Exercices additionels : Radon Nikodym et mesures Corrigé

Documents pareils
Intégration et probabilités TD1 Espaces mesurés Corrigé

Intégration et probabilités TD1 Espaces mesurés

Théorie de la Mesure et Intégration

Théorie de la Mesure et Intégration

Image d un intervalle par une fonction continue

THÉORIE DE LA MESURE ET DE L INTÉGRATION.

Limites finies en un point

Construction de l'intégrale de Lebesgue

Mesures et Intégration

Intégrale de Lebesgue

Dualité dans les espaces de Lebesgue et mesures de Radon finies

Amphi 3: Espaces complets - Applications linéaires continues

Théorie de la mesure. S. Nicolay

Mesure et Intégration (Notes de cours de L3)

La mesure de Lebesgue sur la droite réelle

4. Martingales à temps discret

Produits d espaces mesurés

Continuité en un point

MESURE ET INTÉGRATION EN UNE DIMENSION. Notes de cours

3. Conditionnement P (B)

Moments des variables aléatoires réelles

De même, le périmètre P d un cercle de rayon 1 vaut P = 2π (par définition de π). Mais, on peut démontrer (difficilement!) que

Exercices - Polynômes : corrigé. Opérations sur les polynômes

Espérance conditionnelle

Intégration sur des espaces produits

1 Mesure et intégrale

MA6.06 : Mesure et Probabilités

Exercices - Fonctions de plusieurs variables : corrigé. Pour commencer

n N = u N u N+1 1 u pour u 1. f ( uv 1) v N+1 v N v t

Calcul matriciel. Définition 1 Une matrice de format (m,n) est un tableau rectangulaire de mn éléments, rangés en m lignes et n colonnes.

Le produit semi-direct

Exo7. Limites de fonctions. 1 Théorie. 2 Calculs

* très facile ** facile *** difficulté moyenne **** difficile ***** très difficile I : Incontournable T : pour travailler et mémoriser le cours

Fonctions de plusieurs variables

Probabilités sur un univers fini

Calcul fonctionnel holomorphe dans les algèbres de Banach

I. Polynômes de Tchebychev

Souad EL Bernoussi. Groupe d Analyse Numérique et Optimisation Rabat http ://

Fonctions de plusieurs variables, intégrales multiples, et intégrales dépendant d un paramètre

Approximations variationelles des EDP Notes du Cours de M2

Capes Première épreuve

Mesures gaussiennes et espaces de Fock

Groupe symétrique. Chapitre II. 1 Définitions et généralités

Commun à tous les candidats

Suites numériques 4. 1 Autres recettes pour calculer les limites

Théorème du point fixe - Théorème de l inversion locale

3 Approximation de solutions d équations

Correction de l examen de la première session

Développement décimal d un réel

CCP PSI Mathématiques 1 : un corrigé

Sur certaines séries entières particulières

Suites numériques 3. 1 Convergence et limite d une suite

Chapitre 2. Matrices

Yamina Yagoub-Zidi. Inconditionnalité et propriétés du point fixe dans les espaces de fonctions lisses

Continuité et dérivabilité d une fonction

Chapitre 2 Le problème de l unicité des solutions

Cours d Analyse 3 Fonctions de plusieurs variables

Cours d Analyse I et II

I - PUISSANCE D UN POINT PAR RAPPORT A UN CERCLE CERCLES ORTHOGONAUX POLES ET POLAIRES

Cours3. Applications continues et homéomorphismes. 1 Rappel sur les images réciproques

Équations non linéaires

Un K-espace vectoriel est un ensemble non vide E muni : d une loi de composition interne, c est-à-dire d une application de E E dans E : E E E

La fonction exponentielle

Comparaison de fonctions Développements limités. Chapitre 10

Planche n o 22. Fonctions de plusieurs variables. Corrigé

Cours de mathématiques

NOMBRES COMPLEXES. Exercice 1 :

Le modèle de Black et Scholes

Notes de cours M2 Équations aux dérivées partielles elliptiques. Hervé Le Dret

CONCOURS D ENTREE A L ECOLE DE 2007 CONCOURS EXTERNE. Cinquième épreuve d admissibilité STATISTIQUE. (durée : cinq heures)

C algèbre d un certain groupe de Lie nilpotent.

LES MÉTHODES DE POINT INTÉRIEUR 1

Optimisation des fonctions de plusieurs variables

Continuité d une fonction de plusieurs variables

EXERCICE 4 (7 points ) (Commun à tous les candidats)

* très facile ** facile *** difficulté moyenne **** difficile ***** très difficile I : Incontournable

Filtrage stochastique non linéaire par la théorie de représentation des martingales

Dérivation : cours. Dérivation dans R

Problème 1 : applications du plan affine

Chp. 4. Minimisation d une fonction d une variable

Relation d ordre. Manipulation des relations d ordre. Lycée Pierre de Fermat 2012/2013 Feuille d exercices

Introduction à l optimisation de forme et application à la mécanique des fluides

Chapitre 3. Quelques fonctions usuelles. 1 Fonctions logarithme et exponentielle. 1.1 La fonction logarithme

Probabilités sur un univers fini

Optimisation non linéaire Irène Charon, Olivier Hudry École nationale supérieure des télécommunications

Calcul différentiel sur R n Première partie

PROBABILITÉS: COURS DE LICENCE DE MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES LM 390

Introduction à la. Points Critiques. Otared Kavian. et Applications aux Problèmes Elliptiques. Springer-Verlag

Fonctions holomorphes

CHAPITRE IV. L axiome du choix

III- Raisonnement par récurrence

Entiers aléatoires et analyse harmonique

Calcul différentiel. Chapitre Différentiabilité

Fonctions de plusieurs variables : dérivés partielles, diérentielle. Fonctions composées. Fonctions de classe C 1. Exemples

Exo7. Matrice d une application linéaire. Corrections d Arnaud Bodin.

I. Ensemble de définition d'une fonction

I. Introduction. 1. Objectifs. 2. Les options. a. Présentation du problème.

Licence MASS (Re-)Mise à niveau en Probabilités. Feuilles de 1 à 7

CHOIX OPTIMAL DU CONSOMMATEUR. A - Propriétés et détermination du choix optimal

Construction d un cercle tangent à deux cercles donnés.

Transcription:

Intégration et probabilités ENS Paris, 2013-2014 Exercices additionels : Radon Nikodym et mesures Corrigé 1 Théorème de Radon Nikodym Exercice 1. (Contre-Exemple à R-N) Soit m la mesure de comptage sur (R,P (R)) c est-à-dire que m(a) = #A pour toute partie A de R. On note m 0 la restriction de m à la tribu borélienne de R. 1. Montrer que la mesure de Lebesgue est absolument continue par rapport à m 0. 2. Montrer qu il n existe pas de fonction mesurable f : R R + telle que λ = f m 0, où λ désigne la mesure de Lebesgue. 3. Conclure quelque chose d intelligent et intelligible. 1. Soit A B(R) telle que m 0 (A) = 0. Alors A = et donc λ(a) = 0. 2. Supposons qu il existe une telle fonction f. Alors pour tout x R, on a 0 = λ({x}) = f dm 0 = f (x). {x} Ainsi f = 0 puis λ = 0. Contradiction. 3. La mesure µ 0 n est pas σ-finie et le théorème de Radon-Nikodym ne s applique pas. Exercice 2. (Quantification de l absolue continuité) Soient µ et ν deux mesures sur un espace mesurable (E,A). 1. On suppose que pour tout ε > 0, il existe η > 0 tel que pour tout A A, µ(a) η ν(a) ε. Montrer que ν est absolument continue par rapport à µ. 2. Montrer que la réciproque est vraie dans le cas où la mesure ν est finie. Que se passe-t-il si ν est infinie? 1. Soit A A tel que µ(a) = 0. Alors pour tout ε > 0 on a ν(a) ε c est-à-dire ν(a) = 0. Pour des questions, demande de précisions ou explications, n hésitez pas à m envoyer un mail à igor.kortchemski@ens.fr, ou bien à venir me voir au bureau V4. 1

2. On suppose que l assertion n est pas vérifiée. Soient ε > 0 et une suite (A n ) n 1 tels que, pour tout n 1, µ(a n ) 2 n et ν(a n ) ε. Notons B n = k n A k pour tout n 1 et B = n 1 B n. Alors d après le lemme de Borel-Cantelli, on a µ(b) = 0, puis ν(b) = 0. Par ailleurs, pour tout n 1, on a ν(b n ) ν(a n ) ε. Et la suite (B n ) n 1 est décroissante pour l inclusion. La mesure ν étant finie, on en déduit que ν(b) = lim ν(b n ) ε, ce qui est contradictoire. ATTENTION : on ne peut pas dire que µ a une densité par rapport à ν : les mesures n étant pas nécessairement sigma-finies, on ne peut pas utiliser le théorème de Radon-Nikodym. Lorsque ν =, il est facile de construire un contre-exemple (par exemple prendre µ et ν sur R, µ absolument continue par rapport à ν avec une densité non intégrable, par exemple x e x ). 2 Mesures Exercice 3. (Le retour du diable) On construit récursivement une suite (f n ) n 0 de fonctions continues sur [0,1] telles que f (0) = 0 et f (1) = 1 comme suit. On pose f 0 (x) = x pour x [0,1]. On construit f n+1 à partir de f n en remplaçant f n, sur chaque intervalle maximal [u,v] où elle n est pas constante, par la fonction linéaire par morceaux qui vaut (f n (u) + f n (v))/2 sur [ 2u 3 + v 3, 2v 3 + u 3 ]. 1. Verifier que f n+1 (x) f n (x) 2 n pour tout n 0 et x [0,1]. En déduire que f n converge uniformément sur [0,1] vers une fonction continue notée f diable. 2. Soit µ diable la mesure sur [0,1] définie comme étant la mesure de Stieljes associée à f diable. Montrer que µ diable est étrangère par rapport à la mesure de Lebesgue. La mesure µ diable a-t-elle des atomes? 1. On prouve aisément que f n+1 (x) f n (x) 2 n pour tout n 0 et x [0,1] en utilisant la définition de f n. Il s ensuit que la série de fonctions n 0 (f n+1 f n ) converge uniformément sur [0,1] vers une fonction continue, et le résultat en découle. On appelle f l escalier du diable (cf TD 4) : 2. Rappelons la construction de l ensemble triadique de Cantor. On pose K 0 = [0,1]. On définit une suite (K n,n 0) de la façon suivante : connaissant K n, qui est une réunion d intervalles fermés disjoints, on définit K n+1 en retirant dans chacun des intervalles de K n un intervalle ouvert centré 2

au centre de chaque intervalle, de longueur 1/3 fois celle de l intervalle. On pose K = n 0 K n, appelé ensemble triadique de Cantor. Par construction, le support de la mesure µ diable est l ensemble de Cantor triadique, qui est de mesure de Lebesgue nulle (voir exercice 6 du TD 2). Ainsi µ diable et la mesure de Lebesgue sont étrangères. Cependant, µ diable n a pas d atomes, car la fonction croissante f diable est continue. Exercice 4. (L espace M(R)) (i) Montrer que M(R) l espace des mesures boréliennes signées sur R est un espace de Banach pour la norme µ µ, où µ = µ (R). (ii) Soit (X,A,µ) un espace mesuré fini. Montrer que pour tout f L 1 (X,A,µ) : f 1 = f µ, où (f µ) est la mesure absolument continue par rapport à µ de densité f. (i) Soit (µ n ) n 1 une suite de Cauchy pour la norme. Étape 1 : pour tout borélien A de R et n,p 1, on a µ n (A) µ p (A) µ n µ p, ce qui implique que la suite (µ n (A)) n 1 est de Cauchy dans R, et converge donc vers une limite notée µ(a). Étape 2 : montrons que µ est une mesure. Prouvons tout d abord que : lim sup{ µ(a) µ n(a) ; A B(R)} = 0. (1) À cet effet, soient ɛ > 0 et n 0 > 1 tels que µ n µ k ɛ pour n,k n 0. Soit A B(R). On choisit k > n 0 tel que µ(a) µ k (A) < ɛ. Alors pour n > n 0 : µ(a) µ n (A) µ(a) µ k (A) + µ k (A) µ n (A) ɛ + µ n µ k 2ɛ, ce qui prouve (1). Ensuite, les mesures µ n sont en particulier finiment additives, ce qui implique aisément que µ est finiment additive. Montrons maintenant que µ est σ-finie. Soient (A i ) i 1 des boréliens disjoints et ɛ > 0. D après (1), il existe n 0 > 0 tel que pour n n 0 : sup{ µ(a) µ n (A) ; A B(R)} ɛ. On choisit ensuite k 0 > 0 tel que pour tout k k 0 : µ n i k+1 i k+1 A i ɛ. En particulier, ceci implique que pour k k 0 : µ A i 2ɛ. 3

Par additivité (finie) de µ, on obtient finalement pour tout k k 0 : k µ A i µ(a i ) = µ A i 2ɛ. i 1 Ceci étant vrai pour tout ɛ > 0, la σ-additivité de µ en découle, ce qui prouve que µ est une mesure. i k+1 Étape 3 : on vérifie que µ n µ 0. Ceci découle immédiatement de (1) et de l inégalité ν = ν(x + ) + ν(x ) 2sup{ ν(a) ; A B(R)} vérifiée pour une mesure signée ν sur R (où on a noté X ± les supports de ν ± ). (ii) Il suffit de remarquer que l écriture f µ = f + µ f µ est la décomposition de Hahn de f µ, ce qui implique : f µ = f + dµ + f dµ = f 1. 3 Dualité L p L q On rappelle le résultat suivant, appelé dualité L p L q. Soit ν une mesure σ-finie sur (E,A), soit p [1, [ et soit q l exposant conjugé de p. Alors, si Φ est une forme linéaire continue sur L p (E,A,ν), il existe une unique application g L q (E,A,ν) telle que pour tout f L p (E,A,ν), Φ(f ) = f gdν. De plus la norme d opérateur de Φ est Φ = g q. Exercice 5. (Séquentielle compacité faible) Soit p ]1, [ et q son exposant conjugué, Ω R un ouvert de R et µ la mesure de Lebesgue. Soit (f n ) une suite bornée de L p (Ω) ( c-à-d que la suite ( f n p ) n 1 est bornée). 1. Montrer que L q (Ω) est séparable (c est à dire qu il contient une partie dénombrable dense). 2. Soit D une partie dénombrable dense de L q (Ω). Montrer qu il existe une sous-suite (f ϕ(n) ) telle que pour tout h D, lim f ϕ(n) hdµ existe dans R. Ω 3. Montrer que pour tout g L q (Ω), φ(g) = lim f ϕ(n) gdµ existe dans R. Ω 4. En déduire qu il existe f L p (Ω) telle que l on ait convergence faible dans L p (Ω) de la suite (f ϕ(n) ) vers f, c est-à-dire : g L q (Ω), lim f ϕ(n) gdµ = f gdµ. Ω Ω 5. Le résultat précédent subsiste-t-il pour p = 1? 1. On sait déja que les fonctions en escalier sont denses dans L q, il suffit donc d en trouver une sous famille dénombrable qui soit dense dans les fonctions en escalier. Par exemple, celles qui vérifient : les intervalles ]x i,x i+1 [ sur lesquelles la fonction est constantes sont à bornes rationnelles, et les valeurs α i de la fonction sur ces intervalles sont aussi rationnelles constituent bien une famille dénombrable. 4

2. Il s agit d un simple procédé diagonal : on commence par numéroter tous les fonctions de D : h 1,h 2,... Considérons h 1, par Hölder, la suite ( f n h 1 dµ ) n est bornée par h 1 q sup n f n p, donc comme il s agit d une suite de réels, on peut trouver une extractrice ψ 1 telle que f ψ1 (n)h 1 dµ converge. Ensuite en considérant la suite ( f ψ1 (n)h 2 dµ ) n on construit une extractrice ψ 2 telle que fψ1 ψ 2 (n)h 2 dµ converge, et par récurrence on construit une suite d extractrice (ψ k ) k qui vérifie que pour tout k f ψ1 ψ k (n)h k dµ converge quand n. Si la famille (h k ) était finie, il suffirait de prendre ψ 1 ψ N et on aurait ce qu il faut, mais avec une famille infinie il faut ruser. On définit ϕ(n) = ψ 1 ψ n (n). Je laisse au lecteur le soin de vérifier que pour tout n > k, il existe M n tel que ϕ(m) = ψ 1 ψ k (M) et d en déduire que fϕ(n) h k dµ converge quand n pour tout k. 3. Le plus simple pour montrer que la suite f ϕ(n) gdµ converge est de montrer qu elle est de Cauchy. Soit ε > 0, et soit h une fonction de D qui vérifie g h q < ε. Soient n,m 0, f ϕ(n) gdµ f ϕ(m) gdµ < f ϕ(n) (g h)dµ + f ϕ(m) (g h)dµ + f ϕ(n) hdµ f ϕ(m) hdµ. Par Hölder les deux premiers termes sont inférieurs à (sup f n p )ε et comme la suite f ϕ(n) hdµ converge (par la question précédente) elle est de Cauchy, donc il existe n 0 tel que si n,m > n 0, f ϕ(n) gdµ f ϕ(m) gdµ < (2sup f n p + 1)ε, ce qui montre que la suite est de Cauchy. 4. À la question précédente on a définie une fonction de L q dans R : φ(g) = lim f ϕ(n) gdµ. Ici on veut utiliser le théorème de dualité entre L p et L q : si µ est σ-finie et p < alors il y a bijection entre L q (µ) et les formes linéaires continues sur L p (µ) et cette bijection est f ψ f : g f gdµ. Donc pour répondre à la question il suffit de montrer que φ est une forme linéaire continue. La linéarité est facile à montrer et la continuité découle de Hölder : φ(g) (sup f n p ) g q. Et voila! 5. Non, le résultat n est plus vrai pour p = 1 : prenons la suite de fonction f n = 1 [n,n+1] qui est bien bornée dans L 1, et supposons qu il existe une extractrice ϕ et une fonction f L 1 telle que pour toute fonction g L, lim f ϕ(n) gdµ = f gdµ. Regardons des fonctions particulières : la fonctions g = 1 R montre que R f dµ = 1 la suite de fonction g k = 1 [k,k+1] montre que k+1 f dµ = 0 pour tout k k Ces deux résultats sont contradictoires, ce qui conclut la preuve par l absurde. Exercice 6. (Petit contre-exemple) Soient E = {a,b} et µ la mesure définie sur P (E) par µ({a}) = 1 et µ({b}) = µ(e) = +. Caractériser L (µ) et le dual topologique de L 1 (µ). Conclure. 5

On a L = {f : E R} et L 1 = {f : E R f (b) = 0}. Donc le dual topologique de L 1 est (L 1 ) = {f L 1 αf (a) : α R}. On voit ici que l application g L Φ g (L 1 ) (où Φ g : f L 1 E f g dµ) est surjective mais pas injective. La mesure µ n est pas σ-finie et le théorème de dualité (avec p = 1 et q = + ) ne s applique pas dans ce cas. 4 Pour préparer le partiel à venir Chercher des exercices des partiels des années précédents (les énoncés sur disponibles sur le site d enseignement du DMA http://www.math.ens.fr/enseignement partie Archives pédagogiques, puis Annales d examens). 5 Compléments (hors TD) Exercice 7. (Fonctions à variation finie) Soit une fonction f : [a,b] R. 1. Montrer que les conditions suivantes sont équivalentes : (i) f s écrit comme une différence de deux fonctions croissantes continues à droite. (ii) Il existe une mesure signée µ sur [a,b] telle que f (x) = µ([a,x]) pour tout x [a,b]. (iii) f est continue à droite et à variation bornée c est-à-dire que f vérifie la condition suivante n 1 sup n 2,a a 1 <...<a n b f (a i+1 ) f (a i ) <. 2. Donner un exemple de fonction continue [0,1] R qui ne soit pas à variation finie. (i) (ii) : On suppose que f = g h+f (a) avec g et h croissantes, continues à droite et g(a) = h(a) = 0. Soit ν g (resp. ν h ) la mesure de Stieljes associée à g (resp. h). Posons µ = ν g ν h + f (a)δ a. Alors µ est une mesure signée sur [a,b] telle que f (x) = µ([a,x]) pour tout x [a,b]. (ii) (iii) : Il est évident que f est continue à droite. Soient n 2 et a 1,...,a n vérifiant a a 1 <... < a n b. Alors f (a i ) f (a i 1 ) = µ(]a i 1,a i ]) µ (]a i 1,a i ]) µ ([a,b]). Donc f est à variation bornée. (iii) (i) : Pour tout x [a,b], posons V (x) = sup n 2,a a 1 <...<a n x f (a i+1 ) f (a i ). Alors V est croissante. On peut donc définir pour tout x [a,b], g(x) = lim y x V (y). 6

Ainsi, g est croissante et continue à droite. Posons h = g f. Alors h est continue à droite. Montrons que h est croissante. Soient a x < y b et ε > 0. Pour tous n 2 et a a 1 <... < a n x, on a V (y + ε) f (y + ε) f (y + ε) f (x) + f (a i+1 ) f (a i ) + f (x) f (a n ) f (y + ε) f (a i+1 ) f (a i ) + f (x) f (a n ) f (x) V (x) f (x). Donc, h(y + ε) h(x) puis en faisant tendre ε vers 0 on obtient h(y) h(x). 2. La fonction f : x ]0,1] x cos(1/x), prolongée par continuité en 0 n est pas à variation bornée : considérer la subdivision 0 < 1 nπ <... < 1 3π < 1 2π < 1 π < 1. Exercice 8. (Théorème de Vitali-Saks) Soit (X,A,µ) un espace mesuré. Une famille (ν i ) i I de mesures sur A est dite absolument équicontinue par rapport à la mesure µ si : ɛ > 0, A ɛ A, µ(a ɛ ) < + et i I,ν i (A c ɛ) < ɛ, ɛ > 0, δ > 0, A A, µ(a) < δ = i I,ν i (A) < ɛ On suppose que A = σ(c), où C est une classe stable par intersection finie contenant X. Le but est de prouver le résultat suivant Théorème de Vitali-Saks. Soit (ν n ) n 1 une suite de mesures finies sur A, absolument équicontinue par rapport à µ et telle que pour tout C C, lim n ν n (C) existe dans R +. Alors pour tout A A, ν(a) = lim n ν n (A) existe dans R + et ν définit une mesure absolument continue par rapport à µ. 1. Soit B = {A A; ν(a) = lim n ν n (A) existe dans R + }. Montrer que B est stable par différence propre (c-à-d si A,B B avec A B, alors B\A B). 2. Soient (B k ) k 1 une suite d éléments deux à deux disjoints de B et B leur réunion. Montrer que lim ν n(b) = lim ν n(b k ). 3. En déduire que B = A. 4. Montrer que l application ν est une mesure sur A, absolument continue par rapport à la mesure µ. k 1 (ou plutôt ébauche de corrigé) 1. Pas de difficulté. 2. D abord voir que lim ν n(b k ) liminf ν n(b) en utilisant le lemme de Fatou (pour la mesure de k 1 comptage). Pour prouver que limsupν n (B) lim ν n(b k ), écrire pour tout ɛ > 0 et n,k 1 : ν n (B) k 1 k ν n (B j ) + ν n A ɛ B j + ν n (A c ɛ B), et utiliser le fait que µ ( A ɛ j>k B j) 0 lorsque k. j=1 j>k 7

3. On voit que B est une classe monotone (on utilise ici l hypothèse X C), ce qui fournit le résultat désiré en utilisant le lemme de la classe monotone. 4. Pas de difficulté en utilisant l équicontinuité. Dans l exercice suivant, on note (f µ) la mesure absolument continue par rapport à µ de densité f. Exercice 9. (Exercice 5 dans L 1 : cas particulier du théorème de Dunford-Pettis) Soit (X,A,µ) un espace mesuré fini. On suppose que A = σ(c), où C est une classe dénombrable stable par intersection finie contenant X. 1. Montrer que c est le cas lorsque X est un espace métrique séparable muni de sa tribu borélienne. Soit (f n ) n 1 une suite bornée de L 1 (X,A,µ) (càd la suite ( f n 1 ) n 1 est bornée) telle que la suite de mesures ( f n µ) n 1 est absolument équicontinue par rapport à µ (voir l exercice précédent pour une définition). 2. Montrer qu il existe une sous-suite (f φ(n) ) n 1 telle que les deux suites de mesures définies par ν ± := f n ± µ vérifient : pour tout C C, lim n ν ± φ(n) (C) existent dans R. 3. Montrer qu il existe f L 1 (X,A,µ) vérifiant pour tout A A : lim f φ(n) dµ = f dµ. A A 4. En déduire la convergence faible de f φ(n) vers f : g L (X,A,µ), lim f φ(n) gdµ = X f gdµ. X 5. Une suite (f n ) n 1 qui converge faiblement au sens de 4. (mais pour la suite elle-même) converget-elle nécessairement µ-p.p. ou en norme 1 vers f? Comparer avec l exercice 9 du TD4. (ou plutôt ébauche de corrigé) 1. Prendre U = (U n ) n 0 une base dénombrable d ouverts de X avec U 0 := X, puis choisir C comme étant composée par les intersections finies d éléments de U. 2. Pour tout C C, les suites (ν ± n (C)) n 1 sont bornées, donc admettent une valeur d adhérence. Utiliser ensuite le procédé d extraction diagonal et la dénombrabilité de C. 3. Appliquer l exercice précédent aux suites de mesures (ν ± n ) n 1, puis le théorème de Radon-Nikodym à leur limite (justifier qu on peut l appliquer!) 4. Si g L (X,A,µ), voir que pour tout ɛ > 0, il existe une fonction étagée g ɛ telle que g g ɛ < ɛ. 5. Considérer la suite définie sur [0,1] par f n (x) = sin(nx). Fin 8