CNAM UE MVA 210 Ph. Durand Algèbre et analyse tensorielle Cours 14: Application des tenseurs a la relativité générale

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CNAM UE MVA 210 Ph. Durand Algèbre et analyse tensorielle Cours 14: Application des tenseurs a la relativité générale Jeudi 18 Janvier 2007 1 Introduction Nous allons dans ce bref exposé donner une application de l analyse tensorielle à la relativité générale et montrer que le langage des tenseurs permet de bien généraliser la théorie statique de la gravitation (Equation de poisson généree par une masse statique ) élaborée par Newton. Ce travail à été entrepris par Einstein. Maxwell avait lui trouver un cadre permettant de généraliser l éléctrostatique (Equation de Poisson pour des charges statique. Equations de Maxwell, fluide électrostatique. Le parallèle est saisissant (les particules massiques sont considèrees comme un fluide en mouvement) mais l équation obtenue est plus difficile à manipuler que les équations de Maxwell. 2 Théories statiques et dynamiques 2.1 Théories statiques de Newton et Coulomb On est frappé dès la fin des années de l enseignement secondaire et dans les premières années du cursus universitaire par l analogie entre la théorie de la gravitation et l électostatique. Dans les deux théories, le facteur d attraction de deux masses (cas de la gravitée) ou de deux charges de signe opposées (cas de l eléctrostatique) est inversement proportionnel au carré des distances de 1

ces deux corps. Ainsi, une particule massique ou éléctrique crée un champ de gravitation sensé aspirer les particules massiques environnantes si ψ désigne le potentiel de gravitation, alors on a l équation de Poisson: ψ = 4πGρ ρ désigne ici la densité de masse. Si maintenant φ désigne le potentiel éléctrostatique, alors on a l équation de Poisson: φ = 1 ε 0 ρ ρ désigne ici la densité de charge. Maxwell est un des premiers physiciens à avoir unifier des théories physiques. En considèrant les charges tantôt en mouvement tantôt au repos dans leurs propre réféntiel, il a réuni l electricité et le magnétisme. 2.2 Théories dynamiques de Maxwell et Einstein On montre dans le cadre de la relativité restreinte que le potentiel scalaire φ peut être plus généralement substitué a un potentiel vecteur quand on remplace les charges statiques par des courants on obtient l équation de Maxwell avec sources: ν ( µ A ν ν A µ ) = µ 0 J µ Ce système d équations aux dérivées partielles décrit l éléctrodynamique. On peut dire que Einstein a fait quelque chose d analogue dans le cadre de la gravitation. Les équations trouvées par Einstein rendent dynamique la loi de la gravitation élaboré par Newton. Il est a noté que dans la formule ci dessous le membre de gauche dérive un terme de courbure :la courbure de la connexion associé champ éléctromagnétique. Tout ceci est récurrent en th eorie des champs. on a une équation dont le membre de gauche est associé à la courbure (donc a de la géométrie) et un membre de droite associé au contenu materiel: masses, charges. Les masses et les charges modifient lo- 2

calement la géométrie de leur environnement. Dans le cadre de gravitation, Einstein est arrivé au mêmes conclusions: en contractant deux fois l identité de Bianchi il débouche sur le tenseur d Einstein comprenant deux termes: tenseur de Ricci et courbure scalaire. Il postule alors que la matière (statique ou non)(tenseur énergie-impulsion) est la cause de cette courbure. R µν 1 2 gµν R = χt µν Dans cette équation le membre de gauche est souvent noté G µν et c est le tenseur d Einstein. 3 Géométrie riemannienne et relativité L espace de configurations de la relativité générale à quatres dimensions; trois dimensions d espace, une dimension de temps... Le seul problème c est que la théorie des espaces riemanniens n est pas très adapté: (mais on s y fait!). La métrique associé à l espace plat n est pas dt 2 +dx 2 +dy 2 +dz 2 mais cdt 2 dx 2 dy 2 dz 2 donc n est pas définie positive. Une autre remarque et non des moindre, c est que pour la première fois le temps n est plus universel, qu il est intimement lié aux variables d espace, que l on ne parle plus uniquement de géométrie de l espace mais de géométrie de l espace temps. 3.1 Géométrie de l espace temps L espace temps sera donc pour nous une vari eté pseudo-riémannienne de dimension 4 muni de la m etrique que les physiciens note souvent à partir de l elément de longueur infinitesimale ds 2 : On a dans le cas d une métrique plate (Espace vide de champs de gravitation:): ds 2 = cdt 2 dx 2 dy 2 dz 2 pour la commodité du calcul tensoriel on pose x 0 = c.t, x = x 1, y = x 2, z = x 3 et ds 2 =η ij dx i dx j On parle alors de métrique de Minkowski. c est le cadre de la relativité restreinte. En presence de champs (cas de la R.G) le ds 2 s ecrit: ds 2 =g ij dx i dx j 3

Le ds sera souvent noté dτ et désigne le temps propre de la particule dans le champs de gravitation (cela correspond en mathématiques à l abcisse curviligne.) 3.2 Identité de Bianchi et tenseur de Riemann Le membre de droite de l équation d Einstein comme nous l avons dit désigne le tenseur d énergie impulsion.un des principe de physique requis est sa conservation: l energie et la matiere est conservée dans l univers (par définition le tout ). Cela se traduit par la nullité de la dérivé covariante du tenseur Energie impulsion: µ T µν = 0 Il nous faudrais donc un resultat analogue pour le membre de gauche pour le tenseur de courbure. Einstein a tatonner longtenps de 1912 a 1915 pour trouver la solution tentant vainement de généraliser l équation de Poisson dans une théorie scalaire. Ce n est que revenu vers l analyse tensorielle (théories covariantes) qu il trouve enfin la solution. On dispose en effet en géométrie riemanienne de la deuxième identitée de Bianchi; en contractant deux fois par la métrique, on trouve que la dérivée du tenseur d Einstein ne comportant que des termes lié a la courbure est nulle;la deuxième identitée de Bianchi est donnée par : λ R ρσµν + ρ R σλµν + σ R λρµν = 0 On contracte deux fois par la métrique: g νσ g µλ ( λ R ρσµν + ρ R σλµν + σ R λρµν ) = 0 soit: µ R ρµ ρ R + ν R ρν = 0 Donc: µ R ρµ = 1 2 ρr 4

µ R ρµ = 1 2 µ g µρ R En reindexant on decouvre le tenseur d Einstein et du même coup que sa dérivée covariante est nulle: G µν = R µν 1 2 g µνr On a enfin un resultat cohérent a savoir: (conservation de l energie impulsion) (conservation de la courbure ) Il ne nous reste pous qu a montrer que cette équation de champ dynamique prolonge l équation de Poisson. Montrons donc que dans l hypothèse de champs faible et de mouvements lents on retrouve l équation de la dynamique (loi de Newton) ainsi que l équation de Poisson. 4 Approximation Newtonnienne On se place maintenant dans les hypothèses suivantes (Limite des champs faibles en mécanique classique): -les vitesses sont faibles devant c: dxk dt c (k 1) -la métrique est quasi-minkowskienne: g αβ = η αβ + h αβ, h αβ 1 et h αβ η αβ -Champ stationnaire: 0 h αβ = 0 On va dans ce premier paragraphe, écrire l équation des géodésiques dans un champ faible et retrouver la loi de la dynamique de Newton: 5

4.1 Equation de la dynamique L équation des géodésique dans la variété d espace temps est donnée par: ds 2 + Γ k i,j dx i ) dx j = 0 ds ds Dans cette expression, ds est le temps propre noté aussi dτ avec dτ 2 =cdt 2 (dx 1 ) 2 (dx 2 ) 2 (dx 3 ) 2 On rappelle que les Γ k i,j sont données en fonction de la métrique par: Γ k i,j = 1 2 gk,h ( g j,h x i + g i,h x j - g i,j x h ) Dans l hypothèse de la limite des champs faibles cette expression devient (ds c.dt): ds 2 + Γ k 0,0 dx0 ds dx 0 ds = 0 avec: Γ k 0,0 =- 1 2 gk,h g 0,0 x h qui s écrit aussi: Γ k 0,0 =- 1 2 (ηk,h + h k,h )( (η 0,0+h 0,0 ) ) =- 1 h0,0 x h ηk,h 2 x h L équation des géodésique se réecrit: ds 2 = 1 2 ηk,h h 0,0 x h ( dx0 ds )2 Mais dx0 ds = d(c.t) ds = 1 donc d2 x 0 ds 2 =0 (composante temporelle) et si k 1: dt 2 = c2 2 ηk,h h 0,0 x h soit: = c2 h 0,0 = c2 (η 0,0 +h 0,0 ) = c2 g 0,0 dt 2 2 x h 2 x h 2 x h = ψ x h 6

On en déduit: ψ = c2 2 g 0,0 + cste C est à dire: g 0,0 = 2ψ c 2 + cste Et quand l espace est plat, ψ = 0, g 0,0 = η 0,0 = 1 Alors: g 0,0 = 2ψ c 2 + 1 On a ainsi retrouver la loi de Newton. 4.2 Approximation par l équation de Poisson La même méthode permet de déduire l équation de Poisson de l équation dynamique de la gravitation. Le secret: ici le fluide gravitationnel est au repos : ainsi le tenseur d energieimpulsion est simplement un gaz parfait de particules dont le centre de masse est au repos ce qui donne une densité de matière energie égale a T 00 = ρc 2.Le tenseur énergie-impulsion au repos est donné sous forme matricielle par: T αβ = ρc 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 sa trace T α α est donnée par: T α α = T 00 = ρc 2. On a vu que:r αβ 1 2 g αβr = χt αβ Si on contracte cette dernière formule il vient: g βγ R αβ 1 2 gβγ g αβ R = χg βγ T αβ En fait cela est reductible à: 7

R γ α 1 2 δγ αr = χt γ α En contractant α β il vient: R α α 1 2 δα αr = χt α α Mais comme l espace temps est de dimension 4 (δ α α = 4): χt α α = R α α 1 2 δα αr = R L equation d Einstein peut s écrire aussi: R αβ = χ(t αβ 1g 2 αβt α α) Dans la limite Newtonnienne:( T α α = T 00 ) T 00 est le seul coefficient non nul l équation d Einstein se réduit à: R 00 = χ(t 00 1g 2 00T 00 ) soit (g 00 1) Alors: R 00 = 1 2 χt 00 Ecrivons le tenseur de Ricci pour le coefficient R 00 : R 00 = R i 0i0 = Γk 0,0 x i (p) Γk i,0 x 0 (p) + Γ i i,s(p)γ s 0,0(p) Γ i 0,s(p)Γ s i,0(p) Les deux derniers termes d ordre supérieurs peuvent être supprimé et d autre part la dérivé par rapport au temps est nulle; il reste donc: R 00 = i ( 1 2 giλ ( 0 g λ0 + 0 g 0λ λ g 00 ) R 00 = 1 2 ηij i j g 00 Dans la dernière formule la métrique étant diagonale en première approximation, seuls les termes diagonaux subsistent. Aussi la dérivée par rapport 8

à la première variable est nulle on aboutit à l équation: 2 g 00 = χt 00 C est l équation de Poisson en champ faible: 2 c 2 2 ψ = χρc 2 Pour retrouver l équation de Poisson de la mécanique de Newton il convient de poser : χ = 8πG c 4 Alors: ψ = 4πGρ Fin de l histoire... 9