Des trésors vietnamiens à l exotisme cambodgien IMPRESSIONS

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1 Des trésors vietnamiens à l exotisme cambodgien IMPRESSIONS 27 mars au 11 avril 2012

2 Mardi 27 mars : Paris / Ho-Chi-Minh-Ville (Saïgon) Mercredi 28 mars : Ho-Chi-Minh-Ville Après un vol de douze heures nous arrivons à Saïgon à 16h 15 dans un aéroport tout neuf à trente minutes du centre ville, Saïgon est la plus grande ville du Vietnam, capitale économique, habitants accompagnés 8 millions de scooters, sur une surface de km2!!! Notre accompagnatrice Camif-Astours s appelle Élena, elle nous donne des conseils pour que notre séjour se passe bien : ne boire que de l eau minérale, de la bière, du thé ou café, traverser les rues lentement sans jamais reculer ni s affoler dans la foule des cyclomoteurs, laisser à l hôtel nos passeports, ou lui confier. Nous arrivons au centre de Saïgon rebaptisée Ho-Chi-Minh-Ville par les Communistes en 1976, pour visiter la Poste et la Cathédrale Notre-Dame. La Cathédrale de 1880, de style néoroman est en briques roses de Toulouse, le messe se termine, nous pouvons y pénétrer. L intérieur est sobre, sauf une étonnante chapelle de Notre Dame dont la statue est entourée de néons bleus. Retrouver la présence de Saint Vincent de Paul dans l autre chapelle, nous amuse, nous les habitants de Villepreux, car sa maison restaurée aux beaux colombages fait partie de notre patrimoine. L ancienne capitale coloniale française en 1859 a gardé des beaux monuments reconnaissables à leur couleur jaune-orangé appelée «champagne Marie-louise» et l entourages vert des fenêtres. La poste centrale date de 1886 architecture de Gustave Eiffel, la hauteur de la verrière donne de la fraîcheur, le carrelage est de couleur verte, l ensemble est harmonieux et l atmosphère calme donne l envie de flâner sous le portrait géant de Hô Chi Minh. On retrouve ce mélange d architecture coloniale et de modernité en sortant sur la place, avec le crépuscule les immeubles en verre s illuminent dans tous les tons de jaune et de vert sur un ciel violacé, la cathédrale prend une couleur rose carminé et la statue de la Vierge datant des années 1950 paraît encore plus blanche. La vie éclate autour de nous dans un fouillis de scooters et de voitures. Nous partons pour un tour de ville en passant devant l hôtel Continental, le Théâtre Municipal, l hôtel Rex et l immeuble du Comité du Peuple, le Palais du Président, le Palais de Justice. La nuit est tombée, en route pour notre hôtel «Kingston» après une petite toilette nous partons au restaurant avec notre guide Tuon dit Jean, il va nous apprendre à trinquer : «1, 2, 3, YO!» C est agréable de dîner en terrasse, la température est douce et notre table est placée à côté d un petit orchestre de quatre jeunes femmes : bière de Saïgon, soupe de courge servie dans sa soupière naturelle, éclairée par des bougies placées dans un ananas creusé. Retour à l hôtel satisfaits, Jean et Élena se relaient pour nous présenter le Vietnam, son histoire et ses modes de vie, mais nous sommes tous un peu fatigués. Le Vietnam vit un grand essor économique depuis 10 ans, les premiers investisseurs ont été des Australiens, ensuite des Japonais et des Coréens, les premières routes ont été construites au temps de la Colonie Française, maintenant on enseigne la langue anglaise dans les Lycées, le Chinois n est pas très aimé. Le pays est en forme de S ou de dragon, sur le plan agricole, on note aussi de grands progrès : une récolte de riz par an il y a 25 ans et avec des tickets de rationnement, actuellement trois récoltes par an. C est un pays communiste, mais Hô Chi Minh a respecté la religion, 76% de la population est bouddhiste, 23% est chrétienne surtout dans le sud, les Catholiques sont très pratiquants avec sept messes par jour, la première à 4h30. Les Vietnamiens se lèvent tôt, les écoles commencent à 6h45, les fonctionnaires à 8h. Le 17è parallèle partage le pays : le sud a deux saisons et le nord quatre, le centre est le pays de la Royauté. À Saïgon, le niveau de vie est plus élevé obligeant souvent ses habitants à avoir plusieurs petits boulots, chacun cherchant à améliorer ses revenus, au rez de chaussée de chaque maison on trouve un commerce. 2

3 Jeudi 29 mars : Ho-Chi-Minh-Ville / Cholon Réveil à 5h, départ à 7h pour le quartier chinois Hoa à Cholon dit «grand marché» dans le Vè arrondissement. Petit déjeuner à l occidental ou à la vietnamienne au choix à l hôtel, les Vietnamiens mangent dans la rue, il y a des petites échoppes partout et même devant l école on voit les enfants en uniforme, assis prenant leur petit déjeuner. Les paysannes vendent les produits de leur jardin qu elles ont transportés dans de grands paniers accrochés aux deux bouts d un balancier. Jean nous dit qu elles portent facilement 40 kilos, elles marchent vite en faisant des petits pas, pour alléger le poids. Leur démarche est gracieuse, elles semblent si légères. Nous découvrons le marché couvert Cho Binh Tay, quadrilatère entourant une cour intérieure, échoppes regroupées par catégories de marchandises, il a été fondé par un marchand fortuné en 1826, il en confia la construction à un architecte français, un beffroi en domine l entrée et dans la cour se trouve la tombe de son fondateur. L animation n est pas celle prévue, c est un jour de répétition antiincendie, les petites boutiques sont peu achalandées. À cause de cette répétition anti-incendie, nous ne visiterons pas la pagode de la Dame Céleste, ce sera pour un autre jour à Hoi han. Peu d acheteurs pour l instant nous traversons le marché au pas de course, juste en nous attardant un peu dans le carré des poissons séchés, et nous ressortons un peu déçus. Les fruits et légumes ce sera une autre fois, et de toutes les façons nous devons aller embarquer sur un bateau pour voir le marché flottant de Cai Be et visiter un verger. Notre guide Jean met de l ambiance avec des blagues et des jeux de mots, il maîtrise remarquablement la langue française, il a une prédilection pour les allusions sexuelles et son mot favori est : «aphrodisiaque!»... Dans le car, il donne des informations en alternant avec des plaisanteries. - la cité est bordée par la rivière Sai-Gon, large et profonde qui peut accueillir des bateaux de croisière. - la route «Mandarine» relie Saïgon à Hanoï (1500 km). - la police de la route surnommée «fourmi jaune» n est pas aimé, on dit qu elle pique et qu elle mange. - le port du casque est obligatoire pour les cyclomoteurs et le nombre de passagers importe peu, les petits enfants sont assis entre les adultes ou sur un siège haut en osier devant le conducteur ils se tiennent au guidon, ou encore ils sont debout. - le cyclo sert aussi à tout transporter (cochon vivant, meuble etc...) c est un spectacle divertissant, incessant. - une contravention peut être suivie d une confiscation du deux-roues, puis d un contrôle du code par 300 questions, mais la solution est souvent trouvée par un bakchich. - c est le Vietnam du nord qui dirige le pays : un parti unique, les postes importants occupés par les dirigeants, des restrictions de natalité (que deux enfants), deux classes sociales, plus de pauvres, plus de corruption. - dans le Vietnam du sud on remarque une course au capitalisme, beaucoup de courage au travail, avec un grand respect des parents et des personnes âgées. - dans le sud les salaires sont plus élevés, l échelle des couches sociales est mieux répartie que dans le nord où le régime communiste est encore très prégnant tous les postes importants sont occupés par les dirigeants, la famille est contrôlée dans le nord, avec deux enfants maximum par famille, - c est libre dans le sud. - le mariage est une grande fête, la couleur rouge porte bonheur, on offre comme cadeaux des noix d arec, des feuilles de bétel, de la chaux vive. La ville de Dalat est une destination de voyage de noces attirante par son climat d altitude et ses maisons à la française. - actuellement les jeunes filles de la région du delta du Mékong cherchent à épouser des Chinois et des Coréens. - histoire de jean : «les 4 vertus pour une future épouse sont : savoir cuisiner, savoir se faire belle, avoir une belle parole, être fidèle, les trois qualités pour un futur époux sont : avoir une mobylette, avoir un métier, avoir une maison privée» - on distingue le riz ordinaire, le riz parfumé et le riz gluant, 3 récoltes par an dans le sud. Le Vietnam est le second producteur du monde après la Thaïlande. - le lotus est une plante importante : ses feuilles sont utilisées pour envelopper les gâteaux, ses graines sont des médicaments et ses racines sont aphrodisiaques, paraît-il? La position des feuilles au dessus de l eau permet de distinguer le lotus du nénuphar. - les serpents dans l eau des rizières ne sont pas dangereux, par contre dans les bananiers, on peut trouver le serpent minute dont la morsure est mortelle. - la proue des bateaux est décorée par des yeux peints : «c est pour faire peur aux crocodiles en leur faisant croire que le bateau est un très gros poisson». Il n y a plus de crocodiles sauvages, seulement en élevage. - histoire de Jean : «les trois animaux de la femme sont le vison (pour la fourrure) le crocodile (pour la peau) et le pigeon (pour le portefeuille)» 3

4 Jeudi 29 mars : Vinh Long / Cai Be / Saïgon / Buon Ma Thuot Dans le delta du Mékong, il y a un réseau de milliers de canaux ( Km2) habités et foisonnant de vie, la superficie du delta varie avec l inondation annuelle lorsque le lac Tonlé Sap au Cambodge se déverse au mois d octobre. Dans la région de Vinh Long, les voies navigables que l on va emprunter en bateau sont sillonnées de sampans de petits commerçants, ou de bateaux effectuant des livraisons, les canaux quadrillent des terrains potagers ou des vergers et le long des berges il y a des élevages de poissons, de crevettes ou de fabriques de nuoc-mam (sauce à base de poissons fermentés dans une saumure). Excursion en bateau de Vinh Long Le meilleur moyen d avoir un rapide aperçu de la vie dans le delta du Mékong, c est d effectuer une promenade sur le réseau des canaux et de s arrêter sur les îles pour déjeuner. Nous embarquons sur un bateau couvert et aéré, avec une guide locale qui nous accompagne jusqu au marché flottant de Cai Be, très animé, qui a commencé tôt ce matin et s arrêtera à midi. Ce marché rassemble des commerçants de gros et de détail, en un ballet de gros et de petits mariniers. Nous débarquons tout d abord dans une île verger, un chemin a été aménagé avec des planches et nous traversons une bananeraie, puis les arbres jacquiers dont le fruit le jacque, jaune-vert, peut peser de un kilo à 25 kilos, les longaniers ont des fruits en grappe appelés les longanes qui ressemblent aux litchies au goût plus fin. Les papayers présentent à la fois des fleurs et des fruits, il y a aussi, le palmier arequier aux noix d arec ou à betel, le manguier, la pomme de lait fruit vert qu il faut malaxer avant de l ouvrir ou de la presser. On admire des arbres en fleurs comme le tulipier du Gabon, le flamboyant, le latanier dont les feuilles servent à faire les chapeaux coniques des Vietnamiennes, le frangipanier sans feuilles pour l instant qui va donner en premier des fleurs blanches très odorantes. Petite pause pour déguster quelques fruits et boire un thé vert, nous pouvons visiter la partie publique de la maison des propriétaires, le long des murs se trouvent les jarres vernissées qui conservent l eau de pluie, tout autour de la maison principale se trouvent des maisonnettes en terre battue et toit en feuilles de palmier. Retour au marché flottant à Cai Be, une église à la flèche élancée domine les maisons sur pilotis, elle a été construite en 1929, on voit sur les toits, un nombre important d antennes de télévisions, c est la réalité de la modernité du pays. Nouvel arrêt dans un petit village dont la spécialité est le gâteau de riz soufflé, le pâtissier grille rapidement le riz mélangé à du sable gris qui devient noir à la chaleur, le riz non décortiqué gonfle et devient blanc, tamisé et débarrassé du sable il est jeté dans du caramel, nous dégustons un gâteau avec un thé au lotus, puis nous faisons quelques achats, pour nous : baume du tigre blanc et gingembre confit. Nous allons déjeuner chez l habitant dans une autre île, belle maison, dans la partie réception que l on nous autorise à visiter il y a de beaux meubles anciens. La table est installée à l extérieur dans un jardin luxuriant avec des bougainvillées, des bignones jaunes, des cactus épines du Christ, des caramboliers aux fruits étoilés. Le service du repas est fait par des jeunes filles, le premier plat est étonnant c est un poisson éléphant (ses ouïes font penser à des oreilles) catégorie des rascasses, il est présenté entier, découpé devant nous, les morceaux de chair sont enveloppées dans de la feuille de riz comme des nems, c est très frais et bon, les légumes et les plats de viande sont plus fades, dessert : petite bananes sucrées et litchis barbus. Retour en autocar à Hô-Chi-Minh-Ville, visite d un atelier de laque, on assiste aux différentes étapes de la découpe, du collage, du séchage et du ponçage, ou à une autre technique avec de la coquille d oeuf posée et collée directement sur le support où le dessin a été décalqué, suivie de plusieurs couches de vernis. Les tableaux exposés dans la galerie sont magnifiques, de style différent, paysages vietnamiens, oiseaux, reproduction d oeuvres occidentales, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Certains s attardent dans leurs achats, Jean a fait partir notre autocar et nos valises avec Élena à l aéroport, nous embarquons dans des taxis collectifs à 6 ou 8, ça nous amuse d avoir un jeune chauffeur ne parlant pas un mot d anglais et se faufilant dans l intense circulation des heures de pointe. Jean se charge de l enregistrement, envol à 17h05 dans un ATR 72 avion à hélices. Arrivés à Buon Ma Thuot et à l hôtel Damsam il fait nuit, nous sommes fatigués, nous avons vu déjà beaucoup de choses, nous sommes un peu désorientés, la chambre est confortable avec une belle vue sur la piscine, mais nous n aurons pas le temps d en profiter, car demain départ à 7h. Le dîner dans le restaurant de l hôtel est bon, salade de fruits de mer, viandes en sauce et poissons, légumes et riz, mangue au dessert. 4

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6 Vendredi 30 mars : Buon Ma Thuot / Buon Don / Plei Ku Réveil très matinal pour un départ en autocar et un guide local pour le village de Buon Don, un long parcours nous attend à travers la région centrale des Hauts Plateaux. Jean gère parfaitement la logistique, le groupe se soude, chacun trouve sa place dans le car. Le guide local s appelle Minh «la paix», il nous présente la région des plateaux du Tay Nguyen, province du Dak Lak peuplée de Kinh ou Viets et encore une trentaine d ethnies en particulier des groupes importants : les Edes et les Mnongs. C est une terre riche, un plateau à 500 m d altitude, des forêts d arbres au feuillage persistant, des rivières, des plantations de café, d hévéas, d anacardiers (noix de cajou), de poivriers, de papayers, d acacias, de flamboyants. Actuellement c est la saison sèche, le café robusta donne une seule récolte par an, la productivité des plantations de la région place le Vietnam en deuxième position derrière le Brésil parmi les pays exportateurs de café. L arabica est produit plutôt à Dalat, le plus cher des cafés est le «weasel» fabriqué avec des baies de caféier régurgitées par des rats des champs ou par des belettes. La politique de réunification a donné une priorité aux ethnies Viets par rapport aux ethnies locales qui étaient originaires d Indonésie, celles-ci parlent encore leur propre dialecte et portent leur costume traditionnel au moins pour les fêtes. Dans chaque village, l état préconise l apprentissage de la langue vietnamienne, pour cela une aide financière est offerte aux familles les incitant à envoyer leurs enfants à l école, malgré tout, dans leur société matriarcale, ils continuent à se marier entre eux. Dans les villes des Hauts Plateaux à population majoritaire Viet les ethnies sont mal acceptées, on leur reproche leur manque d hygiène et leur costume traditionnel de couleur foncée indigo (l indigo est un répulsif pour les insectes mais il déteint sur la peau). Dans la totalité du Vietnam 54 ethnies vivent en paix, par contre en Birmanie il y en a 136 qui sont en guerre à cause de l opium. Au Vietnam, il n y a plus d opium, mais on cultive encore le chanvre dont la culture est réglementée. Les maisons des Hauts Plateaux sont en bois sur pilotis en bambous. Il y a 56 sortes de bambous, tous ont une croissance rapide environ 10 cm par jour. On s arrête pour photographier des plantations d anacardiers (fruit jaune avec la noix de cajou verte à son extrémité extérieure) et des poivriers (plante grimpante, poivre blanc, le vert n est pas transportable), des champs de manioc de deux espèces, le doux pour l alimentation et l amer pour les cochons. Il faut enlever l écorce pour prendre la noix de cajou, l écorce toxique sert pour l encre ou contre les insectes, la résine huileuse est utilisée en mécanique, on ramollit les noix en bain de vapeur à 100 une fois séchées, grillées et salées, leur consommation fait baisser le taux de cholestérol dans le sang. Le long de la route n 14 en traversant les Hauts Plateaux on rencontre quelques camions, les plus anciens sont soviétiques, les récents sont japonais ou coréens, peu de voitures surtout des charrettes. Les Mnongs et les Edes sont traditionnellement des chasseurs et des éleveurs d éléphants, ils les vénèrent. Leurs traditions de deuil sont particulières : le mort est mis dans un cercueil avec un coq vivant. Pendant deux à trois ans, la famille rend visite au mort en lui apportant des offrandes (de la nourriture, un coussin...) puis c est le deuil après une fête durant laquelle on tue un cochon ou un buffle attaché au poteau de sacrifice, le patriarche lui coupe le jarret droit avec une lance, il recueille le sang dans une jarre, celui-ci est bu par tous les participants. Alors, les ossements sont mis dans une boite, on chante, on danse et c est la fin de la cérémonie et du deuil. Les biens du défunt sont partagés, sa tombe ne sera plus entretenue, elle était bien décorée avant le deuil, par des statues totems, rappelant la vie du défunt. 6

7 Le village de Buon Don se trouve au bord de la rivière Serepok qui se jette dans le Mékong au Cambodge. Nous allons visiter le village à pied avec ses maisons typiques sur pilotis, nous promener au dessus de la rivière en passant dans un labyrinthe de pont de lianes et descendre dans la rivière à dos d éléphant. Le village est sympathique avec des petites boutiques (artisanat, pots scellés d alcool de riz), les touristes qui passent par ici sont des asiatiques et très peu sont des occidentaux. Les maisons sont grandes, l homme emménage dans la demeure de son épouse après le mariage, les maisons sont agrandies au gré des naissances, elles ont une forme allongée, elle sont posées sur des pilotis, l espace sous le plancher sert à entreposer les réserves, les animaux domestiques ou pour installer les boutiques. La maison commune date de 1883, elle a été restaurée en 2011, le chef du village est un ancien chasseur d éléphants, actuellement il y en a vingt éléphants domestiqués dans le village, une quarantaine dans la province, et deux cents environ dans tout le Vietnam. Les éléphanteaux ne sont dressés que vers leur troisième année, la gestation dure de dix-huit à vingt-deux mois selon le sexe du bébé. Autour du village, il y a des champs de manioc (si sa tige est rouge c est du manioc doux), le tubercule est pilé en farine, les feuilles vertes sont consommées en légume......des vergers d anacardiers, de bananiers, des kapokiers (donnant le kapok, fibre végétale). Au bord de la rivière, nous admirons beaucoup de papillons difficiles à photographier, sur une terrasse il y a des singes et un très grand python en cage. Il y aurait encore des animaux sauvages dans le Parc national de Yok Don, peut-être quelques tigres et léopards. L installation sur l éléphant est aisée grâce à la plateforme, le siège est rustique, la balade dure une petite heure à travers le village, on descend par des petits chemins vers la rivière à travers la forêt, dans l eau, c est impressionnant mais l éléphant est tranquille. Pendant ce temps les autres Camifiens se baladent de pont suspendu en pont suspendu, c est aussi très amusant et déconcertant de passer d un tronc de ficus à un autre. Nous retournons dans la ville de Buon Ma Thuot pour déjeuner, un repas typique de la région avec une soupe au tapioca, des légumes variés dont du choux, du poisson de rivière, du riz et du pamplemousse. On admire les plantes autour du restaurant, des spathiphyllums qui sont nous pour des plantes d intérieur. Après le repas, il faut partir et prévoir 5h pour 200 km, en ne roulant la plupart du temps qu à 40 km/h. Jean nous distrait avec ses plaisanteries habituelles un peu légères, et en même temps, il nous conte les différentes traditions de son pays : - c est un bon signe que de croiser un mariage durant son voyage, on reconnait un mariage aux maisons vivement décorées de tissus bariolés. - On se marie n importe quel jour de la semaine, c est en fonction du thème astral, le mariage se passe à la maison, devant l autel des ancêtres, la mariée est en blanc surtout dans les mariages chrétiens, et elle change trois fois de robe et de couleur, en particulier en rouge qui porte bonheur. - le concubinage est mal vu, le divorce aussi. - dans les maisons, trois générations vivent ensemble, ainsi les valeurs traditionnelles se transmettent aisément. - la circulation des camions est dangereuse, car ils sont souvent en surcharge, le contrôle routier effectué par la police de la route, tourne souvent en leur faveur grâce au bakchich. - les écoles sont très chargées : cinquante élèves par classe, respect du professorat, les fessées sont autorisées, la scolarité est payante, mais les ethnies montagnardes reçoivent des aides financières pour les inciter à mettre leurs enfants à l école. - il y a des écoles privées protestantes et catholiques. 7

8 Élena nous parle de la philosophie bouddhiste, de l histoire de Bouddha : - c était un prince né en Inde au VIè siècle avant J-C, il aurait reçu quatre signes divins, incité à partir, il a quitté sa femme et son palais, habillé d une robe blanche. Sa quête l a mené à Bénares, sa robe usée et rapiécée était devenue rouge à cause de la terre, assis sous un banian (grand arbre de 20 m de haut de l espèce des ficus) il a compris alors que la réalité n existait pas, qu il fallait se détacher de tout. Il prêcha ensuite la nonviolence, l amour et la chasteté. - au Vietnam, le Bouddhisme Mahayana dit du Grand Véhicule importé de Chine est majoritaire, le Bouddhisme Hinayan dit du Petit Véhicule importé d Inde est observé surtout dans le delta du Mékong. - les Vietnamiens sont aussi respectueux d autres philosophies : le Confucianisme est à la base des principes moraux qui gèrent la société en la hiérarchisant, le Taoîsme prône l équilibre entre l homme et l univers. - mais le plus important, c est le respect du culte des ancêtres, dans le monde rural on a le culte des génies, certaines ethnies sont encore animistes. - les autres religions comme le Catholicisme, le Protestantisme, l Hindouisme et l Islam sont pratiquées dans différentes régions en plus petit nombre. - enfin une nouvelle religion datant de 1920 : le Caodaïsme est un amalgame de toutes les autres et reconnait un seul Dieu et de nombreux guides spirituels comme Shakespeare, Lénine, Jeanne d Arc ou Victor Hugo, surtout dans le sud Vietnam - Le ciel se couvre, de nombreux papillons : pronostic de pluie Arrêt technique, dans une plantation de caféiers, et de poivriers, la récolte a commencé... photos, plus loin plantation d hévéas, sur chaque tronc on aperçoit un bol de faïence destiné à recueillir le latex, la culture est rentable au 16è anniversaire de l arbre et au bout de 30 ans il faut le couper. Cette région traversée par la route N 14 dite «Clémentine» est aussi le poumon vert du Vietnam car il y a de nombreuses pinèdes dont on recueille la résine pour fabriquer de la cellophane. On arrive à Pleiku, capitale de la province Gia Lai est une ville de habitants entourée de villages montagnards de 28 ethnies différentes, comme dans le reste des hauts Plateaux, ces peuplades résistent aux tentatives d acculturation du gouvernement communiste et gardent leurs traditions. Certaines ont été reconnues par l Unesco sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l humanité en 2005, c est le cas de la musique traditionnelle de Gongs. Les gongs sont des instruments sacrés utilisés lors des offrandes, des rituels, funérailles et noces, ils sont pratiqués essentiellement par des hommes. Pour visiter ces ethnies, il faut une autorisation et un guide local. Le petit village qui nous attend est composé de 60 maisons et 800 habitants, il fait nuit et le spectacle ne se passe pas dans la maison communautaire comme nous le pensions mais à l extérieur près d un grand feu. Les gongs en bronze sont suspendus à un bambou tendu entre deux trépieds, deux musiciens et six danseuses en costume traditionnel noir avec des bandes de tissu coloré. Jean et Elena nous offre des petites brioches et en distribuent aussi aux enfants présents, le spectacle commence, dans la pénombre la résonance des gongs s accordent aux danses rythmées, nous sommes sous le charme, à la fin nous sommes invités à danser, et pour finir à goûter à l alcool de riz dans les jarres en utilisant un chalumeau. Nous revenons à Pleiku à l hôtel Hoang Anh Gia Lai construit par un notable très aisé, dans ce régime communiste il y a des individus qui ont fait fortune et qui étalent leur réussite : profusion de marbre et de granit dans la décoration. Demain, la route sera longue, entre Pleiku et Hoi Han : 400 km de route, passage d un col et visite d un site historique, il faudra partir à 5h 30. 8

9 samedi 31 mars : Pleiku / My Son / Hoi Han Réveil très matinal, départ avec le petit déjeuner en poche (sandwich au jambon-fromage, oeuf, banane). À 5 heures du matin, la ville est déjà animée, on entend des slogans politiques diffusés par haut-parleurs, mais comme dit Jean : «personne ne les écoute! tout le monde les entend.». Nous continuons sur la route nationale n 14 en direction de Kontum, celle-ci fut empruntée par endroits par le tracé de la célèbre Piste Hô Chi Minh qui a joué un rôle essentiel dans la guerre du Vietnam en permettant aux maquis du Front National de Libération les Viet-Congs de recevoir du nord les armes, les vivres et les combattants qui leur étaient indispensables. En 1975, ce fut l armée nord-vietnamienne qui suivit cette piste, dans sa marche victorieuse sur Saïgon, malgré les bombardements au napalm, les épandages de défoliant à l agent orange, et même les interventions directes sud-vietnamiennes et américaines. On va visiter à 7 heures du matin accompagnés d un guide local, un village de la minorité ethnique Bahnar, leur maison communautaire «Nha Rong» est en bambou et en bois, sur pilotis, elle est couverte d un immense toit de chaume, c est le centre des activités culturelles. Les enfants ne sont pas à l école, tout le monde est très souriant, je suis un peu gênée de les photographier, mais je vois qu ils sont fiers lorsque l on s arrête devant leur maison pour faire une photo, les enfants ne mendient pas ils veulent juste regarder dans l écran de l appareil la photo prise. Les animaux sont à côté des maisons ou dessous, certaines sont mieux entretenues, fleuries, un peu comme chez nous, des enfants jouent à pêcher dans la rivière, un monsieur dont je photographie les fleurs se redresse fièrement pour que je le prenne lui aussi en photo. La région est vallonnée, les collines présentent de grandes zones de reboisement surtout des eucalyptus. À la suite des bombardements durant la guerre, la forêt est morte, la végétation a beaucoup souffert ainsi que la faune. Tout le long de la route, il y a des petits lopins de terre cultivée, (champs de manioc ou petites rizières) Jean nous rappelle que la terre appartient à l État, on peut en acheter un lopin pour un temps déterminé, par exemple 50 ans, et le léguer à ses enfants, comme il n y a pas de propriété terrienne privée, il n y a pas d impôt foncier. Nous allons quitter la route nationale n 14 et prendre un raccourci qui va nous faire gagner 100 km cela nous permettra d arriver à l heure pour visiter le site religieux du royaume Champa : My Son. La route n 14B n est pas pratiquée par les touristes et notre autocar étonne les villageois, c est un parcours sinueux à travers la forêt vierge, percée de cascades, avec des grandes frondaisons, des fougères, des plantes tropicales. Passage du Col du Ressort, 300 m d altitude, entouré de monts de 2000 m environ, sous la pluie la difficulté de la route est augmentée, heureusement notre chauffeur est très prudent. Arrêt à 11h30 pour déjeuner, la salle du rez-de chaussée du restaurant est occupée par un mariage (200 à 300 personnes), au premier étage les fleurs et une estrade sont préparées sans doute pour danser une fois les touristes partis. Menu local : fondue dans un bouillon de légumes, repas copieux... photos des mariés et déjà il faut repartir, l ambiance en bas est survoltée, la mariée a passé sa deuxième robe après la blanche, la rouge. Le couple et les beaux pères ont commencé le traditionnel tour des tables, avec force toasts et offrandes.nous ne pouvons nous attarder, dommage!... car les convives sont ravis de nous voir, ils voudraient tous être pris en photo et nous inviter à boire l alcool de riz. 9

10 Le royaume du Champa de culture hindoue fut au IVè siècle un puissant état régional, à partir du XIè siècle il fut progressivement annexé par les Viets. C était un peuple originaire de Java, au XVIIIè une petite principauté subsistait encore à Phan Thiet sur la côte sud, ses habitants s enfuirent au Cambodge. My Son le plus grand centre religieux du Champa tomba dans l oubli et fut redécouvert par des Français en 1890, 70 temples construits vers le VIè siècle, une vingtaine sont en assez bon état. On sent l influence de l Hindouisme : construction en briques, statuaires en briques ou en grès (Apsaras, danseuses célestes) thèmes religieux (création de la terre par le barattage de la mer de lait) Brahma, premier membre de la trinité hindoue, Vishnou sur Garuda sa monture, Shiva et son symbole phallique le Lingam. Il y a aussi Hanuman dieu singe et Indra dieu de la guerre. Ces temples sont une approche contemplative car ils sont décorés à l extérieur, et c est en s approchant que l on peut admirer les détails, à l intérieur se trouvent les niches de la méditation. Lors de sa découverte par Henri Parmentier, le site de My Son a heureusement été codifié par des relevés architecturaux précis, des statues ont été emportées en France au Musée de l Homme. Durant la guerre du Vietnam une grande partie a été rasée par les bombardements américains (50 bâtiments sur 70 environ) et lors de l offensive du Têt en janvier 1968 l intervention du Musée de l Homme a permis l arrêt des bombardements en sauvant les 20 bâtiments restants. Les Chams parlaient le sanscrit, les Chams actuels sont soit hindouistes, soit islamistes modérés ils écrivent le sanscrit et habitent Chau Doc dans le Vietnam du sud à 250 km de Saïgon. Aujourd hui, le site de My Son est reconnu comme site du patrimoine mondial de l Unesco, des travaux de restauration sont en cours, et des statues sont exposées au Musée de la Sculpture Cham à Danang, nous le visiterons mardi 3 avril. La visite du site se passe sous un ciel menaçant, chacun sort son kway et Jean distribue des capes en plastique, il fait chaud, les gouttes de pluie ne sont pas froides, cette chaude humidité donne la mesure des difficultés rencontrées lors des restaurations successives. Les bâtiments en briques sont envahis par végétation, mousses et lichens, certains sont penchés et s enfoncent dans le sol, les murs ont été construits avec des briques précuites avec un liant naturel non identifié. Les parties en grès comme le Lingam et son socle le Yoni (sexe féminin) sont gris et couverts aussi de lichens. Le site est grand et nous n en voyons qu une petite partie, mais cela nous donne une idée de l importance de la civilisation des Chams. Nous avons rejoint la route «Mandarine» route nationale n 1 qui va de Hanoï à Hué en début d après-midi au niveau de la plaine côtière inondable, le terrain sablonneux cultivable est propice aux cultures de manioc, de sésames et de cacahuètes, de jacinthes d eau, de mûriers pour l élevage des vers à soie. Les crues de la rivière Thu Bon que nous traversons sont régulières, celles exceptionnelles de 1999/2000 ont été catastrophiques pour la ville de Hoi Han emportant son vieux pont et faisant 300 victimes. Dans cette région les maisons sont en briques sur pilotis en bois, les poteaux reposent sur des plaques de marbre pour éviter la putréfaction et éviter les insectes. Les maisons Cham étaient carrées (le carré représentant la terre) le toit en forme de dôme (représentant le ciel), dans les champs les tombes familiales habituellement rectangulaires, ici sont rondes. La ville de Hoi Han fut un centre maritime Cham et s appelait Faifo, puis du XVIè au XIXè siècle elle devint un grand port où résidèrent des marchands japonais, chinois, occidentaux. Le port s ensabla et les marchands s installèrent à Danang. Ce fut une chance car Hoi Han n a pas changé et la ville n a pas souffert ensuite de la guerre du Vietnam. Elle est inscrite par l Unesco au patrimoine mondial, elle contient des centaines de bâtiments anciens : maisons-tubes, temples, maisons boutiques de riches commerçants, pont couvert japonais, maisons communes de différents congrégations. On ne peut pénétrer dans le vieux quartier avec le car, on va rejoindre l hôtel Vinh Hung Resort à pied, une camionnette viendra chercher nos valises. Nous sommes bien installés dans des bungalows, au bout d un grand jardin, près de la piscine, trois nuitées vont nous permettre de récupérer de la fatigue des premières journées de notre voyage. Balade en ville, passage dans la boutique «Bambou» aucune dame ne résiste au plaisir d acheter... Dîner en ville : beignets de crevette, salade de liseron d eau, fondue de poissons, et le fruit du dragon. 10

11 dimanche 1er avril : Hoi Han/ Tra Que / Hoi Han La route nationale n 14 et la route n 14B (le raccourcis) ont été difficiles, longues, sinueuses, redoutables pour les cars, le nôtre est en panne, le carter de sa boite de vitesse est percée. Ce matin, avant notre réveil, ils l ont démonté sur le parking de l hôtel, en attendant nous empruntons un autre bus. Programme détente puisque nous restons deux jours à Hoi Han, le cadre est charmant, dommage il pleut... serait-ce déjà la mousson qui arrive un mois en avance? Il y a une dépression sur la mer de Chine méridionale, «un mini typhon sur Saïgon» nous dit Jean, qui remonte vers le nord. Le parc de l hôtel donne sur l estuaire de la rivière Thu Bon, nous sommes bercés par le bruit des bateaux, la vue doit être très jolie avec le soleil, là c est brumeux avec du crachin mais c est aussi beau, la lumière est tamisée, les couleurs jaune et vert percent le brouillard. Au XVIIè siècle, Hoi Han comportait deux quartiers distincts (à l est le quartier chinois, à l ouest le quartier japonais) séparés par un ruisseau qui est enjambé par un Pont Japonais de À la fin du XVIIIè siècle un incendie ravagea la ville, seul le quartier chinois fut reconstruit et le Pont Japonais est toujours là. Les grandes maisons du quartier sont celles des bourgeois, médecins, pharmaciens chinois, lors des inondations de la rivière Thu Bon, l eau monte vite et passe pardessus les toits des petites maisons, les plus hautes accueillent les sinistrés. Les pêcheurs utilisent des grands carrelets, filets de pêche jaunes, on traverse la rivière par le pont moderne, décoré de lanternes en soie, pour les nuits de pleine lune, et on pénètre dans la ville piétonne. Arrêt au Temple de la Littérature dédié à Confucius et à ses quatre disciples, bordé par des bassins aux fleurs de lotus. Nous prenons nos vélos, avec un panier pour poser notre sac, le temps s éclaircit... c est parti pour la promenade, ceux qui le souhaitent, restent dans le car. Nous nous retrouverons toute à l heure au village paysan. Nous sortons de la ville par une grande route avec la circulation habituelle, en file indienne aux carrefours on fait comme les locaux, on s engage lentement mais sûrement, après un grand pont, hop un petit chemin qui longe des canaux et des champs de liserons d eau... cette balade, c est un grand plaisir. Une famille est entrain de récupérer les cacahuètes : ce sont les tubercules de la plante, elle a fleuri jaune, puis elle s est penchée vers le sol et les fleurs ont pris pris racine. Chaque maison est entourée d un petit jardin cultivé, un badanier donne de l ombre, près de l entrée, se trouve la maison des esprits pour vénérer les anciens et aussi les anciens propriétaires. Devant une maison il y a une belle décoration : une licorne en relief faite avec des morceaux de tessons de bouteilles et de faïence, encadrée par deux chiens chinois du beau bleu de Chine et au dessus un portique avec le nom de la famille. Des gros tubes en bambou irriguent les potagers avec l eau des canaux : salades, légumes du jardin, citronnelle, sésames, amarante, abricotiers nains, papayers; l engrais est constitué des algues recueilles au fond des canaux. La terre semble fine, travaillée, les rangs sont alignés, bien entretenus sans mauvaise herbe, et malgré l humidité ambiante du jour, les jardiniers arrosent!!! Nous sommes arrivés et nous avons rejoints nos amis au village de Tra Que, nous sommes accueillis par une boisson au gingembre, graines de sésame et citronnelle. Un groupe de cinq volontaires va se prêter de bonne grâce à une petite mise en scène de jardinage, chacun a pris sa houe, a creusé son sillon, après avoir ratissé et damé, il faut appliquer le repiquage et l arrosage au balancier! Pas si facile! Le bain de pieds et le massage qui suivront seront bien mérités. Prêts pour la leçon de cuisine, les autres Camifiens vont apprendre à faire des des crêpes au porc (farine de riz, racines de safran, germes de soja, porc, huile d arachide) et des nems frais (feuilles de riz, menthe, crevettes, cives, porc), l appétit est au rendez-vous, l ambiance est joyeuse, la spécialité cuisinée le Tam Huu.c est bon! 11

12 Retour en ville, en autocar, nous aurions bien continué à bicyclette, à nouveau les rues tranquilles, une école maternelle décorée, un grand panneau qui explique les principes d une alimentation équilibrée. Nous voici devant l atelier de tissage de la soie, maison Lê Loi très ancienne et reconnue qui pratique l élevage et le tissage. Les vers sont élevés pendant 2 mois, jusqu au 11è jour ils mangent et dorment, au 16è jour ils ne dorment plus, entre le 22 et 25è jours ils se transforment en cocons, pendant 4 jours, le ver est à l intérieur et se transforme en chrysalide (20% oeuf, 80% soie). Nous prendrons beaucoup de temps à choisir de jolis vêtements dans la boutique, les vendeuses trouvent toutes les solutions, les prises de mesure sont rapides, le choix des coloris infini, et nous serons livrées demain à l hôtel!!! Visite de la plus vieille maison de Hoi Han : la maison Tan Ky du XVIIIè siècle, habitée successivement par la même famille en 7 générations. C est une maison-boutique sino-vietnamienne, elle présente des éléments architecturaux chinois, vietnamiens et japonais : charpente en bois du salon dit «en forme de crabe» reposant par des poutres sur des socles en pierre, colonnes en bois de jacquier incrustées de nacre et gravées de poèmes calligraphiés chinois, briques du Nord Vietnam pour le dallage. Le mobilier de la salle de réception est ancien et chargé de symboles comme cette tasse de Confucius respectant le principe de modération. Après un patio intérieur, le côté boutique et l on sort côté canal. Les maisons sont de ce côté-ci ouvertes par des arcades, peintes en jaune, moulures blanches. Par la porte de la boutique suivante, on voit l enfilade des pièces caractéristique des maisons tubes. Nous allons regarder un spectacle traditionnel Công Nhân, musique traditionnelle et chants féminins. Nous ferons ensuite la visite du temple Phu Kien, maison commune chinoise dédiée à Thien Hau déesse de la mer, à visage d homme et au corps de femme (au contraire de Bouddha) protectrice des navigateurs. Ce temple abrite des statues celle de la déesse dont on change la robe tous les ans et celles de ses deux assistants ou génies, l un à l ouïe extrêmement fine, l autre dont le regard porte loin, ainsi que les six chefs de clan ou Grands Ancêtres qui fuirent la province du Fujian pour venir s établir à Hoi Han. Dans la cour on peut voir les animaux mythiques : dragons, licornes, phénix, tortues... À l intérieur : un tableau représentant la fuite de la Chine par les six familles, une rare maquette de bateau du XVIIIè siècle. Jean nous explique les différences entre temple chinois et temple vietnamien : pour le premier il est situé dans les villes avec le commerce, le bruit, son patio est ouvert, le second est loin des villes, dans le silence, son patio est fermé. L encens utilisé dans les deux est aussi différent : pour les chinois l encens se présente sous forme de spirale qui dure un mois (douze spirales pour un an) il se consume sans laisser de traces par terre ; pour les Vietnamiens il ne dure q une semaine et il laisse de la poudre sur le sol. Retour vers les quais en traversant le marché, fruits et légumes, étals de viande et de poissons de toutes sortes. Jean nous propose de retourner à l hôtel en bateau... Nous ne prendrons pas le bateau bus local surchargé de passagers et de leurs cyclomoteurs!!! mais un bateau juste pour nous c est tout aussi amusant et plus sécurisant. Dîner en ville dans un restaurant de luxe près de notre boutique «Bambou» quelques achats supplémentaires vite faits. C est bon, mais le dessert surprend : farine de soja, châtaignes et riz gluant dans une feuille de bananier retour à 21 h bien contents de notre journée. 12

13 lundi 2 avril : Hoi Han/ Thanh Ha / Kim Bong / Hoi Han Promenade en bateau prévue pour la matinée, nous partons à trois bateaux, premier arrêt au village de potiers de Thanh Ha, aux XVIè et XVIIè siècles des artisans se sont installés ici, leur production était vendue dans Hoi Han et à l étranger, on a retrouvé la notoriété de sa qualité dans un livre sur la dynastie des Nguyen. Ces dernières années les ateliers de poterie ont été remis en activité, nous arrivons à un débarcadère où se trouve un petit temple dit de la Statue de l Éléphant en pierre, sculpture Champa du IXè siècle, preuve des échanges culturels Champa-Vietnamiens. Selon la légende la statue aurait été trouvée dans la boue de la rivière. L architecture du temple montre l influence japonaise : toit à quatre pans, colonnes en bois, génie protecteur. Dans ce village, le touriste est très sollicité, entre petites filles et grand-mères, c est difficile de choisir et d acheter, nous partons tous avec des petits sifflets en terre cuite en forme d animaux, nous avons admiré la technique du tour : la grand-mère pétrit la terre et la petite fille lance le tour avec le pied et le balancement de la jambe. Escale suivante, les chantiers navals et les ateliers de sculpture sur bois du village de Kim Bong. Ensuite, promenade finie, nous revenons sur Hoi Han. Le Pont Japonais qui relie les quartiers de Cam Pho et de Minh Huong, mesure 20 m de long, il est en dos d âne, coiffé d un toit à quatre pans couvert de tuiles jaunes et vertes. Il repose sur des arches de pierre. À ses extrémités des statues : deux singes côté chinois, deux chiens côté japonais, elles rappellent les dates de construction 1593 année du singe à 1595 année du chien. Un petit temple occupe la partie nord, il porte une inscription signifiant : «pont pour les passants venus de loin» nom donné par un mandarin en Les rues de Hoi Han sont riches de bâtiments remarquables, même les maisons de l époque coloniale sont belles à regarder dans un métissage culturel et architectural, particulièrement évident dans les maisons-tubes vietnamiennes : celles-ci sont d un modèle classique vietnamien, mais elles sont dotées de toits en tuiles chinoises, de supports de charpente à la japonaise, de balcons et de persiennes à la française, les murs sont peints en ocre jaune, les boiseries vertes, moulures blanches. Dans un magasin «Trâm» nous allons faire la découverte d un bois rare appelé «bois d agar» ou «calambac» «aquilaria» c est une résine sécrétée par un bois malade, attaqué par les insectes, il faut une centaine d année pour la fabriquer. Les copeaux sont utilisés pour fabriquer de l encens, son huile essentielle est réputée comme soin pour les maladies cardio-vasculaires, porter un bijou en agar serait bénéfique par le contact avec la peau. Le temple Cantonais Tran Phu date de 1786, connu comme maison commune de la congrégation chinoise du Quang Dong qui a Canton pour capitale. L autel principal est dédié au guerrier déifié Quan Cong reconnaissable à la couleur rouge de son visage, couleur de la loyauté, couleur du confucianisme. Un autre autel rend hommage à Thien Hau la déesse de la mer. Dans les jardins une profusion d abricotiers d ornement, de frangipaniers, une fontaine est décorée par des dragons et des licornes en céramique. Après le déjeuner dans un restaurant dont nous avons apprécié la qualité, l après-midi sera libre, certains rentreront à l hôtel se reposer, nous nous partons à la recherche une galerie de peinture aperçue le matin, heureusement Hoi Han n est pas très grande, on se retrouve vite avec ses deux rues piétonnières et trois ou quatre rues transversales. Un coup de chance, la boutique est rapidement retrouvée. Une charmante dame âgée est ravie de me vendre 6 dollars, une aquarelle peinte par son son cousin sur papier de soie, elle nous l enroule soigneusement dans un tube en plastique et nous repartons tout sourire. Promenade tranquille, retour à l hôtel, nous allons profiter de la piscine, puis frais et dispos nous rejoindrons le groupe pour un dîner en ville dans un restaurant qui nous propose de la cuisine française : salade niçoise, boeuf à la noix de coco, poisson à la crème, crêpe au chocolat, l ambiance est au top grâce à certains chanteurs de notre groupe!!! Le retour à pied se fera de nuit en traversant les petites rues illuminées par les lanternes chinoises de toutes les couleurs. 13

14 mardi 3 avril : Hoi Han / Da Nang / Hue Nous allons suivre le bord de mer, aujourd hui il fait soleil, en partant à 7 heures du matin nous faisons une petite pause pour photographier les bateaux de pêche sur la rivière Thu Bon, certains sont de forme allongée, d autres ressemblent à un grand panier ovale, ils sont en bambou goudronné. Les montagnes de marbre sont au sud de Danang ressemblent aux «mogotes» de Cuba, de nombreux ateliers proposent leurs belles sculptures, nous en visitons un et repartons sans rien avoir acheté. La route longe les terrains de golf, les immeubles pour touristes et la plage interdite aux locaux, ici se trouvait la base aérienne américaine et ses bombardiers B52 lors de la guerre du Vietnam et la plage «China Beach» où venaient se reposer les Marines. Nous marchons enfin en plein soleil une bonne demi-heure dans le sable, ravis comme des gamins ramassant des coquillages, photographiant ces drôles de bateaux ovales appelés «les potons» Au loin, on aperçoit une statue gigantesque de Bouddha, on y va pour profiter de la vue magnifique sur la baie, pour monter au temple un escalier impressionnant, mais nous sommes en forme après l épisode Hoi Han, et c est agréable de voir un temple récent avec des statues de marbre blanc. Danang est la troisième ville du Vietnam, c est un port au fond d une grande baie à l embouchure de la Han, elle est devenue importante après la conquête du Vietnam par les Français en 1858 lors de l ensablement de Hoi Han, ensuite c est la création de la grande base américaine en 1965 qui lui donna son essor. Nous photographions le port marchand qui a été inauguré en 2007, fermé par un pont tournant qui ne s ouvre que la nuit entre 3h et 4h du matin, il manquerait de solidité, il est donc interdit aux camions. Le Musée Cham, construit en 1915, conçu pour exposer plus de trois cents chefs d oeuvre de la sculpture Cham entre IVè et XIIIè siècles, rassemblés par l École Française d Extrême-Orient. Chaque salle du Musée porte le nom de l empereur des lieux où les objets ont été trouvés, en suivant l ordre chronologique : -salle Trakieu la plus vieille capitale du royaume Cham entourée de murailles dont il ne reste rien, les sculptures exposées donnent une idée de par leurs dimensions de l envergure des édifices qui les abritaient, comme le piédestal aux danseuses du IXè siècle. -salle My Son où l influence de l Inde médiévale est sensible comme la représentation de Shiva. ou de Vishnou. -salle Dong Duong et l influence de l art khmer, site a été étudié en 1902 par Henri Parmentier et Charles Carpeaux. La plus jolie statue de femme du Musée s appelle Bo Tat Tara En sortant du Musée, sur le quai, on admire des sculptures modernes en marbre de différentes couleurs et un joli point de vue sur le pont tournant. La route suit le bord de mer, arrêt pour photographier une curieuse pagode du génie de la mer construite dans un bateau à sec sur la plage. Jean nous explique que pour construire cette route le gouvernement a déplacé les pêcheurs qui habitaient au bord de l eau, ils ont été installés dans des immeubles de type HLM actuellement très dégradés. La route monte vers le Col des Nuages appelé Hai Van à 500 m d altitude, une autre route récente passe par un tunnel de 6 km en traversant les montagnes. Ce col marque la frontière climatique entre le Nord et le Sud, il est souvent plongé dans le brouillard, nous avons eu une matinée très ensoleillée et chaude alors nous allons voir la réalité de cette curiosité climatique. À mi-chemin arrêt photographique pour admirer le panorama côtier de la péninsule de Lang Co, au bout de 20 km nous passons le col matérialisé par un ancien fort français. La descente se fait effectivement dans le brouillard. Nous déjeunons dans un restaurant de touristes sur la grande plage de Lang Co, la mer y est dangereuse, parait-il, à cause de la formation de baïnes. Le repas aussi n est pas terrible, c est la première fois. Tout le car fait la sieste, sauf le chauffeur bien entendu... 14