L économie de la biodiversité et des services écosystémiques
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- Élisabeth Chagnon
- il y a 6 ans
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1 L économie de la biodiversité et des services écosystémiques Jean-Michel Salles CNRS, UMR LAMETA, Montpellier
2 Une multiplication d initiatives internationales et nationales En 2008, P. Dasgupta notait que la nature avait été mal traitée par l analyse économique au 20 ème siècle Le Millenium Ecosystem Assessment (MEA, ): Les économie modernes dépendent toujours fortement d écosystèmes de plus en plus souvent dégradés Popularise la notion de services écosystémiques The Economics of Ecosystems and Biodiversity (TEEB, ) making nature s values visible to mainstream the values of biodiversity and ecosystem services into decision-making at all levels L IPBES «GIEC de la biodiversité» (créé en 2012) : Organiser et renforcer les liens entre science et politique en matière de biodiversité Identifier les besoins d accord multilatéraux en matière de biodiversité 2
3 Les bénéfices retirés des écosystèmes et leurs liens avec le bien-être humain La liberté de choix implique l existence d alternatives, avant tout techniques, mais aussi sociales, politiques, culturelles Elle est aussi au coeur de l approche économique de la valeur des SES 3
4 Les services écosystémiques une multiplicité de représentations des relations natures-sociétés
5 Les catégories de services en fonction de la «naturalité» des écosystèmes 5
6 Des écosystèmes à leur valeur économique (CICES, 2014) 6
7 Que signifie l évaluation économique? La notion économique de valeur : interpréter ou justifier des choix Anthropocentrée : basée sur les intérêts des (seuls?) humains Instrumentale : pertinence des moyens pour atteindre une fin Conséquentialiste : évaluation à l aune des effets ( déontologique) Utilitariste : arithmétique des plaisirs et des peines Subjective : chacun est le meilleur juge de ses préférences Marginaliste : on ne mesure pas, on compare L évaluation et le marché Les prix observés ne reflètent (généralement) pas des valeurs L évaluation comme préalable à la marchandisation : étude de marché L évaluation comme alternative au marché : éclairer les choix publics 7
8 Vers une "valeur économique totale" des écosystèmes et de la biodiversité? Les biens et services liés à l environnement naturel : Des biens et services marchands dont il faut peut être corriger les prix Des services non-marchands qu il faut intégrer dans l évaluation Construire des indicateurs ayant la dimension de prix (comparer) La valeur de l environnement reflète l ensemble des intérêts humains et sociaux qui lui sont liés La notion de "valeur économique totale des actifs naturels" (VET) : un indicateur synthétique agrégeant l ensemble des «raisons économiques» de conserver un «actif naturel» Pourquoi les «agréger»? Parfois : pourquoi ne pas les agréger? 8
9 Les composantes de la VET Des valeurs d usage réel ou effectif Usages directs : productifs, récréatifs, esthétiques, santé usages de consommation directe (alimentation, énergie, plantes médicinales ) usages productifs = ressources industrielle (pharmaceutique, énergie, matériaux ) usages n impliquant pas la consommation, comme les usages récréatifs ou esthétiques, le tourisme, les science et l éducation. Usages indirects : valoriser les fonctions écologiques = avantages liés à la demande dérivée pour le maintien d écosystèmes qui fournissent des services contribuant au bien-être sans impliquer d interaction directe (services contribuant à la productivité des agro-systèmes ; régulation des climats ; entretien de la fertilité des sols ; contrôle du ruissellement et des flux hydriques ; épuration des eaux ou de l atmosphère... ) Des valeurs d usage potentiel Valeur d option statique (assurance face à incertitude sur les usages futurs) Valeur d option dynamique (meilleurs choix si amélioration de l information) 9
10 Les composantes de la VET (suite) Des valeurs de non-usage ou d usage passif parmi lesquelles on peut distinguer trois formes d altruisme ou de sujets sur lesquels il s exerce : l altruisme envers nos contemporains l altruisme envers nos descendants l altruisme envers les espèces non humaines 10
11 La question de l incommensurabilité est-elle grave? 11
12 1. Les méthodes basées sur les coûts : Monétarisation des dommages physiques Coûts de restauration ou de remplacement Effets sur la productivité Une pluralité de méthodes parfois controversées 2. Les méthodes basées sur les préférences révélées : Dépenses de prévention ou de protection Coûts de déplacement Prix hédonistes 3. Les méthodes basées sur les préférences déclarées : Évaluations contingentes Analyses en choix discrets 4. Les transferts de valeur Plutôt une fonction qu une valeur moyenne Des bases de données (EVRI, Envalue, ESD ) De multiples précautions sont nécessaires 12
13 Des limites informationnelles : Toutes ces méthodes rencontrent des limites fortes Les méthodes basées sur des coûts doivent être contraintes par des valeurs (la restauration d un écosystème peut coûter 10 fois sa «valeur») Les méthodes basées sur des préférences révélées ne capturent généralement qu une partie de la valeur Des biais systématiques : Les méthodes basées sur des préférences révélées ne portent que sur certaines valeurs d usage réel (récréatif, aménités esthétiques ) Les méthodes basées sur des préférences déclarées peuvent aboutir à des mesures déformées (biais hypothétique, stratégique, d inclusion ) L évaluateur est confronté à un dilemme, choisir entre des méthodes robustes sur un spectre limité (aux valeurs d usage réel) ou discutable (la restauration ou le remplacement sont-ils toujours justifiés) des approches à spectre plus large (toutes les valeurs sont potentiellement identifiables) ; mais peu robustes (basées sur des déclarations ) 13
14 UK NEA (National Ecosystem Assessment) uknea.unep-wcmc.org/ Question centrale : en quoi une meilleure prise en compte de la valeur des services écosystémiques conduirait à des usages différents des territoires Un maillage serré du territoire UK : maille de 2x2 km (400 ha) Des scénarios contrastés d usage des territoires La mobilisation d un ensemble de valeurs de référence, issues de méthodes hétérogènes, mais raisonnées
15
16 L Évaluation Française des Écosystèmes et Services Écosystémiques (EFESE) Une initiative du Ministère de l environnement : un «MEA français» Cartographier les services retirés de l ensemble des écosystèmes (surtout métropolitains) Six groupes de travail : Écosystèmes agricoles (INRA) Écosystèmes forestiers (ECOFOR) Milieux marins (IFREMER) Écosystèmes urbains (IAURIF ) Écosystèmes aquatiques et milieux humides (IRSTEA-BRGM) Haute montagne Accent mis sur la description bio-physique et les co-variances (synergies, antagonismes) Créer une base informationnelle pour permettre un suivi des évolutions et offrir des références pour les choix publics à toutes les échelles 16
17 Evaluation économique des services écosystémiques : pour quoi faire? Pour intégrer les ES dans les comptes nationaux comme facteur de production ou comme service final (cf. CICES, EFESE) : Donner une image plus juste (de l économie) et permettre un suivi temporel Construire ou alimenter des scénarios Dans la comptabilité des entreprises : approche des «True costs» Prendre pleinement en compte les impacts sur les écosystèmes et la biodiversité dans les décisions publiques et privées à tous les niveaux Ex ante : Améliorer/compléter l évaluation des projets (analyse coûts-avantages) «on ne gère bien que ce qu on mesure» (TEEB) Ex post : mieux indemniser les «dommages écologiques» (?) Dimensionner des instruments de politique, comme les PSE (?) Argumenter, convaincre, éclairer les décisions,,, A rien? Si ce n est communiquer sur l importance des enjeux en les présentant sous une forme commensurable avec d autres problèmes socio-économiques Mieux gérer dans l avenir les problèmes de rareté et les conflits d usage 17
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