Infections virales en hématologie (hors CMV)



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Transcription:

DESC Maladies Infectieuses 21/1/2015 Infections virales en hématologie (hors CMV) Dr S. Alfandari Infectiologue et Hygiéniste, CH Tourcoing Infectiologue du Service des Maladies du Sang, CHRU Lille

L étendue du sujet Population de patients hétérogène Pathologies hématologiques Déficits immunitaires associés ou induits par les traitements Multiples pathogènes HSV, VZV, EBV, HHV6, grippe, BK, adénovirus, VRS, rhinovirus, métapneumovirus, parvovirus, bocavirus, hépatites etc.. Multiples sites Poumon Digestif Cutané Neuro Urinaire

Risque du déficit de l immunité cellulaire Principalement: allogreffe de CSH Mais aussi Immunosuppresseurs Anticorps anti-cd52 Serum anti-lymphocytaire Analogues de la purine Corticothérapie prolongée Maladie de Hodgkin Maladies lymphoprolifératives

L allogreffe: périodes àrisque différent Conditionnement Induction -> consolidations Greffe Prise de greffe GVH chronique / CTCD+ID 500 PNN

Infection et greffe de moelle ASBMT/EBMT/CDC/IDSA 2009

Fréquence infections virales Cohorte 759 allogreffe 1990-2009 USA Enfants/adolescents % virus selon délai/greffe A: J0-J30: 31 % B: J31-J100: 18% C: J101-2 ans: 19% Srinivasan et al. BBMT 2013;19:94-101

Infections virales et sepsis grave Etude rétrospective réa St Louis 1998-2008 428 patients neutropéniques admis en SG/CS Hémopathies: 84% Infections virales = 9,7% des documentations 5,4% des patients Legrand et al. CCM 2012;40:43-9

Recommandations ECIL European Conference on Infections in Leukemia Tous sujets infectieux Réunions/2ans Gradation recommandations Grade Force de la Recommandation A Supporte fortement B Supporte modérément C Supporte de façon marginale D Plutôt contre E En forte défaveur Niveau Qualité de preuve I II III Au moins 1 travail randomisé controlé Autres type de travaux Avis d expert www.kobe.fr/ecil/home.htm

HSV HSV + / ~80% adultes avec leucémie Incidence lésions herpétiques ~ 60% LA ~ 80% allogreffe Manifestations cliniques Lésions oropharyngées (85-90%) Diagnostic difficile si mucite sévère Identification par PCR (rarement culture) Atteinte œsophage ~10% Autres plus rares: pneumonies, encéphalites, hépatites Styczynski et al. BMT 2009,43:757-770 (ECIL2)

HSV Traitement préventif Patients séronégatifs pour l HSV: aucune Patients HSV+: Valaciclovir 500 mg 2x/j (famciclovir marche aussi) AII Aciclovir IV 250 mg/m2 ou 5 mg/kg/12h AI Pdt 3-5 semaines après induction LA Selon GVH/IS en greffe Traitement curatif Acyclovir IV 250 mg/m2 ou 5 mg/kg/8 h 7-10jAI Pneumonies ou méningo encéphalite: double dose 14-21j CIII Rares échecs cliniques Rechercher résistance Foscarnet 60 mg/kg/12 h iv ou 40 mg/kg/8h iv 7-21j BIII Cidofovir 5 mg/kg/sem 2 sem puis /2sem BIII Probenecide + hydratation Styczynski et al. BMT 2009,43:757-770 (ECIL2)

VZV Séroprévalence dans la population en diminution régulière Cohortes historiques: Zona chez >50% allogreffe et 25% LA Manifestations cliniques Varicelle généralisée, parfois hémorragique Atteinte viscérale: pneumonie, encéphalite Zona extensif nécrotique Diagnostic par PCR Sang Vésicules LCR Styczynski et al. BMT 2009,43:757-770 (ECIL2)

VZV Dosage Ac VZV avant greffe Traitement préventif VZV- Vaccination de l entourage BIII Eviter contage (y compris si patients vaccinés VZV) AII Prévention transmission dans les services: PC contact et air BIII Si contage et patient séronégatif àrisque (LA sous chimio ou CTCD, allogreffés en GVHc ou sous IS ou greffe < 2 ans) Ig (anti VZV 0,2-1 ml/kg) ou totales (300-500 mg/kg) dans les 96hAII Valaciclovir 500/100 mg/8h (ou famciclovir ou acyclovir) de J3 àj21 Traitement préventif VZV+ Valaciclovir 500 1-2/j (ou acyclovir) Durée min 1 an pour allo AII (+ si GVHc/ISBII) Styczynski et al. BMT 2009,43:757-770 (ECIL2)

VZV Traitement curatif Varicelle cutanée: Acyclovir IV 500 mg/m2 /8 h AI Varicelle viscérale isolée idem AIII TT oral: valaciclovir 100mg/8h possible si lésions localisées stables CII Durée: 7j min (au moins jusqu àcroutes+ 2j) Alternatives si résistanceaiii Foscarnet 60 mg/kg/12 h iv Cidofovir 5 mg/kg/sem 2 sem - Probenecide + hydratation Styczynski et al. BMT 2009,43:757-770 (ECIL2)

Vignette 1 Patient de 28 ans J64 d une allogreffe de fichier pour LAM Neoral 3 mg/kg/j GVH cutanée de bas grade: corticoïdes locaux Charge virale EBV en augmentation: 3 puis 3,9 puis 4,2 log Pas de manifestation clinique Que proposer? Cidofovir? Ganciclovir? SAL? Rituximab? Poursuite de la surveillance?

EBV Généralement réactivation Parfois manifestations cliniques: encéphalites, hépatites, pneumonies Risque syndrome lymphoprolifératif-post transplantation Risque 0.07 % à29 %! Selon type de greffe Jusqu à 25% pour greffe haplo-identique 11.7-29% pour greffe de fichier avec depletion cellulaire T Facteurs de risque Donneur non apparenté ou mismatch Déplétion T SAL Statut EBV discordant donneur/receveur Splenectomie Styczynski et al. BMT 2009,43:757-770 (ECIL2)

EBV Maladies àebv Probable: réplication élevée et adénopathies (ou autre) sans autre diagnostic Prouvée: détection EBV par biopsie ou autre test invasif d un organe avec anomalies cliniques Lymphoprolifération : lymphoprolifération néoplasique après transplantation due àla suppression des fonctions T Diagnostic Monitorage systématique virémie EBV après allogreffe à risque Au moins 1/sem pendant 3 mois (+ si GHHD, ATCD reactivation, haplo) Seuil a déterminer localement (choix Lille: 10000 co/ml) Styczynski et al. BMT 2009,43:757-770 (ECIL2)

EBV Prévention Tester les candidats à l allogreffe (AII). Tester les donneurs, en particulier si mismatch ou déplétion T AII). Pas d antiviraux en prophylaxie (EIII). Ca ne prévient pas la lymphoprolifération post transplant (DIII). Les Ig ne sont pas recommandées pour la prévention de la réactivation ou maladie àebv (DIII) Préemptif Les patients a haut risque doivent être suivis pour dépister les symptômes ou signes d EBV ou lymphoprolifération (BII). Les risque est faible en cas de greffe HLA-identique sans déplétion T et un suivi de l EBV n est pas recommandé(dii). Le suivi EBV n est pas recommandé pour les autogreffes et les autres hémopathies (DII). Un éventuel TT préemptif n est pas nécessaire pour les les autres hémopathies (CIII). Traitements recommandés: anti-cd20 (rituximab) (AII), diminution de l immunosuppression (BII) ou injection de CTL spécifique de l EBV (CII) En général, 1 2 doses de rituximab suffisent. Styczynski et al. BMT 2009,43:757-770 (ECIL2)

EBV Syndrome lymphoprolifératif-post transplantation Le diagnostic doit être basésur des signes ou symptomes compatibles, et une détection d EBV, par une méthode appropriée, sur le tissu concerné(aii). Traitement SLPT Anti-CD20 (rituximab) (AII). Nécessite généralement 4 8 doses de rituximab avant amélioration clinique et baisse de CV Diminution de l immunosuppression (BII) Transfusion de lymphocytes du donneur(ciii) Immunotherapie par EBV-CTL (CII) Chimotherapie = 2 ème ligne (CIII). Antiviraux (EIII) et Ig (DIII) ne sont pas recommandés Styczynski et al. BMT 2009,43:757-770 (ECIL2)

Vignette 2 Femme de 24 ans àj24 d une allogreffe Episode fébrile non documenté: céfépime depuis 4 j Apparition érythrodermie généralisée Elévation enzymes hépatiques à 3xN CV HHV6: 47000 co/ml Confusion et désorientation récente PL: CV HHV6 35000 copies/ml 3 hypothèses diagnostiques Allergie médicamenteuse: switch aztreonam/vancomycine GVH: augmentation IS HHV6: début ganciclovir Amélioration éruption et encéphalite àj3 ganciclovir Conclusion de l épisode Encéphalite à HHV6 Probable éruption liée à HHV6 mais impossible éliminer allergie pour l instant

HHV6 Etude Lille 2004-2009 235 patients consécutifs Monitorage 1/sem/PCR quant 48% avec réactivation dont 95% symptomatiques Fièvre (60), rash (57), diarrhée (51), respi (19), neuro (12) Si HHV6: Retard remontée plaquettes (p=0,003) et plus de GVH grade 2 (p=0,009) Diminution survie à6 mois (90 vs 94% p=0,04) 38 patients traités par ATV sont évaluables 34 baisse significative CV (dont 14 négativation) Dulery et al. BBMT 2012;18:1080-9

HHV6 2 variants A, et B, plus fréquent Prévalence population générale 90% Exanthème subit Réactivation allogreffe ~40-60% Pathogénicité vraisemblable Démontrée sur SNC et moelle FdR: cdt myeloablatif, sang placentaire+ Possible intégration chromosomique (1-2% pop gen) A évoquer si charges virales 10 6 copies/10 6 cellules Intérêt avoir prélèvement pré-greffe du donneur et du receveur à analyser si besoin. Traitement curatif Ganciclovir ou foscarnet ; cidofovir en deuxième ligne Au moins 2 semaines (avis d expert) Ward et al. JCM 2006;44:1571-4. Deconinck et al. Pathol Biol 2013;61:149-151 (guidelines SFGM) Ljungman P et al. BMT 2008;42:227-40 (ECIL 2)

Vignette 3 Patient de 20 ans AREB, allogrefféle 9/10/14 après chimio d induction àpartir du 4/7/14 Prévention GVH Ciclosporine: 3 mg/k/j (+ methotrexate àj1, J3, J6) Fièvre le 10/10: Tazo/AMK puis caspofungine sur candidémie Monitorage BU: 3+ Hb => Hyperhydratation et transfusions pour objectif plaquettes > 30000/mm et Hb > 10g CV BK virus: Urines: 9,95 log (20/10); 9,25 (27/10); 9,28 (10/11) [Sang: négatif] 3/11: Hématurie macroscopique Echo vésicale normale Sonde pour lavage devant caillots du 5 au 8/11 Cidofovir 5 mg/kg intravesical RAD le 17/11

BK virus Polyomavirus humain Virus àadn bicaténaire Primo-infection dans l enfance Séro-prévalence : 75-100 % < 10ans Latence : cellules tubulaires rénales+++, urothélium+++, Lc B Réactivation : asymptomatique (virurie) symptomatique (immunodéprimé): Greffe de CSH : cystite hémorragique Greffe de rein: néphropathie

BK virus Cystite hémorragique àbkv: Complication sévère des greffes de CSH Incidence 5-40% 4 grades de sévérité Grade 3 et 4: caillots et hemorragie sévère avec atteinte rénale Pas de traitement standard reconnu Cidofovir, hyperbarie, FQ, leflunomide Formes sévère: cautérisation, embolisation, cystectomie Gilis et al. BMT 2014;49:664-670

BK virus Suivi de 325 patients consécutifs àlyon 2007-2011 Définition: hématurie et SFU et virurie et/ou virémie Début/fin des épisodes définis par les hématuries macroscopiques Traitement employé = cidofovir 43 BKv (13,3%): de plus en plus fréquent (23,8% en 2011) Survenue moyenne àj37 de la greffe (après prise de greffe) 44% grade 3 et 9% grade 4 Seul prédicteur de survenue en multivarié: source cellulaire Cordon ou PBMC > moelle Gilis et al. BMT 2014;49:664-670

BK virus Prédicteur de sévérité Pas d impact de la virurie Corrélation àvirémie 39/43: Cidofovir iv + 50% lavages vésicaux Sur 13 échecs/rp Caisson HB (7) Alun (5) Cautérisation/embolisation (7) Cystectomie (1) 1/43 cipro 1 Ig polyvalentes Gilis et al. BMT 2014;49:664-670

Ciprofloxacine et BK virus Rationnel: inhibition par FQ de l ADN gyrase du BKv Portolani et al Antiviral res 1988 Analyse cohorte retrospective 68 pts (HK) Prophylaxie ATB J0-J50 Comparaison cipro vs bêta-lactamines Baisse pic CV (3x10 5 vs 2.6 x 10 9 co/ml) Pas de différence de mortalité Analyse cohorte retrospective 92 pts 2006-2010 (USA) Cipro 500 x2 J0-J60 depuis mars 2009 Diminution incidence cystite H: 2,6 vs 20,9% Pas de différence de mortalité Leung et al. CID 2005;40:528-37 Miller et al. BBMT 2011;17:1176-81

Parvovirus b19 Complique ~3% des hémopathies malignes Allogreffe Eythème migrateur, prurigineux pouvant simuler GVH Anémie Pancytopénie Retard àla prise de greffe Diagnostic PCR sang Traitement éventuel Ig polyvalentes Tong et al. JAAD 2015;in press Lackner et al. PIDJ 2011;30:440-2

Adenovirus 67 sérotypes 7 groupes ou «espèces»: A -G Maladies bénignes chez le sujet sain: Infections respiratoires hautes Conjonctivites gastro entérites Matthes-Martin et al. TID 2012;14:555-63. (ECIL4)

Adenovirus chez l allogreffé Infection fréquente Enfant: 6-28% Adulte: 0-6% Létalité 13-50% 2-6% TRM chez patients à haut risque Atteintes de sévéritévariable Entérite Hépatite Néphrite Rétinite Encéphalite Matthes-Martin et al. TID 2012;14:555-63. (ECIL4)

Adenovirus chez l allogreffé Fdr Enfants Greffe avec déplétion cell T, ou donneur fichier, ou cordon Adultes Greffe cordon, ou haplo Alemtuzumab (campath) Les 2 GVH III-IV Lymphopénie < 200 Diagnostic PCR quantitative Dépistage systématique 1/sem si 1 FdR AII/BIII Ex Lille: Si diarrhée: sg/selles/urines/salive Matthes-Martin et al. TID 2012;14:555-63. (ECIL4)

Exemple Lille Monitoring: PCR dans le sang 1 fois par semaine pendant la période d aplasie ou en cas de ou en cas de GVH corticorésistante. Jusqu à J100 en cas de greffe de sang placentaire. PCR dans le sang systématique (±prélèvement tissulaire ou LBA) en cas d hyperthermie, diarrhée, éruption cutanée, ou perturbations du bilan hépatique. Recherche systématique dans les selles en cas de diarrhée (chromatographie), recherche dans les urines et salive (direct + culture) si positif dans les selles et/ou sang.

Adenovirus: traitement Efficacitéin vitro Ribavirine Actif à concentration toxique Ganciclovir Cidofovir 5mg/kg/sem x 2-3 puis /2s Taux sériques > IC50 Hydratation + probenecide CMX001 Matthes-Martin et al. TID 2012;14:555-63. (ECIL4)

Adenovirus: traitement En évaluation: CMX001 Dérivé lipidique du cidofovir PO et à forte concentration intracellulaire Sauvetage / 13 patients après échec cidofovir 1 à3 mg/kg/sem 61% réponse à1 sem 69% à8 sem (négativation CV ou baisse 2 logs) Florescu et al. BBMT 2012;18:731-8

Adenovirus: recommandations Prophylaxie/préemptif Pas de prophylaxie BIII Cidofovir si virémie et 1 FdR BII Curatif Diminution IS AII Cidofovir = 1 ère ligne BIII Mais données de faible qualité Ribavirine: non recommandé CIII CTL spécifiques anti ADV (en essais clinique si possible) BIII Matthes-Martin et al. TID 2012;14:555-63. ECIL4

Cas clinique Homme 52 ans Allogreffe familiale pour SMD en 2009 TVO modérésous Symbicort Plusieurs épisodes septiques dont pneumonies début 2011 et fin 2012 Mars 2013: hospitaliséautre hôpital pour fièvre à39.6 C et myalgies Auscultation normale, syndrome interstitiel, AgU -, HC stériles Mis sous Augmentin Ciflox et transfert A l entrée apyrétique, quelques râles crépitants aux bases Sat =96% Diapo Dr Ph Ramon

04/03/2013 CRP = 245 mg/l ; GB=6100/mm3 ; PCT=0.53ng/ml Poussée fébrile a J3, LBA sous AG Diapo Dr Ph Ramon

04/03/2013

Diapo Dr Ph Ramon LMD

Diapo Dr Ph Ramon

Evolution clinique rapidement favorable, arrêt O2 et sortie

Poumon et onco-hématologie Atteinte pulmonaire fréquente Population très hétérogène Hémopathie Déficit immunitaire Exposition au risque (secteur protégé, domicile.) Multiplicitédes causes d atteinte pulmonaire Co infections Causes non infectieuses

Complications pulmonaires tardives non infectieuses de l allogreffe Voies aériennes Bronchite lymphocytaire/bronchiolite Bronchiolite oblitérante Maladie vasculaire Hémorragie intra-alvéolaire Thrombo-embolique Maladie veno-occlusive Thrombus cytolytique pulmonaire Plèvre Parenchyme Oedème interstitiel Hémorragie intra-alvéolaire Dommage alvéolaire diffus Pneumonie interstitielle lymphoïde Pneumonie organisée Pneumonie interstitielle non spécifique Fibrose interstitielle Bergeron et al. Rev Mal Respir, 2008 ;25:173-83.

Pneumonies virales et onco-hématologie Cause importante de morbi/mortalité Dégradation parfois irreversible fonction respiratoire Cohorte 110 greffes pédiatriques 18 pneumopathies non infectieuses (16%) 12 bronchiolite oblitérante (11%) Seul prédicteur en multivarié Virose respiratoire avant J100 (HR 8,4) Versluys et al. BBMT 2010;16:782-91

Virus respiratoires et greffe Etude retrospective 1993-2007 104 allogreffes avec pneumonie virale RSV (35), influenza (9), parainfluenza (35), MPV (7), CoV (4) Analyse 85 LBA Pas de corrélation CV LBA et ventilation mécanique ou DC CV sang détectédans 6/66 cas 4 RSV, 1 grippe B, 1 grippe A/MPV Détection RSV corrélée àcv LBA élevée 5.9x10 8 vs 3.2x10 6 copies/ml; P=.05). Détection CV sang associée àdc 5/6 DC Tous considérés liés à la pneumonie Campbell et al. JID 2010;201:1404-13

Virus respiratoires et hématologie Résultats tous LBA 2012/2013 Allogreffe Autres hémopathies Total 124 30 Positifs 32 (26,6%) 6 (20%) Rhinovirus 11 2 VRS 10 1 Grippe 4 0 Parainfluenzae 3 1 Coronavirus 4 Bocavirus 2 Adenovirus 1 Dr Ph Ramon, données non publiées

Virus et pneumonies graves 219 patients onco-hématologie admis en réanimation pour défaillance respiratoire Sans besoin de ventilation mécanique immédiate Essai randomisé sur intérêt diagnostique du LBA Pneumonie virale 6,2% (7) groupe LBA J1 17,9% (19) groupe LBA J3 si étiologie toujours inconnue Azoulay et al. AJRCCM 2010;182:1038-46

Virus et pneumonies graves 100 patients ID admis en réanimation pour défaillance respiratoire 65 onco-hématologie Aspiration naso-pharyngée et/ou LBA Identification virus 47% avec PCR multiplex vs 8% en IF Pas de différence PCR +/- Ventilation mécanique: 58 vs 76% (p=.09) Choc: 43 vs 53% (p=.41) DC en réa: 17 vs 28% (p=.27) Schnell et al. Respir Med 2012:106:1184-91

Définitions viroses respiratoires et hemopathies Cas possible Critère(s) clinique(s) Cas probable Clinique + Lien épidémio Cas confirmé Clinique + Laboratoire Hirsch et al. CID 2013;56:258 66 (ECIL4)

Virus respiratoires: recommandations Rechercher virus respiratoires si symptomes infection VRS ou VRI chez greffés ou candidats àla greffe AII De préférence BII écouvillons pour VRS LBA (à la limite aspiration trachéale) pour VRI Tester pour Grippe A et B, VRS, parainfluenza AII Autres virus: selon exposition, épidémio locale ou 1 ère ligne négative BIII Si VRI discuter LBA, voire biopsie pulmonaire BII Hirsch et al. CID 2013;56:258 66 (ECIL4)

Exemple Lille Allogreffe Symptôme d infection des voies respiratoires supérieures écouvillon nasal (ou lavage nasal en cas de thrombopénie réfractaire) Symptômes d infection des voies respiratoires inférieures discuter lavage broncho-alvéolaire (aspiration trachéale si contre-indication) PCR: VRS, grippea/b, parainfluenzae, rhinovirus, enterovirus, adénovirus, coronavirus Autres situations Ecouvillon/PCR grippe en période épidéique si signes VRI PCR multiplex au coup par coup

Cas clinique Patient de 14 ans LAM1 mars 2011 Allogreffe en juillet 2011 GVH cutanée stade II grade 1 2/2012: tableau aigu fébrile depuis 3 semaines avec toux

Diapo Dr Ph Ramon

VRS Infection fréquente: 0,3-2,2% LA pédiatriques 1-12% allogreffe Automne hiver Atteinte VRS puis VRI Complications TVO si infection < J100 Pneumonies : 38% dont 32% DC Hirsch et al. CID 2013;56:258 66 (ECIL4)

VRS Etude rétrospective 280 VRS 1996-2009 29% pneumonies 16% DC dans les 3 mois Ribavirine: principal réducteur de mortalitéen MV Shah et al. JAC 2013;68:1872-80

VRS: recommandations Traitement Pas d études de bonne qualité Ribavirine: Aérosols 2g en 2h / 8 h ou 6g en 18 h/j 7 10 j (BII). POBIIIou IV si voie PO impossible : 10-30 mg/kg/j en 3 prises Si infection VRI, association possible à IG Schéma progressif ribavirine systémique J1: dose de charge 600 mg puis 200 mg/8h J2: 400 mg/8h J3: 10 mg/kg/8h Gueller et al. TID 2013;15:435-440 Hirsch et al. CID 2013;56:258 66 (ECIL4)

Parainfluenza Infection symptomatique 2-7% des hémopathies 70% VRS / 30% VRI Cohorte 200 patients (USA) 9% DC J30 si pneumonie Traitement Pas d études Ribavirine +/- Ig Hirsch et al. CID 2013;56:258 66 Chemaly et al. Blood 2013;56:258 66

Grippeet hémopathies Epidémies nosocomiales décrites Excretion virale prolongée 8-13/j 2009 étude Européenne 286 cas 33% pneumonie, 16% VM, 6% DC 7/75 (9.3%) R-oseltamivir Reco ECIL Diagnostic par PCR/écouvillon nasopharyngé Vaccin famille/entourage/personnel de santé AII Greffés, après J100 AIIavec 2 ème dose à3-4 S BII LA: après induction, quand PNN et Ly > 500 BII Ljungman et al. Haematologica 2011;96:1231-5 Engelhard et al. TID 2013;15:219-32 (ECIL4)

Traitement grippeet hémopathies Prophylaxie post exposition 10j CIII Greffe < 12 mois ou IS sévère LA pendant chimiohérapie Curatif pour grippe prouvée/probable Greffe ou LA jusqu à6 mois après chimio AII oseltamivir /12h 10j BII 75 mg formes standard 150 mg formes sévères Si symptomes persistants: re PCR /5-7j et TT jusqu ànégativation CIII Forme sévères ou prolongées: recherche résistance BIII Alternative: zanamivir inhalébii Si tb absorption: zanamivir iv CIII Engelhard et al. TID 2013;15:219-32 (ECIL4)

Autres virus respiratoires: Metapneumovirus Proche du RSV Mortalité des pneumonies peut atteindre 43% à J100 Certains centres utilisent ribavirine et/ou Ig Coronavirus, rhinovirus, enterovirus, polyomavirus, bocavirus etc Pas de recommandations Renaud et al. BBMT 2013;19:1220-6 Hirsch et al. CID 2013;56:258 66

Hépatite B Dépistage avant chimio/greffe AI Ag HBs, Ac HBc, Ac HBs Selon: ADN, HVD Indications TT Receveur et donneur Ac HBc+ = tt antiviral AIII +/-IGHB BIII Ag HBs + / Greffe et HBc+ TT jusqu à12 après TT AI Choix molécule selon ADN HVB AI < 2000 UI/ml: toutes molécules dont lamivudine > 2000 UI/ml: entecavir ou tenofovir Choix molécule selon durée TT AII >12 mois: entecavir ou tenofovir Mallet et al. ECIL5 @kobe.fr/ecil/

Autres hépatites HVC Dépistage: Ac (avant chimio/greffe ou si LNH B) PCR si greffe ou Ac AII Donneur HVC PCR+: pas CI absolue BIII HVA IgG systématique BIII Retarder greffe si virémie Vacin/patients à risque HVE Chronique: discuter baisse IS / ribavirine Mallet et al. ECIL5 @kobe.fr/ecil/

Autres hépatites HVC Dépistage: Ac (systématique) PCR si greffe ou Ac AII HVA BIII Donneur HVC PCR+: pas CI absolue BIII Receveur et donneur Ac HbC+ = tt antiviral AIII TT antiviral si HbS Ag+, ou greffe et HbC+ Tt jusqu à12 après TT AI Mallet et al. ECIL5 @kobe.fr/ecil/

Conclusion: Infections virales et hématologie Peu d HSV/VZV/CMV car prophylaxie/préemptif Touche principalement les allogreffes Mais de plus en plus d autres patients Colonisation vs infection Manifestations principalement pulmonaires Aggravation fonction respiratoire déjà touchée par GVH Autres manifestations parfois graves Cystites hémorragiques à BKV Encéphalites à HHV6

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