non plus de ramie, mais seulement du lo-ma. les Siamois se tissent avec la soie des étoffes damassées foncées dont ils se vêtent. Les siamoises savent coudre et repriser. Quand l'étoffe qu'ils mettent sur eux est déchirée, les indigènes prennent à gage [des Siamoises] pour la réparer. 30. Les ustensiles. Les gens ordinaires ont une maison, mais sans table, banc, cuvette ou seau. Ils emploient seulement une marmite de terre pour cuire le riz, et emploient en outre une poêle de terre pour préparer la sauce; Ils enterrent trois pierres pour faire le foyer, et d'une coquille de noix de coco font une louche. Pour servir le riz, ils emploient des plateaux chinois de terre ou de cuivre. Pour la sauce, ils emploient des feuilles d'arbre dont ils font de petites tasses qui, même pleines de liquide, n'en laissent rien couler. En outre, ils font avec de feuilles de kiao de petites cuillers pour puiser le liquide [dans ces tasses] et le porter à la bouche; quand ils ont fini, ils les jettent. Il en est ainsi même dans leurs sacrifices aux génies et au Bouddha. Ils ont aussi à côté d'eux un bol d'étain ou de terre plein d'eau pour y tremper les mains; c'est qu'ils n'emploient que leurs doigt pour prendre le riz, qui colle au doigts et sans cette eau ne s'en irait pas. Ils boivent le vin dans des gobelets d'étain; le pauvres emploient des écuelles de terre. Les maisons nobles ou riches emploient pour chacun des récipients d'argent, quelquefois même d'or. Pou le fêtes royales, on emploie nombre d'ustensiles faits en or, de modèles et de formes particuliers. A terre, on étend des nattes de Ming-tcheou; il y en a aussi qui étendent des peaux de tigres, de panthères, de cerf, de daims, etc... ou de nattes de rotin. Depuis peu, on a inauguré des tables basses, hautes environ d'un pied. Pour dormir, on n'emploie que des nattes de bambou, et on couche sur des planches. Depuis peu, certains emploient aussi des lits bas, qui sont en général fabriqués par des Chinois. On recouvre les aliments avec une étoffe; dans le palais du souverain, se sert à cette fin de soieries à fil double tachetées(?) d'or qui sont toutes des présents des marchands d'outre-mer. Pour [décortiquer] le riz, on n'emploie pas de meules, et on se borne à le broyer avec un pilon et un mortier. 31. Les charrettes et les palanquins. Les palanquins sont faits d'une pièce de bois qui est recourbée en sa partie médiane et dont les deux extrémités se relèvent toutes droites; on y sculpte des motifs fleuris et on la revêt d'or ou d'argent; c'est là ce qu'on appelle des supports de palanquin en or ou en argent. 157

158 A environ un pied de chaque extrémité on enfonce un crochet, et avec des cordes on attache aux deux croches une grande pièce d'étoffe repliée à gros plis. On se courbe dans cette toile et deux hommes portent le palanquin. Au palanquin on ajoute en outre un objet semblable à une voile de navire, mais plus large, et qu'on orne de soieries bigarrées ; quatre hommes la portent et suivent le palanquin en courant. Pour aller loin, il y a aussi des gens qui montent à éléphant ou qui montent à cheval; certains aussi emploient des charrettes, de modèle identique à celles des autres pays. Les chevaux n'ont pas de selles ni les éléphants de bancs pour s'asseoir. 32. Les barques et les avirons Les grandes barques sont faites au moyen de planches taillées dans des arbres [en bois] dur. Les ouvriers n'ont pas de scies et n'obtiennent les planches qu'en équarrissant les arbres à la hache; c'est une grande dépense de bois et une grande dépense de peine. Quoiqu'on veuille faire en bois, on se borne de même à le creuser et le tailler au ciseau; il en est également ainsi dans la construction des maisons. Pour les grandes barques, on se sert aussi de clous de fer, et on recouvre ces barques avec des feuilles de Kiao (kajang) maintenues par des lattes d'aréquier. Un bateau de ce genre est appelé sin-na; il va à la rame. La graisse dont on l'enduit est de la graisse de poisson, et la chaux qu'on y mélange est la chaux minérale. Les petites barques sont faites d'un grand arbre qu'on creuse en forme d'auge; on l'amollit au feu et on l'élargit par l'effort de pièces de bois; aussi ces barques sont-elles large au centre et effilées au deux bouts. Elles n'ont pas de voiles et peuvent porter plusieurs personnes; on ne les dirige qu'à la rame. Elles sont appelées P'i-lan. 34. Les villages Chaque village a ou bien un temple, ou bien une tour. Si les habitants sont tant soit peu nombreux, ils ont aussi un mandarin local qu'on appelle mai-tsie (mé srok?). Sur les grandes routes, l y a des lieux de repos analogues à nos relais de poste; on les appelle sen-mou ( samnak). Récemment, au cours de la guerre avec le Siam,[les villages] ont été entièrement dévastés. 35. La récolte du fiel Avant ce temps-ci, dans le courant de la huitième lune (chinoise), on recueillait le fiel : c'est que le roi du Champa exigeait annuellement une jarre contenant des milliers et des myriades de fiels humains. A la nuit, on postait en maintes régions des hommes dans les endroits fréquenté des villes et des villages. S'ils rencontraient des gens qui circulaient la nuit, ils leur couvraient la tête d'un capuchon serré par une corde et avec un petit couteau leur enlevaient le fiel au bas du côté droit. On attendait que le nombre fût au complet et on les offrait au roi du Champa. Mais on ne prenait pas de fiels des Chinois. C'est qu'une année, on avait pris un fiel de Chinois et on l'avait mis avec les autres, mais ensuite tous les fiels de la jarre pourrirent et on ne put pas les utiliser. 158

159 Récemment on a aboli la pratique de la récolte du fiel, et on a installé à part les mandarins de la récolte du fiel, et leurs subordonnés, en les faisant habiter dans la ville, près de la porte Nord. 36. Un prodige Dans la ville, près la porte de l'est, il y eut un barbare qui forniqua avec sa sœur cadette. Leur peau et leur chair collèrent ensemble sans se détacher, et après trois jours passés sans nourriture tous deux sont morts. Mon pays, M. Sie, qui a passé trente-cinq ans dans le pays, affirme avoir vu le cas se produire deux fois. S'il en est ainsi, c'est que [les gens de ce pays] savent utiliser la puissance surnaturelle du saint Bouddha. 37. Les bains. Le pays est terriblement chaud et on ne saurait passer un jour sans se baigner plusieurs fois. Même la nuit, on ne peut manquer de le faire une ou deux fois. Il n'y a ni maisons de bains, ni cuvettes, ni seaux. Mais chaque famille a un bassin; sinon, deux ou trois familles en ont un en commun. Tous, hommes et femmes, entrent nus dans le bassin. Seulement, quand le père, la mère, ou des gens d'âge sont dans le bassin, leurs fils et filles ou les jeunes gens n'y entrent pas. Ou si les jeunes gens se trouvent dans le bassin, les personnes d'âge s'en tiennent à l'écart. Mais si on est de même âge, on n'y prête pas attention, les femmes cachent leur sexe avec la main gauche en entrant dans l'eau, et voilà tout. Tous les trois ou quatre, cinq ou six jours, les femmes de la ville, trois par trois, cinq par cinq, vont se baigner hors de la ville dans le fleuve. Arrivées au bord du fleuve, elles ôtent la pièce d'étoffe qui leur entoure le corps et entrent dans l'eau. C'est par milliers qu'elles sont ainsi réunies dans le fleuve. Même les femmes des maisons nobles participent [à ces bains]et n'en conçoivent aucune honte. Tous peuvent les voir de la tête aux pieds. Dans le grand fleuve en dehors de la ville, il n'y a pas de jour où cela ne se passe. Les Chinois, aux jours de loisir, s'offrent souvent le plaisir d'y aller voir. J'ai entendu dire qu'il y en a aussi qui entrent dans l'eau pour profiter des occasions. L'eau est toujours chaude comme si elle était sur le feu; ce n'est qu'à la cinquième veille qu'elle se rafraîchit un peu; mais dès que le soleil se lève, elle s'échauffe à nouveau. 38. Les immigrés Les chinois qui arrivent en qualité de matelots trouvent commode que dans ce pays on n'ait pas à mettre de vêtements, et comme en outre le riz est facile à gagner, les femmes faciles à trouver, les maisons faciles à aménager, le mobilier facile à acquérir, le commerce facile à diriger, il y en a constamment qui désertent pour y [ rester]. 159

160 39. L'armée Les troupes vont aussi corps et pieds nus. Dans la main droite elles tiennent la lance ; dans la main gauche, le bouclier. Il n'y a ni arcs, ni flèches, ni balistes, ni boulets, ni cuirasses, ni casques. On rapporte que, dans la guerre avec les Siamois, on a obligé toute la population à combattre. D'une façon générale, ces gens n'ont d'ailleurs ni tactique ni stratégie. 40. La sortie du souverain J'ai entendu dire que, sous les souverains précédents, les empreintes des roues de leur char ne dépassaient jamais leur seuil; et cela pour parer aux cas fortuits. Le nouveau prince est le gendre de l'ancien souverain. Primitivement il avait charge de diriger les troupes. Le beau-père aimait sa fille; la fille lui déroba l'épée d'or et la porta à son mari. Le vrai fils fut par suite privé de la succession. Il complota pour lever les troupes, mais le nouveau prince le sut, lui coupa les orteils et le relégua dans une chambre obscure. Dans le corps du nouveau prince est incrusté un [morceau de] fer sacré, si bien que même couteaux et flèches, frappant son corps, ne pourraient le blesser. S'assurant là-dessus, le nouveau prince ose sortir. J'ai passé dans le pays plus d'une année, et je l'ai vu sortir quatre ou cinq fois. Quand le prince sort, des troupes sont en tête d'escorte; puis viennent les étendards, les fanions, la musique. Des filles du palais, de trois à cinq cents, en étoffes à ramages, des fleurs dans le chignon, tiennent à la main des cierges, et forment une troupe à elles seules; même en plein jour leurs cierges sont allumés. Puis viennent des filles du palais portant les ustensiles royaux d'or et d'argent et toute la série des ornements, le tout de modèles très particuliers et dont l'usage m'est inconnu. Puis viennent des filles du palais tenant en mains lance et bouclier, et qui sont la garde privée du palais elles aussi forment une troupe à elles seules. Viennent ensuite des charrettes à chèvres des charrettes à chevaux, toutes ornées d'or. Les ministres, les princes sont tous montés à éléphant; devant eux(?) on aperçoit de loin leurs parasols rouge, qui sont innombrables. Après eux arrivent les épouses et concubines du roi, en palanquin, en charrette, à cheval, à éléphant ; elles ont certainement plus de cent parasols tachetés(?) d'or. Derrière elles, c'est alors le souverain, debout sur un éléphant et tenant à la main la précieuse épée. Le défenses de l'éléphant sont également dans un fourreau d'or. Il y a plus de vingt parasols blancs tachetés(?) d'or et dont les manches sont en or. Des éléphants nombreux se pressent tout autour de lui, et à nouveau il y a des troupes pour le protéger. Si le souverain se rend à un endroit voisin, il se sert seulement de palanquins d'or, qui sont portés par des filles du palais. Le plus souvent, le roi en sortant va voir une petite tour d'or devant laquelle est un Bouddha d'or. Ceux qui aperçoivent le roi doivent s'agenouiller et toucher la terre du front; c'est ce qu'on appelle san-pa ( sambah). Sinon, ils sont saisis par les maîtres des cérémonies(?) qui ne les relâchent pas pour rien. 160

161 Chaque jour le souverain tient audience deux fois pour les affaires du gouvernement. Il n'y a pas de liste(?) arrêtée. Ceux des fonctionnaires ou du peuple qui désirent voir le souverain s'assoient à terre pour l'attendre. Au bout de quelque temps, on entend dans le palais une musique lointaine; et au dehors on souffle alors dans des conques comme bienvenue au souverain. J'ai entendu dire que le souverain ne se servait là que d'un palanquin d'or; il ne vient pas de loin. Un instant après, on voit deux filles du palais relève le rideau de leurs doigts menus et le souverain, tenant en l'épée, apparaît debout à la fenêtre d'or. Ministres et gens du peuple joignent les mains et frappent le sol du front; quand le bruit des conques a cessé, ils peuvent relever la tête. Le souverain immédiatement après va s'asseoir. Là où il s'assied, il y a une peau de lion, qui est trésor royal héréditaire. Dès que les affaires à traiter sont terminées, le prince se retourne; les deux filles du palais laissent retomber le rideau; tout le monde se lève. On voit par-là que tout en étant un royaume de barbares, ces gens ne laissent pas de savoir ce que c'est qu'un prince. FIN 161

162 6/3 - la tragédie cambodgienne Le drapeau des khmers rouge En 1975, après une guerre civile, les Khmers Rouges prennent le pouvoir au Cambodge en renversant le gouvernement en place. Avec leur leader Pol Pot, le «frère numéro Un», ils instaurent alors un régime de terreur sous la tutelle de la chine. La propriété privée est interdite, les gens des villes sont envoyés dans les campagnes pour travailler dans les rizières. Toute personne qui était jugée ennemi du peuple, ou même soupçonnée était systématiquement massacrée, ce qui inclut les intellectuels, les religieux, et les artistes. Quelques leaders des Khmers rouges Ce fut l un des plus grand carnage de ce siècle : en quatre ans, un million et demi de personnes sont tuées (les estimations varient). A Phnom Penh, les Khmers rouges avaient fait de l école de Tuol Sleng l un de leurs centres de torture, S21. C est maintenant un musée qui montre la politique d extermination du régime. Pol Pot sera renversé par les Vietnamiens en janvier 1979, et laissa le pays au milieu d une guerre civile. Croissance Démographique entre 1961 et

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