«Les lieux de mémoire de la Résistance en région Rhône-Alpes face à de nouveaux enjeux culturels et touristiques.»

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1 UNIVERSITE DE PARIS 1 PANTHEON SORBONNE INSTITUT DE RECHERCHE ET D ETUDES SUPERIEURES DU TOURISME «Les lieux de mémoire de la Résistance en région Rhône-Alpes face à de nouveaux enjeux culturels et touristiques.» Mémoire professionnel présenté pour l obtention du Diplôme de Paris 1 Panthéon Sorbonne MASTER PROFESSIONNEL «TOURISME» (2 e année) Spécialité Valorisation Touristique des Sites Culturels Loriane Gouaille Volume 1. Texte et annexes Directeur de mémoire : Michel Tiard Session de juin 2010

2 Table des matières Introduction 3 Partie 1 : La patrimonialisation et la mise en tourisme des lieux de mémoire de la Résistance en région Rhône-Alpes 6 A. Naissance et valorisation des lieux de mémoire en région Rhône-Alpes 6 a) Les lieux de mémoire, de la mémorialisation à la patrimonialisation 6 b) La multiplicité des fondateurs et des enjeux des lieux de mémoire 14 c) La valorisation des lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes : la diversité des situations 17 B. L état des lieux du tourisme de mémoire en France 22 a) Définition et naissance du tourisme de mémoire 22 b) Les initiatives de valorisation du tourisme de mémoire 25 c) L avenir du tourisme de mémoire en danger? 28 Partie 2 : Le renouvellement nécessaire de l offre des lieux de mémoire de la Résistance en région Rhône-Alpes 33 A. Les lieux de mémoire face à de nouveaux enjeux pédagogiques et touristiques 33 a) La disparition des témoins et de la mémoire vivante 33 b) L érosion de l intérêt pour les lieux de mémoire : des lieux sans visiteurs? 36 c) Les conséquences pour les lieux de mémoire de la Résistance 42 B. Les initiatives des lieux de mémoire de la Résistance : une offre culturelle et touristique renouvelée 45 a) La mise en place de réseaux des lieux de mémoire de la Résistance 45 b) La réorientation et l élargissement des discours muséographiques 48 c) L appui du tourisme et de ses acteurs dans la promotion des lieux de mémoire 53 Partie 3 : Quel avenir pour les lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes? 58 A. La valorisation du pouvoir mémoriel des sites 58 a) Les lieux de mémoire de la Résistance, avant tout des lieux du souvenir? 58 b) De nouvelles structures mémorielles : Montluc et la Maison Dugoujon 62 B. L innovation indispensable dans les lieux de mémoire 67 a) La valorisation des témoignages oraux 67 b) La recherche de nouveaux outils de présentation et de compréhension 72 c) Le travail de communication et de promotion 76 Conclusion 80 Bibliographie 83 Annexes 90 2

3 Introduction Chaque année, au mois de juin, la Normandie accueille des milliers de touristes et les délégations officielles des pays ayant pris part au Débarquement en Plus de soixantecinq ans plus tard, cet événement est toujours commémoré en grande pompe par les chefs d états et les derniers soldats de la Seconde Guerre Mondiale. Les touristes sont nombreux, visitant les plages du Débarquement, les cimetières et les autres lieux de mémoire qui couvrent le territoire normand. Les journaux télévisés diffusent des reportages en direct, des témoignages. Parfois, la juxtaposition d images permet de prendre conscience du problème majeur de la patrimonialisation et de l ouverture au public des lieux de mémoire. En effet, très souvent, les reportages montrent le recueillement, le deuil parfois de visiteurs sur les sites alors que quelques mètres plus long, des touristes jouent les apprentis soldats, en tenues militaires, des armes anciennes au poing. La mémoire face au loisir et au ludique? Le recueillement face au tourisme? Les lieux de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale peuvent-ils donc devenir des lieux du tourisme de mémoire? La question des lieux de mémoire est de plus en plus d actualité, réactivée par de grandes polémiques telles l adoption de la mémoire d un enfant juif décédé pendant la Shoah par les scolaires ou la lecture de la lettre du résistant Guy Moquet dans les collèges et lycées. Elle est aussi devenue un objet d histoire à part entière, suscitant colloques et ouvrages. Le terme de lieux de mémoire a été forgé par l historien Pierre Nora au cours des années 1980 lors de la publication des ouvrages Les lieux de mémoire 1. Selon la définition de Pierre Nora, les lieux de mémoire sont «des lieux où s est incarnée notre mémoire nationale et qui, par la volonté des hommes ou le travail des siècles, en sont restés comme les plus éclatants symboles» 2, des lieux où apparaissent la mémoire collective, les idées et mentalités d un peuple. Les événements de la Seconde Guerre Mondiale ont donc permis la création des lieux de mémoire, nombreux sur l ensemble du territoire français : plages du Débarquement en Normandie, villages martyrs, camps d internement, lieux de résistance tels que les maquis de 1 NORA Pierre (dir.). Les lieux de mémoire. Paris : Gallimard, 1992, 3 t., 7 vol. 2 Voir supra, idem. La République. Paris : Gallimard, 1992, t.i, vol.1, p.7. 3

4 Rhône-Alpes. Ces lieux de mémoire se sont créés au fur et à mesure du temps et des visites des Français pour célébrer la mémoire d un défunt ou pour se remémorer des événements dramatiques. La visite de ces lieux de mémoire semble connaître un succès important. L exemple le plus représentatif de cet intérêt pour les lieux de mémoire est le Mémorial de Caen recevant environ visiteurs par an. Les lieux de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale sont devenus des atouts touristiques ou culturels importants pour certaines régions et font partie de l offre plus globale des lieux de mémoire comprenant aussi bien les zones de combat de la Première Guerre Mondiale que les maisons de grands personnages. La région Rhône-Alpes accueille, pour des raisons historiques, de nombreux lieux de mémoire, liés spécifiquement au mouvement de la Résistance, aussi bien lieux de massacres ou de tortures que lieux de combats. Dès la fin de la guerre, ces lieux de mémoire ont fait partie des parcours du tourisme de mémoire. A partir des années 1990, ces lieux ont été patrimonialisés et institutionnalisés, modifiant de même le panorama des lieux de mémoire associatifs traditionnels. Malgré leur succès apparent, les lieux de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale et de la Résistance, en particulier, sont aujourd hui confrontés à des changements radicaux. La question de leur avenir se pose de manière pressante. Le souvenir direct des événements de la Seconde Guerre Mondiale est en train de s effacer, alors que les derniers témoins disparaissent. Une rupture cognitive entre la mémoire et les jeunes générations s opère actuellement. Cette rupture s accompagne d une méconnaissance des événements et donc, par conséquent, d un possible désintérêt pour la visite des lieux de mémoire et de leurs espaces muséographiques. Les gestionnaires des lieux de mémoire de la Résistance se doivent de trouver de nouveaux outils pour faire évoluer les sites, pour faciliter la compréhension des événements ainsi que la diffusion des valeurs soutenues par la Résistance et, surtout, pour continuer à entretenir la mémoire. Ce travail de mémoire de Master professionnel se place donc dans cette problématique générale, qui touche l ensemble des lieux de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale. Pour des raisons pratiques, une sélection de lieux de mémoire de la Résistance a été opérée sur le territoire rhônalpin. Le mémoire ne traite donc pas de l ensemble des sites en lien avec la Résistance mais uniquement des lieux de mémoire les plus caractéristiques et les plus visités. 4

5 Ainsi, de manière plus spécifique, le travail s est appuyé sur la situation du Centre d Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon dans le département du Rhône, du Mémorial de la Résistance et du Musée départemental de la Résistance de Vassieux-en-Vercors ainsi que du site de la Grotte de la Luire dans le département de la Drôme, du plateau des Glières et de l ensemble mémoriel de la nécropole nationale de Morette dans le département de Haute- Savoie et, enfin, du Musée du XX e siècle d Estivareilles dans la Loire. Pour mener à bien ce mémoire, en plus d un travail livresque préparatoire sur la notion même de lieu de mémoire, chaque site sélectionné a été visité et étudié selon la même grille d analyse. Des contacts avec les gestionnaires ont eu lieu, de manière plus ou moins fréquente selon leur temps et motivation. En outre, la durée longue de préparation de ce mémoire sur deux ans a permis de participer à plusieurs colloques organisés à Paris et à Lyon sur la question des lieux de mémoire et de leur avenir. Finalement, pour approfondir certains points mis en avant par l observation sur le terrain ou par les conférences entendues lors de colloques, des entretiens ont été menés avec certains gestionnaires. Ce travail a pour objectif de faire un panorama de la situation des lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes et sur le tourisme de mémoire. Il doit aussi offrir des pistes de réflexion alors que l évolution des lieux de mémoire est de plus en plus nécessaire. Pourquoi les lieux de mémoire se trouvent-ils à un tournant? Quelles peuvent être les solutions pour réduire et freiner la rupture cognitive entamée parmi les nouvelles générations? Comment dépasser ce tournant mémoriel tout en continuant à transmettre la mémoire malgré l absence des véritables témoins? Simplement, comment poursuivre la transmission mémorielle des événements et des valeurs prônées par la Résistance à des générations qui n ont pas vécu la Seconde Guerre Mondiale et qui n ont même pas connu une guerre sur leur propre territoire national? 5

6 Partie 1 : La patrimonialisation et la mise en tourisme des lieux de mémoire de la Résistance en région Rhône-Alpes Les sites de la Seconde Guerre Mondiale et de la Résistance en Rhône-Alpes sont rapidement devenus, après la fin de la guerre, des lieux de mémoire, recevant des visiteurs. Depuis les années 1990, ces lieux de mémoire ont vu le passage d un tourisme de pèlerinage à un tourisme de mémoire, permis par leur patrimonialisation et leur valorisation pédagogique. Ces lieux sont donc aujourd hui des objets d histoire, de mémoire et de tourisme. A. Naissance et valorisation des lieux de mémoire en région Rhône-Alpes La région Rhône-Alpes, un des lieux de théâtre des événements de la Seconde Guerre Mondiale, possède aujourd hui un réseau de lieux de mémoire sur cette période et plus spécifiquement sur les actions de la Résistance. La patrimonialisation et la mise en valeur pédagogique de ces lieux de mémoire ont connu plusieurs périodes, selon les rebondissements de la mémoire de la Résistance et selon les objectifs des créateurs. a) Les lieux de mémoire, de la mémorialisation à la patrimonialisation La mémorialisation des lieux d histoire de la Seconde Guerre Mondiale et de la Résistance a débuté très rapidement, grâce à l action des associations d anciens résistants. Processus de mise en mémoire collective, elle a été activée par les acteurs même de la Seconde Guerre Mondiale pour opérer une réconciliation du pays fragilisé par les années noires du gouvernement de Vichy. La mémorialisation n est pourtant pas allée de soi tout au long de la deuxième moitié du XX e siècle, avant d être finalement actée au début des années 1990 et de laisser place au processus de patrimonialisation des lieux de mémoire. - La mémoire de la Résistance en France Alors que l histoire de la Résistance intervient assez rapidement après la guerre avec des initiatives de collectes de documents écrits et de témoignages, la mise en mémoire de la Seconde Guerre Mondiale et de la Résistance est, quant à elle, plus longue et plus tortueuse. 6

7 La mémoire de la Résistance est traversée de plusieurs rebondissements et connaît donc plusieurs périodes entre 1945 et : - Entre la fin de la guerre et jusqu en 1971, le mythe résistancialiste est prédominant. Les résistants sont vus comme des héros, la France comme un pays de résistants. La collaboration et Vichy sont effacés des mémoires. L immédiat après-guerre requiert une réconciliation du pays avec le traumatisme de la défaite de 1940 et la période du gouvernement de Vichy. Cette mémoire unifiée est valorisée et protégée par le Général de Gaulle qui l utilise sur la scène internationale pour faire de la France un des pays forts de l après-guerre. - Au début des années 1970, «un temps de doute» 4 se développe, pendant lequel la Résistance française et sa mémoire sont attaquées. En 1971, Marcel Ophuls réalise le film Le chagrin et la pitié qui relate les années de guerre dans une ville de province avec des habitants en grande majorité proches de l occupant allemand. En 1972, George Pompidou gracie Paul Touvier, chef de la Milice à Grenoble. La mémoire de la Résistance est attaquée, le mythe résistancialiste est remis en cause par des ouvrages universitaires tels celui de Robert Paxton intitulé La France de Vichy 5. Le rôle de la France dans la politique d extermination nazie est rappelé. Cette période provoque alors ce que l historien Henry Rousso nomme le «syndrome de Vichy» 6. - En 1989, Daniel Cordier, ancien secrétaire particulier de Jean Moulin à Lyon, publie une biographie historique 7 sur l ancien préfet et résistant, Jean Moulin, l inconnu du Panthéon, mettant fin aux rumeurs et attaques menées contre ses actions pendant la guerre. Le travail de Daniel Cordier ouvre la voie aux historiens et leur offre une possibilité de diffuser leurs travaux critiques face à la production littéraire des anciens résistants se considérant comme les «gardiens du Temple». 3 L histoire de la mémoire de la Résistance commence a été très bien étudiée. Voir, entre autres, WIEVIORKA Olivier. La mémoire désunie. Le souvenir politique des années sombres de la Libération à nos jours. Paris : Seuil, 2010, 308 p. et DOUZOU Laurent. La Résistance française : une histoire périlleuse. Essai d historiographie. Paris : Seuil, 2005, 365 p. 4 Voir BARCELLINI Serge. L intervention de l Etat dans les musées des guerres contemporaines. In BOURSIER Jean Yves (dir.). Musées de guerres et mémoriaux. Paris : Editions de la Maison des sciences de l homme, 2005, pp PAXTON Robert. La France de Vichy Paris : Seuil, 1997, 475 p. 6 Sur la construction de la mémoire de la Seconde Guerre Mondiale, voir ROUSSO Henry. Le syndrome de Vichy. Paris : Seuil, 1987, 383 p. 7 CORDIER Daniel. Jean Moulin, l'inconnu du Panthéon. Paris : Jean-Claude Lattès, , 3 vol. 7

8 La mémoire de la Résistance est donc maintenant concurrencée par le travail des historiens qui écrivent l histoire de la Résistance, utilisant des archives auxquelles ils appliquent la méthode de la critique historique. Néanmoins, cette unanimité mémorielle connaît quelques failles, renforcées par l omniprésence d anciens résistants sur la scène politique et dans l administration. La mémoire de la guerre a été traumatisante, voire même conflictuelle. La mémoire de la Résistance devient multiple. Certains partis politiques, certaines grandes personnalités politiques ont tenté d utiliser à leurs profits les idéaux prônés par le mouvement de la Résistance et défendus par les réseaux établis pendant la guerre. Le parti communiste, «le parti des fusillés», dénonce l abandon des résistants communistes dans certains maquis. Il essaye d utiliser les mouvements de résistance communistes pour gagner une légitimité sur la scène politique en pleine Guerre Froide alors que le Général de Gaulle et le parti gaulliste veulent apparaître comme les seuls libérateurs du peuple français. Ces revendications politiques de la mémoire de la Résistance s amplifient à partir des années 1960 et 1970, marquées par l absence d une mémoire officielle produite par l Etat et par la présidence de Georges Pompidou. Ainsi, l après-guerre est marquée par toute une série de mythes concurrentiels et partisans. Cette diversité des mémoires de la Résistance explique que la patrimonialisation des lieux de mémoire de la région Rhône-Alpes a connu plusieurs périodes de création. - 1 ère période de création : les marques des lieux de mémoire après-guerre Au sortir de la guerre, chaque lieu de répression, de meurtre ou de souffrance est mis en avant, rendu unique. Ces lieux de mémoire sont alors signalés par l installation de plaques ou de monuments commémoratifs qui deviennent vite des lieux de rassemblement lors des commémorations du souvenir 8. La fin de la guerre voit aussi la mise en place des grandes nécropoles sur les lieux de massacres de résistants. Les grandes nécropoles ont été généralement installées sur les lieux de combats de la Seconde Guerre Mondiale, pour recevoir les corps des soldats ou des résistants. Par exemple, le Mémorial de la France combattante au Mont Valérien est inauguré 8 Pour une étude d analyse des plaques et des monuments commémoratifs en souvenir des résistants lyonnais, voir CARDON Cécilia. Quelles mémoires de la Résistance à Lyon?. Mémoire de recherche sous la direction de Laurent DOUZOU. Lyon : Institut d Etudes Politiques, Université Lumière-Lyon II, 2004, 413 p. Disponible sur Internet : < cardon_c.pdf> (Consulté ). 8

9 en 1960 par le Général de Gaulle. Lieu d exécution des résistants parisiens, dont les résistants du groupe Manouchian, le Mémorial a reçu les corps de 16 combattants (15 corps en 2010, le seizième caveau est réservé au dernier compagnon de la Libération toujours en vie) de toutes origines géographiques, religieuses ou politiques. Dans la région Rhône-Alpes, les deux grandes nécropoles sont ainsi situées à côté des deux grands maquis : le maquis des Glières et le maquis du Vercors. Les nécropoles, de même que les grands cimetières en Normandie, ont été dès la fin de la guerre des destinations de visites de familles parties en pèlerinage sur la tombe d un proche. Aujourd hui, elles sont devenues des lieux de mémoire dont le souvenir est réactivé lors des grandes commémorations. La nécropole de Morette, en Haute-Savoie, à quelques kilomètres d Annecy, est créée en Alors qu un officier allemand ordonnait d enfouir les corps des résistants du maquis des Glières dans une fosse commune, le maire de Thônes fit inhumer, contre les ordres, les corps des résistants dans des cercueils et des tombes surmontées d une croix de bois. Ainsi, la nécropole a reçu les corps de 105 résistants fusillés sur le site même de Morette ou lors de l encerclement du maquis au plateau des Glières. Cette création de fait d une nécropole fut entérinée par la venue du Général de Gaulle dès novembre 1944 pour se recueillir devant les tombes et par son inauguration en 1947 par le président de la République, Vincent Auriol. Nécropole nationale de Morette Source : Photographie personnelle La nécropole de Vassieux-en-Vercors, dans l Isère, a été mise en place en 1948 pour recevoir les corps des 187 résistants tués dans les attaques allemandes du maquis du Vercors. Elle regroupe toutes les plaques commémoratives déposées par les associations d anciens résistants, un monument aux morts et une Salle du souvenir. Construite à l initiative de l Amicale des Pionniers du Vercors, elle a aussi reçu en 1981 une Salle du Souvenir. - 2 e période : les initiatives individuelles ou associatives dès les années 1965 Face aux attaques, à l utilisation partisane de la mémoire, à la présence médiatique de résistants de la toute dernière heure, des plaques commémoratives sont installées et les premiers musées de la Résistance sont créés en France et, plus spécialement dans la région 9

10 Rhône-Alpes 9. Ces actions ne pouvaient être que des initiatives personnelles, individuelles, face au silence mémoriel de l Etat. Serge Barcellini, actuel contrôleur général des Armées, appelle ces premiers musées des «lieux chauds» 10 de la mémoire de la Résistance, dans lesquels les anciens résistants tenaient une place importante et faisaient vivre leur propre mémoire. La nécropole de Morette voit la construction de deux structures : le Musée de la Résistance en 1964 par l Association des Rescapés des Glières et le Mémorial départemental de la Déportation en 1965 par l Union Nationale des Déportés, Internés et Familles de la Haute- Savoie (UNADIF). Situés sur le site même du lieu de mémoire de la nécropole, les deux nouveaux sites ont une fonction commémorative qui vient renforcer la fonction mémorielle de la nécropole. De plus, le Musée départemental de la Résistance, installé dans un chalet semblable à ceux occupés par les maquisards haut-savoyards, conserve, dans une sorte de crypte, les croix de bois des tombes de la nécropole, enlevées entre 1960 et 1963 pour les remplacer par des croix de bronze 11. Au cours des années 1970, peut-être face aux attaques que connaît la Résistance sur la scène nationale, les deux structures évoluent vers plus de professionnalisme. Le Musée de la Résistance est pris en charge par le département de Haute- Savoie en 1978 et le Mémorial est installé dans un nouveau bâtiment construit en 1975, pour le 30 e anniversaire de la libération des camps. Le Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors, dans la Drôme, est l exemple le plus représentatif de ces «lieux chauds». Inauguré en juin 1973, il a été entièrement créé par Joseph La Picirella, ancien maquisard du Vercors et du «11 e Cuir», collaborateur de Fernand Rude au Comité d Histoire de la Deuxième Guerre Mondiale. Après une collecte de documents pendant plusieurs dizaines d années, il a ouvert un musée dont il a rédigé l ensemble de la présentation historique et des cartels. En 1984, le Musée départemental de l Armée secrète et de la Résistance est créé par les membres de l Association de l Armée secrète de la Loire qui ont collecté des objets et 9 Sur la naissance des musées de la Résistance dans la région Rhône-Alpes, voir MAUD Martin. Etude de l évolution des musées de la Résistance et de la Déportation en région Rhône-Alpes. Mémoire de Maîtrise d Information Communication. Lyon : Université Lumière Lyon II, 1993, 80 p. 10 Terme rappelé par Jean-Yves Boursier. Voir BOURSIER Jean-Yves (dir.). Musées de guerres et mémoriaux. Paris : Editions de la Maison des sciences de l homme, 2005, p Voir les photographies en annexe n VIII.4. 10

11 documents. Le musée est consacré à l Armée secrète et à la bataille d Estivareilles d août 1944 qui a permis l arrêt des troupes allemandes dans le Haut-Forez. Le plateau des Glières est un des lieux de mémoire de la Résistance situé dans le département de la Haute-Savoie. Terrain de parachutage des Alliés, le plateau des Glières a accueilli jusqu à plus de 400 maquisards. Le 26 mars 1944, des troupes allemandes et des miliciens français au nombre de soldats encerclent le plateau et lancent une attaque. Le bilan est macabre, tout en restant relativement faible au vu du nombre de soldats mobilisés : 129 maquisards et 20 résistants des vallées tués ou morts en déportation. Le 1 e août 1944, le plateau est de nouveau utilisé par les maquisards et reçoit des parachutages de résistants qui permettent la libération de la Haute-Savoie. Au printemps 1971, l Association des Rescapés du plateau des Glières décide de construire un monument commémoratif sur le plateau. Un concours est ouvert en Le projet d Emile Gilioli est choisi en 1972 et inauguré par André Malraux en septembre Le monument est conçu comme une figure de proue dans le paysage, orienté selon la direction générale du plateau. Il se compose d une forme triangulaire et d un cercle en suspension. L intérieur est laissé vide pour permettre le recueillement 12. Le monument d'emile Gilioli au plateau des Glières Source : Photographie personnelle - 3 e période de création : les initiatives institutionnelles des années 1990 Les années 1990, favorisées par le développement politique de la mémoire encouragé par François Mitterrand, voient la création des lieux de mémoire de la Résistance à partir d initiatives institutionnelles. L Etat retrouve son rôle d organisateur de la mémoire. La maison du docteur Dugoujon à Caluire (Rhône) où fut arrêté Jean Moulin est inscrite à l inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1990, la Maison des enfants d Izieu (Ain) en En 1994, François Mitterrand vient inaugurer lui-même le Musée-mémorial des enfants d Izieu, 12 Voir les photographies en annexes VII. Sur le projet d Emile Gilioli, voir LE COZ Françoise. Etude des projets d Emile Gilioli, dessins et maquettes, en vue du Monument national de la Résistance au Plateau des Glières. Mémoire de Maîtrise d histoire de l art. Paris : Université Paris IV Sorbonne, 1980, 72 p. 11

12 considéré comme une priorité nationale. Le contexte est favorable au développement des lieux de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale et de la Résistance. Les cérémonies du cinquantenaire du Débarquement en Normandie ont lieu en juin Les municipalités et les régions se sentent le devoir de réactiver et de s approprier la mémoire en organisant de grandes cérémonies commémoratives, en créant de nouveaux musées très différents des lieux de mémoire installés dans les années Des événements spécifiques à la région Rhône-Alpes, avec comme événement fondateur le procès de Klaus Barbie à Lyon, font de l entretien de la mémoire de la Résistance un devoir civique alors qu augmentent, dans les universités lyonnaises, des attaques révisionnistes et négationnistes. Ces «lieux froids» 13, comme les définit Serge Barcellini, se caractérisent par l absence d un groupe social mémoriel. Même si les résistants sont encore présents au sein des associations d Amis des musées, ils ne sont plus les initiateurs de ces lieux de mémoire. La mémoire et son entretien ont été confiés à des professionnels qui n ont pas connu la Seconde Guerre Mondiale, ni la Résistance. Le discours et les objectifs aussi ont évolué. En plus des objectifs politiques des collectivités, les lieux de mémoire se doivent de mettre en avant des préoccupations éducatives et pédagogiques. Les musées de la Résistance doivent ranimer la mémoire. Plusieurs institutions et lieux de mémoire sont créés en l espace de très peu de temps, en Rhône-Alpes. Le Centre d Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon (Rhône) est inauguré en octobre 1992 par le maire Michel Noir. Héritier d un premier musée créé en 1967 par Louis Pradel, ancien résistant et maire de Lyon, il est situé dans les anciens locaux de l Ecole de Santé Militaire, occupés par la Gestapo, entre le printemps 1943 et le 26 mai 1944, qui les utilisait comme siège et lieu d interrogatoires des prisonniers. Le Mémorial de la Résistance de Vassieux-en-Vercors (Drôme), pièce maîtresse du Site national historique de la Résistance en Vercors, est inauguré en juillet 1994 par le premier ministre Edouard Balladur. Dès leur congrès en mai 1987, l association Les Pionniers du Vercors milite pour un projet de mémorial. Leur action est motivée par un besoin de mémoire mais aussi par une volonté revancharde envers J. La Picirella et son musée, mis en place de manière individuelle, sans aucun recours à l association. Le projet relayé par le Parc naturel 13 Voir note 10, idem. 12

13 régional du Vercors qui en devient le maître d œuvre alors que l Etat aide financièrement à la construction du mémorial au Col de la Chau, au dessus de Vassieux-en-Vercors. En plus de la construction d un équipement, le projet permet la création du Site National Historique de la Résistance qui regroupe plusieurs autres lieux de mémoire situés sur le territoire du Parc. Dans le département de Haute-Savoie, le conseil général décide de mener une politique mémorielle intense avec la construction de plusieurs bâtiments d accueil sur les différents lieux de mémoire. Sur le plateau des Glières, un bâtiment est réalisé au printemps 2003 pour permettre l accueil des visiteurs et la tenue d activités pédagogiques. Sur le site de la nécropole de Morette, un autre bâtiment est construit au printemps 2004, à côté du Musée de la Résistance et du Mémorial de la Déportation. - Les sites de la Seconde Guerre mondiale en région Rhône-Alpes 14 Chaque région française a connu les événements de la Seconde Guerre Mondiale, avec des spécificités militaires et historiques, des personnalités régionales. La région Rhône-Alpes est connue pour son rôle dans la Résistance avant 1942 et après l invasion de la zone libre par l armée allemande. Lyon est souvent surnommée la capitale de la Résistance, le plateau des Glières et le Vercors sont deux des maquis les plus importants de France. De grandes personnalités ont été arrêtées, voire tuées dans la région : Jean Moulin, les époux Aubrac, l historien Marc Bloch. Le rôle de la région dans les mouvements de Résistance justifie donc la nature des lieux de mémoire et des musées consacrés à la Seconde Guerre Mondiale. Alors que la Normandie ou la Provence possèdent des musées et des plages du Débarquement, la région Rhône-Alpes se caractérise par une majorité de sites rappelant la Résistance. Ainsi, en 1996, elle accueillait, en plus des lieux de mémoire, douze musées (certains musées pouvant être considérés comme des lieux de mémoire) consacrés à la Seconde Guerre Mondiale ou, spécifiquement à la Résistance 15 : - le Musée haut-savoyard de la Résistance à Bonneville (Savoie), 14 Voir les cartes d emplacement des lieux de mémoire et des musées consacrés à la Seconde Guerre Mondiale, en annexes I. 15 Pour le dénombrement des musées de la Seconde Guerre Mondiale, voir JOLY Marie-Hélène, GERVEREAU Laurent. Musées et collections d histoire en France : guide. Paris : Association internationale des musées d histoire, 1996, p Sur l implantation des musées de la Résistance en Rhône-Alpes, voir MARTIN Maud. Etude de l évolution des musées de la Résistance et de la Déportation en région Rhône-Alpes. Mémoire de Maîtrise d Information Communication. Lyon : Université Lumière Lyon II, 1993, 80 p. 13

14 - le Musée départemental de l Armée secrète d Estivareilles (Loire), - le Musée de la Résistance et de la Déportation de Grenoble (Isère), - la Maison des enfants d Izieu (Ain), - le Musée départemental de la Résistance du Teil d Ardèche (Ardèche), - le Centre d histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon (Rhône), - le Musée de la Résistance et de la Déportation de Nantua (Ain), - le Musée de la Résistance de Romans-sur-Isère (Drôme), - le Musée de la Déportation et de la Résistance de Thônes (Haute-Savoie), - le Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors (Drôme), - le Mémorial du Vercors à Vassieux-en-Vercors (Drôme), - le Musée de la Résistance et de la Déportation de Vénissieux (Rhône). La région Rhône-Alpes offre ainsi une multitude de musées et de lieux de mémoire consacrés aux événements de la Seconde Guerre Mondiale. Cette diversité des sites entraîne donc aussi une diversité des fondateurs et des objectifs qui ont sous-tendu leur volonté créatrice. b) La multiplicité des fondateurs et des enjeux des lieux de mémoire La mémoire de la Résistance est multiple, traversée par des courants de pensée et des engagements politiques différents. Alors que les associations de résistants ont créé des lieux de mémoire à partir des années 1965, l initiative de la création est devenue institutionnelle, avec des enjeux très différents. - Les fondateurs : les anciens résistants Les anciens résistants, au sein des associations, ont joué un rôle de fondateurs des premiers lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes dès la fin de la guerre. En effet, dès 1945, ils ont participé à la mise en place de plaques commémoratives dans les grandes nécropoles. Leur intervention est devenue plus radicale à partir des années 1965, dans un contexte difficile : attaque du mythe de la Résistance, absence d une véritable politique mémorielle nationale avec la suppression en 1970 du Commissariat général aux Monuments commémoratifs des guerres et de la Résistance et l abandon en 1975 du caractère national de la commémoration du 8 mai 16. Emmanuelle François, dans son rapport sur les musées de la 16 Sur la position de l Etat à propos de la mémoire de la Résistance, voir BARCELLINI Serge. L Etat républicain, acteur de mémoire : des morts pour la France aux morts à cause de la France. In BLANCHARD 14

15 Seconde Guerre Mondiale, explique que la moitié des musées répertoriés a été fondée par des associations d anciens résistants ou déportés 17. De même que l ensemble du territoire français, la région Rhône-Alpes a connu plusieurs formes de création : la création d un lieu de manière individuelle par un ancien résistant comme le Musée départemental de la Résistance de Vassieux-en-Vercors ou la création et la gestion d un lieu par une association d anciens résistants. Les projets ont souvent été portés sur la scène publique par des hommes politiques, anciens résistants et figures locales ou nationales importantes. Par exemple, le projet du Musée de l Armée secrète et de la Résistance d Estivareilles a été soutenu par Lucien Neuwirth, personnalité de la Résistance et ancien président du conseil général de la Loire, venu l inaugurer en Les objectifs principaux sont simples : entretenir le souvenir des combats des résistants, transmettre l histoire des événements de la Seconde Guerre Mondiale en offrant des exemples de sacrifices ainsi que rappeler les valeurs morales prônées par la Résistance. Il faut noter, néanmoins, qu en plus de ces objectifs mémoriels, ont pu se greffer des enjeux politiques en pleine Guerre froide pour les anciens résistants communistes ou gaullistes. La survie ou la création de la plupart des lieux de mémoire de la Résistance actuels en région Rhône-Alpes sont donc le fait des anciens résistants. Cependant, dès le début des années 1990, les lieux de mémoire sont confrontés à une nécessaire professionnalisation de leur valorisation qui passait par une institutionnalisation des sites. - Les collectivités territoriales Les collectivités territoriales de la région Rhône-Alpes ont pris le relais au début des années 1990, de manière générale, des nombreuses associations d anciens résistants ou de déportés qui avaient eu l initiative de la valorisation de la plupart des lieux de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale. En effet, ces associations étaient alors fragilisées par l implication de moins en moins dynamique des résistants vieillissants et par l arrivée de nouveaux adhérents enfants ou petits-enfants des résistants. Surtout, les associations n avaient plus les moyens ni financiers, ni juridiques pour continuer à porter des lieux de mémoire qui recevaient de plus en plus de visiteurs par le biais du tourisme de mémoire. Pascal (dir.). Les guerres de mémoires : la France et son histoire, enjeux politiques, controverses historiques, stratégies médiatiques. Paris : La Découverte, 2008, pp FRANCOIS Emmanuelle. Les musées d histoire dans la Seconde Guerre mondiale : rapport au ministère de la Culture. Paris : Direction des Musées de France, 1996, pp

16 L intervention des collectivités territoriales revêt plusieurs objectifs : - l enjeu de la mise en place d une politique mémorielle volontaire utilisant les lieux de mémoire comme des outils pédagogiques à destination de l ensemble de la population, mais surtout des jeunes générations, - un enjeu moral et politique pour des collectivités et des hommes politiques qui se veulent les héritiers des valeurs prônées par la Résistance et qui doivent, dans certains cas, endiguer des mouvements négationnistes, - un enjeu identitaire pour certaines collectivités départementales qui ont voulu s appuyer sur les événements de la Seconde Guerre Mondiale pour créer un lien entre les populations, - un enjeu économique et touristique pour faire venir des visiteurs qui dépensent de l argent dans un hébergement, dans la restauration et dans les services de loisir annexes proposés par les entreprises du territoire. Par exemple, le Centre d Histoire de la Résistance et de la Déportation est un musée municipal de la ville de Lyon. En 1990, Michel Noir, maire de la ville, décide de créer un grand musée sur la Résistance lyonnaise à partir d un premier musée modeste constitué en 1967 par Louis Pradel, ancien résistant et maire de Lyon. Les enjeux de cette création sont cette fois-ci en grande partie politiques et moraux, en plus de revêtir un enjeu pédagogique incontestable. Au début des années 1990, les universités lyonnaises sont reconnues pour être des lieux d accueil du négationnisme universitaire avec comme enseignants Robert Faurisson et Bernard Notin. Ce dernier, enseignant à l Université Lyon III, publie d ailleurs en 1990 un article négationniste dans une revue subventionnée par le CNRS. Ainsi, Michel Noir veut rappeler le rôle de Lyon dans la Résistance, lancer une contre-attaque contre cette image négationniste et associer la ville aux valeurs de la Résistance. De même, à partir de 1998, le conseil général de la Haute-Savoie a voulu s engager dans une politique mémorielle active et dynamique, après sa sollicitation par les responsables du bureau de l Association des Rescapés des Glières en recherche d une pérennisation de leur patrimoine mémoriel. Une première convention pour le site du plateau des Glières est passée en 1997 et une seconde en 1998 pour le site de Morette. L enjeu identitaire est primordial pour expliciter l intervention du département : «renforcer dans l esprit de nos concitoyens leur conscience d appartenir à une collectivité départementale possédant une personnalité 16

17 propre et une identité haut-savoyarde fortement affirmée» 18. Le choix spécifique de cette thématique comme support de l identité peut apparaître relativement étonnant. Pourtant, il s explique par l histoire spécifique de ce territoire, démuni de grands monuments phares à la renommée nationale et rattaché à la France depuis peu de temps. La Seconde Guerre Mondiale apparaît comme un des événements marquants pour le territoire haut-savoyard français. Au sein de l Office Départemental de l Action Culturelle (ODAC), un service spécifique a été mis en place pour gérer les lieux de mémoire départementaux, intitulé «Service Mémoires et citoyenneté» 19 qui employait neuf personnes en avril Le département, par le biais de ce service, possède plusieurs sites mémoriels et travaille à leur valorisation : le plateau des Glières, les deux musées sur la nécropole de Morette, le Musée départemental haut-savoyard de la Résistance de Bonneville. Il est aussi devenu le partenaire principal de l Inspection académique pour l organisation du Concours national de la Résistance et de la Déportation. Les lieux de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale sont nés de la conjonction d événements dramatiques sur ces sites et de leurs visites quelques années plus tard par une population curieuse et reconnaissante. Certains lieux de mémoire n ont pas connu de modifications depuis la fin de la guerre mais ils restent très rares. La plupart du temps, les lieux de mémoire ont été valorisés. c) La valorisation des lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes : la diversité des situations Les lieux de mémoire ont, pour la plupart, été créés de manière spontanée, leur valorisation intervenant par la suite pour entériner et pérenniser leur rôle. La question de la valorisation des sites et de leur pouvoir mémoriel démontre une multitude de situations, du lieu de mémoire recevant un simple panneau explicatif au mémorial mis en valeur par une muséographie et une scénographie complexes. Certains lieux de mémoire ont été, volontairement, mis en place avec un objectif de valorisation. La muséographie devient donc un atout pour la patrimonialisation des lieux de mémoire et leur présentation. Néanmoins, la diversité des fondateurs et des enjeux des lieux de mémoire entraîne aussi une dichotomie 18 Document d'orientation à destination du Ministère de la Défense, du Conseil régional Rhône-Alpes dans le cadre des demandes de subventions concernant le réaménagement des sites du Plateau des Glières et de Morette. Annecy : Conseil général, 2003, p Site Internet du service Mémoire et citoyenneté du conseil général de Haute-Savoie : < fr/ index.php?option=com_content&task=view&id=14&itemid=150> (Consulté ). 17

18 muséographique : des lieux de mémoire avec une muséographie à vocation mémorielle et des lieux de mémoire aux muséographies pédagogiques. - Une valorisation sobre des lieux de mémoire Des gestionnaires ou propriétaires de lieux de mémoire de la Résistance en Rhône- Alpes ont voulu conserver aux sites une vocation purement mémorielle. Ils ont ainsi laissé intacts certains lieux de mémoire de toutes constructions d équipements lourds pouvant accueillir un dispositif explicatif pour privilégier des interventions de moindre ampleur. La valorisation pédagogique n est donc pas évacuée de ces sites qui se doivent d être expliqués aux visiteurs. Elle prend la forme d une signalétique relativement simple avec quelques panneaux explicatifs rappelant l histoire du site. Certains lieux de mémoire, de par leur nature spécifique, ont été valorisés uniquement par des panneaux, sans aucune mise en scène. C est le cas des deux grandes nécropoles de résistants à Vassieux-en-Vercors et à Morette ou du village martyr de Valchevrière dont les ruines ont été conservées après les attaques allemandes. Dans le Vercors, les différentes étapes constituant le Site National Historique de la Résistance, dont le village de Valchevrière, sont balisées par des panneaux explicatifs, réalisés selon le même format et la même charte graphique 20. Le poids mémoriel des lieux de mémoire est tellement fort que la valorisation se doit d être la moins visible possible pour laisser place à l émotion et au recueillement. - Des muséographies à vocation mémorielle Tous les lieux de mémoire de la Résistance ont évidemment une vocation mémorielle : la muséographie doit permettre aux visiteurs de se souvenir des événements de la Résistance et rappeler la mort des résistants pour la défense de leur pays. Cependant, certains lieux de mémoire en Rhône-Alpes se caractérisent par une muséographie avec une vocation mémorielle primordiale, entraînant ainsi des choix spécifiques et des caractéristiques uniques. Le Musée départemental de la Résistance de Vassieux-en-Vercors est certainement le lieu de mémoire le plus singulier. Cette singularité muséographique est due à la personnalité et aux objectifs du créateur, J. La Picirella, ancien résistant du maquis du Vercors. Il est possible de définir la muséographie comme une muséographie partisane qui doit asséner un discours élogieux des résistants face aux ennemis allemands totalement déshumanisés. 20 Voir les photographies en annexe n VI.4. 18

19 Le musée se compose de deux salles principales contenant quarante-neuf panneaux explicatifs, illustrés de photographies. Ils sont installés selon une chronologie journalière des mois qui marquent l épisode résistant du plateau du Vercors. Le texte, presque uniquement narratif, est omniprésent. Il est souligné par des encadrés de photographies qui sont laissés vides et dont l objectif est de les remplir régulièrement, selon les dons de familles de résistants. Les objets sont accumulés dans les vitrines. La muséographie et les textes se caractérisent par une évocation importante des massacres qui ont eu lieu à Vassieux-en-Vercors et sur le plateau. Les photographies ne cachent rien : images des ruines, des résistants torturés et décédés. Certains panneaux présentent les photographies des résistants avant la guerre avec, en pendant, les images des corps identifiés. La brutalité des combats est montrée sans filtre et renforcée par les textes des cartels. Par exemple, une photographie est accompagnée du cartel «patriotes découpés à la scie à ruban». Intérieur du Musée départemental de la Résistance Source : Photographie personnelle L autre lieu de mémoire de Vassieux-en-Vercors, le Mémorial de la Résistance, est caractéristique de deux tendances muséographiques compatibles qui se développent dans certains lieux de mémoire en France : une «déréalisation» 21 de la muséographie et la mise en place de «monuments scéno-muséographiés» 22. Le Mémorial correspond à la définition que donne Dominique Trouche d un «monument scéno-muséographié». Ce terme «fait référence aux musées d histoire des guerres travaillés par la muséographie et la scénographie. L ajout du terme «monument» entend matérialiser l implication des architectes et faire le lien entre ces bâtiments et les monuments commémoratifs.» 23. La création du Mémorial, décidée par François Mitterrand, est le fruit d une longue réflexion sur le rôle et l impact du bâtiment et de sa localisation auprès des 21 Terme utilisé par Gille Vergnon. Voir VERGNON Gilles. Le Vercors : Histoire et mémoire d un maquis. Paris : Editions de l Atelier / Editions ouvrières, Paris, 2002, p Terme utilisé par Dominique Trouche. Voir TROUCHE Dominique. Des dispositifs techniques producteurs de fiction. Communication au colloque MEOTIC : Institut de la Communication et des Médias (Université Stendhal), 7-8 mars 2007, p.3. Disponible en ligne : < /2007-meotic/ Trouche/index.html> (Consulté ). 23 Voir supra, idem. 19

20 visiteurs. Ainsi, le Mémorial est situé au Col de la Chau, au point culminant, au-dessus du village martyr de Vassieux-en-Vercors et de la plaine ayant permis l atterrissage des avions allemands. L entrée du Mémorial représente une grotte, les visiteurs semblant s enfoncer dans les parois étroites du col montagneux, les couloirs sont réduits, les salles plongées dans la pénombre, une montée symbolique amène les visiteurs jusqu aux témoignages des résistants 24. Les gestionnaires considèrent que la muséographie du Mémorial doit être aussi forte que le discours scientifique : «Dans dix ans, la plupart des visiteurs n auront pas mémoire de ces événements et seront privés de références historiques. Le projet, son langage muséographique, devront être suffisamment forts pour rendre contemporain un message qui pourrait n être plus entendu par les générations suivantes.» 25. Organisation de l espace de l exposition permanente du Mémorial de Vassieux-en-Vercors Source : Document Visites de groupes adultes, p.5. Le Mémorial est divisé en quatre espaces : - l espace A rappelant le quotidien sous la guerre et le début de la Résistance, - l espace B présentant les événements de la Résistance dans le Vercors au moyen d une maquette animée, - l espace C permettant l écoute de témoignages ainsi que de vidéos, - l espace D diffusant un film «Résister, encore!». La muséographie, quant à elle, répond au principe de déréalisation. Les années noires de l Occupation sont présentées uniquement par des objets symboles parfois caricaturaux : un vélo pour la débâcle, une baignoire avec des marchandises pour le rationnement et le marché noir. Des raccourcis historiques et pédagogiques apparaissent comme, par exemple, le cartel sur le gouvernement de Vichy : «la majorité des Français, affolés par la déroute, s en 24 Voir les photographies en annexes IV. 25 Journal d information du Parc naturel régional du Vercors. Site National historique de la Résistance en Vercors. Le devoir de mémoire. Lans-en-Vercors : n spécial, février 2005, p.3. 20

21 remettent à un vieillard, ancienne gloire de l autre guerre» 26. La présentation du maquis du Vercors intervient uniquement dans les deux espaces centraux, grâce à des témoignages, sans véritable analyse du contexte. L objectif du musée est d universaliser le discours de la Résistance en faisant du maquis du Vercors un exemple pour toutes les résistances : «La muséologie relèvera moins de l exposé historique utilisé jusqu à présent dans la plupart des lieux de mémoire que d un souci d analyse et d expression de comportements humains. Le but est de souligner la valeur universelle du témoignage du Vercors.» Des muséographies à vocation pédagogique En plus d une vocation mémorielle primordiale, les lieux de mémoire sont valorisés pour permettre la diffusion d un discours scientifique et pédagogique. Les muséographies se basent donc sur la description historique des événements locaux et internationaux tout en utilisant l émotion pour mieux transmettre les informations. Le Musée de la Résistance de la nécropole de Morette en Haute-Savoie déroule le récit des événements du maquis sur trois niveaux et cinq salles 28. Le premier niveau expose les événements et la vie quotidienne pendant la guerre jusqu en 1944, aussi bien au niveau local que national. Des affiches, photographies et journaux accompagnent le déroulement chronologique des événements. Le deuxième niveau est entièrement consacré à l histoire locale de la bataille des Glières entre janvier et mars 1944 jusqu au grand parachutage en août 1944 et à la libération du département de la Haute-Savoie. Le troisième niveau correspond au soubassement du chalet où sont conservés les croix en bois et les plaques commémoratives installées dans l ancien cimetière (devenu nécropole nationale). Le Centre d Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon a fait le choix dès sa création d associer l émotion avec le discours scientifique, l un n empêchant pas l autre : «L équipe directrice a voulu jouer sur l émotion. Les scénographes ont voulu intégrer dans la visite la métaphore de la nuit et celle de l enfermement. ( ) On circule dans une atmosphère d enfermement car on avance dans une sorte de goulot étroit entouré de murs de cloisonnement déclinés en gris. De même, lorsque l on descend les escaliers de la cave, le malaise imprègne les visiteurs. C est l atmosphère qui a été privilégiée pour susciter l intérêt 26 Voir la photographie en annexe n IV Voir note n 25, idem. 28 Voir les photographies du musée en annexes VIII. 21

22 et l émotion.» 29. L exposition se déploie sur trois plateaux illustrant chacun une thématique : «Engagement», «Information et propagande» et «Espace et temps». La patrimonialisation des lieux de mémoire de la Résistance a connu plusieurs phases principales. Cependant, leur mémorialisation a été assez rapide, dès la fin de la guerre pour certains sites, permettant au tourisme de mémoire de se développer et d apparaître comme un atout économique pour les territoires. B. L état des lieux du tourisme de mémoire en France Le tourisme de mémoire prend des ampleurs importantes lors des grandes cérémonies commémoratives de la Seconde Guerre Mondiale et du Débarquement en Normandie. Quelles sont les régions privilégiées par ces touristes? Le tourisme de mémoire est-il devenu un atout économique pour certaines régions? Quelle est la place de la région Rhône-Alpes parmi les régions favorisées par le tourisme de mémoire? a) Définition et naissance du tourisme de mémoire Les chercheurs, les acteurs du monde touristique et culturel s interrogent sur la notion même du tourisme de mémoire qui a remplacé, au fur et à mesure des années, le traditionnel tourisme de pèlerinage. - Une tentative de définition du tourisme de mémoire Lors de la conférence «Tourisme et mémoire», tenue au Ministère du Tourisme à Paris le 27 mai 2009, Rémy Knafou, chef de projet du Mémorial du Camp des Milles à Aixen-Provence, a rappelé la difficulté de définir le tourisme de mémoire. En effet, plusieurs définitions coexistent et peuvent même varier selon les périodes et les pays. Le monde anglo-saxon envisage le tourisme de mémoire comme la visite d espaces associés à la souffrance et à la mort. D ailleurs, les termes utilisés pour traduire l expression «tourisme de mémoire» dark tourism ou thanatourism démontrent le caractère macabre de cette forme touristique. Pour exemple, la Louisiane et, plus particulièrement, la Nouvelle-Orléans, sont devenues une des nouvelles destinations privilégiées du dark tourism aux Etats-Unis 29 FORESTIER Aude. Exposer les lieux de Résistance du département du Rhône. Rapport de stage de Maîtrise d Histoire sous la direction de Denis PELLETIER. Lyon : Université Lumière Lyon II, 2003, vol.2, p.iii. 22

23 depuis l ouragan Katerina, en août : «le tourisme de catastrophe se doit de répondre à un horizon d attente des visiteurs venus constater les dégâts laissés par Katerina, de sorte que deux types de lieux sont privilégiés par ces tours ( ) dont ceux où le niveau de destruction est suffisamment spectaculaire pour qu ils deviennent des curiosités touristiques» 31. En France, l expression de «tourisme de mémoire» est assez récente et apparaît dans les années 1990 alors que Pierre Nora publie son ouvrage Les lieux de mémoire 32. François Cavaignac, chargé de mission Chemins de Mémoire à la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives (DPMA) au sein du Ministère de la Défense, explique que cette expression nouvelle consistait, au début des années 1990, «tout simplement, au départ à valoriser le patrimoine exceptionnel dont dispose la France, patrimoine à la fois civil et militaire, et à permettre au plus grand nombre, que ce soit aux touristes ou aux jeunes, d avoir accès et de s enrichir dans la référence au passé» 33. Dépassant la définition originelle, R.Knafou considère le tourisme de mémoire comme l ensemble des processus de visites des lieux de mémoire. Selon lui, les lieux de mémoire se définissent comme des espaces où se sont déroulés des événements d une importance primordiale pour un groupe, où est entretenue vivante une charge mémorielle et identitaire et où les touristes deviennent des «co-porteurs de la mémoire» en sauvegardant la légitimité du lieu par leur visite 34. Le tourisme de mémoire intéresse de plus en plus et a donc fait l objet d une parution dans la revue Espaces 35. Dans un des articles, F.Cavaignac participe aux réflexions autour de la définition du tourisme de mémoire, «démarche incitant le public à explorer des éléments du patrimoine mis en valeur pour y puiser l enrichissement civique et culturel que procure la référence au passé» Sur le dark tourism à la Nouvelle-Orléans, voir HERNANDEZ Julie. Le tourisme macabre à la Nouvelle- Orléans après Katerina : résilience et mémorialisation des espaces affectés par des catastrophes majeures. In Norois, n 208, 2008, p Voir supra, idem, p NORA Pierre (dir.). Les lieux de mémoire. Paris : Gallimard, 1992, 7 vol. 33 CAVAIGNAC François, LE PADELLEC Jean-Pierre. Le tourisme de mémoire à travers l exemple d un site internet : les chemins de mémoire. In Actes des premières rencontres internationales sur la mémoire partagée. Paris : La Documentation française, p Rémy Knafou (27 mai 2009), Tourisme et mémoire, Communication présentée dans le cadre des conférences mensuelles de l IREST, Ministère du Tourisme. 35 Le tourisme de mémoire : vecteur de conscientisation du citoyen et outil de développement local. Les cahiers espaces, décembre 2003, n 80, 121 p. 36 CAVAIGNAC François, DEPERNE Hervé. Les chemins de mémoire. Une initiative de l Etat. In Les cahiers Espaces : Le Tourisme de mémoire, n 80, décembre 2003, p

24 - Du tourisme de pèlerinage au tourisme de mémoire La visite des hauts lieux mémoriels en France a débuté au cours de la Première Guerre Mondiale 37. Dès 1917, un Guide Michelin des champs de bataille paraît en France pour rappeler le souvenir des ouvriers de l entreprise Michelin décédés au combat et pour localiser les lieux de bataille 38. Après la guerre, de plus en plus de touristes, dont dans un premier temps les Britanniques, viennent en France pour rendre hommage aux soldats défunts, en faisant un pèlerinage sur les tombes de leurs proches. Ces voyages prennent ainsi la forme d un tourisme de pèlerinage, avec pour objectif de retrouver sur les sites des combats, les traces d un parent. Dans la deuxième moitié du XX e siècle, les lieux de mémoire ont vu l arrivée de visiteurs, venus découvrir des lieux symboliques de la Seconde Guerre Mondiale et se recueillir sur les tombes de soldats et de résistants. Ce tourisme de pèlerinage a pris une ampleur de plus en plus importante au fur et à mesure de l avancée du travail de deuil nécessaire. Cependant, à partir des années 1990 et la naissance de nouvelles générations, une évolution sémantique est apparue, faisant évoluer le tourisme de pèlerinage vers le tourisme de mémoire : un tourisme pour se souvenir, pour ne pas oublier. Annick Leduc explique cette transformation par la disparition des témoins des événements : «la disparition des acteurs et des témoins a modifié la nature de ce tourisme : il s agit moins de se souvenir de la bataille, de ses héros ou de ses victimes, de ses lieux que de comprendre ce qui s est passé» Les dérives du tourisme de mémoire et les appréciations du monde culturel L expression de tourisme de mémoire peut apparaître assez antithétique et porte en elle-même les difficultés spécifiques à cette forme touristique. En effet, elle rapproche deux termes paraissant à première vue antagoniste : le tourisme qui est lié à la notion de plaisir, de loisir et la mémoire qui est liée à la notion, plus grave et solennelle, de recueillement. Ainsi, le tourisme de mémoire a pour fonction de rassembler ces deux notions en offrant aux touristes des visites qui les distraient et un discours pédagogique et civique. L ambiguïté de l expression explique alors certaines dérives que peut connaître le tourisme de mémoire depuis le début des années 2000, dans des pays à majorité anglo-saxonne. Cette 37 Sur le début du tourisme de pèlerinage après la Première Guerre Mondiale, voir BRANDT Susanne. Le voyage aux champs de bataille. Vingtième Siècle : Revue d histoire, 1994, vol.41, n 1, p Voir supra, p LEDUC Annick. L est de la Somme : territoire des tourismes de mémoire de la Grande Guerre. Réappropriation de la mémoire de la bataille de la Somme et construction territoriale. In Pré-actes des sixièmes rencontres de Mâcon «Tourisme et territoire», p.1 [en ligne]. Consultable sur Internet : < (consulté ). 24

25 tendance s explique par la spécificité du tourisme de mémoire aux Etats-Unis, Canada et Australie où le dark tourism s appuie principalement sur des sites de mort et favorise la distraction (entertainment) au lieu de la pédagogie et du recueillement. Ces dérives, associées à celle du tourisme de masse, ont reçu un écho médiatique important, en 2008, lors de la sortie du film allemand de Robert Thalheim, Et puis les touristes, qui montrait par les moyens d une fiction l arrivée massive des touristes à Auschwitz. Par la suite, des anciens déportés et des journalistes ont rapporté l augmentation des comportements honteux sur des lieux destinés au souvenir et au recueillement 40. Face à ces nouvelles tendances dues, en partie à l ouverture vers un tourisme de masse, les gestionnaires des lieux de mémoire en France restent encore assez méfiants face à la valorisation touristique de leurs sites. Le tourisme de mémoire, de par son expression, est considéré de manière méfiante par les acteurs culturels qui ont, quelque peu, délaissé la valorisation des lieux de mémoire au profit des acteurs étatiques et touristiques. b) Les initiatives de valorisation du tourisme de mémoire Si les acteurs du monde culturel ne sont pas les principaux acteurs de la valorisation des lieux de mémoire, les initiatives de valorisation du tourisme de mémoire sont dues à l Etat qui a compris assez tôt le rôle économique et mémoriel du tourisme. - Les initiatives étatiques Depuis le début des années 2000, l Etat et ses différents organes représentatifs ont mis en place une politique de mémoire volontaire qui a été soutenue par la valorisation du tourisme de mémoire : «La politique de mémoire que mène l État en concertation avec de nombreux acteurs répond à trois priorités : commémorer et célébrer, éduquer et transmettre, entretenir et conserver.» 41. Tous les rapports annuels pour les projets de loi de finances, réalisés par l Assemblée nationale, offrent une place au tourisme de mémoire ainsi que des propositions financières 40 Sur Auschwitz comme lieu privilégié du tourisme de masse et de ses dérives, voir FUNÈS Nathalie. Auschwitz tour. In Le Nouvel Observateur, avril 2009, n 2319 [en ligne]. Disponible sur Internet : < (consulté ). 41 France. Assemblée nationale. Tome II, Anciens combattants, mémoire et liens avec la nation. Avis présenté au nom de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales sur le projet de la loi des finances pour 2008 (n 189), présenté par Jean-Claude MATHIS. Paris : Assemblée nationale, 11 octobre 2007, p.10 [en ligne]. Disponible sur Internet : < (consulté ). 25

26 pour le soutenir et instaurer la politique mémorielle nationale : «L objectif est en effet d ouvrir à de nouvelles générations de visiteurs, au moyen d équipements culturels invitant à une réflexion universelle, de hauts lieux de mémoire conçus à l origine comme lieux de recueillement pour les témoins ou les acteurs des événements commémorés.» 42. Les financements directs pour le tourisme de mémoire ont été réduits depuis mais celui-ci profite toujours du financement d actions spécifiques selon les années dont, par exemple, la restauration des cimetières militaires et nécropoles nationales. Surtout, le tourisme de mémoire et ses sites peuvent bénéficier des contrats de plan Etat-région (CPER) permettant à certaines régions d utiliser le tourisme comme outil de développement local. Ainsi, la région Lorraine a reçu 6,1 millions d euros dans le cadre du CPER dans lequel elle avait inscrit le tourisme de mémoire. La volonté étatique de valorisation du tourisme de mémoire apparaît aussi dans la signature de la Convention Tourisme de mémoire 44, entre le secrétaire d Etat au tourisme, Léon Bertrand et le secrétaire d Etat aux anciens combattants, Hamlaoui Mekachera, à Lille le 9 février Cette convention résulte du constat de la progression significative du tourisme de mémoire, sur le territoire français, de touristes nationaux et internationaux. Les objectifs sont doubles : utiliser le tourisme de mémoire pour permettre le développement économique et territorial de certaines zones ainsi que pour transmettre la mémoire des conflits aux jeunes générations. Le travail commun des deux secrétariats d Etat s articule autour d une amélioration de la qualité d accueil des touristes sur les lieux de mémoire, la promotion des sites en France par l intermédiaire des services déconcentrés, des offices de tourisme ou des tours opérateurs. Enfin, la convention entérine la création d un site Internet intitulé Les Chemins de la mémoire 45, outil de communication et de promotion autour des lieux de mémoire. Le site Internet des Chemins de la mémoire est une initiative du Ministère de la Défense, géré par la DPMA et ouvert depuis juin Sa création a été permise par un travail d inventaire des lieux de mémoire, répartis en plusieurs territoires de mémoire, et par la création de plusieurs itinéraires de visite physique et évidemment virtuelle, jalonnés de sites symboles de la mémoire combattante française. Les itinéraires sont regroupés autour de quatre 42 Voir la note n 41, idem, p Sur les financements du tourisme de mémoire et de la politique mémorielle de la France, voir les tableaux de financement des actions de mémoire en annexes II. 44 La Convention Tourisme de mémoire est disponible sur Internet : < servlet/ com.univ.collaboratif.utils.lecturefichiergw?code_fichier= &id_fiche=17769> (consulté ). 45 Site Internet des Chemins de la mémoire : < (consulté ). 26

27 thématiques : la thématique relative aux fortifications (XVI e siècle - XX e siècle), trois thématiques chronologiques représentant les grands conflits auxquelles la France a pris part ( , , ). Le site Internet donne des informations pratiques sur les sites patrimoniaux ainsi que des ressources pédagogiques pour comprendre les lieux et les événements mis en valeur. Une étude a permis de démontrer le succès croissant du site Internet auprès des Français mais aussi, depuis la traduction du site en anglais, par les Britanniques : «1,5 million de pages sont consultées annuellement par une clientèle jeune et diversifiée : 40 % des internautes ont moins de 25 ans, 45 % sont des particuliers, 25 % des professionnels du tourisme» 46. Ainsi, il apparaît que depuis le début des années 2000, l Etat a choisi de faire du tourisme de mémoire une des composantes de sa politique mémorielle, en permettant le financement des lieux de mémoire, en encourageant les partenariats entre les différents acteurs publics de la mémoire et en offrant un outil de communication par l intermédiaire du site Internet Les Chemins de la mémoire. Néanmoins, la valorisation et l entretien des lieux de mémoire se déroulent en grande partie dans les régions, avec une multitude d acteurs. - Les acteurs spécifiques de la mémoire dans les régions Le tourisme de mémoire est géré au niveau des régions, entre autres, par les acteurs traditionnels du tourisme tels que les offices du tourisme, les Comités Départementaux du Tourisme et les Comités Régionaux du Tourisme. Mais, ces derniers doivent néanmoins compter, pour la thématique particulière du tourisme de mémoire, sur l ensemble des associations d anciens combattants et sur l Office National des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre (ONACVG). En effet, la spécificité du tourisme de mémoire et des lieux mémoriels est la présence importante des représentants des anciens combattants qui jouent, depuis la fin de la guerre, un rôle de protecteur et de promoteur de la mémoire combattante. Ainsi, les nombreuses associations d anciens combattants, telles que le Souvenir français, l Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance (ANACR) organisent régulièrement des voyages sur les lieux de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale pour les scolaires et pour leurs adhérents. 46 Voir la note n 41, idem, p

28 Depuis 2009, l ONACVG est en voie de devenir un des acteurs principaux de la mémoire dans les départements. Etablissement public placé sous la tutelle du Ministère de la Défense créé en 1916, possédant des délégations départementales, il a pour fonction de défendre les intérêts des anciens combattants français. Ses missions ont été élargies en 2009, avec la signature d un nouveau Contrat d objectifs et de moyens de l Office National des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre : «Dans le cadre d une convention établie avec la DMPA, l Office décline au niveau départemental la politique de mémoire définie par cette dernière, et notamment les commémorations et actions nationales, ainsi que la mise en valeur mémorielle des nécropoles et hauts-lieux de mémoire.» 47. Ainsi, l ONACVG est maintenant chargé de mener des opérations pédagogiques et de valoriser les lieux de mémoire dont il a la charge dans les départements. Face à la vaste tâche transférée par la DPMA, l ONACVG a mis en place des «coordonnateurs mémoire et communication» régionaux pour répondre à l intérêt de la population concernant les lieux de mémoire : «Placés sous l autorité fonctionnelle du département de la mémoire du siège, ces coordonnateurs mémoire et communication participent à la conception, à l impulsion et à la coordination d initiatives de mémoire pédagogiques et à la valorisation médiatique des opérations mises en œuvre dans la zone de compétence géographique de leur pôle.» 48. Le tourisme de mémoire revêt des formes spécifiques, avec des acteurs particuliers, valorisant, entre autres, le patrimoine de la mémoire combattante française. Néanmoins, quel est son avenir? Le tourisme de mémoire peut-il souffrir du désintérêt des touristes? c) L avenir du tourisme de mémoire en danger? Depuis la fin des années 2000, des organisations étatiques ainsi que des étudiants, dans le cadre de mémoires d études 49, se sont interrogés sur l avenir du tourisme de mémoire et ont parfois envisagé son déclin. 47 Contrat d objectifs et de moyens de l Office National des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre, p Voir supra, idem, p Voir le titre significatif du mémoire de Master II Tourisme de Marie Aubry réalisé à l IREST : AUBRY Marie. Le tourisme de mémoire : avenir certain ou devenir fragile. Mémoire de Master II Professionnel Tourisme Valorisation touristique des sites culturels sous la direction de Noël LE SCOUARNEC. Paris : Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Institut de Recherche et d Etudes Supérieures du Tourisme, 2007, 108 p. 28

29 - Les objectifs du tourisme de mémoire La mise en avant du tourisme de mémoire en France répond à des objectifs multiples, aussi bien civiques qu économiques. En effet, l objectif primordial du tourisme de mémoire est de permettre l éducation des populations. L entretien et la valorisation des lieux de mémoire revêtent une mission pédagogique et mémorielle. Les Français, en visitant les lieux emblématiques de la Seconde Guerre Mondiale, doivent s interroger sur le bien fondé de toute guerre et pouvoir étayer leur réflexion sur des exemples édifiants. Cette vocation civique et didactique est la base de la politique mémorielle nationale française et est inscrite dans tous les cahiers des charges des musées d histoire de la Seconde Guerre Mondiale. D autre part, le tourisme de mémoire est aussi devenu une manne économique indéniable dans des régions dont le tourisme est une des principales ressources financières. La mémoire et l histoire sont de nouveaux produits d appel pour les touristes et excursionnistes, cette nouveauté étant due à l augmentation des courts séjours thématiques, souvent désaisonnalisés 50. Certaines régions vivent de cette forme touristique spécifique qui peut prendre une ampleur importante lors des grandes cérémonies de commémoration. Alors que le tourisme de mémoire a été déclaré filière d excellence dans le Schéma régional pour l aménagement, le développement et l organisation touristique et plan marketing de Champagne-Ardenne 51, le Comité Régional du Tourisme associé à la Délégation Régionale au Tourisme et au cabinet d ingénierie Public et Culture ont mené une étude novatrice et unique sur les retombées économiques de la filière du tourisme de mémoire. Les résultats ont été publiés au cours du premier trimestre et démontrent le poids économique de cette filière touristique particulière. Le tourisme de mémoire représente ainsi 4,28 % des nuitées, 70 emplois, 5,6 millions d euros de chiffre d affaire de l hôtellerie ou, encore 19,51 millions d euros de dépenses. Depuis la décentralisation, les collectivités régionales, départementales et locales considèrent les lieux de mémoire comme des outils d aménagement et de valorisation du territoire. Les initiatives fleurissent pour valoriser la fonction mémorielle d un monument, d un espace 50 MONFERRAND Alain. Le tourisme culturel. In COMPÈRE-MOREL Thomas, JOLY Marie-Hélène (dir.). Des musées d histoire pour l avenir. Paris : Noêsis, 1998, p Le Schéma régional est téléchargeable sur Internet : < ardenne.fr/ getfile. aspx? FILEID=1050> (consulté ). 52 CHAMPAGNE-ARDENNES TOURISME, PLANETH, PUBLIC&CULTURE. Enquête Tourisme de mémoire. Résultats d étude. 2009, p.46 [en ligne]. L étude est disponible sur Internet : < Presentation-tourisme-memoire-4mars2010.pdf> (consulté ). 29

30 naturel, pour l ouvrir aux visiteurs 53. En effet, la mise en place de structures sur les sites mémoriels joue un rôle dans le désenclavement de certains territoires délaissés par l industrie. Elle permet aussi de créer une identité spécifique, une mémoire autour de faits historiques, des liens entre les habitants. - Les formes actuelles du tourisme de mémoire Certaines régions françaises sont plus portées à développer le tourisme de mémoire, du fait de la présence sur leur territoire de hauts lieux mémoriels. Ainsi, les zones du tourisme de mémoire correspondent aux zones des grands conflits qui ont eu lieu en France telles que les zones frontalières souvent théâtres des combats de la Première et Seconde Guerres Mondiales. Néanmoins, certaines régions, plus dynamiques et peut-être plus visionnaires, ont utilisé ce patrimoine spécifique comme un produit d appel touristique. Par exemple, les régions Normandie, Picardie, Champagne-Ardenne et Nord-Pas-de-Calais ont compris que le tourisme de mémoire était un outil de développement économique dans des zones industrielles parfois sinistrées. Elles ont donc mis en place une politique touristique basée essentiellement sur la promotion du tourisme de mémoire. Cette politique touristique, soutenue par les conseils généraux et régionaux, se caractérise par un important travail de communication et de promotion régulièrement dirigé vers des populations cibles (Britanniques, Américains) et s accompagne de la mise en place de réseaux des sites mémoriels portés par la création de sites Internet. Par exemple, dans ce cadre, en 2004, le Comité Départemental de la Somme, aidé du Conseil Général, a mis en place un site Internet destiné aux nombreux visiteurs britanniques : « La typologie des publics du tourisme de mémoire est connue par les différentes études de public réalisées par quelques Comités Départementaux du Tourisme (CDT) et Comités Régionaux du Tourisme (CRT) du nord de la France. Elles démontrent toutes une présence très forte du public scolaire pouvant représenter jusqu à 50% des visiteurs de certains lieux de mémoire : 52% des visiteurs du CHRD de Lyon et du Camp du Struthof, 42% des visiteurs de 53 Le tourisme de mémoire : plus que jamais d actualité. DEPTOURmag, juin 2006, n 25, p [en ligne]. Disponible sur : < (consulté ). 30

31 la Maison d Izieu 54. Le CRT Nord Pas-de-Calais a ainsi produit deux études 55 sur les clientèles des sites du tourisme de mémoire dans la région. Les résultats ne peuvent évidemment pas être généralisés et être considérés comme totalement représentatifs de la situation du tourisme de mémoire. Chaque lieu de mémoire possède des caractéristiques selon sa localisation géographique et son histoire qui influent sur la typologie des visiteurs. Néanmoins, ils permettent d offrir un panorama assez typique du tourisme de mémoire en France. Ainsi, les études ont mis en avant la présence de deux tiers de Français, les Britanniques représentant près de 20% des touristes étrangers. Le tourisme de mémoire s adresse essentiellement à des personnes de plus de cinquante ans, ce qui s explique par l intérêt de cette catégorie d âge pour l Histoire mais aussi par les liens qu elle possède avec cette période connue par les récits de leurs parents. - Quel tourisme de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale en Rhône-Alpes? Située au sud de la ligne de démarcation, la région Rhône-Alpes n a connu l invasion de son territoire qu à partir de Elle a joué un rôle important dans le mouvement de la Résistance, encore amplifié après l installation des troupes allemandes. De grandes figures de la Résistance lyonnaise sont connues au niveau national comme, par exemple, les époux Lucie et Raymond Aubrac. La région a aussi été le théâtre d événements qui ont marqué l histoire de la Seconde Guerre Mondiale en France : l arrestation de Jean Moulin à Caluire et des enfants juifs d Izieu, l organisation du maquis dans les zones montagneuses des Glières et du Vercors. Les lieux de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale dans la région sont donc nombreux et variés : lieux de tortures, d arrestations, d assassinats, de résistances, de bombardements, nécropoles. Malgré cette richesse patrimoniale, la région Rhône-Alpes ne possède pas de lieux aussi emblématiques de la Seconde Guerre Mondiale que les plages du débarquement ou de grands musées tels que le Mémorial de Caen. Les différents entretiens réalisés confortent cet état de fait. Isabelle Doré-Rivé, directrice du CHRD de Lyon, considère que le tourisme de mémoire 54 Pour les pourcentages du public scolaire, voir BONNIN Luc, De FONCLARE Amélie. N oubliez pas les scolaires. Les cahiers Espaces, mars 2006, n 235, p Voir COMITÉ RÉGIONAL DE TOURISME NORD PAS-DE-CALAIS. Etude de la clientèle des équipements du tourisme de la mémoire [en ligne]. Disponible sur : < telechargement.asp?chemin=/upload&fichier=synthese_memoire_2007.pdf> (consulté ) et COMITÉ RÉGIONAL DE TOURISME NORD PAS-DE-CALAIS. Etude des sites de tourisme de mémoire et analyse de leurs clientèles [en ligne]. Disponible sur : < Etudes% 20 diverses%20(regionales,%20departementales,%20locales)/etudes/etude_memoire_2007.pdf> (consulté ). 31

32 n existe pas en Rhône-Alpes. Philippe Rivé, directeur de l ONACVG du Rhône, tempère cette vision en rappelant que les lieux de mémoire du Vercors connaissent, dans une certaine mesure, des formes du tourisme de mémoire 56. Les lieux de mémoire de la région Rhône-Alpes sont nombreux et diversifiés, répartis sur l ensemble du territoire régional. D une mémorialisation déjà ancienne, ils ont connu une patrimonialisation et une valorisation voulues et prises en charge par les associations et les collectivités locales. La région n apparaît pourtant pas comme une zone privilégiée pour le tourisme de mémoire. Ainsi, pour pouvoir survivre dans le panorama culturel et touristique des sites de la Seconde Guerre Mondiale, les lieux de mémoire de la Résistance de la région Rhône-Alpes sont contraints de faire évoluer leur offre. 56 Voir les retranscriptions d entretiens dans le dossier d outils méthodologiques 32

33 Partie 2 : Le renouvellement nécessaire de l offre des lieux de mémoire de la Résistance en région Rhône-Alpes Confronté à la renommée de certains lieux de mémoire soutenus par des régions très actives dans le tourisme de mémoire, les lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes se doivent de modifier leur offre. Ce renouvellement est d autant plus urgent que les lieux de mémoire sont confrontés à de nouveaux enjeux pédagogiques et touristiques remettant en cause leur avenir. A. Les lieux de mémoire face à de nouveaux enjeux pédagogiques et touristiques Les lieux de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale se trouvent confrontés à de nouveaux enjeux pédagogiques, touristiques et économiques. La disparition des témoins de la guerre et de la Résistance s accompagne de la fin de la mémoire vivante qui rendait ces lieux captivants pour tous les publics. Quelles sont les conséquences de la disparition des témoins à court et long termes? Les lieux de mémoire risquent-ils de devenir des lieux sans visiteur? a) La disparition des témoins et de la mémoire vivante Les anciens résistants ont fait partie intégrante du processus de mémorialisation, puis de patrimonialisation des lieux de mémoire. Leur présence, au jour le jour dans les sites auprès des gestionnaires et des visiteurs, conférait aux lieux de mémoire une légitimité et une véracité leur offrant ainsi une place importante dans la mémoire collective de la Seconde Guerre Mondiale. Cependant, soixante ans après la guerre, les derniers témoins décèdent, interrompant la transmission directe de la mémoire des événements entre les générations. - La spécificité des lieux de mémoire en Rhône-Alpes : la présence des témoins Alors qu une partie des lieux de mémoire en France sont des créations institutionnelles, les lieux de mémoire de la Résistance de la région Rhône-Alpes se caractérisent par une forte présence des témoins dans leur processus de création. Cette

34 caractéristique explique donc la place primordiale des témoins au sein de ces lieux de mémoire et l ampleur des conséquences de leur disparition. En effet, les témoins de la Seconde Guerre Mondiale et plus spécifiquement de la Résistance en Rhône-Alpes ont toujours été très actifs dans les lieux de mémoire de différentes manières : - en participant à la gestion des lieux de mémoire, - en témoignant de leurs actions pendant la guerre lors d ateliers ou de visites, - en organisant et en participant aux commémorations. En 1993, juste après l inauguration du CHRD à Lyon en octobre 1992, l Union des Associations de Résistants et Déportés (UARD) a été créée auprès du CHRD. Elle regroupe aujourd hui l Association des Amis du CHRD, l Union Départementale du Rhône des Combattants Volontaires de la Résistance (UDCVR), l Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance (ANACR), la Fédération Départementale des Familles des Fusillés et Disparus, Déportés et Internés, Résistants et Patriotes du Rhône, le Mouvement d Union et d Action des Déportés et Internés de la Résistance (MUADIR), l Association Nationale des Médaillés de la Résistance Française, la Fondation de la France Libre. Cette association a pour fonction de représenter l ensemble des associations ainsi que l ensemble des victimes de la Seconde Guerre Mondiale. Ses membres participent de plein droit au Conseil d orientation du CHRD et siègent à nombre égal avec les représentants des collectivités territoriales impliquées (la Ville de Lyon, le Conseil général du Rhône et le Conseil régional de Rhône-Alpes). Le Conseil d orientation, réuni chaque trimestre, donne des avis sur les activités, la programmation et les grandes orientations du CHRD. Les témoins apparaissent comme des références morales auxquelles le CHRD confère un rôle consultatif, mais néanmoins primordial. Le Musée départemental de l Armée secrète et de la Résistance d Estivareilles a été créé par des anciens résistants de l Armée secrète de la Loire. Aujourd hui encore et malgré la modification thématique du musée, le comité de gestion du musée regroupe des adhérents de plusieurs associations de Résistance de la Loire. En 2003, l Association des fondateurs du musée de l Armée secrète et de la Résistance a même été créée afin d animer le musée et de veiller à la diffusion des valeurs de la Résistance. Les témoins de la Seconde Guerre Mondiale ont pris conscience de l importance de témoigner dès les années 1970, au moment du regain du mythe résistancialiste. Au CHRD de Lyon, les anciens résistants ont toujours participé aux activités éducatives proposées aux scolaires. Dès 34

35 janvier 1993 et l ouverture du musée au public scolaire, les associations ont mis en place un calendrier des permanences pour permettre la présence quotidienne d un témoin, et donc sa présence lors de la venue de classes scolaires. Ainsi, en 2008, visiteurs en groupes (jeunes et adultes) ont bénéficié d un témoignage. En 2009, alors même que le nombre d ateliers ne baisse pas, ils n ont été que visiteurs en 2009 à bénéficier de ces rencontres, du fait de la disparition des témoins. Pour le Mémorial de Vassieux-en-Vercors, jusqu en 2009, des «journées Résistance» étaient organisées sur les lieux de mémoire et se terminaient par le témoignage d un ancien résistant. En avril 2010, il ne reste plus que deux résistants sur la zone du Vercors sud, obligeant le Mémorial à arrêter ces rencontres après l intervention de Paul Borrel prévue le 15 août La rupture cognitive dans les lieux de mémoire La disparition des témoins au sein des lieux de mémoire de la Résistance pose un problème majeur : la rupture cognitive avec les visiteurs des jeunes générations. Les témoins assuraient la légitimité du discours scientifique produit dans les lieux de mémoire et des missions pédagogiques et mémorielles qui leur sont attribuées. Ils participaient aux actions de médiation destinées, en particulier, au jeune public lors des visites guidées, des ateliers en racontant leurs expériences, en apportant des témoignages. Surtout, ils conféraient au discours scientifique, aux événements décrits une matérialité par leur simple présence et par leurs témoignages. Ils créaient alors une réalité commune avec des visiteurs qui ont de plus en plus de difficultés aujourd hui à comprendre la société et la vie sous la Seconde Guerre Mondiale, à s identifier aux anciens résistants. La présence des témoins facilitait une identification émotionnelle des visiteurs et la transmission de la mémoire ou des valeurs de la Résistance. Les lieux de mémoire se trouvent aujourd hui face à un tournant. La disparition des derniers témoins entraîne des conséquences qui n avaient pas obligatoirement été pressenties par les gestionnaires des sites. Tout d abord, la disparition des témoins et leur absence des lieux de mémoire, aussi bien lors des activités pédagogiques que dans les activités quotidiennes des sites, obligent les lieux de mémoire à repenser leur programme pédagogique, voire leur exposition permanente. Certains lieux de mémoire fondaient leur discours scientifique, mais aussi leur légitimité à participer à la transmission mémorielle, en s appuyant sur la présence des témoins. 35

36 Ensuite, la disparition des témoins et leur absence de la scène médiatique rendent les événements de la Seconde Guerre Mondiale plus lointains et sans aucune matérialité pour plusieurs générations de Français qui sont nées bien après Comment les lieux de mémoire peuvent-ils attirer et intéresser véritablement les nouvelles générations? La fréquentation des lieux de mémoire de la Résistance de la région Rhône-Alpes est restée stable durant la première décennie du XXI e siècle. Néanmoins, ces chiffres de fréquentation doivent être analysés avec minutie pour prendre conscience de la part majoritaire des scolaires parmi les visiteurs. Les lieux de mémoire semblent être devenus des lieux de visite obligés pour la plupart des écoliers, collégiens et lycéens de la région. Cette tendance ne cesse d augmenter, réduisant par la même la part du public non captif. La disparition des témoins risque-t-elle de désintéresser les visiteurs des lieux de mémoire et ainsi provoquer un recul de la fréquentation? b) L érosion de l intérêt pour les lieux de mémoire : des lieux sans visiteurs? La Seconde Guerre Mondiale n est plus considérée au début des années 2010 comme un événement significatif et fondateur de l Histoire européenne et mondiale. D autres guerres ont eu lieu dans la deuxième moitié du XX e siècle, des actes terroristes ont marqué la mémoire collective. Les générations ayant vécu la guerre sont de moins en moins nombreuses. Les lieux de mémoire sont donc confrontés à une rupture cognitive et à l éloignement temporel, voire même psychologique, de la Seconde Guerre Mondiale. Leur fréquentation estelle donc touchée par un phénomène d érosion? - Analyse de la fréquentation des lieux de mémoire de la Résistance Les lieux de mémoire de la Résistance en région Rhône-Alpes ont pratiquement tous, depuis le milieu des années 2000 des systèmes de comptage des entrées. Ces données, primordiales pour toute mise en place d une politique des publics stratégique, sont aujourd hui fournies aux acteurs du tourisme de la région. Le site mémoriel le plus visité en Rhône-Alpes est le CHRD de Lyon qui oscille entre et visiteurs. Les deux sites de Vassieux-en-Vercors, le Mémorial et le Musée départemental, reçoivent environ visiteurs par an. L année 2005 a été marquée par une baisse de fréquentation du Musée départemental qui s explique par la mise en place d une entrée payante ayant permis aussi un comptage plus strict des visiteurs. Malgré une certaine 36

37 stabilité, la fréquentation générale des lieux de mémoire apparaît chaotique, avec des pics de fréquentation. En effet, la fréquentation des lieux de mémoire semble être influencée par les grandes commémorations de la Seconde Guerre Mondiale. Les sites ont ainsi connu en 2004 des records d affluence. Diagramme des courbes de fréquentations des lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes Néanmoins, malgré les dispositifs mis à disposition des lieux de mémoire, aucun gestionnaire n a encore fait réaliser une véritable étude des publics. Pourtant, la labellisation du CHRD et le Musée du XX e siècle d Estivareilles en «Musées de France» les oblige à mener une étude des publics. Deux études des publics sont à disposition : une étude réalisée en 2002 au CHRD 1 par des étudiants de l IUP IESA, à partir de l administration de questionnaires au cours du premier semestre et une étude menée en 2007 par Pierre-Louis Fillet, conservateur du Musée départemental de la Résistance de Vassieux-en-Vercors. L enquête du CHRD a permis de faire un portrait des publics du centre et de faire un bilan de sa fréquentation. Ainsi, elle se caractérise tout d abord par un ancrage local des visiteurs. Ainsi, environ 50% des visiteurs résident à Lyon ou dans son agglomération. Cette appartenance est confirmée par la provenance des groupes visitant le CHRD à 75% issus de la région Rhône-Alpes dont 46% du département du Rhône et 33% du Grand Lyon (communauté urbaine de Lyon regroupant 47 communes de l agglomération lyonnaise). Le CHRD connaît aussi un taux très important de groupes scolaires alors que les groupes d adultes représentent une part extrêmement faible, soit environ 10% de l ensemble des groupes (environ visiteurs par an). Cette spécificité ne peut pas être considérée comme tendancielle puisqu elle est apparue dès les premières années de fonctionnement du CHRD. 1 Voir DUCOURTHIAL Laurence. Publics du CHRD, analyse des questionnaires distribués au premier semestre Lyon : CRHD,

38 Elle s explique par une volonté des gestionnaires de faire du public scolaire un des publics privilégiés. Quelques tentatives de partenariats ont été menées en 1998 avec les comités d entreprises de la SNCF et de plusieurs banques sans grand résultat. L étude des publics 2 du Musée départemental de la Résistance de Vassieux-en-Vercors a été réalisée à partir des données des années 2005 et Elle démontre que les visites se concentrent sur la période allant de mai à septembre, les deux mois estivaux représentant plus de 40% des entrées annuelles. La fréquentation très réduite au cours de la période hivernale s explique par la fermeture annuelle du musée au mois de janvier et les conditions météorologiques difficiles connues par le Vercors. Le profil des visiteurs change en fonction des périodes : les visites de groupes d adultes et de scolaires se concentrent sur les mois de mai, juin et septembre alors que les visites d individuels dominent pour la période estivale. Par rapport au CHRD, les visites de groupes scolaires ne sont pas prédominantes : les individuels représentent 70% des visiteurs, les groupes scolaires 14% et les groupes adultes 16% qui sont un public de visiteurs âgés venus par l intermédiaire d un tour opérateur. Cependant, comme à Lyon, le public est essentiellement issu de la région Rhône-Alpes. Typologie de la fréquentation de l année 2006 au Musée départemental de Vassieux-en-Vercors Source : Etude des publics fournie par le musée - Les questions du «public captif» et de l enfant prescripteur À partir des années 1990 et l intervention des collectivités dans la gestion des lieux de mémoire, la valorisation des parcours a été pensée pour le public scolaire. Les gestionnaires considéraient que leur site devait permettre la compréhension globale des événements de la Seconde Guerre Mondiale et du mouvement de la Résistance, tout en diffusant des valeurs 2 Cette étude des publics a été fournie par Pierre-Louis Fillet, conservateur du musée. Elle n a pas été publiée, ni mise en ligne sur Internet. 38

39 universelles de citoyenneté, des idéaux. Les lieux de mémoire ont revêtu une valeur pédagogique qui existait déjà auparavant mais qui était tournée vers l ensemble des visiteurs. Rapidement, les lieux de mémoire sont devenus des destinations privilégiées des sorties scolaires. Les lieux de mémoire de la Résistance en région Rhône-Alpes ont donc répondu à cette nouvelle demande et ont mis en place des outils d animation pédagogique variés et ajustés à l âge des élèves. L ensemble des lieux de mémoire propose des visites guidées avec des animateurs pour faire découvrir l exposition permanente, des ateliers pédagogiques sur une thématique particulière. Les animations sont adaptées au niveau scolaire de la classe et au contenu du programme d histoire. Du fait de l éloignement géographique de certains sites, les animateurs des lieux de mémoire organisent même des journées thématiques permettant de visiter plusieurs sites 3. Le conseil général de Haute-Savoie, gestionnaire et propriétaire des lieux de mémoire de la Résistance du département, conçoit par le biais de son service de l Office Départemental de l Action Culturelle, des visites sur les sites du plateau des Glières et de la nécropole de Morette, à la demande des enseignants. D autre part, il propose aux instituteurs et aux classes de primaires une journée «Rando-Glières» dont il prend en charge l ensemble des frais de transport et d encadrement pédagogique. La «Rando-Glières» est encadrée par un guide de moyenne montagne et permet, par l ascension du plateau des Glières, de découvrir le rôle historique du site pendant la Seconde Guerre Mondiale. À la fin de la journée, le rassemblement de l ensemble des classes s accompagne d un discours du représentant de l Association des Glières et de la lecture de message de paix par un élève de chaque classe. Au CHRD de Lyon, des ateliers sur les images et la presse sont proposés aux lycéens : l atelier «Presse clandestine» et l atelier «La guerre des affiches». L ensemble des niveaux scolaires peut bénéficier de l atelier «Justice et citoyenneté», atelier autour du procès Barbie qui se compose de la projection d extraits du procès et d une explication du contexte juridique et historique, des rouages du procès et de ses enjeux. D autre part, les lieux de mémoire de la région apparaissent comme des relais et des lieux de ressources pour les scolaires participant au Concours National de la Résistance et de la 3 Voir le programme des journées de visite organisées par le Mémorial de Vassieux-en-Vercors, pour les scolaires, sur l ensemble des lieux composant les Chemins de la Liberté : < (Consulté ). 39

40 Déportation. Créé en 1961 par le ministre de l Éducation nationale et destiné aux élèves de troisième et aux lycéens, ce concours a pour objectifs de perpétuer la mémoire de la Résistance et de la Déportation parmi les jeunes générations et de diffuser des valeurs civiques et des leçons de vie. Chaque année, un thème spécifique est désigné et doit être traité par les élèves. En 2010, le jury a choisi le thème «L appel du 18 juin 1940 du général De Gaulle et son impact jusqu en 1945». Chaque année, le CHRD, aidé par des professeurs d histoire-géographie, met en place un dossier de préparation au concours 4. Il oriente les élèves vers des problématiques et s appuie sur des documents issus des collections. Le Mémorial de Vassieux-en-Vercors met aussi à la disposition des professeurs et des élèves des ressources pédagogiques à télécharger sur son site Internet. De plus, certains gestionnaires des lieux de mémoire de la région participent au comité de sélection des projets. Ainsi, la remise du Prix régional du concours 2009 a eu lieu en janvier 2010, lors de la journée d étude régionale du réseau MEMORHA qui rassemble les lieux de mémoire de la Résistance de Rhône-Alpes. Le positionnement des lieux de mémoire de la région Rhône-Alpes vers le public scolaire remonte donc à la création de la seconde génération de sites mémoriels. L enjeu principal et originel était évidemment pédagogique puisque les lieux de mémoire ont pour fonction d éduquer de futurs citoyens. Cette fonction éducative fait partie de la plupart des cahiers des charges lors de la construction ou de la valorisation des lieux de mémoire. Le dossier de presse du Musée du XX e siècle d Estivareilles désigne les jeunes visiteurs comme un public privilégié : «Pour la première fois, un musée est conçu dans sa totalité pour accueillir de manière originale et spécifique le jeune public.» 5. En outre, le public scolaire est devenu au fil des ans un véritable enjeu économique, permettant aux sites d augmenter leurs chiffres de fréquentation et leurs rentrées financières. En effet, les collectivités locales, les départements et la région Rhône-Alpes financent les visites scolaires. La rémunération des activités pédagogiques fournit aux lieux de mémoire des rentrées d argent assurées, toutes les années. Par exemple, le week-end du samedi 20 mars et du dimanche 21 mars, le CHRD a accueilli 345 visiteurs individuels (184 visiteurs le samedi et 161visiteurs le dimanche) mais 300 visiteurs scolaires le mercredi 17 mars, soit 4 Pour le dossier de préparation au concours de 2010, voir sur Internet : < chrd/contenu/pdf/pedago/cnrd/cnrd10_18juin.pdf> (Consulté ). 5 Voir le dossier de presse fourni par le musée après une demande pour courrier électronique. 40

41 presque autant que pour deux jours complets 6. Il faut aussi rappeler le rôle de prescripteurs des enfants qui jouent un rôle primordial, auprès de leurs parents et de leur famille, en les incitant à revenir visiter un site qu ils connaissent par le biais d une sortie scolaire. La conjonction de ces deux facteurs explique donc les pourcentages élevés de scolaires dans les chiffres de fréquentation globaux de certains lieux de mémoire. Ainsi, au CHRD, la part des scolaires atteint 50% de l ensemble des visiteurs, soit à scolaires selon les années. Malgré les avantages apportés par cette forte fréquentation des publics scolaires, la venue importante d enfants et d adolescents dans les lieux de mémoire de la Résistance pose des problèmes d ordres très différents aux gestionnaires. Dans un premier temps, il faut poser la question de la motivation de ce public captif obligé de venir dans un lieu de mémoire par des professeurs. En effet, cette «captivité» oblige les animateurs des sites à adapter leur discours pour empêcher le désintérêt des élèves et à exercer une surveillance plus importante envers les élèves dilettantes. D autre part, Isabelle Doré-Rivé explique dans un entretien 7 que les animateurs et les gestionnaires du CHRD sont confrontés aux conséquences de cette omniprésence des scolaires qui a entraîné une réduction du nombre des visiteurs individuels. Ces derniers sont agacés par la place prise par les groupes dans des lieux d exposition étroits ainsi que par des attitudes souvent déplacées dans un site culturel comme du bruit, des chamailleries. Ainsi, au début de l année 2010, la directrice du CHRD a décidé d instaurer un nombre maximum de visites scolaires pour ne pas impacter la qualité de visite des visiteurs individuels. Cette décision a été aussi motivée par le nombre croissant de problèmes d incivilités, voire d actes de dégradation du matériel du CHRD pendant les animations pédagogiques. Accueillir des scolaires représente une charge de travail plus importante que dans les années 1990 et au début des années Cette augmentation du travail est d ailleurs symbolisée par l accaparement du service des publics par la création de nouveaux ateliers pédagogiques qui doivent évoluer tous les cinq ans afin de correspondre à l évolution du niveau scolaire en baisse. 6 Ces chiffres ont été fournis par Sandrine Guillet, animatrice au service des publics du CHRD lors d un entretien le mercredi 24 mars. La retranscription de l entretien se trouve dans le dossier d outils méthodologiques. 7 Voir la retranscription de l entretien en dans le dossier d outils méthodologiques. 41

42 c) Les conséquences pour les lieux de mémoire de la Résistance Les changements auxquels sont confrontés les lieux de mémoire entraînent des conséquences majeures qui pourraient bouleverser leur gestion et leur organisation. - Le désintérêt du public? Les lieux de mémoire doivent évoluer pour éviter de provoquer le désintéressement du public et pour ne pas devenir des lieux sans visiteurs. Plusieurs facteurs peuvent provoquer l inadéquation de la valorisation des lieux de mémoire avec leurs publics : - l absence des témoins et la rupture avec la mémoire vivante qui provoquaient de l intérêt et qui facilitaient la compréhension des visiteurs, - l ancienneté des expositions permanentes qui ont été installées dans les années 1990, voire avant, et ne correspondent plus aux connaissances du public, - le vieillissement des installations qui ont besoin de travaux pour se rapprocher des nouvelles structures muséales offrant aux visiteurs des présentations modernes. D autre part, comme le démontrent les chiffres de fréquentation, les lieux de mémoire risquent d être confrontés à une uniformisation de leurs publics qui, selon les sites, s orientent vers une majorité de scolaires ou vers une majorité de visiteurs âgés. Les lieux de mémoire ne pourraient plus qu intéresser une petite frange de la population alors que le message défendu est universel et s adresse à toutes les générations. Surtout, le risque de l uniformisation de la fréquentation peut entraîner une perte d image, de notoriété et de publicité. Les lieux de mémoire ne seraient alors plus capables de toucher un public plus large. De ce risque découleraient par la suite des difficultés pour assumer la pérennité financière des lieux de mémoire. - La pérennité financière des lieux de mémoire Les lieux de mémoire se trouvent aussi confrontés à la question de leur pérennité financière et de leur soutien par les collectivités, nouveaux propriétaires depuis les années 1990 de la plupart des sites de la région Rhône-Alpes. L intervention des collectivités territoriales a totalement modifié les données financières des lieux de mémoire. Alors que les premiers sites étaient dirigés par des associations, de manière bénévole et avec des fonds très limités, les nouvelles créations muséales se sont caractérisées par des budgets de travaux et de gestion très importants et par l emploi d un personnel qualifié et rémunéré. 42

43 Certains sites mémoriaux ont reçu des constructions imposantes et coûteuses. Par exemple, le Mémorial de Vassieux-en-Vercors a coûté 2,72 millions d euros. En plus du budget d investissement, les lieux de mémoire sont des structures lourdes à gérer financièrement. Elles demandent un financement important pour les frais de personnels et les frais de gestion au quotidien des sites. Le budget de fonctionnement pour l année 2005 du CHRD s élevait ainsi à euros. Comme le montre le tableau des frais de gestion des sites mémoriels du département de Haute-Savoie, le poids financier peut être réparti sur plusieurs structures : conseil général ou communauté de communes. Sur un an, les frais de gestion quotidienne s élèvent à plus de euros pour deux sites : le Plateau des Glières et la nécropole de Morette. Il est alors nécessaire de rappeler que le département de Haute-Savoie possède d autres sites et mène une politique dynamique d activités culturelles qui doivent être, elles aussi, financées par le conseil général. Charges en 2002 Morette Communauté de Communes Plateau des Glières Conseil général Conservatoire d art et d histoire Conseil Général Frais de personnel , Frais déplacements Non déterminable Electricité 653,81 Non déterminable Téléphone 456,61 Frais de photocopies 183, 89 Maintenances Portes 312,83 Informatique Promotion Réception 0 26,83 0 Matériel pédagogique 0 769, , Total ,86 Frais de gestion des sites historiques départementaux du Plateau des Glières et Morette pour 2002 Source : Document d'orientation à destination du Ministère de la Défense, du Conseil régional Rhône-Alpes dans le cadre des demandes de subventions concernant le réaménagement des sites du Plateau des Glières et de Morette. Annecy : Conseil général, 2003, p.14. D autre part, la politique mémorielle des collectivités ne représente pas uniquement la gestion des lieux de mémoire mais aussi plusieurs séries de mesures et d initiatives qui demandent des financements. Le deuxième tableau sur l estimation de la part du budget départemental de Haute-Savoie pour le patrimoine de mémoire lors de l année 2002 démontre que le budget total se répartit de manière homogène : - un tiers du budget pour la gestion des sites, - un tiers du budget pour des investissements dans des travaux sur les sites, 43

44 - un tiers du budget pour des activités pédagogiques. Actions Charges fonctionnement et/ou subventions Opérations exceptionnelles Gestion Glières (travaux) Gestion Morette Archives Concours de la Résistance Aides au Monde combattant Total Estimation de la part du budget départemental pour le patrimoine de mémoire pour l année 2002 Source : Document d'orientation à destination du Ministère de la Défense, du Conseil régional Rhône-Alpes dans le cadre des demandes de subventions concernant le réaménagement des sites du Plateau des Glières et de Morette. Annecy : Conseil général, 2003, p.26. Cette intervention financière des collectivités s explique en partie par l importance des lieux de mémoire dans leur politique en général et dans leur politique mémorielle en particulier. Leur soutien aux lieux de mémoire prend une place importante dans leur politique d action culturelle : les lieux de mémoire doivent être visités par le plus grand nombre pour permettre la diffusion d un message pacifiste. Ainsi, les collectivités influent sur le choix de la politique tarifaire en demandant des prix d entrée très peu élevés, voire quasi inexistants. Ainsi, au CHRD de Lyon, l entrée pour l exposition permanente est gratuite jusqu à 26 ans et l accès aux sites du conseil général de Haute-Savoie est gratuit pour tous. Le tarif d entrée le plus élevé est celui du Mémorial de Vassieux-en-Vercors, régie du Parc naturel régional du Vercors, avec un montant de 5 euros. Tarif réduit Tarif plein Enfant CHRD Lyon 2 4 Gratuit Mémorial de Vassieux-en-Vercors 4 5 2,50 Musée de Vassieux-en-Vercors Plateau des Glières Gratuit Gratuit Gratuit Nécropole de Morette Gratuit Gratuit Gratuit Estivareilles 2 3,10 Gratuit Tarifs d entrée dans les lieux de mémoire en région Rhône-Alpes pour l année 2010 D autre part, des initiatives de certaines collectivités favorisent l accès aux lieux de mémoire. Ainsi, la municipalité de Lyon a créé la Carte musées qui donne un accès illimité à tous les musées municipaux, dont le CHRD, pour 20 euros annuels. Véritable outil culturel et politique, la carte pose néanmoins un problème financier au CHRD qui ne perçoit plus les entrées. Les lieux de mémoire sont incapables de s autofinancer et ont besoin de l apport 44

45 financier des collectivités. Cependant, les collectivités vont-elles pouvoir encore longtemps soutenir de telles institutions alors que la réforme des collectivités territoriales en cours risque de les charger de nouvelles dépenses? Poids financiers des lieux de mémoire pour les propriétaires, érosion de la fréquentation et risque d un désintérêt du public, disparition des témoins et acteurs traditionnels des sites, les lieux de mémoire sont confrontés à des enjeux majeurs. Afin de répondre à ces enjeux, les gestionnaires ont lancé des initiatives pour renouveler et proposer une offre culturelle et touristique en accord avec leur temps. B. Les initiatives des lieux de mémoire de la Résistance : une offre culturelle et touristique renouvelée Les gestionnaires des lieux de mémoire de la Résistance ne sont pas restés inactifs face à ces nouveaux enjeux. Ils ont ainsi pris conscience de la nécessité de créer des liens avec les autres lieux de mémoire avec la mise en place de différents réseaux, de modifier leurs discours scientifiques et parfois les salles des expositions permanentes de manière radicale et, pour certains sites, de travailler en collaboration avec les acteurs du tourisme. a) La mise en place de réseaux des lieux de mémoire de la Résistance La mise en réseau des lieux de mémoire de la région Rhône-Alpes est un des outils pour freiner le désenclavement de certains sites situés dans des territoires difficilement accessibles. Surtout, elle permet de produire une publicité commune à moindres frais tout en échangeant les expériences et en mutualisant les ressources. Elle prend deux formes principales en Rhône-Alpes : le réseau MEMORHA et le réseau La Mémoire des Alpes. - Un réseau de professionnels et d universitaires : MEMORHA Le réseau MEMORHA 8 a été créé à la suite de l organisation d un séminaire en 2007 qui avait pour objectif d étudier les histoires et mémoires de la Résistance. Sans identité juridique, il regroupe des lieux de mémoire de la région Rhône-Alpes ainsi que des chercheurs des universités de Lyon et Saint-Etienne. Sa création a été suscitée par la prise de conscience commune de ces différents acteurs d être confrontés à de nouvelles problématiques ayant des 8 Site Internet du réseau MEMORHA : < (consulté ). 45

46 conséquences aussi bien dans le cadre de la recherche historique que dans la gestion des lieux de mémoire. Soutenu par le Ministère de la Culture, le réseau a mis en place un plan d actions triennal ( ) visant à élargir les publics des lieux de mémoire, à modifier les expositions permanentes et temporaires en accord avec les nouvelles avancées historiographiques et à chercher des moyens de renouveler la transmission des informations spécialement auprès des nouvelles générations. Son objectif principal est donc de travailler sur des thématiques renouvelées régulièrement et choisies en fonction de leurs actualités historiographiques. Le programme mettait en avant une démarche comparative européenne de la situation de la mémoire et de l histoire de la Résistance, «Comparer histoires et mémoires de la Résistance et de la guerre / France-Allemagne-Italie», avec une focalisation plus précise sur les conséquences de la disparition des derniers témoins. Après ces questionnements, deux axes de travail sont en train d être développés : la formation de guides ou de médiateurs compétents et la réalisation de films ou documentaires sur les derniers témoins encore en vie. - Un réseau pour la valorisation patrimoniale : la Mémoire des Alpes La Mémoire des Alpes est un projet plus original de coopération transfrontalière, lancé dans le cadre du programme communautaire Interreg III , ainsi qu un réseau transnational regroupant différents partenaires en Italie, en France et en Suisse : des musées, des universités, des Parcs naturels dont le Pnr du Vercors, des collectivités. La Mémoire des Alpes se base sur le constat d une histoire et d une identité communes à cette région alpine qui dépassent les frontières nationales et qui expliquent la perméabilité économique, sociale et culturelle actuelle. En plus d un travail de recherche universitaire, ce projet se compose de deux parties principales : une partie ethnologique avec la mise en place de centres de ressources sur la culture matérielle dans le territoire alpin et une partie historique avec la création des Chemins de la Liberté se concentrant sur la période de la Seconde Guerre Mondiale. Les objectifs sont multiples : protéger et valoriser un patrimoine culturel commun, renforcer l identité culturelle alpine, offrir une offre touristique renouvelée. Plusieurs actions ont été menées. Un portail Internet a été lancé pour rendre disponible les résultats des recherches ainsi que pour proposer des parcours virtuels thématiques. Des colloques sont organisés, des livres édités par la Mémoire des Alpes. 46

47 - Les réseaux actuels et le tourisme : usages et perspectives Aujourd hui, le réseau MEMORHA ne se place pas dans une optique touristique. Lors d un entretien en mars 2010, Isabelle Doré-Rivé, directrice du CHRD, explique que l absence d entité juridique rend difficile toute coopération plus poussée, voire impossible, sur des projets demandant un financement commun 9. Ainsi, MEMORHA ne permet pas actuellement de créer un réseau de lieux de visite avec des circuits organisés ou la mise en place de passeports de fidélité encourageant les visiteurs à se rendre sur d autres sites culturels appartenant à MEMORHA. Ce réseau est néanmoins utile pour échanger des bonnes pratiques, trouver de nouveaux outils afin de remédier à la disparition des témoins et raviver les relations entre l Université et les lieux de mémoire de la Résistance. La position de la Mémoire des Alpes est très différente par rapport au tourisme puisque cette composante a fait partie intégrante du projet dès le départ. La fiche projet prévoit ainsi un objectif touristique dans le fonctionnement des Chemins de la mémoire : «Le projet peut contribuer à créer une offre touristique de caractère historico-culturel, éco-compatible, complémentaire de celle présente aujourd hui, fondée avant tout sur les patrimoines environnementaux et naturels et connectée à une utilisation excursionniste et sportive du territoire. On peut obtenir ainsi une augmentation de la présence touristique et sportive et de l échange touristique national et international, avec une retombée économique dans le secteur réceptif et commercial et la possibilité de nouveaux débouchés occupationnels pour les jeunes qui ont l intention de continuer à vivre et à opérer dans la montagne.» 10. En effet, tous les lieux de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale, aussi bien en France qu en Italie, et participant au projet La Mémoire des Alpes, ont mis en place des parcours thématiques, avec des panneaux explicatifs, des aires de repos pour les visiteurs ou randonneurs. Des sentiers et des fiches pour randonneurs ont été réalisés du côté italien, dans les provinces d Alessandria et d Asti par exemple. Concernant les lieux de mémoire de la Résistance étudiés en Rhône-Alpes, le Pnr du Vercors a ainsi élaboré Les Chemins de la Liberté en Vercors, projet de signalisation et de valorisation 9 Voir la retranscription de l entretien dans le dossier d outils méthodologiques. 10 Pour l ensemble du projet, voir le site Internet : < Pour la fiche projet, voir MEMOIRE DES ALPES. Fiche projet. p.12 [en ligne]. Disponible sur Internet : < (consulté ). 47

48 de plusieurs lieux de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale sur son territoire. Plusieurs sites 11 ont été retenus pour bénéficier des réalisations de ce projet : - le village de Malleval, - la grotte de la Luire, - la nécropole de Vassieux-en-Vercors, - la nécropole de Saint-Nizier, - la Cour des Fusillés, - les ruines du village de Valchevrière, - le Pas de l Aiguille. Des panneaux explicatifs, avec une charte graphique commune 12, ont été installés sur chacun des sites alors que des flyers, reprenant le parcours des Chemins de la Liberté, sont distribués par les offices du tourisme et les musées répartis sur le territoire. b) La réorientation et l élargissement des discours muséographiques Le travail de réflexion, entamé dans les réseaux des lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes, a démontré l obsolescence des dispositifs muséographiques des sites ainsi que leur non-adéquation aux nouveaux besoins d explication des jeunes générations. Les gestionnaires des lieux de mémoire ont alors travaillé vers plusieurs directions : les transformations muséographiques, l élargissement chronologique et thématique du discours scientifique et l attractivité des expositions temporaires. - Les transformations muséographiques La plupart des équipements créés sur les sites des lieux de mémoire, dans la région Rhône-Alpes, date des années 1990, comme par exemple les expositions permanentes du CHRD de Lyon et du Mémorial de Vassieux-en-Vercors. Face aux attentes renouvelées des visiteurs, les expositions permanentes sont devenues obsolètes en ne correspondant plus aux évolutions historiographiques de la Seconde Guerre Mondiale, ni aux connaissances générales des visiteurs sur la période. D autre part, la mise en place de nouvelles salles d exposition permet aux gestionnaires des sites de créer un événement médiatique, tout en renouvelant l intérêt des visiteurs. Le Mémorial de Caen est l exemple le plus caractéristique de ces incessantes transformations muséographiques. En effet, il opère depuis les années 2000 une grande opération de refonte de ses espaces 11 Voir la carte des Chemins de la Liberté en Vercors en annexe n IV Voir les photographies en annexe n VI.4. 48

49 permanents 13 avec la transformation de plus de 50% de l exposition permanente et l ouverture depuis février 2010 d un espace consacré à la Bataille de Normandie dont l intensité sera rendue par la diffusion de plusieurs films. La question de la transformation muséographique reste tout de même épineuse. En mettant de côté la question pécuniaire qui implique toujours des choix, le renouveau du discours historique et pédagogique doit correspondre à l évolution du niveau culturel des visiteurs. Il faut rendre compréhensible, par la muséographie, des événements, des représentations historiques et les valeurs de la Résistance, sans tomber dans la dramatisation spectaculaire des faits historiques ou la diminution de l intérêt historique et touristique des lieux de mémoire. Le Mémorial de Vassieux-en-Vercors est le premier lieu de mémoire de la Résistance en région Rhône-Alpes à avoir opéré une modification au sein de son exposition permanente. Même si le mémorial est de création récente, les gestionnaires ont choisi de modifier son dernier espace de visite. Cette pièce était utilisée pour faire revivre le martyre d une jeune adolescente en août 1944, sous la forme d un spectacle sons et lumières. Les visiteurs, assis sur des plots lumineux, assistaient à l apparition d un mannequin sortant de ruines en feu, dans une nuit totale. La bande-son reproduisait des chants d oiseaux, des aboiements de chiens, le bruit des éclairs, l Ave Maria ainsi que le témoignage de la jeune fille, décédée en avril 1944, sous les bombardements de Vassieux-en-Vercors. La suppression de cette salle avait pour objectif de supprimer une pièce au discours historique questionnable, pouvant impressionner les plus jeunes, avec un spectacle à la limite du mauvais goût. L espace est maintenant dédié à la projection d un film «Résister, encore!». Quant au Musée départemental de la Résistance de Vassieux-en-Vercors, il a fermé ses portes en septembre 2009, jusqu en juin 2010, pour permettre le tenue de travaux dans les salles d exposition permanente. Les salles et les vitrines avaient été installées en 1974 par J. La Picirella, créateur et précédent propriétaire du musée. Le propos était littéralement vengeur : objets ayant appartenu à des soldats allemands exposés comme des trophées, photographies macabres des résistants décédés. Le département de la Drôme, nouveau propriétaire du musée, a lancé une grande opération en faisant du musée le témoin de l esprit des résistants dans les 13 Sur les chantiers de rénovation du Mémorial de Caen, voir le portail Internet qui leurs est consacré : < (consulté ). Un guide des chantiers est mis à la disposition du public : < (consulté ). 49

50 années 1970, de leurs réflexions sur la guerre : un musée sur un musée et sur sa présentation particulière des faits. Selon les informations obtenues auprès du directeur du musée, Pierre- Louis Fillet, certaines vitrines vont être conservées, d autres allégées de leurs nombreux objets. Des textes scientifiques vont expliquer à la fois les événements décrits mais aussi la manière de les représenter, telle une «autopsie» sociologique du courant de pensée des anciens résistants dans les années Comme l a confirmé Isabelle Doré-Rivé, le CHRD de Lyon doit aussi renouveler son exposition permanente après la fermeture du centre et des travaux au cours de l année Suite à un entretien le 24 mars 2010, la directrice du CHRD a divulgué les grands principes du futur réaménagement. Le CHRD doit mettre fin à certaines orientations de la mise en scène originelle : des salles avec très peu d objets, un discours historique ouvert sur les formes de la Résistance en général. La nouvelle exposition permanente devra insister sur l histoire et les spécificités de la Résistance lyonnaise tout en présentant des objets et documents appartenant aux collections du musée. Un important travail de médiation sera proposé. L absence des témoins de la Résistance et de la transmission directe de l histoire des événements entre les différentes générations oblige à une amélioration de la pédagogie. Une period room permettra d expliquer la Seconde Guerre Mondiale et de recontextualiser la Résistance alors que plusieurs niveaux de visite seront mis en place, dont un parcours de visite spécialement conçu pour les enfants. - L élargissement chronologique et thématique des lieux de mémoire D autre part, les lieux de mémoire commencent à opérer «un redéploiement» 15 de leur discours scientifique, de leurs activités et de leurs actions de promotion. Plusieurs formes de redéploiement apparaissent, offrant des propositions pour un changement. La plupart des lieux de mémoire ont réorienté leurs discours scientifiques vers la question plus générale des droits de l homme et du thème plus universel de la Résistance dans le monde. Certains lieux de mémoire cherchent à insérer leurs collections et leur discours scientifique dans une étude plus large de l histoire de la Seconde Guerre Mondiale. Ils abandonnent la vision trop locale pour placer leurs collections dans des relations d interaction avec l histoire d un territoire régional ou national. Les conservateurs s ouvrent au 14 Pour la retranscription de l entretien, voir le dossier d outils méthodologiques. 15 Terme proposé par Marie-Thérêse Têtu. Voir TÊTU Marie-Thérèse. Vercors et Résistance, un tournant mémoriel. Rapport de recherche. Paris : Mission à l ethnologie - Ministère de la culture et de la communication - Direction de l architecture et du patrimoine, 2006, 97p. 50

51 comparatisme qui favorise une meilleure compréhension des visiteurs et ravive l attrait de leurs lieux de mémoire. Ce travail de redéploiement du discours peut prendre des formes concrètes, voire plus radicales avec des modifications du projet scientifique et de l espace muséographique. Le Musée de l Armée secrète et de la Résistance d Estivareilles (Loire) a été créé en 1984 pour commémorer les événements de la bataille d Estivareilles et rappeler le rôle de l Armée Secrète de la Loire pour la libération du département. En 1999, après quelques mois de fermeture pour travaux, il est devenu le Musée d histoire du XX e siècle. L ensemble de la muséographie a été revu pour mettre en place un parcours amenant le visiteur des années 1900 jusqu à 1999, avec néanmoins un développement plus important de la période de la Seconde Guerre Mondiale et de la bataille d Estivareilles en Les grandes modifications sociales et politiques sont mises en scène dans le parcours telles que l industrialisation de la Loire, la colonisation, le Front populaire, les années noires, la naissance de la société de consommation et la création de l Union Européenne. Chaque période est symbolisée par un objet emblématique, une scène caractéristique. A la fin des années 1990, les gestionnaires du musée ont compris l importance d aller au-delà de la simple présentation des faits de la Résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale qui n était plus aussi bien comprise des nouvelles générations. Le dossier de presse explique cette volonté de recontextualiser le discours scientifique : «La Résistance et l horreur de la Déportation sont situées «dans le siècle», sont mises en perspective, en situation, pour une meilleure compréhension et pour tirer les leçons pertinentes de l Histoire.» 16. Avec la suppression de la dernière salle du parcours muséographique au Mémorial de Vassieux-en-Vercors, les gestionnaires ont eu la possibilité d ouvrir le discours scientifique à d autres périodes sans devoir, néanmoins, entamer une refonte totale de l ensemble des salles. Le spectacle faisant revivre le martyre d Arlette Blanc a laissé la place à une salle de cinéma où est projeté le film «Résister, encore!», réalisé et écrit par Franck Pavloff 17. Pour clore la visite, le film se concentre sur l après-guerre et la naissance de l ONU, sur plusieurs mouvements de résistance dans le monde entier partageant des valeurs communes. Il est entrecoupé par le témoignage de Rosine Crémieux, une des dernières résistantes du Vercors 16 Voir le dossier de presse du Musée d Estivareilles qui est disponible sur demande auprès des gestionnaires. 17 Pour une présentation de ce documentaire, voir sur Internet : < vercors.pdf> (Consulté ). 51

52 encore en vie. Le film démontre la continuité du combat des résistants du Vercors avec d autres formes de Résistance tout au long du XX e siècle et ouvre vers un discours plus large sur les valeurs des résistants en général, du Vietnam au Chili, en passant par l Afrique du Sud, l Inde ou le Tibet. A la fin des années 1990, Marie-Hélène Joly critiquait la plupart des musées d histoire en France, victimes d une «myopie généralisée» 18, centrant leurs discours sur une histoire locale, sans aucun travail de contextualisation dans le temps et dans l espace. Le redéploiement thématique de certains lieux de mémoire de la région Rhône-Alpes répond à l incompréhension croissante des jeunes générations devant une simple description des événements de la Seconde Guerre Mondiale ou des valeurs défendues par la Résistance. En offrant un discours sur une longue durée, en insérant les événements de la guerre dans d autres mouvements de résistance plus proches dans le temps des nouvelles générations, le discours scientifique devrait être mieux compris et assimilé. - Le recours à l événementiel : les expositions temporaires L événementiel, et plus spécifiquement les expositions temporaires, apparaît aussi comme des outils supplémentaires, à la disposition des gestionnaires pour offrir une nouvelle offre culturelle plus diversifiée, aux thèmes nouveaux et attrayants. En effet, les expositions temporaires sont un moyen pour produire un renouvellement du discours des lieux de mémoire sans pour autant intervenir, de manière plus durable et coûteuse, sur les expositions permanentes. Comme le rappelle le dossier de presse du CHRD, cette ouverture des expositions temporaires a pour objectif de créer un lien entre les événements de la Seconde Guerre Mondiale et les valeurs prônées par la Résistance avec des situations contemporaines : «Dès l origine du Centre d Histoire, la programmation des expositions temporaires a été en partie orientée vers des sujets couvrant une période plus vaste que celle de la Seconde Guerre mondiale. Cette option d un élargissement temporel des thématiques a généralement été adoptée par toutes les structures muséales à dimension mémorielle. ( ) Centrée sur des problématiques contemporaines, en prise directe avec les atteintes aux droits de l homme dans le monde, attentive à valoriser les avancées de la recherche historique dans sa période de prédilection, la 18 JOLY Marie-Hélène. Comparatisme local, régional, national, que choisir? In GERVEREAU Laurent (dir.). Quelles perspectives pour les musées d histoire en Europe?. Paris : Association internationale des musées d histoire, 1997, p

53 programmation contribue à ancrer l image d un lieu ouvert sur la ville et le monde.» 19. Par exemple, le CHRD a organisé : - en 2000 l exposition «Tibet, un peuple en sursis», - en 2005 «Chronique d un génocide : Cambodge, », - en «Elles. Exister, résister Ici et ailleurs.» sur des grandes figures de femmes résistantes tout au long du XX e siècle, - en 2009 «Voyages pendulaires. Les Roms au cœur de l Europe, en France et en Roumanie», - en «Nous sommes le peuple : vers la chute du Mur de Berlin». Ces exemples d expositions prouvent l ouverture temporelle mais aussi géographique des gestionnaires du CHRD qui choisissent de traiter, en plus, de sujets parfois polémiques. D autre part, la diversité thématique des expositions temporaires peut servir à la transformation et au renouvellement des publics des lieux de mémoire, en amenant vers les sites de nouvelles catégories de visiteurs intéressés par les problématiques plus contemporaines ou en fidélisant des publics déjà venus. Certaines expositions temporaires peuvent devenir aussi des succès en terme de fréquentation, voire en termes financiers. c) L appui du tourisme et de ses acteurs dans la promotion des lieux de mémoire Les relations entre les gestionnaires des lieux de mémoire de la Résistance et les différents acteurs du monde touristique restent encore assez distendues, à la différence des régions du nord de la France. Néanmoins, de manière individuelle, certains gestionnaires considèrent que le tourisme est un appui non négligeable pour développer leur structure. - L adéquation de la thématique mémorielle à l offre touristique globale Surtout, certains gestionnaires des lieux de mémoire ont pris conscience de l obligation de réinsérer la mémoire de la Résistance dans un discours et une offre touristique plus larges. Pour limiter la disparition du tourisme de pèlerinage, pour lequel les visiteurs venaient dans les lieux de mémoire de manière délibérée, certains lieux de mémoire de Rhône-Alpes cherchent à conjuguer leurs sites avec des formes touristiques plus globales. Cette nouvelle orientation, lancée au départ par des lieux de mémoire de gestion privée, 19 CHRD. Dossier de presse de présentation du CHRD. Lyon : CHRD, p.14 [en ligne]. Disponible sur Internet : < (consulté ). 53

54 commence à rallier les autorités culturelles des différents départements et d autres gestionnaires comme le Parc naturel régional du Vercors. La Grotte de la Luire, entreprise privée gérée par un couple d anciens étudiants en tourisme, a choisi de ne plus se concentrer uniquement sur le pouvoir mémoriel du site. Les nouveaux gestionnaires valorisent au contraire l histoire d un site naturel, au fil de plusieurs siècles. La visite de la grotte s arrête évidemment sur les événements de 1944 pendant lesquels des résistants réfugiés ont été fusillés par des Allemands. Mais, elle est surtout assortie d une découverte de la constitution de la grotte, de ses éléments fossiles : «Le circuit habituel opposait les thématiques Résistance et Hydrogéologie. Pour rendre le nouveau circuit de visite plus cohérent et interactif, il est apparu évident qu il fallait au contraire rassembler les différentes thématiques, et ainsi aborder de manière transversale toutes les aventures humaines, qu elles soient liées à la résistance, à l exploration spéléologique, au passage de précurseurs ou des charbonniers, tout en mettant ces aventures en parallèle avec l activité naturelle du site, ses crues exceptionnelles.» 20. Pour confirmer cette volonté de ne plus valoriser la seule thématique mémorielle, les gestionnaires ont adhéré au réseau Séquence Nature Rhône-Alpes 21, regroupement de vingt-huit sites touristiques volontaires à vocation marchande et ouverts au public, situés dans la région Rhône-Alpes. La création de ce réseau a été soutenue par la Mission d Ingénierie Touristique Rhône-Alpes (MITRA) et aidée financièrement par la Région Rhône-Alpes. Séquence Nature Rhône-Alpes rassemble des sites valorisant et présentant la nature dans toute sa diversité (grottes, jardins, espaces de nature et parcs animaliers). L association de la thématique Nature avec la vocation mémorielle des lieux fonctionne uniquement dans les zones de maquis, historiquement situées dans des espaces sauvages, telles que le Vercors ou le Plateau des Glières. Les sites du Vercors semblent avoir été les premiers à travailler à l insertion des lieux de mémoire dans une offre touristique plus large. Cette expérience est peut-être due à deux raisons principales : - la volonté depuis la fin de la guerre d intégrer le patrimoine historique et mémoriel à l offre touristique essentiellement basée sur les sports d hiver, 20 Sur le travail des gestionnaires de la Grotte de la Luire avec les acteurs du tourisme rhônalpin, voir l article La Grotte de la Luire cherche à séduire [en ligne]. Disponible sur Internet : < ( ) 21 Voir le site Internet de Séquence Nature Rhône-Alpes : < (Consulté ). 54

55 - la présence du Parc naturel régional du Vercors qui, dès sa création en 1970, a mêlé intimement la culture à la nature. En 1984, le Pnr du Vercors met en place une enquête d opinion pour connaître la notoriété et l image du Vercors. Les résultats le confortent dans son travail d association des thématiques : 82% personnes interrogées disent avoir déjà entendu parler du Vercors parmi lesquelles 52% y voient un lieu où la nature est préservée et 51% y voient un haut lieu de la Résistance 22. Le Pnr du Vercors, gestionnaire du Mémorial de la Résistance de Vassieux-en-Vercors, a lancé un nouveau projet pour améliorer la visibilité du maquis du Vercors et des lieux de mémoire de la Résistance. Dans son Projet pour l aménagement et la coordination du mémorial et du musée de la Résistance 23, daté de juin 2003, le Pnr du Vercors rappelle bien le choix d associer la thématique de la mémoire de la Résistance à d autres propositions de séjour, «l articulation entre des prestations différentes mais complémentaires : artistiques, sportives, culturelles» 24. Il va même plus loin, dans sa nouvelle charte courant de 2008 à 2020, en associant clairement dans ce texte fondateur les équipements des lieux de mémoire et le tourisme : «la gestion des équipements muséographiques et de mémoire, propriété du Parc, et leur intégration dans une stratégie de développement touristique et culturel à l échelle du massif et de la région» 25. Le maire de Valchevrière (Isère), commune détruite en partie par les soldats allemands en août 1944 et laissé en l état, a choisi de travailler à raviver la mémoire de la Résistance tout en l incorporant dans une mémoire plus large, celle des savoir-faire artisanaux, de la vie quotidienne des paysans au XIX e siècle et au début du XX e siècle. Pour mettre en valeur ce passé, dont la Résistance est une des composantes, un écomusée a été construit. - L utilisation des outils et des compétences des acteurs du tourisme Cette insertion du tourisme de mémoire et de certains de ses lieux de visite a été réalisée avec l intervention des acteurs traditionnels du tourisme. La Mission d Ingénierie de 22 Voir VERGNON Gilles. Le Vercors : Histoire et mémoire d un maquis. Paris : Editions de l Atelier / Editions ouvrières, Paris, 2002, p Projet consultable sur Internet à la page < index.php?method =section& id = 181> (consulté le ). 24 Parc Naturel Régional du Vercors. Projet pour l aménagement et la coordination du mémorial et du musée de la Résistance. Juin 2003, p PARC NATUREL RÉGIONAL DU VERCORS La charte du Parc du Vercors. 2008, p.28 [en ligne]. Disponible sur Internet : < (consulté ). 55

56 Rhône-Alpes Tourisme a été sollicitée par les gestionnaires de la Grotte de la Luire pour repenser son positionnement marketing 26 : «En septembre 2006, le jeune couple de gestionnaire, Daphné Thomas et Cyril Brun, a repris la grotte. ( ) Comme l ont fait d'autres cavités touristiques de Rhône-Alpes, ils ont entamé une réflexion pour la création d'un projet de site en se posant un certain nombre de questions qu'ils ont souhaité soumettre au groupe de travail dont font partie la MITRA et d autres partenaires, comme le CDT de la Drôme, le Parc naturel régional du Vercors et le CDRA Royans - Vercors ; l objectif étant de les accompagner à repositionner le site pour renouer avec une fréquentation plus importante.». Ce repositionnement est intervenu de différentes manières : une modification de l offre proposée par les gestionnaires, une valorisation de l éco-responsabilité de la gestion du site et le renouvellement de l image de la Grotte de la Luire. La dilution de la thématique mémorielle dans une mise en valeur plus générale de la grotte s est accompagnée d une diversification de l offre qui, auparavant, était réduite à la visite du lieu de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale, sans mettre véritablement en avant les richesses géologiques du site. Ainsi, les nouveaux gestionnaires ont créé un éventail d offres plus variées, avec des personnes cibles différentes. Par exemple, pour plaire aux personnes éprises de curiosités géologiques, des parcours de spéléologie sont proposés, de même que des visites découvertes de la faune avec observation de chauve-souris ou des visites thématiques. Pour coller aux attentes des visiteurs, certaines visites sont guidées uniquement à la bougie et sont accompagnées d un spectacle son et lumière à l intérieur de la grotte. Enfin, au mois de juin, chaque année, le festival «Festiluire» permet au site d accueillir des concerts, des projections, des stands de démonstration et des panneaux d expositions sur des thématiques variées. Néanmoins, les gestionnaires ont aussi adapté leur offre aux touristes venus spécialement pour le lieu de mémoire, situé à l entrée du porche, et proposent donc en 2010 une visite «Résistance» en expliquant l utilisation spécifique et le rôle des espaces naturels, forêts, grottes, abris sous roche pendant la Seconde Guerre Mondiale. Cette visite répond à la situation spécifique du porche qui ne rentre pas dans les prérogatives de gestion de la grotte et qui a été valorisé de manière anarchique par l ensemble des acteurs mémoriels du territoire. 26 Voir la note n 20, idem. 56

57 Le repositionnement a ainsi impliqué une modification de la communication de la Grotte de la Luire. De lieu de mémoire, le site est devenu un lieu éco-responsable, en accord avec les enjeux environnementaux actuels. Une exploitation durable du site a été mise en avant avec l installation de toilettes sèches, de papier recyclé, de consommation d énergies renouvelables. Les bâtiments d accueil sont en bois, rappelant l architecture des chalets alpins. Des tables de pique-nique ont été installées, avec des poubelles permettant de limiter l impact des visiteurs et de leurs déchets sur l espace naturel. Cet engagement écologique apparaissait comme une suite logique de l adhésion à Séquence Nature. Le renouvellement de l image a aussi eu pour conséquence une modification de l ensemble des flyers proposés sur la Grotte de la Luire. Alors que les flyers des années précédentes mettaient en avant le lieu de mémoire, les dépliants distribués à partir de 2009 montrent des images de la grotte en tant qu espace naturel 27. Cette modification de l image se heurte à la conception de la grotte par les autorités dont la Direction régionale de l Environnement Rhône-Alpes (DIREN) qui produit des dépliants valorisant le site classé en tant que lieu de mémoire 28. Les lieux de mémoire de la Résistance de la région Rhône-Alpes doivent faire face à de nouveaux enjeux structurels, pédagogiques et touristiques. Les gestionnaires ont pris conscience rapidement des risques encourus par leurs structures et ont alors proposé des solutions de plus ou moins grandes ampleurs. Ces initiatives sont-elles suffisantes ou doiventelles être accompagnées par de nouvelles actions? Quel est donc l avenir des lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes? 27 Voir le flyer de la Grotte de la Luire en annexe n VI Voir le flyer de la DIREN sur la Grotte de la Luire en annexe n VI.2. 57

58 Partie 3 : Quel avenir pour les lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes? Pour permettre aux lieux de mémoire de rester des destinations attractives pour les visiteurs et les touristes, les gestionnaires doivent entamer un travail de rénovation des structures. Cette rénovation doit prendre en compte deux aspects fondamentaux : la revalorisation du pouvoir mémoriel des sites ainsi que l indispensable insertion des lieux de mémoire dans l innovation aussi bien technologique que stratégique. A. La valorisation du pouvoir mémoriel des sites Certains lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes ont choisi de mettre en avant le travail pédagogique, explicatif. De lieux de mémoire, ils sont parfois devenus lieux d histoire, faisant une place importante aux historiens et à la compréhension historique des visiteurs. Ainsi, certains sites ont abandonné, ou peut-être simplement mis de côté, leur caractéristique principale qui les différencie nettement de l ensemble des musées de la Résistance et de la Déportation : la valeur mémorielle de leur site. a) Les lieux de mémoire de la Résistance, avant tout des lieux du souvenir? Les lieux de mémoire de la Résistance sont situés sur des sites au lourd passé historique et mémoriel : zones de massacres, lieux de batailles entre les résistants et les soldats allemands, lieux d inhumations de corps de résistants, lieux de torture et d emprisonnement. Cependant, cette valeur mémorielle est-elle véritablement bien comprise par les visiteurs lors de leurs arrivées sur les sites? - Des lieux de commémorations : une remémoration continuelle L ensemble des lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes sont des supports pour les commémorations de la Seconde Guerre Mondiale. Les gestionnaires des lieux de mémoire participent aux commémorations de différentes manières. Ils peuvent organiser les

59 cérémonies avec les associations d anciens résistants et avec les ONAC, services départementaux du ministère de la Défense en charge de la mise en place des commémorations. Ils mettent aussi à disposition les lieux de mémoire, emplacements privilégiés des cérémonies, ainsi que les locaux d accueil des visiteurs pour recevoir les participants. Au Musée du XX e siècle d Estivareilles, une Salle d Honneur a été créée pour rappeler le souvenir des résistants de l Armée de la Loire et pour conserver les drapeaux commémoratifs utilisés pendant les cérémonies. Les cérémonies peuvent avoir lieu lors des anniversaires d événements nationaux mais aussi locaux. Par exemple, les associations d anciens résistants se retrouvent au plateau des Glières à la fin du mois de mars pour célébrer la bataille du 26 mars La dernière commémoration a eu lieu le 26 mars 2010, pour le 66 e anniversaire de la bataille, à la nécropole nationale de Morette, en présence d anciens résistants, d élus, d enfants et de la 1 e compagnie Glières du 27 e bataillon des chasseurs alpins d Annecy. Commémoration à la nécropole de Morette en mars 2010 Source : Les commémorations sur les lieux de mémoire sont un des facteurs de survie et de transfert du souvenir des événements de la Résistance et de la Seconde Guerre Mondiale. Elles renforcent la légitimité des lieux de mémoire qui apparaissent comme les lieux d une remémoration continuelle. - Des lieux aux lourds passés historiques Les lieux de mémoire sont devenus, pour la plupart, des lieux pédagogiques, pour expliquer des faits historiques aux visiteurs. Ce travail pédagogique est indispensable mais il est parfois, dans certains cas, devenu prioritaire au détriment de la valeur mémorielle des sites. Les lieux de mémoire sont des lieux du souvenir, où les traces des événements ont été sacralisées. Il semble parfois nécessaire de rappeler aux visiteurs la valeur et le pouvoir mémoriels des sites qu ils sont en train de visiter, pour les replacer dans une atmosphère de souvenirs parfois propice à la compréhension. Cette revalorisation du pouvoir mémoriel des lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes est d autant plus aisée que les sites sont 59

60 tous installés sur les lieux d événements dramatiques dont il reste parfois encore des traces dans le paysage. Le Musée départemental de la Résistance est situé, dans le village de Vassieux-en-Vercors, sur les lieux mêmes de l attaque aérienne qui détruisit quasiment entièrement le village. Les traces de la guerre ont été conservées : les vestiges d une carcasse de planeur allemand ayant atterri à proximité du village, des containers de munitions allemands encore dressés dans un enclos 1. Le CHRD est installé dans les anciens locaux de l Ecole du Service de santé militaire, réquisitionnés par la Gestapo à Lyon. En mars 1943, plusieurs sections de la Sipo-SD, dont la section IV de la Gestapo dirigée par Klaus Barbie, s installent dans les bâtiments. Ils deviennent alors les lieux d interrogatoire des prisonniers incarcérés à la prison de Montluc, dans le centre de Lyon. De lieux d interrogatoire, les bâtiments sont aussi devenus des lieux de torture et d exécution. Les parties supérieures des bâtiments ayant été bombardées en mai 1944 par les Alliés visant les infrastructures ferroviaires toutes proches et laissées libres par le déménagement des soldats allemands, elles ont été reconstruites pour permettre l installation du centre. Pourtant, la valeur mémorielle du site n est pas véritablement explicitée. Une plaque de verre à l entrée recouvre un trou noir qui plonge le regard du visiteur vers les caves du bâtiment, sans aucune véritable explication sur le choix muséographique opéré. Rapidement, une fois le début de l exposition permanente passé, les visiteurs ne ressentent plus le poids historique et mémoriel du lieu qui devient simplement une enveloppe d accueil pour le CHRD. - Des «lieux de sensibilité» : la sacralisation mémorielle des traces Ainsi, certains lieux de mémoire pourraient utiliser les traces de la Seconde Guerre Mondiale et des combats au sein même de leur parcours muséographique. Une trace matérielle de l époque en question, est toujours plus édifiante qu un texte sur un panneau ou un cartel. La trace crée une matérialité qui est plus difficilement accessible par le texte. Cette utilisation des traces a été mise en avant par certains sites qui ont compris son importance. Les gestionnaires ont donc créé «des lieux de sensibilité», des lieux de mémoire qui font appel à la sensibilité des visiteurs, par le biais des traces et de leur matérialité. 1 Voir la photographie en annexe n V.4. 60

61 Les différents lieux de mémoire du Site national historique de la Résistance se caractérisent ainsi par ce pouvoir mémoriel. Le devoir d histoire n a pas effacé certaines traces de la Seconde Guerre Mondiale et de ses événements. Lorsque les visiteurs découvrent ces lieux, ils en ressentent le poids historique et le pouvoir mémoriel. Ils sont restés des «lieux de sensibilité». Situé à proximité de Vassieux-en-Vercors, le village de Valchevrière, utilisé l été par les agriculteurs et occupé par des maquisards pendant la guerre, a été détruit et incendié par les soldats allemands en juillet Seule la chapelle, située en contrebas des habitations, a été laissée intacte. Les ruines ont été conservées en l état, débroussaillées et consolidées, les traces de l incendie toujours visibles sur les murs. Le Mémorial de Vassieux-en-Vercors a joué dans sa muséographie et sa scénographie sur le pouvoir mémoriel du site. L emplacement même du mémorial, au-dessus de la plaine d atterrissage des avions allemands en août 1944 et au-dessus du village de Vassieux-en- Vercors détruit quasiment entièrement a pour objectif de rappeler le drame. Pour quitter la dernière salle d exposition, les visiteurs doivent emprunter un corridor. Une des parois est recouverte de 840 feuilles de plomb fixées au mur et dans lesquelles ont été introduits, par des enfants, les noms des victimes des communes du Parc naturel régional du Vercors lors de la Seconde Guerre Mondiale 2. La fin de l exposition permanente emmène les visiteurs sur un belvédère panoramique où ils doivent ressentir, dans ce lieu, le poids de l histoire et des atrocités commises. Un Jardin du souvenir a été conçu par l artiste Emmanuel Saulnier, sur l ancien cimetière de Vassieux-en-Vercors 3, en face du Musée départemental de la Résistance ; sa destination originelle est encore signifiée par la présence de pierres tombales et de monuments funéraires anciens, placés contre les murs du jardin. L œuvre d Emmanuel Saulnier est un monument dédié aux soixante-treize victimes civiles des bombardements. Ainsi, soixante-treize lames de verre ont été érigées sur un parterre gazonné symbolisant par l emploi du verre la fragilité de la vie et l innocence des victimes. Sur le mur en marbre, les noms des victimes ont été inscrits, accompagnés par l inscription «Rester Résister». Le Musée de la Résistance, dans la nécropole nationale de Morette en Haute-Savoie, a conservé, dans la cave accessible de plain-pied par les visiteurs, l ensemble des croix de bois 2 Voir la photographie du corridor en annexe n IV.5. 3 Voir l œuvre d Emmanuel Saulnier en annexe n V.3. 61

62 installées sur les tombes et remplacées par des croix en bronze. Cette cave pourrait se confondre avec un espace sacralisé, une crypte. Les croix en bois sont adossées aux murs, quelques plaques funéraires ont été conservées alors qu une grande croix de Lorraine est posée au sol et fleurie régulièrement. Cave du musée de la Résistance Source : Photographie personnelle Il faudrait néanmoins s interroger sur la véracité de ce pouvoir mémoriel sur les habitants des lieux de mémoire. Il apparaît indéniable pour les touristes et les anciens résistants. Cependant, il semblerait que dans certaines zones très touchées par les combats et les destructions, tel que le Vercors, les habitants n acceptent pas ces traces de la guerre, conservées dans le paysage. En effet, Marie-Thérèse Têtu-Delage, socio-anthropologue, s est intéressée à la mémoire de la guerre chez les habitants 4. Elle démontre que les habitants sont réticents à se souvenir, préférant le silence comme mode de résilience collective 5. Ainsi, la conservation et l utilisation de traces suscitant le pouvoir de remémoration des lieux de mémoire n ont-elles pas été conservées uniquement pour les visiteurs du tourisme de mémoire? b) De nouvelles structures mémorielles : Montluc et la Maison Dugoujon La région Rhône-Alpes a vu la patrimonialisation et la valorisation de deux nouveaux lieux de mémoire qui doivent être inaugurés au cours du deuxième semestre de l année Malgré le poids des associations d anciens résistants et déportés, ces nouvelles structures revêtent un objectif politique primordial, sans toutefois être assorti des moyens financiers nécessaires. 4 Voir TÊTU Marie-Thérèse. Vercors et Résistance, un tournant mémoriel. Rapport de recherche, février 2006, Mission à l ethnologie - Ministère de la culture et de la communication - Direction de l'architecture et du patrimoine, 97p. [en ligne]. Disponible sur : < TETUDELAGE.pdf> (consulté ) 5 Sur le rôle des ruines pour la résilience collective, voir la conférence de LE BLANC Antoine. Conservation des ruines traumatiques en milieu urbain. Communication présentée dans le cadre du Séminaire Géographie et Résilience urbaine de l Ecole Normale Supérieure (11 février 2010, Ecole Normale Supérieure, Paris). 62

63 - La prison Montluc Le Fort Montluc a été construit à Lyon au début des années 1830, afin de servir de prison militaire. En 1921, le site a ensuite abrité une prison. En 1942, après l invasion de la zone libre par les soldats allemands, la prison est réquisitionnée pour permettre l incarcération de prisonniers français dont, entre autres, Jean Moulin après son arrestation à Caluire. Alors que la prison est libérée le 24 août 1944, les prisonniers détenus sont fusillés par les soldats, sur l ordre de Klaus Barbie. Au total, environ personnes auront été incarcérées, torturées puis, pour la plupart, fusillées entre 1942 et En 1947, le fort devient une prison civile qui est finalement fermée en 2009, après le déménagement des prisonnières féminines vers de nouveaux lieux de détention. Premier étage de la prison Montluc Source : < Media= > Le projet de valorisation a été validé par le secrétaire d Etat à la Défense et aux Anciens combattants Jean-Marie Bockel en mars 2009 et certaines parties de la prison ont été inscrites le 25 juin 2009 au titre des Monuments Historiques. Une partie de la prison doit recevoir une valorisation particulière, pour rappeler le destin des prisonniers pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le projet de valorisation se concentre autour de plusieurs cellules ainsi que du mur des fusillés où les impacts de balle des exécutions sont encore visibles. En plus de la création d un lieu de mémoire, la prison doit recevoir des locaux administratifs de l université Lyon III et des logements étudiants. Le chantier de restauration, la mise en sécurité des locaux et la valorisation sont financés, en partie, par l Etat, dans le cadre du plan de relance qui apporte euros. Les travaux de reconversion ont commencé en mai 2010 pour permettre une inauguration entre le mois d août et le mois de septembre Un comité de pilotage a été mis en place avec, à sa tête, le procureur général de la cour d appel de Lyon, Jean-Olivier Viout qui était le substitut général pour le ministère public lors du procès de Klaus Barbie. Il comprenait aussi des représentants des associations de résistants et de déportés, de la DRAC Rhône-Alpes et de l ONAC Rhône. Le projet de valorisation se veut sobre, pour faire des cellules un lieu du souvenir et de recueillement. Grâce à un 63

64 entretien avec le directeur de l ONAC du Rhône, Philippe Rivé, il est possible d esquisser les grandes lignes du projet 6. Dix panneaux seront installés pour permettre une recontextualisation de l histoire de la prison. Trente-six cellules recevront un panneau racontant la vie et l expérience d un prisonnier détenu à Montluc. Le comité de pilotage a choisi avec soin les différents portraits afin de montrer la diversité des parcours des détenus. La prison de Montluc n était pas destinée à l incarcération d une catégorie précise de prisonniers mais recevait l ensemble des personnes arrêtées par la Gestapo à Lyon et dans la région lyonnaise, aussi bien des résistants que des prisonniers juifs ou les enfants d Izieu. Deux cellules spécifiques sont destinées à recevoir des panneaux explicatifs sur Jean Moulin et Klaus Barbie qui, de manière symbolique, a été enfermé à la prison pendant son procès. - La Maison Dugoujon La Maison Dugoujon est située à Caluire, dans la banlieue lyonnaise. Cette maison, louée par le docteur Dugoujon, accueillit le 21 juin 1943 une réunion des principaux chefs de la Résistance dans la zone sud. Du fait d une négligence ou d une traîtrise, la réunion fut interrompue par la Gestapo et l ensemble des participants capturés. Jean Moulin, amené à la prison Montluc, fut interrogé et torturé par Klaus Barbie avant d être transféré au siège de la Gestapo à Paris. La Maison du docteur Dugoujon Source : La patrimonialisation de la Maison Dugoujon est assez récente, peut-être du fait du mystère et des rumeurs de traîtrise entourant l arrestation de Jean Moulin et a connu plusieurs étapes : - l inscription de la maison à l Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1990, - le rachat de la maison en juin 2000 par le conseil général du Rhône dans l objectif de la transformer en lieu de mémoire, 6 Voir la retranscription de l entretien dans le dossier d outils méthodologiques. 64

65 - la mise en place d une statue de Jean Moulin, en face de la maison, sculptée en bronze par l artiste Christiane Guillaubey qui a représenté Jean Moulin, avec son écharpe et son chapeau, debout regardant l entrée de la maison et enserré entre des piliers. Statue de Jean Moulin Source : La Maison Dugoujon doit devenir le Mémorial Jean Moulin dont l ouverture est prévue pour le 21 juin 2010, date de l anniversaire de l arrestation. La maison a été transformée pour retrouver son style et sa décoration de 1943, lors de l arrestation de Jean Moulin. Le département a reçu le soutien financier de la Fondation Crédit Agricole «Pays de France» mais a été obligée de revoir son projet de travaux à la baisse du fait de leurs coûts financiers élevés. Le sous-sol de la maison doit être aménagé en espace multimédia permettant de diffuser des montages audiovisuels, avec des pupitres pour la consultation de documents et de photographies. Le rez-de-chaussée retrouve sa fonction initiale avec la restitution à l identique du bureau du docteur Dugoujon et de la salle d attente. Les visiteurs pourront écouter des témoignages audio tout en regardant des portraits des participants de la réunion de Au premier étage, où étaient installées la salle à manger et la chambre, des photographies d époque et des documents historiques sonorisés mettront fin à l exposition. - L avenir de ces nouveaux lieux de mémoire L avenir de ces deux nouveaux lieux de mémoire reste encore en suspens quelques mois avant leurs inaugurations. Des questions se posent encore sur l amplitude de leurs ouvertures ou, pour la prison Montluc, sur l identité de son prochain propriétaire à la fin de l année L avenir de ces lieux de mémoire passe par leur inscription physique dans l ensemble des sites de la Seconde Guerre Mondiale de la région lyonnaise. Cette inscription physique passe par la réalisation de documents explicatifs, d insertion sur les cartes des lieux culturels ou dans les annuaires des acteurs culturels. Elle peut aussi prendre la forme de visites guidées organisées soit par le CHRD, de manière exceptionnelle sur demande ou lors des Journées Européennes du Patrimoine, soit par l Office du tourisme de la ville de Lyon. Ainsi, le CHRD, dans le cadre d une exposition sur Jean Moulin, a proposé un dossier, à destination du 65

66 public scolaire, pour visiter plusieurs sites aussi bien à Lyon que dans la banlieue lyonnaise. Ce dossier, téléchargeable sur Internet 7, fait le lien entre les deux nouvelles structures mémorielles et les sites déjà existants - le CHRD, les monuments commémoratifs - du quartier de Perrache, à la Presqu île, les pentes de la Croix-Rousse et ses traboules, la Maison Dugoujon de Caluire et finalement la prison de Montluc. Néanmoins, ces lieux de mémoire vont-ils devenir des structures culturelles pérennes? Plusieurs incertitudes pèsent encore sur ces deux structures alors que les inaugurations sont prévues pour l été La prison Montluc est peut-être la structure la plus précaire. En effet, à la fin 2010, la propriété des bâtiments par le ministère de la Justice (par le biais de France domaine) va changer sans savoir qui en sera le nouveau bénéficiaire : l Etat par le biais du ministère de la Culture et de la Communication avec une gestion par la DRAC Rhône-Alpes, la ville de Lyon avec une gestion par le CHRD. Les solutions sont nombreuses et chacune entraînant des modifications importantes pour l avenir du projet, d autant plus que les horaires d ouverture et leur amplitude n ont pas encore été décidés. La prison Montluc ne peut, de toute manière, être ouverte qu à un nombre restreint de visiteurs du fait de l exiguïté des locaux (15 personnes peuvent être admises, en même temps, au second étage selon les consignes de sécurité). La prison sera-t-elle uniquement ouverte lors des Journées du Patrimoine ou lors d événements exceptionnels comme des cérémonies commémoratives? Dans ce cas précis, la mise en tourisme de la prison Montluc et son insertion dans l offre touristique de la ville de Lyon ne sera pas évidente. Surtout, les investissements financiers pour la valorisation du site ne pourront pas être remboursés, l action de valorisation étant alors uniquement un acte politique qui ne pourra pas déboucher sur une utilisation culturelle et touristique de plus grande ampleur. L avenir de ces deux nouveaux lieux de mémoire reste encore en suspens quelques mois avant leurs inaugurations. Les lieux de mémoire, malgré des constructions nouvelles suscitant de l intérêt, ont besoin d innover pour paraître toujours intéressants aux yeux des visiteurs. 7 Parcours Jean Moulin, réalisé et proposé par le service des publics du CHRD, téléchargeable sur Internet : < (consulté ). 66

67 B. L innovation indispensable dans les lieux de mémoire Les lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes, mais plus généralement en France, doivent évoluer alors que les derniers témoins disparaissent et que les nouvelles générations se désintéressent de l histoire de la Seconde Guerre Mondiale. Face à cette inadéquation entre leur discours scientifique ou muséographique et les attentes des publics, les lieux de mémoire doivent innover pour intéresser et attirer de nouveaux visiteurs. a) La valorisation des témoignages oraux L innovation passe tout d abord par la collecte des témoignages des derniers résistants, de leur valorisation et de leur utilisation au sein même des lieux de mémoire. Les témoignages enregistrés deviennent ainsi des outils d histoire et de pédagogie. - L avènement de «l ère des témoins» 8 La mémoire de la Seconde Guerre Mondiale, de la Résistance et, surtout de manière plus spécifique, de la Shoah est passée, à partir des années 1950, par «l avènement des témoins» 9. La parole est apparue le moyen le plus efficace pour rétablir la vérité et entamer un temps de deuil. Ce pouvoir de la parole a pris toute son ampleur lors des grands procès de l aprèsguerre en Allemagne et, plus tardivement en France. La parole des témoins s est libérée alors que la population ressentait un besoin social de l entendre. Dans la région Rhône-Alpes, l événement fondateur, participant au réveil de la mémoire de la Résistance, est l organisation du procès de Klaus Barbie en mai 1987, à Lyon. Chef de la Gestapo à Lyon, surnommé le «boucher de Lyon» du fait de la cruauté de ses méthodes d interrogatoire, il est le premier homme jugé en France pour crimes contre l humanité et condamné à la prison à vie. Le procès s est appuyé sur de nombreux témoignages d anciens résistants, de déportés conférant à leurs paroles un devoir de mémoire. Le procès Klaus Barbie a permis à l ensemble des résistants de la région Rhône-Alpes de trouver une place dans la mémoire de la Seconde Guerre Mondiale en la réactualisant. Evénement fondateur, le procès de Klaus Barbie a été suivi par ceux de Paul Touvier, chef de la milice lyonnaise condamné en 1994, et de Maurice Papon, ancien secrétaire général de la préfecture de Gironde sous le gouvernement de Vichy condamné en Cf. au titre d un ouvrage d Annette Wieviorka. Voir WIEVIORKA Annette. L ère du témoin. Paris : Hachette, 2009, 184 p. 9 WIEVIORKA Annette. L ère du témoin. Paris : Hachette, 2009, p

68 - Le travail de collecte et de valorisation des témoignages oraux Très rapidement après le procès Barbie, quelques lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes ont compris l importance de collecter les témoignages des derniers résistants pour les utiliser au sein de leurs espaces muséographiques. Le CHRD de Lyon a été pionnier dans le domaine de la collecte des témoignages oraux 10. Après le procès Barbie, la municipalité a souhaité pérenniser l écoute des parties civiles venues témoigner tout au long du procès. Depuis les années 1990, la municipalité a voté des crédits pour mener une grande opération d interviews filmés de témoignages. Les témoins ont été choisis par des listes d associations lyonnaises d anciens résistants et après un appel aux témoignages lors de l inauguration du CHRD en Le travail de collecte n est plus systématique mais il est de nouveau réalisé lors de la mise en place d expositions temporaires ; la dernière campagne a permis l enregistrement des témoignages des femmes de prisonniers de guerre. En 2010, près de 750 témoignages filmés sont conservés au CHRD et une dizaine sont accessibles sur le site Internet du CHRD 11, grâce à leur transfert sur un support numérique. L utilisation des témoignages enregistrés dans les expositions permanentes des lieux de mémoire prend différentes formes. Au Mémorial de Vassieux-en-Vercors, un espace est dédié uniquement à l écoute des témoignages des anciens résistants du maquis du Vercors et des témoins des événements de juillet Les visiteurs ont à leur disposition des casques audio leur permettant de se déplacer dans un corridor et d écouter toute une série de témoignages, tout en observant la configuration du Vercors à travers de petites lucarnes. Espace d écoute des témoignages au Mémorial Source : < visite/sallec.html> 10 Cf. à la conférence de Chantal Jorro et de Catherine Dupré sur la collecte des témoignages oraux au CHRD de Lyon pendant la Journée d étude «Comment utiliser le témoignage dans une activité et un projet muséographique?» organisée au CHRD de Lyon le 30 septembre Pour visionner des extraits de quelques témoignages, voir le site Internet du CHRD de Lyon : < lyon.fr/chrd/sections/fr/ressources_historiqu/temoignages> (Consulté ). 68

69 Au CHRD de Lyon, une salle permet la diffusion des extraits du procès Barbie, grâce à l autorisation exceptionnelle du tribunal de grande instance de Paris. D autre part, l ensemble des témoignages collectés peuvent être visionnés au centre de documentation. La valorisation des témoignages passe aussi par leur utilisation lors de la création d expositions temporaires ou de manifestations ponctuelles. De plus, les lieux de mémoire ont choisi d ouvrir leurs sites à de nouveaux témoins. Pendant longtemps, les seuls témoins invités dans les lieux de mémoire de la Résistance étaient des résistants connus et reconnus. Néanmoins, face à leur disparition, les gestionnaires des sites ont fait appel à de nouvelles catégories de témoins, non sans opposition de la part des témoins traditionnels : les enfants cachés, les personnes ayant refusé le Service de Travail Obligatoire (STO). Cette arrivée de nouveaux témoins a donc entraîné des changements au sein même des lieux de mémoire qui se sont ouverts à de nouvelles formes de résistance, non plus active mais passive et ont réinscrit la figure traditionnelle du Résistant dans un tout plus global, celui de la Résistance Les témoignages dans l exposition : intérêts, usages futurs et précautions Les lieux de mémoire de la Résistance sont confrontés à la disparition des témoins qui venaient régulièrement exposer leur vie et expérience dans le mouvement résistant pendant la Seconde Guerre Mondiale. Les gestionnaires des sites de Rhône-Alpes ont appuyé leur discours scientifique et leur travail pédagogique sur ces témoignages, la présence physique des témoins. Ils doivent ainsi remettre en cause leur méthode d exposition et trouver de nouveaux modes pour valoriser les témoignages oraux enregistrés et rendre vivants les récits des anciens résistants. L utilisation presque systématique des témoignages dans les lieux de mémoire de la Résistance s explique par leur valeur pédagogique auprès de l ensemble des visiteurs mais surtout auprès des jeunes générations. Le témoignage oral permet de créer «une spatialité dynamique commune» 13 aux témoins et aux visiteurs. En effet, certains témoins parlent de lieux, de noms de rue, de traditions ancrés dans un territoire, une ville que les visiteurs connaissent parfois. En créant «un espace partagé» 14, un espace avec lequel les visiteurs sont familiers, les témoins favorisent une meilleure compréhension du témoignage et produisent 12 Ce sujet a été abordé lors de la Journée d étude «Comment utiliser le témoignage dans une activité et un projet muséographique?» au CHRD de Lyon le 30 septembre Terme utilisé par Florence Descamps pendant la Journée d étude au CHRD de Lyon le 30 septembre Voir supra, idem. 69

70 une relation d intimité. Lors d une intervention au cours d une Journée d étude au CHRD en septembre 2009, Marie-Claire Bonnefoux, étudiante en Master de sociologie, a aussi fait remarquer l importance de l objet, lors d un témoignage, dans le but d accompagner le récit. Certains témoins, en montrant des objets, des photographies, des cartes qui leurs appartiennent, aident à projeter l histoire dans une réalité matérielle. Les visiteurs, par leur imagination, confèrent à l objet du sens qui devient une porte d entrée dans le récit du témoin. Les gestionnaires s interrogent donc sur la manière de rendre présents les témoins, autrement que par une présence physique et des témoignages enregistrés ou que par des extraits de vidéo, tout en conservant les valeurs pédagogiques. Le rappel des témoins peut aussi passer par l exposition d objets personnels qui facilitent l identification du visiteur avec le témoin. La Cité Nationale de l Immigration utilise ainsi les objets de manière métonymique : un objet, une personne, un parcours de vie. Dans la première salle d exposition, des tubes en verre contiennent des écrans de télévision où passent en boucle les témoignages d immigrés, des objets et des photographies illustrant leur arrivée en France. Une galerie des dons a aussi été créée : des personnes peuvent offrir un objet qui les représente, qui symbolise leur arrivée en France et rédiger un texte sur leurs expériences. Le Musée du XX e siècle d Estivareilles réutilise le même principe dans sa Salle d Honneur de l Armée Secrète de la Loire. Des écrans vidéo sont installés sur des pupitres permettant à des photographies de l Armée Secrète de défiler. Chaque pupitre représente un secteur d actions de l Armée Secrète, avec un panneau d explications et un objet appartenant à un des résistants de chaque secteur. Muséographie de la Salle d Honneur Source : Musée du XX e siècle d Estivareilles Le CHRD de Lyon a ainsi proposé une solution avec l exposition Visages (du centre) d histoire. Portraits de témoins qui a eu lieu du 29 janvier au 30 août Dans le cadre de cette exposition, le photographe Frédéric Bellay a pris en photo l ensemble des 28 témoins actifs au CHRD (5 témoins sont décédés entre les prises de vue et le mois de septembre 70

71 2009), lors des ateliers pédagogiques par exemple. La commande du CHRD était très explicite, voulant signifier la dette du Centre envers les témoins : «afin de rendre hommage à l engagement de ces bénévoles et de garder trace de l extraordinaire synergie existant entre le Centre d Histoire et ces porteurs de mémoire» 15. Les photographies pourront peut-être être utilisées de nouveau, lors de la transformation des salles d exposition permanente, accompagnant des extraits d enregistrement audio. Cette association complémentaire de différents médias permettrait de conférer aux sons une matérialité plus importante en encourageant une identification des visiteurs aux témoins absents physiquement. Toutefois, cet appui du discours scientifique des lieux de mémoire sur les témoignages demande des précautions d usage. En effet, le témoignage est une reconstruction de la mémoire et donc pas directement un objet d histoire. Pour le devenir, le témoignage doit passer par le crible de l analyse historique et méthodologique. Annette Wieviorka explique ainsi le danger du témoignage : «Le témoignage, surtout quand il se trouve intégré dans un mouvement de masse, exprime, autant que l expérience individuelle, le ou les discours que la société tient, au moment où le témoin conte son histoire, sur les événements que le témoin a traversés.» 16. Cette subjectivité s explique aussi par la distanciation temporelle entre le témoignage et les événements de la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi, le témoignage doit être inséré avec précaution dans l exposition permanente et dans les ateliers pédagogiques. Il demande une explication, un travail de médiation en amont pour comprendre toute sa complexité. Le témoignage est perçu comme un des outils les plus utiles et efficaces pour faire comprendre le mouvement de la Résistance et les événements de la Seconde Guerre Mondiale. Il peut prendre plusieurs formes (orales, matérielles) mais il doit accompagner le discours scientifique pour faciliter la compréhension des visiteurs. Cependant, le témoignage n est pas suffisant ; les gestionnaires des lieux de mémoire de la Résistance doivent rechercher de nouveaux outils de présentation et de compréhension. Les lieux de mémoire sont donc forcés d innover, de valoriser la matière brute que représentent les enregistrements de témoignages. Les expositions permanentes doivent utiliser 15 Voir CHRD. Dossier de presse de l exposition Visages (du centre) d histoire. Portraits de témoins. Lyon : CHRD, 2009, p.3. Disponible sur Internet : < visages_temoins/dp%e9dagovisages_du_centre_d'histoire.pdf> (consulté ). 16 Voir WIEVIORKA Annette. L ère du témoin. Paris : Hachette, 2009, p

72 de nouveaux outils, en accord avec le sérieux historique et les nouveaux principes de muséographie moderne. b) La recherche de nouveaux outils de présentation et de compréhension Les gestionnaires des lieux de mémoire de la Résistance doivent se poser une question primordiale pour le futur de leurs institutions : comment rendre intelligibles, par tous, les situations historiques d un point de vue muséal et en respectant les coûts financiers des maîtres d œuvre? Plusieurs préconisations peuvent être faites : utiliser les témoignages audiovisuels dans les expositions permanentes, créer des outils pédagogiques pour recontextualiser la période de la Seconde Guerre Mondiale et le combat de la Résistance, immerger les visiteurs dans une atmosphère qui les plongent directement dans la période exposée grâce, entre autres, à l utilisation de nouvelles technologies. - Des outils pédagogiques de recontextualisation historique La rupture cognitive des lieux de mémoire et de leur exposition permanente avec les jeunes générations obligent les gestionnaires à créer de nouveaux outils pédagogiques. Les enjeux sont importants : - recontextualiser les faits historiques développés dans l exposition permanente, - éviter le désintérêt progressif des visiteurs au cours de l exposition, - permettre l interrogation et la compréhension des visiteurs. Chaque lieu de mémoire de la Résistance doit adapter son discours scientifique aux connaissances de chaque public. Il est donc important de mettre en place plusieurs niveaux d exposition dont un niveau de lecture (voire deux niveaux) pour les enfants et les adolescents. Ce niveau de lecture pour les jeunes générations doit pouvoir être accompagné soit d un audioguide au parcours distinct, soit de documents pédagogiques spécifiques selon les âges : un document de visite avec des questions simples sous une forme ludique pour les plus jeunes, des documents plus développés pour les adolescents avec des références au programme scolaire pour resituer l exposition et le lieu de mémoire dans un contexte qu ils connaissent déjà. Le discours scientifique ne doit pas non plus faire l impasse sur un travail de recontextualisation historique. Les visiteurs ont besoin de replacer la Seconde Guerre 72

73 Mondiale et la Résistance dans une vision historique d ensemble. Les gestionnaires devraient alors offrir une place plus importante à l explication de la période, de ses avant et après. Les textes scientifiques doivent être courts pour être lus entièrement par les visiteurs et simples, dans un esprit de synthèse. Ce travail pédagogique, une fois réalisé, peut être accompagné d autres méthodes pour améliorer la compréhension des visiteurs. - L immersion des visiteurs De plus en plus de musées historiques sont rénovés pour correspondre aux attentes des visiteurs. Dans un monde de loisirs, la visite d un musée ou d un lieu de mémoire ne peut plus uniquement être une marche entre des panneaux d informations et des objets présentés 17. Cependant la difficulté des gestionnaires et des muséographes réside dans la conception de nouvelles présentations qui doivent rendre la mémoire vivante à des touristes venus dans des lieux de mémoire dans un cadre de loisir, sans mettre à mal l Histoire. Plusieurs lieux de mémoire et musées de la Seconde Guerre Mondiale ont recours à des procédés muséographiques transportant les visiteurs dans la période, dans l atmosphère. Cette immersion des visiteurs permet de créer de l entertainment et de placer les visiteurs dans une logique d apprentissage historique grâce aux émotions. Faire ressentir des émotions aux visiteurs facilite une identification et une compréhension de la situation historique. Le lieu de mémoire devient le lieu d une expérimentation sensorielle. Deux exemples sont caractéristiques de cette nouvelle tendance muséographique et pédagogique : la citadelle de Bitche en France et le War Imperial Museum de Londres. La citadelle de Bitche 18 est située dans le département de la Moselle. Construite par Vauban, elle connaît ses jours de gloire pendant la guerre franco-prussienne de 1870, assiégée pendant plus de 200 jours par une armée de soldats bavarois. Gérée depuis 1960 par la commune, la citadelle a fait l objet d importants travaux de restauration et de mise en tourisme entre 2004 et En 2006, un parcours cinématographique dans les souterrains a été créé, plongeant les visiteurs dans la garnison de la fin du XIX e siècle. Le parcours est une véritable immersion pour les touristes : un texte est diffusé à trois voix (un narrateur, un témoin avec des récits 17 MEYER Marcel. Les animations à caractère historique dans les sites touristiques. In CAILLET Elisabeth (dir.). La nouvelle Alexandrie. Colloque sur les musées d ethnologie et les musées d'histoire, Paris, mai 1992 / organisé par le Collège International de Philosophie et la Direction des Musées de France. Paris : Ministère de la Culture et de la Francophonie, Direction des musées de France, Les Cahiers de Public et Musées, 1992, pp Site Internet de la citadelle de Bitche : < (consulté ). 73

74 issus de mémoires et de lettres et le commandant pendant la guerre), des bruitages sont répercutés par des haut-parleurs, des images d archive sont projetées par des diaporamas et des odeurs sont diffusées pour évoquer les lieux visités. Le War Imperial Museum 19 de Londres est un musée couvrant l histoire de la Grande- Bretagne et du Commonwealth au cours d une période allant de la Première Guerre Mondiale aux années Le musée a fait le choix de plonger ses visiteurs dans l atmosphère de la guerre tout d abord en revivant la vie d une tranchée, puis les attaques aériennes pendant le Blitz londonien. Le visiteur marche ainsi dans une tranchée alors que des bombes explosent, que des soldats sont en train de mourir et que les communications deviennent de plus en plus difficiles. Pour revivre le Blitz, le visiteur est convié à s installer dans une petite salle où il entend les déflagrations des bombes ou les sirènes d alerte et ensuite à en sortir pour découvrir une rue en ruines 20. Ces animations sont parfois regardées par les historiens et les gestionnaires des lieux de mémoire en France comme des outils de distraction, sans aucun rapport avec l histoire et la transmission d informations historiques. Dans une interview à la revue Art press, Annette Becker, historienne des deux guerres mondiales, raconte sa visite de l Imperial War Museum : «( ) de nouvelles expositions venaient d être inaugurées : une tranchée de la Grande Guerre, une rue de Londres pendant le Blitz. La tranchée : reconstituée avec intenses odeurs de désinfectant, hémoglobine, sons du canon On s y croyait dans un Disneyland des horreurs.» 21. Néanmoins, cette immersion permet de rapprocher les mémoires des différentes générations de visiteurs, de faire comprendre les émotions. Serge Tisseron, docteur en psychologie, explique les avantages de ces immersions muséographiques : «Le travail de mémoire sur la guerre n avancera pas à coup d odeur de chair pourrie. En revanche, il est essentiel que le corps du spectateur soit engagé dans l exploration de l histoire et de la mémoire. ( ) Il ne faut pas dissocier dans le musée registre émotionnel et registre cognitif, (...) le parcours muséal (doit pouvoir) prendre chaque spectateur là où il en est de sa mémoire personnelle et 19 Site Internet du War Imperial Museum : < (consulté ). 20 WAHNICH Sophie. Transmettre l effroi, penser la terreur. Les musées d une Europe déchirée. Gradhiva, Musée du quai Branly, n 5 nouvelle série, 2007, pp Disponible sur Internet : < (consulté ). 21 BECKER Annette. Interview : 39-45, 14-18, aller-retour. Art press, n 215, juillet-août 1996, p

75 de sa mémoire familiale afin de l introduire, progressivement, à une vision plus large de l histoire.» 22. L immersion des visiteurs peut passer dans les lieux de mémoire par des period room qui sont des reconstitutions de pièces d époque ; le CHRD utilise déjà ce système sans en tirer pourtant un effet maximum. Elle est aussi créée par des visites sensorielles, utilisant l ensemble des sens des visiteurs. Généralement, les lieux de mémoire utilisent l ouïe en diffusant des musiques, des discours politiques mais plus rarement des sons ou bruitages pour replacer les visiteurs dans une atmosphère sonore spécifique. L odorat est peut-être le sens le moins utilisé pourtant les odeurs, dont la diffusion ne demande pas un système technique trop compliqué, permettent de provoquer des émotions facilement. Pour l avenir, les lieux de mémoire devraient considérer l immersion des visiteurs comme un des concepts de base de leurs nouvelles muséographies. Tout en correspondant à la réalité historique, l immersion facilite l identification et l apprentissage des visiteurs. Elle peut aussi être accompagnée et renforcée par l utilisation des nouvelles technologies. - L utilisation des nouvelles technologies Les nouvelles technologies sont déjà utilisées dans les lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes, comme par exemple, au CHRD où un film est diffusé sur un écran à 180. Néanmoins, le recours aux nouvelles technologies permet de répondre aux attentes particulières des visiteurs et de créer une atmosphère. Le Mémorial de Caen est l exemple le plus représentatif de ces nouveaux lieux de mémoire utilisant les capacités techniques des nouvelles technologies. Les lieux de mémoire peuvent intégrer des bornes informatiques permettant aux visiteurs de naviguer, selon leurs envies et curiosités. Les visiteurs auraient alors accès à de nouvelles informations qui ne seraient pas accessibles directement dans l exposition permanente. Les bornes permettraient de visualiser des témoignages, choisis selon des mots-clefs. Les nouvelles technologies facilitent l interactivité dans les expositions. Le visiteur n est plus passif et peut intervenir dans les expositions. Ainsi, la Cité Nationale de l Immigration a installé une cabine où les visiteurs peuvent enregistrer des souvenirs personnels ou familiaux en lien avec l immigration. Cette interaction pourrait être reprise dans les lieux de mémoire de la Résistance, selon les possibilités financières afin de créer du lien entre les institutions et les 22 Citation de Serge Tisseron reproduite par Sophie Wahnich. Voir la note n

76 visiteurs. Les lieux de mémoire peuvent aussi avoir recours à des films ou des projections d archives. Un des exemples est le cinéma circulaire à 360 d Arromanches 23, créé par le conseil régional de Basse-Normandie, sur une des plages du Débarquement allié. Lors de la Journée de la Mémoire, organisée en 2002 par l Union européenne, les participants ont ainsi résumé les nouveaux principes muséographiques des lieux de mémoire de la Shoah, transposables aux lieux de mémoire de la Résistance et basés sur une meilleure valorisation pédagogique et une immersion des visiteurs dans l émotion : «However, with the passing of years and the disappearance of eyewitnesses, the concept of the memorial has become too static to speak to new generations of visitors. Thus, while the earlier Holocaust museums were silent memorials or purely historiographic exhibitions, the more recent museums have adopted a narrative approach whose stated primary aim is to educate the public. These narrative museums present dramatic scenarios, which transform the visit into a cinematic, multi-media experience designed to achieve an optimal emotional impact. Furthermore, the transformation of the majority of Holocaust museums into centres of education places a heavy additional responsibility on these institutions.» 24. Même si les lieux de mémoire font évoluer leur muséographie, ce travail ne peut pas être complet dans une amélioration de la communication et de la promotion des sites. c) Le travail de communication et de promotion Les innovations indispensables aux lieux de mémoire de la Résistance en Rhône-Alpes ne concernent pas uniquement des transformations muséographiques mais aussi le travail de promotion et de communication. Pour stabiliser leurs fréquentations, les lieux de mémoire doivent se faire connaître auprès d un plus large public et sur une échelle géographique plus étendue. - L amélioration de la mise en réseau Actuellement, la mise en réseau des lieux de mémoire de la Résistance en Rhône- Alpes est uniquement scientifique et ne prend pas en compte l ensemble des gestionnaires des 23 Site Internet du cinéma circulaire d Arromanches : < (consulté ). 24 Journée de la mémoire : Actes du séminaire ministériel du 18 octobre p.68 [en ligne]. Disponible sur Internet : < E9e%20holocaauste%20(pdf)1.pdf> (consulté ). 76

77 sites. Pour ne pas se limiter à la thématique de la Seconde Guerre Mondiale, elle pourrait inclure, en plus des lieux de mémoire de la Résistance, des sites et des musées en lien avec la mémoire industrielle, la mémoire d autres guerres ou de communautés particulières. La DRAC Rhône-Alpes a déjà travaillé sur ce rapprochement des lieux de mémoire, mais aucune action concrète n a été mise en place. La DRAC a tout de même réalisé une première carte des lieux de mémoire de la région, rapprochant aussi bien la mémoire des guerres que la mémoire industrielle ou la mémoire d un grand homme et d une communauté. Carte des lieux de mémoire de la région Rhône-Alpes réalisée par la DRAC Source : < Une véritable mise en réseau, sur l ensemble du territoire régional, serait un atout pour tous les lieux de mémoire qui reçoivent en majorité un public régional. La mise en réseau de sites culturels revêt des atouts indéniables : - créer une offre culturelle et touristique plus lisible, - mutualiser les efforts financiers en matière de communication et de promotion, - faciliter le renvoi des visiteurs vers l ensemble des sites partenaires, - apparaître plus forts lors de démarchages de financements auprès des services culturels déconcentrés de l Etat ou d entreprises privées. La mise en réseau ne peut fonctionner que si l ensemble des lieux de mémoire s implique de la même manière en temps et en argent. Même si des sites structurants pour une zone géographique peuvent devenir des locomotives pour les autres lieux de mémoire, la mise en réseau doit être basée sur une égalité de tous au sein de la structure partenariale. 77

78 - La mise en place de nouveaux outils de communication Les lieux de mémoire pourraient être confrontés, dans un avenir proche, à une uniformisation de la typologie de leurs visiteurs et donc à une rupture avec les autres types de publics. Pour éviter cette fracture, ils doivent mettre en place de nouveaux outils de communication avec pour objectifs : - élargir leurs publics de visiteurs traditionnels, - se faire connaître dans la région mais aussi à une échelle nationale, - donner une image moderne de leurs institutions qui pourraient être victimes d une image diffusée un peu trop «vieillotte». L utilisation d un site Internet individuel et spécifique apparaît comme une exigence minimale. Aujourd hui, sur l ensemble des lieux de mémoire de la Résistance étudiés en priorité en région Rhône-Alpes, seulement deux lieux possèdent un site Internet individuel : le CHRD et le Mémorial de Vassieux-en-Vercors 25. La municipalité de Lyon a entrepris de créer pour l ensemble de ses musées municipaux des sites Internet individuels. Les deux musées les plus visités - le Musée des Beaux-Arts et le Musée d Art Contemporain - possédaient déjà leur propre site. Ils ont été complétés en l espace de deux ans ( ) par les sites des autres musées. Ainsi, le site du CHRD n a ouvert que récemment, au début de l année L appui des structures sur le site Internet est indispensable. L Internet est devenu un des outils privilégiés des touristes pour trouver des informations, se renseigner sur l actualité ou les événements culturels. Le site Internet permet donc aux lieux de mémoire de rester connecter avec ses visiteurs habituels mais aussi de gagner une visibilité nouvelle auprès des visiteurs potentiels. Il facilite aussi la diffusion de ressources historiques et pédagogiques en permettant le téléchargement de fiches explicatives ou des dossiers de découverte des expositions. D autre part, certains lieux de mémoire n hésitent plus à apparaître sur les nouveaux médias sociaux tels que Twitter pour le Mémorial de la Shoah ou sur Facebook pour le Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne (depuis la fin de l année 2008) ou, encore, le Mémorial d Auschwitz qui regroupe plus de amis. Les avantages sont multiples : rapidité et ampleur géographique de la diffusion des informations, nombre exponentiel de visiteurs. Les lieux de mémoire de la région vont devoir travailler avec ces nouveaux médias offerts par l Internet. En plus de limiter les coûts de communication et de promotion, ils permettent de toucher un public nouveau. 25 Site Internet du CHRD de Lyon : < (consulté ). Site Internet du Mémorial de la Résistance de Vassieux-en-Vercors : < (consulté ). 78

79 - Le travail avec les acteurs touristiques Jusqu à présent, les gestionnaires des lieux de mémoire publics ne se sont que peu attachés à travailler avec les acteurs du monde touristique. Les initiatives de coopération sont toutes le fait de gestionnaires privés, tels que les gestionnaires de la Grotte de la Luire, ou de syndicat mixte tel que le Parc naturel régional du Vercors. Evidemment, tous les lieux de mémoire de la Résistance sont référencés sur les sites Internet des Comités Départementaux du Tourisme et des Offices de Tourisme. Cependant, aucun site Internet des CDT de la région Rhône-Alpes ne propose un séjour ou un package comprenant une visite d un lieu de mémoire. Le CDT de la Drôme, où sont situés les différents sites du maquis du Vercors, ne met pas en avant un seul séjour en lien avec le tourisme de mémoire. L Office du tourisme de Lyon vend de nombreuses visites guidées sur des thématiques différentes (les traboules, les canuts, le stade de Gerland, l architecture contemporaine de la Cité internationale, et même les gargouilles des églises lyonnaises) mais aucune visite guidée n est prévue sur les différents lieux de mémoire lyonnais de la Seconde Guerre Mondiale. Néanmoins, ce travail basique de référencement des lieux de mémoire, sur les sites Internet touristiques, pourrait être dépassé pour mettre en place une véritable stratégie. Les acteurs du tourisme peuvent évidemment : - faire connaître les lieux de mémoire et diffuser leurs offres culturelles en offrant une page aux lieux de mémoire dans leurs guides touristiques et culturels et en apposant, dans leurs locaux, les affiches des expositions temporaires en cours dans les lieux de mémoire, - rechercher de nouveaux publics dont le public touristique qui n est pas majoritaire dans les lieux de mémoire de la région, en démarchant les tours opérateurs avec lesquels les offices du tourisme ont l habitude de travailler, - insérer les lieux de mémoire dans l offre touristique globale, en proposant des parcours guidés proposés ou des packages tout compris, - permettre aux offices du tourisme de devenir de nouveaux points de billetterie pour les lieux de mémoire. 79

80 Conclusion Quel est l avenir des lieux de mémoire de la Résistance en région Rhône-Alpes? Voilà une question qui se voulait dès le départ pessimiste, en envisageant un risque pesant sur le futur des lieux de mémoire. Pourtant, les lieux de mémoire sont nombreux sur le territoire de la région Rhône-Alpes : Lyon, capitale de la Résistance, Vassieux-en-Vercors, ville respectée en tant que compagnon de la Libération, les maquis du Vercors et du plateau des Glières. Des noms connus et reconnus pour avoir été les théâtres d opération de la guerre, de combats, de représailles, de torture et de meurtres de masse. Des noms signifiants un lourd passé historique qui résonne dans la mémoire collective ou, du moins, qui résonnait encore quelques années auparavant. Des lieux cités et honorés lors des grandes commémorations officielles. Le plateau des Glières est ainsi devenu le lieu de pèlerinage privilégié du président de la République, Nicolas Sarkozy, pour les cérémonies de la Seconde Guerre Mondiale. Effectivement, les lieux de mémoire de la Résistance se trouvent confrontés en 2010, près de 65 ans après la fin des combats de la Seconde Guerre Mondiale, à de nouveaux enjeux, à un tournant auxquels les gestionnaires doivent réagir pour ne pas voir les lieux de mémoire devenir des lieux sans mémoire et sans visiteur : - tout d abord, le passage d une gestion associative des lieux de mémoire à une gestion institutionnalisée, avec une prise en charge des lieux de mémoire et de leurs espaces muséographiques par les collectivités locales, municipalités ou départements, - la disparition des témoins avec des conséquences sur les structures, sur les discours muséographiques tenus dans les lieux de mémoire et sur la place perdue des témoins physiques à retrouver d une manière ou d une autre, - le tassement et l homogénéisation de la fréquentation des lieux de mémoire qui accueillent des plus en plus de scolaires et un public âgé essentiellement originaire de la région, - l obsolescence ou le vieillissement des muséographies et des discours scientifiques ayant besoin d être renouvelés et modifiés pour prendre en compte les nouvelles avancées historiographiques et techniques, 80

81 - les conséquences de la loi sur les collectivités locales qui va être votée au cours du deuxième semestre 2010 et qui risque d alourdir les finances des collectivités et donc peut-être réduire les financements prévus pour la culture. Les enjeux sont nombreux et les risques aussi, dont le principal est la perte de légitimité des lieux de mémoire à entretenir une mémoire en train de s éteindre. Pourtant, des solutions existent pour faire des lieux de mémoire de la Résistance des destinations culturelles et touristiques importantes dans l offre régionale. Ces solutions sont d autant plus envisageables que les lieux de mémoire revêtent encore aujourd hui un enjeu politique primordial pour les élus. En effet, la création et la gestion d un lieu de mémoire permettent aux élus de la République de revendiquer des valeurs ou des idées défendues par la Résistance lors de la Seconde Guerre Mondiale et de se placer comme les héritiers de courants politiques, tel que le gaullisme. Certains gestionnaires ont compris depuis le début des années 2000 la nécessitée d évoluer. Quelques lieux de mémoire ont alors entrepris un travail de rénovation. Les discours scientifiques ont été largement élargis pour prendre en compte d autres événements historiques que la Seconde Guerre Mondiale, d autres formes de résistance civique ou militaire que la Résistance française ou d autres figures de héros que les résistants. Les expositions temporaires ont permis de traiter de sujets d actualité et de diffuser au grand public les combats de peuples opprimés dans leurs pays. D autres solutions peuvent être proposées : renouveler les expositions permanentes, améliorer la communication et la promotion et, enfin, travailler avec les acteurs du tourisme. Ces solutions demandent des financements qui ne sont souvent pas disponibles même si certains exemples démontrent le contraire comme les travaux entrepris le conseil général de la Drôme pour rénover le Musée départemental de la Résistance de Vassieux-en-Vercors. Les lieux de mémoire sont contraints de faire évoluer leurs installations pédagogiques et muséographiques ainsi que de repenser leurs rapports avec les derniers témoins. De l argent est nécessaire pour innover et chercher des solutions. Les enjeux politiques liés aux lieux de mémoire représentent peut-être une clef dans le renouvellement des lieux de mémoire qui sont devenus des outils politiques aux mains des collectivités locales et l Etat pour diffuser des idées et des valeurs. 81

82 Est-il donc possible de parler d un tourisme de mémoire en région Rhône-Alpes? A la différence des régions du nord de la France, les acteurs culturels et touristiques n ont jamais envisagé les lieux de mémoire rhônalpins comme des destinations touristiques à part entière. Les lieux de mémoire sont considérés comme des lieux culturels avant tout. Une certaine réticence de certains gestionnaires envers les touristes et le tourisme de mémoire peut apparaître même quelques fois. Ainsi, la visite des lieux de mémoire fait partie de l offre du tourisme culturel, sans en être un secteur particulier. Le tourisme de mémoire est simplement une niche touristique. Même si le tourisme de mémoire ne connaît pas en région Rhône-Alpes une ampleur importante, la mise en tourisme des lieux de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale permet de conférer à certains territoires une visibilité accrue. Enjeu économique, l ouverture des sites aux visiteurs mobilise du personnel et favorise des retombées économiques induites. Enjeu pédagogique, les lieux de mémoire sont devenus des destinations privilégiées pour les sorties scolaires. Enjeu politique, les sites sont utiles aux hommes politiques désirant se placer dans l héritage des idées de la Résistance. Ainsi, la concordance de ces enjeux permet de dire que les lieux de mémoire seront toujours soutenus par les collectivités locales. Par contre, il est absolument nécessaire que les gestionnaires fassent prendre conscience aux élus de l absolue nécessité de moderniser les sites et d offrir une offre culturelle et touristique plus offensive. 82

83 Bibliographie I. Sources CONSEIL GENERAL HAUTE-SAVOIE. Histoire et patrimoine de Mémoire en Haute- Savoie. Document d'orientation à destination du Ministère de la Défense, du Conseil régional Rhône-Alpes dans le cadre des demandes de subventions concernant le réaménagement des sites du Plateau des Glières et de Morette. Annecy : Conseil général de la Haute-Savoie, 2003, 101 p. PARC NATUREL RÉGIONAL DU VERCORS. Projet pour l aménagement et la coordination du mémorial et du musée de la Résistance. Juin II. Bibliographie A. Outils bibliographiques et dictionnaires CENTRE RÉGIONAL DE DOCUMENTATION PÉDAGOGIQUE CHAMPAGNE- ARDENNES. Ressources documentaires : Histoire et mémoire des deux guerres mondiales et des conflits contemporains [en ligne]. Disponible sur : < memoire/ressources/default.htm> (consulté ) HUMBERT Jean-Marcel, DUMARCHE Lionel. Guide des musées d histoire militaire. Paris : Charles-Lavauzelle, 1982, 504 p. INSTITUT NATIONAL DU PATRIMOINE. Les musées de la Résistance et de la Déportation : les lieux de mémoire et les collections. Orientation bibliographique - Mars [en ligne]. Disponible sur : < bibliographies_en_ligne /Musees_ Resistance.pdf> (consulté ) JOLY Marie-Hélène, GERVEREAU Laurent. Musées et collections d histoire en France : guide. Paris : Association internationale des musées d histoire, 1996, 255 p. ODIT FRANCE. La fréquentation des sites et manifestations touristiques en France métropolitaine au cours des quinze dernières années par catégorie et par territoire [CD- Rom]. Paris : ODIT, B. Monographie BARCELLINI Serge, WIEVIORKA Annette. Passant, souviens-toi! Les lieux du souvenir de la Seconde Guerre Mondiale en France. Paris : Plon, 1995, 528 p 83

84 CARRIER Peter. Holocaust monuments and national memory cultures in France and Germany since 1989 : The origins and political function of the Vél d Hiv in Paris and the Holocaust Monument in Berlin. New York : Berghahn Books, 2005, 267 p. COMPÈRE-MOREL Thomas, JOLY Marie-Hélène (dir.). Des musées d histoire pour l avenir. Paris : Noêsis, 1998, 371 p. DOUZOU Laurent. La Résistance française : une histoire périlleuse. Essai d historiographie. Paris : Seuil, 2005, 365 p. VERGNON Gilles. Le Vercors : Histoire et mémoire d un maquis. Paris : Editions de l Atelier / Editions ouvrières, Paris, 2002, 256 p. C. Ouvrages collectifs La mémoire des Français : Quarante ans de commémorations de la Seconde Guerre Mondiale. Table ronde des 4 et 5 février 1985 au Centre international d études pédagogiques de Sèvres. Paris : Editions CNRS, 1986, 400 p. NORA Pierre (dir.). Les lieux de mémoire. Paris : Gallimard, 1992, 7 vol. D. Chapitre d ouvrages BOURSIER Jean-Yves. Les enjeux politiques des musées de la Résistance : Multiplicité des lieux. In GRANGE Daniel, POULOT Dominique (dir.). L esprit des lieux : Le patrimoine et la cité. Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, 1997, pp DUFRÊNE Thierry. Mémoriaux de la Résistance et monuments de la déportation en Rhône- Alpes. In GRANGE Daniel J., POULOT Dominique (dir.). L esprit des lieux. Le patrimoine et la cité. Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, 1997, pp JOLY Marie-Hélène. Les musées de la Résistance. In BOURSIER Jean-Yves (dir.). Résistants et résistance. Paris : L Harmattan, 1997, pp MARCOT François. Musée d histoire : enjeu de mémoire, enjeu d histoire, enjeu social. In COMPÈRE-MOREL Thomas, JOLY Marie-Hélène (dir.). Des musées d histoire pour l avenir. Paris : Noêsis, 1998, pp MEYER Vincent, WALTER Jacques. Sites historiques et dispositifs de commémoration : des équipements d apprentissage et de transmission d une mémoire locale. In BRUSTON André (dir.). Des cultures et des villes : Mémoires au futur. La Tour d Aigues : Éditions de l Aube, 2005, pp

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88 I. Etudes / Rapports COMITÉ DÉPARTEMENTAL DU TOURISME DU RHÔNE. Synthèse de l audit musées et sites assimilés, fréquentation des sites musées et sites patrimoniaux. [en ligne]. Disponible sur : < (consulté ) COMITÉ RÉGIONAL DE TOURISME NORD PAS-DE-CALAIS. Etude de la clientèle des équipements du tourisme de la mémoire [en ligne]. Disponible sur : < _memoire_2007.pdf> (consulté ) COMITÉ RÉGIONAL DE TOURISME NORD PAS-DE-CALAIS. Etude des sites de tourisme de mémoire et analyse de leurs clientèles [en ligne]. Disponible sur : < epartementales,%20locales)/etudes/etude_memoire_2007.pdf> (consulté ) FRANCOIS Emmanuelle. Les musées d histoire dans la Seconde Guerre mondiale : rapport au ministère de la Culture. Paris : Direction des Musées de France, 1996, 146 p. KPMG, OFFICE DE PROMOTION DU TOURISME WALLONIE BRUXELLES. Benchmarking filière découverte : les plages du débarquement «Normandie Terre Liberté». Du tourisme de mémoire au tourisme d histoire [en ligne]. Disponible sur : < Liberte.pdf> (consulté ) KPMG, OFFICE DE PROMOTION DU TOURISME WALLONIE BRUXELLES. Benchmarking filière découverte : In Flanders Fields, musée de la 1 ère guerre mondiale. Théâtraliser les visites de sites historique / de mémoire [en ligne]. Disponible sur : < ndiale.pdf> (consulté ) TÊTU Marie-Thérèse. Vercors et Résistance, un tournant mémoriel. Rapport de recherche, février 2006, Mission à l'ethnologie - Ministère de la culture et de la communication - Direction de l'architecture et du patrimoine, 97p. [en ligne]. Disponible sur : (consulté ) GUÉNÉ Charles. Lieux de mémoire : comment ne pas les oublier. Rapport d information fait au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation, octobre 2007, 64p [en ligne]. Disponible sur : < (consulté ) 88

89 III. Sitographie Ministère de la Défense - Ministère de la Culture : Chemins de la Mémoire < (consulté ) Ministère de la Défense : Mémoire des hommes < (consulté ) MEMORHA < (consulté le ) Centre d Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon < (consulté ) Grotte de la Luire < (consulté le ) Mémorial de la Résistance de Vassieux-en-Vercors < (consulté ) 89

90 Annexes Annexes I. Cartes des lieux de mémoire en France Annexe I.1 : Carte des musées consacrés à la Seconde Guerre Mondiale Source : JOLY Marie-Hélène, GERVEREAU Laurent. Musées et collections d histoire en France : guide. Paris : Association internationale des musées d histoire, 1996, p.103. Annexe I.2 : Carte des musées d histoire de la région Rhône-Alpes Source : JOLY Marie-Hélène, GERVEREAU Laurent. Musées et collections d histoire en France : guide. Paris : Association internationale des musées d histoire, 1996, p.86.

91 Annexe I.3 : Lieux de mémoire de la Résistance étudiés dans le mémoire Source : < Centre d Histoire de la Résistance et de la Déportation Lyon Musée du XX e siècle Estivareilles Plateau des Glières Nécropole nationale de Morette Grotte de la Luire Mémorial de la Résistance Vassieux-en- Vercors Musée départemental de la Résistance Vassieux-en-Vercors 91

92 Annexes II. La politique nationale mémorielle Annexe II.1 : Financements réalisés et prévisionnels de la politique de mémoire Source : France. Assemblée nationale. Tome II, Anciens combattants, mémoire et liens avec la nation. Avis présenté au nom de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales sur le projet de la loi des finances pour 2008 (n 189), présenté par Jean-Claude MATHIS. Paris : Assemblée nationale, 11 octobre 2007, p.10 [en ligne]. Disponible sur Internet : Disponible sur Internet : < tii.pdf> (consulté ). Annexe II.2 : Financements des actions de mémoire Source : France. Assemblée nationale. Tome I, Anciens combattants, mémoire et liens avec la nation. Avis présenté au nom de la commission de la défense nationale et des forces armées sur le projet de la loi des finances pour 2010 (n 1972), présenté par Patrick BEAUDOUIN. Paris : Assemblée nationale, 14 octobre 2009, p.48 [en ligne]. Disponible sur Internet : < (consulté ) 92

93 Annexe II.3 : Financements du tourisme de mémoire au titre de la politique de mémoire Source : France. Assemblée nationale. Tome II, Anciens combattants, mémoire et liens avec la nation. Avis présenté au nom de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales sur le projet de la loi des finances pour 2008 (n 189), présenté par Jean-Claude MATHIS. Paris : Assemblée nationale, 11 octobre 2007, p.28 [en ligne]. Disponible sur Internet : < (consulté ) 93

94 Annexes III. Centre d Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon Annexe III.1 : Localisation du CHRD dans la ville de Lyon Source : < Annexe III.2 : Exposition permanente Muséographie Source : < 94

95 Annexes IV. Mémorial de la Résistance de Vassieux-en-Vercors Annexe IV.1 : Vue extérieure du Mémorial de la Résistance de Vassieux-en-Vercors Source : < Annexe IV.2 : Plan de l espace muséographique Source : Document Visites de groupes adultes, p.5. Annexe IV.3 : Traitement du gouvernement de Vichy dans le discours scientifique Source : Photographie personnelle 95

96 Annexe IV. 4 : Muséographie du Mémorial de la Résistance Source : Photographies personnelles Annexe IV.5 : Couloir du souvenir Source : Dossier de préparation à la visite du Mémorial Annexe IV.6 : Carte des Chemins de la Liberté Source : Dossier de préparation à la visite du Mémorial 96

97 Annexes V. Musée départemental de la Résistance de Vassieux-en-Vercors Annexe V.1 : Entrée du Musée départemental de la Résistance Source : Photographies personnelles Annexe V.2 : Muséographie du Musée départemental de la Résistance Source : Photographies personnelles Annexe V.3 : Jardin de la mémoire devant le musée Source : < 97

98 Annexe V.4 : Les vestiges de la guerre devant le musée Source : Photographie personnelle Annexe V.5 : La nécropole nationale de Vassieux-en-Vercors Source : Photographies personnelles 98

99 Annexes VI. Grotte de la Luire Annexe VI.1 : Flyer réalisé par les gestionnaires Source : < Annexe VI.2 : Flyer réalisé par la DIREN sur la grotte de la Luire Source : < Annexe VI.3 : Vues de la Grotte de la Luire : lieu naturel et lieu mémoriel Source : Photographies personnelles Annexe VI.4 : Signalétique des Chemins de Mémoire pour la Grotte de la Luire Source : Photographie personnelle 99

100 Annexes VII. Plateau des Glières Annexe VII.1 : Le plateau des Glières en 1944 Source : < Annexe VII.2 : Monument du plateau des Glières Source : Photographies personnelles 100

101 Annexe VII.3 : Intérieur du monument Source : Photographies personnelles Annexe VII.4 : Bâtiment d accueil des visiteurs au plateau des Glières Source : Photographies personnelles Annexe VII.5 : Panneaux explicatifs Source : Photographies personnelles 101

102 Annexes VIII. Nécropole et musées de Morette Annexe VIII.1 : Carte de localisation de la nécropole de Morette Source : < Annexe VIII.2 : La nécropole nationale et les musées de Morette Source : Photographies personnelles 102

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