La catéchèse paroissiale un nouveau défi pour nos communautés ressources et perspectives

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1 La catéchèse paroissiale un nouveau défi pour nos communautés ressources et perspectives Sion St-Maurice Journée des Conseils de Communauté 13 et 14 janvier 2007 Comme il a été annoncé dans les invitations et convocations pour cette journée des Conseils de Communauté, nous allons prendre un moment ce matin pour réfléchir à la catéchèse paroissiale : un nouveau défi pour nos communautés : ressources et perspectives Ou plutôt, on devrait dire que nous allons apporter une pierre de plus à la construction du chantier immense de la catéchèse paroissiale. Il est vrai que de «catéchèse paroissiale», on en parle depuis longtemps, plus de 15 ans si on en croit les documents officiels qui ont été écrits sur le sujet, dans notre diocèse. Mais dans les faits, on le verra, il faut du temps pour que les propositions et les mises en œuvre deviennent réelles. Il est important aussi, avec le sujet de la catéchèse paroissiale, de développer aussi un certain état d esprit, de changer un peu les mentalités habituelles, pour que de nouveaux modèles de catéchèse puissent naître. 1. Introduction Je vous propose les cinq points suivants pour notre réflexion :. une sorte de définition du mot catéchèse : quelques éléments, tirés du document officiel «Directoire général de la catéchèse, édité à Rome, en 1997», nous permettront de comprendre un peu mieux ce qu on entend par catéchèse.. un regard sur la réalité actuelle, avec l introduction des nouveaux moyens d enseignements à l Ecole (ENBIRO) et les conséquences pour la catéchèse. Nous allons essayer de bien distinguer les deux domaines (ERS et catéchèse) pour en comprendre les enjeux.. l évolution du monde et les liens de l Eglise avec le monde. La foi, la religion et la vie des hommes et femmes d aujourd hui : quelle place Dieu a-t-il dans ce monde en plein développement? et comment la catéchèse aujourd hui doit évoluer et aider les hommes et les femmes d aujourd hui à cheminer dans la foi et à rencontrer le Christ de façon plus authentique.. les principes de la catéchèse paroissiale. Nous allons essayer de comprendre les changements, ou plutôt les passages que nous avons à effectuer pour la mise en place de la catéchèse paroissiale. Nous verrons aussi comment l importance de la communauté paroissiale, de tous ses membres pour que toujours plus les enfants, les jeunes, les adultes puissent rencontrer ce Dieu amour, ce Dieu révélé en Jésus-Christ.. en conclusion, nous envisagerons avec espérance l avenir, en donnant quelques exemples concrets, quelques expériences qui ont été mises en place et qui sont à l origine d un renouveau et d un dynamisme au sein de la communauté. Ce sera aussi le moment pour nous de voir comment, les membres d un Conseil de Communauté peuvent s impliquer et apporter leur pierre à la construction de la catéchèse ou comment encore, ensemble, nous pouvons prendre le bon chemin pour redynamiser la catéchèse là où nous sommes.

2 2. Qu est-ce que la catéchèse? Pour essayer de définir rapidement ce qu est la catéchèse, nous allons relever quelques éléments d un document, le Directoire général de la catéchèse, (DCG) édité par l Eglise universelle, à Rome, en Les buts de la catéchèse Le but définitif de la catéchèse est de mettre quelqu un non seulement en contact, mais en communion, en intimité avec Jésus-Christ, dans la durée. Tous les termes énoncés dans ce no du Directoire général sont importants : on le voit, la catéchèse, c est un long processus ce n est jamais quelque chose d acquis une fois pour toutes. On ne peut plus considérer la catéchèse comme quelque chose qui s adresse à des enfants uniquement, mais cela concerne toute la vie, tous les âges de notre vie, toute personne. La catéchèse permet donc aux personnes, enfants, jeunes et adultes, de rencontrer, de façon personnelle, le Christ, de vivre avec lui une relation intime, un cœur à cœur avec ce Jésus, le Fils de Dieu, vrai Dieu et vrai Homme et cela, tout au long de sa vie. Les tâches de la catéchèse Le texte du Directoire est très explicite : pour atteindre les buts, la catéchèse s inspirera de la méthode suivie par Jésus pour former ses disciples. Les tâches de la catéchèse correspondent à l éducation des diverses dimensions de la foi, car la catéchèse est une formation chrétienne intégrale, ouverte à toutes les composantes de la vie chrétienne. On le voit, la catéchèse prend en compte la totalité de la personne humaine :. son intelligence : il s agit de connaître certaines choses importantes du mystère de la foi : le credo, la valeur des sacrements, les actes, les paroles de Jésus, l histoire du peuple d Israël, etc accueillir l enseignement de l Eglise, apprendre. son esprit : apprendre à prier, à entrer en relation avec Dieu. Sa vie spirituelle qui a besoin d être nourrie, développée, d où l importance de la vie liturgique, du partage et des célébrations vécues avec d autres chrétiens.. sa vie morale : ses actes, ses intentions qui prennent pour modèle le Christ : sa vie en relations dans le monde, la société, les loisirs, le travail son témoignage : accorder sa vie aux paroles de l Evangile, donner envie à d autres de mettre leurs pas dans ceux du Christ, se soucier des plus petits, avoir une option préférentielle pour les pauvres, être accueillants aux appels de ceux et celles qui m entourent en d autres termes, vivre la diaconie, le service de la charité. Quand on évoque le mot «catéchèse», nous nous référons d habitude à des souvenirs d enfance, bien lointains : par exemple, on se souvient des grands personnages bibliques (Abraham, Jean- Baptiste, Joseph, Marie ) ou encore, des événements, des paroles ou actes de Jésus : ses guérisons, ses miracles, et bien sûr sa mort et sa résurrection, la Pentecôte Tout cela, on l apprenait à l école, et on le vivait de façon «naturelle» ou quasi obligatoire à la maison, en famille et à l église le week-end. Avec ce qui vient d être explicité par le Directoire Général de la Catéchèse, on se rend compte que le cadre de la catéchèse, aujourd hui, dépasse largement le cadre de l école et la période de l enfance. On pourrait affirmer que désormais, la catéchèse concerne la vie de toute personne qui désire vivre, connaître la vie du Christ et développer avec lui une relation de confiance. Faisons un pas de plus maintenant, et essayons de comprendre les différences entre l enseignement religieux scolaire et la catéchèse. 2

3 3. Distinction «Catéchèse Enseignement Religieux Scolaire» En Valais, jusqu en 2003, la catéchèse était fortement liée à l école : en effet, l école était le lieu habituel de la catéchèse : tout se faisait sur le temps scolaire et dans les lieux de l école : la cohabitation était bien vécue, par les deux parties. Dès 1990, Mgr Schwery a posé les jalons pour distinguer la catéchèse et l enseignement religieux scolaire et finalement, comme il faut du temps pour tout, pour mûrir telle ou telle décision, nous voilà arrivés en 2003, pour que la décision tombe : le DECS et les deux Eglises officielles, reconnues en Valais (l Eglise Réformée et l Eglise catholique) se sont mises d accord pour sortir la catéchèse de l école et pour que celle-ci dispense un enseignement religieux. Le tableau suivant peut nous éclairer sur les distinctions importantes entre ERS et Catéchèse. Bien distinguer les deux domaines est indispensable, car cela va nous permettre de mettre en évidence les enjeux de la catéchèse paroissiale et les défis qu elle aura à relever, dans le futur. QUOI? L objet de l ERS et de la Catéchèse L école dispense des connaissances sur le christianisme (essentiellement, car n oublions pas que nous apporterons à une culture chrétienne) et sur les autres religions. L école propose aussi une réflexion sur les valeurs, les questions fondamentales de l existence humaine : qui nous sommes, ce que nous faisons sur la terre, quel est le sens de la vie, la souffrance, les joies Cet enseignement est neutre, quelque soit l origine des enfants. La catéchèse invite l enfant (le croyant) à une relation à Dieu, à une intimité avec lui : il s agit plus de développer ce lien vivant avec Dieu et cela exige de l enfant (du croyant) une adhésion libre et confiante. On parle alors plus d une attitude de foi : être croyant, mettre sa foi en quelqu un, Jésus, qui devient un compagnon fidèle Cette attitude est vécue personnellement et en communauté. C est plus une affaire de cœur, de conviction personnelle qui est mise en avant : l enfant (le croyant) fait la rencontre personnelle avec Jésus et il est invité à développer et à faire grandir ce lien, cette intimité, ce cœur à cœur avec lui. Comme il a été relevé précédemment, on se rend compte que la catéchèse est plus affaire de relation, d intimité, de foi et de confiance à proposer et à développer. 3

4 QUI? Qui est habilité à dispenser ces connaissances? A l école,. tout d abord, les enseignants eux-mêmes, du moins à l école primaire dans les autres degrés (secondaire C.O. et collèges), les enseignants ayant acquis les compétences et les connaissances nécessaires, au même titre qu un prof de maths, sciences ou gymnastique.. ensuite, les intervenants des Eglises reconnues en Valais: les catéchistes et les prêtres, pasteurs toute personne ayant acquis une formation, des compétences. En catéchèse, on peut relever deux principaux acteurs de la catéchèse : Tout d abord, les parents: ce sont eux les premiers éducateurs de la foi de leurs petits. Ils ont une responsabilité importante dans la transmission de la catéchèse. Le témoignage de vie donné par les parents, cette première expérience chrétienne marque souvent les enfants durant toute leur vie. (qui de nous n a pas en mémoire la façon dont ses parents, ses grands parents ont témoigné )? On peut dire que la catéchèse familiale précède, accompagne, enrichit tout autre forme de catéchèse. Il est toujours intéressant, lors de grandes fêtes ou événements familiaux (naissance, mariage, décès, anniversaires ) d expliquer le contenu chrétien ou religieux de ses événements. Cette première initiation se consolide à l occasion de ces rendez-vous ou fêtes familiales. Après les parents, la communauté ecclésiale, la paroisse toute entière, le lieu de rassemblement des chrétiens, est aussi responsable de la catéchèse. Dans la paroisse, les personnes responsables, mandatées par l évêque : les prêtres, les catéchistes, les parents qui accompagnent leurs enfants. Toute la communauté chrétienne doit se sentir responsable de ce service. Même si les prêtres, religieux et laïcs exercent en commun la catéchèse, ils le font de manière différenciée, chacun selon sa condition particulière dans l Eglise On peut relever à ce propos, le rôle essentiel tenu par les catéchistes formées, dans notre diocèse. Les bonnes volontés ne suffisent pas une formation minimum, pour exercer une responsabilité catéchétique, est toujours nécessaire et c est là qu intervient aussi un mandat ecclésial pour être catéchistes. C est un des axes à la F.A.M.E. que de former des catéchistes qui auront ensuite une responsabilité catéchétique dans une paroisse, un secteur. Les catéchistes sont là pour accompagner, soutenir les parents, les enfants, les jeunes toute personne dans son cheminement et sa découverte du Christ. Pour QUI? A l école. Pour tous les enfants: dans certaines classes, il n est pas rare, du moins en ville, de rencontrer des enfants de diverses religions (cf. à Champsec, lors de mes cours de caté en 4P, de 1999 à 2002) En catéchèse, Enfin, comme à l école, n oublions pas de mentionner que les destinataires de la catéchèse sont les enfants, les adultes qui demandent une démarche de foi : ils s évangélisent eux-mêmes et se catéchisent eux-mêmes, par leur témoignage, leur désir de grandir dans la foi et de mettre leurs pas dans ceux du Christ, leur frère et leur ami. 4

5 Les attitudes requises. A l école, on peut relever un certain intérêt des enfants pour les questions religieuses : il ne faut pas être surpris que dans les cours de l école, le sujet de la religion n est pas du tout tabou pour les enfants et il leu arrive de parler de leur façon de vivre leur religion.. D autre part, la base de l enseignement religieux à l école est la découverte et la connaissance de la Bible ainsi que certains aspects de la vie des Eglises : les grandes fêtes, les diverses célébrations vécues.. L école encourage aussi la connaissance et l attitude de respect face aux divers vécus, traditions religieuses des chrétiens et des autres religions des enfants de leurs classes, de leur proches, de leurs familles ou amis. Enfin, l école invite les enfants à animer des discussions sur des questions religieuses : les différentes pratiques, les façons de prier, de se rassembler En conclusion, on peut dire que l école développe surtout l aspect des connaissances et les différentes façons d envisager les valeurs et les questions fondamentales de la vie, de l existence. La catéchèse essaie de développer une attitude de croyant chez l enfant (ou les adultes) : qu est-ce que cela implique de dire : je crois en toi Jésus, quel lien, quelle intimité je veux vivre avec toi Jésus? Cela touche ainsi les domaines de la prière, de la méditation à partir des textes bibliques, ou des textes des grands saints ou figures qui ont marqué le christianisme. La catéchèse encourage aussi les temps de célébrations liturgiques qui permettent à l enfant (au croyant) de développer ce lien vivant avec le Christ : ces liturgies permettent aussi de vivre les grandes fêtes de l année liturgique et de découvrir ainsi la vie du Christ et de rattacher sa vie à celle du Christ. La catéchèse permet l intégration, la participation active à une communauté paroissiale, ecclésiale : un chrétien isolé n est pas un chrétien car la foi, le chrétien a besoin des autres pour s épanouir, pour grandir et pour vivre sa foi (cf. abbé Pierre qui disait : que dirait le bon Dieu si on arrivait là haut, les uns sans les autres?) La catéchèse invite aussi à l ouverture aux autres, à mettre l Evangile au cœur de la vie, à modeler sa vie sur celle du Christ : accueillir sa Parole comme une parole de vie et pas seulement comme une connaissance, comme un acquis intellectuel. Finalement, la catéchèse permet à l enfant (au croyant) d entrer en dialogue sur des problèmes de foi, et il invite au témoignage : le christianisme s est développé grâce aux témoignages des premiers apôtres Le Christ avant de quitter les siens, a envoyé en mission les disciples : faites des disciples, et si aujourd hui nous sommes croyants, c est parce qu avant nous, d autres l ont été et après nous, d autres le seront 5

6 En conclusion, on voit que les deux domaines sont bien distincts : la catéchèse et l enseignement religieux ne sont pas à opposer, mais sont complémentaires. Le Directoire Général de la Catéchèse mentionne les liens et les synergies possibles à mettre en avant entre les deux aspects. L Ecole donne à l enfant des moyens de connaissance, d observation sur le monde, les différentes religions Alors que la catéchèse permet à l enfant de développer un lien avec le Christ et de poser un autre regard sur le monde, les hommes et les choses, le regard de la foi. Après avoir tenté de délimiter le sujet et le cadre de la catéchèse, d après le Directoire Général de la catéchèse et la distinction avec l enseignement religieux scolaire, nous pouvons continuer notre réflexion et porter notre regard sur monde qui nous entoure pour voir comment la catéchèse, aujourd hui, doit évoluer pour accompagner les hommes et les femmes dans leur cheminement et leur découverte du Christ, de l Eglise. 4. Proposer la foi. Ou transmettre la foi comme un héritage? «Proposer» «transmettre» deux verbes qui définissent une méthode, une façon d agir différente : «transmettre», selon la définition du Petit Robert signifie : faire parvenir, communiquer ce qu on a reçu ou permettre le passage. «proposer» veut dire : offrir au choix, faire connaître. On voit donc que les attitudes requises avec les deux verbes ne sont pas identiques. Il y a quelques années (20 30 ans auparavant), on parlait plus volontiers de transmission de la foi. La foi se transmettait de générations en générations : le trésor de la foi était offerte, donné de façon quasi naturelle! Le monde, la société, la famille étaient porteurs de la foi et celle-ci se donnait de façon automatique. Essayons de mettre en évidence les défis actuels de la tâche catéchétique. On se rend compte que dans notre monde aujourd hui, l attitude catéchétique à développer sera plus proche de la proposition de la foi : faire connaître la foi, offrir la foi comme une possibilité de choix qui suppose un engagement personnel plutôt que de continuer à maintenir une attitude de transmission, de communication de la foi qui ne se transmet plus de façon automatique. Aujourd hui, pratiquement tous sont d accord pour dire que la «société religieuse» n existe pas ou peu ou plus selon les lieux. L Eglise ne peut plus s appuyer sur des acquis : ce qui était «naturel», ce qui allait de soi pour nos parents (ou grands parents) : la messe du dimanche, les vêpres, la prière en famille, le chapelet ne l est pas forcément pour nos contemporains. La religion ne fait plus partie de l environnement de nos contemporains. 6

7 On assiste à une crise de la transmission de la foi : on remet en cause la fécondité et la légitimité de ce qui est transmis : on assiste à une sorte d indifférence, de mépris pour le message de la foi et tout ce qui concerne l Eglise, la religion est mise de côté parfois, on y revient lors des coups durs ou aux grandes étapes de la vie : mariage, deuil, naissance D autre part, les priorités ne sont plus les mêmes : il y a tellement des centres d intérêts qui occupent la vie des gens d aujourd hui, qu il n y a que peu ou presque plus de place pour les questions de foi, de religion : ex chez nos enfants qui ont diverses activités : sportives, musicales, culturelles Les raisons de cette crise de la transmission de la foi sont nombreuses : nous vivons des mutations profondes dans notre société : Les profondes mutations de la société ont quelque peu éloigné l homme du XXIème siècle de la foi, de la religion et l Eglise n a plus la «cote», l Eglise n a plus pignon sur rue et tout ne va plus de soi L Eglise ne peut plus faire comme si les hommes et les femmes «savent» : elle ne peut plus s appuyer sur des acquis, sur des fondements qu on croyait sûrs et assimilés : Par exemple : dans une réunion avec des parents dont les enfants se préparent à la première communion ou à une autre sacrement, nous devons faire attention au langage utilisé : les mots «sacrements», «pèlerins d Emmaüs», «multiplication des pains», «l offertoire», ou encore, la prière du Notre Père, du Je vous salue Marie etc. ne signifient pas grand chose pour la plupart des parents que nous rencontrons. Ils ont bien sûr des vagues souvenirs de leur «caté» vécu à l école, il y a quelques années n oublions pas que l héritage qu ils peuvent transmettre à leurs enfants est, dans un premier temps, assez limité et en catéchèse, aujourd hui, nous ne devons pas oublier cette nouvelle situation dans laquelle se trouvent la plupart des parents. La transmission a ses limites et nous devons en tenir compte. Nous ne pouvons plus demander à des parents de donner à leurs enfants ce dont ils n ont pas ou peu conscience eux-mêmes! Par exemple : nous pensons qu il est indispensable que la vie de prière soit développée et nourrie en famille. Mais comment des parents, des adultes qui n ont pas l habitude de prier peuvent-ils donner envie à leurs enfants de prendre du temps pour la prière? Il s agit donc d entrer dans un nouveau processus, car l homme contemporain n est plus tourné systématiquement et naturellement vers Dieu. On pourrait même oser dire que «Dieu ne fait presque plus partie de la mémoire des hommes il est tellement éloigné, lointain que le rôle de la catéchèse sera justement de faire découvrir le Dieu tout-autre qui se fait tout proche, en Jésus- Christ. Jésus est justement ce chemin pour découvrir ce Dieu qu on croit éloigné. Nous avons donc à proposer la foi, offrir aux hommes et aux femmes qui le demandent la possibilité de rencontrer et de découvrir Jésus-Christ : la catéchèse au fond doit essayer, de créer des espaces, des lieux, des rencontres qui proposent la foi et aident les personnes à entrer dans ce cheminement à la suite du Christ et non plus seulement «entretenir» ce qui s est fait jusqu à maintenant : entretenir la catéchèse comme une transmission de la foi, mais bien plutôt de proposer la foi. La catéchèse d aujourd hui et de demain est en fait une invitation, une proposition aux hommes contemporains de découvrir ce Christ, découvrir en la saveur de l Evangile, ou en d autres termes proposer le christianisme comme une religion de l amour qui ouvre de nouvelles perspectives de vie, de fraternité, de respect à la suite du Christ. 7

8 On le comprend : il s agit pour la catéchèse, pour l Eglise, pour nous autres, d entrer dans un nouveau processus, dans de nouvelles manières de faire, ou en d autres termes, nous sommes invités à vivre des passages, à effectuer des transitions. Pour renouveler la tâche catéchétique, cela suppose quelques renoncements, un certain lâcher prise par rapport à certaines habitudes bien rôdées, et surtout, cela demandera aussi quelques sauts dans l inconnu! Il s agit donc pour la catéchèse, pour l ensemble des activités à vivre en communauté, de proposer la foi en accompagnant, en rejoignant les hommes et les femmes de notre temps dans ce qu ils sont et dans ce qu ils vivent. L Eglise doit aller vers L Eglise doit se déplacer sur le terrain de l autre! des hommes et des femmes d aujourd hui elle doit se tourner vers les hommes d aujourd hui et ne pas avoir peur d inviter, de proposer l Evangile comme une nouveauté, une valeur sûre qui peut donner sens à la vie des hommes. Proposer et inviter les hommes à découvrir ce Christ comme quelqu un de vivant qui peut mettre de la saveur dans une vie Proposer l Evangile comme quelque chose de neuf qui peut engendrer à la Vie et développer ainsi la vie ecclésiale, la vie en communauté, car un chrétien tout seul est en danger de mort, disait l Abbé Pierre! Qui dit vie ecclésiale, pense aussi à célébrations liturgiques, vie de prière le chrétien qui a découvert le Christ comme quelqu un de vivant, comme une personne vivra un cœur à cœur avec lui et cela coule de source!! Ce qui est le plus important et le plus crucial, c est en fait, que la catéchèse permette au chrétien de RENCONTRER le Christ de façon personnelle et après, tout coule de source! Tels sont les deux pôles importants du renouveau de la catéchèse : proposer la foi et développer la vie ecclésiale, la vie en communauté Nous sommes invités à vivre la Pâque du Christ, à faire le passage, accepter de passer dans la nuit pour parvenir à la lumière, passer par le désert pour arriver en terre promise faire le deuil et se laisser déranger, stimuler, provoquer par la Parole, l Esprit de Dieu qui nous met toujours en mouvement. Entrer dans un nouveau processus en proposant la foi : proposer la foi. Voilà une expression très à la mode dans le jargon ecclésial actuel On le voit, le renouveau de la catéchèse passe par un déplacement de la catéchèse d entretien à une catéchèse de proposition. En d autres termes, on pourrait dire qu il s agit pour nous autres de passer de l héritage à la proposition : l Evangile a besoin d être proposé explicitement parce qu il est souvent méconnu, inconnu et la foi n est pas tenue pour acquise. Nous sommes invités à passer de la catéchèse d entretien à la catéchèse de proposition. Le rôle de l Eglise L Eglise, ce n est pas le service public du religieux : elle n est pas là seulement. pour offrir un certains nombres de services, notamment les sacrements. pour préparer des célébrations et des rites (funérailles, mariages, etc..) 8

9 mais l Eglise a une autre mission, essentielle : engendrer les hommes et les femmes de notre temps à la vie avec le Christ, car l Eglise n est pas une société comme une autre : elle est le rassemblement, l assemblée des croyants. Le plus important est de prendre conscience que l Eglise, puisqu elle n est pas ce service public du religieux, ses membres ne sont pas des bénéficiaires pris en charge uniquement, moyennant quelques finances mais le plus important pour nous est de comprendre que dans cette Assemblée de croyants, chaque baptisé devient acteur responsable et a une place importante : il n est pas considéré comme étant un «client» qui a droit à quelques prestations (les sacrements, les rites, les célébrations), mais comme membre de cette Assemblée de croyants, chacun a la mission, à son niveau, de témoigner et d engendrer d autres à la vie chrétienne. Il est important de nous dégager du piège dans lequel nous nous enfermons parfois des logiques marchandes et commerciales de l offre et la demande des sacrements : le problème ne consiste pas tant à se préparer à vivre, à recevoir des sacrements qu à entrer dans la foi qu à devenir disciples du Christ, à le rencontrer personnellement. Dans cette même perspective, Gilles Routhier ose dire que l Eglise ne manque pas de prêtres, actuellement, mais l Eglise manque de chrétiens en train d enfanter et de faire naître d autres chrétiens. Le passage de la catéchèse scolaire à la catéchèse paroissiale ne consiste donc pas seulement à déménager d un lieu à un autre avec armes et bagages pour recommencer ailleurs ce que nous avions l habitude de faire là où nous étions implantés : comme par exemple, prévoir des préparations aux sacrements hors temps scolaire, mais finalement, s il n y a pas un vécu, un partage par et avec les enfants, par et avec les familles en communauté qu avons-nous fait? un simple déplacement vers la paroisse, mais aura-t-on aidé les enfants (et leurs parents) à rencontrer personnellement le Christ? Cette relation personnelle avec le Christ a besoin d être développée, entretenue, nourrie : cela suppose une vie de partage, de célébrations avec la communauté et en famille, ou dans les quartiers pas seulement de façon ponctuelle (5-6 rencontres annuelles!) Cela implique un changement de mentalités, de pratiques, de sécurités, et plus encore, on pourrait parler d un véritable exode, car nous ne connaissons pas très bien ou presque pas du tout ce vers quoi nous allons. Il serait complètement illusoire de croire que ce changement de lieu (de l école vers la paroisse) entraînera automatiquement un changement de coutumes et de pratiques. Nous sommes comme les hébreux qui ont été libérés d Egypte avant d arriver en terre promise, ils ont passé par le désert et ils ont même regretté, à un moment donné, les viandes succulentes d Egypte Nous aussi, nous sommes invités à nous mettre en route, à quitter nos sécurités et vivre cet exode, ce passage et à entrer dans la Pâque du Christ il s agit donc plus que d un simple déménagement ou transfert des opérations d un lieu (école) à un autre (la paroisse). Nous sommes invités à revoir nos pratiques, nos façons d envisager la catéchèse, car il me semble qu il s agit plus d accompagner, d aller vers, de vivre avec, de cheminer avec les hommes et les femmes de notre temps. Bien sûr que le «comment» reste à inventer, à risquer de nouvelles façons d agir, selon les demandes, les souhaits des gens nous sommes invités à créer du neuf, à oser de nouvelles pratiques, de nouvelles rencontres de catéchèse. Au Canada, après le transfert de la catéchèse faite à l école vers la paroisse, après environ 10 ans de pratique de la catéchèse paroissiale calquée sur modèle scolaire, ils sont arrivés à un constat d échec : essoufflement et manque d engagements, échecs des parcours sacramentels, les églises sont encore plus vides qu avant et ils sont en train de redéfinir de nouvelles pratiques : passer de l héritage à la proposition en d autres termes, proposer l Evangile comme quelque chose de neuf, d original et de valable : redécouvrir la saveur de l Evangile et en témoigner, de façon toute simple : Jésus Christ est une Bonne nouvelle à partager, à témoigner. 9

10 Proposer la foi, accompagner, aider les hommes et les femmes qui demandent à vivre une expérience de foi à rencontrer personnellement le Christ les rejoindre dans ce qu ils vivent pour que nous ne soyons pas trop déconnectés de leur vie, de leurs préoccupations. Tel est le beau programme auquel nous sommes conviés et pour lequel, les recettes toutes prêtes n existent pas car faire de la catéchèse, c est toujours se mettre en route et oser risquer de nouvelles aventures, en passant certainement par un temps de désert, de recherche, de tâtonnement, de questionnement vivre la Pâque, cet exode qui peut paraître repoussant et hostile, car les sécurités ont disparu, les acquis sont à revoir, les certitudes ont disparu pour laisser place à du neuf à construire, à bâtir tout cela dans l audace, l adoration, avec l espérance et la conviction que le Christ chemine avec nous et ne nous abandonnera jamais. Pour comprendre encore un peu mieux les enjeux de la catéchèse paroissiale, arrêtons-nous maintenant à des éléments un peu concrets. Quels sont les passages que nous avons à effectuer, quelles sont les transitions à mettre en œuvre pour que réellement, la catéchèse devienne l affaire de la paroisse, de la communauté, de tout chrétien, de tout baptisé. 5. Quelques principes de la catéchèse paroissiale : des passages à effectuer Les termes utilisés pour parler ou définir de façon plus précise la catéchèse paroissiale sont fort nombreux: on parle de. catéchèse de cheminement: il s agit de proposer aux hommes et femmes d aujourd hui la foi comme un chemin, un cheminement qui concerne tous les âges de la vie: se laisse séduire par le Christ et mettre ses pas dans les siens se vit dans la durée, tout au long de sa vie: on le voit, la catéchèse de cheminement envisage la durée, l étalement à toutes les périodes de la vie. C est un peu comme les disciples de Jésus qui ont mis du temps pour vivre avec lui, comprendre ses paroles, ses actes. Les apôtres ont cheminé avec Jésus non seulement dans la durée, mais aussi dans l espace, à travers toute la Palestine.. catéchèse décloisonnée: on réduit malheureusement trop souvent la catéchèse aux parcours de préparation aux sacrements, alors que les domaines, les lieux de la catéchèse sont fort nombreux: développer une relation intime avec le Christ ne se limite pas à trois années (celles du pardon-1ère communion-confirmation), mais se vit durant toute l année liturgique (pendant les temps forts, le temps ordinaire). La catéchèse décloisonnée permet aussi de développer des activités diverses, telles que pèlerinage, approfondissement de la Parole de Dieu, vie de prière, etc.. Au coeur de la vie du chrétien, l eucharistie tient une place importante.. catéchèse intergénérationnelle: ce terme est à mettre en relation avec ce qui a été dit précédemnent: la catéchèse ne concerne pas seulement l enfance ou les jeunes, mais toutes les générations: il est certainement très enrichissant de prévoir des activités intergénérationnelles, où enfants, jeunes, ados et adultes se cotôient et apprennent à se connaître et à grandir ensemble, dan la foi. Finalement, peu importe les termes utilisés... L objectif est toujours identique, comme on l a évoqué au début de notre propos: Le but définitif de la catéchèse est de mettre quelqu un non seulement en contact, mais en communion, en intimité avec Jésus-Christ, dans la durée. (Cf. Directoire général de la Catéchèse) 10

11 Pour favoriser cet engendrement avec le Christ, la méthode doit évoluer en prenant en compte la réalité actuelle et en osant de nouveaux chemins : nous sommes invités à vivre des PASSAGES, inventer des transitions pour que cette vie avec le Christ devienne réalité. Les principes proposés ci-après ne sont pas exclusifs, ni exhaustifs lls sont comme des pistes, des propositions, des petites pierres posées dans ce grand chantier de la catéchèse paroissiale. Certainement que dans vos paroisses, certaines situations identiques sont déjà vécues : tant mieux peut-être que de nouvelles initiatives vont naître et prendre la place de pratiques plus anciennes qui ne sont plus forcément adaptée à aujourd hui. Je me permettrai aussi de citer Mgr. Brunner, pour étayer ces propos et bien montrer que les intuitions de la réflexion en Francophonie sont bien présentes aussi chez nous! Notre évêque a écrit une lettre, en mai 2003 : «Rencontrer le Christ aujourd hui : au point où nous en sommes. Vers quoi allons-nous?» D une catéchèse pour l enfance à une catéchèse pour tous Passer d une catéchèse essentiellement consacrée à l enfance à une catéchèse pour tous les âges. Comme on l a dit précédemment, ce premier passage est nécessaire pour plusieurs raisons: a) On ne peut plus parler de transmission de la foi comme un héritage: les jeunes parents d aujourd hui ne peuvent pas transmettre à leurs enfants ce qu ils n ont pas! On l a vu tout à l heure avec l exemple des réunions avec les parents dont les enfants se préparent à recevoir un sacrement. Cela veut donc dire que la catéchèse ne s adresse plus seulement aux enfants-jeunes et ados, mais nous ne devons pas oublier les parents: la catéchèse pour tous doit prendre en compte les adultes, car ceux-ci, pour la plupart, n ont que des vagues souvenirs de la foi, de la pratique: nous avons à les accompagner dans leur redécouverte de la foi, car la plupart ont été baptisés bébés et après, ils se sont quelque peu éloignés de l Eglise, de la religion... Prévoir des activités, des temps de rencontres aussi pour les parents est une nécessité pour la catéchèse d aujourd hui et de demain. Des activités catéchétiques regroupant enfants-adultes existent déjà et je suis sûre que dans votre paroisse, secteur, les exemples sont forts nombreux: rencontres ou célébrations de l Avent: fenêtres de l Avent, rencontres dans les quartiers; chemin de croix, montée vers Pâques paroissiale... autant de moments où toutes les générations se retrouvent pour cheminer ensemble, à la suite de Jésus-Christ, en communauté, en Eglise. 2) de programmes précis, bien établis à des offres diverses, selon demandes par tranche d âge à une catéchèse qui tient compte des cheminements Il s agit de passer d une catéchèse programmée pour chaque degré, par tranche d âge, de façon précise, à une catéchèse très ouverte avec des offres variées, répondant aux demandes et intérêts des personnes. Ce qui se fait aujourd hui:. à l âge de 2P (7-8 ans), la majorité des enfants se préparent au sacrement du pardon.. à l âge de 3P (9-10 ans), les enfant reçoivent le sacrement de communion. à l âge de 6P (11-12 ans), on arrive à la confirmation. Avec ce système, on invite les enfants à entrer dans une sorte de moule prétabli... et tous doivent y passer! Et cela arrange bien les parents, les familles... presque tous les enfants auront ainsi 11

12 accompli leur parcours des sacrements de l initiation: leur fiche personnelle est complète, du moins jusqu au jour du mariage! Et les avantages pour les catéchistes, prêtres, équipe pastorale sont aussi évidents: on sait très bien où on veut aller, les tabellles sont bien remplies! Mais comment inventer de nouveaux chemins de catéchèse qui tiennent compte des cheminents et des demandes? Cela demande, de la part des personnes engagées en pastorale catéchétique, beaucoup de discernement et des forces ou énergies à déplacer par rapport à des pratiques habituelles: certes, jusqu à présent, la quasi totalité des forces étaient engagées dans les trois grandes années correpondant aux trois sacrements cités (pardon-communion-confirmation)... et les autres lieux de la catéchèse tels que: préparation au baptême, préparation au mariage, accompagnement des personnes lors d un deuil, d une maladie... ne bénéficient que peu de forces... alors que ce sont justement dans ces nouvelles demandes que nous devrions mettre un peu d énergies pour accompagner ces personnes qui lancent un appel, un cri à l Eglise. Mgr. Brunner dit, au no 21 de sa lettre: Evangéliser fait partie de notre devoir de baptisé... ( ) Les occasions dont nous disposons sont les moments où les fiancés demandent le mariage à l église, où les parents demandent le baptême de leurs enfant, où les enfants reçoivent leur première communion, où les jeunes demandent la confirmation. Voilà les premiers lieux d évangélisation. Ils nous sont donnés pour dire la Bonne nouvelle... par seulement pour sacramentaliser, mais pour évangéliser. par tranche d âge à une catéchèse qui tient compte des cheminements Une question qu on pourrait se poser: quel temps ou quelle force sont-ils engagées pour répondre à ces demandes nouvelles? car ce sont justement-là, les nouveaux lieux de la catéchèse qui s adresse à tous... et pas seulement aux enfants! Qu est-ce qui est mis en oeuvre, dans nos paroisses, dans nos différents secteurs pour accueillir ces demandes nouvelles qui nous arrivent? Comment est-ce qu on accueille ces personnes là où elles sont? pour ensuite les amener plus loin et les engendrer au Christ? Finalement, qu est-ce qui est mis en oeuvre pour leur permettre de faire cette rencontre personnelle avec le Christ? 3) d une catéchèse sacramentelle à une catéchèse de cheminement permanent On a trop souvent associé la catéchèse avec les sacrements uniquement: on a donc développé une catéchèse sacramentelle et toutes les forces sont mises à disposition pour les années qui correspondent à un sacrement: cf. ce qui vient d être dit ci-dessus. Le sacrement devient donc un aboutissement, une sorte de récompense à la fin d un processus, alors que le sacrement devrait être une étape dans le cheminent global. Dans la perspective d une authentique catéchèse paroissiale, on essaie de répondre aux demandes et situations des personnes: peu importe l âge et le moment de la demande: il s agit d accueillir la personne et de faire un bout de cheminement avec elle: les sacrements deviennent donc une étape... et non un aboutissement comme c est malheureusement le cas aujourd hui! On entend souvent cette phrase: après la fête du sacrement, on ne voit plus les enfants! Accueillir les personnes (enfants adultes), prendre en compte leur vie, leur demande et leur proposer un cheminement dans lequel, les sacrements sont un moment fort, une étape importante qui en appelle une deuxième. Cela demande, pour la communauté et pour les responsables, une certaine souplessse et mais aussi des exigences à tenir et un discernement de cas en cas. Pour vivre cette adaptation et répondre aux demandes particulières, cela nécessite des forces pastorales et certains choix difficiles à opérer. 12

13 Mgr. Brunner dit encore: notre devoir n est pas contraindre les hommes à la foi, mais de leur annoncer la Bonne Nouvelle. (Cf. no 22) Nous baptisons d abord, et nous évangélisons ensuite... ( ) L enseignement religieux durant le temps scolaire se réduit à la préparation aux sacrements ou à une connaissance diffuse des religions, et pour beaucoup, la vie de foi et la vie sacrementelle prennent fin à l issue de la scolarité obligatoire. Les sacrements deviennent de plus en plus de simples rites... ( ) Ainsi vécus, les sacrements deviennent des simples signes extérieurs qui n ont plus d efficacité intéreure (cf. nos 10-11). A ce propos, le Directoire Général de la Catéchèse dit encore ceci, au no 91: La catéchèse part de la profession de foi et même à la profession de foi. Par elle, la communaut des croyants proclame que Jésus, le Fils de Dieu, est vivant et qu il est Sauveur. On le comprend, l important est donc de nous demander quelle forme de préparation aux sacrememts est appropriée et réalisable pour permettre cette rencontre avec le Christ Sauveur de façon personnelle et libre? Mgr. Brunner évoque un chemin catéchuménal, c est à dire une profonde et longue préparation. Ce travail doit se faire de plus en plus en catéchèse paroissiale, dans un espace toujorus plus favorable à la liberté et à l engagement personnel, plutôt que dans des structures telles que l école ou des groupes oû s exerce une certaine dynamique contraingnante. (cf. no 23) On le voit, on passe ainsi d une catéchèse fonctionnelle qui était au service presque exclusivement au service de l administration des sacrements dans l Eglise à une catéchèse qui met en mouvement l initiation et la croissance dans la foi, dans une perspective d évangélisation, d annonce de la Bonne nouvelle. 4) d une catéchèse obligatoire à une offre de catéchèse libre, basée sur intérêt et l engagement personnel & adhésion personnelle. Passer d une catéchèse obligatoire à une catéchèse libre, basée sur l intérêt et l adhésion personnelle. Ce passage est certainement un des plus difficiles à proposer et à gérer, car nous risquons de froisser les parents qui ne comprennent pas pourquoi ce n est plus automatique qu en 3P l enfant se prépare à la première communion! mais je pense que c est là un des enjeux principaux pour un renouveau de la catéchèse: si on ose de nouvelles rencontres, non seulement pour accompagner les enfants mais aussi pour offrir aux parents un cheminement, une catéchèse... alors on aura passé d une catéchèse essentiellement consacrée aux sacrements à une catéchèse de cheminement permanent, qui suppose un engagement et une adhésion personnelle et libre de la part des demandeurs. Ces rencontres de catéchèse regroupant adultes et enfants doivent permettre, non seulement aux enfants, mais aussi aux adultes de vivre cette rencontre avec le Christ, de façon personnelle et profonde. Mgr. Brunner nous encourage à prendre résolument ce chemin: 13

14 Notre tâche première pourrait être formulée ainsi: nous devons nous remettre d avantage à proclamer d abord la bonne nouvelle du Seigneur ressuscité. Ensuite, nous pourrons recevoir les sacrements et vivre de la grâce des sacrements... ( ) L objectif de cette évangélisation doit d abord être une invitation à une relation toute personnellle avec le Christ. (cf. no 18) 5) Peu ou pas de liens Partages prières célébrations lien avec la communauté fêtes avec la célébrations Passer d une catéchèse cantonnée à l école, ayant peu de lien avec la communauté à une catéchèse qui développe et invente des lieux de partages prières célébrations avec la communauté. Dans cette optique, la catéchèse développe l aspect des célébrations, des liturgies avec l ensemble de la communauté. Rappelez-vous ce qu on disait tout à l heure: le chrétien, pour développer et vivre cette intimité avec le Christ, a besoin de vivre des instants de prière, de célébrations. Vivre des célébrations festives, de qualité ne dispense pas le croyant de développer aussi des moments de prière personnelle. Dans la perspective d une catéchèse paroissiale, la place de la communauté est primordiale: cela montre notre appartenance à la famille Eglise. Et cela permet aussi de saisir que nous ne sommes pas des chrétiens isolés, mais que l ensemble des membres de cette famille Eglise est concerné par la catéchèse. Cette transition est déjà en vécue dans les différentes paroisses auxquelles nous appartenons. Nous avons tous et toutes en mémoire les messes des familles qui se sont développées durant ces dernières années. Et nous ne pouvons que nous en réjouir. Mais en définitive, toute les messes des week-end devrait être des messes des familles! Les nouveaux moyens de catéchèse, (Trésors de la Foi et ma vie est un trésor), proposés par la commission de catéchèse paroissiale et approuvés par notre évêque, en 2004, mettent en évidence ce lien entre la catéchèse et la célébration liturgique, vécue avec toute la communauté. La CDCP a même édité des feuilles récapitulatives présentant les liens et ouvertures possibles à toute la communauté durant toute l année liturgique. Certaines paroisses utilisent ces documents avec joie et bonheur! Les secteurs et paroisses qui ont créé et inventé de nouveaux moyens, ont mis en évidence ce lien avec la communauté et les propositions d animation prennent en compte ce lien avec les célébrations liturgiques, communautaires. 6) d une catéchèse prise en charge La communauté toute entière par des professionnels RESPONSABLE Passer d une catéchèse prise en charge par des professionnels (prêtres catéchistes enseignants) à une catéchèse où toute la Communauté est responsable, en d autres termes, où les parents, les familles sont concernées. Voilà un nouveau déplacement, un nouveau défi à relever ensemble, en communauté: on se rend compte que s il n y a pas un relais, un approfondissement par les parents et toute la famille, il est difficile de persévérer et de développer ce lien intime avec le Christ, avec la Parole. On parle alors de catéchèse DE la communauté, POUR la communauté, DANS la communauté. Trois particules qui mettent en évidence le rôle de la communauté paroissiale dans la catéchèse de la proposition. 1) DANS la communauté 14

15 L accent est mis sur les sacrements : la communauté propose les sacrements, prépare les enfants, adultes, tous ceux qui le demandent à recevoir les sacrements pour que les chrétiens grandissent dans leur foi, développent ce lien avec le Christ, sa Parole. Par les préparations sacramentelles, une sorte de «savoir» est transmis mais ce n est pas le tout de la catéchèse, ou l essentiel. Les deux autres éléments sont aussi importants. 2) POUR la communauté Il s agit en fait d accompagner, de cheminer dans la foi à tous les âges : en d autres termes, il s agit de décloisonner, de faire sauter les âges : le plus important est de cheminer avec tous ceux et celles qui ont soif de découvrir le Christ et de vivre avec lui une relation vraie, qui dure et qui grandit. 3) DE la communauté Dans ce projet catéchétique de la proposition DANS la communauté, POUR la communauté, DE la communauté, la responsabilité de la transmission de la foi ne repose pas seulement sur les «professionnels» : les prêtres, les diacres, les religieux(ses), les catéchistes et les laïcs engagés, mais c est l ensemble du peuple de Dieu qui porte ce souci : chaque membre de la communauté, chaque baptisé est acteur en catéchèse et devient témoin pour d autres. 7) D un enseignement, à une Parole libérée, d une catéchèse de présentation une catéchèse mystagogique Passer d une catéchèse de présentation (type enseignement) à une catéchèse mystagogique où la Parole est libérée. On a peut-être un peu trop, dans le passé, insisté sur les connaissances à assimiler... et on a oublié, que la foi, c est d abord une histoire de coeur à coeur, un moment de rencontre avec le Christ. En France, les évêques, ont proposé à leurs églises particulières, d aller au coeur de la foi en redécouvrant et en vivant la célébration de la veillée pascale qui contient l essentiel de la foi chrétienne. Au coeur de la catéchèse paroissiale, nous sommes invités aussi à laisser peut-être un peu de côté (mais pas totalement, car les extrêmes ne sont pas très positifs) l aspect des connaissances pour vivre des belles célébrations et expérimenter avec le coeur cette découverte du Christ. Aller au coeur de la foi... en vivant d abord le mystère pour l expliquer ensuite, Aller au coeur de la foi... en expérimentant d abord le sens de la communauté, en donnant envie de se retrouver en famille, pour prier, pour rendre grâce... et ensuite expliquer ce qu est réellement l eucharistie: sens du sacrifice, du don... Aller au coeur de la foi... en accueillant la Parole de Dieu, en la goûtant, la méditant... pour ensuite l expliquer, la comprendre non seulement avec l esprit, mais surtout avec le coeur pour la faire passer dans toute sa vie. 15

16 6. Conclusion Nous avons évoqué des pistes de renouvellement de la catéchèse, donné des exemples de mise en œuvre. Mais qu en est-il dans notre diocèse? Nous allons terminer ces propos avec une note d espérance et d optimisme. Des paroisses et des secteurs se sont mis en route, certains depuis quelques années déjà d autres sont plus timides et attendent de voir les résultats des autres pour oser s aventurer. Dans le Chablais, dans le décanat d Aigle et Bex, la réflexion est très avancée et l ensemble de l équipe pastorale et des catéchistes ont mis en place une catéchèse de cheminement, décloisonnée pour accueillir les demandes qui leur sont adressées. Il ne faut pas oublier que dans cette partie de notre diocèse, la catéchèse se faisait déjà en dehors de l école (car sur le canton de VD!) depuis plusieurs années. Un effort particulier a été entrepris tout d abord pour faire une réflexion avec les acteurs de la catéchèse : équipe pastorale, prêtres laïcs, catéchistes et après avoir bien compris le concept, le message a été transmis aux personnes concernées : enfants, adultes, parents et les activités proposées vont dans le sens d un décloisonnement et de cheminement offert : la catéchèse est envisagée comme un accompagnement des personnes dans leur recherche et découverte de Jésus-Christ. L accent est mis sur la gratuité de l offre la réception d un sacrement n est pas présentée comme étant la «récompense» après avoir accompli tel ou tel parcours de préparation. Dans le secteur de Monthey, et sur le Haut-Plateau et la noble et louable contrée, de nouvelles propositions catéchétiques ont vu le jour : la catéchèse est découpée en trois grands ensembles qui permettent aux enfants (et aux adultes) de. redécouvrir la prière école de la prière. accueillir et méditer la parole école de la Parole. développer le lien et l appartenance à la communauté, à l Eglise école de la communauté. Dans ces offres de catéchèse, on peut relever la progression proposée dans cette découverte et ce cheminement avec le Christ. Au secteur de Riddes, la réflexion est en cours pour se rapprocher un peu du modèle de Montana et Monthey. Dans les paroisses du Côteau du Soleil, la réflexion est aussi en cours et des nouvelles propositions sont faites tout d abord pour accompagner les ados et les jeunes dans leur cheminement vers la confirmation. Le secteur de Martigny a été en quelque sorte le premier à tenter quelque chose de neuf même si cela a pu paraître trop innovateur, avec un déficit dans la communication et l information, les expériences nouvelles semblent porter leurs fruits : l offre de la catéchèse a été très large et décloisonnée, essentiellement orientée vers un partage et un accompagnement par la communauté : les activités ont été proposées en relation avec l eucharistie dominicale et les rendez-vous communautaires lors des temps forts : Avent Carême Temps pascal. L équipe de Martigny a aussi essayé de séparer «parcours de préparation sacramentelle» et offre de catéchèse plus large. Dans d autres secteurs, la réflexion avance gentiment mais il y a beaucoup de craintes et d incertitudes. Des petits pas sont réalisés, comme à Nendaz... ou encore à Salvan les Marécottes. et certainement ailleurs. Nous ne sommes pas toujours au courant mais l essentiel pour nous est que la réflexion suscite de nouveaux chemins pour la catéchèse. Ce qui nous réjouit le plus, c est de constater que dans l ensemble :. tous sont plus ou moins convaincus qu un changement est nécessaire et quasi obligatoire.. mais pour opérer ce changement, les méthodes et les moyens sont forts divers : 16

17 - on a peut-être peur de faire quelques deuils, notamment celui du nombre! il est clair que dans ce régime de la proposition de la foi et en quittant l école, en abandonnant les âges précis et les programmes habituels, on ne pourra plus atteindre la majorité des gens. Mais que voulons-nous? une Eglise «service public» ou bien un Eglise qui permet l engendrement à la vie avec le Christ? - Nous l avons vu, il nous faudra quitter les chemins bien balisés, avec des programmes précis, pour répondre aux demandes plus précises, plus particulières : cela va demander une sorte de déplacement des énergies et des forces pastorales vers ces nouveaux lieux de catéchèse. C est un défi mais il vaut la peine de le relever : ceux qui en ont fait le pari commencent à récolter les fruits : des communautés paroissiales plus dynamiques, plus vivantes des célébrations festives, animées qui invitent à la rencontre personnelles avec le Christ. Et les conseils de communauté dans tout cela? Quelle place? quel rôle? Je pense que les membres des conseils de communauté, étant un peu les oreilles et les portes-voix au sein du peuple de Dieu ont un rôle important pour faire passer le message, soutenir les propositions de l équipe pastorale, des catéchistes qui envisagent de nouvelles pratiques catéchétiques. Nous avons vu que pour mettre en œuvre une authentiques catéchèse paroissiale, il ne s agit pas seulement de changer de lieux (de l école à la paroisse), mais avant tout et surtout de changer d état d esprit : et cette conversion des esprits est une entreprise de longue haleine de toute une vie. Nous n aurons jamais fini de progresser dans cette proposition de la foi, et toutes les forces, toutes les personnes convaincues sont les bienvenues pour poser leurs pierres dans cet édifice immense! J ai aussi dit au début de cet exposé, que l essentiel de cette nouvelle démarche, c était l état d esprit : une conversion à ce niveau est nécessaire : s il n y a pas au départ de toute nouvelle entreprise, une prise de conscience et une conviction pour le bien fondé d un changement, toute nouvelle proposition tendra vers un échec! D où la nécessité d être convaincu d abord pour ensuite convaincre! A nous tous donc, de regarder avec espérance vers l avenir, de ne pas baiser les bras : d être attentif à ce qui pousse, même si c est fragile. L expérience des pays francophones (Belgique-France- Canada), le prouvent. A nous d y croire aussi et de nous mettre dans le mouvement. Le Seigneur ne nous abandonnera pas. N oublions pas que le peuple d Israël, choisi par Dieu, était un bien petit peuple. 17