LIBRE. Ma passion calédonienne

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2 LIBRE Ma passion calédonienne

3 " Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l'opportunité dans chaque difficulté ". Winston Churchill 9

4 " Il faut rester libre dans son esprit, pour savoir faire les choix les meilleurs, de ceux qui sauront servir la cause de la Nouvelle-Calédonie. Une des qualités essentielles d'un élu c'est sa capacité à imaginer, créer, innover. Son rôle ne consiste pas à mettre en œuvre ou à faire appliquer - par routine ou par faiblesse- d'anciennes formules, de vieilles idées même bonnes et adaptées à une situation, à une autre époque. Etre élu est un sacerdoce et en aucune façon, une fonction que l'on peut exercer en dilettante, à mi-temps. Un élu a la responsabilité de la population qu'il représente. Il ne peut s'affranchir de sa charge ou s'exonérer de sa responsabilité en rentrant chez lui. Bien au contraire, il doit mettre à profit chaque instant de tranquillité, de solitude, pour réfléchir, confronter et décortiquer les raisons de ses choix. Tant sa responsabilité est grande, il ne connait jamais la paix de l'esprit. (...) La réussite est dans la confiance que l'on doit accorder aux individus et à leurs capacités d'initiative et de création. Nous devons encourager la promotion des hommes et soutenir leur volonté de réussir. Leur potentiel est une chance pour la Calédonie. Sans hypocrisie ni langue de bois: il n'est pas honteux de s'enrichir, de faire progresser son niveau de vie, quand c'est le fruit du travail et parfois même de la chance. Il faut éviter le nivellement par le bas. Il ne s'agit 11

5 pas de faire de nouveaux pauvres avec les riches. (...) C'est bien au sein de la nation Française que le processus d'émancipation de la Nouvelle-Calédonie peut s'épanouir pour aboutir à sa très large autonomie. (...) Ayez des rêves assez grands pour la Calédonie!" Jacques Lafleur, avec l'accord de sa fille, Isabelle 12

6 Sonia BACKES LIBRE Ma passion calédonienne

7 CHAPITRE I PARCOURS PERSONNEL ET FAMILIAL A six ans, je voulais devenir ministre de l Education nationale pour que les enfants apprennent plus vite! Fille de profs, petite-fille de la plus jeune femme proviseur de lycée, je voulais déjà refaire la politique de l enseignement à un âge où l on devrait, au mieux, espérer une partie de Scrabble avec les adultes. Evidemment, je n ai plus la prétention de m installer demain rue de Grenelle à Paris, mais ma volonté et mon engagement pour changer les choses sont restés intacts. A 40 ans aujourd hui, et quelques années d expérience derrière moi comme élue municipale, provinciale et comme membre du gouvernement, mes convictions se sont renforcées et fortifiées : quand je me bats pour que l avenir de la Calédonie s inscrive dans la France, j y engage toutes mes forces et tous mes espoirs. Je ne vais pas m excuser de ne pas avoir 70 ans, de ne pas avoir connu les 17

8 «Evénements» autrement qu en culotte courte, de ne pas avoir les mêmes références, historiques et chronologiques, que mes aînés en politique. Mes références sont leur histoire, et chaque décennie donne un sens différent à l engagement politique. A ceux qui me brocardent, me demandent de ne pas vouloir «tout maintenant et tout de suite», je réponds que le courage est du côté d Antigone, et que si les engagements pris à vingt ans sont ceux que l on conserve à quarante, c est qu ils ont mûri à l épreuve du temps : la constance n affaiblit pas le jugement, elle l étaye. D ordinaire, je parle peu de moi, c est vrai. Même si je n ai rien à cacher, quel est l intérêt de se mettre en avant, si ce n est flatter l égo. Je préfère parler de mes idées, de ma vision, de mon projet pour la Nouvelle-Calédonie. Sans doute aussi une forme de pudeur pour protéger ma famille et mes enfants, comme chez tous les parents, d ailleurs. Je voudrais tellement que mes fils puissent grandir, vivre, s épanouir et travailler dans une Calédonie de paix et de prospérité, telle que je l ai connue. Un pays comme le décrivait Jean Mariotti, «où les arbres ne perdaient jamais leurs feuilles et où les fruits pouvaient toujours mûrir». Même si mon histoire ressemble à tant d autres, 18

9 j estime devoir transparence et sincérité à mes compatriotes puisque je sollicite leur confiance. Ma famille, les Dos Santos, arrivent du Portugal en Fuyant la dictature d Antonio de Oliveira Salazar, protestants dans un pays à 85,5% catholique, ils voguent vers l Australie. Un nouveau départ! Suite à une avarie, le paquebot de mon grand-père fait halte à Nouméa. Ils y resteront et feront souche. Mes grands-parents s entassent alors à six, dont mon père Alberto, dans une sorte de garage, à La Vallée du Tir, qui n est encore à l époque qu un petit quartier vieillot. De petits contrats en engagements plus durables, mon grand-père maçon finit par se tailler une solide réputation professionnelle. Il mettra ses talents au service des Calédoniens et construira notamment le temple de Do Neva, à Houaïlou, en 1954, ou la maison ronde à la Montagne Coupée. Il finira par se faire un nom dans cette Calédonie en plein essor, où l on parle déjà volontiers d autonomie, mais pas encore d indépendance, où la croissance économique, induite par le premier boom du nickel, quelques années plus tard, promet à tous des lendemains radieux. Mes parents se rencontrent en 1974, au collège de Poindimié, sans doute au détour d un café et entre deux cours. Ils y enseignent tous les deux le Fran- 19

10 çais et ma mère enseignera en plus la musique, la gym et le théâtre. Je nais le 21 mai 1976 à Nouméa, où mes parents sont désormais en poste, et où ils se marieront quelques mois plus tard. Peu de souvenirs de la période des événements : je n avais pas dix ans. Quelques bribes de phrases happées ici et là et l expression «couvre-feu», qui revenait dans les conversations entre mon père et son ami Pierre Bretegnier qui daignait parfois lui mettre quelques «peignées» aux échecs. Du collège et du lycée, je retiens des amitiés conservées au fil de ma scolarité et après, comme Clément Leroux, Edouard Pentecost ou Isabelle Champmoreau, avec laquelle j ai passé quelques bons moments, pleins de rires et d insolence, au lycée Jules Garnier, puis au lycée LaPérouse. De ma seconde, je me souviens surtout des virées en mobylette, une Peugeot 103 SPX rose, et des 24 heures du fantastique au Rex, où l on apportait nos duvets pour frissonner toute la nuit devant, Freddy, Les dents de la mer, ou encore Chucky Je passe pudiquement sur un contexte familial «mouvementé» et sur le divorce de mes parents Deux caractères entiers dont je ne peux nier l influence. Je compense cette désagrégation du noyau familial par un parcours scolaire honorable que d aucuns qualifieront même de «sans faute». 20

11 Enfant, j étais pressée d être ado, ado pressée de devenir femme. Baccalauréat en poche à 16 ans, je quitte le lycée La Pérouse pour l université à Nouméa puis à Pau, et pour finir à l institut national de Polytechnique de Grenoble et l Université Joseph Fourrier de Grenoble avec un Bac + 6 à 23 ans, au terme d études en mathématiques et en informatique. Ma plus grande réussite est ma famille. J espère ne pas les décevoir dans mes engagements et qu ils nourrissent une certaine fierté de me savoir en politique, même s ils regrettent sans doute que cet engagement soit aussi chronophage, et souvent au détriment de notre vie familiale. Beaucoup ne voient que les avantages que l on peut tirer de nos mandats d élus, pourtant ils n imaginent pas les sacrifices consentis Je ne gave évidemment pas mes enfants de discours politiques ou partisans, pourtant je découvre chez eux une perception assez pertinente des enjeux actuels de leur Calédonie. Ils récusent toute idée d indépendance, elle les effraye dans leur imaginaire, tant cette perspective bouscule leur socle de références. Souvent, sur le trajet de l école, ils m en parlent : «Maman, si tu leur expliquais aux indépendantistes, alors ils ne seraient plus indépendantistes!». J essaye, mes enfants! J essaye 21

12 *** POURQUOI FAIRE DE LA POLITIQUE? Après six ans d études en métropole, je reviens en Calédonie en 2000 avec un objectif, défendre la Nouvelle-Calédonie française. Un engagement s impose alors, prendre ma carte au RPCR. Oui, à l époque, les choses étaient encore assez simples : le FLNKS c était Kanaky et le RPCR c était la Nouvelle-Calédonie française! Mon père, qui m explique alors ce qu il considère comme des déviances de ce parti, me propose de rejoindre «l Alliance» de Didier Leroux, un parti pour lequel il a des sympathies. Je prends bonne note de sa proposition, mais après quelques jours de réflexion, je reviens en lui disant, avec l insouciance de la jeunesse, que j allais adhérer au RPCR et que je ferai changer les choses de l intérieur. Mon père accueille avec un petit sourire indulgent ce manque flagrant d humilité, tellement décalé avec la réalité de l époque J avais alors 24 ans, j étais jeune et on ne me prenait pas encore au sérieux dans un pays où, quand on n a pas 50 ans, on a juste le droit de se taire. Comme le disait Corneille, «aux âmes bien nées, la valeur n attend point le nombre des années.» et j entendais bien faire comprendre aux gérontocrates de tous bords, 22

13 qu une Calédonie dont la moitié de la population a moins de 25 ans, ne peut ignorer les aspirations de la jeunesse. Ainsi, c est donc au RPCR que je m investis, tente d agir et colle des affiches, comme tout jeune militant. J y retrouve mon amie Isabelle Champmoreau, qui vient d être élue conseillère municipale de Nouméa. La plus jeune de l équipe est en outre collaboratrice de Pierre Bretegnier, l excellent ami de mon père depuis les événements, devenu vice-président de la province Sud de Jacques Lafleur. En 2004, avec Isabelle et Gil Brial, récemment revenu de Hienghène où il a passé ses quatre premières années d enseignant, nous proposons à Jacques Lafleur des tracts, des meetings, des réunions de jeunes, des outils de communication modernes, pour nous opposer à la «fusée à étages», lancée par Harold Martin, Philippe Gomès, Sonia Lagarde, Didier Leroux et quelques autres. Hélas, à ce moment-là il y a tellement de filtres, de barrières, de chambellans jouant les intermédiaires entre l homme des accords et les novices en politique que nous sommes, qu aucune de nos propositions ne sera validée. La possibilité de les présenter à Jacques Lafleur ne nous est pas même offerte. J apprendrai bien plus tard, par sa fille Isabelle, qu en fait Jacques avait souhaité nous 23

14 recevoir mais que les «filtres» lui avaient indiqué que Gil et moi ne souhaitions pas le voir! Un comble Son entourage lui répétait à l envi que sa liste ferait 25 sièges sur les 40 de l assemblée de la province Sud et que tout pouvait donc continuer comme avant, sans aucun risque de défaite! Je retiendrai de cette époque qu il ne faut jamais se laisser isoler par le pouvoir, et par l effet de cour. Ne jamais oublier qui nous a mis là. Car en démocratie, la réalité électorale s impose à tous, même aux plus puissants. Philippe Gomès, Harold Martin, Marie-Noëlle Thémereau prennent le pouvoir dans toutes les institutions, sous les couleurs de l Avenir ensemble. En province Sud, le RPCR fait 16 sièges sur 40. Philippe Gomès, qui ne conduisait pas la liste qu il a rejointe sur le tard quand la victoire semblait acquise, assoit alors sa hiérarchie tutélaire sur toute la Maison Bleue et s enfonce dans le fauteuil de Jacques Lafleur. Un fauteuil trop grand pour lui? Toujours est-il qu à compter de cette date, ses proches ne cesseront de s inquiéter des dérives autocratiques du personnage, ses contradicteurs essuieront ses emportements sismiques, les femmes ses dérapages fréquents Au RPCR, ce sont des cris d orfraie, les larmes jointes à la cacophonie des tentatives désespérées pour constituer une majorité avec les quatre élus 24

15 du Front National, afin de ne pas perdre totalement le pouvoir. Mais finalement, Guy Georges et les élus frontistes rejoindront l Avenir ensemble, pour une majorité de circonstance à la province. Les dizaines de collaborateurs, souvent en poste depuis plus de 10 ans, sont remerciés, licenciés, liquidés. A la rue! Sans parler de la féroce chasse aux sorcières sans merci engagée par Philippe Gomès pour écarter tous les fonctionnaires, qui se sont affichés de près ou de loin, dans une proximité avec le RPCR. Ils n avaient pourtant commis, pour la plupart, que l unique affront d avoir été loyaux à leur employeur sans autre engagement politique. Des photos de nos meetings circulent, sont montrées et utilisées pour identifier dans le public toutes les «brebis galeuses», dont il faut se séparer d urgence. Une purge honteuse ; une privation de compétences pour la collectivité, qui feront longtemps défaut dans les institutions et qui instaurera durablement une défiance entre l administration et la classe politique. En ce mois de juin 2004, c est donc l hécatombe dans les rangs du RPCR. C est aussi le moment que choisit Marie-Noëlle Thémereau pour recruter Alain Song, alors président de la CFE-CGC, afin de la suivre au gouvernement, où il est chargé des secteurs de la Formation professionnelle, de l'emploi et de la Fonction publique. Militant actif de l Avenir 25

16 ensemble comme Marc Mansel, son acolyte et bras droit au syndicat, Alain Song accepte bien évidemment la proposition de la nouvelle présidente du gouvernement. Il quitte le syndicat pour l Exécutif. Marc Mansel lui succède et l Avenir ensemble garde ainsi un œil politique sur le syndicat. Il lui faut encore trouver une relève, un candidat pour reprendre la principale composante de la confédération : le syndicat des fonctionnaires de catégorie A (SFA), véritable figure de proue du syndicalisme calédonien, représentant de manière hégémonique les enseignants et les cadres de la fonction publique territoriale. Gil Brial et moimême, sommes alors investis à des responsabilités différentes dans le syndicat : à Gil l enseignement et à moi les autres secteurs de l administration publique. Cette proposition n enchante guère Alain Song. Très réticent même, il écrit à Marc Mansel : «Attention, l alerte-t-il, Sonia Backes sera l une des principales leaders du RPCR dans quelques années!». Nous en rions tous, tant sa crainte est décalée au vu de la place minime que nous avons alors, Gil et moi, dans l organisation d un RPCR qui n est alors plus que l ombre de lui-même. Nous voici donc propulsés syndicalistes. Gil sera mon adjoint : moins sous les feux de la rampe, il pourra poursuivre son investissement en politique. 26

17 Décidée à m impliquer à 100% dans le syndicalisme, et pour ne pas faire de tort à l organisation syndicale et à ses adhérents, je décide de me mettre en retrait de toute implication politique. Quelques mois plus tard cependant, Gil et moi sommes reçus par Pierre Frogier, alors membre du gouvernement. Cette rencontre nous a profondément marqués : depuis le canapé où il est presque prostré, Pierre nous dit : «Il faut revoir tout notre logiciel. Faire reset! Cette défaite doit nous servir de leçon. Nous allons reprendre en main la machine. J aurai besoin de vous». Evidemment, nous serons là! De 2004 à 2008, les résultats la CFE-CGC progressent de manière significative : je défends, avec Gil et les autres permanents du syndicat, pied à pied les fonctionnaires, leur retraite, leurs statuts Marc Mansel démissionne en 2006 pour retrouver l administration et je prends naturellement sa suite. Me voilà présidente du syndicat avec Gil Brial, mon compagnon de route, à mes côtés. Nos interlocuteurs et parfois adversaires sont Alain Song, et Philippe Dunoyer, son principal collaborateur, que nous surprenons en flagrant délit de dissimulation et de mensonge au plus fort du conflit sur la Caisse locale de retraite (CLR). Ses airs de gendre idéal nous ont, un temps, abusés et nous sommes tombés de haut! 27

18 Nous débarquons donc à 150 en pleine séance du gouvernement. La présidente, Marie-Noëlle Thémereau, tente de nous faire sortir. Sans succès. C est finalement Harold Martin et Philippe Gomès, dont le sens politique n est plus à démontrer, qui désavoueront Alain Song et Philippe Dunoyer et qui finiront par accepter nos propositions. Première victoire. Première marque de fabrique, aussi : on commence à parler du «bulldozer Backes». Franchement, j apprécie moyennement l image. Mais après tout, on ne change pas sa nature et puis c était aussi l un des surnoms de Jacques Chirac Je ne lâche rien, rends coup pour coup, et j avance pour défendre mes idées, quels que soient les obstacles sur mon chemin. Sans doute aussi l impétuosité et la fougue de la jeunesse Il faut dire aussi que je n avais pas 30 ans. Mes années de syndicaliste n ont été ni un purgatoire ni une antichambre de la politique, mais surtout une formidable école : aujourd hui, je sais avoir beaucoup appris pendant ces quatre ans. Découvert les arcanes de la négociation, écouté les attentes des Calédoniens, décodé le langage des politiques Mais par honnêteté envers ceux qui me faisaient confiance et que je représentais, il me fallait tourner la page. En effet, mon investissement syndical empêchait tout engagement politique de ma part. Or, j avais ce besoin de défendre mes idées 28

19 au-delà du champ social et professionnel, la Nouvelle-Calédonie devait selon moi absolument rester française et on sentait déjà poindre les prémices d une indépendance molle, conduite par certains à l Avenir ensemble à coups de compromissions avec les indépendantistes pour obtenir une majorité au Congrès. En 2006, il a commencé à être question de geler le corps électoral. Je veux dire ici l immense révolte qui a été la mienne sur le sujet. Comment accepter d exclure définitivement des électeurs sous prétexte qu ils sont arrivés après le 8 novembre 1998? Comment accepter ce reniement de l accord de Nouméa moins de 10 ans après sa signature? J ai donc été de toutes les manifs, de tous les meetings, pour refuser cette injustice et défendre le corps électoral glissant (tout citoyen atteignant 10 ans de présence en Nouvelle-Calédonie devait pouvoir voter), qui avait été promis aux Calédoniens et pour lequel ils avaient voté en J ai même écrit individuellement aux 577 députés pour leur dire que ce projet était intolérable sur un territoire de la République. Ce combat a été pour moi une grande frustration. En dehors du fait que j étais touchée directement, mon mari faisant parti des «exclus» du corps électoral, je me suis rendue compte assez vite que ma voix au sein d une organisation syndicale était inau- 29

20 dible. Cette frustration m a donc amenée à démissionner du syndicat en août 2008, après que Pierre Maresca, alors président de la Commission permanente du Congrès, m a proposé d être sa collaboratrice. Il m avouera des années plus tard, qu il avait eu beaucoup de mal à obtenir l aval de Pierre Frogier pour ce recrutement J ai beaucoup appris de Pierre Maresca, qui a vécu les 30 dernières années politiques au cœur de la machine RPCR, et qui a été sacrifié par Pierre Frogier en 2007, parce qu il prenait trop de place. Pierre était de ces élus recevant chacun des calédoniens qui souhaitait le rencontrer. Il tâchait d utiliser son mandat pour aider ses concitoyens. Je retiendrai de lui cette phrase qu il m a laissée en héritage «la politique, c est un sport individuel dans une équipe». Cela éclaire assez bien le «Koh Lanta» auquel ressemble la politique. L injustice du gel du corps électoral reste pour moi un combat majeur. Nous avons perdu une bataille en 2007, mais nous n avons pas perdu la guerre. La cour européenne des droits de l homme ne l a «validé» que parce qu il avait un caractère transitoire. Cela veut dire que, concrètement, le corps électoral devra être «dégelé» à la fin de l accord de Nouméa (que cela plaise ou non aux indépendantistes), comme l ont confirmé les experts constitutionnalistes Jacques Courtial et Ferdinand 30

21 Melin-Soucramagnen. Il faut donc construire un nouveau corps électoral. Et cette fois, je veux être là pour éviter que les habiletés rédactionnelles (volontaires ou non) d Alain Christnacht ne se retournent contre nous. *** PREMIÈRES ARMES EN POLITIQUE Lors des élections provinciales de mai 2009, Pierre Frogier me «fait confiance» et me place 12ème sur la liste du Rassemblement : je suis élue à la province Sud et au Congrès. De justesse, puisque nous y faisons exactement 12 sièges Poussée par quelques-uns, en particulier Yves Lemaistre, alors directeur de campagne du Rassemblement, à qui je dois ma présence sur la liste (avec quelques autres anonymes qui se reconnaîtront), je me retrouve propulsée au gouvernement de Philippe Gomès, instauré par les bonnes grâces du pacte républicain. Je n ai, à ce moment-là, aucun contentieux avec lui. Je fais partie de ceux qui sont très satisfaits de ce pacte républicain que Pierre Frogier propose à Philippe Gomès et Harold Martin. Je suis même très optimiste à l idée de travailler avec Philippe Gomès au gouvernement : il a la réputation d être bosseur, 31

22 moi aussi. «C est sûr, on va s entendre» me dis-je avec un brin de naïveté. Aussi, le jour de notre élection au gouvernement, je lui dis : «Je suis très heureuse de travailler avec toi Philippe!» Voilà qui répondait aussi parfaitement aux consignes du président du Rassemblement, nous demandant de travailler sans arrière-pensée avec nos partenaires des autres partis loyalistes. Il fallait que l on soit avec eux comme avec les collègues de notre propre liste. Soit, cela me convenait bien. J aurai le secteur de l enseignement m annonce Philippe Gomès. Cela m allait aussi. Il y avait tant à faire. Au syndicat, nous nous battions contre l immobilisme de mon prédécesseur, Charles Washetine du Palika, qui refusait de faire passer le «socle commun des connaissances et des compétences» qui devait permettre de remettre en cohérence le primaire (compétence alors de la Nouvelle-Calédonie) avec le secondaire (compétence de l Etat) et de recentrer les enseignements sur les fondamentaux (lire, écrire, compter). J étais enthousiaste ; enfin les choses allaient avancer. Le gouvernement se met en place et pendant les premières semaines, je travaille avec mes collaborateurs et les services de la Nouvelle-Calédonie sur ce que je souhaite proposer comme avancées au gouvernement dans ce secteur. Quelques semaines après notre élection et plusieurs rencon- 32

23 tres avec les enseignants, je monte au quatrième étage du gouvernement à la rencontre de Philippe Gomès pour lui faire part de mes idées. Cela se passe assez mal, mais je ne mesure pas encore à quel point. Il me dit : «J ai été président de la province pendant cinq ans, jamais les enseignants ne m ont parlé de ton socle commun». Je lui réponds : «Normal Philippe, ce n est pas la compétence de la province, ils n avaient pas à t en parler, mais je peux t assurer que les enseignants l attendent, et c est dans l intérêt des élèves». «C est n importe quoi!», rétorque-t-il. Fin de la discussion. Trois mois plus tard, il demande «ma tête» à Pierre Frogier. Plus exactement, il lui demande que Jean- Claude (Gaby) Briault reprenne le secteur de l enseignement et que je me contente de la jeunesse et des sports. Informée de tout cela, je débarque en trombe le 3 octobre 2009 dans le bureau de Philippe Gomès. Moi, qui ai alors 33 ans, élue depuis seulement quatre mois ; lui, 51 ans, élu depuis plus de 20 ans. Le dialogue est resté gravé dans le disque dur de ma mémoire : - Philippe, tu as demandé ma tête, je souhaite qu on en parle. - Entre, on va en parler. Pour qui tu te prends? Les 33

24 enseignants c est mon électorat. Il va falloir que tu apprennes les codes de la politique. Tu crois que tu vas débarquer comme ça, visiter les écoles, proposer des réformes, alors que tu ne connais rien à la politique. Oui, je souhaite que Gaby prenne ta place - Philippe, je ne comprends pas, j essaie de bien faire. Je veux bien qu on y travaille ensemble si tu veux. - Je ne veux pas travailler avec toi. Tu es une météorite politique, tu vas disparaître à la vitesse de la lumière. Des élus comme toi j en ai vu des dizaines. Dans deux ans tu n es plus rien. Et je n aime pas tes méthodes. Toi quand il y a un obstacle sur ton chemin tu poses la lame et tu pousses. Tu n as rien compris à la politique. Je comprends précisément, quelques jours plus tard, qu il préparait dans mon dos le «grand débat sur l école», qui avait vocation à le faire mousser pendant des mois, en consultant largement la population pour au final, ne prendre aucune décision de nature à fâcher les uns ou les autres. Je comprends aussi que mon obstination à vouloir faire avancer les choses contrecarrait ses plans de grands débats et d immobilisme. La méthode 34

25 Gomès, en somme : des débats, des assises, de belles paroles, beaucoup de cosmétique et de communication. Un joli paquet cadeau et rien dedans! Ainsi, quelques semaines seulement après mon élection, je me retrouve marginalisée par un Philippe Gomès qui ne m adresse plus la parole pendant 8 mois. Je suis muselée en collégialité et il enchaîne les humiliations publiques. Même les membres du gouvernement de son propre parti me disent, discrètement il est vrai et au hasard des couloirs, qu ils sont de tout cœur avec moi et n adhèrent pas aux méthodes de leur président. Malgré tout, je passe, souvent en force, toutes les réformes que je propose au Congrès. A commencer par le socle commun des connaissances et des compétences, qui est voté avec les voix de Calédonie ensemble. En effet, Monique Millet, spécialiste de l enseignement perçoit, elle, l importance de cette réforme qu elle défendra avec moi. Puis, l ouverture de deux écoles bilingues : à Nouméa en 2010, au Mont Dore en 2011 (qui sera suivie d une autre à Dumbéa puis à Païta en 2012 et 2013). Enfin, j ai porté avec le président de l Université de l époque, Jean-Marc Boyer, l ouverture de «la Maison de l Etudiant», véritable CROUS calédonien, aujourd hui considéré tant par les étudiants que par les enseignants comme un outil indispensable. 35

26 Février 2010, suite à la proposition unilatérale de Pierre Frogier de lever les deux drapeaux, le pacte Républicain est rompu. L ambiance devient délétère au gouvernement : Philippe Gomès m insulte régulièrement. Un beau jour, alors qu il hurlait plus fort que d habitude, il a même levé une main menaçante sur moi, avant de tourner les talons. Pierre Bretegnier me dira, avec l humour cynique qui le caractérise : «Laisse-le te frapper, je te mettrai de l arnica, mais s il te frappe, ce sera la fin de sa carrière politique!». Je veux dire ici que dans cette période violente à titre personnel, les soutiens réels ne sont pas pléthore. Il y en aura eu quatre principalement. Celui d Eric Gay d abord qui, en public et en privé aura systématiquement pris ma défense. Je n oublie pas. Celui de Simon Loueckhote, ensuite, au gouvernement, qui luttait avec moi contre le comportement dictatorial et misogyne du président, et celui de Sonia Lagarde, que je ne connaissais pas mais qui a, avec courage, dénoncé publiquement à l intérieur de Calédonie Ensemble le comportement de Philippe Gomès à mon égard. Celui de Sylvie Robineau, enfin, dont la formation de psychologue avait permis de poser un diagnostic sans concession sur le comportement de Philippe Gomès. Revenons-en aux drapeaux La veille de la parution dans les Nouvelles Calédoniennes de sa 36

27 proposition de lever le drapeau kanak au côté du drapeau de la République, Pierre Frogier nous convoque dans son bureau au quatrième étage de la province Sud. Il ne s agissait pas d avoir notre avis, puisque l interview était déjà donnée et le journal bouclé. Il voulait simplement nous informer : mais nous ne comprendrons qu à la lecture de l édition du lendemain matin Il s explique et explique alors son geste, sa volonté, sa logique de relancer les accords et annonce la volonté de Charles Pidjot de faire lui aussi un pas vers les non-indépendantistes... Une élue pleure. L ambiance est lourde. Ceux qui ont vécu les événements dans leur chair accusent le coup. Mais Pierre soutient que le père d Yves Tual, ce jeune calédonien tué le 11 janvier 1985 aux heures les plus sombres de notre histoire, a accepté la démarche. Alors, les uns et les autres se résignent : on ne peut pas être plus royaliste que le roi. Si ceux qui ont tant souffert dans leur chair ont accepté, la sagesse veut que nous acceptions aussi. Et puis, à 33 ans, je n ai que très peu connu la période des événements, j avais 12 ans en 1988 et je ne me sens pas légitime pour porter un regard critique sur cette décision pourtant dure à avaler. Je me risque malgré tout à une seule question : «Désolée Pierre, je sais que nous ne sommes pas dans une négociation salariale, mais quelle est la 37

28 contrepartie? Je comprends que nous puissions faire des gestes envers nos partenaires indépendantistes. Mais eux, qu offrent-ils en échange?». Sa réponse est courte et cinglante : «Sonia, la politique, ce n est pas du syndicalisme, et encore moins du marchandage de tapis. Le geste que je fais n attend pas de contrepartie au sens où tu l entends. Il s agit de retrouver la confiance, de reconnaître ce qu ils sont pour pouvoir, enfin, discuter sereinement de l avenir». Sur le coup, je pense avoir tort, peut-être trop formatée par le syndicalisme, et que nos partenaires indépendantistes feront spontanément le geste que nous attendons, un geste de la même importance que celui de hisser le drapeau du FLNKS aux côtés du drapeau tricolore. Je comprendrai plus tard que ma question n était pas si naïve. Et que, si elle n avait pas été écartée d un revers de main, l histoire aurait peut-être été différente. J ai compris le geste de Pierre. J assiste à la cérémonie de levée des deux drapeaux, donc du drapeau français qui ne flottait jusqu alors pas au Sénat coutumier. J étais avec un jeune Kanak, qui travaille dans les services du gouvernement et que je croise régulièrement. Il pleure et me glisse : «Aujourd hui j ai le sentiment d exister à vos yeux. Merci!». Dans l assistance, une jeune femme ajoute : «Lorsqu il fallait indiquer ma nationalité sur les 38

29 documents officiels, je refusais d indiquer «française». Je considérais qu il n y avait pas de raison que j accepte ce drapeau français que je n ai pas choisi. Désormais, je suis fière de dire que je suis de nationalité française, car vous avez reconnu que nous existions». Ces moments étaient empreints d une très grande émotion. Je suis alors convaincue que le geste de Pierre Frogier avait un sens. Sauf que Il n y aura aucune contrepartie. Pire, certains discours indépendantistes se radicalisent aussitôt. On entend encore résonner les mots de LKU : «KA-NA-KY 2014! Y a quoi à négocier?» L incompréhension de notre électorat, Philippe Gomès saura en profiter et la note sera salée pour le Rassemblement aux élections législatives de 2012 avec l élimination de nos deux candidats Gaël Yanno et Eric Gay *** DE L'ESPOIR DE L'UCF À LA CRÉATION DES RÉPUBLICAINS Les législatives de juillet 2012 nous font l effet «d un 33 tonnes en pleine figure» : la formule est du député sortant battu par Sonia Lagarde, Gaël Yanno. 39

30 Nous pensions pourtant avoir fait une belle campagne, en expliquant, tous les soirs, et, au fil des réunions, le geste des deux drapeaux, proposé par Pierre Frogier. Immanquablement, les Calédoniens que l on rencontrait nous interrogeaient, pourtant : «C'est quoi la contrepartie?». Ou concluaient plus trivialement : «Vous vous êtes fait avoir!». Et de nous renvoyer le «KA-NA-KY 2014! Y'a quoi à négocier» de LKU. Ils avaient raison. Le geste de Pierre Frogier aurait pu être compris dans le cadre d une négociation équilibrée avec les indépendantistes, au cours de laquelle ils auraient par exemple accepté l ouverture du corps électoral, l évolution de la clef de répartition, l arrêt des revendications foncières Force est de constater, et nous ne l avons compris que trop tard, qu'il n'y avait pas eu de contrepartie. Le cadeau était tombé directement dans l'escarcelle des indépendantistes, qui ont cette capacité remarquable à ne négliger aucune avancée dans leur projet et à «cranter» leurs victoires : «ce qui est à eux est à eux; tout le reste est négociable». Ils avancent sans jamais reculer, jouant tour à tour sur les faiblesses des uns et l ego des autres et profitant de l opposition entre les loyalistes pour peser dans les négociations avec leurs «partenaires» du moment. Cela a été le jeu du Palika avec Calédonie Ensemble entre 2004 et 40

31 2009, de l UC avec le Rassemblement entre 2009 et 2014, et à nouveau le mariage de la carpe et du lapin depuis 2014 entre le Palika et Calédonie Ensemble, l UC profitant également de certaines opportunités. Ne nous y trompons pas, c est la faiblesse du camp loyaliste qui rapproche la Calédonie de l indépendance. Dès le lendemain de la défaite, Gaël, moi et quelques autres, demandons à Pierre Frogier de reconnaître notre erreur, de mettre un coup d arrêt aux concessions unilatérales et de ne surtout pas replacer Roch Wamytan à la présidence du Congrès. Son unique réponse est de fustiger le vote des calédoniens, qui «n avaient rien compris à son geste». En clair, il leur explique qu'ils sont trop benêts pour suivre son raisonnement. Après huit mois à demander, à implorer puis à exiger, en interne et sans succès, que la ligne politique du Rassemblement soit fixée par un vote des adhérents ; après avoir été exclus, par un simple courrier recommandé signé de Pierre Frogier, de nos postes respectifs de secrétaire générale et de porte-parole ; après s être fait siffler, huer, insulter devant les 300 personnes d un comité directeur spécialement convoqué et organisé pour nous 41

32 humilier, nous décidons de quitter le Rassemblement et de créer notre propre mouvement. Toujours au sein de l'ump : notre famille politique, que je n'ai jamais quittée. Commence alors l aventure de la création du Mouvement Populaire Calédonien (MPC). Avec Gaël Yanno, Gil Brial, Isabelle Champmoreau et quelques autres. Nous mettons sur pied un parti politique de A à Z où tout est à reconstruire avec les nombreux militants déçus du Rassemblement et le soutien sans faille de mon équipe à laquelle je dois rendre hommage. Le succès nous a pris de court. Il faut croire que ce mouvement répondait exactement à l exaspération des Calédoniens face aux partis traditionnels : au ras-le-bol des rengaines des mêmes élus depuis 30 ans, au ras-le-bol des concessions permanentes faites aux indépendantistes, au ras-le-bol des petits arrangements et du manque de transparence de la vie politique... Nous représentions un espoir pour le camp loyaliste. Mais ne dit-on pas que c est de la confiance que nait la trahison? J ai eu confiance, j ai cru dans ce mouvement. Quelle déception! Quelques mois à peine après son élection à la présidence du MPC, Gaël Yanno reproduit les mêmes 42

33 erreurs que celles qui avaient motivé notre départ du Rassemblement. L'Union pour la Calédonie dans la France (UCF) avec le MRC de Philippe Blaise, et le RPC d Isabelle Lafleur et notre tendance avait pourtant été scellée dans un document qui prévoyait toutes les modalités de notre nouvelle entente. Rien n'avait été laissé au hasard : du nombre de places sur les futures listes électorales à la répartition des dépenses en passant par les règles de fonctionnement de notre attelage. L accord prévoyait en outre, qu'en cas de défaite de Gaël aux municipales de Nouméa, ce serait à moi de conduire la liste des prochaines provinciales. La situation s est pourtant inévitablement dégradée après les municipales : balayé, deux fois de suite et coup sur coup, aux législatives puis aux municipales, Gaël Yanno voulait encore s imposer en tête de liste aux provinciales. Le verdict des urnes avait pourtant été limpide, mais nul n est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre et il insistait, certain d une légitimité qu il n avait plus Au lendemain des municipales, la situation s'est tendue entre nous. Gaël ne voulait plus laisser la place. Non sans mal, Isabelle Lafleur devait lui rappeler ses engagements pour qu il renonce à ses nouvelles ambitions. 43

34 Le lien était désormais rompu entre nous, la confiance plus qu entamée et Gaël a déjà en tête d autres desseins Depuis des mois, il rencontrait en effet régulièrement et avec notre accord, Philippe Gomès, pour maintenir un lien avec Calédonie Ensemble. L un beaucoup plus malin que l autre a réussi, insidieusement, à nous diviser. Quelques jours avant les élections provinciales, ils déjeunaient ensemble, beaucoup plus discrètement que d ordinaire : ils préparaient un accord pour le lendemain des élections basé sur un mot d ordre de Philippe Gomès : «Ni Backes, ni Martin à la tête des institutions» (il posera cette même condition à Pierre Frogier en 2015 lors de la constitution du groupe des Républicains, pour le choix du président du Congrès). Le résultat s avère plus que positif pour la jeune formation politique que constitue alors l UCF. Une poignée de voix nous sépare du Rassemblement qui n est plus que l ombre de lui-même. Calédonie Ensemble remporte confortablement ces élections mais devra composer avec d autres pour gouverner. Vient alors le temps des discussions entre les formations, pour convenir d une entente loyaliste aux forts relents de «Pacte Républicain», le Contrat de Gouvernance Solidaire. Calédonie Ensemble a besoin de partenaires pour conquérir la province. 44

35 Philippe Gomès pérore sur le nécessaire rapprochement de la famille loyaliste et commence son numéro de charme. Non pas avec moi, qui avais pourtant alors la légitimité d avoir tiré la liste, mais avec son missi dominici, Gaël Yanno. Isabelle Lafleur et moi découvrons le pot aux roses. Alors qu il ne s est jamais impliqué dans la campagne, Gaël est propulsé par Philippe Gomès président du Congrès. A lui les honneurs, à nous le travail de campagne et à moi les dettes du financement de la campagne. Peu après, je lui dirai : «Tu aurais pu, au moins, m'en parler»! Méprisant comme souvent, cynique quand il le peut, il me répond : «Pourquoi Backes? Tu as cru cinq secondes que tu pouvais prendre la présidence du Congrès? Mais pour qui tu te prends?». La rupture est alors consommée. La suite coule de source : Gaël cautionne plusieurs mois la politique socialisante de Gomès en votant et en faisant voter les nouveaux impôts imposés aux Calédoniens en décembre A ce moment, il espère y gagner sa réélection au perchoir du boulevard Vauban Pour moi, c'en est trop! Je préconise un rapprochement des deux familles issues de l'ump. Le Rassemblement compte en outre de nouveaux 45

36 élus, fermement opposés à des concessions unilatérales aux indépendantistes, alors que pendant ce temps, Gomès lui, accepte tout de Néaoutyine et du Palika, notamment leur vision marxiste de la doctrine Nickel. Parmi les élus du Front Pour l Unité, Harold Martin, œuvre à ce rapprochement qui reste la seule alternative à la prééminence de Calédonie Ensemble. J ai gardé pour Harold, même si nous avons fait campagne sur deux listes différentes, un profond respect. Ma connaissance du monde politique, je la lui dois en partie, ayant travaillé avec lui au gouvernement de 2011 à Harold a des défauts, comme chacun de nous, mais j'ai la conviction que c'est le seul "chef de guerre" dont nous disposons à ce jour. Posons-nous une question simple : si la situation venait à se tendre en Calédonie, si l on devait revivre ce que nous avons connu dans les années 80, qui sera là? Qui sera devant, pour protéger les Calédoniens? Harold sans aucun doute. Et je serai à ses côtés. Et puis, parce que je n'ai pas l'habitude d'éviter les sujets qui fâchent, je veux dire que dans son gouvernement, quand j avais en charge le secteur du budget, de la fiscalité, il n a jamais interféré d une quelconque manière, et ne serait-ce qu une seule fois, sur un dossier particulier. 46

37 La période semble donc propice à l engagement d une nouvelle dynamique politique dans les institutions. L'idée était de constituer un groupe fort à la province (17 sièges au total, contre 16 pour Calédonie ensemble), et au Congrès pour contrer la politique socialiste et nationaliste de Gomès. Tenu par ses accords négociés sous le boisseau, Gaël Yanno refuse d en être, se drapant dans une stratégie curieuse «d équidistance» le mot est alors à la mode entre le Rassemblement et Calédonie ensemble. Mais, comment pouvait-on se déclarer équidistant entre un Rassemblement, certes affaibli, mais membre de notre famille politique, et partageant les valeurs de la droite, et Calédonie ensemble, avec qui tout nous oppose? La chute du gouvernement de Cynthia Ligeard est la cerise sur le gâteau. Philippe Germain, alors fraîchement élu avec les voix du Palika et d un membre de l UC, licencie immédiatement l'ensemble de nos collaborateurs. Gaël Yanno ne sera d'aucune conférence de presse pour dénoncer les méthodes de Germain (condamnées plus tard par le Tribunal Administratif, qui les qualifiera «d'excès de pouvoir»), et il apportera discrètement et sournoisement son soutien à Philippe Gomès, le remerciant au passage de licencier mes collaborateurs, avec lesquels il entretenait des relations 47

38 exécrables Quand Nicolas Sarkozy crée «Les Républicains» au niveau national, je considère que l occasion est venue de regrouper notre famille politique en Nouvelle-Calédonie. Enfin une bannière sous laquelle nous réunir, tous! Ce n est plus le Rassemblement de Pierre Frogier, mais quelque chose de nouveau. Chacun pourrait garder sa liberté de parole, ses spécificités et ses convictions, mais nous serions capables de nous rassembler sur l'essentiel pour contrer plus efficacement la politique menée par la majorité Calédonie ensemble Palika. Le groupe des Républicains se forme donc au Congrès et à la province Sud, sans que personne ne renie ses convictions. Isabelle Lafleur garde son parti, le RPC, et je crée le mien : Les Républicains - Ensemble dans la France, pour accueillir les adhérents du MPC qui m'ont suivie et qui me font toujours confiance. J'en profiterai pour démissionner du gouvernement de Philippe Germain, dont il n'était plus question pour moi de cautionner de près ou de loin la politique. A ceux qui me font passer pour une diviseuse, je répondrai que le groupe des Républicains, que j ai largement contribué à créer et que je préside désormais au Congrès, reste à ce jour la seule démonstration tangible depuis 48

39 2004, d une dynamique réelle de rapprochement des droites calédoniennes. La suite est notre présent. Nicolas Sarkozy a quitté le champ politique le lendemain de sa défaite à la primaire de la droite et du centre, battu autant par ses adversaires que par l usure du pouvoir. Les Républicains ont fait la démonstration de la bonne santé démocratique de notre famille politique, en orchestrant avec succès ces primaires. * * * * 49

40 CHAPITRE II LA NOUVELLE-CALEDONIE DANS LA REPUBLIQUE : L ENGAGEMENT REFERENDAIRE D INITIATIVE POPULAIRE Mon combat, c est la Calédonie française ; la Nouvelle-Calédonie dans la France : c est le fondement de mon engagement politique. On touche là à ce qui me fait vibrer. Ce pour quoi je me battrai jusqu au bout de mes forces. La Marseillaise me donne des frissons, la devise «liberté égalité fraternité» est inscrite au fronton de l édifice de mes valeurs. Des valeurs que je conjugue avec les valeurs chrétiennes de respect, d humilité et de partage ou de solidarité, mais aussi avec celle plus républicaine de laïcité. Elles sont le socle de notre société, elles font de nous ce que nous sommes, et la Calédonie peut être fière de cet héritage. Je crois que nous ne sommes jamais tant attachés à une chose que quand on risque de la perdre. L indépendance, sous quelque forme que ce soit, 51

41 n est pas une alternative crédible. Elle n est pour ma part ni une possibilité, ni même une hypothèse! D abord parce que je suis Calédonienne et Française et que j aime la France. Je suis fière de son histoire, fière de sa culture et fière du rôle qu elle tient dans le concert des nations. Quoi qu on en dise, la France est encore un grand pays, et une chance pour la Calédonie. Ensuite parce que, si on étudie la problématique sous un angle moins émotionnel, plus rationnel, l indépendance n est tout simplement pas viable. Le budget de la Nouvelle-Calédonie est aujourd hui de 250 milliards. Dans le même temps, la France nous octroie une enveloppe annuelle de 168 milliards. Une manne financière dont l Etat nous laisse librement décider de son utilisation. Caricatural? Non, simplement l exact reflet de la situation de la Calédonie d aujourd hui. Quelle collectivité locale, quel territoire peut se prévaloir d une pareille largesse, répétée et garantie au fil des années et des majorités politiques? Malgré, il faut le reconnaître, souvent un brin d ingratitude de notre part à l encontre de la France. En 2016 encore, l Etat a ajouté quelque 140 milliards, sous la forme d aides au secteur du nickel pour aider nos trois usines à passer le cap d une conjoncture mondiale dégradée. Ces mêmes usines censées 52

42 assurer la prospérité de «Kanaky» pour les générations à venir. Qui dit mieux? Certainement pas les chantres de l indépendance ou ceux de l indépendance-association. La Nouvelle-Calédonie, libre de sa fiscalité depuis 1976, peut maintenant, à l appui de sa loi organique issue de l Accord de Nouméa lui-même constitutionnalisé, voter ses propres lois de pays ; ses institutions sont originales, uniques souvent dans l ensemble républicain, et démocratiquement élues. La Nouvelle-Calédonie n est plus une colonie officiellement depuis 1945, tous les Calédoniens, citoyens kanak ou d autres horizons ont accès aux différents suffrages depuis Si certains, par pur dogmatisme politique ou idéologique demandent encore la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie, cette revendication n est guère plus qu un slogan électoral, et une imposture politicienne. La Nouvelle-Calédonie est désormais elle-même responsable de quasiment tout ce qui touche à la vie des Calédoniens et dispose d une influence considérable et presque excessive sur l Etat dans l exercice local de ses dernières compétences régaliennes. C est un fait, la Nouvelle-Calédonie est désormais émancipée. Rappelons que l ONU consi- 53

43 dère trois formes de gouvernance locale comme conformes à un pays décolonisé : l assimilation qui assure les mêmes droits avec les citoyens métropolitains (c est le principe qui régit les DOM et qu a choisi Mayotte en 2009), l indépendance pure, et l autonomie interne, en laissant la métropole poursuivre l exercice de ses responsabilités dans les compétences régaliennes (défense, monnaie, police, justice, ). Qui aujourd hui peut raisonnablement expliquer aux Calédoniens qu ils sont encore colonisés? Son statut actuel correspond en tous points à celui de l autonomie interne prônée par l ONU. La Nouvelle-Calédonie n est donc plus une terre colonisée : c est un fait. Elle est une entité autonome bénéficiant d un statut particulier au sein de l ensemble républicain français. L autonomie de gouvernance est donc acquise certes, mais qu en est-il de l autonomie financière? Michel Rocard affectionnait particulièrement cet adage qui dit : «qui paie, décide et qui décide, paie». Et bien concernant la Nouvelle-Calédonie, elle décide et «c est la France qui paie!!» comme nous le rappelle le groupe maréen Gurejele. A kilomètres de la mère patrie, nous avons aujourd hui tous les avantages de l autonomie de décision et aucun des inconvénients de l indépen- 54

44 dance. Que pourrions-nous espérer de plus d une pleine souveraineté? Si l on s extirpe d un discours purement idéologique et si l on s en tient à un raisonnement pragmatique, la réponse est bien évidemment rien. Rien de plus en termes d émancipation, rien sur le plan social, pas plus sur le plan économique malgré les espoirs de certains dans le nickel dont on subit aujourd hui encore la volatilité du marché. Comment peut-on avoir la prétention et sans doute un peu l arrogance de considérer que nous sommes en mesure d assurer et d assumer seuls les dépenses en matière de police et de défense? Faire comme certains pays insulaires du Pacifique et déléguer leur police et leur défense aux puissances anglo-saxonnes dans le meilleur des cas, ou flirter avec la Chine dans le pire. Quelle que soit la puissance «sous-traitante», elle privilégie toujours ses ambitions stratégiques dans la région, et ne se soucie guère du sort des populations de ces états. Comment imaginer par ailleurs une justice calédonienne, rendue par des magistrats locaux au profit d une population de moins de personnes? Comment limiter les conflits d intérêt dans un si petit archipel ou tout le monde est «famille» ou se côtoie régulièrement? Une telle proximité favoriserait les risques de collusion. Au-delà de la justice 55

45 ces déviances peuvent aussi concerner la police et la sécurité publique, l armée et la défense, la monnaie, l audiovisuel public. Exercer localement ses compétences entraînerait inévitablement les phénomènes de corruption qu ont connus tous les jeunes états issus des décolonisations abruptes et radicales. L Afrique et la région Pacifique offrent tant d exemples d Etats insulaires, qu ils aient été pourvus ou non en richesses naturelles, qui ont sombré dans la pauvreté pour avoir choisi l indépendance. Faut-il, encore une fois, rappeler le cas du Vanuatu au risque de le stigmatiser? Nous l avons tous médité en Calédonie, il convient de ne jamais oublier qu après 35 ans d indépendance, le sort des Nivanuatu, n est pas des plus enviables. Avec une espérance de vie de cinq ans inférieure à celle des Calédoniens, ou un PIB par habitant quatre fois moindre que le notre, on peut comprendre que, sur place, certains nous disent encore «ça s arrête quand l indépendance?». Pourtant au fil des années et des accords, les partisans de la Nouvelle-Calédonie dans la France ont baissé la garde. Sans doute persuadés que la raison économique l emporterait sur la revendication passionnelle, ils ont toujours minoré l incidence des 56

46 thèses indépendantistes. D abord insidieux, le discours indépendantiste séduit désormais au grand jour des générations de jeunes adultes qui n ont pas connu les événements et qui considèrent soit par romantisme, soit après avoir considéré les interdépendances politiques et économiques comme inévitables que l indépendance politique de la Nouvelle-Calédonie ne serait qu un détail, une dernière margelle à franchir sans grandes conséquences pour leur avenir. Ce discours s invite et s insinue sournoisement dans les débats de société, paradoxalement plus que dans les hémicycles politiques, où le sujet reste étrangement tabou. Un homme a été visionnaire, un homme qui est devenu mon ami, tant nous avons partagé de moments de complicité pendant et après sa mission en Nouvelle-Calédonie : Jean-Jacques Brot, haut-commissaire de 2013 à Le fait est suffisamment rare pour être pris très au sérieux, il a eu le courage de démissionner de sa fonction, dénonçant publiquement le «largage annoncé de la Nouvelle-Calédonie» avec la complicité du gouvernement socialiste. Ainsi, petit à petit, du rééquilibrage nécessaire au bénéfice des populations kanak, nous sommes passés à un nouveau déséquilibre au détriment des 57

47 Calédoniens non kanak. Sans parler de ceux qui sont exclus du corps électoral et sont désormais mis au ban de la société calédonienne sans doute pour expier les «crimes» coloniaux qu ils n ont personnellement, jamais perpétrés. La société calédonienne devrait selon certains être constituée de citoyens de premier rang (les Kanak, à qui l on donnerait tout au nom de la repentance coloniale et dont ils useraient et abuseraient) puis de citoyens calédoniens et enfin des autres, les sous-citoyens. En Calédonie, personne ne peut le nier, on se considère vis-à-vis de l autre davantage par son identité communautaire que par une identité calédonienne. Une société qui se construit non plus sur des valeurs communes, mais sur l exclusion, la discrimination, voire la ségrégation et le communautarisme est une société qui connaîtra sans aucun doute des lendemains difficiles. Pour revenir à l indépendance, l image qui me vient en tête est celle de la grenouille dans la marmite d eau sur le feu. Au début, l eau est tiède, le bain est agréable, et elle est sereine. Puis l eau se réchauffe progressivement, et insidieusement, et la grenouille se délasse comme dans un spa pool. L eau frémit et la grenouille s engourdit ; quelques minutes après elle est cuite sans avoir jamais cherché à fuir son 58

48 bain mortel. La rhétorique indépendantiste aurait pu s inspirer de cette fable. En mécanique on appelle cela la technique du cliquet : pour chaque avancée, un cran de plus acquis est acquis. Jamais on ne revient en arrière, jamais! C est aussi ce qu on appelle «l indépendance molle» que je n ai de cesse de dénoncer et de combattre. Il s agit d une accumulation d actes, apparemment anodins, pris par les politiques à la barre des institutions soit pour séduire des voix indépendantistes lors des suffrages ou dans les institutions, soit par pure démagogie ou pour chercher à laisser leur trace dans la petite histoire. Ces actes apparemment sans conséquences, mis bout à bout, détricotent les fondements républicains de notre société. Souvent cautionnés d ailleurs par les représentants de l Etat prêts à toutes les concessions pour garantir la tranquillité sociale et sans doute aussi leur tranquillité à eux, ces actes éloignent insidieusement mais progressivement la Calédonie de la France, jusqu à ce qu il soit trop tard ou trop difficile de revenir en arrière. Tous ceux qui ont vu ou revu récemment Le livre de la jungle avec leurs enfants penseront, comme moi, au boa Kaa hypnotisant ses victimes en leur susurrant de ne pas avoir de crainte. 59

49 La correction locale du bac est le dernier exemple en date : bien évidemment, pourquoi les enseignants calédoniens seraient-ils incapables de corriger localement l épreuve? Et puis, le dispositif est assorti de tant de «garanties» qu une grande majorité l acceptera au Congrès fin Ceux qui l ont refusé (dont je fais partie) passeront pour des ultra-conservateurs limite rétrogrades Sauf que les garanties sont présentes aujourd hui par voie de convention. Une convention, ça se change. Dans 3 ans, une garantie en moins, puis 3 ans plus tard, une autre. Et au final, telle la grenouille dans son bain, sans que personne n ait crié, nos enfants se retrouveront avec un «bac cocotier». C est «l indépendance molle» qui avance en rampant. Chaque étape vers la souveraineté constitue pour les indépendantistes une occasion de nous «punir» des ombres de la période coloniale à la veille du référendum d autodétermination. Ainsi, l un des avatars du débat sur les langues kanak à l école était bien la volonté d imposer à tous les enfants, et en particulier aux non-kanak, l apprentissage d une langue vernaculaire, qui ne compte au mieux que quelques centaines de locuteurs dans le monde. Si les indépendantistes s étaient engagés dans une démarche constructive visant à permettre à tous les Calédoniens d échanger au-delà du Français 60

50 seule langue intelligible par tous en Calédonie, ils auraient alors promu une seule langue vernaculaire parmi les 31 existantes. Cette langue kanak choisie comme idiome de référence aurait alors permis à tous, avec le français, de développer le sentiment d appartenance à une communauté de destin. Au lieu de cela, il s est agi d imposer à tous, l apprentissage de langues impossibles à partager à l intérieur même de la Nouvelle-Calédonie. A quoi cela sert-il si ce n est à humilier ou à asservir? Mais, à l instar de Philippe Gomès, il se trouve au Congrès, des Calédoniens plus calédoniens que les Calédoniens, toujours complexés devant de telles propositions et prêts à y souscrire au nom de la mauvaise conscience coloniale si chère aux socialistes. Quant à moi, je ne me pose qu une seule question : combien de générations d enfants calédoniens devront encore payer le prix de la culpabilité et s excuser d une colonisation à laquelle ils sont totalement étrangers? La majorité des Calédoniens n a d ailleurs aucun ancêtre qui ait colonisé qui que ce soit. La plupart est issue soit de colons libres soit de la population carcérale, et tous ont trimé pour faire de la Calédonie ce qu elle est aujourd hui. Alors maintenant, que faire pour rester en paix dans la France? 61

51 Certains héritiers de Jacques Lafleur, sont tellement obnubilés par l ambition de laisser, comme lui, leur trace dans l'histoire, qu'ils veulent à tout prix être celui qui construira un nouvel accord de Matignon ou de Nouméa. A l'un, les deux drapeaux pour démontrer sa capacité à dépasser les clivages habituels. A l'autre, le nationalisme, la doctrine Nickel, l'anniversaire du Palika, le souverainisme économique pour prouver sa capacité à être un homme d'etat. Tous deux ont un seul objectif : celui de faire mieux que Jacques Lafleur et sa poignée de main avec Jean-Marie Tjibaou. Obsédés par cet objectif, ils cherchent à être celui qui fera la concession de nature à faire accepter un nouveau statut aux indépendantistes. Siège à l'onu? Domaine minier? Majorité dans les industries du nickel? Calédonisation des compétences régaliennes?... Tout est acceptable du moment que cela leur permette d inscrire leur nom dans les livres d histoire. Sauf que le statut actuel de la Nouvelle-Calédonie est déjà aux confins de son autonomie. Impossible d'aller plus loin en matière de transfert sauf à bas- 62

52 culer dans l indépendance. Nous avons été gavés de nouvelles compétences depuis plus de 20 ans. Enseignement, droit civil, santé, sécurité civile... et qu'en avons nous fait? Rien. Rien de plus, rien de mieux en vérité. De vulgaires «copier-coller» du droit métropolitain, souvent moins bons que les originaux dans le meilleur des cas, et la sédimentation du droit calédonien dans la plupart des cas. Où en est aujourd hui le droit des assurances, plusieurs décennies après son transfert? Et que donnera le droit civil calédonien dans dix ans? Combien d avancées pour le consommateur, pour le contribuable, pour l administré et pour le citoyens, adoptées de longue date en métropole et toujours inexistantes en droit local? Calédonie Ensemble est favorable au transfert de tout ou partie des compétences prévues dans l'article 27 de la loi organique. Il s agit notamment de l audiovisuel, de l enseignement supérieur, du contrôle de légalité des collectivités... Au-delà du fait que certaines de ces compétences n'ont aucun intérêt à être assumées par la Nouvelle-Calédonie, certaines présenteraient de graves risques à être exercées localement. Je pense à deux compétences en particulier : la communication audiovisuelle et le contrôle de légalité des collectivités. Que deviendraient les télés locales si leur contrôle était assuré 63

53 par un CSA calédonien à la main des politiques du moment? Des médias de propagande, à la gloire de celui qui est au pouvoir De même, comment le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie pourrait-il contrôler, de manière impartiale, la légalité des actes de la mairie de Nouméa ou de la province Sud? Les actes des amis politiques se trouveraient alors sans doute plus «légaux» que ceux des adversaires... «Vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaire». Les tergiversations actuelles sur la création de l autorité locale de la concurrence, mettent déjà en exergue les difficultés à mettre en œuvre une autorité locale indépendante du pouvoir. En élue politique calédonienne responsable, il me semble nécessaire d encourager les citoyens à se garder de nous confier tous les pouvoirs sans garde-fous. C'est là tout l'intérêt de notre appartenance à la République. Elle nous protège de nous-mêmes, de la tentation que pourraient avoir certains de se débarrasser des contraintes gênantes que peuvent représenter les Lois de la République. Nous voyons assez vite, à partir de ces quelques exemples, que nous n'avons plus de marge de manœuvre pour négocier avec les indépendantistes un nouveau statut. Si l idée peut séduire, je ne 64

54 suis pas certaine qu il reste encore quelque chose à concéder aux indépendantistes qui ont déjà eu tout ce que les loyalistes pouvaient offrir dans l accord de Nouméa. Ce nouvel accord ou ce nouveau statut ne se réaliserait, à mon sens, qu à notre détriment. Pour autant, il faut avancer, mais se dire que les loyalistes sont majoritaires et qu ils gagneront le referendum n est pas une réponse suffisante. Car l accord de Nouméa et la loi organique prévoient trois référendums. Et à l issue, dans le cas où le «NON» à l indépendance serait plébiscité par les Calédoniens, l accord de Nouméa prévoit encore que «les partenaires se réunissent pour examiner la situation ainsi créée». Le référendum à lui seul, ne règle donc pas la question du jour d après et des jours suivants. Alors quelle solution trouver pour que la majorité cesse de se laisser imposer les revendications de la minorité? Pour que nous puissions construire ensemble un projet de société pour les 50 ou 100 ans à venir, et éviter que, le lendemain du référendum, la Calédonie ne soit rattrapée par les démons du passé et qu elle puisse connaitre un développement serein, durable et une prospérité partagée. 65

55 Au chapitre des concessions, je l ai déjà dit, en donner plus ce serait en donner trop! Il convient maintenant de changer d'angle. Ne plus se demander ce qu'on peut encore «lâcher» aux indépendantistes, pour simplement gagner du temps mais savoir ce que nous voulons durablement faire de la société calédonienne. Avant d évoquer les hypothèses pour notre avenir institutionnel, je pense qu il faut d abord se poser une question et prendre un engagement. La question que l on doit se poser est la suivante : peut-on sincèrement croire que les indépendantistes cesseront de revendiquer l'indépendance le lendemain du référendum parce qu ils auront été battus dans les urnes? La réponse est non, bien évidemment. Les indépendantistes ne renonceront pas à l indépendance, ne cesseront pas d'être indépendantistes parce qu'ils auront perdu un référendum! Il nous faut donc laisser une porte ouverte dans notre futur projet, pour laisser un espoir aux indépendantistes. Rappelons-nous alors les propos de Valéry Giscard d Estaing en 1979 qui déclarait que: «Tant que la majorité de la population de Calédonie veut rester dans la France, la Calédonie restera française». A contrario : difficile d imaginer que si un jour, la majorité des Calédoniens voulait 66

56 l'indépendance, elle ne puisse pas l obtenir. Tout l enjeu est donc de permettre à la majorité qui veut le maintien dans la France de vivre librement son projet de société sans tabou ni crainte tout en permettant aux indépendantistes de garder l'espoir de satisfaire un jour leur revendication idéologique. Une solution existe : elle nous vient du Québec. La Belle province nourrit à l égard de la Couronne britannique, puis du Canada des velléités de sécession et d indépendance, que son histoire rend indiscutables. Avec ses 8,3 millions d habitants et son PIB supérieur à celui des autres provinces et territoires, le Québec aurait, plus sûrement que la Nouvelle-Calédonie, les moyens de ses ambitions : mais deux référendums (en 1980 et 1995) viendront confirmer son attachement au Canada. A l instar des Calédoniens, les Québécois ont tout obtenu en termes d autonomie et de reconnaissance de leurs particularismes du gouvernement fédéral d Ottawa. Mais la revendication indépendantiste n a jamais quitté les rives du Saint-Laurent. Pour préserver la prospérité du pays, continuer d attirer les investisseurs, maintenir la confiance des forces vives sans qu elles aient en permanence 67

57 le sentiment d avoir une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes, les Canadiens ont inventé, ce que j appellerais «l engagement référendaire d initiative populaire». De 1982 à 1995, tantôt le gouvernement fédéral, tantôt la province du Québec, ont ainsi peaufiné une «loi sur l exercice des droits fondamentaux et des prérogatives du peuple québécois et de l Etat du Québec». De quoi s agit-il? Un nombre significatif de Québécois représentatifs de toutes les communes peut proposer l organisation d un référendum d initiative populaire sur l indépendance de leur province. Si 50% de la population le décide, le statut du Québec peut changer. En revanche, si la réponse est non à l indépendance, 20 années devront passer pour éventuellement pouvoir reposer la question, selon la même procédure. L option de l indépendance reste ouverte, mais le temps donne de la lisibilité. La Nouvelle-Calédonie pourrait s en inspirer. L engagement référendaire d initiative populaire, que je propose, pourrait s articuler ainsi : 1- La Nouvelle-Calédonie est une collectivité faisant partie intégrante du territoire de la République française avec toute l autonomie que nous lui 68

58 connaissons aujourd hui, aussi longtemps qu une majorité de Calédoniens n a pas décidé, par référendum, du contraire. 2- La revendication indépendantiste n est pas éteinte et pourrait à l avenir s exprimer localement par voie référendaire. 3- Pour déclencher un référendum local sur l indépendance il faut recueillir en mairies la signature de la moitié des personnes inscrites sur les listes électorales (soit à ce jour environ personnes). Cette «pétition» s organise formellement et en mairie, dans le cadre d une organisation officielle. 4- Le rejet de l indépendance par voie référendaire ouvre une nouvelle période de 25 années pendant laquelle la question ne pourra plus se poser. 25 ans c est une génération. Ainsi chaque génération aurait à nouveau la possibilité de s exprimer. Une solution équilibrée, qui ne stigmatise aucun camp au détriment de l autre, mais reconnait aux indépendantistes un possible accès démocratique à leur revendication de pleine souveraineté, évite les échéances anxiogènes des trois référendums 69

59 que nous promettait l Accord de Nouméa et garantit à tous un débat politique assaini de cette question qui mobilise les arrière-pensées de tous et empêche de se consacrer pleinement au quotidien des Calédoniens. Finalement, ce sont les Calédoniens eux-mêmes, dans une démarche individuelle, volontaire et directe qui, au travers de la pétition, inscriront dorénavant cette question à l ordre du jour du calendrier politique. Les élus des institutions, débarrassés de cette préoccupation, pourront dédier tout leur temps et leur énergie à la société qu ils veulent construire : un chemin partagé pour un développement de la Nouvelle-Calédonie au profit de tous. Cette sérénité pourrait nous permettre, enfin, de faire quelque chose des compétences que nous avons acquises. Construire un droit du travail, une fiscalité, un système de santé, un système éducatif adaptés aux réalités locales. Lorsque nous serons enfin sortis de la marmite d eau fumante, nous pourrons enfin trouver pour la Calédonie, des recettes qui fonctionnent. La Calédonie ainsi débarrassée des échéanciers constitutionnels que nous connaissons actuelle- 70

60 ment sous l Accord de Nouméa, nous pourrons faire changer les mentalités des gouvernants, des dirigeants, responsables et hauts fonctionnaires français, pour promouvoir un statut particulier mais pérenne pour la Nouvelle-Calédonie dans la Constitution française. De nouvelles relations devront désormais se tisser durablement avec les services, organismes et autres établissements publics nationaux qui, depuis les accords il faut le reconnaitre, ont spontanément et considérablement distendu leurs relations avec la Nouvelle-Calédonie, la classant parfois déjà par une anticipation malheureuse, parmi les partenaires étrangers aux coté du Burkina Faso ou de la Wallonie belge. Or et je ne cesserai jamais de le clamer, la Nouvelle- Calédonie, c est la France! * *** 71

61 CHAPITRE III POUR QUE SOUFFLE UN NOUVEL ESPRIT PIONNIER Ma carrière professionnelle prend ses racines dans la fonction publique : c est une évidence que je ne peux nier. Chacun le sait, mes parents étaient tous deux enseignants. Une fois bouclé mon parcours universitaire, j ai moi aussi choisi de rejoindre le secteur public avec un poste d ingénieur informatique à la Direction des technologies et des services de l information de le Nouvelle-Calédonie, la DTSI. J y ai rencontré des gens formidables, qui plaçaient l intérêt général bien avant leurs ambitions ou leur petit confort de vie. C est important de le souligner, et j y tiens beaucoup, car trop souvent ces professionnels exemplaires et dévoués sont les premières victimes du portrait du fonctionnaire que l on aime à brosser à grands traits caricaturaux. 73

62 Au-delà de ce lien personnel et très fort que j entretiens avec le service public, puisque j ai également présidé le premier syndicat de la fonction publique calédonienne, la CFE-CGC, j ai toujours nourri une immense admiration pour ceux qui choisissent, malgré tous les risques que cela suppose, de créer leur entreprise. Au-delà d un choix professionnel, je vois cela comme un véritable choix de vie. Celui qui choisit d être son propre patron et de n avoir de comptes à rendre qu à luimême ; mais aussi celui de s imposer, quelque part, l obligation de réussir. Car les conséquences en cas d échec peuvent se révéler douloureuses : financièrement, professionnellement et personnellement - notamment sur le plan familial. Je fais le constat qu aujourd hui, l engagement des dirigeants d entreprises, leur investissement personnel et souvent financier, cette foi dans leur travail et dans celui de leurs salariés, ne sont plus estimés à leur juste valeur. La Nouvelle-Calédonie a toujours été une terre d entrepreneurs, où l esprit d aventure, l esprit pionnier, a prédominé. Dans ce pays neuf, sur cette terre de nickel, beaucoup de gens sont venus investir et travailler. Tout restait à faire, à inventer, et avec de l ingéniosité et de la bonne volonté, tout était 74

63 alors possible. Dans les années 1970, le boom du nickel a vu renaître cet esprit pionnier qui avait présidé aux débuts économiques de la Nouvelle- Calédonie. En revanche les deux dernières décennies l ont vu décroître. Le poids du secteur public a augmenté et, pour des raisons évidentes de sécurité, de nombreux jeunes Calédoniens ont préféré embrasser une carrière de fonctionnaire plutôt que de se risquer dans les entreprises. La politique économique a été marquée dans les années 90 par une doctrine libérale, au service des entreprises créatrices de richesses et de valeur ajoutée. Elle a généré une croissance exceptionnelle. Avec l arrivée au pouvoir de l Avenir Ensemble en 2004, cette politique a évolué vers un modèle plus social, avec des avancées sans doute nécessaires, mais qui s est transformée au fur et à mesure de la prise de pouvoir de Calédonie Ensemble, vers une politique socialiste d assistanat et de stigmatisation des entreprises et des créateurs de richesse. Ces dix dernières années, la réglementation du travail s est alourdie et complexifiée. Les impôts ont augmenté, les Calédoniens se sont vus imposer une contribution de solidarité, la CCS, calquée sur la CSG métropolitaine. Parallèlement à ces «copier- 75

64 coller» d inspiration socialiste dont on sait pourtant qu il conduit la métropole à la faillite, la mentalité calédonienne a changé. Le patron est montré du doigt. Soupçonné de «s enrichir sur le dos des autres» ; de dissimuler ses richesses, en fraudant systématiquement le fisc. Bref, de sacrifier l intérêt général au bénéfice du profit personnel. Or, on oublie trop souvent qu il n y a pas que des grands patrons, riches à milliards (pas si nombreux que ça). Il y a d abord ceux, la très grande majorité, qui dirigent des petites et moyennes entreprises, qui mouillent leur chemise au quotidien pour euxmêmes bien sûr, mais aussi pour les salariés qu ils emploient. Il y a aussi le tissu extrêmement dense en Nouvelle-Calédonie, des patentés, qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour gagner le salaire qui fait vivre leur famille. Ces deux catégories d entrepreneurs ne sont ni riches, ni protégés par le système. S ils tombent malades, et qu ils ne peuvent plus travailler, ils perdront des revenus et, dans les cas les plus graves, cela peut entrainer la fin de leur activité. Je l ai déjà dit, ils sont aussi et surtout des créateurs de richesses, les seuls d ailleurs dans notre modèle économique. Ils créent, innovent, explorent de nouveaux marchés, exportent quand ils le peuvent, et 76

65 bien évidemment, ils paient des impôts. Leur contribution fiscale globale, estimée à 43,6 milliards en 2016, permet de financer le système de santé, les services publics, la réalisation des infrastructures publiques sans oublier les salaires versés à leurs salariés. Ils font de la Calédonie le territoire les plus développé des Outre-mer français, avec un PIB par habitant de près de 3.1 M FCFP par habitant. Pour conclure, nous devons aux entrepreneurs privés une grande partie de nos ressources. Parce qu ils sont donc indispensables, il convient de les soutenir, en les reconnaissant à leur juste valeur, en valorisant leur travail et en les laissant libres de produire, en quantité et en qualité, avec une réglementation adaptée, simple, et flexible. Je pense que, dans sa conception de l entreprenariat, la Calédonie est plus proche des Etats-Unis que de la Métropole où le patronat meurt à petit feu, étouffé par des prélèvements sociaux et des lourdeurs administratives qui semblent chaque année gagner un peu plus de terrain. Le modèle économique français n est pour autant pas dénué d avantages avec notamment une productivité parmi les plus élevées d Europe. La Calédonie doit s inspirer de ces deux modèles pour prendre le meilleur de ce qu ils peuvent apporter et en faire 77

66 la synthèse pour construire un modèle économique performant. J avoue me reconnaître pleinement dans le pragmatisme anglo-saxon qui rend le travail efficace et rémunérateur. L ambition et la réussite personnelle ne doivent pas être des gros mots ; au contraire elles doivent servir d exemple. Le travail doit être perçu comme un moteur essentiel de l ascenseur social. La Nouvelle-Calédonie a la chance de connaitre un faible taux de chômage, l un des moins élevés des Outre-Mer français. En l absence de RMI ou autre RSA et minima sociaux, les Calédoniens savent que pour vivre, il faut s en donner les moyens et travailler. Ne gâchons pas cette chance en reproduisant le système d assistanat métropolitain. Certains, notamment Philippe Gomès et Calédonie Ensemble souhaitent nous entrainer dans cette voie. A grands coups de slogans démagogiques et électoralistes «pour ne laisser personne au bord du chemin», ils instillent insidieusement les germes des dérives futures. Allocations et mesures sociales de plus en plus généreuses, exemption totale d impôts pour les ménages les plus modestes, sont autant d exemples de dispositions généreuses certes, mais qui pèseront directement ou indirectement sur les classes moyennes et les entreprises. 78

67 Il faut impérativement remettre le bon sens économique, celui du bon père de famille, au cœur de la politique économique locale. Un franc dépensé doit correspondre à un franc gagné et tout le monde doit contribuer à hauteur de ses ressources à l impôt, même si la contribution est modeste. C est un principe de base, pour que Chaque Calédonien se sente concerné par la «chose publique». Au moment d écrire ce livre, j ai partagé cette vision des choses avec certains de mes interlocuteurs. Je me suis entendue répondre qu il était risqué, par les temps actuels, de mettre en avant cet attachement pour la libre entreprise. Qu il était imprudent de souligner la part importante de nos entreprises dans le tissu économique calédonien. Et presque impudent de s en montrer fière. J ai décidé sur ce sujet comme sur les autres de dire ce que j ai au fond de moi: je préfère être critiquée pour ce que je pense que portée aux nues pour des mensonges. Je veux, dans ces pages, vous livrer mon intime conviction : si nous perdons notre esprit pionnier, cet élan, cette capacité d entreprendre et de prendre des risques qui ont fait la Calédonie, alors c est une partie de notre âme que nous allons perdre. 79

68 Il faut aussi sans doute que nos entreprises locales, particulièrement celles dont la production touche le quotidien des Calédoniens, apprennent à se faire aimer des consommateurs. On ne décrète pas le succès d un produit uniquement en expliquant qu il est fabriqué localement et que des emplois sont à la clef. Des emplois en jeu, il y en a également du côté des importateurs, des distributeurs ou des transformateurs. Un produit calédonien n est pas exempt d une obligation de qualité simplement parce qu il est fabriqué localement. Or malheureusement certains producteurs jouent un peu les enfants gâtés en considérant que leur implantation locale doit les exempter d être compétitifs. Un produit calédonien doit être de bonne qualité et logiquement compétitif au niveau tarifaire. Les Calédoniens ne s y trompent plus, en «consommacteurs» avisés, ils nous ont montré par une mobilisation spontanée qu ils ne se feraient plus imposer n importe quelles croquettes pour animaux! L exemple peut paraitre futile mais il est représentatif d un changement de comportement des consommateurs. Les mesures «STOP» à l importation, censées protéger l industrie locale ne sont plus une solution. Ils 80

69 créent des monopoles, parfois des pénuries qui font grimper les prix, et horripilent de plus en plus les consommateurs de mieux en mieux informés grâce à internet et mobilisés pour défendre leurs intérêts. Malheureusement, avec la gouvernance socialiste de ces quatre dernières années, relayée ici par la coalition Calédonie ensemble-flnks, l esprit pionnier est bel et bien en train de s essouffler. Comment d ailleurs pourrait-il survivre? Depuis sa prise de pouvoir, Calédonie ensemble n a eu de cesse de mettre en œuvre une politique de nivellement par le bas, de développement de l assistanat et de mainmise totale du pouvoir en place sur l économie. Ce faisant, le parti de Philippe Gomès s est acquis le soutien des formations indépendantistes, qui se reconnaissent pleinement dans cette vision gauchiste, voire marxiste parfois de l économie. Leur complicité politique s est renforcée au fil des mois, et nous avons pu voir maintes fois au Congrès la majorité que j appelle nationalo-indépendantiste voter ensemble des textes allant dans son sens, comme la loi compétitivité ou la réforme de l impôt sur le revenu. Tout a commencé d ailleurs le 1er avril 2015 lorsque, après de longues tractations d alcôves, Phi- 81

70 lippe Germain a été porté à la présidence du gouvernement grâce aux voix indépendantistes. En contrepartie, il avait été acté qu il mènerait les réformes souhaitées par cette nouvelle majorité de circonstance. Quelques semaines plus tard, le discours de politique générale du nouveau président, aux accents socialo-indépendantistes dans ses orientations comme dans sa sémantique, démontrait de manière éclatante la naissance de ce nouvel axe de gouvernance. Un hebdomadaire local avait alors titré : «Philippe Germain : L élu du FLNKS». Les journalistes imaginaient-ils à cet instant à quel point la suite allait leur donner raison? Je ne crois pas. Généralisation des protections de marché pour satisfaire certains lobbys amis, hausse importante de la fiscalité pénalisant les classes moyennes, les familles et les entreprises, accumulation des normes à donner le vertige : les exemples des dérives socialisantes de Calédonie ensemble sont pléthoriques. Parmi ces exemples, deux conflits majeurs me viennent à l esprit. D abord, celui dit «des rouleurs», en août 2015 Ces dizaines de camions envahissant des semaines durant le parking de la baie de la Moselle, à deux pas du gouvernement. Ce gouvernement qui ne voulait pas les entendre. Ce conflit 82

71 des rouleurs m a profondément marquée. Il symbolise à lui seul tous les maux qu une ingérence politique peut produire. C est pourquoi il est essentiel de bien se remémorer l origine et les causes de cette manifestation. Que voulaient ces hommes et ces femmes rassemblés route des Artifices? Des marchés, des aides, des subventions? Que, soit dit au passage, le gouvernement leur a proposées puisqu il envisageait de recourir au fonds nickel pour «les satisfaire». Non : ils avaient déjà des contrats. Ce que demandaient ces hommes et ces femmes à l exécutif, c était simplement de les autoriser, pour les aider à traverser cette période de crise, à exporter leur minerai vers les destinations de leur choix et diversifier leur clientèle. Pour faire court : ils souhaitaient simplement qu on les laisse travailler librement, pour pouvoir continuer de payer leurs traites et nourrir leurs familles. Le gouvernement Germain leur a alors opposé une fin de non-recevoir. Jamais le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie n a traité avec autant de mépris une revendication, qui plus est légitime. Jamais la porte de l exécutif n était restée aussi fermée à l écoute, au dialogue et à la négociation. Pourquoi? Parce que la juste demande des rouleurs se heur- 83

72 tait à la fameuse «doctrine nickel du Nord», portée par le Palika, et par ricochet, par Calédonie Ensemble. Et que la doctrine Nickel faisait partie des contreparties accordées par Calédonie Ensemble au Palika pour obtenir la présidence du gouvernement. L objectif de cette «doctrine nickel» visait à permettre l exportation de la totalité du minerai calédonien vers l opérateur coréen. Plusieurs décisions du gouvernement ont d ailleurs largement favorisé l usine du Nord : un contrat d exportation vers la Corée d une durée encore jamais vue, ou encore le cadeau fiscal déguisé en «remise gracieuse» de 2,9 milliards à la SMSP. Les contribuables calédoniens apprécieront. Mais revenons au conflit des rouleurs. Le président du gouvernement Philippe Germain a alors tout tenté pour éviter d avoir à accorder les autorisations d exportation. Allant même jusqu à fournir un drôle de courrier de l opérateur australien QNI, traduit en français par on ne sait qui et non signé, indiquant qu il accepterait de prendre le double des tonnages fournis. Chacun, alors, connaissait la situation financière du sulfureux Clive Palmer, patron de QNI, entreprise déclarée en faillite quelques semaines à peine après ce douteux épisode. Quelle perspicacité de la part du gouvernement Germain! 84

73 Il ne faudra rien moins que l intervention d un médiateur, plusieurs réunions sous l égide de l Etat et un vote du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, pour débloquer la situation et contraindre les partisans de la doctrine nickel du Nord, c est-à-dire Calédonie Ensemble et le Palika, à accepter d accorder ces autorisations d exportations. Quel immense gâchis. Un gâchis en énergie et en temps, parce que ce conflit n aurait jamais dû se produire, ni durer aussi longtemps. On pouvait voir dans cette foule bigarrée, massée Baie de la Moselle entre les allées des camions, une représentation saisissante de la Nouvelle-Calédonie : des hommes et des femmes issus de toutes les ethnies et aux identités multiples, arborant des tee-shirts kanaky, des drapeaux bleu blanc rouge flottant sur les pickups, ou encore des chapeaux de cow-boys. On était bien loin de la soi-disant récupération politique évoquée par Calédonie Ensemble. Bien sûr, il est nécessaire de réglementer l exportation de notre nickel, il n est pas question de dilapider le capital des Calédoniens. Le nickel est une richesse qui doit être valorisée pour être mise au service de l économie calédonienne dans sa globalité, pas uniquement au service d un seul 85

74 opérateur ou d une idéologie politique. J ai la conviction que la collectivité doit avoir la maîtrise de la teneur et du volume des exportations. En revanche, les entreprises, qui sont compétentes dans leur domaine, doivent garder la main sur la politique commerciale à mener et le choix de leurs débouchés. C est leur intérêt, ainsi, il ne faut pas l oublier, que celui de la collectivité en termes d emplois et de recettes fiscales. Si l exécutif avait privilégié cette stratégie, qui relève du simple bon sens, le conflit des rouleurs n aurait jamais eu lieu, et de précieuses semaines, voire des mois auraient été gagnés Le deuxième conflit emblématique du dogmatisme de Calédonie Ensemble concerne la manifestation des patrons d entreprises, commerçants, et de leurs salariés devant le Congrès, en août 2016, quelques jours avant le passage de la loi sur la compétitivité devant les élus du boulevard Vauban Revenons sur les circonstances qui ont motivé cette manifestation des patrons, mobilisation suffisamment rare pour être soulignée Tous les groupes politiques et les syndicats des patrons, commerçants et salariés qui participaient aux discussions sur la mise en place de la taxe 86

75 générale à la consommation, la TGC, étaient tombés d accord sur l instauration d un dispositif de contrôle des prix, destiné à limiter un risque inflationniste réel. Sauf que la réforme d inspiration marxiste proposée alors par Calédonie Ensemble et soutenue par les indépendantistes, autorisait ni plus ni moins le gouvernement à fixer l ensemble des prix en Nouvelle-Calédonie, en baissant de manière arbitraire les marges des entreprises. Bref, on assistait, ni plus ni moins, à la mainmise totale du pouvoir politique sur l économie. Cette mesure du parti de Philippe Gomès est évidemment à portée électoraliste. Le problème, c est qu elle n opère aucune distinction entre une application de taux de marges raisonnables par les chefs d entreprise, qui leur permettent de payer leurs charges et les salaires de leurs employés; et l application de marges excessives créant des situations de réel abus. La conséquence? Une baisse arbitraire et systématique des taux de marge pénaliserait injustement ceux qui jusque-là «jouaient le jeu». Ils seraient, au mieux, mis en difficulté, au pire, dans l obligation de licencier du personnel voire de mettre la clé sous la porte. En revanche, la minorité qui avait l habitude d appliquer des taux de marge déraisonnables, eh bien ceux-là, se verraient confortés dans leur situation. 87

76 Je me souviens d une anecdote survenue le jour de cette manifestation. Elle illustre bien, je crois, mon propos sur le caractère électoraliste de la loi sur la compétitivité de Calédonie Ensemble. Et démontre à quel point mes choix de société sont à l opposé de ceux du parti de Philippe Gomès visiblement nostalgique de l économie dirigée des républiques socialistes du siècle dernier. Plus de 1500 dirigeants de sociétés sont donc venus manifester devant le Congrès, alors que le texte de la loi sur la compétitivité était examiné par la commission de la législation et de la réglementation économiques et fiscales. Il s agissait, pour la plupart, de chefs de petites et moyennes entreprises, et de commerçants. Autant de petites structures qui venaient faire part de leurs inquiétudes aux élus, face à une loi compétitivité qu ils ressentaient comme une menace et une injustice. De nombreux salariés étaient venus eux aussi ce jour-là défendre leur emploi. On était bien loin d une «manifestation des grands patrons», comme Calédonie Ensemble s est plu à l affirmer pour en minimiser la portée. Là, dans une salle du Congrès, nous étions quelques élus à écouter les différents discours et propos 88

77 venus de la rue. J apostrophe alors l un des Philippe de Calédonie ensemble qui se tenait à mes côtés : «Regarde, ce sont quand même 1500 chefs d entreprises qui manifestent ; ce n est pas anodin. Tu te rends compte qu ils ne sont pas descendus dans la rue depuis 1988? Ça veut bien dire qu il y a un réel problème» Des mois après, je reste sidérée par le cynisme de sa réponse : «Mais Sonia, ces 1500-là, je te les laisse volontiers. Moi, je vais chercher les voix de tous les autres». Le risque avéré que ceux-là justement perdent leur emploi était balayé d un revers de main au profit d une communication à outrance sur les patrons qui «se goinfrent sur le dos des Calédoniens». Cette phrase résume à elle seule la politique du parti de Philippe Gomès, faite d un mélange de populisme et de petits et grands calculs électoraux. Un peu plus tard, Calédonie Ensemble et ses alliés indépendantistes ont voté la loi compétitivité au Congrès. Si ces deux conflits représentent des faits particulièrement saillants dans la mise en place de l économie dirigée de Calédonie Ensemble, soutenue par les indépendantistes, l ensemble des décisions prises depuis le 1 er avril 2015 a entraîné 89

78 une crise de confiance durable, dans un contexte de crise économique. Et, au-delà des indices de confiance en berne, des destructions d emplois : au troisième trimestre 2016, près de 8000 personnes étaient sans travail, soit une augmentation du chômage de 12% en un an. Si la situation est grave, elle n est pas pour autant désespérée. Ne tombons pas dans le catastrophisme : la Nouvelle-Calédonie dispose d un immense potentiel et d une population d entrepreneurs qui ne demande qu à investir et créer de l emploi. Ce goût d entreprendre, cet esprit pionnier dont je parlais un peu plus haut, ne demandent qu à être stimulés. Pour libérer les énergies, il faut réduire la contrainte administrative, ramener la pression fiscale à un niveau supportable pour tous, et prendre des mesures de relance de l investissement et de la consommation. Mon projet économique pour la Nouvelle-Calédonie s articule notamment autour de deux axes : 1. Une fiscalité au service du développement économique Au cours des deux dernières années, la création de la contribution calédonienne de solidarité, les 90

79 hausses de la Taxe Sur les Produits Agroalimentaires (TSPA), de la taxe sur les assurances et des taxes sur les carburants, ont considérablement augmenté la pression fiscale, pénalisant le pouvoir d achat des Calédoniens et plombant ainsi l économie par une baisse de la consommation des ménages. Cette augmentation de la fiscalité fait suite à la hausse importante des dépenses publiques de ces vingt dernières années. C est pourquoi je préconise un plan de réduction à grande échelle du coût de nos collectivités. Comment procéder? En agissant sur la répartition des différentes missions des collectivités. Avec les accords de Matignon puis de Nouméa, de nombreux établissements publics ont été créés ; certains se partagent parfois la même compétence, en multipliant des dépenses pour une même mission de service public. Un exemple : la formation professionnelle. Est-il raisonnable de maintenir des structures à des coûts prohibitifs, pour des résultats peu probants? Autres exemples : les secteurs du tourisme et de l environnement, à cheval entre les provinces et le gouvernement, auraient intérêt à être confiés à la seule Nouvelle-Calédonie. Les économies réalisées par la diminution de la dépense publique conséquente à une répartition plus cohé- 91

80 rente des missions des collectivités, seront redistribuées sous forme de baisses de charges et d impôts en direction des entreprises et des particuliers. Un oxygène nécessaire au redémarrage de notre économie. Je milite également pour la mise en place d un fonds de stabilisation budgétaire qui viendrait amortir les variations de fiscalité dans les budgets. Alors que la TGC devait venir simplifier notre système fiscal, la voici déjà flanquée de cinq taux différents. C est trop complexe. Je souhaite la voir ramenée à deux taux. L ensemble de notre système fiscal gagnerait à s inspirer du modèle néo-zélandais, l un des plus simples et plus efficaces au monde. Enfin, l impôt doit être juste pour être utile. Je trouve normal qu une personne à revenus élevés paie un impôt important. En revanche, il me semble tout-à-fait anormal que les faibles revenus soient totalement exonérés d impôt. Une contribution limitée, suffirait à responsabiliser chacun, à l impliquer dans le fonctionnement de la société, à lui faire prendre conscience que, non, tout n est pas gratuit. Cette réforme de la fiscalité devra être réalisée en début de mandature et rester en l état durant les cinq années suivantes, afin d offrir stabilité et lisibi- 92

81 lité aux entreprises comme aux particuliers. 2. Une économie calédonienne compétitive, concurrentielle, diversifiée La baisse des cours du nickel a fait voler en éclats les rêves et les discours des illusionnistes, pour lesquels cette ressource justifiait une prise majoritaire dans le capital de la SLN et permettait le financement l indépendance. «51%» : ce chiffre constituait un slogan à lui tout seul. Si nous avions écouté ces illusionnistes, il nous aurait fallu dépenser la totalité des impôts payés par les Calédoniens pour sauver les trois usines du pays. L intervention de l Etat au cœur de la crise, à hauteur de 140 milliards de CFP, a démontré une nouvelle fois notre incapacité manifeste à être indépendants. En dépit de la crise, le nickel demeure un élément structurant de notre économie. Mais le secteur souffre d un manque de politique globale : la compétence est partagée entre le gouvernement et les provinces ; les parts de la Nouvelle-Calédonie sont diluées dans de nombreuses sociétés: la STCPI, la SOFINOR, la SPMSC, la SMSP. Je propose que la compétence nickel soit gérée par le seul gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Je 93

82 souhaite également la création d une société de participation unique qui détiendrait l ensemble des parts de la Nouvelle-Calédonie dans les sociétés minières, et abonderait le fonds pour les générations futures. C est seulement au travers d une politique nickel cohérente et pragmatique que la Calédonie et les Calédoniens pourront bénéficier des retombées de cette richesse, notamment bien sûr en cas de remontée des cours. Cette crise du nickel nous a démontré que notre économie avait plus que jamais besoin de diversification pour se préserver de la volatilité du marché de nos minerais. Il lui faut également devenir plus compétitive, et plus concurrentielle. Je préconise pour cela une loi d orientation économique, construite autour des axes suivants : - la diversification de l économie calédonienne : Les secteurs prioritaires à la diversification devront être définis. Le tourisme, notamment de croisière, l économie bleue et verte pour lesquelles la Calédonie possède un réel potentiel, m apparaissent d emblée comme éligibles. 94

83 Les secteurs qui doivent être considérés comme prioritaires sont ceux qui impactent le plus les Calédoniens dans leur quotidien, afin de soulager notre balance commerciale. Il faut pouvoir leur donner le choix et leur proposer des produits locaux de qualité à un prix raisonnable. C est pourquoi je soutiendrai en priorité le secteur agroalimentaire, seule filière intégrée réellement existante sur le territoire. Il faut permettre aux producteurs agricoles d écouler une partie de leurs produits et aux industriels locaux de les transformer pour les mettre sur le marché et créer ainsi de la valeur ajoutée. Les succès calédoniens existent, il faut les encourager et en faire des exemples, d autant que certains font appels à des procédés innovants. Si le produit fini, réalisé localement, est de bonne qualité, il se substituera naturellement et sans artifice aux produits d importation. Le lagon calédonien est un écosystème remarquable, il dispose aussi de ressources insuffisamment exploitées. L économie bleue, qu il s agisse des ressources halieutiques, des biotechnologies, ou encore de l énergie houlomotrice, doit prendre la place qui est la sienne dans l économie d un archipel résolument tournée vers la mer. Enfin, les ressources végétales, dans le cadre d une exploitation raisonnée, doivent permettre le renforcement 95

84 des filières balbutiantes de l économie verte calédonienne. La sylviculture offre de réelles chances de permettre une substitution à certaines importations de matériaux de construction, et certaines essences calédoniennes, comme le santal, constituent une matière première exceptionnelle dont la qualité est internationalement reconnue. En matière économique et au-delà des secteurs traditionnels comme la mine, le tourisme et l aquaculture, la Nouvelle-Calédonie dispose d autres atouts au potentiel encore important. La puissance publique doit mettre à disposition des acteurs économiques les moyens de les exploiter ou de développer ces nouvelles filières. Ces moyens ce sont les infrastructures, les moyens de communication, la formation des salariés et notamment des cadres, la recherche et le développement. Pour tout le reste, il faut faire confiance aux entrepreneurs, ils connaissent leur affaire et sauront tirer profit des outils que les institutions mettront à leur service. - Des entreprises plus compétitives et une meilleure concurrence dans les marchés : L industrie locale doit être soutenue, je le répète. Mais pas au détriment du consommateur calédonien qui subit parfois la «double peine» : prix 96

85 élevés et manque de choix. Or le consommateur, c est le moteur du marché et sa consommation celui de notre économie. Par ailleurs, les protections de marchés ont été identifiées, tant dans les rapports de l autorité de la concurrence que dans celui du polytechnicien Etienne Wasmer, comme un facteur important de la cherté de vie. La loi du marché est simple et redoutablement efficace : l offre doit rencontrer la demande, et les produits locaux, leurs consommateurs. Un mauvais produit même produit localement ne doit pas être soutenu à tout prix, il mobilise inutilement des deniers publics en aides diverses, il laisse le producteur dans l illusion sans le forcer à revoir la qualité de sa production, et frustre le consommateur. En revanche, il faut accompagner le producteur dans une démarche d amélioration qualitative ou de changement stratégique. Je propose donc de mieux contrôler les mesures de protection de la production locale, et de mettre dans la balance, en contrepartie, innovation, emplois créés et/ou baisses de prix, dans le cadre d un contrat de compétitivité avec le producteur. Les protections de marché ainsi réformées s inscriront dans un dispositif global de soutien à l industrie, et ne concerneront que les filières prio- 97

86 ritaires qui bénéficieront d aides adaptées. Ce dispositif devra favoriser la concurrence, seule hypothèse pour garantir une baisse «naturelle et durable» des prix à la consommation. Pour cette raison, je pense que l installation d une nouvelle enseigne de grande surface en Nouvelle-Calédonie serait une bonne chose. - La simplification administrative au profit du monde économique : Ce sera un volet majeur de cette loi d orientation économique. La simplification administrative doit devenir la priorité des priorités : c est une condition sine qua non de la compétitivité des entreprises. Chaque mesure nouvelle devra s accompagner d une suppression de normes au moins équivalente. Dans une liste de cas précis, le silence de l administration vaudra accord et non plus refus. Enfin, la Nouvelle-Calédonie doit s engager dans une révolution numérique en matière de démarches administratives. La politique économique, imposée par Calédonie ensemble et ses alliés indépendantistes au cours de cette dernière mandature, a surtout consisté à opposer et parfois violemment les Calédoniens entre eux, je l ai démontré. Un peu comme si l on cherchait à imposer des logiques de classes ou de 98

87 castes à une société pionnière qui les récuse. Une autre approche économique est non seulement possible, mais nécessaire : favoriser l initiative et l entreprise, appuyer l activité en recentrant toutes les politiques publiques sur le plein emploi et l amélioration du pouvoir d achat des Calédoniens. Au-delà des incantations gouvernementales, c est la seule et vraie façon de lutter contre la cherté de la vie, qui touche de plus en plus durement les ménages et les classes moyennes en particulier. Le premier pouvoir d'achat c'est d'avoir un emploi. Ensuite, c'est bien la concurrence qui fait baisser les prix. C'est donc la bonne santé des entreprises qui permettra de distribuer de meilleurs salaires. Et la concurrence qui permettra la baisse du coût de la vie. C est la volonté qui m anime et l axe que je souhaite privilégier. * *** 99

88 CHAPITRE IV POUR QUE LES ARBRES NE PERDENT JAMAIS LEURS FEUILLES ET QUE LES FRUITS PUISSENT TOUJOURS MURIR Il y a 30 ans nous nous baignions à la forêt de la Thy, derrière Saint-Louis, avec les enfants qui vivaient là, et qui s'accrochaient comme nous à la corde pour se jeter dans la rivière. Nous prenions en sortant, un milk-shake à la Ferme de Saint-Louis, qui était encore là et pas à Saint-Michel. Il y a 20 ans, nous faisions le tour de Calédonie, en dormant dans la benne du pick-up sans craindre de nous faire agresser. Il y a 10 ans, lorsque je décrivais la Calédonie à des amis en Métropole, je concluais toujours mon propos en disant que c'était un endroit idéal pour élever ses enfants : pas d'insécurité, pas de peur des actes odieux qui peuvent exister dans certaines grandes villes de Métropole, pas ou peu de drogue 101

89 dans ou à proximité des établissements scolaires, pas de risque de violence sur le chemin de l'école, des sorties le soir sans grande inquiétude Et aujourd'hui? Qu'en est il? Non seulement nous avons rattrapé l'insécurité métropolitaine mais nous l'avons dépassée. En 10 ans, le nombre des «atteintes à la personne» (agressions) a doublé : plus de faits en Statistiquement cela équivaut à une personne sur 80 qui en est victime! Les «atteintes aux biens» (cambriolages) sont en progression de 110%, rien qu'en 2015, et impliquent des mineurs dans 60% des cas. On dénombre un peu plus de quatre véhicules volés pour habitants : le double de la France métropolitaine. Autre fléau, autre chiffre, qui avait fait bondir le Garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, lors de sa dernière visite : le nombre d'ivresses par habitant sur la voie publique est 50 fois supérieur à celui la métropole. 50 fois! A titre personnel, j ai été victime durant ces dix dernières années de deux cambriolages, d un caillassage à mon domicile, d un vol de véhicule (retrouvé brûlé à Nakety), et de plusieurs bris de glaces de ma voiture devant chez moi. Je n oublie pas non plus le sort funeste de mon 102

90 cousin Daniel Monteiro sauvagement battu à mort par une jeune femme pour lui voler sa voiture. Ce n est pas là, la transcription d un sentiment d insécurité comme le déclare les autorités pour minimiser les faits. Ce n est pas non plus un témoignage indirect invérifiable, ou une légende urbaine. C est un constat personnel glacial pour l archipel le plus proche du paradis! J'aime la Calédonie. Pendant les six années, au cours desquelles je suis partie faire mes études en métropole, loin d'ici, il me manquait un bout de moi. C'est ma terre. C'est chez moi. Je n'ai pas d'ailleurs. Alors je veux que nous refassions de cette terre, un chez-nous où il fait bon vivre, où nous pouvons élever nos enfants sans qu'ils aient peur de se faire agresser ou voler. Il faut inverser la spirale dans laquelle nous sommes lancés. Casser ce cercle vicieux de la délinquance et de l'insécurité dans lequel nous sommes entrés tant par laxisme que par refus de voir la réalité en face et par tabou enfin pour épargner une communauté dont une partie de la jeunesse est en perdition.. 103

91 C'est pour cela que je propose des mesures fortes, en termes de répression. Pour que les mentalités changent. Et pour faire cesser l'impunité. Cette minorité qui gâche la vie de tous, doit être lourdement punie et empêchée de nuire. Vaste programme dont je mesure les difficultés. Si nous voulons faire changer les choses pour les générations à venir, c'est aussi notre système éducatif qu'il faut faire évoluer. Je suis très attachée à l'école de la République. Pourtant, je suis convaincue que le transfert de compétences nous offre des perspectives que nous n'avons pas encore exploitées. Il faudra faire évoluer notre système éducatif pour qu'il permette à chacun de s'épanouir et de réussir sa vie. Einstein disait «Tout le monde est un génie. Mais si on juge un poisson à sa capacité à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu'il est stupide». Sans doute est-il illusoire de forcer un jeune à rester dans le cursus scolaire général s il ne s y sent pas à sa place, uniquement pour faire plaisir aux parents ou pour «coller» aux statistiques nationales. Il perd son temps, et fait perdre son temps aux autres. S il veut travailler et gagner sa vie, autant qu il apprenne un métier. L apprentissage doit être revalorisé et davantage soutenu pour devenir une 104

92 filière aussi attractive que la filière générale, en offrant des débouchés concrets. Cependant, il ne faut pas se mentir sur les origines de la délinquance. Invoquer la résignation des parents, le système éducatif, la dette coloniale, la perte de repères culturels ou je ne sais encore quel autre prétexte ne nous exonérera pas de regarder la vérité en face. Nous avons en Calédonie un problème majeur avec l'alcool. Encore une fois, les statistiques sont formelles : 90% des violences sont liées à l alcool, qui est responsable de plus de la moitié des accidents de la route. Une partie de notre population ne sait pas boire raisonnablement et a des réactions violentes et désinhibées quand elle boit. Il faut composer avec cette réalité. Alors, il faut empêcher de boire ceux qui ne savent pas le faire avec modération et retenue. On ne peut plus tolérer que l abus d alcool gangrène à ce point notre société et brise chaque année des vies et des familles. Enrayer ce fléau ne relève ni du vœu pieu, ni de l utopie mais demande une tolérance zéro et du courage politique : ce qui explique certainement que les propositions que j ai déposées n avancent pas plus vite au Congrès - D abord, il faut sortir l alcool de la rue et donner aux forces de l ordre les moyens de faire appli- 105

93 quer l interdiction de consommation sur la voie publique. Des Calédoniens font régulièrement l objet d agressions verbales ou physiques, de la part de personnes en état d ébriété sur la voie publique, ce n est pas acceptable, chacun a droit à la tranquillité. Or, nous savons que certaines contraintes administratives limitent l efficacité d intervention des forces de l ordre, notamment des polices municipales, comme : l impossibilité de détruire l alcool consommé sur la voie publique ; la faiblesse des amendes ; le nombre de cellules de dégrisement, qu il faudrait augmenter de manière significative. - Depuis de nombreuses années, des mesures ont été prises pour interdire la vente d alcool certains jours ou à certaines heures. Celles-ci ont démontré leur inefficacité et n ont fait que pénaliser la majorité des Calédoniens qui ont une consommation occasionnelle, et ont développé le marché noir. Il est donc temps de «changer de braquet» et de réglementer la vente d alcool en créant des «bottle shop», comme chez nos voisins anglo-saxons. La présentation d une pièce d identité sera exigée pour protéger les mineurs et empêcher les délinquants alcooliques notoires de consommer. Je sais que ce sera contraignant pour tout le monde, mais c est le prix à payer pour notre tranquillité. 106

94 - Enfin, si l on veut retrouver des routes plus sûres en Calédonie, où l on a cinq fois plus de risques de trouver la mort qu en métropole, il faut se montrer impitoyable avec les chauffards : la confiscation du véhicule en cas d ébriété manifeste au volant ou d état incompatible avec la sécurité routière semble le minimum. L ouverture de nouvelles fourrières est tout aussi indispensable. Le changement des mentalités par une répression lourde et par des mesures de restriction sans doute pesantes pour la plupart d entre nous, est un passage obligé. De la même manière que ceux d'entre nous qui vont en Australie de dépassent jamais la limitation de vitesse car ils savent qu'ils auront avec certitude une amende conséquente, les délinquants calédoniens doivent savoir qu'ils seront arrêtés et lourdement sanctionnés s ils enfreignent la loi. «La liberté sans l'autorité, c'est l'anarchie», disait François Fillon, lors de sa campagne pour la primaire de la droite et du centre. «Il faut mettre des mots sur les actes : un criminel n'est pas une victime, c'est un criminel, un délinquant n'est pas un mineur qui se cherche, c'est un délinquant ( )» Je souscris à 100% à ces propos du candidat de la droite à l élection présidentielle. J'y ajouterais une déclinaison locale et dans le même esprit : Saint- 107

95 Louis, ce n'est pas une route bloquée, c'est une prise d'otages armée. Ceux qui tirent sur les gendarmes, les policiers et les pompiers ce ne sont pas des jeunes victimes de la colonisation et en perte de repères, ce sont des forcenés qu'il faut neutraliser. A ceux qui nous expliquent que la répression n est pas la solution, je rappelle l impact de la politique menée par Yves Dassonville quand il était hautcommissaire. A chaque conflit dans une entreprise, des pneus brûlaient, les entreprises étaient cadenassées, la circulation était entravée. L ex-directeur de cabinet de Christian Estrosi, envoyé pour remettre de l ordre, a alors décidé la tolérance zéro sur ces blocages. Il a envoyé les forces de l ordre de manière systématique pour libérer les entreprises. Au bout de quelques mois, les mentalités ont changé, les blocages se sont arrêtés, le dialogue social a pu reprendre. J ai multiplié les propositions que le Congrès pourrait entériner. Je veux les rappeler. Pour lutter contre la délinquance des jeunes, il faut : Repenser la justice des mineurs autour d un code pénal adapté. Un tribunal pénal dédié pourrait d ailleurs être créé, afin de juger les crimes et délits dont les auteurs ne sont pas encore majeurs : y compris les comparutions immédiates 108

96 applicables aux jeunes de plus de 16 ans. Mais il faut avant tout re-responsabiliser les parents et la famille, en supprimant les allocations familiales pour les récidivistes : le civisme s apprend, et se mérite aussi! Une tolérance zéro doit s appliquer aux violences scolaires, avec un renforcement des sanctions envers l élève, mais également à l encontre des familles. Renforcer et mieux organiser les peines de travaux d intérêt général au sein des collectivités : lutte contre les tags, espaces verts, services à la personne, aux plus âgés, aux handicapés me semblent des pistes de réinsertion tout à fait crédibles, mais à mieux organiser. Il faut enfin cesser de tergiverser et ouvrir dans les plus brefs délais un centre éducatif surveillé et d insertion par le travail, où les jeunes délinquants pourront réapprendre les codes sociaux, la vie en société, les valeurs du travail : se lever le matin, gagner sa vie, respecter autrui et se respecter L insécurité, la délinquance et la criminalité ne sont pas le seul fait des mineurs. Pour que notre système de valeurs soit cohérent, la société doit se protéger et protéger les plus fragiles. C est le sens du «plan d urgence pour la sécurité» que j ai déposé sur le bureau du Congrès. Je veux en rappeler les principaux points : 109

97 Libérer les policiers et gendarmes des contraintes administratives qui pèsent sur leurs épaules, afin qu ils puissent se recentrer et se concentrer sur leurs missions de terrain: ordre public, renseignement, investigation, lutte contre la délinquance. Donner aux communes les moyens d agir en étendant les compétences des policiers municipaux et leur permettre par exemple de procéder à des contrôles d identité. Si l on veut favoriser la synergie entre les partenaires de la sécurité publique, il faut aussi qu ils aient accès à certains fichiers de police. Prononcer des interdictions de séjour pour les récidivistes qui ont commis des crimes ou des délits dans une commune dont ils ne sont pas résidents. Le non-respect de cette sanction peut valoir un retour immédiat en prison ou la suppression de toutes prestations sociales. Bien évidemment, pour «mettre du bleu» dans nos quartiers, il est impératif de renforcer les effectifs de la police nationale, en favorisant et en organisant le retour des policiers calédoniens affectés en métropole. Cette mesure permettrait de redéployer au moins 25 agents sur le terrain! Lutter contre les vols de voitures, qui finissent la plupart du temps brûlées en tribu, peut s avérer assez simple. Deux axes quittent Nouméa : l un vers le Nord, l autre vers le grand Sud. Installer 110

98 des zones de contrôles à Tontouta et au Mont- Dore dissuaderait à mon sens nombre de candidats à ce trafic. Accroitre la veille renforce la sécurité, chacun le sait. Aussi, il conviendrait de généraliser la vidéosurveillance dans les lieux publics. Un plan d équipement des communes pourrait être mis en place, afin que d ici à cinq ans le maillage soit renforcé et plus efficace. Dans le même ordre d idées, il est nécessaire d instaurer un crédit d impôt pour l acquisition d équipements anti-cambriolage, tant pour les particuliers que pour les entreprises. En Nouvelle-Calédonie, une femme sur quatre est victime de violences conjugales : un chiffre effrayant ; une situation intolérable. Avant de parler de judiciarisation de ces actes, la création d une structure d aide dédiée est urgente pour leur venir en aide. Pour les orienter vers des familles d accueil, les conseiller, les aider à retrouver leur dignité et la force de poursuivre leur agresseur. Je me demande encore comment le pouvoir en place a pu laisser fermer le foyer Massabielle qui accueillait chaque année plusieurs dizaines de femmes en difficulté. Enfin, et ce n est pas nouveau, il faudra bien créer une cellule «sécurité» au haut-commissariat qui centralise et coordonne la lutte contre la délin- 111

99 quance en liaison avec l ensemble des collectivités. Le principe avait même été acté lors du dernier Comité des signataires, mais depuis on attend Enfin, la sécurité publique, des biens et des personnes, est une compétence régalienne et j entends bien qu elle le reste. Même si le concours de tous est nécessaire pour circonscrire le fléau de l insécurité : collectivités (les communes au premier chef), associations, rassemblements de citoyens, agents et autres Quand la sécurité tousse, c est la démocratie qui s enrhume. Or ces derniers mois, on a vu se développer une délinquance politique, ou du moins politisée, «venue de la côte Est», que le maire de Païta oppose à «la délinquance endémique». Saint-Louis en est l exemple le plus flagrant, mais pas le seul. La proximité du référendum, les exégèses de certains leaders sur les supposés miracles de l indépendance et le sempiternel rappel au fait colonial comme excuse, brassent les idées, les illusions et les fantasmes des plus malléables. On a vu le résultat : l irrespect est devenu défiance aux forces de l ordre ; la violence s est faite guérilla, les balles de gros calibres ont remplacé les cailloux. Dans le même temps, des centaines de Montdo- 112

100 riens ou de Nouméens se sont retrouvés otages de la route et de leurs déplacements. Trente ans après les événements et autant de chemin parcouru sur le chemin de la paix et des accords, ce retour en arrière est tout simplement inacceptable et le fait d une minorité exaltée mais capable de tout. L atermoiement de l Etat à user de son autorité a certainement déçu les Calédoniens, comme il m a navrée. On attendait un renforcement de l Etat de droit, on espérait un peu plus de France, que nos libertés de vivre et de circuler soient préservées, reconnues et garanties : rien de tout cela. Rien de réglé, non plus! Mais l ère Hollande, des socialistes et de la culpabilisation comme seul bouclier s achève. A nous d écrire la suite. Reste que les options économiques et sécuritaires sur lesquelles il nous faut engager la Nouvelle-Calédonie du XXIe siècle doivent avant tout servir des combats humanistes. Ces batailles ne seront que la mise en œuvre des valeurs de fraternité et de solidarité que j espère partager avec le plus grand nombre. Cette ambition est grande! Mais si on ne vise pas les étoiles on n atteindra jamais la lune ou bien si les rêves ne sont pas assez grands et bien on va les perdre rapidement de vue. 113

101 La Nouvelle-Calédonie pourrait cesser d être un problème pour la France et devenir enfin une solution ou une force de proposition sur des sujets sociétaux que nous n avons jamais l opportunité d aborder ici ; nous avons pourtant le format idéal pour engager les débats : on pourrait cesser d être uniquement un laboratoire pour les lois institutionnelles et devenir un laboratoire d idées pour mieux vivre. Juste mieux vivre. Car, avant tout il y a l Homme avec un grand H et c est bien le sujet même de la politique que de s en occuper. Ce sont toujours des questions de second plan alors que ce devrait être le cœur, l ADN de l action politique : le bien être du vivant, des hommes et des animaux. Ce ne sont pas des thèmes électoraux, mais je les traiterai avec détermination. L évolution sociétale, et cela quelle que soit la couleur politique devrait nous amener : - A engager la réflexion sur la légalisation de l euthanasie et du suicide assisté. Mais aussi sur l accès universel aux soins palliatifs. Car après trois lois sur la fin de vie en onze ans on meurt toujours aussi mal en France alors que chacun pourrait avoir le droit de disposer comme il l'entend de sa vie, et donc de sa fin de vie. Poser la question de l'acharnement thérapeutique ou des 114

102 «directives anticipées», ouvrir de nouveaux droits. - Nous mobiliser aussi sur tout ce qui touche à la protection des animaux, de l environnement et de la biodiversité. Car on n a pas deux cœurs, l un pour l homme et l autre pour l animal, on a un cœur ou en n en a pas. Lutter sévèrement contre la maltraitance ou la souffrance animale par exemple car si l homme sait être si violent avec ses semblables c est parce qu il s est entraîné auparavant sur les animaux. La bienveillance doit s étendre à tous. - Lutter contre toute forme d ostracisme : l exclusion et le rejet de l autre largement cultivés ces dernières années : cela a été un passage obligé pour permettre aux Calédoniens de prendre en main leur terre et leur avenir mais aujourd hui regardons la manière dont on accueille l autre, l étranger Quel autre pays au monde a une politique d enfermement aussi poussée? Cuba? la Corée du Nord? Beaux exemples vraiment! Un Européen a besoin d un titre de séjour! Est-ce qu on a si peur de l autre qu on préfère s enfermer, comme dans une prison dorée? Bref, «Pour que les arbres ne perdent jamais leurs 115

103 feuilles et que les fruits puissent toujours mûrir» Et qu il y ait des hommes et des femmes de bonne volonté pour en profiter. 116

104 CONCLUSION LIBRE, MA PASSION CALEDONIENNE Après ces dix années d engagement politique à la province Sud, au Congrès, à la mairie de Nouméa, au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et plus de vingt ans à militer pour la droite loyaliste au RPR, devenu UMP puis Républicains, je tenais à vous exposer ce en quoi je crois pour qu un nouveau projet pour la Calédonie émerge des prochains scrutins, législatif et référendaire. Qu elle renoue avec l esprit de ses pionniers et regarde ses entrepreneurs d aujourd hui comme les forces vives, sources de son dynamisme économique. Qu elle accepte sans complexe de tourner définitivement la page de la colonisation et qu elle cesse de se repentir pour les erreurs du passé. Qu elle conduise tous les Calédoniens sur le chemin de la confiance partagée, de la paix et de la prospérité. C est l engagement que nous devons prendre devant nos enfants et pour les générations futures. 117

105 Or tout cela n est possible que dans la France. J en ai la conviction profonde. Le calendrier électoral veut qu avant le référendum de 2018, il y ait une élection présidentielle qui tournera la page du quinquennat désastreux du socialiste François Hollande et ouvrira celle d un retour de la droite à la tête de l Etat, j en suis convaincue. La présidentielle sera suivie des élections législatives les 11 et 18 juin J ai choisi d écrire ce livre et de l éditer à mes frais parce que mes convictions vont au-delà d un scrutin, fût-il le scrutin législatif sans doute le plus important de notre histoire. Le plus important car les personnes que les Calédoniens choisiront en juin prochain seront les défenseurs de la Calédonie française d après Elles représenteront la Calédonie à l Assemblée nationale et défendront les intérêts des Calédoniens pendant les cinq prochaines années. Elles seront là pendant toute la période de préparation du référendum de Ce sont elles qui devront œuvrer pour que ce référendum soit incontestable et son résultat incontesté, pour que la question soit claire et sans équivoque et pour 118

106 construire un projet de société et le futur statut de la Nouvelle-Calédonie pour les décennies qui suivront cette échéance. La période est cruciale. Jamais au cours de notre jeune histoire institutionnelle, un bulletin dans l urne n aura autant compté. Les options laissées aux électeurs sont claires : soutenir le projet d indépendance Kanak socialiste «kanaky» et voter pour des candidats indépendantistes ; opter pour une forme d indépendance «molle» et voter pour Calédonie ensemble. Ou choisir clairement, et sans concession, sans arrangement dans le dos des électeurs de rester dans la France. C est cette dernière alternative que je vous propose avec une solution qui garantira un statut pérenne et original dans l ensemble française : l engagement référendaire d initiative populaire, pour laisser aux Calédoniens le soin de décider directement si l organisation d un référendum d autodétermination leur apparait nécessaire. L avenir de la Calédonie ne sera ainsi plus aux mains des partis politiques ou des élus, mais directement déterminé par les citoyens calédoniens. Les «vices cachés» habilement dissimulés par les uns et les 119

107 autres dans l accord de Nouméa ont laissé un goût amer aux Calédoniens, en particulier sur la question du corps électoral. Il est désormais nécessaire de leur proposer une solution simple et claire et de leur laisser directement l initiative sur leur destinée. Je sais pouvoir compter sur l expérience et le soutien d Harold Martin, de Simon Loueckhote : signataires tous deux de l Accord de Nouméa, ils ont à cœur de finir ce que nos anciens ont accompli, sans dévier du sentier républicain! Je peux aussi compter sur l appui d Isabelle Lafleur, qui porte l héritage de son père, qui a pu nous garantir 30 ans de paix et de prospérité dans la France depuis les «évènements». Sur celui de Didier Leroux, dont le combat pour un modèle de société qui encourage l initiative privée me guide souvent sur les questions économiques, et dont le calme et la sérénité tempèrent souvent mon trop-plein d énergie. Alors, au moment du vote, que chercheront les électeurs non-indépendantistes des candidatures loyalistes? Une personne, qui aura le cran de les défendre, contre vents et marées s il le faut, à la tribune de l Assemblée nationale. Une personne capable de s opposer s il le faut, même aux puissants, une personne capable de dialoguer avec tous 120

108 et de rassembler, une personne franche et sans langue de bois. Pour moi un député n est pas au-dessus du peuple qu il courtise une fois tous les cinq ans, quand l appel des urnes et des privilèges se fait entendre! Je suis sur le terrain, tous les jours depuis que j ai été élue à l écoute des Calédoniens, pour ne jamais perdre de vue ce qu ils vivent au quotidien et leurs attentes. Comme la très grande majorité des Calédoniens, je n ai pas de chauffeur pour me véhiculer, et je conduis mes enfants à l école, au sport ou chez leurs copains. Je connais le prix de la crèche et celui de la cantine, d une baguette, d un sachet de riz ou d un pack de yaourts. Je vois le prix de l essence, quand il augmente comme en début d année. Je fais mes courses comme tout le monde et constate moi aussi que les prix ne baissent pas, malgré toutes les incantations gouvernementales. Je paie un crédit sur 20 ans pour l achat de ma maison. Je ne vis pas hors-sol. Déconnectée. Je sais d où je viens et ne cherche pas à l oublier. Je n aurais jamais l outrecuidance de dire que la classe 121

109 moyenne commence à francs de revenus mensuels et qu au-dessus c est l opulence. Au cinéma comme chez le médecin je fais la queue comme tout le monde et n aspire pas à vivre dissimulée derrière une cocarde tricolore. Je n ai pas l intention de changer. Je suis libre. Déterminée. Engagée. Et je garde toujours en mémoire cette phrase de Churchill, «Il ne sert à rien de dire «Nous avons fait de notre mieux». Il faut réussir à faire ce qui est nécessaire». La Nouvelle-Calédonie et la France m ont beaucoup donné. Je souhaite leur rendre par mon engagement politique l énergie et l enthousiasme de mes convictions. * **** 122

110 Sonia BACKES «LIBRE, ma passion calédonienne» Photo de couverture : Eric AUBRY Couverture et maquette : Bertrand TOURNIER Imprimé sur les presses de EIP (Edition & Impressions du Pacifique) à Nouméa 1 er trimestre Cet ouvrage est imprimé sur le papier blanc Arcole Premium, issu de forêts durables respectant les normes sur l environnement.

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