INTÉGRER LA BIODIVERSITÉ DANS LES STRATÉGIES DES ENTREPRISES. Le Bilan Biodiversité des organisations
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- Cyril Perras
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1 INTÉGRER LA BIODIVERSITÉ DANS LES STRATÉGIES DES ENTREPRISES Le Bilan Biodiversité des organisations Joël Houdet 22 septembre 2008 SNHF -84, rue de Grenelle PARIS 1
2 UNIFORMISATION DU MONDE VIVANT Choix et modèles de développement Fragmentation des milieux Introduction d espèces envahissantes Changements climatiques Surexploitation des ressources renouvelables Tout d abord, un rappel sur les causes majeures d érosion de la biodiversité. On en mentionne 4 principales. Elles agissent en interaction : -Destruction / dégradation des habitats (exploitation des sables bitumeux au Canada) -Introduction intentionnelle ou non d espèces exotiques envahissantes (Caulerpa Taxifolia en Méditerranée) -Surexploitation des ressources renouvelables au-delà de leur seuil de renouvèlement (surpêche) -Changements climatiques (L aire de répartition du hêtre en France en l an 2000 est illustrée par la carte à gauche cidessus. Celle de droite correspond àune simulation de son aire de répartition en 2100, en maintenant les émissions de CO2 au niveau actuel tout au long du 21ème siècle) L'évolution actuelle de la planète est en grande partie due aux activités humaines, dans lesquelles les entreprises tiennent une place majeure. Aujourd'hui, comprenant que la maintien de la biosphère est une condition essentielle de leur durabilité, les entreprises souhaitent comprendre leur place dans la dynamique de la biosphère pour mieux l'assumer. Quelle est la nature des influences entre entreprises et diversitédu vivant? On peut ainsi parler de l uniformisation du monde vivant dans les modes de production. Et celle-ci seglobalise. 2
3 Pénuries / hausse des prix Baisse part de marché Matières premières Image Meilleure maîtrise des coûts de production Bonne réputation auprès de la clientèle Taxes et mises aux normes coûteuses Cadre réglementaire Exclusion des portfolios ISR Accès aux capitaux Anticipation et surcoûts évités Bonne notation extra-financière Avant le groupe de travail IFB Orée, la biodiversitétendait àêtre perçue comme une contrainte externe à l organisation ou à son cœur d activité. Il s agissait de maîtriser les impacts, de protéger les espèces en danger ou remarquables; l objectif étant d intégrer la biodiversité dans l économie. Pour prendre en compte la biodiversité, les entreprises disposaient de diverses démarches fondées sur l analyse des risques et des opportunités. Plusieurs rapports proposent une telle approche, notamment le rapport destinés aux entreprises de l évaluation des écosystèmes du millénaire, 2005 ou la récente Corporate Ecosystem Services Review de 2008 Ces risques et opportunités se situent àplusieurs niveaux: l approvisionnement en matières premières, l image ou la réputation, le coût du capital et le cadre réglementation; L accent est mis sur l entreprise individuelle, en particulier les grands groupes, et éventuellement sur les risques qu elle encoure via ses fournisseurs et filiales. 3
4 2 ÉTAPES POUR LE GT : UNE DÉMARCHE ORIGINALE 1. Evaluer la dépendance des entreprises au monde vivant 2. Comment intégrer la biodiversité dans les stratégies des entreprises? En quoi la démarche du GT IFB Orée est-elle originale? se différencie t elle des précédentes approches? Tout d abord, les entreprises ont étéintégrées, dès le départ, dans la formulation de la problématique. 1ère étape : essayer de repérer et évaluer la dépendance des entreprises àl égard du monde vivant : Quelle part des technologies / matières premières de l entreprise est issue de la biodiversité? Au-delà, est-il possible d apprécier le pourcentage du chiffre d affaires qui est dûàla biodiversité? Si oui, alors comment évaluer la place de la biodiversitédans les coûts et les profits? Deuxième étape : comment intégrer la biodiversitédans les stratégies des entreprises? Si la première étape confirmait bien le caractère vital de la biodiversitépour les entreprises, pour leurs profits et pour leur devenir, alors se préoccuper seulement de minimiser ses impacts deviendrait désuet, au profit d une démarche novatrice dans laquelle la biodiversitédeviendrait partie intégrante de la stratégie d entreprise. Il s agit bien de réintégrer les activités économiques au cœur de la biodiversité. Comment la prendre en compte au cœur des choix et modèles de développement, pour la production de tout bien ou service?
5 ETAPE 1: ÉVALUER LA DÉPENDANCE DES ENTREPRISES AU MONDE VIVANT A. Dépendance directe des secteurs d activité de la comptabilité nationale à la biodiversité B. Auto-évaluations par les entreprises de leur interdépendance à la biodiversité à partir de l Indicateur d Interdépendance de l Entreprise à la Biodiversité S agissant de la première étape, celle-ci s est concentrée sur : A-L évaluation de la dépendance directe des secteurs d activitéde la comptabiliténationale àla biodiversité, en termes de matières premières, impacts, technologies et chiffres d affaires. Les résultats de cette évaluation «àla louche», réalisés par des étudiants sous la direction de Béatrice Bellini, sont présentés dans le guide. Ils ont permis aux membres du GT de prendre conscience que la biodiversitéconditionne l activitéd un très grand nombre d entreprises. B- Les entreprises membres du groupe furent ensuite invitées à se livrer au même exercice, pour elles-mêmes. Elles se sont auévaluées àpartir de l Indicateur d Interdépendance de l entreprise àla biodiversité. Le résultat de cet important travail est présentésous la forme de retours d expériences : les entreprises y expriment l image qu elles se font de leur interdépendance au monde vivant. Les résultats sont présentés sous forme de pentagrammes, comme illustré sur l écran ; chaque axe représente la moyenne des autoévaluations pour chaque groupe de critères correspondants. Quelles principales conclusions le GT a pu tirer de ses travaux? Les interactions entreprise biodiversitése font explicitement ou implicitement àde multiples échelles, du site industriel aux territoires adjacents, du local à l international, des unités de production au siège, ou encore des filiales à la maison mère ; Elles concernent de nombreuses fonctions et compétences au sein de l organisation : de l innovation àla maîtrise des coûts de production, de la comptabilitéàla fiscalité, de la gestion des pressions sociales aux stratégies commerciales et d approvisionnement, de la communication externe àla formation du personnel. Cela soulève nombre d interrogations : Par ex, comment s assurer d un approvisionnement en matières premières qui assure la viabilitéde la biodiversitésur le terrain, en France comme àl étranger? Cela souligne la pertinence de s intéresser aux interactions entre organisations / entreprises par rapport àla biodiversité: les retours d expérience présentés dans cet ouvrage illustrent bien que l ensemble de l économie interagit, de manière directe et indirecte, avec le tissu du monde vivant. 5
6 ETAPE 2: Intégrer la biodiversitédans les stratégies de l ensemble des entreprises Vers un système comptable intégratif pour rendre compte des interactions entre entreprises et biodiversité Vers une évaluation de la performance écosystémique des entreprises Si on raisonner en termes de dépendance à la biodiversité, cela génère deux conséquences : Quand cette dépendance est forte, la question des impacts sur la biodiversitécesse de devenir une contrainte externe, puisqu elle traite d un coût normal en face de profits normaux : elle est réintégrée au raisonnement traditionnel de l entreprise. La biodiversitépeut ainsi être prise en compte dans une logique de profits et de coûts habituelle à l entreprise, mais ne peut pas être réduite àune question d impacts, ni àune contrainte externe au fonctionnement des organisations! Cela suggère d établir un nouveau type de comptabilité, en complément du système actuel, permettant de rendre compte des relations entre l entreprise et le monde vivant, et de mettre en évidence une autre vision de la place des activités humaines dans la biodiversité. La méthode proposée par le Bilan Carbone ne permet pas, et n a pas pour objet, de prendre en compte les interactions entre le monde vivant et celui des entreprises.c est pourquoi nous proposons le bilan biodiversitédes organisations, qui serait le pendant biodiversitédu bilan carbone. Il est largement esquissé mais encore incomplet à ce stade. Le Bilan Biodiversité est un outil dont les contours et frontières renvoient à la responsabilité écosystémique des organisations. Il se fonde sur: 1-Une comptabilitéécosystémique de l entreprise & 2-Une comptabilitéécosystémique des relations entre entreprises
7 Table des matières 1. La biodiversitéet l entreprise : Des liens directs et indirects à formaliser 2. L interdépendance des acteurs économiques à la biodiversité 3. Réintégrer les activités économiques au cœur de la biodiversité 4. Initiatives innovantes dans le monde Pour en savoir plus : houdet@oree.org L ouvrage fait environ 390 pages. Il s articule sur 4 sections. Les retours d expériences, c est-à-dire les auto-évaluations àpartir de l Indicateur d Interdépendance de l Entreprise à la Biodiversité, sont présentés dans la section 2. La section 3 présente l ensemble des éléments méthodologiques conduisant au Bilan Biodiversitéainsi que ces composantes. Merci tout d abord à l ensemble des partenaires. Merci surtout ceux qui ont étéàl origine de ce travail, Jacques Weber et Nadia Loury. Merci aussi à Marc Barra pour son aide sur les retours d expériences. Je dois également remercier l ensemble des entreprises qui ont acceptéde se prêter au jeu. Les entreprises sont au premier plan d une démarche de réintégration de l économie dans la biodiversité. Sans elles, il aurait étéimpossible d aller aussi loin. Il s agit maintenant, plus que jamais, de mobiliser et mutualiser lesressources pour atteindre cet objectif. Nous devons tester et mettre en place ensemble le Bilan Biodiversitédes organisations. La journée«entreprises et Biodiversité»du 18 novembre, sous présidence française de l union européenne, sera l occasion de confronter nos travaux àl ensemble des travaux en cours en Europe et dans le monde. C est une formidable opportunitépour la France qui doit être exemplaire, donner l exemple. 7
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