Hémogramme (316) D. Sainty Janvier 2006
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- Andrée Truchon
- il y a 8 ans
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1 Hémogramme (316) D. Sainty Janvier Introduction L hémogramme est l examen complémentaire le plus prescrit puisqu il fait partie du bilan effectué devant tout symptôme clinique, toute altération de l état général, toute anomalie constatée à l examen clinique. Comme tout examen complémentaire, il doit correspondre à une question posée par le clinicien et le biologiste doit par les renseignements numériques et qualitatifs présents dans le compte rendu de l hémogramme répondre à cette question. La notion de bilan systématique devrait progressivement disparaître ; ainsi l ANAES propose de ne pas pratiquer systématiquement un hémogramme pour une intervention de courte durée, non hémorragique, chez un adulte jeune ( 20 à 40 ans) en l absence de tout signe clinique ou un hémogramme systématique à la recherche d une hyperleucocytose en l absence de point d appel. Lors de sa prescription, il est impératif de le programmer avant tout geste thérapeutique (traitement par fer, folates ) qui pourrait modifier le tableau hématologique, retarder le diagnostic et donc la prise en charge du patient. Il constitue le moyen de surveillance des traitements qui ont un retentissement obligatoire sur la fonction médullaire (traitements antinéoplasiques) ou qui s accompagnent fréquemment de l atteinte d une ou plusieurs lignées cellulaires (anti-viraux, antiépileptiques, héparinothérapie ). Une fois prescrit (hémogramme = Numération et Formule), le compte rendu de l hémogramme doit comprendre au minimum les valeurs de : l hémoglobine (Hb), l hématocrite, la numération des globules rouges (GR), les constantes globulaires : VGM, TCMH, CCMH, la numération des leucocytes ou globules blancs (GB) la formule leucocytaire : polynucléaires neutrophiles (PN) : polynucléaires éosinophiles (PE,) : polynucléaires basophiles (PB), lymphocytes, monocytes (et éventuellement d autres cellules circulantes) la numération plaquettaire L étude de la morphologie des GR doit être systématique et en fonction de la numération des plaquettes, une recherche d amas plaquettaires sera effectuée. Les constantes érythrocytaires les plus utiles au clinicien sont le VGM, la TCMH et la CCMH qui permettent de classer une anémie. Les résultats de la formule leucocytaire doivent être communiqués en valeur absolue et non en pourcentages qui sont sans intérêt clinique et source de confusion. Les réticulocytes ne font pas partie de l hémogramme systématique mais lorsqu ils sont dénombrés, la communication du résultat doit être en valeur absolue, valeur qui sera appréciée en tenant compte du taux d hémoglobine. Certains indices ou courbes de distribution fournis par les automates actuels apportent des informations complémentaires utiles au biologiste. Ils ne doivent pas être systématiquement communiqués au clinicien mais peuvent venir préciser le commentaire ou la conclusion qui doit obligatoirement accompagner tout hémogramme. DCEM2 Module 12 - «Hématologie» 1
2 2. Principales variations non pathologiques Les principaux facteurs susceptibles de modifier les valeurs de l hémogramme sont le sexe, l âge, la race, la grossesse, la consommation d alcool, l effort physique et l altitude. D autres facteurs comme le stress, le cycle menstruel, la contraception orale, l anxiété, la douleur peuvent modifier les valeurs de l hémogramme sans qu elles puissent être considérées comme pathologiques. Ces facteurs doivent être pris en compte par le clinicien lors de l analyse de l hémogramme. Après 60 ans, les mêmes valeurs seuils que chez le sujet plus jeune sont à retenir, les anomalies de l hémogramme étant à rattacher aux états pathologiques plus fréquents à cet âge ou aux prises médicamenteuses plus fréquentes à cette tranche d âge Facteurs à l origine de variations des GR le sexe : les variations de la numération des GR et du taux d Hb sont bien établies et à prendre en compte dans l interprétation clinique (tableau 1). Cette différence entre les 2 sexes apparaît à la puberté.la TCMH et la CCMH sont inférieures chez la femme dès la puberté et le restent toute la vie. la race : le taux d Hb diminue modérément chez les sujets de race noire.en l absence d anomalies des constantes érythrocytaires et en l absence d anomalies des autres lignées, une diminution de 0,8 à 1 g/dl isolée cliniquement ne doit pas faire conclure à une anémie et entraîner des investigations complémentaires inutiles dans ce contexte. l âge : très augmentés chez le nouveau né ils diminuent rapidement, les taux les plus faibles se situant entre 1 et 6 mois. Le taux d Hb augmente jusqu à la puberté où apparaissent les différences entre les 2 sexes. la grossesse : diminution du taux d Hb qui s accentue au cours de la grossesse. Ainsi le seuil pour définir une anémie durant la grossesse doit-il être différent. la consommation d alcool : variations modérées avec augmentation modérée du VGM l altitude : une polyglobulie apparaît à une altitude > 3000 à 4000 mètres, situation rare pour la population française Facteurs à l origine des variations des GB L augmentation ou la diminution de la leucocytose en tant que telle n a pas d intérêt clinique nettement identifié; par contre, il est impératif de déterminer aux dépens de quelle catégorie cellulaire s est développée une hyperleucocytose ou une leucopénie. Les résultats de la numération des GB sont identiques chez l adulte homme ou femme. âge : pour le petit enfant, la principale différence avec l adulte est la numération des lymphocytes.chez l enfant de moins de 4 ans, les valeurs de la lymphocytose sont plus élevées que chez l adulte (tableau 2). la race : neutropénie ethnique (race noire) à condition que la neutropénie soit > 0.5 x 10 9 /l et cliniquement isolée. la grossesse : hyperleucocytose et polynucléose maximale entre les 30 et 34 èmes semaines. L augmentation est modérée, le seuil de 7 x 10 9 /l étant atteint avec quelques cas atteignant 9 x 10 9 /l avec petite myélémie au 3 ème trimestre. la consommation de tabac : hyperleucocytose avec augmentation de toutes les lignées. Il existe une augmentation d environ 20% des PN avec une polynucléose dépassant 7 x 10 9 /l. Cette augmentation est proportionnelle au nombre de cigarettes fumées et n est pas DCEM2 Module 12 - «Hématologie» 2
3 influencée par l ancienneté du tabagisme.l augmentation de la lymphocytose se majore avec l ancienneté du tabagisme. les rythmes nycthéméraux : influencent les différents types de leucocytes d où la notion d horaire standardisé avec prélèvement «a priori matinal» effort physique : augmentation de la leucocytose (9 à 12 x 10 9 /l) avec polynucléose et lymphocytose après un effort physique ; un repos de 20 minutes est suffisant pour un retour à la normale d où la notion de prélèvement «le matin au repos». l activité digestive augmente la leucocytose avec polynucléose d où la notion de prélèvement le «matin à jeun» Facteurs à l origine des variations des plaquettes Les résultats de la numération des plaquettes sont identiques chez l adulte homme ou femme. la grossesse : diminution très modérée de la numération plaquettaire. Chez une femme dont la numération des plaquettes est à la limite inférieure de la normale avant la grossesse, la grossesse pourra faire atteindre des valeurs de 100 à 120x10 9 /l faisant parler de «thrombopénie de la grossesse». Cependant toute thrombopénie au cours de la grossesse devra faire l objet d une enquête clinique, d un contrôle de l hémogramme, d une analyse du frottis sanguin, de la prise en compte du volume plaquettaire. l altitude : entraîne une thrombocytose à mètres, situation rare en France ou en Europe En conclusion : Chez la femme enceinte, les modifications physiologiques de l hémogramme sont caractérisées par : un taux d Hb abaissé une hyperleucocytose avec polynucléose une numération des plaquettes abaissée. Chez le sujet de race noire, les modifications physiologiques de l hémogramme sont caractérisées par : un taux d Hb abaissé une neutropénie. Chez l enfant, les modifications physiologiques de l hémogramme sont représentées par (tableaux 2 et 3) : Le tableau 1 résume les valeurs seuils de l hémogramme ayant une signification clinique. Le tableau 2 résume les valeurs considérées comme physiologiques en fonction de l âge. Le tableau 3 résume les valeurs usuelles chez les enfants de moins de 1 an. 3. Valeurs pathologiques 3.1. Anémies Elles sont caractérisées par une diminution de la masse hémoglobinique circulante au dessous de : 13 g/dl chez l homme 12 g/dl chez la femme 11 g/dl chez la femme enceinte DCEM2 Module 12 - «Hématologie» 3
4 12 g/dl chez l homme de race noire 10,5 g/dl chez la femme de race noire 13 g/dl à la naissance 11 g/dl de la naissance à 6 ans 12 g/dl de 6 à 14 ans. Il est impératif d éliminer les fausses anémies par hémodilution consécutive à une augmentation de la masse plasmatique et de détecter les anémies masquées par une hémoconcentration. Les valeurs du VGM (85 à 95 fl), de la TCMH (28 à 32 pg) et de la CCMH (31 à 35 %) permettent de distinguer 3 grandes catégories d anémies : Anémies hypochromes (TCMH < 27 pg) et microcytaires (VGM < 80 fl): sont les plus fréquentes et cliniquement les mieux tolérées. Elles imposent une exploration du métabolisme du fer Anémies normochromes et normocytaires : imposent la réalisation d une numération des réticulocytes Si l anémie est régénérative (réticulocytes > 120 x 10 9 /l), le contexte clinique (épisode post-hémorragique), l enquête familiale, l interrogatoire précisant les prises médicamenteuses antérieures, une infection récente, l existence d une maladie hématologique (LNH, LLC) et la recherche des signes biologiques d une hyperhémolyse permettent de reconnaître les anémies hémolytiques et d en faire le diagnostic étiologique Si l anémie est arégénérative ou peu régénérative, le contexte clinique à la recherche d une insuffisance rénale, d une cause endocrinienne ou d un syndrome inflammatoire permet de la rattacher à la pathologie en cause. En l absence de contexte évocateur, le myélogramme est obligatoire. Il apportera le diagnostic en montrant une érythroblastopénie ou une moelle pauvre par aplasie ou par myélofibrose ou une moelle riche mais porteuse de signes de dysérythropoïèse ou infiltrée par des cellules anormales Anémies normochromes et macrocytaires (VGM >98 fl) : le taux des réticulocytes permet de distinguer 2 situations : anémie régénérative : les signes cliniques et la présence des signes biologiques d une hyperhémolyse feront le diagnostic. DCEM2 Module 12 - «Hématologie» 4
5 anémie arégénérative : le contexte clinique permet de reconnaître des situations au cours desquelles l anémie est habituelle : éthylisme, hypothyroïdie. Sinon le myélogramme est obligatoire et pourra montrer : une mégaloblastose : dosage de B12 et des folates une dysmyélopoïèse un envahissement médullaire : leucémie aiguë, lymphome une aplasie médullaire (+ biopsie médullaire) A côté de ces 3 catégories, il existe des Anémies complexes où plusieurs facteurs sont associés, le traitement d un facteur faisant apparaître clairement l anomalie d un autre facteur Polyglobulies Il faut éliminer : les fausses polyglobulies par hémoconcentration suite à des pertes liquidiennes (état de choc, grand brûlé, fièvre, acidose diabétique, diarrhée, vomissements, diurétiques ) ou une pseudopolyglobulie d une thalassémie mineure, la pseudopolyglobulie de stress de l homme fumeur, obèse, stressé, hypertendu (polyglobulie étant due à une diminution du volume plasmatique) la polyglobulie physiologique du nouveau né qui disparaît en quelques jours. Elle se définit par un taux d Hb > 17 g/dl chez l homme(+ hématocrite > 50%) Une mesure de la masse globulaire devra obligatoirement être effectuée. Le reste de l hémogramme montrera si la polyglobulie est isolée ou si elle s accompagne d augmentation, en général modérée, des autres lignées (> 12 x 10 9 /l GB et > 400 x 10 9 /l plaquettes). Une polyglobulie peut être révélée à l occasion de complications (thromboses vasculaires), de céphalées, vertiges, bourdonnements d oreille, troubles visuels, d une èrythrose faciale et des extrémités ou de signes fonctionnel comme le prurit à l eau chaude. L interrogatoire précisera les antécédents respiratoires et cardiovasculaires, les traitements en cours, les signes fonctionnels, l existence de signes généraux et l examen clinique à la recherche d une splénomégalie permettront d orienter vers l origine secondaire (la plus fréquente) ou primitive de la polyglobulie (maladie de Vaquez) et d adapter le bilan étiologique Neutropénies Elle se définit par un nombre de PN < 1,5 x 10 9 /l. Elle est sévère si elle est < 0,5 x10 9 /l et on parle d agranulocytose si elle est < 0,3x10 9 /l. Le reste de l hémogramme montrera si la neutropénie est isolée ou non, si elle s accompagne de cellules anormales ou non. Les fausses neutropénies seront dépistées par les épreuves de mobilisation granulocytaires. Si la neutropénie est sévère, le tableau clinique est bruyant avec infections sévères. Si la neutropénie est modérée, elle peut être découverte par hasard. En fait le risque infectieux est lié non seulement à la profondeur de la neutropénie mais aussi à sa durée (+/- 7 jours). L interrogatoire précisera les traitements en cours, une éventuelle exposition professionnelle, une infection virale récente, l existence d une pathologie déjà connue (collagénoses, DCEM2 Module 12 - «Hématologie» 5
6 pathologies endocriniennes), la notion d hémogrammes antérieurs, l existence de cas analogues dans la famille (le caractère ethnique ayant été éliminé). L examen clinique recherchera des foyers infectieux, des signes de maladie associée, une hypertrophie des organes hématopoïétiques. Le myélogramme est indispensable pour préciser l origine périphérique ou centrale de la neutropénie Polynucléose et myélémie La polynucléose se définit par > 7 x 10 9 /l chez l adulte et > 5 x 10 9 /l chez l enfant. Elle accompagne toujours une hyperleucocytose. L hyperleucocytose (15 à 20 x 10 9 /l ) avec polynucléose (10 x 10 9 /l) est physiologique chez le nouveau né ; elle régresse en 1 semaine. Elle a une signification pathologique en l absence de tabagisme. La myélémie se définit par le passage d éléments immatures d origine granuleuse dans le sang (métamyélocytes et myélocytes) ; lorsqu elle est importante des éléments plus immatures sont présents (promyélocytes et myéloblastes). Chaque fois qu une polynucléose est présente, une myélémie à 2 à 3 % est possible sans signification particulière. Les myélémies importantes (> 5%) accompagnent les grandes hyperleucocytoses. L atteinte des autres lignées est importante à considérer et orientera vers un syndrome myéloprolifératif. L enquête clinique et biologique à la recherche de signes généraux (surtout fièvre), foyers infectieux, splénomégalie, hépatomégalie, adénopathies, syndrome inflammatoire biologique permettra d orienter le diagnostic vers une étiologie précise. L interrogatoire précisera l existence de prises médicamenteuses entraînant une polynucléose habituelle (corticoïdes, lithium, héparine ), d épisode hémolytique ou hémorragique ou de régénération post agranulocytose ou un antécédent de splénectomie récente. Les causes infectieuses sont les plus fréquentes. Parfois en l absence de syndrome fébrile on peut avoir une polynucléose modérée à 10 à 15 x 10 9 /l. Elle peut être très élevée > x 10 9 /l au cours des staphylococcies et des pneumonies à pneumocoques. Au cours des cancers, la polynucléose peut être importante (50 x 10 9 /l) avec parfois myélémie ou érythromyélémie. Un syndrome myéloprolifératif de type leucémie myéloïde chronique (LMC) sera évoqué sur l existence d une forte hyperleucocytose (dans 85% des cas > 50 x 10 9 /l) avec polynucléose, myélémie, éosinophilie et basocytose (définie par un chiffre de polynucléaires basophiles > 0,1 x10 9 /l) conduisant à la réalisation d un myélogramme et d un caryotype. La myélofibrose primitive s accompagne d une hyperleucocytose plus modérée (30 x 10 9 /l) avec polynucléose, érythromyélémie, basocytose, signes de fibrose sur les frottis sanguins confirmés par la biopsie médullaire. Les autres syndromes myéloprolifératifs présentent une polynucléose sans myélémie. Une myélémie sans polynucléose se rencontre dans les myélofibroses secondaires à un cancer avec métastases médullaires, à une maladie de Hodgkin, une leucémie à tricholeucocytes, un LNH, une LAL. Dans ces 3 dernières situations, le reste la formule leucocytaire est l élément diagnostic en montrant les cellules anormales : tricholeucocytes, cellules lymphoïdes atypiques, blastes. DCEM2 Module 12 - «Hématologie» 6
7 3.5. Eosinophilie Elle se définit par l augmentation des éosinophiles circulants > 0,4 x 10 9 /l ; son intérêt clinique est réel au delà de 0,7 x 10 9 /l. L interrogatoire précisera les déplacements récents ou lointains en zone d endémie parasitaire, les antécédents allergiques, les prises médicamenteuses (antibiotiques, antituberculeux, AINS ), les signes fonctionnels (prurit, manifestations digestives, pulmonaires ). L examen clinique recherchera l existence de signes cutanés, une splénomégalie, une hépatomégalie, des adénopathies. Le reste de l hémogramme permet d orienter ou d éliminer une hémopathie. Le plus souvent, l éosinophilie est isolée, modérée ou importante, et son caractère durable ou transitoire ou intermittent permet d effectuer les coprologies et les sérologies anti-parasitaires adaptées Lymphocytoses Chez l adulte elle se définit par un chiffre de lymphocytes > 4 x 10 9 /l. L hémogramme permet l étude de la morphologie des lymphocytes et de préciser l état des autres lignées. L interrogatoire, l âge, l existence de signes généraux, de signes infectieux, d adénopathies, d une splénomégalie orienteront le diagnostic vers un syndrome mononucléosique ou vers un syndrome lymphoprolifératif. Une lymphocytose isolée, modérée (5 à 10 x 10 9 /l) sans anomalies des autres lignées oriente vers un syndrome mononucléosique qui sera affirmé sur la présence de lymphocytes hyperbasophiles (20% des lymphocytes). Les recherches sérologiques permettent un diagnostic étiologique. Une lymphocytose chronique, durable et importante (>5 x 10 9 /l) constituée par des éléments murs est en faveur d une LLC confirmée par le phénotype immunologique. Une hyperlymphocytose majeure (>100 x 10 9 /l) avec anémie, thrombopénie et splénomégalie est évocatrice d une leucémie prolymphocytaire B confirmée par phénotype. Une lymphocytose modérée constituée cytologiquement par des lymphocytes villeux avec splénomégalie est évocatrice d un Lymphome splénique à lymphocytes villeux, le phénotype confirmant l origine monoclonale B de la prolifération. Une lymphocytose constituée par des cellules lymphoïdes atypiques correspond à un LNH dont le type sera confirmé et précisé par le myélogramme et le phénotype immunologique. Une hyperlymphocytose sanguine avec ou sans cellules anormales (cellules lymphoplasmocytaires) associée à des signes de dysglobulinémie fera rechercher une immunoglobuline monoclonale Lymphopénie Chez l adulte, la lymphopénie se définit par un chiffre de lymphocytes < 1,5 x 10 9 /l. En fonction du contexte clinique, elle impose la recherche d une séropositivité VIH ou l existence d un déficit immunitaire. Le phénotype immunologique précisera si le déficit est global touchant toutes les populations lymphocytaire,s ou sélectif affectant une seule catégorie de lymphocytes Monocytose Elle se définit par un chiffre de monocytes > 0, /l. DCEM2 Module 12 - «Hématologie» 7
8 Le reste de l hémogramme montre si la monocytose est isolée ou pas. Il faudra rechercher l existence d anomalies qualitatives des PN qui, en cas d anémie, de thrombopénie et de polynucléose orientent vers une leucémie myélomonocytaire chronique ou une leucémie myélomonocytaire juvénile. En l absence d anomalies qualitatives, l existence d un contexte infectieux permet de rattacher cette monocytose à une origine infectieuse (brucellose, tuberculose ) Monocytopénie Elle se définit par un chiffre de monocytes < 0,2 x 10 9 /l. Elle a peu de traduction clinique. Elle accompagne habituellement le tableau sanguin de la leucémie à tricholeucocytes Pancytopénie Elle se définit par la diminution des 3 lignées myéloïdes au dessous des valeurs seuils définissant l anémie, la neutropénie et la thrombopénie. Parfois la cytopénie intéresse 2 lignées (bicytopénie) mais entraîne la même démarche diagnostique. La présentation clinique est variable selon l importance et l association des cytopénies. L interrogatoire précisera l âge, les traitements en cours, l exposition éventuelle à un risque professionnel, une altération de l état général, une infection récente, une infection VIH, l existence de manifestations infectieuses et hémorragiques. L examen clinique recherchera surtout une hypertrophie des organes hématopoïétiques. L hémogramme précise le degré de la cytopénie. Il permet de rechercher des anomalies qualitatives morphologiques des GR, des PN et des plaquettes orientant vers un syndrome myélodysplasique. Il sera diagnostic s il montre la présence d éléments anormaux : blastes de leucémie aiguë (LA), tricholeucocytes d une leucémie à tricholeucocytes. Une pancytopénie impose la réalisation d un myélogramme qui montrera : une moelle pauvre : aplasie à confirmer par BOM un envahissement médullaire (LA, métastases, tricholeucocytes, LNH), un syndrome myélodysplasique, une mégaloblastose la présence de parasites (leishmanies). un syndrome d activation macrophagique une moelle normale : origine périphérique à la cytopénie (hypersplénisme), affection autoimmune Blastose sanguine Elle est caractérisée par la présence dans le sang de cellules immatures appelées blastes ou hémoblastes ; leur pourcentage est d autant plus élevé que la leucocytose est élevée. Cette blastose s accompagne habituellement d une insuffisance médullaire plus ou moins complète avec anémie normochrome normocytaire ou macrocytaire et/ou neutropénie et/ou thrombopénie. Les signes cliniques de l insuffisance médullaire dépendent de l importance des cytopénies et l examen clinique recherchera des manifestations tumorales. Le myélogramme, le phénotype et le caryotype préciseront le type de LA, établiront le pronostic et guideront la thérapeutique. DCEM2 Module 12 - «Hématologie» 8
9 3.12. Thrombocytoses ou hyperplaquettoses Elle se définit par un chiffre de plaquettes > 400 x 10 9 /l ; en pratique le seuil de 500 x 10 9 /l est exigé pour entreprendre des examens complémentaires. Elle peut être diagnostiquée à l occasion de manifestations thrombotiques ou hémorragiques ou de découverte fortuite. Une thrombocytose peut être transitoire, réactionnelle. Elle correspond aux thrombocytoses secondaires qui sont les plus fréquentes. L interrogatoire et les signes cliniques permettent d orienter le diagnostic en recherchant dans les antécédents une splénectomie (600 à 800 x 10 9 /l), un cancer digestif ou pulmonaire, une maladie infectieuse ou inflammatoire, un contexte post hémolytique ou hémorragique ou chirurgical, un polytraumatisme Le reste de l hémogramme permet de retenir une hyperplaquettose des syndromes myéloprolifératifs de type LMC ou myélofibrose primitive. Au cours de la thrombocytémie essentielle la thrombocytose est durable et importante avec le chiffre des plaquettes très élevé (1000 x 10 9 /l) associé à une discrète hyperleucocytose avec polynucléose. Le myélogramme et la BOM confirmeront l aspect prolifératif avec dystrophie particulière des mégacaryocytes (méga de très grande taille) Thrombopénie Elle se définit par un chiffre de plaquettes < 150 x 10 9 /l Il est impératif que le biologiste ait éliminé les fausses thrombopénies et validé le résultat après vérification de la numération des plaquettes. L hémogramme permet de vérifier l état des autres lignées : thrombopénie isolée ou non. L interrogatoire et l examen clinique permettent de préciser les conditions d apparition d une thrombopénie : existence ou non d un purpura, son ancienneté, la rapidité d extension des lésions, l existence de syndrome hémorragique, l existence de facteur déclenchant, favorisant ou étiologique comme une prise médicamenteuse, un épisode infectieux récent, une toxicomanie (VIH), une maladie infectieuse chronique, une maladie auto-immune.. Le myélogramme est indispensable pour distinguer l origine périphérique ou centrale de la thrombopénie. DCEM2 Module 12 - «Hématologie» 9
10 4. Tableaux Tableau 1 - Valeurs seuils de l'hémogramme ayant une signification clinique Anémie homme Hb < 13 g/dl femme Hb < 12 g/dl Grossesse Hb < 11 g/dl naissance Hb < 13 g/dl jusqu'à 6 ans Hb < 11 g/dl de 6 à 14 ans Hb < 12 g/dl Microcytose (fl) Adulte VGM < 82 avant 2 ans VGM < 70 de 2 à 6 ans VGM < 73 de 6 à 14 ans VGM < 80 Macrocytose (fl) VGM > 98 Hypochromie TCMH < 27 pg CCMH < 32 % Polyglobulie homme Hb > 17 g/dl femme Hb > 16 g/dl Réticulocytopénie < /l Hyperréticulocytose > /l Leucocytes: 4 à 10 x 10 9 /l mais analyser les variations des différents types de leucocytes tenir compte des chiffres absolus et non des % Neutropénie < 1.5 x 10 9 /l Polynucléose > 7 x 10 9 /l Eosinophilie > 0.4 x 10 9 /l Basocytose > 0.1 x 10 9 /l Lymphopénie < 1.5 x 10 9 /l Lymphocytose > 4 x 10 9 /l Monocytopénie < 0.2 x 10 9 /l Monocytose > 0.8 x 10 9 /l Thrombopénie < 150 x 10 9 /l Thrombocytose > 400 x 10 9 /l DCEM2 Module 12 - «Hématologie» 10
11 Tableau 2 - Valeurs de référence pour une population d'enfants âgés de 1 à 15 ans 1 à 4 ans 5 à 9 ans 10 à 14 ans Hb (g/d)l 11-14,5 11,5-14,5 12,5-14,5 GR (10 12 /l) 4-5,2 4,2-5,3 4,5-5,7 VGM (fl) Neutrophiles (10 9 /l) 1,2-6,2 1,3-6,3 Eosinophiles (10 9 /l) 0,4-0,7 0,4-0,5 Lymphocytes (10 9 /l) 1,7-5 1,4-3,6 valeurs adultes Monocytes (10 9 /l) 0,2-0,6 Plaquettes (10 9 /l) DCEM2 Module 12 - «Hématologie» 11
12 Tableau 3 - Valeurs usuelles chez les enfants de moins de 1 an 0-1 mois 1 mois 2 mois 4 mois 6 mois 9 mois 12 mois Hb (g/dl) 16,6 13,9 11,2 12,2 12,6 12,7 12,7 Hb (limite <) 13,4 10,7 9,4 10,3 11,1 11,4 11,3 GR (valeurs limites) 3,9 à 5 3,3 à 5,3 3,1 à 4,3 3,5 à 5,1 3,9 à 5,5 4 à 5,3 4,1 à 5,3 VGM (fl) VGM (limite <) Leucocytes (10 9 /l) 5 à 20 5 à 19,5 6 à 17,5 6 à 17,5 Neutrophiles 1 à 9,5 1 à 9 1 à 8,5 1,5 à 8,5 Eosinophiles 0,4 0,3 0,3 0,3 Monocytes 1 0,7 0,6 0,6 Lymphocytes 2 à 17 2,5 à 16,5 4 à 13,5 4 à 10,5 DCEM2 Module 12 - «Hématologie» 12
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