Université de Nice-Sophia Antipolis Institut Universitaire de Technologie Nice-Côte d Azur Département Gestion des Entreprises et des Administrations Gestion Financière La Gestion de la Trésorerie Directeur de la MSTCF IAE Nice Maître de Conférences et Docteur en Sciences de Gestion Agrégé en Economie et Gestion DESS Ingénierie Financière DESCF Plan du cours 1.Le budget de trésorerie 2.Le plan de trésorerie 3.La trésorerie à très court terme : les conditions bancaires l'échelle d'intérêts les sur et sous équilibres 4.Les financements à court terme 5.Les placements à court terme E. MOLAY 2 Le budget de trésorerie Les prévisions sont effectuées mois par mois, en principe, pour une durée de 1 an. Ceci suppose la mise en place d'un système global de prévision sur une durée au moins équivalente (prévision budgétaire ou plan pluriannuel). Le budget de trésorerie permet de vérifier, globalement, la cohérence entre le fonds de roulement et le besoin en fonds de roulement. Un budget constamment déficitaire (ou constamment excédentaire), exprime une inadéquation du fonds de roulement au besoin en fonds de roulement. Ceci doit inciter à revoir les hypothèses sur lesquelles ont été établis les budgets en amont : budgets des ventes, des achats, des investissements Le budget de trésorerie Si le budget de trésorerie est alternativement excédentaire et déficitaire, il traduit une situation qui peut être qualifiée de "normale". Le budget de trésorerie permet également de déterminer les dates optimales auxquelles doivent avoir lieu certaines opérations exceptionnelles (pour lesquelles l'entreprise dispose d'une marge de manœuvre) de manière à éviter de trop grands déséquilibres. E. MOLAY 3 E. MOLAY 4 DUT GEA FC 1
Le budget de trésorerie Le plan de trésorerie L'entreprise peut affiner les informations données par le budget de trésorerie : en escomptant les effets escomptables ; en plaçant les excédents prévus Les résultats obtenus sont approximatifs ; ils donnent simplement des ordres de grandeur et permettent de préparer les décisions qui devront être prises. Le document prévisionnel qui résulte de ces opérations est appelé "plan de trésorerie". source Boisselier (2001) E. MOLAY 5 E. MOLAY 6 Le plan de trésorerie Exemple : Le budget de trésorerie de l'entreprise TRESOR se présente comme suit pour les 6 premiers mois de l'année N (en milliers d'euros) : Mois Janvier Février Mars Avril Mai Juin Encaissements 1 650 2 562 3 162 3 162 3 162 3 162 Décaissements 1 830,9 2 517 1 617 2 517 1 517 2 517 Ecarts 180,9 45 1 545 645 1 645 645 Trésorerie initiale 30 150,9 105,9 1 439,1 2 084,1 3 729,1 Trésorerie finale 150,9 105,9 1 439,1 2 084,1 3 729,1 4 374,1 Les encaissements concernent essentiellement des crédits accordés aux clients français formalisés par des effets de commerce. Ces effets peuvent être escomptés au taux de 12 % annuels. Les clients règlent à 30 jours fin de mois. Le plan de trésorerie Les excédents de trésorerie supérieurs à 100 000 feront l'objet d'un placement rémunéré au taux annuel de 8 %. Les calculs sont arrondis à la dizaine de milliers d'euros. Fin janvier : Le trésorier porte à l'escompte des effets pour un montant de 160 000. Le coût de l'escompte est de : Les effets escomptés en janvier ne seront pas encaissés en février, d où encaissements de février = Fin février : Le solde prévisionnel de janvier est modifié : Le nouveau solde fin février est donc : En conséquence, il est nécessaire d'escompté environ pour un coût de : E. MOLAY 7 E. MOLAY 8 DUT GEA FC 2
Le plan de trésorerie Le plan de trésorerie final s'établit comme suit : Mois Janvier Février Mars Avril Mai Juin Trésorerie initiale 30 Encaissements 1 650 2 562 3 162 3 162 3 162 3 162 + effets escomptés 160 110 + produits financiers Décaissements -1 830,9-2 517-1 617-2 517-1 517-2 517 - effets escomptés - frais financiers Trésorerie finale (1) 1 436,4 100 = 1 336,4 arrondi à 1 330 => 1 330 x 8 % x 1/12 = 8,87. (2) 2 090,27 100 = 1 990,27 arrondi à 1 990 => 1 990 x 8 % x 1/12 = 13,27. (3) 3 748,54 100 = 3 648,54 arrondi à 3 640 => 3 640 x 8 % x 1/12 = 24,27. La trésorerie à très court terme La plan de trésorerie met en évidence les soldes mensuels de trésorerie. Les prévisions à très court terme permettent d'ajuster quotidiennement les soldes de trésorerie. Pour établer ces prévisions il est nécessaire de tenir compte : des décalages entre le moment de l'émission et celui de la remise en banque pour encaissement ; des conditions bancaires qui différencient les dates d'opération et les dates de valeur. E. MOLAY 9 E. MOLAY 10 Les conditions bancaires Opérations Dates de valeur Retrait d'espèces Date d'opération Virement émis Date d'opération - 1 jour calendaire Effet domicilié Veille de l'échéance Versement d'espèces Date d'opération Virement reçu Date d'opération + 1 jour calendaire Effet à l'escompte Date de remise + 1 jour calendaire Effet à l'encaissement Date d'échéance + 4 jours calendaires Chèque sur place Date de remise + 2 jours ouvrés Chèque hors place Date de remise + 4 jours ouvrés La date de valeur : C'est la date réelle de débit ou de crédit d'un compte bancaire. Elle détermine la durée sur laquelle sont calculés les intérêts. Elle est antérieure ou postérieure à la date d'opération selon qu'il s'agit d'un débit ou d'un crédit. Les conditions bancaires Jour de banque : Jour ajouté par la banque à la durée du crédit résultant de l'application des dates de valeur (certaines banques imposent 1 ou 2 jours de banque en cas d'escompte). Heure de caisse : Heure au-delà de laquelle les opérations bancaires sont réputées faites le lendemain. Elle est de 15 h, en condition standard. Jours ouvrés : Jours effectivement travaillés par la banque. Jours calendaires : Jours du calendrier. Domiciliation : Établissement bancaire où un titre de paiement (en général, un effet) est payable. Le plus souvent il s'agit de la banque du tiré. E. MOLAY 11 E. MOLAY 12 DUT GEA FC 3
L'échelle d'intérêt L'échelle d'intérêts La mesure de la performance de la gestion de trésorerie repose sur : la vérification du calcul des agios par la banque ; la mise en évidence d'écarts entre les réalisations et le niveau "zéro". L'échelle d'intérêts représente l'instrument de base pour : contrôler le calcul des agios facturés par la banque ; évaluer la performance de la gestion de la trésorerie. Date Soldes de Débit Crédit valeur débit crédit 01/04 04/04 62 000 10/04 120 000 26/04 56 000 01/05 12 000 11/05 45 000 21/05 36 000 22/05 37 000 07/06 45 000 24/06 20 000 232 000 Intérêts débiteurs au taux de 11 %: Commission du plus fort découvert à 0,05 %: Commission de mouvement à 0,025 % : TVA 19,6 % sur commission de mouvement : Total agios trimestriels : Nombre de jours débiteurs Nombres créditeurs E. MOLAY 13 E. MOLAY 14 L'échelle d'intérêts Commentaires : Les intérêts débiteurs (créditeurs) sont calculés à partir du total des nombres débiteurs (créditeurs). Les nombres débiteurs sont obtenus en multipliant chaque solde débiteur (découvert) par le nombre de jours correspondant. Le calcul des intérêts débiteurs s'effectue en multipliant le total des nombres débiteurs par le taux et en divisant par 36 000 : L'échelle d'intérêts Commentaires : Les soldes créditeurs permettent de déterminer les nombres créditeurs pour calculer d'éventuels intérêts créditeurs. La commission de plus fort découvert est calculée chaque mois à partir du plus fort découvert mensuel : CPFD = (42 000 + 36 000 + 11 000) x 0,05 % = 44,50. La commission de mouvement est calculée à partir du total des mouvements débiteurs : 232 000 x 0,025 % = 58. E. MOLAY 15 E. MOLAY 16 DUT GEA FC 4
Les sur et sous équilibres A partir des échelles d'intérêts, on met en évidence les situations de sur ou de sous équilibre de la trésorerie. Les coûts des sur et sous-équilibres Le coût du sous équilibre L'entreprise aurait dû faire appel à l'escompte pour combler son découvert. Le taux d'escompte est généralement moins élevé que celui du découvert : ( tx découvert - tx escompte ) x nombres débiteurs coût = + CPFD 36 000 Le coût du sur équilibre Dans ce, cas, le sur équilibre est analysé comme une sur mobilisation de créances (escompte trop important) : tx escompte x nombres créditeurs coût = 36 000 Situation optimale Situation réelle Le coût du déséquilibre bancaire Lorsque l'entreprise détient plusieurs comptes en banque, la non compensation entre les soldes débiteurs et créditeurs entraîne des coûts. E. MOLAY 17 E. MOLAY 18 Les financements et les placements CT Les entreprises peuvent utiliser diverses sources de financements à court terme : la mobilisations des créances ; l'affacturage ; les crédits à court terme et les découverts bancaires. Diverses formes de placement peuvent être réalisés : des placements traditionnels en OPCVM ; des placements issus des possibilités offertes par la titrisation. La mobilisation des créances Diverses formes de mobilisations s'offrent aux entreprises : l'escompte d'un effet de commerce est l'opération par laquelle l'entreprise cède cet effet avant son échéance à sa banque ; la loi Dailly permet à l'entreprise d'obtenir un crédit à court terme par simple remise d'un bordereau (bordereau Dailly) ; le crédit de mobilisation des créances commerciales (CMCC) permet de mobiliser l'ensemble des créances qu'elle que soit leur échéance par la souscription d'un billet à ordre. E. MOLAY 19 E. MOLAY 20 DUT GEA FC 5
L'affacturage L'entreprise peut déléguer la gestion et/ou le recouvrement de ses créances à court terme à une société d'affacturage (factor). Celle-ci se substitue au créancier et garantit la bonne fin même en cas de défaillance du débiteur. Le coût de l'affacturage de l'ordre de 2 % du montant des créances est à comparer aux économies réalisées par ailleurs : gestion des créances, relance, frais de justice Les découverts et crédits à court terme Le découvert consiste en la possibilité d'avoir un compte bancaire débiteur. Un plafond est généralement fixé en fonction de l'activité de l'entreprise. Le découvert peut revêtir la forme : d'une facilité de caisse accordée pour quelques jours ; d'un découvert négocié sur une durée plus longue. D'autres sources de financement à court terme peuvent être accordés : des crédits spécialisés : crédit de campagne des crédits à options multiples des billets de trésorerie E. MOLAY 21 E. MOLAY 22 Le coût du découvert Le taux nominal ne constitue qu'une partie du taux de revient réel, coût réel, d'un crédit à court terme. Le taux nominal correspond au taux annoncé par la banque : taux d'escompte, taux de découvert Ces taux, calculés à partir d'un taux de référence, varient d'une entreprise à l'autre en fonction de critères tels que la taille, l'activité, l'ancienneté Les jours de valeur différents des jours d'opération ont pour conséquence d'élever le coût du crédit. Le coût du découvert Les commissions représentent souvent un sur coût important, on distingue : des commissions fixes : commission de manipulation pour chaque effet remis, commission d'acceptation pour les effets remis à l'acceptation par la banque, commission d'impayés sur les effets impayés ; des commissions proportionnelles au montant de l'opération : commission du plus fort découvert égale à 0,05 % du plus fort découvert mensuel, commission de mouvement correspondant à 0,025 % du total des débits du mois ; des commissions proportionnelles au montant et à la durée de l'opération telle que la commission d'endos qui est comprise entre 0,40 % et 0,60 % du montant des créances commerciales escomptées. E. MOLAY 23 E. MOLAY 24 DUT GEA FC 6
Le coût du découvert A partir de l'échelle d'intérêt précédente, calculez le taux de revient du découvert. Coût réel = agios TVA Déductible Taux de revient (TRI) = Le coût de l'escompte L'escompte se calcule sur le nombre de jours qui sépare la date de négociation (exclue) de la date d'échéance (incluse). Ce nombre de jours est généralement majoré de 2 jours de banque. Exemple : Le 20 mai, une société escompte 3 effets : effet A de 32 000, échéance au 12 juin, effet B de 45 000, échéance au 14 juin, effet C de 50 000, échéance au 15 juin. La majoration de points ( 11 %) est due aux commissions. E. MOLAY 25 E. MOLAY 26 Le coût de l'escompte Les conditions d'escompte sont les suivantes : taux d'escompte : 6,45 %, commission d'endos : 0,60 %, commission de manipulation 2,4 par effet, jours de banque : 2. Intérêts débiteurs = Commission de manipulation = Coût de revient = Les placements traditionnels Les dépôts rémunérés correspondent à la rémunération de sommes déposées en banque pour une durée minimum de 1 mois. Les OPCVM (Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières) : les SICAV (Sociétés d'investissement à CApital Variable) sont des sociétés anonymes ayant pour objet la gestion d'un portefeuille de valeurs mobilières, non cotées en bourse ; les FCP( Fonds Commun de Placement) sont des copropriétés de valeurs mobilières cotées en bourse et gérées par des établissements de crédit ou des sociétés de bourse. Il existe d'autres possibilités de placement : les prêts inter-entreprises ; l'escompte fournisseurs pour règlement comptant ; la gestion directe de valeurs mobilières. E. MOLAY 27 E. MOLAY 28 DUT GEA FC 7
La titrisation Depuis 1985, de nouveaux placements ont été créés : les bons du Trésor négociables (BTN) sont des titres de créances sur le Trésor public ; les certificats de dépôts et les bons des sociétés financières représentatifs d'une créance sur certains établissements financiers ; les billets de trésorerie et les bons à moyen terme négociables. E. MOLAY 29 DUT GEA FC 8