ECOLE NATIONALE VETERINAIRE D ALFORT

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1 ECOLE NATIONALE VETERINAIRE D ALFORT Année 2005 ETUDE DE L INTERET DE LA MISE EN PLACE D UNE CERTIFICATION DES ELEVAGES BOVINS FRANÇAIS VIS-A-VIS DE LA DIARRHEE VIRALE BOVINE THESE Pour le DOCTORAT VETERINAIRE Présentée et soutenue publiquement devant LA FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL le par François PLUQUET Né le 22 Octobre 1978 à Saint Saulve (Nord) JURY Président : M. Professeur à la Faculté de Médecine de CRETEIL Membres Directeur : M. Yves MILLEMANN Maître de conférences à l ENVA Assesseur : M. Dominique REMY Maître de conférences à l ENVA

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3 LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT Directeur : M. le Professeur COTARD Jean-Pierre Directeurs honoraires : MM. les Professeurs PARODI André-Laurent, PILET Charles Professeurs honoraires: MM. BORDET Roger,BUSSIERAS Jean,LE BARS Henri, MILHAUD Guy,ROZIER Jacques,THERET Marcel,VUILLAUME Robert DEPARTEMENT DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET PHARMACEUTIQUES (DSBP) Chef du département : M. BOULOUIS Henri-Jean, Professeur - Adjoint : M. DEGUEURCE Christophe, Professeur -UNITE D ANATOMIE DES ANIMAUX DOMESTIQUES - UNITE D HISTOLOGIE, ANATOMIE PATHOLOGIQUE Mme CREVIER-DENOIX Nathalie, Professeur* M. CRESPEAU François, Professeur * M. DEGUEURCE Christophe, Professeur M. FONTAINE Jean-Jacques, Professeur Mlle ROBERT Céline, Maître de conférences Mme BERNEX Florence, Maître de conférences M. CHATEAU Henri, AERC Mme CORDONNIER-LEFORT Nathalie, Maître de conférences -UNITE DE PATHOLOGIE GENERALE, MICROBIOLOGIE, IMMUNOLOGIE Mme QUINTIN-COLONNA Françoise, Professeur* M. BOULOUIS Henri-Jean, Professeur Mme VIALE Anne-Claire, Maître de conférences -UNITE DE PHYSIOLOGIE ET THERAPEUTIQUE M. BRUGERE Henri, Professeur * Mme COMBRISSON Hélène, Professeur M. TIRET Laurent, Maître de conférences -UNITE DE PHARMACIE ET TOXICOLOGIE Mme ENRIQUEZ Brigitte, Professeur * Mme HUYNH-DELERME, Maître de conférences contractuel M. TISSIER Renaud, Maître de conférences -UNITE DE BIOCHIMIE M. BELLIER Sylvain, Maître de conférences* M. MICHAUX Jean-Michel, Maître de conférences - UNITE DE VIROLOGIE M. ELOIT Marc, Professeur * Mme ALCON Sophie, Maître de conférences contractuel -DISCIPLINE : PHYSIQUE ET CHIMIE BIOLOGIQUES ET MEDICALES M. MOUTHON Gilbert, Professeur -DISCIPLINE : BIOLOGIE MOLECULAIRE Melle ABITBOL Marie, Maître de conférences contractuel -DISCIPLINE : ETHOLOGIE M. DEPUTTE Bertrand, Professeur DEPARTEMENT D ELEVAGE ET DE PATHOLOGIE DES EQUIDES ET DES CARNIVORES (DEPEC) Chef du département : M. FAYOLLE Pascal, Professeur - Adjointe : Mme BEGON Dominique, Professeur - UNITE DE PATHOLOGIE CHIRURGICALE M. FAYOLLE Pascal, Professeur * M. MAILHAC Jean-Marie, Maître de conférences M. MOISSONNIER Pierre, Professeur Mme VIATEAU-DUVAL Véronique, Maître de conférences M. DESBOIS Christophe, Maître de conférences Mlle RAVARY Bérangère, AERC (rattachée au DPASP) M. ZILBERSTEIN Luca, Maître de Conférences contractuel M. HIDALGO Antoine, Maître de Conférences contractuel -UNITE DE MEDECINE M. POUCHELON Jean-Louis, Professeur* M. CLERC Bernard, Professeur Mme CHETBOUL Valérie, Professeur M. MORAILLON Robert, Professeur M. BLOT Stéphane, Maître de conférences M. ROSENBERG Charles, Maître de conférences contractuel Melle MAUREY Christelle, Maître de conférences contractuel - UNITE DE CLINIQUE EQUINE M. DENOIX Jean-Marie, Professeur * M. TNIBAR Mohamed, Maître de conférences contractuel M. AUDIGIE Fabrice, Maître de conférences Mme DESJARDINS-PESSON Isabelle, Maître de confér..contractuel -UNITE DE REPRODUCTION ANIMALE M. MIALOT Jean-Paul, Professeur * (rattaché au DPASP) M. NUDELMANN Nicolas, Maître de conférences Mme CHASTANT-MAILLARD Sylvie, Maître de conférences (rattachée au DPASP ) M. FONTBONNE Alain, Maître de conférences M. REMY Dominique, Maître de conférences (rattaché au DPASP) Melle CONSTANT Fabienne, AERC (rattachée au DPASP) -UNITE DES MALADIES CONTAGIEUSES M. TOMA Bernard, Professeur M. BENET Jean-Jacques, Professeur* Mme HADDAD H0ANG XUAN Nadia, Maître de confér.contractuel M. SANAA Moez, Maître de conférences -UNITE D HYGIENE ET INDUSTRIE DES ALIMENTS D ORIGINE ANIMALE M. BOLNOT François, Maître de conférences * M. CARLIER Vincent, Professeur M. CERF Olivier, Professeur Mme COLMIN Catherine, Maître de conférences M. AUGUSTIN Jean-Christophe, Maître de conférences - UNITE DE RADIOLOGIE Mme BEGON Dominique, Professeur* M. RUEL Yannick, AERC - UNITE DE PARASITOLOGIE ET MALADIES PARASITAIRES M. CHERMETTE René, Professeur * M. POLACK Bruno, Maître de conférences M. GUILLOT Jacques, Professeur Melle MARIGNAC Geneviève, Maître de conférences contractuel M. PARAGON Bernard, Professeur (rattaché au DEPEC) M. GRANDJEAN Dominique, Professeur (rattaché au DEPEC) DEPARTEMENT DES PRODUCTIONS ANIMALES ET DE LA SANTE PUBLIQUE (DPASP) Chef du département : M. CERF Olivier, Professeur - Adjoint : M. BOSSE Philippe, Professeur - UNITE DE ZOOTECHNIE, ECONOMIE RURALE M. BOSSE Philippe, Professeur M. COURREAU Jean-François, Professeur* Mme GRIMARD-BALLIF Bénédicte, Maître de conférences Mme LEROY Isabelle, Maître de conférences M. ARNE Pascal, Maître de conférences M. PONTER Andrew, Maître de conférences - UNITE DE PATHOLOGIE MEDICALE DU BETAIL ET DES ANIMAUX DE BASSE-COUR Mme BRUGERE-PICOUX Jeanne, Professeur M.MAILLARD Renaud, Maître de conférences associé M. MILLEMANN Yves, Maître de conférences* M. ADJOU Karim, Maître de conférences Ingénieurs Professeurs agrégés certifiés (IPAC) : Mme CONAN Muriel, Professeur d Anglais Mme CALAGUE, Professeur d Education Physique * Responsable de l Unité AERC : Assistant d Enseignement et de Recherche Contractuel

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5 A Monsieur Professeur à la Faculté de Médecine de Créteil. Qui nous a fait l honneur d accepter la présidence de notre jury de thèse. Remerciements respectueux. A Monsieur MILLEMANN. Maître de conférences à l Ecole Nationale Vétérinaire d Alfort. Pour sa grande disponibilité et ses conseils dans l élaboration de ce travail. Chaleureux remerciements. A Monsieur REMY. Maître de conférences à l Ecole Nationale Vétérinaire d Alfort. Qui a aimablement accepté de faire partie de notre jury de thèse. Sincères remerciements. A Monsieur REPIQUET. Membre de l ACERSA Pour son aide précieuse dans l élaboration de ce travail.

6 A mes parents, Pour leur soutien constant et la confiance qu ils m ont toujours accordée. A mon frère Fabrice, Qui a su me supporter durant toutes ces années. A toute ma famille.

7 A mes amis d Alfort, Pour tous les moments que nous avons partagés et que nous partagerons encore! Aux docteurs Marc Druesne, Catherine Massard et Eric Arestan, ainsi qu à tous les membres de la clinique Sainte Anne de Bricquebec, Qui ont su me faire confiance et ont été les premiers à me donner l occasion de faire mes preuves dans la profession.

8 TABLE DES MATIERES Table des matières 1 Liste des tableaux et figures.. 5 Liste des abréviations 7 Introduction 9 Chapitre 1 : La diarrhée virale bovine/maladie des muqueuses Virologie Classification Structure Le virion Organisation génomique et stratégie d expression Protéines virales Epidémiologie de la BVD Epidémiologie descriptive Espèces concernées Répartition géographique et fréquence Epidémiologie analytique Sources Transmission et voies de pénétration Transmission horizontale Transmission verticale transplacentaire Clinique Les signes d appel majeurs Maladie des muqueuses Forme aiguë Forme chronique Troubles de la reproduction Malformations congénitales Syndrome hémorragique Rôle dans les maladies respiratoires Les signes d appel mineurs Retours en chaleur Chute de production, pic fébrile Diarrhée aiguë contagieuse

9 Chapitre 2 : Diagnostic et lutte contre la BVD/MD Diagnostic de la BVD/MD Diagnostics clinique et épidémiologique Diagnostic nécropsique Diagnostic différentiel Diagnostic de laboratoire Les méthodes indirectes Le test de séroneutralisation Test ELISA anticorps totaux Interprétation des résultats des méthodes indirectes Les méthodes directes Isolement viral sur cellules Recherche d antigènes viraux dans les tissus La PCR Cas particulier de la PCR en temps réel Interprétation des résultats des méthodes directes Les tests utilisés en pratique dans les laboratoires actuellement Traitement et prophylaxie de la BVD/MD Traitement Prophylaxie sanitaire contre la BVD La vaccination Les vaccins utilisés actuellement Efficacité des vaccins utilisés dans la lutte contre la BVD Les protocoles vaccinaux Place de la vaccination dans les plans de lutte contre la BVD/MD Chapitre 3 : Plans de maîtrise collective et certification des élevages contre la BVD/MD Première partie : La certification des élevages est-elle possible au plan national? Etat des lieux de la lutte collective contre la BVD en Europe Les plans mis en place en Europe Danemark Suède Norvège Finlande Autriche Italie Belgique Etude des différences entre les pays européens Conclusion de l étude des plans européens Etat des lieux de la lutte collective contre la BVD en France Situation épidémiologique de la France Les plans appliqués en France La maîtrise de la clinique sans intervention sur la circulation virale

10 Contrôle de la circulation virale sur l ensemble du cheptel Protection vaccinale. 75 Deuxième Partie : Intérêt de certifier les élevages français contre la BVD? Certification des maladies non réglementées en France Présentation de l ACERSA Les besoins en matière de certification Création de l'acersa Missions de l'acersa Organisation de l'acersa Instance administrative de gestion Instance de certification Le système de certification Procédure de certification d'une maladie Processus d évaluation de la faisabilité de la certification de la BVD de 1997 à Historique et motifs de la demande de certification Conclusions des études technique et scientifique Laisser faire Maîtrise de l expression clinique Mise en place d une certification Réduction collective de la circulation virale Eradication Conclusions des études économiques Coût de la maladie en France Coût de la stratégie d éradication Rentabilité de la stratégie d éradication La certification individuelle : le meilleur compromis à l échelle nationale? Considérations épidémiologiques Le Fichier des Animaux Garantis Les analyses applicables Les avantages de cette certification Les limites du Fichier des Animaux Garantis.. 98 Conclusion. 99 Bibliographie

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12 Liste des figures et tableaux Figures : Figure 1 : Représentation schématique du génome du BVDV (d après Pastoret et al. 1997) 13 Figure 2 : Schéma récapitulatif de la mise en place des protéines fonctionnelles de la BVD à partir de leurs précurseurs. (Prgp : précurseur de glycoprotéine, Prp : précurseur de protéine, P : protéine, Gp : glycoprotéine) (D après BOULANGER et al et CHAPPUIS 1993) Figure 3 : Représentation schématique du virus de la BVD et des protéines d importance dans la pathogènie (D après SELLAL, 2004). Figure 4: Présence de 75 porteurs d'anticorps (95%) et 4 animaux virémiques (5%) dans un troupeau de 79 bêtes. Tous les animaux n'ayant pas d'anticorps sont virémiques + (IPI). (D après JENSEN et al. 1990) Figure 5 : Conséquences de l infection d une vache sensible au cours de la gestation en fonction de la période de gestation. (D après GOETGHELUCK, 2002) Figure 6: Epidémiologie synthétique de l infection par le BVDV. (D après Roeder et Harkness, 1986) Figure 7: Principe de la méthode ELISA anticorps totaux appliquée à la recherche du BVDV 38 Figure 8: Principes de la détection d'antigènes par immunofluorescence (D après GOETGHELUCK, 2002). Figure 9: Résultat comparatif des virémies entre un lot d animaux témoins et un lot d animaux vaccinés par BOVILIS BVD suite à une épreuve virulente avec 12 souches classiques de type 1 (d après Paget pour Intervet, 2003) Figure 10 : Protocole vaccinal lors de vaccination individuelle contre la BVD/MD 53 Figure 11 : Modalités du plan d éradication de la BVD dans la province de Rome en Italie (FERRARI et al., 1999) Figure 12: Fréquence de l'infection dans les principaux pays européens avant la mise en place des plans d éradication. (d'après FOURICHON, 2004) Figure 13 : Ratio élevages laitiers/ élevages allaitants en Europe (d après l Institut de l élevage, 2002) Figure 14: Dépistage généralisé en troupeau laitier dans le protocoles des GDS Bretagne et Pays de Loire (d après Repiquet, 1999) Figure 15: Tests à effectuer lors de contrôle à l introduction pour la recherche de la BVD (d après Repiquet, 1999) Figure 16: Système de certification de la santé animale en élevage 83 Figure 17: Procédure de certification d'une maladie

13 Figure 18: Evolution du coût des grands postes de dépense à partir de la mise en place de la stratégie d éradication (d après REPIQUET, 1999) Figure 19: Comparaison des coûts cumulés de la maladie sans action de lutte et des coûts de la lutte collective, auxquels s ajoutent les coûts résiduels de la maladie pendant la période de l éradication. (D après REPIQUET, 1999) Tableaux : Tableau 1: Exemples de prévalences de l infection par le virus de la BVD/MD, dans différents pays ne réalisant pas le contrôle de l infection (d après Houe, 1995) Tableau 2: Anomalies congénitales induites par le BVDV. (D après SCHELCHER et al, 1993; DANNACHER et MOUSSA, 1986 ; DOUART et SIMON, 1997) Tableau 3: Tableau récapitulatif des principaux signes cliniques rencontrés lors de BVD (D après DOUART et SIMON 1997) Tableau 4: Tableau récapitulatif du diagnostic différentiel de la BVD (d après PETIT S. 2002, REMY D. 2002) Tableau 5: Comparaison des méthodes de diagnostic indirect (D après SELLAL, 2004) 39 Tableau 6: Comparaison des techniques PCR et Elisa dans la détection des IPI (d après GOETGHELUCK, 2002) 44 Tableau 7: Comparaison des méthodes de diagnostic direct (D après SELLAL, 2004) 45 Tableau 8: comparaison du nombre de naissances de veaux IPI issus de femelles séropositives, séronégatives et séronégatives vaccinées avant l insémination 52 Tableau 9 : Tableau récapitulatif des différents plans de maîtrise de la BVD en Europe. 62 Tableau 10: Classement des élevages selon le résultat du test ELISA P80 (d après JOLY, 2000) 71 Tableau 11 : Classement des élevages en fonction des résultats des 3 tests ELISA P80 (d après JOLY, 2000) 71 Tableau 12: Composition et mandat de l assemblée générale (AG) de l ACERSA 80 Tableau 13: Composition et mandat du conseil d administration (CA) de l ACERSA 81 Tableau 14: Composition et mandat du comité permanent (CP) de l ACERSA 81 Tableau 15: Composition et mandat du comité de certification (CC) de l ACERSA 82 Tableau 16 : Calcul du coût de la diarrhée virale bovine dans un département français fictif moyen. (D après DUFOUR et al, 2001) Tableau 17: Tests et résultats permettant l inscription d un animal ou d un groupe d animaux au Fichier des Animaux Garantis

14 Liste des abréviations ACERSA Association pour la Certification en Santé Animale ADLIVA Association des Directeurs de Laboratoire Vétérinaires d'analyses ADN Acide DésoxyriboNucléique AG Assemblée générale AM Arrêté Ministériel ARN Acide RiboNucléique BDV Border Disease Virus BHV Bovine Herpesvirus BRSV Bovine Respiratory Syncitial Virus BVDV Bovine Virale Diarrhea Virus CA Conseil d'administration CC Comité de Certification CNE Confédération nationale de l'élevage CNIEL Centre National Interprofessionnel de l'économie laitière CP Biotype Cytopathogéne CSFV Classical Swine Fever Virus DGAl Direction Général de l'alimentation DSV Direction des Services Vétérinaires ELISA Enzyme Linked Immunosorbent Assey FAG Fichier des Animaux Garantis FFCB Fédération française des Commerçants en Bestiaux FNCBV Fédération Nationale de la Coopération Bétail et Viande FNGDSB Fédération Nationale des Groupements de Défense Sanitaire du Bétail GDS Groupement de défense sanitaire Gp Glycoprotéine GTV Groupement Technique Vétérinaire IA Insémination Artificielle IBR Rhinotrachéite Infectieuse Bovine INTERBEV Association nationale interprofessionnelle de bétail et des viandes IPI animal Infecté Permanent Immunotolérant Kb Kilobase KDa Kilodalton LVD Laboratoire Vétérinaire Départemental MD Mucosal Disease (Maladie des muqueuses) NCP Biotype Non Cytopathogène NS Protéine Non Structurale OVS Organismes à Vocation Sanitaire PCR Polymerase Chain Reaction PI3 Parainfluenza 3 PPC Peste Porcine Classique RT-PCR Reverse Transcriptase PCR ou Real Time PCR selon contexte SNGTV Société nationale des Groupements Techniques vétérinaires STC Schémas Territoriaux de Certification UBGDS Union Bretonne des Groupements de défense sanitaire UNLG Union nationale des UPRA et des arbres Généalogiques - 7 -

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16 INTRODUCTION La diarrhée virale bovine (BVD) est une maladie cosmopolite des ruminants. Elle a été découverte en 1946 par Olafson et est provoquée par un petit virus à ARN du genre pestivirus. Cette maladie, que nous décrirons dans une première partie, se distingue par le fait que sa gravité dépend du mode d infection par le virus. La transmission horizontale entraîne le plus souvent une forme bénigne de la maladie, avec quelques symptômes digestifs transitoires et une immunodépression temporaire pouvant favoriser le développement de diarrhées et d infections respiratoires, surtout chez les jeunes. En revanche, une infection transplacentaire pourra provoquer des avortements, des malformations congénitales ou la naissance de veaux à virémie persistante et immunotolérants. Ces veaux sont la première source de virus au sein des élevages car ils sont excréteurs permanents. De plus, ces veaux Infectés Permanent Immunotolérants (IPI) peuvent contracter la maladie des muqueuses, toujours mortelle. La BVD peut donc provoquer des pertes économiques considérables et sa présence peut entraver les échanges avec des pays en voie de devenir indemnes. C est pourquoi la lutte contre cette maladie non réglementée devient un enjeu majeur, au même titre que l IBR et la mise en place d une certification des élevages vis à vis de la BVD pourrait être utile afin de réduire les pertes qu elle occasionne. La mise en place d une certification commence par l établissement des méthodes permettant de diagnostiquer et de lutter contre le virus, comme nous le verrons dans la seconde partie. La troisième partie consiste à évaluer s il est possible en France de mettre en place un protocole national visant à certifier les élevages. Pour cela nous allons comparer la situation épidémiologique de la France avec les différents pays européens ayant déjà mis en place un plan de certification de la BVD, puis dans un second temps nous allons comparer la situation rencontrée dans les différentes régions françaises afin de voir s il est possible d établir un plan unique applicable à toute la France. Enfin, nous verrons s il est réellement nécessaire de mettre en place une certification d élevage, avec notamment l aide de l ACERSA, Association de Certification de la Santé Animale, chargée de la certification des maladies non réglementées, ou s il existe une alternative moins lourde à mettre en œuvre

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18 CHAPITRE I : LA DIARRHEE VIRALE BOVINE/ MALADIE DES MUQUEUSES 1. VIROLOGIE 1.1. Classification (PASTORET et al ; BOULANGER et al. 1990) Le virus de la diarrhée virale bovine et de la maladie des muqueuses appartient à la famille des Flaviviridae et au genre Pestivirus. Les pestivirus ont longtemps été classés parmi les Togaviridae, mais des études portant sur leur organisation génomique et leur stratégie d expression ont relevé des différences fondamentales. En effet, contrairement aux Togaviridae, l ARN des pestivirus, bien qu il soit infectieux, ne possède pas de queue polyadénylée, aucun ARN subgénomique n a été mis en évidence et les protéines de structure sont codées par l extrémité 5 de l ARN. En outre, le séquençage du génome des pestivirus et la comparaison de ces séquences avec celles des flavivirus ont permis de déceler de courts segments homologues chez ces 2 groupes de virus (COLLETT et al. 1988). COLLETT et al. ont proposé dès lors de classer les pestivirus parmi les Flaviviridae. Il est le seul virus animal de cette famille qui comprend, chez l'homme, les virus de la fièvre jaune, de l'hépatite C et de la dengue notamment. Le genre Pestivirus comprend deux autres virus animaux connus de longue date: celui de la peste porcine classique (PPC) ou Classical Swine Fever Virus (CSFV), et celui de la maladie des frontières ou Border Disease Virus (BDV) du mouton («maladie de la frontière»). Il semble que ces trois virus représentent une seule espèce et seraient des mutants de spectre d'hôtes car des infections croisées sont possibles. Ainsi, l'identification des nucléotides composant le 5'UTR permet de classer les Pestivirus en 4 génotypes (SELLAL, 2003a): - BVDV1 - BVDV2 - Border disease - Peste porcine classique

19 Le génotype BVDV2 est le plus récent, il a été décrit en 1994 aux USA et au Canada par Pellerin et Ridpath (repris par Pastoret, 1997). La même année, ces auteurs ont aussi décrit 2 sous-génotypes du BVDV1: BVDV1a ("NADL" like) et BVDV1b ("Osloss" like). Cependant, en 2001, Vilcek montre l'existence non pas de 2 mais de 10 sous-génotypes (BVDV1a à BVDV1j) correspondant à des virus très différents les uns des autres, génétiquement et antigéniquement. En France, le séquençage des souches n'a réellement commencé qu'en janvier 2004 (SELLAL E., mars 2004). Au 15/02/2004, 6 souches avaient été séquencées. Ce séquençage démontre la diversité des souches de BVDV présentes en France avec 4 génotypes: - 1 BVDV1b "classique", - 3 BVDV1b "variants", - BVDV1d, - BVDV 1e Structure Le virion (PASTORET et al. 1997) Le virus du BVD a une structure typique des Pestivirus. Il s'agit d'un petit virus enveloppé contenant un ARN monocaténaire infectieux de polarité positive de nucléotides. La figure 3 (p7) représente de manière schématique la structure du virion Organisation génomique et stratégie d expression (BOULANGER et al ; CHAPPUIS 1993) La totalité du génome du BVD a été séquencée et clonée. Son organisation génomique est représentée par la figure 1. Le BVD présente une importante diversité antigénique liée à une grande variabilité des protéines structurales, particulièrement marquée au niveau de la protéine E2 (gp53). En revanche, les protéines non structurales sont beaucoup plus conservées

20 Figure 1 : Représentation schématique du génome du BVDV (d après Pastoret et al. 1997). Souches NCP: Souches CP: P125 NS 2-3 P20 Npro P14 C gp48 E0 gp25 E1 gp53 E2 P54 NS2 P80 NS3 P10 NS4A P30 NS4B P50 NS5A P75 NS5B NS Protéines Structurales Protéines Non Structurales (NS) Chaque protéine codée par le génome du BVDV possède 2 noms, selon que l on utilise l ancienne nomenclature, basée sur le type de protéine (simple ou glycosylée) et son poids en kda, ou la nouvelle nomenclature basée sur le rôle de chaque protéine (structurale ou non) et l emplacement de son gène d origine dans l ARN viral. Le génome de 2 souches de BVDV ("Osloss" cytopathogène : RENARD et al et "NADL" : COLLETT et al. 1988) a été cloné et séquencé. Une seule phase de lecture ouverte couvrant pratiquement toute la longueur de l ARN (12 à 13 kb) et pouvant coder pour environ 450 kda en protéines a été mise en évidence (COLLETT et al.). Deux courtes phases ouvertes de lecture ont également été décrites chez la souche bovine NADL en amont de la longue phase ouverte de lecture, mais elles ne semblent pas être fonctionnelles. L étude de l organisation génomique du BVDV suggère que, comme chez les Flavivirus, les protéines de structure sont codées par le premier tiers du génome à l extrémité 5, tandis que les protéines non structurales sont codées par les deux tiers restants. Grâce à des sérums dirigés contre des protéines de fusion produites chez E. coli, COLLETT et al. avaient établi une carte génomique préliminaire du BVDV comprenant cependant 2 régions codant pour des polypeptides non identifiés. Afin de compléter cette carte, ces mêmes auteurs ont ensuite produit des sérums dirigés contre des peptides synthétiques correspondant à des séquences critiques de 15 à 20 acides aminés et ont proposé une représentation schématique plus complète de l organisation génomique du BVDV. Les différentes protéines virales seraient produites suite à une série de clivages réalisés par des protéases d origine virale ou cellulaire. Selon ces auteurs, lors de la traduction, la polyprotéine serait d abord clivée en 2 protéines stables (p20 et p125) et 2 précurseurs Prgp 140 (précurseur des glycoprotéines) et Prgp 175 qui subiraient ensuite plusieurs clivages successifs pour donner les protéine virales mûres, comme le montre la figure 2. La première protéine virale produite par l extrémité 5 du génome serait une protéine non glycosylée de 20 kda (p20) de stabilité médiocre (1/2 vie de 110 min). La deuxième protéine produite, Prgp140, serait le précurseur des glycoprotéines virales et serait rapidement

21 transformée en un autre précurseur (Prgp 116) lui-même clivé en gp53 (E2), protéine majeure de l enveloppe virale et Prp78 donnant, après clivage de son extrémité N terminale, la gp62, précurseur des 2 autres glycoprotéines virales gp48 (E0) et gp25 (E1). Les 2/3 restants du génome coderaient pour des protéines non structurales dont la première, P125 (NS2-3), présente la particularité d être clivée uniquement chez le biotype cytopathogène en P54 (NS2) et P80 (NS3). Le dernier précurseur synthétisé lors de la traduction, Prp 175, subirait 2 types de clivages à son extrémité N terminale : une protéine de 10 kda ( P10) serait libérée ainsi qu un précurseur de 165 kda (Prp 165) lui-même clivé en une protéine d environ 32 kda (P32), non encore mise en évidence et un précurseur de 133 kda pouvant aussi résulter d un clivage de la protéine Prp 165 avec formation également d une protéine p42 de ½ vie très courte et donnant la protéine de 10 kda et l hypothétique protéine de 32 kda. Le précurseur P133 a lui aussi une courte ½ vie et est clivé en 2 protéines matures P50 et P75. Figure 2 : Schéma récapitulatif de la mise en place des protéines fonctionnelles de la BVD à partir de leurs précurseurs. (Prgp : précurseur de glycoprotéine, Prp : précurseur de protéine, P : protéine, Gp : glycoprotéine) (D après BOULANGER et al et CHAPPUIS 1993) P20 Prgp140 P125 Prp175 P20 P14 Prgp116 P125 P10 P165 P20 P14 Gp62 Gp53 P125 P10 P32 P133 P20 P14 Gp48 Gp25 Gp53 P54 P80 P10 P30 P50 P

22 Protéines virales (HOUE, 1999 ; BOULANGER et al, 1992 ; PASTORET et al, 1997) Un grand nombre de protéines virales et des précurseurs mis en évidence par COLLETT et al. ont pu être identifiés en cultures cellulaires, soit directement par électrophorèse des protéines virales marquées radioactivement et produites lors d un choc hypertonique inhibant l initiation de la traduction des protéines cellulaires, soit indirectement par radioimmunoprécipitation réalisée à l aide de sérums polyclonaux ou d anticorps monoclonaux. Certaines de ces protéines virales ont été caractérisées et leurs fonctions ont été étudiées directement ou suggérées par comparaison avec des protéines de séquence et de fonction connues, plus particulièrement les protéines des Flavivirus Npro (P20), C (P14) L extrémité 5 du génome code pour une protéine non glycosylée de 20kDa. Cette région correspond chez les Flavivirus, à celle codant pour la protéine de capside et le précurseur de la protéine de matrice. L hypothèse selon laquelle la P20 serait la protéine de nucléocapside des pestivirus a donc été suggérée. Une étude plus approfondie de cette protéine a montré que, tout comme la protéine de capside des alphavirus, elle possédait une activité d autoprotéase responsable du clivage entre son extrémité C terminale et le précurseur des glycoprotéines. Grâce à des expériences de mutagenèse dirigée, l emplacement du site catalytique et du site du clivage ont été proposés. Cependant, selon THIEL et al. (repris par Houe, 1999), cette protéine serait absente dans les particules virales et serait donc essentiellement une protéine non structurale. Par contre, il existe une protéine C (P14) codée par une courte séquence en aval de la P20 qui correspond à la protéine de capside Glycoprotéines virales Outre la protéine de capside C (P14), les virions sont constitués de trois glycoprotéines d enveloppe : une E0 (gp48), une E1 (gp25) montrant un caractère fortement hydrophobe, ce qui suggère une localisation transmenbranaire, et une E3 (gp53) couplée à la E1 par des liaisons disulfures (figure 3). La E2 (gp 53) semble jouer un rôle prépondérant dans la réponse immune du bovin puisqu elle est la cible d anticorps monoclonaux neutralisants. La fonction de la gp 53 ainsi que celle de la gp48 n est cependant pas encore complètement élucidée. Elle serait également à l origine de la variabilité antigénique des souches puisqu une étude immunologique a montré que des anticorps reconnaissant cette protéine ne réagissaient pas avec toutes les souches de virus

23 NS2-3 (P125) En culture cellulaire on peut distinguer 2 biotypes pour une même souche virale : l un, cytopathogène (CP), provoque des lésions cellulaires (vacuolisation cytoplasmique) ; l autre, non cytopathogène (NCP), ne provoque aucune modification morphologique visible des cellules. Ces 2 biotypes induisent la synthèse de protéines de poids moléculaire identique à l exception de la protéine fonctionnelle NS3 (P80) qui est absente des souches NCP alors que son précurseur NS2-3 est présent chez les 2 biotypes : chez les souches NCP le clivage de NS2-3 en NS2 et NS3 n est donc pas réalisé. La NS3 est donc le marqueur biochimique des souches CP mais aussi leur marqueur de virulence puisque les souches CP sont responsables de l induction de la maladie des muqueuses chez les IPI. Figure 3 : Représentation schématique du virus de la BVD et des protéines d importance dans la pathogénie (D après SELLAL, 2004). E0 ou gp48 E2 ou gp53 responsable de l immunité humorale couplée à E1 Enveloppe protéique NS2-3 ou P125 responsable de la cytopathogènicité (non structurale) ARN viral monocaténaire Capside icosaédrique (protéine C) En définitive, le BVDV est un petit virus à ARN monocaténaire du genre Pestivirus, appartenant à la famille des Flaviviridae. Il en existe 2 génotypes (BVDV 1 et 2) et le séquençage des différentes souches rencontrées montre une très grande variété de sousgénotypes. Chaque souche est représentée par 2 biotypes distincts : cytopathogène et non-cytopathogène. Le génome du BVDV code pour des protéines et glycoprotéines pouvant être divisées en 2 classes : structurales (C, E0, E1, E2) et non-structurales (Npro, NS2 à 5). Parmi ces protéines, certaines ont une importance primordiale dans la lutte contre la BVD : - La glycoprotéine E2 qui est la cible des anticorps neutralisants. C est elle qui permet l immunisation des bovins infectés ; elle est aussi responsable de la variabilité antigénique des souches virales. - La protéine NS2-3 (P125) dont le clivage permet de distinguer une souche du biotype non-cytopathogène d une souche cytopathogène. Elle est aussi utilisée dans certains tests de dépistage du virus (figure 3)

24 2. EPIDEMIOLOGIE DE LA BVD 2.1. Epidémiologie descriptive Espèces concernées (DANNACHER et MOUSSA, 1986) Le virus de la BVD touche essentiellement les bovins domestiques mais aussi les ovins (mouton, chèvre), le porc et les ruminants sauvages tels que cerf, élan, daim, chevreuil, renne. Le BVDV a aussi été retrouvé chez de nombreuses espèces en parcs zoologiques: Antilope des sables, Bongo, Bubale du Cap, Gemsbock. Les études menées chez les ruminants sauvages montrent qu ils peuvent présenter une sérologie positive, qu ils peuvent être excréteurs transitoire ou permanent (IPI), ce qui fait de ces animaux sauvages une source de contamination non négligeable des élevages. En revanche, seuls les bovins infectés permanents immunotolérants (IPI) de moins de 2 ans peuvent être atteints de la maladie des muqueuses. Il ne semble pas y avoir en revanche de prédisposition de race ni de sexe Répartition géographique et fréquence (HOUE, 1995) Rencontré dans tous les pays où il a été recherché (zones d élevage de bovins), le syndrome BVD/MD est l une des maladies les plus cosmopolites qui existent. En France, on estime à 60% le pourcentage d animaux séropositifs et de 70 à 80% la prévalence des troupeaux séropositifs. La prévalence des animaux IPI serait de 1 à 2% de l ensemble des animaux. Ces valeurs sont proches de celles des autres pays où la prévalence a été étudiée (tableau 1) : Tableau 1: Exemples de prévalences de l infection par le BVDV, (d après Houe, 1995) dans différents pays ne réalisant pas le contrôle de l infection (prévalences estimées). Pays Prévalence de troupeaux Prévalence d IPI séropositifs (individuelle) Angleterre, pays de Galles 62,5%? Royaume-Uni 64,9% 1,8% Danemark (1994) 65% 1,1% Suède (1993) 78% 1,3% Norvège (1992) 37%? Etats-Unis 89% 1,7% France 60% 1-2 %

25 Ces chiffres montrent que sans contrôle de l infection le nombre d IPI semble plafonner à 2% et la séroprévalence se situe entre 65 et 75% dans les élevages où aucun problème lié à la BVD n est signalé. Il semble donc que l infection se limite par elle-même. Cela s explique par le fait qu une forte incidence de la maladie provoque une immunisation des animaux du troupeau et diminue par conséquent le risque de contamination des vaches en début de gestation et donc le nombre d IPI. L incidence de la maladie va alors diminuer et se réguler naturellement. Enfin l aspect épidémiologique dépend : - Du degré d immunité de chaque animal exposé à une infection, par exemple si le virus est introduit pour la première fois dans un groupe de vaches en début de gestation, la maladie et ses conséquences seront spectaculaires : avortements, mortalité néonatale, anomalies, veaux IPI - Du biotype viral, puisque seule l introduction du biotype CP peut déclencher la maladie des muqueuses chez les jeunes IPI. - Des conditions et du type d élevage : l intensification des élevages, le mélange des troupeaux augmente la séropositivité : 95% des troupeaux en feed-lots aux Etats Unis contre 27% pour les bovins élevés en pâture. Une étude norvégienne (VALLE P.S., 2000) a permis de démontrer une corrélation positive entre un haut niveau de prévalence de l infection par le virus et les facteurs suivants : nombre d élevages par km 2, proportion d élevages de vaches à viande (dépistage plus délicat), commerce d animaux et utilisation de pâtures en commun. - De l âge des animaux : la forme MD ne se rencontre en principe que chez les animaux de moins de 2 ans Epidémiologie analytique Sources (JENSEN AM et al ) a. Animaux infectés de manière persistante et immunotolérants Bien que les IPI soient souvent caractérisés par des retards de croissance plus ou moins marqués, une proportion non négligeable apparaît cliniquement normale. C'est très important d'un point de vue épidémiologique. En effet, chez les infectés permanents le virus est présent dans la quasi-totalité des tissus, en particulier les cellules épithéliales et endothéliales et les cellules du système réticulo-endothélial. Le virus est éliminé continuellement et peut être isolé de pratiquement toutes les secrétions et excrétions, notamment les secrétions nasales, la salive, le sperme, l'urine, les larmes et le lait. Toutes ces sécrétions représentent donc des sources d infection. En revanche, les fécès sont une source de virus médiocre. La présence d'un IPI dans un élevage maintient donc en permanence une source importante de virus et le niveau de séroprévalence des élevages ayant au moins un IPI est donc très élevé. En général,

26 85 à 100% des animaux sont porteurs d'anticorps. C est ce que montre la figure 4 : la présence d IPI entraîne la séropositivité de l ensemble du troupeau. Les seuls animaux séronégatifs sont les IPI (virémiques +). Figure 4: Présence de 75 porteurs d'anticorps (95%) et 4 animaux virémiques (5%) dans un troupeau de 79 bovins. Tous les animaux n'ayant pas d'anticorps sont virémiques + (IPI). (D après JENSEN et al. 1990) Nombre anticorps + anticorps < Âge (années) La propagation de l'infection se fait à des vitesses qui dépendent des conditions d'élevage. Le plus souvent cette vitesse reste faible même quand les animaux sont confinés et elle peut prendre plusieurs années. Les animaux IPI jouent donc un rôle très important dans la propagation du virus au sein d'un élevage et entre élevages. Mais le virus peut aussi être introduit par une vache gestante portant un fœtus infecté. En effet, le commerce d'animaux gestants est fréquent et le passage de ces animaux dans les marchés aux bestiaux et étables de quarantaine constitue un risque particulier de contamination du fœtus. Les acheteurs sont dans une situation difficile car seule une disqualification des animaux sérologiquement et virémiquement négatifs pourrait garantir que le fœtus n'a pas pu être infecté (puisque seuls les animaux sérologiquement positifs avant la gestation sont assurés de ne pas donner naissance à un veau IPI). Pour ces animaux virémiquement et sérologiquement négatifs, seule une vente directe depuis le troupeau d'origine, sans contact avec des animaux extérieurs, pourrait assurer une "naïveté" du fœtus

27 b. Animaux infectés de manière transitoire (JENSEN AM et al. 1990, GOETGHELUCK, 2002 ) Après une infection aiguë post-natale, il existe une virémie transitoire au cours de laquelle le virus est excrété du 4 ème au 10 ème jour. Dans certains cas le virus a été retrouvé dans les sécrétions jusqu'à 19 jours post-infection. Cependant, en général la quantité de virus excrétée est faible et n'a pas de conséquence. Ainsi, expérimentalement il n'y a pas de transmission du virus par contact mais on en a retrouvé lors d insémination ou quand les animaux avaient été infectés par injection parentérale du virus. Ces expériences ne donnent donc pas l'image exacte des circonstances dans lesquelles le virus peut être transmis naturellement. Lorsqu'une infection transitoire est présente en même temps qu'une maladie respiratoire, la transmission par la voie aérienne est facilitée. Ainsi une relation significative existe entre la maladie respiratoire bovine à RSV et l'infection par le BVDV : un épisode de RSV au sein d un troupeau peut faciliter la contamination des animaux par le BVDV. De plus, l'expérience a mis en évidence l'existence de souches pneumopathogènes du BVDV. Ainsi, si le BVDV est un agent important dans les maladies respiratoires bovines, il apparaît aussi que ces dernières interviennent dans la transmission du BVDV. c. Taureau et semence(jensen AM et al ) Les taureaux IPI jouent un rôle prépondérant dans la transmission du virus. En tant que porteur du virus, le taureau peut transmettre l'infection aux animaux gestants du troupeau, mais s'il entre en centre d'ia comme donneur, cet animal va pouvoir contaminer les autres taureaux qui excréteront alors le virus de manière transitoire dans leur semence. De plus, si la qualité de sa semence n'est pas trop affectée, le taureau IPI peut être utilisé comme donneur. La quantité de virus excrété par la semence d'un taureau IPI est très importante ( TCID/mL) et les risques de donner naissance à un veau IPI sont de l'ordre de 10% (JENSEN et al. 1990). En ce qui concerne les taureaux infectés de manière transitoire, l'excrétion se produit pendant les jours 10 à 14 suivant l'inoculation mais la concentration du virus est beaucoup plus faible que chez les taureaux IPI. d. Transfert d'embryons (JENSEN et al. 1990) En théorie le virus peut être transmis par l'embryon lui-même ou par le liquide utilisé pour ce transfert. Cependant, il ne semble pas que le virus puisse se lier aux embryons préimplantatoires et le lavage des embryons élimine le virus à condition que la zone pellucide soit restée intacte. On ne sait pas encore si les oocytes des vaches IPI sont infectés par le BVDV comme c'est le cas des oocytes d'agnelles infectées par le virus de la border disease. Il est donc préférable de contrôler la virémie des vaches donneuses pour éviter ce risque. L'utilisation de liquide de lavage provenant de sérum fœtal contaminé par le BVDV constitue un vrai risque d'infection de la vache receveuse et du fœtus. Ainsi l'injection expérimentale d'une petite quantité de virus (NCP) avec les liquides de transfert embryonnaire a abouti à la perte de l'embryon. Il est possible que ce liquide ait contaminé la receveuse de manière

28 transitoire, ce qui a eu pour conséquence la mort embryonnaire. Dans ce cas, cette contamination transplacentaire rétrograde pourrait aussi aboutir à la naissance de veaux IPI. De plus, il apparaît que la fréquence de veaux IPI nés de transfert embryonnaire est anormalement élevée. Les raisons n'en sont pas totalement éclaircies mais il semble que cela provienne du mode de fonctionnement des centres de transfert d'embryons. En effet, les vaches receveuses, d'origines différentes, sont toutes rassemblées en grandes bandes, notamment dans les pays anglo-saxons, ce qui facilite la transmission du virus et les infections transitoires. Afin d'éviter d'introduire des animaux IPI dans ces bandes, il est conseillé de contrôler la virémie des futures receveuses dans leur ferme d'origine et de ne conserver que les animaux séropositifs. e. Ruminants autres que les bovins (GOETGHELUCK, 2002) D'autres espèces que les bovins peuvent intervenir dans la transmission du BVD. Il existe une propagation inter-espèces assez facile des pestivirus ovins et bovins. Le risque de propagation dépend donc des contacts qui existent entre les différents troupeaux au sein des exploitations. Les ruminants sauvages sont aussi infectés par les pestivirus et ils peuvent constituer un réservoir important dans la contamination des ruminants domestiques. C est le cas notamment des cerfs ou des chevreuils en France. f. Vaccins Dans les pays utilisant un vaccin vivant contre le BVDV il y a un risque de donner naissance à des veaux IPI si la vaccination a lieu en début de gestation. La transmission peut se faire également par des vaccins vivants contaminés par le sérum fœtal utilisé pour assurer la croissance des cultures cellulaires utilisées pour élaborer le vaccin. g. Autres sources (JENSEN AM et al. 1990, MAILLARD 2003 ) Bien que l'importance du rôle des IPI dans la propagation du virus du BVD ne soit pas remise en question, il apparaît que dans la plupart des enquêtes rétrospectives liées à de grandes épizooties de BVD, on ne parvient pas retrouver d'ipi comme source de l'infection. Ainsi, dans une étude portant sur 10 apparitions de BVD, 6 ont eu lieu dans des élevages où aucun animal n'avait été introduit depuis des années (Houe, repris par Jensen et al. 1990). La diversité des événements déclenchant et la propagation insidieuse et lente du virus dans les troupeaux infectés rend difficile, voire impossible, l'identification des moyens d'introduction du virus. La durée de vie du virus dans le milieu extérieur étant de 15 jours, il peut être transporté de ferme à ferme par le vétérinaire, le matériel, l eau (MAILLARD, 2003)

29 2.3. Transmission et voies de pénétration (DOUART et SIMON, 1997 ; BOULANGER et al. 1993) Transmission horizontale a. Directe Du fait de la grande fragilité du virus dans le milieu extérieur (virus enveloppé), lors de transmission horizontale la contamination se fait essentiellement par contact «nez à nez». Cette transmission est très efficace entre un IPI et un animal sensible mais elle est aussi possible à partir d un infecté transitoire. Bien que jamais démontrée expérimentalement, la transmission par voie aérienne sur de courtes distances semble possible. b. Indirecte La transmission horizontale indirecte nécessite un agent intermédiaire entre l animal excréteur et l animal sensible. La durée de vie du virus dans le milieu extérieur dépend essentiellement : - De la température : Dans une étable, la durée d inactivation du virus est de 3 heures à 35 C, 3 jours à 20 C et 3 semaines à 5 C. - De l agent de transmission : à 20 C, persistance 5 jours dans le sang contenu dans une aiguille, 14 jours dans les fèces (matériel souillé) et de 10h à 10 jours dans les insectes piqueurs. Toutes les sources de virus vues précédemment peuvent jouer le rôle d agent : matériel, liquides de lavage de transfert d embryons La vaccination d une femelle gestante séronégative avec un vaccin vivant peut entraîner les mêmes conséquences qu une infection naturelle. De même, ces vaccins peuvent déclencher la maladie des muqueuses chez les IPI car certains contiennent des souches CP

30 Transmission verticale transplacentaire (MAILLARD, 2003; JENSEN et MEYLING 1988) Lorsqu'une vache gestante initialement naïve est infectée, le virus peut traverser la barrière placentaire et contaminer le fœtus (transmission épigénétique). Le résultat de cette infection dépend principalement du stade de développement atteint par le fœtus lors de sa contamination (figure 5 ). Les biotypes NCP sont les seuls à pouvoir traverser la barrière placentaire et donc à pouvoir infecter le fœtus pendant la période d'acquisition de la tolérance immune. Si la souche NCP infecte le fœtus avant le 125 ème jour de gestation, il peut résulter: - une mortalité fœtale, - une mortinatalité ultérieure, - la naissance de veaux présentant des malformations (de 90 à 150j), - la naissance de veaux infectés de manière persistante et immunotolérants (IPI) envers la souche infectante. L'immunotolérance est acquise après la présentation des antigènes viraux pendant la période critique d'acquisition de la tolérance. Ces veaux apparemment sains dans la majorité des cas excrètent continuellement le virus et contaminent le reste du troupeau de façon silencieuse. Ils jouent à ce titre un rôle clé dans l'épidémiologie du BVD. La présence d'un animal IPI dans un troupeau reproducteur peut avoir de graves conséquences: - une vache IPI donne naissance à des veaux IPI. - un taureau IPI peut transmettre le virus par son sperme et provoquer ainsi du "repeat breeding", mortalité embryonnaire précoce avec retour en chaleur, d'importance cruciale dans les centres d'insémination artificielle. - lors de transfert d'embryon, un risque de transmission du virus à la vache receveuse existe également, si l'embryon provient d'une vache donneuse IPI (Chastant et Maillard, 1999b) Lorsque le fœtus est infecté après le 125 ème jour de gestation, il développe une immunité active et stérilisante. La figure 6 reprend l ensemble de l épidémiologie et les différentes voies de contamination des bovins

31 Figure 5 : Conséquences de l infection d une vache sensible au cours de la gestation en fonction de la période de gestation. (D après GOETGHELUCK, 2002) IPI Saillie, IA Nidation Acquisition de l immunocompétence Fin de l organogenèse Naissance j Mort embryonnaire Momification Avortement Malformations congénitales Naissance prématurée Avortement Veaux CI * Veaux normaux * CI= «Congenital Infection» : Veaux à virémie transitoire longue (1 à 6 mois) très sensibles aux infections néonatales mais non-ipi (peu ou pas détectés en ELISA Ag)

32 Figure 6: Epidémiologie synthétique de l infection par le BVDV. (D après ROEDER et HARKNESS, 1986). Femelle gestante naïve Infection transitoire Transmission transplacentaire Bovin sensible Gestation >125 jours Gestation <125 jours Transmission horizontale directe Immunité active et stérilisante Fœtus immunotolérant Veau normal non sensible à l infection Mortalité embryonnaire et fœtale Mortinatalité Malformations congénitales IPI Infection d un IPI par une souche Cytopathogène Maladie des muqueuses (toujours mortelle)

33 Le syndrome BVD/MD est donc une maladie cosmopolite touchant l ensemble des ruminants, avec en moyenne 60% des bovins domestiques séropositifs. Les sources de virus sont très variées : animaux infectés transitoires, semences, certains vaccins mais ce sont les animaux infectés permanents, excréteurs durant toute leur vie, qui sont la principale source de contamination. La transmission du virus peut être horizontale ou verticale transplacentaire. Quand elle est horizontale, elle est le plus souvent directe car le virus est fragile en milieu extérieur. Elle peut malgré tout être indirecte si les conditions sont favorables. Lors de transmission transplacentaire, il y aura avortement, naissance d un veau malformé ou naissance d un Infecté Permanent Immunotolérant (IPI) si l infection a eu lieu entre la nidation et le 125 ème jour de gestation. 3. CLINIQUE ( DOUART et SIMON, 1997 ; SCHELCHER et al. 1993) Le syndrome BVD/MD présente un polymorphisme clinique en relation avec la pathogénie complexe de la maladie. Il apparaît dès lors que les aspects cliniques permettant de diagnostiquer le BVD ne peuvent que suggérer l infection mais sont le plus souvent insuffisant pour la confirmer. Les données seront classées ici en fonction de leur importance diagnostique en signes d appel dit majeurs lorsqu ils sont rencontrés fréquemment et doivent alerter le clinicien et mineurs s ils sont plus discrets ou peu représentatifs de cette maladie. Les principaux signes sont : - Digestifs, avec la maladie des muqueuses et la diarrhée virale bovine ; - Des troubles de la reproduction ; - Des formes néonatales ; - Intervention dans les pathologies respiratoires Les signes d appel majeurs Maladie des muqueuses (DANNACHER et MOUSSA, 1986 ; DOUART et SIMON, 1997) Elle touche les bovins infectés persistants de moins de 2 ans réinfectés par une souche CP proche antigénétiquement de la souche NCP qu ils hébergent (la souche CP provenant probablement le plus souvent de la mutation d une souche NCP). Il existe 2 formes de maladies des muqueuses : aiguë ou chronique

34 Forme aiguë (DUFELL et HARKNESS, 1985) Elle présente des symptômes généraux et locaux. - Les symptômes généraux se caractérisent par un syndrome fébrile avec hyperthermie (40,5-41,5 C), dépression, tachycardie, polypnée et faiblesse générale. - Les symptômes locaux sont essentiellement des signes digestifs avec une diarrhée nauséabonde, liquide profuse puis mucoïde. Du ptyalisme est associé à une stomatite ulcéreuse avec des érosions buccales pouvant affecter l ensemble de la cavité buccale. Ces ulcérations superficielles sont le plus souvent en «coup d ongle». On observe parfois un diabète sucré associé à la maladie des muqueuses. D autres signes locaux plus inconstant peuvent aussi apparaître. Ils sont oculaires et respiratoires avec larmoiement et jetage, cutanés (dermatite exsudative dans les régions à peau fine) et locomoteurs (fourbure, inflammation du boulet) Forme chronique (DANNACHER et MOUSSA, 1986 ; DOUART et SIMON, 1997) En cas de variations antigéniques mineures entre les souches CP et NCP (souches plus éloignées génétiquement que lors de forme aiguë), une forme chronique de la maladie des muqueuses est observée. Cette forme apparaît spontanément ou fait suite à la forme aiguë. Elle est fatale en 3 à 8 mois et se caractérise essentiellement par un amaigrissement progressif qui aboutit à une cachexie marquée. On parle de «runting» ( = dépérissement). L animal devient une non-valeur économique. On observe des épisodes de diarrhées et de constipation par intermittence. Les lésions de stomatite n apparaissent dans ce cas qu en fin d évolution. Enfin, des signes cutanés apparaissent : alopécie et hyperkeratinisation au niveau de l encolure, érosions superficielles des régions à peau fine et ulcères des espaces interdigités provoquant des boiteries Troubles de la reproduction (CHASTANT et MAILLARD, 1999a) Les avortements en série, la mortalité embryonnaire et la momification du fœtus sont les effets majeurs d une infection transitoire par le BVD sur la fonction reproductrice. Les avortements se produisent au cours du premier tiers de gestation. Quelquefois des avortements tardifs sont observés. Le délai d expulsion du fœtus est variable : de jours à jours post infection

35 Malformations congénitales (DOUART et SIMON, 1997) De nombreuses anomalies congénitales qui concernent principalement le système nerveux et les yeux sont décrites à la suite d infection in utero par le BVDV entre le 100 ème et le 150 ème jour de gestation. Une série d anomalies congénitales qui figurent parmi celles habituellement décrites (Tableau 2) est considérée comme un signe d appel majeur. Tableau 2: Anomalies congénitales induites par le BVDV. (D après Schelcher et al. 1993; Dannacher et Moussa, 1986 ; Douart et Simon, 1997) Système nerveux - Microcéphalie, - Hydranencéphalie - Porencéphalie (hypoplasie des hémisphères cérébraux) - Hydrocéphalie - Hypoplasie cérébelleuse - Hypomyélinogénése Œil - Atrophie et dysplasie rétinienne - Névrite optique - Cataracte - Kératite interstitielle - Microphtalmie Système immunitaire - Hypoplasie thymique Peau - Hypotrichose - Alopécie Système musculo-squelettique - Brachygnatie - Retard de croissance - Arthrogrypose - Anomalies osseuses - Syndrome du veau faible Appareil respiratoire - Hypoplasie pulmonaire - Les atteintes de l œil se caractérisent par une diminution plus ou moins nette de l acuité visuelle, les réflexes photomoteurs pouvant être conservés. On n observe pas de nystagmus. Parfois, la perte de la vision est complète sans altération oculaire visible (amaurose) lorsque l atteinte concerne la rétine ou le nerf optique. - Les ataxies néonatales se traduisent par élargissement du polygone de sustentation, un opisthotonos en statique, une démarche hésitante et une hypermétrie en mouvement. Le veau peut présenter aussi une parésie des postérieurs (difficulté à se relever) et des tremblements (surtout de la tête) ainsi qu un nystagmus. La lésion essentielle correspondant à ce tableau clinique est une hypoplasie, voire une aplasie cérébelleuse. Certains auteurs pensent que les lésions sont trop sévères pour être dues uniquement au BVDV et qu elles sont la conséquence d une vasculite d origine immunitaire. Cette hypothèse est renforcée par le fait que la plupart des animaux

36 présentant cette lésion sont virologiquement négatifs mais possèdent à la naissance des anticorps neutralisants Syndrome hémorragique (BAKER, 1995) Décrit pour la première fois en 1989 aux Etats Unis, chez des animaux infectés par des souches NCP du virus BVD, il se caractérise par un purpura le plus souvent mortel. On observe une hyperthermie accompagnée de diarrhée hémorragique, de pétéchies et d ecchymoses dans de nombreux organes, d épistaxis ainsi que de saignements aux sites d injection. Ces syndromes hémorragiques se caractérisent par une thrombocythopénie marquée associée à une leucopénie. En Amérique, les souches impliquées sont des souches NCP de génotype BVDV2, relativement éloignées des souches «classiques». Ces troubles hémorragiques sont décrits chez l adulte et chez le veau. En Europe, le syndrome hémorragique a aussi été rencontré (BROES A et al. 1993) Rôle dans les maladies respiratoires (DANNACHER et MOUSSA, 1986 ; WELSH et ADAIR, 1995 ; CUTLER et HARWOOD, 2000) Le BVDV n'est pas un agent directement responsable des maladies respiratoires. En revanche, il favorise l'action des autres agents bactériens ou viraux à l'origine des bronchopneumonies des veaux. L'action du BVDV est immunodépressive au niveau général et local. Au niveau général, il provoque une leucopénie transitoire de quelques jours. Au niveau local, on observe une réduction de l'activité microbicide et phagocytaire des macrophages alvéolaires ainsi qu'une réduction de la production de facteurs de chimiotactisme aux neutrophiles (WELSH et al. 1995). L intervention du BVDV est suspectée dans de nombreuses maladies respiratoires : le BRSV et le PI3 sont les deux principaux agents rencontrés avec le BVDV dans les cas de bronchopneumonies chez les veaux

37 3.2. Les signes d appel mineurs (DOUART et SIMON, 1997 ; EVERMANN et al. 1993) Ce sont des symptômes moins évocateurs de la maladie. Ils doivent cependant alerter le praticien qui ne devra pas écarter la BVD de son diagnostic différentiel Retours en chaleur Une infection par le BVDV concomitante avec l insémination est susceptible d entraîner des résorptions embryonnaires et donc des retours en chaleur. Cette détérioration de la fécondité est transitoire et le BVD ne semble pas alors impliqué dans les phénomènes de «repeat breeding» et d anœstrus. En revanche, l utilisation de mâles IPI peut entraîner de graves troubles de la fécondité, persistants cette fois. Le BVDV interviendrait en interférant avec le processus de fertilisation dans l œuf sans qu il y ait véritablement mortalité embryonnaire Chute de production, pic fébrile L infection transitoire par le BVDV d animaux immunocompétents peut demeurer subclinique. Dans certains cas (en élevage laitier), l infection se traduit par une chute de production transitoire éventuellement accompagnée d un épisode fébrile modéré (40-41 C), voire d une leucopénie (inconstante) Diarrhée aiguë contagieuse Elle correspond à la forme aiguë bénigne décrite par Olafson en 1946, «découvreur» de la maladie (repris par Douart et Simon, 1997). Les formes cliniques sont rares chez les bovins de plus de 2 ans, sauf lors de passage viral dans un troupeau naïf. Chez ces derniers, 70 à 90% des formes rencontrées sont subcliniques et se traduisent uniquement par une légère hyperthermie et une leucopénie très rapidement suivies par l apparition d anticorps neutralisants protégeant les individus d une réinfection. Les formes cliniques se rencontrent chez les individus de 6 mois à 2 ans exposés au virus dès la période de fin d élimination des anticorps colostraux

38 Evolution de la maladie : Après une incubation de 5-6 jours, on observe : - Des signes généraux dus à une phase fébrile avec léger abattement, inappétence, hyperthermie décrivant une courbe à 2 cloches aux 2 ème - 4 ème j puis aux 5 ème -10 ème j où elle atteint 40,5-41,5 C pendant h. - Des signes locaux avec une phase de localisation oculo-respiratoire avec larmoiement, jetage séreux, toux sèche et polypnée et parfois une phase digestive avec stomatite ulcéreuse (surtout au niveau des gencives) et diarrhée apparaissant à la fin de la période fébrile évoluant favorablement en h, plus rarement en 5-7j. La clinique du syndrome BVD/MD est polymorphe et rarement pathognomonique. On distingue un nombre très varié de symptômes classés en signes d appel majeurs quand ils sont fréquemment rencontrés dans ce syndrome et en signes d appel mineurs qui doivent le faire intégrer dans le diagnostic différentiel. La maladie est mortelle dans 2 cas : lors de maladie des muqueuses chez le veau IPI, avec contamination de cet animal par une souche cytopathogène et lors de syndrome hémorragique provoqué par la souche hypervirulente. L infection transitoire par le BVDV est le plus souvent bénigne en elle-même. En revanche, elle peut provoquer des troubles de la reproduction (avortement, malformations, infertilité) et peut aussi intervenir dans les affections respiratoires par l immunodépression qu elle induit, surtout chez les jeunes

39 - 32 -

40 CHAPITRE 2 : DIAGNOSTIC ET LUTTE CONTRE LA BVD/MD 1. DIAGNOSTIC DE LA BVD/MD 1.1. Diagnostics clinique et épidémiologique Le diagnostic clinique et épidémiologique reprend l ensemble des éléments décrits dans la partie précédente. Ce sont ces éléments qui permettent de suspecter une infection par le BVDV au sein d'un troupeau. Le tableau 3 en rappelle brièvement les éléments essentiels à retenir. Tableau 3: Tableau récapitulatif des principaux signes cliniques rencontrés lors de BVD (D après DOUART et SIMON, 1997) Signes d appel majeurs Maladie des muqueuses Troubles de la reproduction Série d anomalies congénitales Syndrome hémorragique Rôle dans les maladies respiratoires Retours en chaleurs - Aiguë: syndrome fébrile, signes digestifs (diarrhée, ulcères ) - Chronique: fait suite à la forme aiguë, dépérissement et mort en 3 à 8 mois Avortements en série, mortalité embryonnaire, momifications Touchent essentiellement le système nerveux, le système immunitaire, les phanères, le système musculosquelettique, l appareil respiratoire Hémorragie généralisée suite à thrombocythopénie Immunodépression entraînant une infection par d autres germe à tropisme respiratoire Résorption embryonnaire Signes d appel mineurs Chute de production, pic fébrile Diarrhée aigue contagieuse Infection subclinique, épisode fébrile modéré Phase fébrile de 10j puis diarrhée pendant 1 à 7 jours

41 1.2. Diagnostic nécropsique (MAILLARD, 2003) La maladie des muqueuses provoque des lésions relativement caractéristiques, digestives et extra-digestives. Lésions digestives : - bourrelet gingival inflammé - ulcères rond (à l emporte pièce) ou linéaires (en coup d ongle) buccaux ou linguaux - ulcères longitudinaux de l œsophage avec des abrasions plus ou moins importantes. Ces lésions gagnent ensuite tout le tube digestif (préestomacs, caillette, intestins). Lésions extra-digestives : - ulcères de la couronne et du talon de l onglon. - ulcères des espaces interdigités - inflammation de l œil lorsque la maladie des muqueuses a un tropisme - dermatite exsudative dans les régions à peau fine Dans le cas de la BVD chez l animal adulte, les lésions sont peu importantes, et essentiellement digestives. Les lésions observables alors sont essentiellement de type ulcératif dans la partie antérieure du tube digestif : ulcérations superficielles «en coup d ongle» au niveau de la bouche et du pharynx, ulcères linéaires allongés le long de l œsophage et quelques rares ulcères sur les préestomacs. Dans la partie postérieure du tube digestif, ce sont plutôt des lésions inflammatoires que l on peut observer avec une inflammation catarrhale plus des pétéchies au niveau de la caillette. En zone intestinale, on observe une entérite iléocæco-colique et une rectite avec des micro-ulcères. Enfin, lors de syndrome hémorragique, les lésions se caractérisent par des pétéchies et de nombreuses ecchymoses sur la plupart des organes Diagnostic différentiel (PETIT S. 2002, REMY D. 2003) Les symptômes liés à l infection par le BVDV étant polymorphes, ils peuvent prêter à confusion avec de nombreuses autres maladies. Le diagnostic différentiel doit donc se baser sur les principaux signes cliniques provoqués par l infection par le BVDV et prendre en compte les maladies caractérisées par la présence de symptômes digestifs, de troubles de la reproduction, avec infertilité, avortements et malformations ou d atteintes respiratoires. Les deux principaux symptômes digestifs rencontrés lors de BVD/MD sont les ulcères buccaux (lors de maladie des muqueuses) et la diarrhée. L'association de ces deux symptômes se rencontre surtout dans 2 autres maladies: la fièvre aphteuse et la fièvre catarrhale maligne. - Fièvre aphteuse: l agent responsable de cette maladie est un virus de la famille des Aphtovirus. Elle est à prendre en compte dès qu'il y a présence d'ulcères car c'est une Maladie Légalement Réputée Contagieuse. Elle se distingue de la maladie des muqueuses par la présence de vésicules, pas toujours visibles cependant, avant qu'elles n'éclatent pour former

42 des ulcères. De plus, ces vésicules ne sont pas uniquement présentes dans la bouche et on en retrouve aussi au niveau des espaces interdigités et sur les talons. La diarrhée est généralement teintée de sang lors de fièvre aphteuse (forme alimentaire), on peut aussi parfois observer une paralysie progressive (forme neurologique). Une contagiosité extrêmement rapide ainsi qu une forte morbidité sont aussi les caractéristiques de la fièvre aphteuse. - Fièvre catarrhale maligne (ou coryza gangreneux): Provoquée par un virus de la famille des Herpesvirus, les symptômes digestifs qu elle engendre sont très semblables à la BVD. Cependant, c'est une maladie beaucoup plus rare et, à la différence de la BVD, elle est toujours mortelle. On y observe également une hypertrophie des nœuds lymphatiques et elle provoque une cécité, d où son nom de «kératite bleue». Lors de diarrhée, le diagnostic différentiel est à faire avec la diarrhée d'hiver du jeune et la paratuberculose. A la différence de la BVD, la diarrhée d'hiver, ou gastroentérite néo-natale, ne touche que les jeunes de 5 jours à 3 semaines et ne provoque pas d'autres symptômes. En ce qui concerne la paratuberculose, la diarrhée est profuse et elle est responsable d'un amaigrissement important qu'on ne retrouve pas lors de BVD. De plus, les symptômes de la paratuberculose n apparaissent qu après l âge de 2 ans et le plus souvent entre 4 et 6 ans. Enfin, la paratuberculose provoque une morbidité importante, ce qui est rarement le cas de la BVD Une diarrhée associée à une infertilité sur le même animal peut être le signe d'une carence en oligo-éléments, notamment en cuivre. Dans ce cas, on pourra aussi observer une décoloration de la robe et une chute des poils. Le diagnostic de certitude se fera par dosage de la cuprémie. Lors d'avortement, de multiples causes bactériennes, virales ou parasitaires peuvent intervenir: - Bactéries: Brucella abortus, Salmonella, Haemophilus, Arcanobacterium pyogenes - Virus: BHV4 - Protozoaires: Tritrichomonas foetus, Sarcocystis - Champignons: Aspergillus fumigatus Seule une recherche de l'agent causal sur l'avorton permet de faire un diagnostic de certitude. Maladies respiratoires: Ici le BVDV n'est jamais le seul agent en cause. Il facilite le développement de virus tels que BRSV ou Parainfluenza 3 ainsi que de bactéries telles Mannheimia haemolytica et Bordetella bronchiseptica par son action immunodépressive. Lors d'infections répétitives d animaux, un protocole de recherche de la circulation du BVDV au sein du troupeau devra être envisagé. Tous ces éléments sont récapitulés dans le tableau

43 Tableau 4: Tableau récapitulatif du diagnostic différentiel de la BVD (d après PETIT S. 2002, REMY D. 2003). Symptômes principalement rencontrés Diarrhée seule Diarrhée + ulcères buccaux Diarrhée + infertilité Avortements Troubles respiratoires Affection de symptômes similaires - Diarrhée d hiver - Paratuberculose - Fièvre Aphteuse - Fièvre catarrhale maligne - Carence en oligo-éléments, notamment en cuivre - Bactéries : B. abortus, Salmonella, Haemophilus, A. pyogenes - Virus : BHV4 - Protozoaires: Tritrichomonas foetus, Sarcocystis - Champignons : Aspergillus fumigatus - BRSV - Parainfluenza 3 - Bactéries : M. haemolytica et B. bronchiseptica Moyens de distinction avec la BVD - Touche seulement les jeunes de 5 jours à 3 semaines - Pas d autres symptômes - Diarrhée profuse - Amaigrissement important - symptômes à partir de l âge de 2 ans - Présence de vésicules lors de fièvre aphteuse (cependant pas toujours visibles) - Autres localisations des ulcères (espaces interdigités et talons) - Paralysie - Morbidité forte - Contagiosité extrême - Rare! - Toujours mortelle - Hypertrophie des nœuds lymphatiques - Cécité («kératite bleue») - Décoloration du poil - Diagnostic de certitude par dosage de la cuprémie - Diagnostic de certitude par recherche de l agent causal sur sang, avorton ou placenta En cas de troubles respiratoires, le BVDV n est jamais seul en cause. En revanche, en cas de répétition de ces troubles dans un élevage, il est à rechercher. Cependant, seul le diagnostic de laboratoire avec la mise en évidence directe ou indirecte du virus permet de faire le diagnostic de certitude de la présence ou du passage du virus. Le diagnostic différentiel du syndrome de la BVD/MD est complexe car c est une maladie qui provoque de nombreux symptômes inconstants qui rappellent d'autres infections. De plus, aucun de ces symptômes n'est pathognomonique de ce syndrome

44 1.4. Diagnostic de laboratoire Les examens de laboratoire sont un recours indispensable dans le cas de l infection par le BVDV. Ils doivent permettre : - de confirmer un diagnostic clinique, puisque les signes d appel et les lésions sont multiples et peu caractéristiques. - de détecter les animaux IPI (sérologiquement négatifs et virémiquement positifs) et/ou atteints de maladie des muqueuses. - de distinguer les animaux virémiques transitoires des animaux sains ayant déjà rencontré le virus. - de détecter les animaux naïfs vis à vis de la BVD, classe à risque pour la production d IPI. Les examens de laboratoire mis à la disposition des praticiens sont classés en 2 catégories permettant de répondre à ces attentes : - Les méthodes indirectes qui consistent à retrouver les marqueurs du passage viral dans l organisme : les anticorps. Elles interviennent dans la détection des animaux qui ont été en contact avec le virus. Elles confirment ou infirment le passage antérieur du virus dans le troupeau. - Les méthodes directes qui ont pour but d isoler ou de mettre en évidence la présence de l agent viral dans l organisme. Elles sont donc utilisées pour la détection des IPI et des infectés transitoires Les méthodes indirectes (GOETGHELUCK, 2002 ; BROCK, 1995 ; SELLAL, 2004) Le test de séroneutralisation C est la méthode indirecte de référence. Elle consiste à mettre le sérum prélevé en contact avec une souche virale CP (le plus souvent) puis à placer l'ensemble sur une culture cellulaire. Si le sérum contient des anticorps, la souche sera neutralisée et ne provoquera pas de lésions de la culture cellulaire. C'est une méthode quantitative qui permet de déterminer le titre en anticorps neutralisants du sérum. Elle peut être complétée par une immunofluorescence indirecte ou un test à l'immunoperoxydase pour mettre en évidence le virus neutralisé si on utilise une souche NCP (qui ne provoquera donc pas de lésions observables)

45 Test ELISA anticorps totaux (GOETGHELUCKE, 2002; BROCKE, 1995) Utilisé individuellement avec du sérum ou au niveau du troupeau avec le lait de tank, le test ELISA est fiable, peu coûteux et rapide (quelques heures). Son principal inconvénient reste son manque de spécificité (avec détection de faux positifs). Il est le plus utilisé actuellement pour établir le profil immunitaire des troupeaux (la spécificité sera alors améliorée par le nombre d animaux), soit pour mettre en évidence le passage du virus lorsqu'il existe des signes d'appel, soit pour assurer le suivi d'un troupeau après élimination des IPI. Le principe de la méthode ELISA (GOETGHELUCK, 2002), comme le schématise la figure 7, consiste à placer le sérum de l animal (ou du groupe d animaux) à tester au contact d un tapi d antigènes (ici la souche de BVDV Oregon C24V). Si le sérum contient des anticorps anti-bvdv, ces derniers vont se fixer aux antigènes. Après rinçage du milieu, les anticorps marqués anti-sérum de bovin ajoutés vont pouvoir s y fixer et une réaction colorée les mettra alors en évidence. Figure 7: Principe de la méthode ELISA anticorps totaux appliquée à la recherche du BVDV (d après GOETGHELUCK, 2002) (1): Fixation des anticorps spécifiques de l'antigène contenus dans le sérum prélevé. (2): Après rinçage éliminant les anticorps non fixés, ajout d'anticorps marqués antisérum de bovin. (3): Réaction de mise en évidence des anticorps marqués fixés. Il existe également un test ELISA anticorps P80 qui ne recherche que des anticorps P80 par compétition: la protéine P80 est «coatée» sur les parois des puits des microplaques par l'intermédiaire d'un anticorps monoclonal. Les laits à tester sont incubés dans les puits (2 h à 37 C). S'il existe des anticorps spécifiques du BVDV dans le lait, il se forme des complexes

46 P80-anticorps. Après lavage, un anticorps monoclonal (dirigé contre un autre épitope de la P80) couplé à la peroxydase est mis à incuber (30 min. à 37 C). En présence d anticorps spécifiques du BVDV dans le lait, la protéine P80 est masquée et le conjugué ne peut pas se fixer sur l épitope correspondant. Dans le cas contraire, le conjugué peut se fixer sur la P80. Après lavage, le substrat de l'enzyme est mis en présence de l'enzyme qui assure sa transformation en un composé bleu devenant jaune après blocage. L'intensité de la coloration est une mesure inverse du taux d'anticorps dans le lait à tester. La limite de positivité est calculée par rapport à un échantillon de contrôle négatif n induisant aucune compétition et qui doit être introduit sur chaque microplaque. Cependant ce test est moins sensible que l'elisa anticorps totaux et est plus lourd à mettre en œuvre (purification et préparation de l'anticorps) Interprétation des résultats des méthodes indirectes (CHASE et al. 2003) La corrélation entre séroneutralisation et ELISA est de 90-95%. Les écarts sont dus à la mauvaise spécificité de la méthode ELISA. D'autre part, les sérologies ne sont interprétables que chez les animaux de plus de 6 mois. Avant cet âge les anticorps colostraux maternels masquent le profil sérologique du veau. Une sérologie négative indiquera que l'animal est naïf, en cours de séroconversion ou IPI non recontaminé. Une sérologie positive sera le signe que l'animal est immunocompétent (contaminé ou vacciné) ou qu'il s'agit d'un IPI qui a été recontaminé par une souche différente de la souche d'origine. Le tableau 5 reprend ces différents éléments et compare les différentes méthodes de diagnostic indirect. Tableau 5: Comparaison des méthodes de diagnostic indirect (D après SELLAL, 2004) Détection Indications Avantages Limites Se Sp Séroneutralisation Anticorps neutralisants Recherche passage viral Bonne évaluation de la protection par les anticorps (suite à la vaccination ou à l infection transitoire) Selon les souches, le titre en anticorps est variable. Plus lourde à mettre en oeuvre + + ELISA P80 Ac témoins d infection Recherche passage viral 15% des IPI produiraient des Ac anti-p80 Détection des IPI, séronégatifs après disparition des anticorps colostraux +/- +/- Ac totaux Tous les anticorps anti-bvdv Recherche passage viral Certains IPI sont séropositifs Détection de tous les anticorps, donc très sensible. ++ +/

47 Les méthodes indirectes sont des méthodes quantitatives de titrage d'anticorps. Elles permettent donc d'effectuer un suivi de l'état sérologique des troupeaux. Ceci est surtout vrai en ce qui concerne l'utilisation du test ELISA anticorps totaux sur laits de mélanges. Il existe en effet une corrélation positive entre la prévalence de bovins séropositifs au sein d'un troupeau et le titre en anticorps du lait de tank. L'augmentation de ce titre signera donc une variation de la prévalence, c'est à dire une augmentation de l'incidence et donc l'infection de nouvelles vaches par le virus. Le contrôle régulier de ces titres est donc un bon moyen d établissement et de suivi du statut immunologique d'un troupeau et sera utilisé dans nombre de plans de maîtrise de l infection par le BVDV. Cependant, les méthodes indirectes ne permettent de rechercher que le passage du virus chez un animal donné ou dans un élevage. Or, il est souvent nécessaire de rechercher le virus directement afin de déterminer si un animal est porteur du virus et donc excréteur, ce qui signifie qu il représente un risque pour l élevage. Seules les méthodes directes de recherche du virus permettent cela Les méthodes directes Isolement viral sur cellules (BROCK, 1995 ; DUBOVI, 1990) Cette méthode de détection directe du virus est de moins en moins utilisée, car elle est complexe et longue. a. Principe Cela consiste à faire incuber le virus avec des cultures cellulaires secondaires (cellules de rein ou de testicules de veaux prélevées à l abattoir). Prélèvements (DUBOVI, 1990): - Sur animal vivant, le prélèvement est le sang total (virus libre dans le sérum). On obtient cependant une meilleure sensibilité avec la culture de la fraction mononucléée des leucocytes sanguins de prélèvements faits sur tube EDTA ou hépariné. - Sur animal mort, on utilise des broyats tissulaires (poumon, cerveau, rate, placenta, fœtus, intestin s il y a des lésions du type nécrose des plaques de Peyer ) ou des extraits de fèces filtrés sur membrane. Attention cependant car l excrétion dans les fèces est irrégulière. Les cultures sont incubées 3 à 5 jours avec un milieu d entretien comportant du sérum de veau fœtal. Le virus est ensuite récolté après lyse des cellules puis repassé 2 à 5 fois sur cultures fraîches pour le multiplier

48 b. Identification virale L identification virale variera en fonction de la souche virale recherchée. Pour les souches cytopathogènes (CP), l identification sera aisée, puisqu elles vont provoquer la lyse des cellules de culture. Pour confirmation on pourra aussi utiliser un sérum contenant des anticorps anti-md, puisque la maladie des muqueuses (MD) est déclenchée par une souche CP. En revanche, en ce qui concerne les souches NCP, on devra recourir à d autres méthodes : - Méthode d interférence virale interspécifique : Sur culture cellulaire, une primo-infection du tapis par une souche NCP inhibe l infection par une souche CP (donc si présence d une souche NCP, il n y aura pas d effet cytopathogène par la souche CP). On infecte donc le tapis cellulaire avec le sérum à tester puis avec un sérum contenant une souche CP. S il y a lyse du tapis cellulaire, c est que le sérum à tester ne contenait pas de virus. Cette méthode n est plus utilisée à l heure actuelle. - Immunofluorescence directe : Utilisation d anticorps anti-bvdv provoquant une réaction colorée lorsqu ils se conjuguent aux antigènes du BVDV (figure 8A). - Immunofluorescence indirecte : le principe est semblable au précédent. La seule différence est que l anticorps provoquant la réaction colorée n est pas l anticorps anti-bvdv mais un anticorps anti-globulines bovines se fixant sur ces dernières (figure 8B). Cette méthode est plus sensible que l immunofluorescence directe mais aussi plus longue à réaliser (8 jours). L isolement viral sur culture cellulaire et son identification sont relativement faciles à réaliser en laboratoire et fiables. Cependant, ils nécessitent un prélèvement de très bonne qualité, puisque le virus doit être vivant et capable de se multiplier. De plus, cette technique ne permet pas l obtention de résultats en moins de 10 jours. Leur utilisation en routine est encore courante (exemple du laboratoire vétérinaire départemental de la Manche) mais elle tend à être délaissée au profit de méthodes telles que la PCR qui, bien que plus chère, est aussi plus sensible et rapide Recherche d antigènes viraux dans les tissus (BROCK, 1995) Immunohistochimie L'identification rapide de l'antigène dans les échantillons de tissus peut être pratiquée par des méthodes immunohistochimiques telles que l'immunofluorescence ou la mise en évidence immunoenzymatique (test à l'immunoperoxydase) sur des coupes de tissu congelées

49 Principe : A B Figure 8: Principes de la détection d'antigènes par immunofluorescence (D après GOETGHELUCK, 2002). A: Immunofluorescence directe: l'anticorps conjugué anti-antigène viral provoque une réaction colorée sous U.V. une fois l'antigène reconnu. B: Immunofluorescence indirecte: Après incubation avec un antisérum spécifique sur l'échantillon puis rinçage, on ajoute l'anticorps conjugué. Le conjugué provoque une réaction colorée en se fixant sur les anticorps de l'antisérum fixés aux antigènes viraux et donc non éliminés par le rinçage. Cette réaction nécessite une étape supplémentaire mais donne une meilleure sensibilité. Les meilleurs résultats sont obtenus avec des prélèvements réalisés à la limite zone saine-zone lésée. Tous les organes peuvent être prélevés. Cependant, la thyroïde et les glandes salivaires, les nœuds lymphatiques et le pourtour des lésions intestinales ainsi que la rate semblent donner de meilleurs résultats. Chez l'animal vivant, on pourra prélever des érosions nasales ou buccales ou pratiquer des biopsies. L'immunofluorescence directe est réalisée sur des coupes d'organe congelées et fixées à l'acétone. L'inconvénient de l'immunofluorescence est l'existence de faux positifs dus à la fluorescence de fond provoquée par des réactions sérologiques non spécifiques. Ainsi, les

50 vaisseaux sanguins sains peuvent émettre une fluorescence. Il en est de même de la fluorescence non spécifique contre les protéines cellulaires qui accompagnent invariablement le virus inoculé. Pour diminuer ces réactions non spécifiques, et donc augmenter la spécificité du test, on utilise des antisérums déjà conjugués. Un autre inconvénient de la technique réside dans la variabilité antigénique du BVDV qui peut rendre l'antisérum inefficace si la souche inoculée pour sa production est différente de celle qui est recherchée (d'où un manque de sensibilité). Cependant, récemment, un anticorps monoclonal, 15C5, réagissant avec la protéine E0, a été découvert qui réagit avec la plupart des souches de BVDV et peut être utilisé pour détecter les antigènes de BVD. Cette technique présente certains avantages: elle est rapide et ne nécessite pas de cultures cellulaires. Elle sera donc utilisée préférentiellement pour la recherche des bovins IPI ou souffrant de la maladie des muqueuses, pour pouvoir les éliminer rapidement du troupeau. En revanche, son manque de sensibilité lui fera préférer l'isolement viral dans la recherche d'infections aiguës Immunoperoxydase (CLARKE, 1996) Le test immunoperoxydase est assez proche de l immunofluorescence. Il consiste à marquer par la peroxydase la liaison anticorps-antigène du BVDV. Elle se fait sur des coupes d'organe congelées ou fixées à l'alcool et inclues dans de la paraffine. Elle peut aussi être pratiquée sur des frottis de leucocytes. La méthode indirecte (utilisant des anticorps monoclonaux) semble plus avantageuse que la méthode directe (anticorps polyclonaux). Sensibilité, spécificité et rapidité sont équivalentes à l'immunofluorescence. L'utilisation sera donc la même que pour l'immunofluorescence Test ELISA (Enzyme-Linked Immunosorbent Assay) antigène P125/80 (BROCK, 1995) Le test ELISA P125/80 (NS2-3) consiste à utiliser un anticorps monoclonal dirigé contre la protéine P125 (souches NCP)/P80 (souches CP, voir figure1). Il s'agit d'une protéine non structurale très stable chez la plupart des souches de BVDV. La qualité de cet anticorps le rend spécifique de cette protéine et donc du virus du BVD/MD. La réaction anticorps-p125/80 est ensuite révélée par lecture au spectrophotomètre à 450 et 630 nm. La quantité d'antigène virale sera proportionnelle à la densité optique obtenue, ce qui en fait une méthode diagnostique semi-quantitative. Le test peut être pratiqué sur échantillons de sang total, leucocytes ou sur broyat d'organes. Sensibilité et spécificité avoisinent 100% dans les études basées sur la détection d'ipi. De plus, ce test est peu coûteux et rapide (24 à 48h), c'est pourquoi il est le plus utilisé à l'heure actuelle dans la recherche antigénique du BVDV

51 La PCR ( Polymerase Chain Reaction) (KIM et al. 2003, POLACK et ZMUDZINSKI 1999)) Il s'agit d'une RT-PCR (Reverse Transcriptase PCR) utilisée pour la détection de l'arn viral dans les prélèvements. Elle consiste à amplifier l'arn viral par cycles d'ouvertures d'hélices d'adn/ synthèse d'adn après traduction de l'arn viral en ADN à l'aide de la Reverse Transcriptase. Une fois amplifié, l'adn est mis en évidence par électrophorèse. Cette technique est très sensible, utilisable même sur des prélèvements de mauvaise qualité et est rapide. Mais son principal intérêt est qu'elle permet de détecter les IPI avant la disparition des anticorps colostraux (tableau 6), ce qui est indispensable pour maîtriser la maladie. Cependant, son coût élevé et le manque d'équipement des laboratoires en font une technique encore trop peu utilisée en pratique courante. Tableau 6: Comparaison des techniques PCR et Elisa dans la détection des IPI (d après GOETGHELUCK, 2002) Méthode Elisa antigène Elisa anticorps Statut des IPI 0 à 6 mois Sup. à 6 mois Négatif (masqué par les Ac maternels) Positif (Ac maternels) sauf si mère IPI Positif Négatif (Ac colostraux qui ont disparu) PCR Positif Positif Cas particulier de la PCR en temps réel (Real Time PCR) (SELLAL, 2003 (a et b), MAHLUM et al. 2002) Les techniques "traditionnelles" comportent certaines limites. Ainsi, une sérologie positive ne traduit qu'un passage viral. La datation de l'infection est imprécise, ce qui empêche notamment de déterminer l'origine du virus (vaccin vivant, introduction d'un infecté, contamination de voisinage ) et ne permet donc pas d intervenir sur la cause de la contamination. Ces techniques indirectes ne peuvent donner que des facteurs de risque. Ainsi l'union bretonne des groupements de défense sanitaire (UBGDS) classe les troupeaux en fonction du risque BVD (de A à D). De plus, on a longtemps considéré que les animaux IPI étaient séronégatifs en anticorps anti- P80 après disparition des anticorps colostraux. Or il apparaît actuellement que 15% des IPI semblent présenter des anticorps anti-p80. Il en va de même des méthodes de mise en évidence directe du virus ou de son ARN. Leur sensibilité insuffisante ne permet pas de les utiliser pour détecter les IPI sous immunité colostrale et ce sont des méthodes individuelles mal adaptées au suivi de troupeaux

52 Depuis 2001 une nouvelle technique de mise en évidence directe est disponible: la PCR en temps réel. Sensibilité et spécificité sont meilleures que la PCR classique grâce à l'utilisation de sondes marquées fluorescentes en plus des amorces. Les résultats sont lus en continu à chaque cycle d amplification à l'aide d'une caméra CCD. Un système informatique compare les signaux fluorescents obtenus par les échantillons avec ceux des contrôles positif et négatif lus en même temps. Cette technique est semi-quantitative puisqu'elle permet de lire la fluorescence émise en fonction du nombre de cycles de réplications effectués. Ainsi, plus le nombre de cycles à effectuer pour atteindre un niveau de fluorescence spécifique de la sonde est faible, plus la charge virale est élevée (BHUDEVI et WEINSTOCK, 2001). Cette technique semble très prometteuse dans la lutte contre la BVD. Cependant le manque de recul vis-à-vis de ses résultats à grande échelle, son coût encore prohibitif et son utilisation encore restreinte à quelques laboratoires ne permettent pas son exploitation en routine à l'heure actuelle Interprétation des résultats des méthodes directes Les résultats d'une première virologie permettent généralement de distinguer les animaux non porteurs du virus (négatifs) des animaux IPI ou infectés transitoires (positifs). Pour distinguer les IPI des infectés transitoires, il faut renouveler la virologie un mois plus tard dans la majorité des techniques de diagnostic direct. Les infectés transitoires seront alors redevenus négatifs alors que les IPI seront encore positifs. Cependant, cette «cinétique» a 2 inconvénients majeurs : elle ne peut être réalisée que sur animaux vivants, donc pas lors d avortement, mort prématurée ou après abattage ; et elle nécessite surtout de conserver dans l élevage un animal excréteur. Il serait donc intéressant d avoir un test permettant de distinguer un IPI d un infecté transitoire dès le premier prélèvement. C est ce que permet de faire la PCR RT (Real Time) ou «Temps Réel». Le tableau 7 reprend l ensemble de ces méthodes de diagnostic direct et en fait une comparaison qualitative en fonction de l indication souhaitée. Tableau 7: Comparaison des méthodes de diagnostic direct (D après SELLAL, 2004) Immunochimie sur tissus Isolement viral sur culture ELISA antigène P125/P80 sur sang total ELISA antigène sur sérum Détection des IPI Détection des IPI sous immunité colostrale Détection Virémiques Transitoires (VT) Distinction IPI/VT sur 1 prélèvement Utilisation sur mélange OUI OUI sur peau NON NON NON + +/- OUI +/- +/- NON NON + +/- OUI NON NON NON NON +/- +/- OUI +/- +/- NON NON +/- + PCR OUI OUI +/- NON OUI + + PCR Real Time OUI OUI OUI OUI OUI + + Sp Se

53 1.5. Les tests utilisés en pratique dans les laboratoires actuellement Actuellement, la plupart des recherches de BVD dans un élevage se font suite à des suspicions cliniques telles que des avortements, malformations ou présence de veaux chétifs. La procédure la plus utilisée à l heure actuelle est donc la recherche des IPI afin de les éliminer. Dans les LDA, pour la recherche d IPI, plusieurs tests sont utilisés, suivant l âge des animaux : pour les animaux âgés de plus de 3 mois, c est l ELISA P125/80 ou l isolement viral sur culture cellulaire (de moins en moins pratiqué) qui sont utilisés. Pour les animaux de moins de 3 mois, la présence d immunité colostrale rend ces techniques moins fiables, et c est la PCR, plus sensible mais aussi plus onéreuse, qui est alors utilisée. Ces recherches peuvent se faire individuellement, si la suspicion repose sur un animal, ou par pool de 10 prélèvements (puis recherche individuelle si le pool est positif) si la recherche repose sur un ensemble d animaux, comme lors de plans de maîtrise ou si l élevage présente de nombreux cas cliniques. Lors de l établissement d un statut d élevage (y a-t-il eu passage viral et si oui, est-il récent ou ancien) ou lors de suivi de l état sérologique d un élevage, des sérologies sur l ensemble du troupeau sont pratiquées. Ici, c est le test ELISA anticorps totaux sur lait ou sang de mélange qui est pratiqué. Enfin, lors d avortement, c est l ELISA p125/80 sur tissus d avorton qui est réalisée. En définitive, méthodes directes et indirectes sont complémentaires dans le dépistage de la BVD. Sensibilité, spécificité, coût, disponibilité et rapidité d obtention du résultat sont autant de critères à prendre en compte dans le choix de la méthode à utiliser. Les méthodes directes, isolement viral par immunofluorescence, immunohistochimie, immunoperoxydase, ELISA P125/80 et PCR sont nécessaires afin de déterminer les sources de virus dans le cheptel : IPI et virémiques transitoires. Actuellement, le test de prédilection dans la lutte contre la BVD est l ELISA P125/80, mais la PCR, plus spécifique semble être la méthode d avenir. En ce qui concerne les méthodes indirectes que sont la séroneutralisation, l ELISA Anticorps totaux et ELISA Anticorps P80 ; elles permettent de déceler le passage du virus au sein du troupeau. C est le test ELISA Anticorps totaux qui est privilégié car il est semi-quantitatif, ce qui permet d observer l évolution du taux d anticorps dans les troupeaux et donc de la prévalence du virus au sein du cheptel

54 2. TRAITEMENT ET PROPHYLAXIE DE LA BVD/MD (GOETGHELUCK, 2002 ; MAILLARD, 2003) 2.1. Traitement - Il n existe aucun traitement de la maladie des muqueuses à l heure actuelle. Les animaux atteints doivent être éliminés du troupeau le plus rapidement possible, car ils sont IPI et donc excréteurs permanents. - Les animaux présentant une diarrhée guérissent seuls, un traitement symptomatique peut être mis en place pour éviter la déshydratation et les pertes électrolytiques. - Lors d affections respiratoires où le BVDV a un rôle immunodépressif, des mesures hygiéniques seront instaurées (aération, diminution de la densité dans l étable, ). Une couverture antibiotique pourra aussi être mise en place afin d éviter une surinfection bactérienne par Pasteurella multocida et Mannheimia haemolytica. - Il n y a pas non plus de traitement du syndrome hémorragique, fulgurant et le plus souvent mortel Prophylaxie sanitaire contre la BVD Comme nous l avons vu, l entrée du virus dans un troupeau se fait essentiellement par contact avec un animal porteur et excréteur du virus. Cet animal peut être un bovin introduit ou un animal du voisinage, domestique ou sauvage. La prophylaxie sanitaire a pour but d empêcher la contamination du cheptel indemne par les animaux excréteurs. Pour cela, 2 grandes stratégies apparaissent : empêcher l entrée du virus dans l élevage par des contrôles à l introduction ou par acquisition d animaux issus d élevages indemnes ; ou protéger les animaux de l élevage en les vaccinant. Une troisième alternative peut être la combinaison de ces deux stratégies La vaccination (VAN OIRSCHOT et al. 1999) Méthode de choix en matière de prophylaxie défensive, la vaccination fait partie des outils mis à la disposition des praticiens dans la lutte contre la BVD. Apparue une dizaine d année après la découverte de la maladie, en 1961 avec la production du premier vaccin par Coggins et al, (repris par Van Oirschot et al, 1999) elle n a cessé d évoluer afin d améliorer son efficacité tout en limitant ses effets secondaires. La vaccination peut répondre à plusieurs objectifs. Elle permet notamment de limiter l apparition de signes cliniques et surtout d éviter la propagation du virus en empêchant le développement d IPI. Cependant, elle présente aussi certains inconvénients tels que la dissimulation de la circulation du virus au sein d un troupeau. L utilisation de vaccins monovalents contre la BVD n est pas très fréquente. La plupart des formulations contenant les vaccins contre la BVD sont des combinaisons de différents vaccins reprenant les principales maladies respiratoires des bovins. En effet, bien que l infection par le

55 BVDV ne provoque pas elle-même de maladies respiratoires, elle les favorise en créant une immunodépression. Ainsi, dans les vaccins, la valence BVD est souvent associée aux valences BHV1, RSV, parainfluenza-3, Pasteurella ou Haemophilus Les vaccins utilisés actuellement (SCHELCHER, 2004; VAN OIRSCHOT, 1999) Les vaccins vivants Les vaccins vivants modifiés contiennent une souche cytopathogène atténuée capable de se répliquer dans l organisme. Leur atténuation peut être obtenue par des passages successifs sur des cultures cellulaires d origine bovine ou autre (cobayes) ou par chauffage dans le cas des souches thermosensibles comme RIT Les souches les plus fréquemment utilisées au niveau mondial sont : Oregon C24V, RIT 4350, NADL ou Singer. Les vaccins vivants présentent plusieurs avantages : - L injection d une faible dose est suffisante car la souche vaccinale se réplique dans l hôte - Ils sont économiques à produire - Une dose unique suffit, ce qui facilite leur utilisation - La réponse immunitaire apparaît rapidement et la protection est durable - Ils sont efficaces dès 4-6 mois d âge. Cependant, ils ont aussi des inconvénients : - Etant vivants, ils doivent être conservés dans des conditions strictes de température - Des cas d apparition de la BVD sont apparus suite à l utilisation de ces vaccins. Cela aurait été lié à un maintien de virulence de certaines souches ou à la contamination par les sérums de veau utilisés pour leur fabrication - Il est possible d induire une maladie des muqueuses en vaccinant un animal IPI - Ils présentent le risque de provoquer des malformations ou des morts fœtales lors d injection sur des femelles gestantes - L immunodépression post-vaccinale peut déclencher l apparition d autres pathologies sous-jacentes - Il y a un risque de recombinaison génétique avec l ARN d un autre virus, pouvant lui restituer sa virulence Actuellement, sur le marché français, 2 vaccins vivants modifiés existent : - MUCOSIFFA (Merial), souche Oregon C24 V (type 1a), cytopathogène - RISPOVAL BVD (Pfizer), souche RIT 4350 (type 1), cytopathogène. Il existe aussi sous forme de vaccin multivalent, associé à un vaccin contre le BRSV et le PI

56 Les vaccins inactivés Dans le cas des vaccins inactivés, les souches virales de BVD sont multipliées pour atteindre un titre élevé de particules virales, puis elles sont détruites par un traitement chimique. Les antigènes viraux ainsi obtenus sont purifiés puis associés à un adjuvant améliorant la qualité de la réponse immunitaire, comme les phosphate et hydroxyde d aluminium ou des excipients huileux. Ces vaccins inactivés ont aussi des avantages et des inconvénients. Leurs principaux avantages sont qu ils sont exempts d une partie des inconvénients des vaccins vivants, à savoir : - Leur température de conservation ne doit pas être aussi stricte que pour les vaccins vivants. Ils ne doivent cependant pas être placé à des températures élevées, au risque d être dénaturés. - Ils n induisent qu une très faible immunodépression. - Ils ne provoquent pas de maladie des muqueuses chez les IPI ni d infection fœtale et peuvent donc être utilisés chez la femelle gestante. En revanche : - Ces vaccins coûtent plus cher à produire - L induction de la réponse immunitaire nécessite une dose plus élevée d antigènes ainsi qu un rappel à 2-4 semaines après la primovaccination, donc le plan de vaccination est plus lourd à mettre en oeuvre - La protection est plus longue à obtenir qu avec un vaccin vivant - Des chocs anaphylactiques ainsi que des baisses de la production laitière ont été signalés après l utilisation de ces vaccins - L efficacité est moyenne sur le fœtus, ils protégent peu contre la naissance d IPI, les avortements ou la naissance de veaux présentant des malformations Vaccins inertes utilisés en France : - BOVILIS (Intervet), souche C86 (type 1) cytopathogène - MUCOBOVIN (Mérial) souches New York (type1b) et Aveyron BDV (souche de Border Disease ovine), non cytopathogènes Efficacité des vaccins utilisés dans la lutte contre la BVD (VAN OIRSCHOT, 1999) Afin d être utilisés dans le cadre d un plan de lutte, les vaccins BVD doivent satisfaire à certaines exigences : - Assurer la protection contre l infection transitoire - Avoir une protection croisée contre les différentes souches virales - Garantir la protection fœtale De plus, comme tout vaccin, il doit respecter une certaine innocuité vis à vis de l hôte

57 La protection contre l infection transitoire La vaccination permet de protéger contre l infection transitoire en activant la synthèse d anticorps neutralisants. Après vaccination, l organisme développe des anticorps contre les protéines d enveloppe E0, E1 et E2 ainsi que contre la protéine non structurale NS2-3. Cependant, seuls les anticorps antie2 sont neutralisants et permettent d empêcher l infection. L utilisation de la protéine E2 serait donc à développer dans la synthèse de vaccins subunitaires. Actuellement, l ensemble des vaccins mis sur le marché permet de protéger les animaux contre l infection transitoire à partir de 4-6 mois d âge. Cependant, si les animaux sont vaccinés à cet âge là, une vaccination de rappel est nécessaire vers 8-12 mois, même avec un vaccin vivant, car l immunité colostrale aurait encore pu inhiber la première vaccination La protection croisée Comme nous l avons vu dans le chapitre I, le virus de la BVD comporte 2 grands génotypes, BVDV1 et BVDV2, et chaque génotype est divisé en une multitude de souches. Selon leur localisation géographique, la prévalence de chaque souche ne sera pas la même. Le vaccin sera efficace s il permet d obtenir une protection croisée à 2 niveaux : protection croisée entre types 1 et 2 et protection croisée entre les souches d un type donné (FULTON et al, 2003). En Europe, le type 1 est majoritaire. Le type 2 reste minoritaire et ses souches sont moins virulentes qu en Amérique du Nord où il est principalement responsable du syndrome hémorragique (Paget, 2003). La plupart des vaccins européens sont synthétisés à partir de souches de type 1. Pour tester la protection croisée entre différentes souches de type 1, des épreuves virulentes sont réalisées. Ainsi, le vaccin Bovilis BVD du laboratoire Intervet, vaccin inactivé conçu à partir d une souche de type 1, a été testé avec 12 souches différentes. 12 mois après vaccination, les animaux ont été mis en contact avec 12 souches classiques les plus fréquemment rencontrées. Les résultats sont les suivants (figure 9) :

58 Figure 9: Résultat comparatif des virémies entre un lot d animaux témoins et un lot d animaux vaccinés par BOVILIS BVD suite à une épreuve virulente avec 12 souches classiques de type 1 (Paget pour Intervet, 2004). Titre viral (log 10 DICT 50 /ml) 1,8 1,6 1,4 1,2 1 Temoins BOVILIS BVD 0,8 0,6 0,4 0, Jours Ce diagramme montre l absence de virémie libre après l épreuve de stimulation. De même, avec ce type d épreuve, on observe une différence significative de l infection leucocytaire entre le groupe témoin et le groupe vacciné. Il existe donc une très bonne protection croisée de type 1 grâce aux vaccins actuels. En ce qui concerne la protection croisée entre les types 1 et 2, des études réalisées à partir du vaccin BOVILIS BVD (MAKOSCHEY B. et al, 2001) ont montré une protection efficace contre les souches de BVDV de type 2. Ces expériences ont montré une réduction des signes cliniques, une absence d excrétion virale et une phase virémique très réduite en comparaison avec un lot témoin La protection fœtale (PAGET L., 2004 ; VANDAELE et MAILLARD, 2004) Comme nous l avons vu, l animal IPI est la principale source de virus au sein d un élevage. Tout protocole de plan de lutte aura pour principal but d éviter la présence d IPI dans le troupeau. Pour cela, 2 stratégies existent : soit dépister et éliminer les IPI déjà présents afin d éviter la contamination des animaux gestants, soit protéger les femelles gestantes naïves contre le virus. C est dans ce second cas que la vaccination est bénéfique. En effet, on sait depuis 1984 qu une infection de la femelle par le BVDV avant la gestation prévient l infection du fœtus. Par conséquent, une fois vaccinée, la femelle sera séropositive et ne pourra donc plus transmettre le virus au fœtus. Certains vaccins possèdent une protection fœtale marquée, démontrée par des épreuves virulentes, consistant à mettre en contact avec le virus deux lots d animaux, un lot témoin et un lot vacciné

59 C est le cas du BOVILIS BVD d Intervet, qui possède dans son AMM la mention «protection fœtale» et du BOVIDEC de Novartis, qui lui n est pas autorisé à l heure actuelle en France (Vandaële et Maillard, 2004). En ce qui concerne le Bovilis BVD (Paget, 2004), le dossier d AMM etait basé sur l étude de 18 génisses de 15 à 24 mois initialement naïves ; dont 11 ont été vaccinées 3 mois avant insémination artificielle et 7 ont été conservées comme témoins. Ensuite, ces génisses ont été mises en contact avec 3 IPI (excréteurs permanents) entre 80 et 120 jours post IA. Les résultats font apparaître que dans le lot vacciné : - 9 veaux sains sont nés - Il y a eu 2 avortements non provoqués par le BVDV - Aucun animal n était virémique. Dans le lot témoin : - 5 veaux IPI sont nés - Il y a eu 2 avortements dus au BVDV - Tous les animaux étaient virémiques. Ces résultats utilisés pour établir le dossier d AMM du vaccin BOVILIS BVD montrent une réelle efficacité du vaccin dans la protection du fœtus. Cela donne aussi la possibilité de l utiliser en urgence sur les femelles gestantes pour limiter les conséquences d une infection transitoire. Cependant, cette étude n a été réalisée qu avec un faible nombre d animaux. De plus, une autre étude rétrospective réalisée par l UBGDS (PAGET, 2004) dans le cadre du plan d assainissement BVD présente des résultats plus mitigés quant à l efficacité de la protection fœtale des vaccins utilisés en France (tableau 8): On disposait de 9094 veaux dont le statut sérologique avant IA de la mère était connu et sur lesquels une sérologie et une virologie ont été effectuées. Les mères ont été divisées en 3 groupes : mères séropositives avant IA, mères séronégatives avant IA et mères séronégatives et vaccinées avant IA (tous vaccins confondus, protocole mis en œuvre par l'éleveur). Les résultats suivants (tableau 8) donnent le nombre de naissances d IPI en fonction du groupe de la mère. Tableau 8: comparaison du nombre de naissances de veaux IPI issus de femelles séropositives, séronégatives et séronégatives vaccinées avant l insémination (Paget, 2004). Mère + Mère - Mère vaccinée Total Nombre d IPI (%) 2 (0,03) 44 (2,97) 10 (3,06) 56 (0,61) Nombre de non IPI Total

60 Ces résultats montrent que s il existe bien une différence entre les animaux séropositifs et les 2 autres groupes, ce n est pas le cas entre le groupe vacciné et le groupe négatif. Cela signifie que la vaccination des femelles séronégatives dans les élevages en assainissement n apporte pas un plus incontestable dans la réduction des naissances d IPI par rapport à l absence de vaccination. Un nouveau protocole a été mis en place par des chercheurs allemands afin d accroître la protection fœtale (Vandaële et Maillard, 2004). Il consiste à vacciner avec un vaccin vivant des animaux «prévaccinés» un mois auparavant à l aide d un vaccin inactivé. Le vaccin vivant donne une meilleure protection fœtale et la première vaccination par un vaccin inactivé semble limiter les risques de contamination fœtale par le vaccin vivant. En conclusion, la protection fœtale ne semble pas être garantie à l'heure actuelle par la vaccination. Seuls les animaux séropositifs suite à une infection par un virus sauvage assurent une bonne protection du fœtus. La vaccination ne garantie pas suffisamment l absence de naissance d IPI pour être utilisée seule dans les plans de maîtrise de la BVD. Elle peut en revanche intervenir pour diminuer les risques dans des cas précis, comme par exemple les élevages qui présentent un risque de recontamination important par le virus ou qui ont un grand nombre de cas cliniques Les protocoles vaccinaux Vaccination individuelle avant la mise à la reproduction Les protocoles peuvent différer selon la spécialité. On retrouve quand même toujours le même principe général avec une vaccination avant la mise à la reproduction et un rappel à un an (figure 10). Figure 10 : Protocole vaccinal lors de vaccination individuelle contre la BVD/MD. Primovaccination IA Vêlage Rappel IA 4 sem. 4 sem. Gestation 1 à 2 4 sem. mois En cas de vaccination d urgence, l ensemble du troupeau est vacciné en même temps par 2 injections à un mois d intervalle. Le principal inconvénient de la vaccination individuelle est sa complexité de mise en œuvre : elle nécessite la mise en place d un calendrier des vaccinations pour chaque animal. Le risque est donc «d oublier» une vaccination. De plus, elle nécessite des manipulations individuelles régulières des animaux, qui deviennent une contrainte lourde dès que le nombre d animaux commence à être important. Cependant, ce protocole garantie la meilleure protection fœtale avec un respect strict des intervalles vaccination-insémination

61 Vaccination de groupe La vaccination de groupe, par opposition à la vaccination individuelle, consiste à vacciner en même temps tous les animaux d un lot (les vaches d un troupeau laitier par exemple). Lors de vaccination en groupe, si les vêlages sont étalés ou s il n y a pas de contrôle à la reproduction, la vaccination se fait tous les 6 mois (après une primovaccination en 2 injections à un mois d intervalle) : une injection à l entrée à l étable et une injection à la mise à l herbe. Dans de cas, on assure une bonne protection durant la gestation par une diminution de l intervalle entre 2 vaccinations. Ceci simplifie le protocole mais représente un coût supplémentaire, puisque les animaux sont vaccinés plus souvent Place de la vaccination dans les plans de lutte contre la BVD/MD (BOLIN, 1995 ; PAGET, 2004 ) Les progrès effectués en matière de vaccination permettent l utilisation des vaccins dans le cadre de plans de maîtrise de la BVD, en association avec d autres mesures sanitaires et le dépistage de la maladie. La vaccination peut avoir sa place en particulier dans les cas où la maîtrise des risques de recontamination n'est pas suffisante, et donc où la protection des animaux contre les effets délétères du virus est indispensable. Cependant, dans le cas des plans d éradication de la BVD, le problème de la distinction entre un animal séropositif parce que vacciné et un animal séropositif parce qu il a rencontré le virus se pose toujours et représente un frein important à l utilisation systématique de la vaccination (BITSCH et al, 2000). Il serait alors impossible de distinguer les élevages où le virus circule encore des élevages assainis pouvant recevoir le statut "indemne". La mise au point d un vaccin marqueur serait nécessaire dans ce cas. Pourtant, lors d'utilisation de vaccins inactivés, il n'y a pas de réplication du virus au sein de l'organisme et ainsi pas de réplication de la protéine non neutralisante NS3 (P80). Les vaccins inactivés utilisés en France interfèrent ainsi peu avec les tests de diagnostic ELISA P80 et la sérologie des animaux vaccinés est le plus souvent négative. Cependant, à l'heure actuelle, cette distinction ne peut pas être prise en compte dans le protocole des plans de maîtrise de la BVD car d'une part une partie des animaux vaccinés vont quand même être séropositifs P80 et d'autre part les vaccins vivants (ex: Mucosiffa ) permettent la réplication de la protéine P80. De plus, une autre entrave à l utilisation de la vaccination systématique dans les plans de maîtrise de la BVD est l absence de garantie d efficacité des vaccins, en particulier pour la protection fœtale. C est pourquoi on ne le choisit à l heure actuelle qu en dernier recours, comme dans les élevages avec de nombreux cas cliniques par exemple

62 CHAPITRE 3: PLANS DE MAITRISE COLLECTIVE ET CERTIFICATION DES ELEVAGES CONTRE LA BVD/MD Nous allons tenter de répondre dans ce chapitre à 2 questions fondamentales dans la lutte contre la BVD et la mise en place d une certification BVD des élevages Français : est-il envisageable d un point de vue pratique de certifier les élevages français contre la BVD et ce de manière uniforme? Et cette certification serait-elle bénéfique au niveau sanitaire et économique pour les élevages Français? Chacune de ces questions sera traitée dans des parties distinctes. PREMIERE PARTIE LA CERTIFICATION DES ELEVAGES EST-ELLE POSSIBLE AU PLAN NATIONAL? Le but de cette partie est d évaluer s il est possible, d un point de vue pratique, de proposer sur l ensemble du territoire français un plan unique de maîtrise de la BVD certifiant les élevages qui soit applicable et efficace quels que soient le mode et le type d élevage rencontrés. Pour cela, dans un premier temps, une étude des plans déjà mis en place en Europe et en France sera réalisée, puis, dans un second temps, nous verrons s il est possible d appliquer l un de ces plans au niveau national. 1. ETAT DES LIEUX DE LA LUTTE COLLECTIVE CONTRE LA BVD EN EUROPE En Europe, trois grandes stratégies sont utilisées: - Eradication sans vaccination, avec dépistage des cheptels positifs puis dépistage et élimination des IPI et réglementation stricte des déplacements d'animaux; - Elimination des IPI et vaccination des jeunes femelles avant la gestation; - Actions individuelles à l instigation des éleveurs, aucun plan de maîtrise collective imposé Les plans mis en place en Europe Nous allons présenter ici l'historique des plans mis en place dans différents pays européens ainsi que leurs conditions d'application. Le but de cette étude est de déterminer d'une part le bilan des pays où ces plans sont en place depuis quelques temps et dans un second temps d'envisager si les conditions d'élevage rencontrées en France peuvent permettre de calquer ces plans sur l'ensemble du territoire

63 En Europe, les pays du Nord sont en avance dans la lutte contre la BVD. Nous présenterons donc dans un premier temps les plans mis en place par le Danemark, la Suède, la Norvège, et la Finlande Danemark (HOUE et SØRENSEN, 2002 ; BITSCH et al. 2000) L'infection par le BVDV est à déclaration obligatoire au Danemark. Le premier plan a été ordonné par le gouvernement danois en 1996 et a été renouvelé chaque année depuis. Les mesures du programme d'éradication reposent sur: - L'établissement du statut infectieux de chaque élevage, - Le suivi des troupeaux non infectés, - Le contrôle attentif des troupeaux positifs, - Des mesures prophylactiques (lors d'introduction, de mise en commun d'animaux ) Les tests de laboratoire pratiqués sont l'elisa et la culture sur cellules pour l'isolement viral; l'elisa pour la recherche d'anticorps dans le sang et le lait; et la neutralisation virale pour rechercher une hausse du taux d'anticorps. Il existe 2 statuts pour les troupeaux: - Exempts de BVDV s'ils ont soit un faible taux d'anticorps dans le lait, soit au moins 3 animaux de plus de 8 mois négatifs dans chaque unité épidémiologique du troupeau. Ce statut est confirmé tous les ans par contrôle sérologique. - Dans les autres cas les élevages sont BVDV positifs. Ils doivent alors mettre en place un plan d'éradication du virus avec recherche d'ipi. Les mouvements d'animaux provenant de ces élevages sont restreints et nécessitent des certificats sanitaires. Les résultats épidémiologique et économique du plan Danois de maîtrise de la BVD sont les suivants: En 1994, les IPI représentaient 1 à 2% du cheptel et on estimait à 40 à 50% le taux de troupeaux laitiers possédant un IPI. En 2002, moins de 2% des troupeaux laitiers étaient encore considérés comme infectés. Au cours des trois premières années, le plan a coûté 9 millions de dollars par an. Depuis, ce coût a diminué pour atteindre 3,5 millions $ par an. Avec des pertes dues à la BVD estimées à 20 millions de dollars par an avant sa mise en place, ce plan apparaît comme particulièrement efficace et utile pour le Danemark

64 Suède (LINDBERG, 2003) Un programme d'éradication de la BVD existe depuis 1993 en Suède dans les troupeaux laitiers et allaitants. Ce programme est coordonné par la Swedish Dairy Association. D'abord basé sur le volontariat, ce programme est devenu quasiment obligatoire en 1997 pour les éleveurs laitiers et en 1999 pour les allaitants suite à la pression des industriels du lait et de la viande. Actuellement, les élevages non-certifiés ne peuvent vendre leurs animaux qu'en vue de leur abattage et le lait ne peut être vendu. Le suivi repose sur la recherche d'anticorps par ELISA dans le lait de tank, dans le lait de mélange de 5 à 10 primipares ou par sérologie individuelle de 5 à 10 jeunes animaux de plus de 12 mois pris au hasard dans l élevage. Pour être certifié, un élevage doit avoir 2 contrôles négatifs à 7 mois d'intervalle. Pour les troupeaux ayant eu de forts risques de contact avec le virus dans l'année précédant la demande de certification, 3 tests négatifs sont nécessaires. Afin de conserver leur statut, les élevages doivent subir 1 test par an. En revanche, pour le commerce des animaux ou leur mise en commun (pâturage, foires ) il faut avoir eu un test négatif dans les trois derniers mois (4 mois sur lait de mélange). Les résultats épidémiologiques du plan suédois sont les suivants : La prévalence de l'infection des troupeaux laitiers est passée de 52% des cheptels en Avril 1993 à 2% à la fin De plus, entre 2000 et 2002, le nombre de cheptels sains recontaminés est passé de 0.6 à 0.2 % et des enquêtes épidémiologiques sur les causes de ces recontaminations ont montré qu'elles étaient dues à des non-respects de la réglementation en matière de BVD. Ces résultats montrent que ce plan a été suffisant et a permis une très bonne maîtrise de l'infection Norvège (FOURICHON, 2004 ; VALLE, 2000) Mis en place en 1992, ce programme concerne l'élevage laitier et allaitant. En Norvège, la BVD est une maladie réglementée et le dépistage est obligatoire. Seuls les élevages engraisseurs stricts (pas de reproduction ni de vente à d autres élevages) bénéficient d une dérogation. Le dépistage des troupeaux laitiers se fait par titrage des anticorps avec la méthode ELISA. Il peut être fait sur différents types de prélèvements : En élevage laitier, il peut être pratiqué sur lait de tank, pools de lait de 5 primipares ou pools de sérums de génisses nées dans l élevage En élevage allaitant, le dépistage est fait sur mélange de 3 à 5 sérums des animaux de 8 à 12 mois. Dans les 2 cas, ce dépistage est effectué une fois par an. Pour les troupeaux positifs, un programme d assainissement et de contrôle de la diffusion de l infection est mis en place. L assainissement consiste, comme dans l ensemble des pays scandinaves, à dépister les IPI par recherche d anticorps puis antigénémie et à les éliminer. Pour éviter la diffusion à d autres élevages, ces cheptels sont placés en «limitation officielle de mouvement» : des interdictions de mise en pâturages en communs ainsi que des limitations et des contrôles des déplacements des animaux (vente, foires, etc ) sont alors imposés

65 La limitation officielle de mouvement est levée après 2 sérologies négatives sur pool de 5 génisses de 24 à 48 mois nées dans l élevage séparées d un an. Les résultats épidémiologiques de ce plan sont les suivants : Lors du lancement du plan, en 1993, la prévalence nationale (troupeaux positifs Ac) en élevage laitier était de 37%. Elle est passée à 6% en En ce qui concerne les élevages contaminés, des études supplémentaires (VALLE P.S., 2000) ont montré qu il y avait une différence significative dans le retour vers un statut négatif entre les élevages réalisant une recherche des IPI sur une partie des animaux et ceux qui ont fait un dépistage systématique sur l ensemble du troupeau, ces derniers retrouvant plus rapidement le statut négatif. Dans les plans d éradication n utilisant pas la vaccination, il est donc indispensable de tester tous les animaux pour la recherche d IPI, et pas uniquement ceux qui sont les plus susceptibles de l être (jeunes, chétifs ).l Finlande (FOURICHON, 2004 ; NUOTIO, 1999) Dès 1993 et les premières études sur la prévalence de la BVD en Finlande, il est apparu que le pays avait moins de 1% des animaux du cheptel laitier porteur d anticorps dans le lait. Un plan de lutte a alors été mis en place en 1994, basé sur le volontariat des éleveurs. Dans les élevages laitiers, l analyse se fait sur lait de tank (test ELISA indirect), une fois par an. En cas de résultat positif un test sérologique individuel est pratiqué sur tous les animaux de l élevage. Dans les élevages allaitants, depuis 1995, la sérologie est effectuée sur les animaux à l abattoir. Si plus de 50% des animaux sont positifs, une virologie individuelle est pratiquée sur tous les animaux séronégatifs pour détecter et éliminer les IPI. De plus, en présence d IPI des restrictions à la vente sont imposées. Les résultats épidémiologiques de ce plan de lutte sont les suivants : La prévalence individuelle est passée de 0,8% en 1993 à 0,3% en Cependant, la valeur est fluctuante. Après une diminution constante pendant les 3 premières années du plan (0,37% en 1996) la prévalence est remontée en 1997 (0,41%). Ceci peut s expliquer par l apparition de faux positifs due à la rareté de la maladie mais aussi et surtout au fait qu une partie des élevages contaminés ne sont pas rentrés dans le programme d éradication et n ont donc pas évolué. L expérience finlandaise semble donc montrer qu il est indispensable, en vue d une éradication, d imposer le plan à l ensemble du cheptel

66 Autriche (FOURICHON, 2004 ; GOETGHELUCK, 2002, OBRITZHAUSER et al, 2005) Un programme basé sur le volontariat a été mis en place en Basse-Autriche dès 1996 ainsi qu une réglementation pour ce qui concernait l accès aux marchés et la mise en pâturages communs. En 2003, dans cette province 4000 élevages sur suivaient ce programme. Le schéma de maîtrise suit les plans scandinaves. Le dépistage en troupeaux laitiers se fait par méthode ELISA sur lait de tank ou sur mélange de 5 sérums de génisses de 24 à 48 mois. En élevage allaitant, il se fait sur pool de 5 sérums de génisses. Ce dépistage est réalisé tous les ans, dans les trois mois précédant la mise au pâturage commun. En cas de positivité, la recherche d IPI et leur élimination sont aussi fonction de la volonté de l éleveur. En revanche, il y aura une restriction à la vente des femelles gestantes. La vaccination est autorisée mais peu utilisée en pratique. Le bilan est globalement positif: de 2002 à 2004, les élevages infectés (ayant eu au moins un IPI dans l année) sont passés de 7,3% à 2,2%. Cependant, il y a de nombreuses réinfections d élevages sains, dues en grande partie au caractère volontaire de ce programme. C est pourquoi ce programme est devenu obligatoire en Août 2004 dans cette région Italie (FERRARI et al., 1999 ; FOURICHON, 2004) L Italie est un pays relativement proche de la France en matière de BVD. Sa séroprévalence est variable en fonction des régions (prévalence de 12% des troupeaux en Ombrie, 56% dans la province de Rome) et du type d élevage rencontré. Un plan de contrôle et d éradication du virus a été organisé dans la province de Rome dès Ce plan, expérimental, ne comporte que 170 élevages dont 90% d élevages laitiers. La principale originalité de ce plan repose sur le fait que tous les tests de dépistage sont pratiqués sur sérums. Seuls les contrôles bisannuels peuvent être pratiqués sur mélange de lait. Ce choix des sérologies est d abord économique, puisqu en Italie les plans brucellose et leucose imposent 2 prises de sang annuelles sur les bovins de plus de 1 an, qui peuvent être utilisées pour le dépistage BVD sans frais de prélèvement supplémentaires. Le programme mis en place est détaillé dans la figure 11. Un élevage est indemne si 2 sérologies de mélange (ELISA) faites à un mois d intervalle sont négatives. Si l une des 2 est positive, on recherche l ancienneté de l infection en contrôlant la présence d anticorps chez les jeunes animaux de 6 à 12 mois. Pour une infection récente (des jeunes sont alors séropositifs), les IPI sont recherchés et éliminés par antigénémie (par PCR ou sur culture). Si l infection est plus ancienne (les jeunes sont alors séronégatifs) il faut des sérologies négatives des animaux de 6 à 12 mois réalisées tous les 6 mois pendant 18 mois pour que l élevage devienne indemne

67 Figure 11 : Modalités du plan d éradication de la BVD dans la province de Rome en Italie (FERRARI et al. 1999). Test sérologique par pool de sérums des animaux de plus de 1 an - + Sérologie 1 mois plus tard - + Sérologies individuelles des jeunes de 6 à 12 mois - = Infection ancienne + = Infection récente Elevage qualifié indemne - pdt 18 mois Sérologie des animaux de 6 à 12 mois tous les 6 mois Détection des IPI par 2 virologies successives des veaux séronégatifs Contrôle tous les 6 mois (pool de lait ou de sang) Elimination des IPI Belgique (MINTIENS K. et KERKHOFS P. 1999) Aucun programme officiel de maîtrise de la BVDV n a été mis en place en Belgique. Dans les zones d élevage de la race Blanc Bleu Belge, race allaitante, la prévalence de la maladie est très élevée avec 1,46% des élevages hébergeant au moins un IPI, 65,5% des animaux séropositifs et 100% des élevages séropositifs (Schreider et al., 1999 repris par Mintiens et Kerkhofs, 1999). Toute une série de mesures visant à limiter la dissémination du virus ont été proposées. Elles concernent la participation aux regroupements (foires, concours), le commerce de semence et d embryons ainsi que l introduction d animaux. Ainsi, en Belgique, l infection par le BVDV est considéré comme étant un vice rédhibitoire lors de vente

68 Dès 1996 un programme d éradication basé sur le volontariat a été proposé aux éleveurs. Ce programme concerne essentiellement les élevages ayant eu de grosses pertes suite à une infection par la BVD par le passé. Ce programme comporte 3 points : - Identification et élimination des IPI - Contrôle annuel des veaux nouveau-nés et des animaux à l introduction - Vaccination des vaches avant insémination (vaccins utilisés conçus à partir de souches de type I, majoritaires dans le pays comme dans toute l Europe continentale) Lors de suspicion clinique de présence de la maladie, on cherche dans un premier temps à confirmer cette suspicion en établissant le statut de l élevage par recherche des anticorps dans le sérum d animaux sélectionnés. Ensuite, une fois le statut confirmé, les éventuels IPI sont recherchés par ELISA antigène P80/125 ou par PCR. Les résultats sont plus mitigés. Ce programme, conçu afin de diminuer l incidence économique et sanitaire de la BVD dans les élevages les plus touchés, est insuffisant pour éradiquer la maladie et le nombre d élevages recontaminés reste élevé. De nombreux vétérinaires et scientifiques Belges estiment qu il serait urgent de mettre en place un plan officiel de contrôle de l infection par le BVDV, tel qu il en existe contre la leucose ou la brucellose. Le tableau 9 reprend l ensemble des plans de maîtrise de la BVD ainsi que l évolution de la prévalence de l infection par le BVDV depuis la mise en place des ces plans

69 Tableau 9 : Tableau récapitulatif des différents plans de maîtrise de la BVD en Europe. Pays Année de mise en place d un plan Elevages concernés Méthode de dépistage Evolution de la prévalence Danemark 1996 Tous - ELISA lait ou sang de mélange pour sérologie - Culture sur cellules pour isolement viral Passage de 50% de prévalence dans les troupeaux laitiers en1996 à 2% en 2002 Suède 1993, obligatoire depuis 1997 Tous ELISA anticorps lait ou sang de mélange Prévalence de l infection des troupeaux laitier passée de 52% en 1993 à 2% fin 2001 Norvège 1992 Tous sauf élevages engraisseurs stricts ELISA anticorps mélange lait ou sang Prévalence nationale troupeaux de 37% en 1993 à 6% en 2002 Finlande 1993 Sur volontariat ELISA anticorps mélange lait ou sang Prévalence individuelle de l infection passée de 0,8% en 1993 à 0,3% en 2002, mais fluctuations Autriche 1996 Obligatoire seulement depuis Août 2004 ELISA anticorps mélange lait ou sang De 2002 à 2004, passage de 7,2% à 2,2% des troupeaux avec au moins un IPI Italie 1997 Province de Rome, 90% de troupeaux laitiers Sérologie de mélange (ELISA) Prévalence de troupeaux de 56% en Pas de résultats sur l évolution. Belgique Pas de programme officiel Volontariat, suite à suspicion clinique ELISA anticorps sur sérum, recherche IPI par ELISA Ag ou PCR 1999 : prévalence individuelle de 65,5% et de troupeau proche de 100%. Pas de résultats sur l évolution pour le moment, car pas de programme officiel de maîtrise

70 1.2. Etude des différences entre les pays Européens La mise en place d un plan de contrôle de la BVD et ses chances de succès dépendent de différents facteurs épidémiologiques et économiques. Chaque facteur représente un risque supplémentaire de recontamination. En ce qui concerne l infection par le BVDV, ces facteurs dépendent surtout des modes d élevage propres à chaque pays. Les facteurs les plus fréquemment retenus sont : - La fréquence de la maladie dans la zone concernée : plus elle est faible, plus il peut être facile d éradiquer rapidement la maladie. La figure 12 présente les pourcentages de troupeaux ayant des anticorps dans les différents pays européens, avant toute mise en place de plans d éradication ou de contrôle de la maladie. On constate un écart entre les pays comme la Finlande, qui n avait que 1% de ces troupeaux laitiers atteints, ou la Norvège (37% de troupeaux séropositifs) et des pays à plus de 80% de contamination comme l Espagne, le Royaume Uni, le Portugal ou l Allemagne. Il est évident que ces derniers auront beaucoup plus d efforts à fournir pour éradiquer la maladie. La France, quant à elle, se situe à un niveau élevé avec 70 à 80% de troupeaux séropositifs. Cependant, cette prévalence est variable selon les régions et elle n était que de 57% en Bretagne en 1997, avant la mise en place d un plan de lutte. Par conséquent, la France dans son ensemble devrait supporter un plan plus contraignant que les pays scandinaves pour atteindre les mêmes résultats

71 Figure 12: Fréquence de l'infection des troupeaux dans les principaux pays européens avant la mise en place des plans d éradication. (d'après FOURICHON, 2004) : < 60% de troupeaux séropositifs : de 60 à 80% de troupeaux séropositifs : > 80% de troupeaux séropositifs - La densité des élevages : un plan sera d autant plus efficace que la densité est faible. Les risques de contaminations de voisinage et de contacts entre troupeaux seront naturellement diminués. Les pays à élevage extensif seront donc favorisés. - Le commerce d animaux : les régions traditionnellement importatrices d animaux comme par exemple, en Europe, l Italie qui importe beaucoup d animaux de France, ont des risques accrus de recontamination par le virus. Dans ces cas, le plan devra renforcer les contrôles à l introduction des animaux importés de régions non indemnes

72 - Le ratio entre les élevages laitiers et allaitants : d un point de vue économique, le prélèvement de lait (tank ou individuel) représente un coût moindre que les prises de sangs. Le dépistage pourra donc être mieux suivi et plus fréquent en élevage laitier qu en élevage allaitant et le plan en sera d autant plus efficace. La figure 13 indique l importance relative de l élevage laitier par rapport à l élevage allaitant en Europe. L Europe de l Ouest présente une plus grande part d élevages allaitants qu à l Est. Les pays scandinaves ainsi que l Allemagne sont à forte majorité laitiers avec par exemple 1 élevage allaitant pour 15 élevages laitiers en Norvège, 1 pour 16 en Finlande ou 1 pour 6 au Danemark et en Allemagne. A l inverse, l Espagne a 1 élevage laitier pour 2 élevages allaitants tandis que la France est à l équilibre. Cette situation influence la lutte contre la BVD. Les pays à forte dominante laitière ont un avantage car le dépistage du virus est nettement facilité et les risques de recontamination sont plus faibles. Figure 13 : Ratio élevages laitiers/ élevages allaitants en Europe (d après l Institut de l élevage, 2004). : Ratio lait/ viande > 5 : Ratio lait/ viande de 2 à 5 : Ratio lait/ viande <

73 - La mise au pâturage en commun : certaines régions pratiquent la mise au pâturage en commun (troupeaux allaitants, laitières en alpage ). Cette pratique favorise aussi la dissémination du virus d une exploitation à l autre. Dans ces cas là, une surveillance accrue des animaux concernés doit être mise en place dans le protocole du plan et une restriction doit être imposée aux cheptels non indemnes comme c est le cas en Norvège par exemple. Ici encore les régions à élevage allaitant dominant seront défavorisées Conclusion de l étude des plans européens En définitive, il apparaît que l Europe est divisée en 3 groupes distincts en matière de BVD : D une part il y a les pays prédisposés à mettre en place un plan d éradication et d autre part les pays où les conditions épidémiologiques et le mode d élevage seraient un obstacle au succès d une telle entreprise. Enfin il existe des pays à situation intermédiaire. Les pays les plus favorisés sont les pays scandinaves, Norvège, Finlande, Danemark et à un niveau moindre la Suède. L infection par le BVDV était peu fréquente initialement dans ces pays, ce qui s explique par un ensemble de facteurs limitant son extension : faible densité au sein des élevages et entre élevages, peu d importations, peu de mise en commun des troupeaux et une majorité d élevages laitiers. Dans ces pays, les plans d éradication sont adaptés car leur mise en place ne représente qu un investissement restreint. A contrario, certains pays sont particulièrement défavorisés avec une forte prévalence de la maladie, due à une densité d élevages importante, de nombreux échanges ainsi qu une proportion d élevages allaitants non négligeable. C est le cas de la Belgique, des Pays-Bas, de l Espagne, du Portugal et du Royaume Uni. Dans ces pays, la mise en place d un plan d éradication pourrait être un échec à plusieurs titres : d une part, la détection, l élimination des IPI et le maintien des élevages en statut négatif représenterait un coût considérable. D autre part, la maladie a atteint un équilibre dans ces pays qu il serait dangereux de déplacer, au risque de voir par exemple une recontamination massive d élevages assainis et ainsi une explosion du nombre d IPI, d avortements ou de malformations dus au BVDV. Enfin, France, Italie et Autriche se situent à un niveau intermédiaire en matière de BVD. Dans ces pays il existe de fortes différences régionales qui empêchent de considérer le pays dans son ensemble pour établir un plan de maîtrise collective de la BVD. Nous allons maintenant étudier plus précisément l état des lieux en France en matière de BVD

74 2. ETAT DES LIEUX DE LA LUTTE COLLECTIVE CONTRE LA BVD EN FRANCE 2.1. Situation épidémiologique de la France Mon travail a consisté à recueillir pour chaque département les informations relatives à l épidémiologie de la BVD. Pour cela, j ai transmit à l ensemble des GDS des départements métropolitains un courrier électronique (71 au total, après suppression des départements où je possédais déjà les informations et où l élevage bovin était très limité) en juin Sachant les limites des études pratiquées à l heure actuelle sur l épidémiologie de la BVD au plan local, départemental ou régional, ma demande est restée large : valeur des différentes prévalences, pourcentage d IPI, prévalence individuelle, de troupeaux au niveau du département ou au niveau d études réalisés plus localement dans le département. Enfin, faute de données chiffrées précises, je leur ai demandé de me donner un ordre de grandeur de la situation épidémiologique de leur département en matière de BVD. Le nombre de réponses a été de 9, soit 13%. A l heure actuelle,ce qui se détache est que peu de données précises concernant la prévalence de l infection par le BVD sont disponibles pour chaque région française, hormis les régions Bretagne et quelques départements de l ouest (Manche). Cependant, «à dire d experts», de grandes tendances se dessinent en fonction de la localisation géographique et du type d élevage rencontré. La prévalence de l infection virale semble suivre le type d élevage majoritairement rencontré dans chaque région. Ainsi, les régions du Nord de la Loire, où l élevage laitier est majoritaire, présentent une prévalence de l infection relativement faible, avec en particulier les régions Bretagne, Normandie (Haute et Basse) et Pays de Loire. Dans ces régions, plus que la prévalence, ce qui est à noter est la faible circulation du virus, due au mode d élevage où les cheptels sont rarement en contact, ce qui limite la transmission du virus d un élevage à l autre. Les régions traditionnellement allaitantes sont, a contrario, des régions de forte prévalence de l infection virale. La circulation virale y est très importante car les relations entre les animaux d élevages différents y sont fréquentes. Ce sont les régions du Sud-ouest et du Centre de la France. Les régions de montagne présentent quant à elles une prévalence qui semble intermédiaire avec un élevage à forte dominante laitière où les animaux sont mis en contact (alpages). Ce qui ressort de ces quelques éléments est que la France est un pays particulièrement hétérogène en matière de BVD. La situation épidémiologique d une région n est pas superposable à une autre et les moyens mis en œuvre pour contrôler la maladie ne pourront pas être les mêmes Les plans appliqués en France (PETIT H., 2003) Les plans de lutte contre l infection par le BVDV sont directement liés aux caractéristiques épidémiologiques et cliniques de cette infection (isolement et élimination d'animaux, production de vaccins ), ainsi que des progrès réalisés par les techniques de dépistage du virus ou de son passage dans un troupeau

75 A l'occasion de la réflexion sur la lutte contre la BVD menée par l'acersa, les différentes stratégies appliquées par les GDS départementaux ont été répertoriées (Petit, 2003). Trois orientations principales se sont détachées et coexistent en France, qui reprennent les stratégies utilisées en Europe : - Maîtrise de la clinique sans intervention sur la circulation virale. - Contrôle de la circulation virale sur l'ensemble du cheptel. - Protection vaccinale. Chaque stratégie est reprise et illustrée ci-dessous par un exemple de région l ayant adoptée La maîtrise de la clinique sans intervention sur la circulation virale Le but ici n est pas l éradication de la maladie mais la minimisation de ses conséquences cliniques dans des régions où la prévalence de l infection virale est élevée Principe Elle consiste en : - Un appui technique et financier aux élevages qui présentent des signes cliniques de la maladie afin de réduire les pertes économiques subies. - Une prévention par la maîtrise des facteurs de risque propres à chaque élevage, afin d'éviter les contaminations susceptibles d'engendrer l'apparition de manifestations cliniques. L'axe principal de cette prévention est la protection des animaux en début de gestation. Cette stratégie focalisée sur la maîtrise clinique est possible dans le cas de la BVD car: - En fonction du mode de contamination, les conséquences cliniques seront différentes : la contamination d un adulte non gestant sera imperceptible alors que la contamination d un fœtus aura de graves conséquences cliniques et épidémiologiques. - L'expression clinique est peu fréquente et c'est elle qui provoque les pertes économiques. - Il existe la possibilité de vacciner les animaux dans les élevages où la maîtrise des risques se révèle trop difficile à mettre en œuvre. Cette stratégie est surtout utilisée quand la situation épidémiologique est défavorable. En effet, si la circulation virale est moyenne ou forte (pâturages en commun, relations fréquentes de voisinage entre troupeaux ), il sera illusoire de tenter de la réduire sans y mettre des moyens considérables

76 De plus, dans ce type de contexte, il tend à s installer entre maladie et protection post infectieuse un équilibre naturel qu il est légitime d hésiter à bouleverser, par crainte d une maîtrise difficile des recontaminations ultérieures d élevages redevenus sensibles Exemple de la région Limousin Certains GDS ont déjà mis en place des plans de ce type. C'est le cas par exemple du Limousin. C'est une région essentiellement allaitante qui répond aux critères précédents. Le programme de maîtrise de la clinique sans réduction collective de la circulation virale a débuté en Il est composé des 2 volets précités: soutien aux élevages atteints et maîtrise des facteurs de risque de contamination. Les mesures de soutiens aux élevages atteints sont les suivantes : - Confirmation en laboratoire de la circulation du virus de la BVD au sein de l élevage, le test utilisé est l'elisa Anticorps totaux. - Analyse des facteurs de risque pesant sur l élevage (facteurs favorisant l expression clinique, diffusion du virus, risques de recontaminations, ) en vue de les réduire, organisé par le GDS. - Dépistage des IPI en laboratoire, et conseil d élimination, - Suivi de l évolution de la circulation virale (surveillance des populations sentinelles), - Mise en place éventuelle d un plan de vaccination dans les élevages où les cas cliniques de la BVD provoquent des pertes économiques importantes. L'information des éleveurs sur la maîtrise des risques de contamination est quant à elle transmise par les vétérinaires praticiens et par les voies habituelles d'information (bulletins des GDS, réunions ). De plus, les éleveurs doivent s'engager à prévoir une recherche virémique individuelle sur les animaux introduits Contrôle de la circulation virale sur l'ensemble du cheptel (JOLY, 2000 ; MICHEL, 1993 ; PETIT, 2003 ; POJER, 2000 ) C est une démarche ayant pour but l éradication du virus, à l instar des pays scandinaves Principe (PETIT, 2003) Ici on cherche à éviter tout type de contamination, et non pas uniquement celles qui sont susceptibles d'entraîner un épisode clinique. Cependant, pour ce faire, il faut avoir une connaissance précise du statut des cheptels dans la région afin d'identifier toutes les sources de virus. Le but affiché est l éradication du virus

77 Pour ce faire, le plan a deux objectifs principaux: - Maîtriser le taux d'incidence clinique en limitant au maximum les nouvelles recontaminations - Eviter la diffusion du virus à partir des élevages infectés ou suspects de l'être. Il y aura alors 3 actes à effectuer indépendamment ou, ce qui en augmenteraient l efficacité, simultanément: - Dépistage des cheptels infectés (sources principales du virus), - Assainissement de ces cheptels (élimination prioritaire des IPI), - Protection des élevages indemnes (et donc sensibles). Cette stratégie peut être appliquée dans les zones où la circulation virologique est modérée (peu d'échanges ou de mises en commun d'animaux ). De plus, l'utilisation de techniques d'analyse de mélanges permet de faire considérablement baisser les coûts du dépistage systématique du virus dans les élevages (surtout en élevage laitier avec le lait de tank). Ces techniques permettent notamment d'établir une évaluation du statut des élevages laitiers Exemple des régions Pays de la Loire et Bretagne Le plan de maîtrise de la BVD organisé par les GDS bretons est l un des plus anciens et des plus avancés en France. Il sera donc détaillé ici plus précisément. a. Le dépistage de l infection par le BVDV Il s'agit de donner à chaque élevage un statut vis-à-vis de l'infection par le virus BVDV. Elevages laitiers Le contrôle collectif de la circulation virale est effectué sur le lait de tank (lait de grand mélange). Il consiste à déterminer le statut des troupeaux par 3 tests ELISA P80 successifs à 4 mois d intervalle. Pour chaque test, le pourcentage d'inhibition permet d'estimer le pourcentage de vaches ayant des anticorps anti-bvd (Tableau 10)

78 Tableau 10: Classement des élevages en fonction du résultat du test ELISA P80 selon le protocole des GDS bretons (d après JOLY, 2000) Classe Résultats Interprétation 0 % d'inhibition < 35 + de 30% des vaches < % d'inhibition < à 30% des vaches + 2 % d'inhibition > 60 - de 10% des vaches + Suite aux résultats de cette série de 3 tests, les élevages sont classés en 5 catégories de A à E (tableau 11): Ce classement se fait en fonction de la quantité d'anticorps détectée, mais aussi de la cinétique d'apparition de ces anticorps. C'est ce qui explique par exemple que 112 soit en catégorie B alors que 102 soit en C. Ce deuxième cas signe une séroconversion récente et donc un risque d'apparition d'ipi plus élevé. Tableau 11 : Classement des élevages en fonction des résultats des 3 tests ELISA P80 selon le protocole des GDS bretons (d après JOLY, 2000) Catégorie Résultats des 3 tests ELISA P80 Appellation A 000, 010, 001, 100 Non infecté (indemne?) B 011, 012, 021, 101, 110, 111, 112, 121, 210, 211 Infection limitée C 002, 102 Séroconversion D 222, 212, 122, 221 Contaminé E 020, 120, 200, 201, 202, 220 Cas particuliers à interpréter A partir de ces résultats et en fonction de la catégorie où se situe l élevage, un dépistage individuel permettra de rechercher s il y a des IPI dans l élevage (Figure 14). D autres départements à élevage majoritairement laitier, comme le département de la Manche, mettent à leur tour en place le protocole breton, afin de connaître la situation épidémiologique de leurs élevages

79 Figure 14: Dépistage généralisé en troupeau laitier dans le protocoles des GDS Bretagne et Pays de Loire (d après Repiquet, 1999) Tests ELISA Ac sur lait de mélange 3/an - + Catégories A-B Cheptels présumés sans risques Catégories C-D Sérologies individuelles sur 10 vaches âgées de 18 à 30 mois En 3 ans - + Cheptels indemnes (maintien du contrôle à l introduction) Antigénémie (ELISA Ag) vaches Antigénémie (ELISA Ag) veaux IPI Cheptel sans IPI IPI

80 Elevages allaitants Ici le test ELISA P80 se fait sur de petits mélanges de sérums (5 à 10) une fois par an sur 2 classes d'âge différentes (24 à 36 mois et 36 à 48 mois). L'élevage est alors classé en A (non infecté) si aucun mélange n'est positif, B (à confirmer) si un mélange est positif et D (suspicion d'infection à confirmer) si les 2 mélanges sont positifs. Pour les élevages mixtes, les ateliers laitier et allaitant sont analysés séparément et chacun se voit attribuer un statut. C'est ensuite le statut le plus défavorable des 2 qui est attribué à l'élevage. b. Assainissement des cheptels Pour les troupeaux de statut B, un test sur les vaches en première lactation est réalisé afin de déterminer si la contamination virale est récente ou ancienne. Ce test peut être une analyse ELISA sur le lait de mélange ou individuel des primipares ou une sérologie sur un échantillon de 5 bovins d un lot au contact du troupeau. Si la contamination virale est récente, les IPI seront à rechercher et les contrôles à renouveler dans un an. Pour les troupeaux D, une analyse PCR sur lait de tank est demandée afin de rechercher les animaux excréteurs. Si elle est positive, des tests sérologiques et antigénémiques individuels sont réalisés et si elle est négative une nouvelle analyse PCR est à effectuer sur les vaches taries après le vêlage. Dans les autres cas, les éleveurs s engagent à suivre un protocole d analyses complémentaires propre à chaque catégorie visant à détecter et éliminer les éventuels IPI. De plus, un plan de vaccination peut être mis en place, qui dépend des signes cliniques observés dans l élevage : - Pour les génisses, la vaccination est instaurée afin d éviter la naissance d IPI. - Pour les vaches, lorsque les signes sont malformations, avortements ou infections néonatales, une vaccination d urgence est mise en place car la contamination est récente. En revanche, si les signes sont retard de croissance et maladies des muqueuses des veaux (donc veaux IPI), il n est pas utile de vacciner car la contamination est ancienne et les vaches ont déjà séroconverti (figure 5: incidence de l infection d une vache sensible au cours de la gestation). c. Protection des élevages indemnes En Bretagne, les élevages A s engagent à respecter des mesures de protection BVD afin de limiter les risques liés aux introductions, au voisinage. Une garantie vendeur est aussi mise en place, le test virologique étant alors effectué dans l élevage d origine de l animal. A l introduction d un nouvel animal, une antigénémie par ELISA antigène est systématiquement réalisée. En cas de résultat positif, une seconde antigénémie est pratiquée 15 jours plus tard afin de savoir s il s agit d un animal virémique transitoire ou d un IPI. Si le premier résultat est négatif et qu il s agit d une femelle gestante, une sérologie est pratiquée

81 Si celle-ci est positive, une antigénémie est pratiquée sur le veau afin de déterminer s il est IPI ou non (figure 15). Figure 15: Tests à effectuer lors de contrôle à l introduction pour la recherche de la BVD (d après Repiquet, 1999) INTRODUCTION - Première antigénémie Par ELISA Ag + Femelle pleine? (cas de 80% des animaux) Antigénémie de confirmation 15 jours plus tard - + non oui OK Sérologie Virémique transitoire IPI éliminer à - + OK Antigénémie du veau - + OK Veau IPI à éliminer

82 Protection vaccinale (Petit, 2003) Principe Lorsque le risque de contamination et la prévalence de l infection par le BVDV sont trop élevés, il est impossible de mettre en œuvre des stratégies visant à limiter la circulation virale. Dans ce cas, le seul acte préventif envisageable est la généralisation de la vaccination afin de limiter l apparition des cas cliniques Exemple de la région Bourgogne Région essentiellement allaitante, la circulation virale y est forte du fait des contacts fréquents entre élevages et il est difficile de tester en mélange des groupes importants d animaux. Le choix de la vaccination a donc été décidé. Cette stratégie étant nouvelle, les GDS bourguignons ont parallèlement mis en place un programme de prospection épidémiologique et économique de cette stratégie ayant pour but de préciser l évolution de la situation épidémiologique globale, son efficacité clinique et son coût global. En définitive, il apparaît que l on peut tirer en France les mêmes conclusions que ce que l on peut retrouver à l échelle européenne: il est difficile voire impossible d appliquer un seul plan adaptable à toutes les situations régionales visant à certifier les élevages. Le plan le plus abouti, celui qui est mis en place par l UBGDS et qui est calqué sur les plans scandinaves, ne peut être efficace et rentable que dans des régions où la prévalence initiale de l infection est faible et où les élevages laitiers sont fortement dominants. Les régions où la prévalence de l infection est élevée et où les animaux sont souvent mis en commun auraient des risques de recontamination accrus et des coûts de détection des animaux porteurs augmentés pour un résultat aléatoire

83 - 76 -

84 DEUXIEME PARTIE INTERET DE CERTIFIER LES ELEVAGES FRANÇAIS CONTRE LA BVD? Nous avons vu que, d un point de vue pratique, la mise en place au niveau national d un plan de maîtrise de la BVD poserait un certain nombre de problèmes dus entre autres aux spécificités régionales rencontrées. Une autre question se pose alors qui est de savoir s il est nécessaire d organiser une certification d élevage en France : quels sont les apports économiques, commerciaux et sanitaires d une telle certification et enfin, n existe-il pas un compromis entre ces impératifs et une certification des élevages difficilement gérables, c est à dire les élevages où la mise en application des mesures sanitaires requises pour rechercher et éliminer la BVD n est pas adaptée au mode d élevage (essentiellement les élevages allaitants). 1. CERTIFICATION DES MALADIES NON-REGLEMENTEES EN FRANCE Les maladies non réglementées sont gérées en France au niveau local par les Groupements de Défense Sanitaire (GDS). Cependant, au niveau national, une association a été créée afin de regrouper et d'harmoniser l'ensemble des actions mises en œuvre par les différents GDS: l'acersa (Association pour la CERtification en Santé Animale). Son objectif est d'établir les conditions permettant la certification des maladies non réglementées au niveau national, maladies dont fait partie la BVD Présentation de l ACERSA (MOHAMADOU, 2003) Les besoins en matière de certification Rôle de l Etat : Les articles 214 et suivants du code rural définissent la mission de l Etat : la maîtrise d œuvre de la lutte contre les maladies réputées contagieuses, inscrites aux articles 224 et

85 Le directeur des services vétérinaire et ses adjoints par délégation sont les vétérinaires officiels chargés de la certification des données relatives à l état sanitaire des animaux et de leur cheptel. Leur domaine de compétence est le suivant : - National : maladies réputées contagieuses. - Union Européenne : maladies réputées contagieuses et garanties additionnelles (telle l IBR pour le Danemark, l Autriche ) - Pays tiers : maladies réputées contagieuses et maladies non réglementées (IBR, BVD ). Afin d assurer un égal traitement de tous les administrés et de renforcer la crédibilité de la certification officielle, les services vétérinaires ont entrepris la mise sous assurance qualité de l ensemble de leurs services déconcentrés selon la norme E.N correspondant au «fonctionnement des différents types d organismes procédant à l inspection». De plus, le commerce (clients et fournisseurs) a des exigences supplémentaires que seule une mise sous assurance qualité permet de satisfaire : - Les clients souhaitent que les animaux achetés présentent toutes les qualités attestées. La certification permet d apporter de telles garanties et leur donne confiance. - Les fournisseurs veulent être en situation favorable, ou au moins en situation équivalente par rapport à leurs concurrents. L harmonisation des conditions et des procédures permet d assurer cette absence de distorsion de concurrence. Enfin, à partir d octobre 1994 et le congrès de la FNGDS a été exprimé le besoin de complément à l action certificatrice de l Etat dans le domaine des maladies non réglementées (qui se limite aux échanges avec les pays tiers). Le but en est essentiellement de mener une action partenariale avec tous les acteurs de la filière (opérateurs, éleveurs, vétérinaires officiel et des élevages ) dans la certification des maladies autres que les maladies réputées contagieuses. Ainsi la responsabilité ne reposera plus uniquement sur le vétérinaire officiel signant les certificats d exportation, mais sur l ensemble des partenaires. La certification de la BVD permettrait donc de répondre à ces impératifs commerciaux et sa garantie par l ACERSA permettrait l harmonisation des conditions de cette certification au niveau national Création de l ACERSA (REPIQUET et RAULT, 1999) Le 28 février 1996, M. Philippe Vasseur, ministre de l agriculture et de la pêche, annonce lors du salon de l agriculture la création de l association pour la certification de la santé animale en élevage : l ACERSA. Son assemblée constitutive s est déroulée le 18 avril Les membres fondateurs de cette association sont la Fédération Nationale des Groupements de Défense Sanitaire du Bétail (FNGDSB) et la Société Nationale des Groupements Techniques Vétérinaires (SNGTV). Son but est «d engager toute action utile concourant à la

86 certification du statut sanitaire de cheptels vis-à-vis de maladies ne faisant pas l objet d une prophylaxie réglementée». Cette création s appuie sur un cadre réglementaire, la directive 96/93 CE du 17/12/96 relative à la certification des animaux et des produits animaux (système d assurance qualité, réseau d épidémiologie, reconnaissance officielle). Cette directive a été transposée dans la réglementation nationale par l AM du 14/04/2000. L ACERSA a été officiellement reconnue par l AM du 20 novembre Les différentes missions de l ACERSA (REPIQUET et RAULT, 1999; MOHAMADOU, 2003) L ACERSA a pour activité la certification des maladies pour lesquelles l Etat n a pas la maîtrise d œuvre. Elle apporte à ce dernier les éléments nécessaires pour la certification dans le domaine des maladies non réglementées lors des exportations vers les pays tiers. Ses missions sont : - La rédaction de manuels qualité nécessaires à la délivrance d appellations pour les maladies non réglementées. Il s agit de cahiers des charges uniques par maladie qui permettent l harmonisation des garanties lors des échanges, aussi bien communautaires qu avec les pays tiers. - La mise en place des procédures. - L habilitation des Schémas Territoriaux de Certification (STC) *. - Le suivi et le contrôle du cheptel concernant les maladies pour lesquelles un cahier des charges a été publié par avis au Journal Officiel. * Les Schémas Territoriaux de Certification correspondent à des réseaux d intervenants situés dans une zone géographique donnée. Leur activité consiste à délivrer, sur la base du volontariat des éleveurs intéressés, des appellations sanitaires aux éleveurs de la zone considérée. Un STC est constitué au minimum par : - Un ou plusieurs Organismes à Vocation Sanitaire (OVS). - Un ou plusieurs Groupements Techniques Vétérinaires (GTV). - Les structures définies par le cahier des charges maladie, soit en général un ou plusieurs laboratoires tels que les laboratoire vétérinaires départementaux

87 Organisation de l ACERSA (REPIQUET, 1997; MOHAMADOU, 2003) L ACERSA est une association type loi Elle comporte une instance de gestion, une instance de certification et un secrétariat permanent Instance administrative de gestion Elle est composée de l assemblée générale (AG) et du conseil d administration (CA). L'association est administrée par un conseil d'administration composé de quatre siéges au moins, de neuf siéges au plus, désignés pour trois ans: 2 siéges par membre fondateur plus cinq siéges élus par l'ag ordinaire parmi les membres titulaires (tableau 12). Un représentant du ministère de l'agriculture et de la pêche assiste au CA mais ne dispose pas du droit de vote (tableau 13). Tableau 12: Composition et mandat de l assemblée générale (AG) de l ACERSA. Membres Membres fondateurs FNGDS SNGTV FFCB * FNCBV UNLG Membres titulaires CNIEL et associés INTERBEV CNE ADILVA OFIVAL Autres ONILAIT DGAL Nombre de représentants 2 2 (dont le président) 1 par membre Rôle - Veiller à la situation morale et financière de l association. - Délibérer sur les questions d intérêt général et celles soumises par le CA Ne participent pas aux délibérations * FFCB : fédération française des commerçants en bestiaux ; FNCBV : fédération nationale de la coopération bétail et viande ; UNLG : union nationale des UPRA et des arbres généalogiques ; CNIEL : centre national interprofessionnel de l économie laitière ; INTERBEV : association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes ; CNE : confédération nationale de l élevage ; ADLIVA : association des directeurs de laboratoires vétérinaires d analyses

88 Tableau 13: Composition et mandat du conseil d administration (CA) de l ACERSA. Membres Nombre de représentants Rôle Membres fondateurs FNGDS SNGTV Administre l association - Subvient aux besoins matériels Membres titulaires Elus par l AG 3 de l association. 1 représentant du ministère de - Décide des maladies devant faire l agriculture l objet d un cahier des charges. Autres - Dirige et contrôle la gestion de l association. - Fixation du budget prévisionnel de l'association Instance de certification Elle est composée du comité permanent (tableau 14), chargé de préparer les travaux du comité de certification, et du comité de certification (tableau 15) ou Comité de Suivi et d Evaluation (CSE) qui évalue et approuve le système qualité. Tableau 14: Composition et mandat du comité permanent (CP) de l ACERSA. DGAl (dont un DSV) SNGTV FNGDS Nombre représentants 2 par membre de Rôle - Prépare les travaux du comité de certification. - Examine les dossiers et rend un avis motivé. - Transmet l ordre du jour au comité de certification

89 Tableau 15: Composition et mandat du comité de certification (CC) de l ACERSA. Intervenants Utilisateurs Interprofession Scientifiques Membres DGAl FNGDS SNGTV ADILVA CNIEL FNCBV FFCB CNE UNLG CNIEL Nombre représentants 1 par membre 1 par membre de INTERBEV 4 experts sollicités parmi les personnes qualifiées. Rôle - Etablie et approuve le système qualité. - Valide les cahiers des charges. - Habilite les STC. - Evalue et suit l activité des STC. - Organe de recours en cas de dysfonctionnement ou de contestation. - Règle les contentieux majeurs. Enfin, ces quatre organes, AG, CA, CP et CC, sont animés par le secrétariat permanent. Le secrétaire permanent est un vétérinaire inspecteur mis à la disposition de l association par la DGAl, matérialisant ainsi sa participation au fonctionnement de l association et démontrant son engagement et sa volonté de voir réussir cette action partenariale Le système de certification Le système de certification des élevages en France, pour les maladies non réglementées, se base sur une coopération entre l état et l ACERSA. Par convention, l état permet à l ACERSA de donner leur habilitation aux schémas territoriaux de certification, eux mêmes contrôlés par les services vétérinaires. Ce sont les schémas territoriaux de certification qui délivrent leur appellation aux élevages (figure 16)

90 Figure 16: Système de certification de la santé animale en élevage. Association pour la certification de la santé animale en élevage (ACERSA) Convention Ministère de l agriculture et de la pêche Habilitation Mandat Schéma territorial de certification cheptel Délivrance d appellation Audit Services vétérinaires Le processus de certification d une maladie débute par une étude d opportunité préalable puis par l établissement d un système qualité avec l élaboration d un cahier des charges unique pour chaque maladie à certifier. Ce cahier des charges servira de base pour la qualification des cheptels et le suivi des cheptels certifiés Procédure de certification d une maladie La demande de certification d une maladie émane de l un des membres de l ACERSA (figure 17). Elle est présentée au conseil d administration ou lors de l assemblée générale de l association. Un groupe de travail va alors être formé qui aura pour mission d effectuer une étude d opportunité. Cette étude doit mettre en évidence la faisabilité technique de la certification ainsi que ses intérêts scientifiques et économiques. Pour cela, le groupe de travail va faire appel à l ensemble des utilisateurs concernés par la maladie. Une fois l étude d opportunité réalisée, elle est soumise à l approbation du conseil d administration. S il rejette cette demande, le CA doit donner un avis motivé avec des recommandations pour la maîtrise de la maladie. En revanche, si la demande est acceptée, le CA réunira un groupe d experts qui aura pour mission de rédiger un cahier des charges technique et de gestion de la maladie. Ce cahier des charges sera validé par le comité de certification puis fera l objet d un avis au journal officiel. La mise en application du cahier des charges au niveau national est précédée par son expérimentation dans quelques départements pilotes. Un organisme d audit externe et des agents des services vétérinaires auront alors pour mission de s assurer de la cohérences des procédures de qualification

91 Ensuite, les Schémas Territoriaux de Certification habilités par l ACERSA pourront délivrer les qualifications aux cheptels respectant le cahier des charges. Ces qualifications seront alors utilisées par la DSV pour délivrer les certificats officiels à l exportation à ces élevages, conformément à la directive 96/93 CE (figure17). Figure 17: Procédure de certification d'une maladie. AG: assemblée générale; CA: conseil d'administration. Demande C.A. ou A.G. Etude : - Technique - Scientifique -Economique Groupe de travail Consultations de multiples utilisateurs C.A Etude d opportunité Accord Rejet motivé Groupe d experts Consultations Recommandations techniques Elaboration d un cahier des charges Comité de certification

92 1.4. Processus d évaluation de la faisabilité de la certification de la BVD de 1997 à 1999 Dès 1997, la FNGDS a souhaité la mise en place d une procédure de certification de la BVD Historique et motifs de la demande de certification En 1997, l infection par le BVDV est une préoccupation croissante dans le monde de l élevage. Bien que difficile à diagnostiquer, il apparaît que cette maladie engendre des pertes économiques non négligeables pour les éleveurs par l intermédiaire des GDS et de leur caisse d indemnisation. Les éleveurs souhaitent donc la mise en place de moyens de maîtrise de la maladie et des pertes qu elle engendre. Pour répondre à cette demande, de nombreux GDS ont mis en place de moyens de lutte locaux. Ainsi, une enquête de la FNGDS dans 64 départements a montré que 52 d entre eux avaient mis en place des actions diverses telles que : recherche et élimination des IPI, contrôle à l introduction, maîtrise des cas cliniques sur tout ou partie des élevages. Ces plans de lutte étaient anarchiques et nécessitaient une harmonisation au plan national. C est la raison pour laquelle la FNGDS a fait une demande de certification de la BVD auprès de l ACERSA. Suite à cette demande, le conseil d administration de l ACERSA a constitué un groupe de travail chargé de réaliser une étude technique, scientifique et économique de la BVD/MD, ainsi que de répertorier les différentes stratégies pouvant être mises en œuvre dans les élevages pour maîtriser la maladie. Ce travail avait pour but d évaluer l opportunité de mettre en place une certification des cheptels en matière de BVD. Ce groupe de travail était composé de : Membres de l ACERSA : Frédéric LARS et Joël BEDOUET (SNGTV) Françoise DION (France Upra Sélection) François DELCUEILLERIE (DGAl) Ghislain MANET (ADILVA) Anne TOURATIER et Brigitte RAULT (FNGDS) Dominique REPIQUET (ACERSA)

93 Personnalités scientifiques : Barbara DUFOUR (CNEVA) François SCHELCHER (Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse) Etienne THIRY (Université de Liège) Le groupe de travail a compilé ses résultats dans un rapport publié en mai 1999 (Repiquet, 1999), posant les bases d une action de certification BVD des élevages bovins en France. Les études scientifique et technique visaient à répertorier les méthodes diagnostiques utilisables en pratique courante et à établir les plans de luttes efficaces permettant à terme de maîtriser la maladie. L étude économique avait pour but d établir le rapport coût/ bénéfice d un programme de certification Conclusions des études technique et scientifique (Repiquet, 1999) Après avoir défini différentes stratégies pouvant être mises en œuvre vis-à-vis de la BVD, les experts ont extrapolé les conséquences de chacune d entre elles sur la prévalence de l infection et la circulation du virus au sein des élevages bovins français. Cinq stratégies ont pu être identifiées : Laisser faire a. Principe Ceci consiste à laisser chaque département mener des actions qui lui sont propres, sans cohérence avec l ensemble du territoire. b. Conclusion Cette stratégie, à terme, par entraînement dans la politique «du plus», pourrait mener à l éradication. A l inverse, les départements souhaitant l éradication risquent d être recontaminés par les départements retardataires. De plus, cette stratégie, qui peut permettre une baisse de la prévalence de l infection et de ses conséquences, ne permet pas l harmonisation des procédures de certification des troupeaux, qui est un point essentiel pour permettre les échanges d animaux

94 Maîtrise de l expression clinique a. Principe L objectif est la réduction des pertes supportées par les cheptels qui expriment cliniquement la maladie, sans réduction collective de la circulation virale. La première étape consiste à confirmer la présence de la BVD par un diagnostic objectif. Pour limiter les effets de l infection, plusieurs actions peuvent être envisagées dans les élevages à clinique diagnostiquée : 1. Soutien financier par une indemnisation : «caisse coup dur», 2. Recherche et élimination des IPI, 3. Vaccination. Cet objectif pourrait être également partagé par des cheptels à grand risque d expression clinique, suite à une exposition forte à un risque de contamination. Par exemple, lorsqu un élevage dépisté séronégatif lors de contrôles périodiques successifs présente une séroconversion, ou parce qu il a une situation vulnérable (s il introduit un grand nombre d animaux), il constitue un élevage qui peut manifester, dans un avenir proche, une expression clinique importante de la maladie. Il pourrait être conseillé à un tel élevage de mettre en place une politique vaccinale pour limiter l impact de la maladie. b. Conclusions Selon les mesures préconisées dans les élevages exprimant cliniquement la BVD-MD, cette stratégie peut avoir deux issues : - Seules des mesures vaccinales sont préconisées, avec éventuellement une recherche des IPI uniquement en début de plan. Cette stratégie aura pour effet de développer l usage de la vaccination. Elle ne conduit pas à l éradication et a pour inconvénient de n avoir pas de fin prévisible. D autre part, une vaccination n étant jamais efficace à 100%, il peut survenir des récidives cliniques limitées. - Les mesures préconisées sont l assainissement du cheptel et la mise en place d un contrôle à l introduction. L issue pourrait être, à terme, l éradication par extension en tache d huile, dans la mesure où de plus en plus d élevages pourraient être un jour confrontés à l infection puis à la pathologie et mettraient en place un plan d éradication individuel

95 Mise en place d une certification a. Principe L objectif est la protection par la certification d un acheteur sain vis à vis de l introduction d un animal qui peut contaminer le cheptel. Plusieurs niveaux peuvent être identifiés pour cette certification: individuelle, cheptel, cheptel + individuelle. La garantie individuelle, par un contrôle avant la vente par une antigénémie, permet d assurer, avec un risque limité, que l animal n est pas un IPI. La garantie de cheptel, par des contrôles sur l ensemble des animaux ou une population ciblée, tels qu ils sont décrits dans la stratégie d éradication, et répétés dans le temps, permet d assurer avec un risque limité, qu un cheptel est sans circulation virale. La garantie de cheptel doublée d un contrôle sur l animal, permet de réduire les risques de contamination lors de l introduction. b. Conclusions Cette action de certification conduit probablement à l éradication par une dynamique positive sur les troupeaux sains ou ceux qui aspirent à le devenir. A terme, par extension en tâche d huile, elle pourrait conduire à une généralisation au niveau national. L inconvénient résiderait dans son coût, particulièrement pour les cheptels allaitants et dans l impact psychologique qu elle pourrait avoir, notamment au niveau commercial Réduction collective de la circulation virale a. Principe Ici, à la différence du cas précédent, c est essentiellement lors des échanges d animaux que se fait la recherche du virus. Plusieurs actions peuvent être mises en place, visant à maîtriser la circulation des animaux, potentiellement porteurs de virus. Contrôle des introductions Il faut noter que dans ce cadre, il est nécessaire de contrôler les femelles gestantes non seulement par antigénémie mais aussi par sérologie car le risque n est pas maîtrisé avec une femelle gestante séropositive (elle a pu être contaminée durant la gestation et donc porter un veau IPI). Il est impératif que tout animal introduit subisse un isolement réel de 15 jours pour éviter la contagion du troupeau acheteur par un virémique transitoire

96 Recherche et élimination des IPI. La recherche et l élimination des IPI peuvent être conduites à deux occasions : recherche des IPI avant la vente recherche des IPI volontariste (chez les éleveurs volontaires) Il faut une incitation financière pour éliminer les IPI et réaliser les dépistages. Garanties de cheptels La mise en place de garanties de cheptel consiste à délivrer une certification de cheptel. b. Conclusions Cette stratégie correspond à la première phase de l éradication à laquelle elle conduit de façon douce. Les élevages sains ne seront pas contaminés et progressivement les élevages contaminés s assainiront. L avantage de cette stratégie, selon le groupe de travail, résiderait dans l impact limité au niveau de la trésorerie des éleveurs et dans la préparation psychologique lente pour mettre en place les mesures d éradication généralisée. L inconvénient principal serait son coût qui serait, in fine, très supérieur du fait du risque de recontamination dans le temps et du risque de démotivation des éleveurs par une durée trop longue qui pourrait compromettre définitivement le plan Eradication a. Principe Il s agit d une politique obligatoire, imposée à tous les élevages et qui implique les mesures suivantes, avec deux approches possibles : Une politique médicale initiale, par une vaccination généralisée, peut être éventuellement mise en place. Elle a pour objectif de réduire l expression clinique, ainsi que la pression virale par la diminution de la circulation du BVDV. Le choix d une politique médicale initiale dépend du taux de prévalence. Le plan de vaccination généralisée sera limité dans le temps. La vaccination seule ne permettant pas l éradication, il faut alors prévoir le passage du plan médical intégral au plan sanitaire intégral. Une politique sanitaire stricte. Cette politique comporte les actions suivantes : - Dépistage systématique périodique Si le résultat est négatif, le cheptel est qualifié. Si le résultat est positif, recherche et élimination des IPI. - Contrôle à l introduction

97 - Réglementation de la circulation des animaux : foires et marchés concours estives pâturages communs séparation des circuits «propres et sales» b. Conclusions L avantage réside dans le moindre coût relatif du fait de la mise en place de toutes les mesures cohérentes et nécessaires pour obtenir le succès. De plus, si l objectif est atteint, la maîtrise de la clinique est aussi obtenue. Les inconvénients résident dans l énorme investissement que ce plan nécessite, compte tenu des difficultés de trésorerie que rencontrent chroniquement les éleveurs, dans la difficulté des actions de sensibilisation pour obtenir rapidement la généralisation des mesures, dans l extrême complexité des mesures à appliquer, dans l impact déstabilisant pour le commerce. Enfin, un certain nombre d incertitudes concernant les modalités de circulation du virus et la complexité du plan, pourraient compromettre l atteinte de l objectif Conclusions des études économiques (REPIQUET, 1999 ; DUFOUR et al. 2001) La stratégie étudiée a concerné l éradication du virus (paragraphe ). C est en effet la stratégie la plus probablement mise en place pour 2 raisons : - L éradication est réclamée par les éleveurs, de par leur culture et par le passé ayant démontré qu on était parvenu, grâce aux plans de prophylaxie, à quasiment éradiquer la plupart des MLRC. - Quelle que soit la mesure adoptée, on atteindra à plus ou moins long terme le seuil de 60% des élevages considérés comme indemnes de BVDV et, selon l article 224/1 du code rural, cela imposera l obligation d appliquer les mesures visant à l éradication sur l ensemble du cheptel. L étude a donc consisté à comparer les coûts directs liés à la maladie et à sa circulation dans les élevages aux coûts d une politique d éradication de cette maladie en France

98 Coûts de la maladie en France Ces coûts ont été estimés à partir de bases épidémiologiques et des données de l institut de l élevage. Dans un premier temps, un département fictif représentatif de la moyenne de l ensemble des départements d élevage français a été créé. Ce département, représentant 1/85 ème de la France, comprend : élevages, bovins, - 70 animaux par troupeau, vaches (40% de l effectif total) Ensuite, les pertes directes dues à la BVD ont été prises en compte : - Cas cliniques de maladie des muqueuses, - Réforme spontanée et prématurée des bovins IPI présentant un retard de croissance, - Avortements et pertes de lait associées, - Pertes liées aux retours en chaleurs des femelles en principe gestantes, - Maladies néonatales. Les pertes indirectes provoquées par des maladies opportunistes liées à l activité d immunodépression transitoire du virus n ont pas été prises en compte car la part du virus dans ces maladies n est pas clairement établi et il est donc difficile d en estimer les conséquences économiques. Le calcul des coûts sera donc effectué par défaut. Enfin, les données épidémiologiques ont permis de déterminer l importance des pertes directes enregistrées. A partir de tous ces éléments, le coût de la BVD a pu être établi dans ce département fictif (tableau 16). Tableau 16: Calcul du coût de la diarrhée virale bovine dans un département français fictif moyen. (D après DUFOUR et al. 2001) Nature des coûts Résultats Clinique des IPI Réforme prématurée des IPI Avortements Retours en chaleurs Maladies néonatales (mortalité) Maladies néonatales (morbidité) Total Coût rapporté au bovin 4,42 Coût rapporté à la vache 10,

99 Ces coûts sont ensuite comparés au coût d une stratégie d éradication dans ce département fictif Coûts de la stratégie d éradication La stratégie retenue consiste à contrôler les animaux à l introduction et à dépister puis éliminer les IPI comme expliqué en première partie de ce chapitre, paragraphe , p60. Les données épidémiologiques étant prises en compte, le coût total de la stratégie d éradication au cours de la première année s élèverait à Les coûts de cette stratégie évolueraient avec l amélioration de la situation vis à vis de la BVD, notamment l augmentation d élevages sains et la diminution du nombre d IPI détectés. C est ce que montre la figure 18. Figure 18: Evolution du coût des grands postes de dépense à partir de la mise en place de la stratégie d éradication (d après REPIQUET, 1999) Rentabilité de la stratégie d éradication Elle est déterminée par la comparaison entre les coûts cumulés sur 20 ans de la maladie en l absence de toute action de lutte et les coûts de la lutte auxquels sont cumulés les coûts résiduels de la maladie au cours de la période d éradication. C est ce que représente la figure

100 Figure 19: Comparaison des coûts cumulés de la maladie sans action de lutte et des coûts de la lutte collective, auxquels s ajoutent les coûts résiduels de la maladie pendant la période de l éradication. (D après REPIQUET, 1999). Cette approche simplifiée des impacts économiques de la stratégie d éradication en France montre qu elle ne permettrait un retour sur investissement qu au bout de 15 ans environ. Cette conclusion, qui reste la plus optimiste compte tenu des difficultés techniques d un tel plan, montre que la mise en place d un plan de lutte BVD, si elle a lieu, doit imposer la prudence et faire l objet d un suivi prioritaire à long terme. Or, compte tenu des priorités sanitaires actuelles de l élevage bovin français (IBR, Maladies Légalement Réputées Contagieuses ), il peut être judicieux de s interroger quant à l intérêt économique actuel de la mise en place d un plan de lutte collective visant à éradiquer la BVD. En définitive, une certification des élevages au plan national est une entreprise difficile à mettre en œuvre pour différentes raisons : - La situation épidémiologique de certaines régions et leur mode d élevage n empêchent pas les recontaminations des élevages assainis - Le poids financier que représenterait un tel plan ne peut être supporté par l ensemble des éleveurs, d autant que l apport de ce plan et son succès ne sont pas évidents C est pourquoi une alternative à la certification des élevages se met en place: la certification individuelle. Elle se présenterait sous la forme d un fichier regroupant les animaux testés non-ipi et permettrait à terme de réduire la prévalence de la maladie au niveau national

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