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ÉCOLE POLYTECHNIQUE ÉCOLES NORMALES SUPÉRIEURES CONCOURS D ADMISSION 2014 FILIÈRE MP COMPOSITION DE MATHÉMATIQUES A (XLCR) (Durée : 4 heures) L utilisation des calculatrices n est pas autorisée pour cette épreuve. Ce sujet porte sur l étude des formes quadratiques sur un corps de caractéristique nulle et des groupes d isométries associés. Notations, Définitions Dans tout ce problème, K désignera un corps de caractéristique nulle, c est-à-dire un corps tel que, pour tout entier n 0, on a n 1 0 dans K où 1 désigne l unité de la loi multiplicative de K, et n 1 = 1+ +1. Soit V un K-espace vectoriel de dimension finie. On rappelle les trois points suivants. Une forme bilinéaire symétrique sur V est une application b : V V K telle que b(x,y) = b(y,x) et b(x+λy,z) = b(x,z)+λb(y,z) pour tous x,y,z V et λ K. Une forme quadratique sur V est une application q : V K telle que : i) q(λv) = λ 2 q(v) pour tout λ K et tout v V ; ii) l application q : V V K définie par (x,y) q(x,y) = 1 ( ) q(x+y) q(x) q(y) 2 est bilinéaire symétrique. Une forme quadratique est dite non dégénérée si, pour tout v V {0}, il existe w V tel que q(v,w) 0. On notera Q(V) l ensemble des formes quadratiques non dégénérées sur V. Soient V et V deux K-espaces vectoriels de dimension finie. Une isométrie entre deux formes quadratiques q : V K et q : V K est un isomorphisme linéaire f : V V tel que q f = q. On notera q = q si q et q sont isométriques, c est-à-dire s il existe une isométrie entre q et q. 1

On notera O(q) := { f GL(V) q f = q} le sous ensemble de GL(V) des isométries f : V V entre q et elle-même. On appelle O(q) le groupe orthogonal de q. Les deuxième et troisième parties du problème sont largement indépendantes. Préliminaires sur les formes quadratiques et les isométries Soit V un K-espace vectoriel de dimension finie n. Soient a 1,...,a n K {0}. On note a 1,...,a n la forme quadratique q définie sur K n par la formule q(x 1,...,x n ) = a 1 x 2 1 + +a n x 2 n. 1. Démontrer que a 1,...,a n est bien une forme quadratique sur K n. 2. Démontrer que l application q q est une bijection de l ensemble des formes quadratiques sur V sur les formes bilinéaires symétriques sur V. 3. Soit B := (e 1,...,e n ) est une base de V. On associe à toute forme bilinéaire symétrique b sur V une matrice symétrique Φ B (b) := ( b(e i,e j ) ) appelée matrice de b dans la i,j=1...n base B. On rappelle que b Φ B (b) est un isomorphisme entre l espace vectoriel des formes bilinéaires symétriques sur V et celui des matrices symétriques carrées de taille n. (a) Démontrer qu une forme quadratique q sur V est non dégénérée si et seulement si le déterminant det ( Φ B ( q) ) est non nul. (b) Quelle est la matrice de a 1,...,a n dans la base canonique de K n? En déduire que a 1,...,a n Q(K n ). 4. Soit q Q(V) une forme quadratique non dégénérée sur V. (a) Soit V un K-espace vectoriel de dimension finie et q une forme quadratique sur V. Démontrer que si q et q sont isométriques, alors q est dans Q(V ), c est-à-dire non dégénérée. (b) Pour x 0, on note {x} := {y V q(x,y) = 0}. Montrer que {x} est un sous-espace vectoriel de V de dimension n 1. (c) A quelle condition sur x le sous-espace {x} est-il un supplémentaire de la droite Kx dans V? 5. Soient q Q(V) et q Q(V ) où V est un K-espace vectoriel de dimension finie. Démontrer que O(q) est un sous-groupe de GL(V) et que si q = q, alors O(q) et O(q ) sont deux groupes isomorphes. 2

Première partie : Existence des bases orthogonales Soit V un K-espace vectoriel de dimension finie non nulle et q Q(V). 6. On dit que q est isotrope s il existe x V {0} tel que q(x) = 0. Dans le cas contraire, on dit que q est anisotrope. (a) Démontrer qu il existe x V tel que q(x) 0. (b) On note h la forme quadratique sur K 2 définie par h(x 1,x 2 ) = x 1 x 2 (on ne demande pas de vérifier que h est une forme quadratique). Montrer que si V est de dimension deux et q est isotrope alors q est isométrique à h. (c) Démontrer que si q Q(V) est isotrope, alors q : V K est surjective. 7. Une base (e 1,...,e n ) de V est dite orthogonale pour q si q(e i,e j ) = 0 pour tout i j. (a) Montrer qu il existe une base orthogonale pour q. Indication : on pourra considérer {x} = {y V q(x,y) = 0} et utiliser les questions 4c et 6a. (b) En déduire qu il existe a 1,...,a n K {0} tels que q = a 1,...,a n. Deuxième partie : Étude de O(q) quand K = R On suppose dans cette partie que K = R. 8. Soit q Q(R n ) (n 1). Démontrer qu il existe un couple d entiers (r,s) (r + s = n) tel que q soit isométrique à Q r,s définie sur la base canonique de R n par Q r,s (x 1,...,x n ) = r n x 2 i x 2 j. i=1 j=r+1 Soit j : L(R n ) M n (R) l isomorphisme linéaire qui à tout endomorphisme associe sa matrice dans la base canonique de R n. On note O r,s := j(o(q r,s )) le sous-ensemble de matrices associé au groupe orthogonal O(Q r,s ) de Q r,s. 9. Soit f : R n R n une application linéaire et M = j(f) sa matrice dans la base canonique de R n. [ Démontrer que ] M O r,s si et seulement si t MI r,s M = I r,s où I r,s est la matrice I r,s = Ir 0 r,s, I 0 s,r I p désigne la matrice identité de taille p p et 0 p,q la matrice nulle de taille s p q pour tous entiers p et q. Que peut-on dire du déterminant det(m) de M si M O r,s? 10. Démontrer que O r,s est un sous-groupe fermé de GL n (R) (on munit M n (R), l ensemble des matrices carrées de taille n à coefficients dans R, de sa topologie de R-espace vectoriel de dimension finie). 3

11. On note O(n) le groupe orthogonal usuel de R n (qui s identifie à O n,0 ). On note K r,s := O r,s O(n). Démontrer que K r,s est compact et en bijection avec O(r) O(s). 12. Démontrer que SO(2) = {M O(2) det(m) = 1} est connexe par arcs. 13. Soit H := {(x,y,z) R 3 z 2 = x 2 +y 2 +1} un hyperboloïde à deux nappes. (a) Démontrer que si f O(Q 2,1 ), alors f(h) = H. (b) OnnoteSO 2,1 := {M O 2,1 det(m) = 1}. Démontrer queso 2,1 est unsous-groupe fermé de O 2,1. 14. Pour f O(Q 2,1 ), on note (x f,y f,z f ) le vecteur f(0,0,1). On note également SO + 2,1 := {M = j(f) SO 2,1 z f > 0}. (a) Démontrer que, pour tout t R, l application linéaire r t dont la matrice (dans la 1 0 0 base canonique de R 3 ) vaut 0 ch(t) sh(t) est dans SO 2,1 + (on pourra appeler 0 sh(t) ch(t) par la suite une telle application linéaire une rotation hyperbolique). (b) Soit M = j(f). OnsupposequeM SO 2,1 +. Montrer qu il existe unerotation (au sens usuel) ρ d axe (0,0,1) et t R tels que r t ρ f SO 2,1 + et vérifie r t ρ f(0,0,1) = (0,0,1). (c) Démontrer que SO 2,1 + est connexe par arcs. 15. Déduire de la question 14 que O 2,1 est la réunion de quatre sous-ensembles fermés disjoints deux à deux et connexes par arcs. 16. Démontrer qu il existe un morphisme surjectif de groupes ψ : O 2,1 Z/2Z Z/2Z dont le noyau est SO + 2,1. 4

Troisième partie On revient dans cette dernière partie au cas où K est un corps quelconque de caractéristique nulle. Si V et V sont deux K-espaces vectoriels de dimension finie, q Q(V) et q Q(V ) sont deux formes quadratiques non dégénérées, la somme orthogonale q q de q et q est la forme quadratique sur V V définie par pour tout x V et tout x V. q q (x,x ) = q(x)+q (x ) 17. Soient V,V et V trois K-espaces vectoriels de dimension finie et (q,q,q ) Q(V) Q(V ) Q(V ). (a) Montrer que q q Q(V V ) puis que (q q ) q = q (q q ). (b) Montrer que si q = q alors q q = q q. (c) Démontrer que si V = V V et q(x,y) = 0 pour tout x V et tout y V, alors q = q q où q est la restriction de q à V et q celle de q à V. 18. Soient V un K-espace vectoriel de dimension finie, q Q(V) et v,w V deux vecteurs distincts de V tels que q(v) = q(w) 0. On veut montrer dans cette question qu il existe alors une isométrie h O(q) telle que h(v) = w. (a) Soit x V tel que q(x) 0. On note s x l endomorphismedev défini par y s x (y) = y 2 q(x,y) q(x) x. Montrer que s x et s x appartiennent à O(q). (b) On suppose ici que q(w v) 0. Montrer que l application s w v est une isométrie telle que s w v (v) = w. (c) On suppose ici que q(w v) = 0. Montrer qu il existe une isométrie g O(q) telle que g(v) = w et conclure. 19. Soient (V i ) 1 i 3 trois K-espaces vectoriels de dimension finie et q i Q(V i ) pour 1 i 3 vérifiant q 1 q 3 = q2 q 3. Montrer que q 1 = q2. Indication : on pourra raisonner par récurrence et utiliser les questions 17 et 18. 20. Soit V un K-espace vectoriel de dimension finie et q Q(V). Montrer qu il existe un unique entier m positif ou nul et une forme quadratique anisotrope q an, unique à isométrie près, tels que q = q an m h où m h = h h est la somme orthogonale de m copies de h et h est la forme quadratique introduite par la question 6b. Indication : on pourra utiliser la question 6b et la question précédente. 5