L être humain a la capacité de se développer sainement luimême de manière innée.

Transcription

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2 L être humain a la capacité de se développer sainement luimême de manière innée. Le rôle de l aidant est d assurer le climat interpersonnel nécessaire à l actualisation de cette potentialié.

3 Définition de la relation d aide selon Rogers: Toute forme de relation interpersonnelle parmi celles «dans lesquelles l un au moins des protagonistes cherche à favoriser chez l autre la croissance, le développement, la maturité, un meilleur fonctionnement et une plus grande capacité d affronter la vie». Rogers affirme qu il est possible pour la personne aidante de créer un climat qui active les ressources de l individu / qui l aide à se reconnecter à sa liberté expérientielle. Les attitudes de la personne aidante comportent trois conditions nécessaires et suffisantes au mouvement thérapeutique.

4 Le client en sait plus sur son moi intérieur que l aidant ( critiques agressives de la part du monde de la psychologie et de la psychothérapie). L aidant aide non au travers d une manière de faire mais au travers d une manière d être.

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6 «Si dans une relation donnée mon attitude est assez congruente, si aucun sentiment qui se rapporte à cette relation n est caché soit à moi-même, soit à l autre, alors je peux être sûr que la relation sera aidante» Définition: La personne aidante se montre tel qu elle est sans masque ni façade. Elle est consciente et accueillante envers ce qu elle ressent dans l ici et maintenant afin que ses sentiments ne court-circuitent pas son écoute. Elle ne dit pas et ne montre pas autre chose que ce qu elle ressent. Incidence sur le comportement: Le client manifeste une confiance accrue dans la relation. Au travers de ce que lui donne à voir la personne aidante, il découvre qu il est possible de vivre et d exprimer ses émotions de manière personnelle et responsable.

7 «Je crois que c est le fait que le thérapeute est réel dans la thérapie qui en fait l élément le plus important. C est lorsque le thérapeute est naturel et spontané qu il semble être le plus efficace. Il se peut qu il s agisse d une «attitude humaine acquise» ( ), mais dans l instant il s agit bien de la réaction naturelle de cette personne-là. C est ainsi que des thérapeutes nettement différents obtiennent de bons résultats de façons tout à fait différentes. Pour l un, une approche impatiente qui consiste à dire «pas de bêtises, mettons cartes sur table» sera très efficace car c est ainsi qu il est le plus franchement lui-même. Pour un autre, l approche sera peut-être beaucoup plus douce et manifestement plus chaleureuse, correspondant à la manière d être de ce thérapeute. ( ) Le thérapeute efficace est une personne qui est capable d être ouvertement elle-même au niveau le plus profond qu il soit. Il se peut que rien d autre ne soit important». Person to person. The problem of being human (1967)

8 «Et avec des clients en thérapie, je suis souvent impressionné par le fait que même un minimum de compréhension empathique, une tentative maladroite et tâtonnante pour saisir ce que veut dire le client dans sa complexité confuse, est une aide (...)» Définition: La personne aidante se met à la place de son client (Rogers dit : «comme si» on y était), elle tente d apprivoiser ses sentiments, ses réactions, ses valeurs (= son cadre de référence interne) et elle lui communique le plus clairement possible ce qu elle perçoit de son monde intérieur. Elle lui montre son intention de le comprendre et de le reconnaître tel qu il est. Incidence sur le comportement: Le client devient peu à peu capable de s écouter lui-même (comme la personne aidante le fait au travers de lui) ; il commence à percevoir de l intérieur ce qui lui est communiqué, à se rendre compte par lui-même quand il est en colère, ou bien qu il a peur, ou bien qu il est courageux.

9 «Le thérapeute se soucie de son client, mais pas de façon possessive, il l apprécie dans sa totalité plutôt que de façon conditionnelle. Je veux dire par là qu il ne se contente pas d accepter le client lorsqu il a certains comportements et le désapprouve lorsqu il en a d autres. Il s agit d un sentiment positif qui s extériorise sans réserves ni jugements» Définition: L aidant porte de la chaleur, de l attention, de l affection, de l intérêt, du respect au client indépendamment de ce que celui-ci ressent ou exprime. Les sentiments, les expériences et les choix du client ne sont ni jugés ni approuvés mais accueillis et compris. Incidence sur le comportement: Le client perçoit un climat sécurisant. Il expérimente quelqu un qui l accueille tel qu il est quoi qu il vive. Par là même il devient de plus en plus capable de s accepter lui-même tel qu il est au fond de lui.

10 Rogers précisait que, pour que la relation d aide soit effective, il faut non seulement que l aidant endosse ces attitudes, mais il faut encore que le client les aient perçues. Cela suppose de la part de la personne aidante qu elle doit être sensible non seulement à ce qui se produit en elle, mais aussi au flux des sentiments de son client. est ce que j ai bien communiqué à mon client mon empathie, mon envie de le comprendre, mon intérêt, etc.? L objectif de l approche rogérienne est de parvenir à une compréhension et une acceptation profonde du client. La personne aidante y parvient par l écoute du client. Suivant cette approche, l écoute de l autre passe par l écoute de soimême et y renvoie nécessairement (congruence). D où l importance pour le thérapeute du travail de développement personnel, de la supervision, de l analyse de pratique, de (l amélioration avec) l expérience.

11 Souvent nos clients, suite à des années d abus de substances, ne savent plus reconnaître leurs émotions. L ACP permet de les aider à s y reconnecter peu à peu, sans rien forcer (par empathie et aussi par congruence en miroir chez l aidant). L ACP permet de ne pas aller plus vite que le client en ce qui concerne sa motivation au changement (cf. approche motivationnelle et stades de motivation). La notion selon laquelle le client est l expert de lui-même est particulièrement aidante en ce qui concerne les substances ; j ai beau savoir théoriquement les effets de la cocaïne, les effets qu elle a pour un client spécifique et le rôle qu elle joue dans sa vie n ont de sens que pour lui (p.ex. «ça me calme», alors même qu on sait que c est un excitant). Etre «tox», c est avoir une étiquette et une image négatives dans la société ; l acceptation et le non-jugement dans une relation sont «réparateurs» (expérience correctrice).

12 Etre dans l optique de prendre ce qui vient au moment où ça vient permet de ne pas s épuiser, car les clients viennent souvent avec une urgence, quelque chose sur le feu et on est frustré si on cherche à suivre un modèle défini. Par ailleurs, c est mon expérience qu on apprend beaucoup du monde du patient dans ces moments-là : qu est-ce qu il cherche à me dire? qu est-ce qui se passe pour lui en ce moment? Nos clients sont assez souvent isolés, seuls, marginalisés; leur offrir au travers de la relation d aide ACP une relation vraie et authentique prend alors une signification tout particulière. Jouer un rôle, tricher, tromper, se méfier : voilà le lot quotidien d un toxicomane tant vis-à-vis de la loi que vis-à-vis de la zone, pouvoir faire confiance est un long et nouveau chemin. Si, en tant qu aidant, je montre qui je suis réellement dans la relation, je fais avancer mon client sur ce chemin. Si j ose dire «je suis déçu», «je suis agacé», «je ne sais pas quoi faire», si j ose reconnaître mes faiblesses et mes limites.

13 Evelyne Panchaud & Valérie Rossier Unité de toxicodépendance Service de psychiatrie communautaire Rue Saint-Martin Lausanne evelyne.panchaud@chuv.ch valerie.rossier@chuv.ch