du Service d'enquête sur les accidents des transports publics sur l'accident d'automobile du 26 mars 2006 au passage à niveau non gardé à Fleurier

Transcription

1 Unfalluntersuchungsstelle Bahnen und Schiffe UUS Service d enquête sur les accidents des transports publics SEA Servizio d inchiesta sugli infortuni die trasporti pubblici SII Erwin Drabek 06 juillet 2006 Reg. Nr.: Rapport final du Service d'enquête sur les accidents des transports publics sur l'accident d'automobile du 26 mars 2006 au passage à niveau non gardé à Fleurier Erwin Drabek Monbijoustrasse 51A 3003 Bern Mobile Fax edrabek@bluewin.ch

2 Le présent rapport a été exclusivement établi dans le but de prévenir les accidents survenant lors de l'exploitation de chemins de fer, d'installations de transport à câble et de bateaux. L'appréciation juridique des circonstances et des causes ne fait pas l'objet de la présente enquête selon l'art. 25 de l'ordonnance du 28 juin 2000 sur les déclarations et les enquêtes en cas d'accident ou d'incident grave survenant lors de l'exploitation des transports publics (OEATP, RS ). 0 Généralités 0.1 Représentation succincte Le dimanche 26 mars 2006 à 19h38 le train 4837 Buttes Neuchâtel a heurté une automobile sur le passage à niveau non gardé sis au km à la sortie de Fleurier. L'automobile, projetée à une trentaine de mètres dans le champs voisin, a été totalement démolie. Le conducteur, grièvement blessé, a été conduit par hélicoptère au CHUV à Lausanne. La police neuchâteloise a effectué le constat sur place. Le juge d'instruction du canton de Neuchâtel a ouvert une enquête. PN km Enquête Le SEA a été alarmé par la REGA à 21h02. L'enquêteur de piquet ne s'est pas rendu immédiatement sur place mais a fixé, en accord avec le chef de la Police locale, un contrôle de la composition le lundi 28 mars. L'enquêteur soussigné s'est rendu à Fleurier le 28 mars à 14h et a procédé au contrôle de la composition en présence de Madame la Juge d'instruction, et de deux représentants de la Police neuchâteloise. La composition a été libérée de son séquestre à la fin du contrôle. Le rapport d'enquête SEA résume les résultats des examens effectués (art. 25 OEATP) 2/6

3 1 Faits établis 1.1 Situation avant les faits Le train régional 4837 Buttes Neuchâtel formé par une navette NTN à quatre éléments circulait normalement selon l'horaire. 1.2 Déroulement de la course Après avoir accéléré la composition au départ de la gare de Fleurier, d'abord à 50 km/h au passage des aiguilles de sortie puis à la vitesse de ligne fixée à 90 km/h entre Fleurier et Môtiers, le mécanicien a sifflé au passage du panneau "siffler" (R 300.2, chi ) placé juste après le dépôt TRN. Après avoir sifflé, le mécanicien a vu qu'une automobile se mettait en mouvement en direction du passage à niveau non gardé. Il a sifflé une deuxième fois, puis sifflé de façon continue. Comme l'automobile ne s'arrêtait pas, il a déclenché le frein d'urgence mais n'a pas pu éviter la collision. Il a immédiatement avisé la gare de Fleurier par radio pour appeler les secours. 1.3 Dommages corporels Le conducteur de l'automobile a été gravement blessé. 1.4 Dommages subis par le matériel roulant et l'infrastructure de l'entreprise ferroviaire Suite au choc avec l'automobile, l'automotrice RBDe a été endommagée au niveau de la traverse de tête, du chasse corps et du longeron gauche à la hauteur de l'essieu 1. Le bogie 1 ainsi que les liaisons bogie caisse ont aussi été endommagés. Le montant de la réparation est provisoirement estimé à 60'000.- (Devis des CFF en cours) 1.5 Dommages matériels causés à des tiers L'automobile est démolie. 1.6 Personnes impliquées Le conducteur de l'automobile Le mécanicien du train /6

4 1.7 Véhicules ferroviaires Automotrice RBDe placée à l'avant du train Voiture intermédiaire B Voiture intermédiaire AB Voiture de commande Bt Il s agit de véhicules CFF circulant sur réseau TRN. 1.8 Véhicules routiers Voiture automobile de marque Toyota Corolla 1.9 Conditions météorologiques, état des rails Visibilité normale Système de sécurité ferroviaire Block de ligne à courant continu, pour ligne à simple voie, système Mauerhofer et Zuber. Le système de sécurité n'est pas en cause Radio sol-train et radio de manœuvre Radio sol-train ZFK Installations ferroviaires Passage à niveau non gardé équipé de croix de St.-André, protégé côté ferroviaire par un panneau "siffler" conformément au R chi Tachygraphe 4/6

5 Tachygraphe type Hasler Teloc 2000S. L'analyse de la bande tachygraphique montre que le choc avec l'automobile a eu lieu à la vitesse de 83 km/h. La vitesse maximum du train avant le PN est de 88 km/h. La vitesse de ligne à cette endroit est de 90 km/h Analyse des véhicules ferroviaires L'état des véhicules ferroviaires n'étant pas en cause dans cet accident, aucune analyse n'a été effectuée. La distance de 169 m mesurée par la police entre le point de choc et la traverse de tête de l'automotrice à son point d'arrêt après l'accident est normal pour le rapport de freinage de la composition, le profil du parcours et la vitesse considérée. Dans les conditions ci-dessus, le calcul théorique du chemin de freinage donne une distance d'arrêt de 266 m. Deux raisons expliquent la différence entre les distances de freinage calculée et réelle: 1) action de freinage dans la distance calculée, le début du freinage est le moment où le mécanicien actionne le robinet du frein automatique; il faut compter de 3 à 5 secondes avant que les freins du train entrent en action. Dans le cas de l'accident, au moment du choc, le mécanicien avait déjà actionné le frein d'urgence et la composition était déjà en phase de décélération. A 88 km/h, le train parcours 74 m en trois secondes. 2) frein magnétique sur rail La voiture de commande située à la queue du train est équipée d'un frein magnétique qui intervient en cas de freinage d'urgence. Ce frein supplémentaire n'est pas pris en compte dans le calcul du chemin de freinage Résultat de l'expertise médicale Le mécanicien a subi une prise de sang et d urine au poste de police de Fleurier 1.16 Incendie Cet accident n'a pas provoqué d'incendie Environnement Aucune source de pollution n'a été constatée sur place Examens particuliers L'automotrice RBDe à été contrôlée à Fleurier le 28 mars Le bon fonctionnement de l'éclairage frontal a été démontré. Le signal acoustique (sifflet) n'a pas été mis en action, car la police dispose de témoignages de personnes qui ont entendu le mécanicien siffler plusieurs fois et de façon soutenue Information concernant l'information et la procédure Pas de remarque particulière. 2 Evaluation 2.1 Aspects techniques La composition NTN était en état de marche. Le mécanicien du train a agi de façon réglementaire en actionnant les signaux d'avertissement (sifflet) de façon répétée et soutenue. Il a rapidement jugé la gravité de la situation et déclenché le freinage d'urgence de la composition avant l'impact avec l'automobile (voir chi ci-dessus). 5/6

6 2.2 Exploitation Suite à l'accident, l'exploitation ferroviaire a été interrompue jusqu'à 23h00 et remplacée par un service autobus de substitution entre Travers et Buttes. 3 Conclusions 3.1 Résultats de l'enquête Malgré les signaux acoustiques répétés du mécanicien, le conducteur de l'automobile n'a pas remarqué l'arrivée du train en s'engageant sur le passage à niveau non gardé. A l'emplacement du PN, la visibilité est dégagée dans les deux directions (Fleurier et Môtiers). Aucun obstacle n'empêchait la vue du train. 3.2 Cause Inattention du conducteur de l'automobile. 4 Recommandation de sécurité Aucune. L'enquête a été menée par Erwin Drabek Berne, le 6 juillet 2006 Service d'enquête sur les accidents des transports publics Erwin Drabek Enquêteur auxiliaire SEA Photos: dre 6/6