Contributions d enseignants ayant mis en place des ateliers dans leur classe en

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1 Contributions d enseignants ayant mis en place des ateliers dans leur classe en Contribution 1 Le projet pour ma classe de CE1 J'ai mené les 4 ateliers tous les jeudis de 15h45 à 16h15 (heure de sortie) en salle vidéo. Cartable fait et rangé dans un coin, installation en carré sur 4 bancs, j'ai posé les questions suivantes et dans cet ordre: - Séance 1: Peut-on être malhonnête pour avoir ce que l'on veut? - Séance 2: Pourquoi a-t-on parfois envie de se moquer? - Séance 3: Est-ce-que tout le monde est pareil? - Séance 4: Est-ce que les animaux pensent comme nous? Après un temps de mise ne route et de présentation de l'atelier, avec une définition de la philosophie (c'est toutes les grandes questions de la vie), j'ai "posé le cadre": il n'y a pas d'évaluation, pas de jugement de ma part sur ce que vous direz... Ensuite j'ai défini les règles de l'atelier: «La salle vidéo sera un lieu de parole et de pensée pour vous : vous êtes libre de parler ou pas ; on ne dit que ce que l on veut bien dire au groupe; personne ne sera interrompu» «Ici comme ailleurs personne n a le droit de se moquer» «Je garde le silence pour vous laisser penser et parler tranquillement entre vous. Moi, je pense dans ma tête.» «La circulation de parole se fera toujours de la même manière, avec le micro et toujours dans le même sens. On ne parle que dans le micro, il fait attendre son tour» Le déroulement est toujours le même : Le temps 1 est fait pour PENSER ET PARLER ENSEMBLE, le temps 2 est prévu pour écouter ce qui a été dit, pour ajouter quelque chose, pour rebondir et prendre position.» Les questions seront recueillies pendant 10 minutes comptées par le minuteur de la classe. Formule rituelle d¹introduction : «Comme tous les gens de la Terre, les jeunes, les vieux, les gens d ici et d ailleurs, les gens d avant, d¹aujourd¹hui et d après, nous allons réfléchir à une question qui nous intéresse tous, la voici :...? (durée de l'installation et de la mise en route : 10 minutes) L entre deux (2min) Pendant le rembobinage : Qui n¹a pas parlé et pourquoi? Qui peut redire la question? Le temps 2 (10 min) On réécoute juste après : prendre la cassette au milieu. Le mot de la fin : Comme tous les gens de la Terre et comme des enfants vous avez fait fonctionner votre pensée sur une question importante. Merci et je vous donne RDV jeudi, même lieu, même heure pour notre prochain atelier philosophie.

2 Mes commentaires La 1ère séance a été ponctuée par des rires (bien que les élèves aient été familiarisés avec le micro en séance d'anglais la 1ère semaine de janvier) mais l'atelier a très bien fonctionné sur le plan du comportement des élèves qui se sont arrêtés assez vite de rire pour se prendre au jeu. Lors de la 1ère partie, ils se sont assez éloignés de la question posée (on doit être gentil à l'école, avec ses parents... et toute une énumération de règles de bonne conduite s'en est suivie) mais beaucoup ont eu envie de parler et reprenaient ce que l'autre avait dit (d'où l'éloignement / à la question). J'ai profité du rembobinage pour faire redire la question qu'ils avaient perdu de vue. Ceux qui n'ont pas parlé m'ont dit: - Soit que la question ne les intéressait pas... - Soit qu'il n'osait pas parler mais avait réfléchi quand même! Pour les autres séances, les élèves ont vraiment fait vivre l'atelier en ayant des réflexions très profondes... Au bout de la 4 ème séance je constate que quelques enfants n'ont jamais parlé ou que d'autres ne font que répéter ce que disent les 4 ou 5 "leaders" de la classe. Je suis très enthousiasmé par l'atelier et j'attends toujours avec impatience la fin de journée du jeudi car je sais que je vais passer un moment très riche car mon regard sur eux change (nous n'avons plus le même statut tous dans cette salle) et je sens qu'ils se considèrent comme des personnes à part entière et moi aussi par la même occasion.

3 Contribution 2 Mes impressions au bout d un trimestre : faire confiance Tout d'abord il faut faire confiance aux enfants quant à leurs capacités à être attentifs, à l'écoute les uns des autres, à leurs capacités à penser, réfléchir. Les moments de silence de certains «1er tour» sont autant de moments de pensée. Les réactions de certains lors des premières séances s'estompent vite et font place à de véritables questions vers les autres. Les enfants sont remplis de questions et ils demandent souvent que je les écrive dans notre cahier de questions : en voici quelques unes: -Quand on est mort est-ce que on reste enterré ou est-ce que on monte au ciel? -Pourquoi nos parents même s'ils sont grands, ont encore un papa et une maman? -C'est quoi être mort? -Pourquoi il y a des anglais des français des américains...? -Pourquoi on se dispute souvent même avec ses copains? Certains enfants plutôt réservés en classe ont tout de suite pris la parole lors des premiers ateliers; les "bons élèves" ont eu plus de mal à oser s'exprimer. A part un ou deux enfants qui sont encore "muets", les autres semblent en fin d année à l'aise pour s'exprimer. Il y a de moins en moins de paroles «intruses». Voici quelques questions évoquées en plus des deux premières déjà citées : -Quand on dit de quelqu un qu'il est méchant, qu'est-ce que ça veut dire? -Pourquoi est- qu'on se parle? -Est-ce qu'on est tous pareils? - Grandir qu'est-ce ça veut dire?

4 Contribution 3 Bilan de fin d année en cycle 2 : des satisfactions, des difficultés 1- Voici les règles de l'atelier philo que je rappelle au début de chaque séance. - Chacun pense en silence dans sa tête. - On ne parle que dans le micro. - On parle chacun son tour. - On ne coupe pas la parole aux autres. - On se respecte, on ne se moque jamais d'un autre. - Il n'y a pas de note car il n'y a pas de bonne ni de mauvaise réponse. 2- Les questions abordées ont été les suivantes: - Sommes-nous tous pareils? - Qu'est-ce- qui est le plus important dans la vie? - Qu'est -ce- que c'est "grandir"? - Qu'est-ce que c'est "être intelligent"? - Pourquoi y a-t-il parfois des enfants qui vivent sans leurs parents? (question d'élève) - Pourquoi a-t-on parfois envie de se moquer? - Qu'est-ce-que c'est "le partage"? (question d'élève) - Est-ce-que les animaux pensent comme nous? - Qu'est-ce-que c'est "la gentillesse"? (question d'élève) - Qu'est-ce-qui peut nous rendre heureux? 3- Mes satisfactions - amener les enfants à réfléchir aux grandes questions de la vie...c'est une belle aventure! - entendre des élèves exprimer des idées qui me semblent vraiment pensées, qui sont de vraies analyses de leur vécu - entendre certains élèves peu performants dans les matières scolaires prendre régulièrement la parole en atelier philo (d'où un autre regard sur eux de ma part!) - voir les enfants sortir des stéréotypes du style: «pour être heureux, il faut avoir beaucoup d'argent et s'acheter tout ce qu'on veut». Les idées exprimées sont souvent pleines de générosité et "d'amour" - voir les enfants évoluer tout doucement (à la 8ème question) vers de réels échanges critiques: je ne suis pas d'accord; tu n'as pas répondu à la question... - voir se mettre en place naturellement une régulation entre les enfants: "tu gardes le micro trop longtemps sans rien dire; on perd du temps!" 4- Mes difficultés - le choix et la formulation des questions: j'ai hésité par exemple entre "qu'est-ce-que c'est le bonheur?" et "qu'est-ce-qui peut nous rendre heureux"? La formulation étant, à mon avis, incitatrice à la réflexion ou, au contraire, bloquante. - l'attitude de certains élèves qui pensent trop à jouer, se faire des grimaces...et ne sont pas dans la réflexion! - les éclats de rire quand certains mots sont prononcés come «l amour», «quand on s aime» - la difficulté de ne pas réguler, de ne pas donner des explications à tout - des difficultés techniques: problème de micro...les élèves passent alors leur temps à le tester! - une certaine déception pendant le temps de réécoute qui est rarement porteur de nouvelles idées

5 5- Mon projet Je continuerai les ateliers philo l'année prochaine avec l'espoir qu'ils se généraliseront dans l'école, amèneront les enfants à des réflexions de plus en plus profondes, à une curiosité plus grande par rapport à ce que pensent les autres, à des discussions entre eux hors du contexte des ateliers philo et que, par l'échange, leur regard sur les autres et sur la vie évoluera. Contribution 4 Témoignage d une enseignante sur son cheminement J ai été attirée par les ateliers philo pour plusieurs raisons. Je suis enseignante de CP et dans nos programmes, nous devons traiter avec les élèves la différence entre le vivant et le non-vivant. Nous mettons ainsi en évidence les principales caractéristiques du vivant, ce qui nous amène inévitablement à évoquer la mort. Les élèves prennent conscience qu ils vont mourir, et que leurs proches, surtout leurs parents, vont mourir, et cela suscite chez certains de l inquiétude, voire de l angoisse. Beaucoup se sont mis alors à me questionner sur le pourquoi de la mort, l éventuel «après» la mort, et je me suis sentie dans l obligation de faire quelque chose de ces questionnements. J ai eu l occasion d entendre un pédopsychiatre parler de ce sujet, surtout sur la manière de rassurer les enfants lorsqu ils commencent à se poser la question de l «après» la mort. D après lui, le pire est de répondre à l enfant «je ne sais pas» car le fait que l adulte soit incapable de le rassurer le déstabilise et accentue son angoisse. Le mieux est d évoquer avec lui les différentes croyances, afin de l amener à s approprier celle qui lui parle le plus ou encore de lui retourner la question afin de l amener à trouver sa propre réponse et de lui permettre de se rassurer lui-même. Par exemple «Toi, tu penses qu il y a quoi après la mort?». ( ) J ai suivi ensuite le protocole des ateliers AGSAS. Au début je l avoue j étais frustrée. Les échanges n évoluaient pas aussi vite que je l aurais souhaité. Beaucoup d enfants restaient muets, certains ricanaient, d autres répétaient simplement ce que les précédents avaient dit... Mais petit à petit les échanges évoluent, s affinent. Et les enfants se révèlent surprenants dans leurs remarques. Les ateliers AGSAS amènent les élèves à s interroger, à prendre conscience qu ils peuvent avoir des idées. Par ces ateliers, ils découvrent également que les autres peuvent avoir des points de vue différents des leurs, qu il n y a donc pas qu un seul mode de pensée. Les enfants découvrent qu il existe des alternatives aux idées qu ils entendent à la maison. Souvent les enfants identifient les pensées de leurs parents comme les seules pensées existantes ou comme les seules valables. Ici, ils découvrent que l on peut penser autrement. Et qu ils peuvent eux-aussi éventuellement penser autrement, même si à mon avis le chemin est long. Ou au contraire, ils peuvent conforter leur pensée, en l expliquant, en l illustrant par des exemples, en la justifiant pour les autres, en adhérant à des exemples ou des arguments apportés par d autres. Ce qui me paraît essentiel dans ces ateliers, c est que tous les apports viennent des élèves euxmêmes. Ainsi les élèves se rendent compte qu ils peuvent apprendre des choses grâce aux autres élèves et pas seulement grâce à la maîtresse. L Autre prend une nouvelle valeur. ( ) Avec le recul, je me suis surtout aperçue que j attendais au départ de mes élèves qu ils aient déjà une pensée élaborée et que j avais tendance à oublier que leur pensée est en pleine construction.

6 Il ne faut donc pas se lancer dans les ateliers AGSAS avec des attentes particulières au niveau des contenus car on en ressortirait la plupart du temps frustré.( )