L Hôpital. les patients. leur religion. Groupe Hospitalier Albert Chenevier Henri Mondor Créteil

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1 L Hôpital les patients & leur religion Pocket-soignants religions 2007 Groupe Hospitalier Albert Chenevier Henri Mondor Créteil

2 INTRODUCTION Le Petit Larousse : Religion (de religare, relier en latin) : «ensemble de croyances et de dogmes définissant le rapport de l homme avec le sacré ; ensemble de pratiques et de rites propres à chacune de ces croyances». La foi permet à l homme de comprendre sa place dans l univers. Elle l aide à affronter les épreuves de la vie et lui donne la force de les traverser plus sereinement. Le Bouddhisme, créé au VI e avant Jésus-Christ, est la religion de l Eveil, une pratique et une foi qui conduisent à la paix intérieure et à la libération. Les trois grandes religions monothéistes, Judaïsme, Christianisme et Islam, se réclament toutes trois d Abraham, le père des croyants. Elles proclament la foi en un Dieu unique, qui a créé le monde par amour, et la vie dans l au-delà : une vie dans la Lumière, dans la Joie et dans la Paix, une vie dans la béatitude de Dieu. Par ce livret, nous voudrions humblement faciliter : le travail des soignants qui doivent prendre en charge des patients dont ils ne connaissent pas toujours les habitudes et coutumes religieuses. la vie en hôpital des croyants et de leur famille, pour qu ils puissent vivre ce moment si important de la maladie et de la mort selon leurs propres convictions et croyances. Et ainsi rendre possible, ce qui est possible à vivre dans le respect des règles hospitalières. C est là tout notre souhait. Cécile Pierard Responsable d Aumônerie Catholique Hôpital Albert Chenevier Créteil 2

3 CATHOLICISME Jésus est le Fils de Dieu, il s est fait homme pour que l homme devienne fils de Dieu. «La gloire de Dieu, c est l homme vivant, la vie de l homme, c est la vision de Dieu» dit St Irénée - 7 sacrements PRATIQUE : le lien avec Dieu Prière, lecture de la Bible. Messe : dimanche et fêtes (avec communion). Communion peut être portée dans les chambres. Confession (au moins une fois par an, avant Pâques). Sacrement des malades (soutien dans la maladie). NOURRITURE : se maîtriser (hors de l hôpital) Faire un effort le vendredi, pendant l Avent et le Carême (nourriture, tabac, TV...). Jeûne et abstinence : Mercredi des Cendres, Vendredi Saint. DATES : grandes étapes spirituelles Noël, Epiphanie (6 Janvier), Présentation (2 Février), Mercredi des Cendres, Rameaux, Jeudi & Vendredi Saint, Pâques, Ascension, Pentecôte, Assomption (15 Août), Toussaint, Jour des Morts... DÉCÈS : passage à la vie éternelle Le sacrement des malades (auparavant appelé Extrême-onction) peut être demandé par le patient ou sa famille, quand il est encore conscient. Autopsie, don d organe, crémation sont possibles. Levée de corps à l amphi ou cérémonie à l église. 3

4 ORTHODOXIE Catholiques et orthodoxes professent la même foi dans le Credo défini par le Concile de Chalcédoine en 451. Schisme (séparation) en 1054, pas d infaillibilité du pape - 7 sacrements PRATIQUE : le lien avec Dieu Prière, lecture de la Bible, vénération des icônes. «Divine liturgie» : dimanche et fêtes. Confession fréquente. Communion peut être portée dans les chambres. Onction des malades (pratiquée souvent). NOURRITURE : se maîtriser (hors de l hôpital) Jeûne : Avent, Carême, Pentecôte et St Pierre-St Paul, Assomption... Le jeûne est une règle absolue avant la communion (dérogation sur avis du prêtre). DATES : Douze grandes fêtes - Calendrier spécifique Noël, Théophanie (6 Janvier), Présentation de Jésus au temple (2 Février), Annonciation à Marie (25 Mars), Rameaux, Jeudi & Vendredi Saint, Pâques, Ascension, Pentecôte, Toussaint (dimanche après la Pentecôte), Transfiguration (6 Août), Dormition (15 Août), Jours des Morts (selon calendrier)... DÉCÈS : passage à la vie éternelle Prières par le prêtre pendant la maladie, à l agonie et à la mort. Autopsie et don d'organes possible, crémation à éviter. Levée de corps à l amphi ou cérémonie à l église. 4

5 PROTESTANTISME Catholiques et protestants professent la même foi dans le Credo défini par le Concile de Chalcédoine en 451. Réforme au XVI e : Ecriture seule, foi seule et grâce seule 2 sacrements : baptême et eucharistie (l eucharistie n a pas la même réalité que pour catholique et orthodoxe). Multiplicité d Eglises Pas de culte marial ni des saints, pas de signe de croix ni d eau bénite PRATIQUE : le lien avec Dieu Prière, méditation de la Bible. Culte dominical sans obligation. Célébration de la Cène dans la chambre possible. NOURRITURE : se maîtriser (hors de l hôpital) Aucune prescription. DATES : grandes étapes spirituelles Avent, Noël, Epiphanie, Jeudi Saint, Vendredi Saint, Pâques, Ascension, Pentecôte... DÉCÈS : passage à la vie éternelle La présence du pasteur peut être souhaitée. Autopsie, don d organe, crémation sont possibles. Levée de corps à l amphi possible. Cérémonie au temple. 5

6 ISLAM Les pratiques religieuses obligatoires pour un musulman hospitalisé PRATIQUE : le lien avec Dieu Prière : Le musulman a le devoir de prier cinq prières obligatoires. Celles-ci sont réparties dans la journée. Le moment d'une prière varie en fonction du soleil. Par exemple, la prière du matin s'effectue avant le lever du soleil ce qui varie en fonction des saisons. Il est important pour le musulman de respecter ces horaires. Il est toutefois possible, en cas de maladie, de regrouper les prières du midi de l'après-midi. Il en est de même pour les prières de coucher du soleil et du soir. La prière s'effectue avant tout debout, incliné et prosterné la tête au sol en direction de La Mecque (Sud- Est). S il est dans l'incapacité de le faire, le patient peut prier assis, voire même couché, y compris dans une autre direction. Le musulman peut, s'il le souhaite, prier d'autres prières surérogatoires (en plus de ce que l on est tenu de faire) en dehors des cinq prières obligatoires. Avant de prier, il doit se purifier par des ablutions (ce qui génère parfois des traces d eau dans la salle de bains). En cas de contre-indication médicale, il peut avoir recours à une ablution sèche (utilisation d'une pierre). Jeûne : C'est le 4 e pilier de l'islam qui se pratique durant 30 jours de l'aube au coucher du soleil. En cas de contre- 6

7 indication médicale, le patient a le devoir de s'abstenir de jeûner. NOURRITURE : se maîtriser Pas de porc, ni de viande non abattue rituellement (viande halal ou par défaut cacher), la remplacer par du poisson, des œufs... Pas d'alcool. DATES : grandes étapes spirituelles. Etre attentif aux permissions pour les fêtes (l Aïd) : La petite fête (fin du Ramadan). La grande fête (fête du mouton). DÉCÈS : passage à la vie éternelle Pendant l'agonie (avis d'aggravation) Rappel : il est important de prévenir la famille en cas d'aggravation de l'état du patient puisque la présence de la famille a une grande importance. Informer la famille sur la possibilité d'avoir recours à un Imam. Après le décès Mettre le défunt le visage tourné vers La Mecque (Sud-Est). Fermer les paupières. La dignité du mort doit être respectée (le manier délicatement). La position des bras n'a pas d'importance. Pas d autopsie, sauf nécessité absolue. 7

8 JUDAISME Shema Israël : «Écoute Israël : l Eternel notre Dieu, l Eternel est un. Tu aimeras l Eternel ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tous tes moyens». Dt 6,4. PRATIQUE : le lien avec Dieu Trois prières quotidiennes (matin, après-midi, soir). Le Shabbat commence le vendredi soir au coucher du soleil et finit le samedi soir à la sortie des étoiles. Pendant le Shabbat et les jours de fête, les pratiquants n utilisent pas la voiture, la lumière, le téléphone, la sonnette, le lit électrique, l ascenseur, etc. Donc penser à allumer et à éteindre vous-même la lumière. Certaines pratiques sont suspendues à l hôpital (risque d incendie...), notamment l allumage de bougies à l entrée du Shabbat ou des fêtes. Le juif pratiquant a toujours la tête couverte (kippa). La femme juive se couvre la chevelure avec foulard, chapeau ou perruque. En hôpital, une charlotte est proposée. Le principal jeûne est celui de Yom Kippour (abstinence de nourriture et boisson), avis médical obligatoire. Des ablutions des mains et prières sont prévues avant et après le repas. NOURRITURE : se maîtriser Toute cuisson d aliments est soumise à des règles. La viande doit être cachère (sont donc exclues toutes viandes de porc, de cheval...). Les poissons pourvus de nageoires et d écailles sont autorisés. 8

9 Les laitages ne sont jamais servis avec les viandes, au cours d'un même repas. Les légumes frais et les fruits sont autorisés. Les aliments doivent être cachère, ils ne peuvent être cuisinés dans les ustensiles de l hôpital, mais avec des ustensiles cachère, (couverts à usage unique possibles). Les boissons sont en général autorisées, sauf le vin et le jus de raisin qui sont sous contrôle rabbinique. DATES : grandes étapes spirituelles Septembre-Octobre : Rosh Ha-Shana (Nouvel An), Yom Kippour (Grand Pardon), Soukkot (Fête des Cabanes), Décembre : Hanoukka, Février-Mars : Pourim, Mars-Avril : Pessah (Pâque juive), Mai-Juin : Chavouot (Pentecôte), Juillet-Août : Jeûne du 17 Tamouz et du 9 Av (période de deuil : destruction des tables de la Loi et du Temple). DÉCÈS : passage à la vie éternelle Pendant l'agonie (avis d'aggravation) L agonisant ne doit pas être déplacé. Si la famille le désire, faire appel à l aumônier israélite. Après le décès La première toilette est effectuée par les soignants ; la toilette rituelle sera effectuée quelques heures avant le départ, par des personnes religieuses expérimentées. Aligner les bras le long du corps (ne pas croiser les mains) et recouvrir d un drap la totalité du corps. Autopsie et crémation sont interdites. Don d organe possible, si cela ne menace pas la vie du donneur. Pas de prélèvement sur personne décédée. 9

10 BOUDDHISME Fondé par Bouddha «L Eveillé» au VI e siècle avant J-C Une pratique et une religion de l Eveil Les êtres évoluent dans un cycle des renaissances caractérisé par la loi de causalité. L ignorance et l attachement conduisent à l insatisfaction et à la souffrance. Chaque être possède une nature lumineuse et paisible qu il peut réaliser en suivant le chemin de l Eveil Il existe plusieurs écoles bouddhiques réparties en trois grands courants : Theravada (Asie du Sud-Est), Mahayana (Asie de l Est), Vajrayana (Himalaya) PRATIQUE : ouverture à l éveil et au non attachement Recueillement et méditation. Vénération et offrandes (fleurs, encens, eau, etc.) avec présence d une représentation (image, statue ). Lecture et chants des textes sacrés. Regard tourné vers l intérieur. Recherche de l action juste, la parole juste, la pensée juste. Ouverture et compassion envers tous les êtres vivants. NOURRITURE : se maîtriser Libre choix de la nourriture, mais s alimenter avec conscience et respect. Éviter trop de produits carnés. Jeûne, par courte période dans certaines traditions. Courte prière prévue avant les repas. 10

11 DATES : étapes spirituelles, différentes selon les traditions : Février : nouvel an tibétain, Avril : nouvel an khmer, nouvel an laotien, Mai : Vesak, jour du Bouddha (en Asie du Sud-Est, commémoration : naissance, éveil et mort). DÉCÈS : renaissances successives jusqu à l Eveil Pendant l'agonie (avis d'aggravation) Reconnaissance de l impermanence et approche sereine de la fin de vie. Pardonner à soi et aux autres. L agonisant peut faire appel à ses proches et aux religieux. Entretenir un climat de paix et de sérénité autour du patient. Après le décès La première toilette est effectuée par les soignants ; un rituel d offrandes sera effectué quelques heures avant le départ par la famille et les religieux. Si possible laisser le corps tranquille après le décès (l idéal serait un délai de 3 jours) et éviter de toucher le sommet du crâne dans ce laps de temps. Autopsie, don d organe (selon la volonté du défunt et de sa famille), crémation autorisés. Le défunt continue le cycle des renaissances vers une nouvelle existence. 11

12 Un grand merci à tous ceux qui ont accepté de contribuer à la rédaction de ce pocket-soignants : Père Georges Bellières - Prêtre orthodoxe, Sucy-en-Brie Imam Mohamed Hendaz - Orly Brahim Aitterami - Cadre de Santé - Hôpital Albert Chenevier Rabbin Michaël Dahan - Créteil Pierre Crepon - Président Union Bouddhiste de France Elio Volpolini - Représentant du culte bouddhiste - Hôpital Paul Brousse Bibliographie et sites : Rites et Religions, Editions Estem 1998 Théo, Editions Droguet & Ardent, Fayard 1998 Principe, rites et pratiques des religions, France hhtp://cultureetloisirs.france2.fr/patrimoine/dossiers/ fr.php L organisation des obsèques par religion Catholicisme : Orthodoxie : Protestantisme : Islam : Judaïsme : Bouddhisme : NB : des choix drastiques ont été imposés par le format choisi Aumôneries Hôpital Albert Chenevier Tél. : Poste cecile.pierard@ach.aphp.fr cpierard@online.fr 12