LA FOURCHAISON DU FRÊNE EN PLANTATION : CAUSES, CONSÉQUENCES ET CONTRÔLE

LA FOURCHAISON DU FRÊNE EN PLANTATION : CAUSES, CONSÉQUENCES ET CONTRÔLE F. NINGRE - C. CLUZEAU - N. LE GOFF Il est de plus en plus précnisé, pur les feuillus «précieux réduire l'investissement financier initial lié au cût des plants. de planter à faible densité de façn à Dans ces cnditins, l'ampleur et la préccité d'apparitin de défauts de frme tels que la furchaisn, qui entraîne une malfrmatin du trnc à faible hauteur et les pssibilités restreintes d'améliratin prgressive de la frme générale des arbres du peuplement par les éclaircies sélectives, expliquent l'inquiétude des sylviculteurs. Plusieurs expérimentatins, mises en place depuis 1984, avaient ntamment pur bjectifs : de préciser les facteurs à l'rigine de la furchaisn du Frêne ainsi que les cnditins d'envirnnement susceptibles d'aggraver ce phénmène ; d'bserver l'évlutin des furches ; d'évaluer les effets de différentes tailles. PRÉCOCITÉ ET FRÉQUENCE D'APPARITION DE LA FOURCHAISON [Résultats du dispsitif de Reichstett (67)] En préambule, il faut rappeler la définitin que nus avns retenue de la furche. Une furche se caractérise par un dévelppement réduit du burgen terminal relativement à celui des burgens latéraux inférieurs u par l'absence de pusse terminale ; la prise de «relais» est dès lrs assurée par un u plusieurs burgens latéraux inférieurs de crissance initiale visine mais à ptentiel de dévelppement variable. Cette définitin ne restreint dnc pas ntre champ d'étude aux furches limitées d'emblée à deux brins de même vigueur, issus du dévelppement d'une même paire de burgens latéraux. La furchaisn est le défaut le plus imprtant du Frêne, d'une part en raisn de ses effets sur la qualité du fût, d'autre part en raisn de sa fréquence d'apparitin. Elle nuit en effet à la rectitude du fût et limite la lngueur de la bille de pied. 14

Les feuillus précieux La fréquence d'apparitin des furches a pu être suivie tus les ans depuis 1985 sur près de 1 frênes dans un dispsitif situé près de Strasburg (Reichstett). Les furches s'bservent dès la plantatin. On remarque sur la figure la qu'aux premières années de plantatin (appelées «reprise ') crrespnd un taux de furchaisn particulièrement élevé : plus de 4 % des plants snt furchus. Ce résultat est cnfirmé par les bservatins faites dans d'autres dispsitifs expérimentaux, sans que l'n puisse mettre en cause la qualité des plants, le travail du sl u la plantatin. Le défaut de furchaisn s'étend rapidement à une grande majrité des plants. En 199, les frênes étant alrs âgés de 13 ans, il ne reste plus que 3 % de plants sans furche (figure la). Ces derniers nt frt heureusement acquis, grâce à l'excellente crissance en hauteur dans ce dispsitif, un fût d'une lngueur de 8 à 1 mètres qui ne leur fait plus craindre les cnséquences de furchaisns ultérieures. De plus, la frte densité initiale de plantatin (2 5 plants à l'hectare) atténue l'impact sur la qualité du peuplement futur du taux de furchaisn élevé dès la plantatin, bien que les furches crrespndantes se situent à mins d'un mètre de hauteur : les arbres cncernés purrnt en effet être éliminés lrs des éclaircies qu'il sera indispensable de réaliser par la suite. Le défaut de furchaisn est d'autant plus grave qu'il peut se répéter sur un même arbre (figure 1 b). Ainsi, si en 199 les frênes à une seule furche snt majritaires, ceux qui nt deux furches et plus représentent tut de même près de % des plants. Figure la ÉVOLUTION DE LA FOURCHAISON DEPUIS LA PLANTATION (REICHSTETT) Fréquence relative de Frênes nn furchus (%) 1 8 6 4 reprises» 1985 86 87 88 89 199 Figure lb RÉPÉTITIVITÉ DE LA FOURCHAISON SUR UN MÊME ARBRE DANS LE DISPOSITIF DE REICHSTETT (OBSERVATIONS FAITES EN 199) Fréquence relative des arbres (%) 5 4 3 1 C'est un phénmène qui se prduit chaque année avec une fréquence variable (figure 1 c). Le taux de furchaisn est si faible en 1986 et en 1987 (4 %) qu'il purrait passer inaperçu, alrs que d'autres années au cntraire, cmme en 1985, il est particulièrement élevé (prche de %). Cette variabilité annuelle du taux de furchaisn suggère l'existence dans les rigines de la furchaisn de causes variables ainsi que d'effets variables d'une même cause. Purcentage de Frênes furchus 15 1 2 3 4 Nmbre de furches par arbre s Figure 1c VARIATION ANNUELLE DU TAUX DE FOURCHAISON DE 1985 À 199 (REICHSTETT) 1985 86 87 88 89 199 15 Rev. Fr. Fr. XLIV - n sp. 1992

F. NINGRE - C. CLUZEAU - N. LE GOFF Ces causes, quelles snt-elles? Pur y répndre, nus ferns appel aux rares surces bibligraphiques existantes dnt la principale est le vlumineux travail de Van Miegret (1956) prtant sur les furrés de Frêne en Suisse. Les résultats présentés nt été étayés u cmplétés par un ensemble d'bservatins réalisées dans ns prpres dispsitifs expérimentaux. II n'est pas dans ns intentins de faire une liste exhaustive des causes de furchaisn mais plutôt d'évquer les principales causes recnnues. Il sera ntamment fait abstractin des dégâts causés par l'abrutissement des cervidés. À ce prps, ntns qu'il nus paraît incncevable de réaliser des plantatins de Frêne, même lrsque les effectifs de ppulatin de cervidés snt faibles, sans assurer la prtectin des plants. PRINCIPAUX FACTEURS EXPLICATIFS DE LA FOURCHAISON Sans chercher à établir une hiérarchie parmi tus les facteurs explicatifs de la furchaisn (bitiques et abitiques), nus nus attarderns plus particulièrement sur les effets du gel tardif dans le jeune âge qui paraît être une des causes les plus imprtantes de la furchaisn. Facteurs abitiques Effets des gelées tardives Pur prvquer des dégâts de gel sur le burgen terminal du Frêne, il suffit que les températures au mment de sn déburrement (1) sient d'envirn 3 C (Aussenac, 1985). Ce type d'accident climatique, malheureusement assez fréquent, explique parfaitement le taux de furchaisn relevé en 1985 à Reichstett (figure 1c, p. 15) : une gelée tardive précédée d'une péride de réchauffement s'est en effet prduite le 27 avril 1985 (température de 2,9 C enregistrée au pste d'entzheim-strasburg). En avril 1991, après un épisde climatique semblable à celui de 1985, nus avns pu bserver quels étaient les effets du gel tardif sur le burgen terminal et les burgens latéraux inférieurs de plants de Frêne et de Merisier âgés de 6 ans et situés en plein décuvert. On cnstate que près de 42 % des frênes nt eu leur burgen terminal gelé, ce qui est certes beaucup cmparé aux 3 % de burgens terminaux gelés pur le Merisier mais relativement peu au vu des cnditins climatiques des semaines ayant précédé le gel, favrables à un déburrement précce. Purcentage de plants dnt au mins un des burgens latéraux de chacune des paires de burgens a gelé 1 % 8 6 Figure 2 EFFET DU GEL TARDIF SUR LES BOURGEONS LATÉRAUX DE FRÊNES DONT LE BOURGEON TERMINAL A GELÉ (OBSERVATIONS FAITES EN AVRIL 1991 SUR DES PLANTS EN PLEIN DÉCOUVERT) 4 I I 1 fe paire 2e paire 3e paire 4 e paire 5e paire Ordre des paires de burgens latéraux (détiré a partir de l'extrémité de la pusse terminale) (1) Les frénes cmmencent à déburrer apprximativement entre le 15 et le 3 avril. 16

Les feuillus précieux Une explicatin prbable à cet effet limité du gel nus est furnie par une expérience que nus avns cnduite sur plusieurs années en serre. Lrs de cette expérience, nus avns pu remarquer que, pur une même prvenance, il fallait 2 à 3 semaines, sit un délai relativement lng, pur que le burgen terminal de 8 % des plants ait déburré. Parmi les 42 % de frênes dnt le burgen terminal a gelé, n remarque (figure 2, p. 16) que les burgens latéraux les mins affectés par cette gelée d'avril 1991 snt ceux des deux premières paires, et plus particulièrement ceux de la première paire (2( ; à l'inverse, ceux des trisième et quatrième paires nt gelé dans la quasi-ttalité des cas. Ceci permet d'expliquer purqui, dans ce cas de figure, le relais du burgen terminal purra être assuré préférentiellement par les deux premières paires de burgens latéraux. II apparaît clairement que, seln l'état de déburrement du plant, les effets d'une gelée tardive sur les burgens de la pusse terminale snt susceptibles de différer (nmbre et situatin des burgens atteints) et dnc d'influer sur la cnstitutin ultérieure de la furche. Les arbres de lisière Sud et Nrd snt particulièrement expsés au gel. Nus avns pu le cnstater dans le dispsitif de Reichstett ù la lisière expsée au Sud cmprtait deux fis mins de plants sans 6 furche que l'intérieur du peuplement (figure 3). ~ ~~ 4 Figure 3 NOMBRE DE FOURCHES PAR ARBRE : EFFET DÉFAVORABLE D'UNE LISIÈRE EXPOSÉE AU SUD (DISPOSITIF DE REICHSTETT) '2 Vl L D lisière Sud Intérieur du peuplement 1 2 3 Nmbre de furches par arbre sur la péride 1985 à 199. Effet des gelées précces Certaines bservatins réalisées par Van Miegret tendent à mntrer un effet défavrable du plycyclisme, en interactin avec les gelées précces, du fait d'un mauvais aûtement des pusses. Tujurs d'après cet auteur, il semble que les prcessus cnduisant à la furchaisn dans le cas d'un fnctinnement plycyclique du plant sient multiples et qu'en particulier le dévelppement mrphlgique du plant puisse être perturbé (frmatin par exemple d'un burgen terminal peu vigureux). Ces pints restent à préciser tant il est vrai, et ns bservatins rejignent celles de Van Miegret, que le plycyclisme parait être un facteur nn négligeable de furchaisn (12,5 % des furches recensées par Van Miegret ; 8 % des furches dans une de ns plantatins expérimentales, les frênes étant âgés de 3 ans). Effet des gelées hivernales Bien que cela reste à vérifier, il paraît raisnnable de suppser, en se basant sur une étude réalisée sur Fraxinus rnus (Mair, 1968), qu'il est exceptinnel que des gelées hivernales puissent cnduire à des dégâts de gel. En effet, il est nécessaire, pur cette espèce, que les températures descendent pendant au mins 6 heures à 27 C pur que des lésins du burgen terminal cmmencent à apparaître. (2) Ici, cmme dans tut le texte, l'rdre des paires de burgens latéraux (u de rameaux latéraux) est défini à partir de l'extrémité de la pusse terminale qui les prte. 17 Rev. Fr. Fr. XLIV - n sp. 1992

F. NINGRE - C. CLUZEAU - N. LE GOFF Effet d'un stress hydrique En dehrs des gelées, d'autres facteurs de l'envirnnement peuvent être à l'rigine de la furchaisn. Ainsi, des cnditins de crissance initiale difficiles liées, par exemple, à une frte cncurrence herbacée, peuvent cnduire dans certains cas à la furchaisn (Ningre, 1988). L'exemple nus en a été dnné dans le dispsitif de Buxwiller (67) ù, pur des frênes âgés de 4 ans, n a pu bserver, après la saisn de végétatin de 1986, un purcentage imprtant mais variable de pusses terminales devenues sèches. II est apparu, pur les placeaux nn désherbés, que ce purcentage augmentait cnsidérablement entre le bas et le haut de pente (de 5 à 27 %), et que par cntre, pur les placeaux désherbés, il était cnstant et faible (6 %) (figure 4, ci-dessus). La meilleure alimentatin en eau des placeaux nn désherbés de bas de pente et des placeaux désherbés a eu un effet favrable sur le maintien de la vigueur de la pusse terminale. La réductin de la cmpétitin herbacée par le désherbage chimique a permis ainsi de diminuer le risque de furchaisn 3 Purcentage de pusses terminales sèches induit par une péride de sécheresse estivale. Figure 4 EFFET DE LA POSITION SUR LA PENTE ET DU DÉSHERBAGE DES PLANTS SUR LE DESSÈCHEMENT DE LA POUSSE TERMINALE DU FRÊNE DANS LE DISPOSITIF DE BOUXWILLER (67) (le désherbage chimique n'a été expérimenté que dans les blcs 1 et 5) t Blc 1 Blc 2 Blc 3 Blc 4 Blc 5 O désherbé chimiquement I nn désherbé Bas de pente Haut de pente Effet du mde de dévelppement prpre à l'espèce Une autre rigine de la furchaisn mérite d'être évquée : celle liée à un dévelppement particulier du burgen terminal et des burgens latéraux inférieurs, dnt le déterminisme n'est pas cnnu, mais dnt les effets snt de prduire en fin de saisn de végétatin une pusse terminale à dévelppement à peu près nrmal mais nettement dminée par des rameaux latéraux inférieurs. Ce type mrphlgique, peu fréquent par rapprt aux types ù la pusse terminale dmine un peu u largement les rameaux latéraux inférieurs, est néanmins à l'rigine de 31 % des furches recensées dans le dispsitif de Reichstett en 1986 (15 % en 1987). II faut tutefis rappeler qu'il s'agit d'années à faible taux de furchaisn dans ce dispsitif. Facteurs bitiques Plusieurs insectes peuvent être à l'rigine de la perte du burgen terminal u même de la pusse terminale. On cite principalement un Lépidptère : Prays curtisellus Dn. dnt la chenille prvque des dégâts aux burgens et aux jeunes rameaux (Gent, 1955 ; Van Miegret, 1956). Les dégâts, rarement bservés, se situent d'après Gent principalement entre 1,2 et 2 mètres de hauteur et snt absents au-dessus de 5 mètres. 18

Les feuillus précieux Du fait de sa présence fréquente ces dernières années, citns également un Hyménptère : Vespa crabr qui, de manière sélective, écrce les pusses lignifiées du Frêne. Cependant les attaques que nus avns recensées sur des arbres âgés de 6 à 1 ans, bien que parfis sévères et impressinnantes, n'nt cnduit qu'exceptinnellement à la furchaisn, par bris de cime. CONSÉQUENCES DE LA FOURCHAISON Le mde de dévelppement du Frêne est de type mnpdial. Ainsi, les pusses successives qui cnstituent la tige snt frmées, chaque année, à partir du méristème terminal. Lrsque le burgen terminal est détruit u affaibli, les rameaux latéraux dévelppés à partir des burgens de la partie supérieure de la pusse terminale snt susceptibles de se substituer à l'axe principal. Les mdificatins d'rdre mrphlgique entraînées par la furchaisn peuvent avir des cnséquences nn négligeables sur la valeur écnmique des arbres, tant au niveau de la rectitude du trnc que de la qualité du bis. L'imprtance des défauts induits par la furchaisn dépend en fait de la cnstitutin de la furche et de sa pérennité. Dans certains cas, les furches peuvent s'élaguer naturellement sus l'effet de la cncurrence interindividuelle et la déviatin impsée à la tige finit alrs par disparaître. Le prblème se pse dnc de façn plus cruciale pur les plantatins à faible densité. À partir d'bservatins réalisées dans des plantatins de Frêne âgées de 13 ans et mins, nus avns étudié la structure des furches, leur évlutin et les cnséquences de la furchaisn sur la crissance de l'arbre. Cnstitutin de la furche Une furche est généralement cnstituée de un u deux axes qui prennent le relais de la tige principale. Ces axes snt frmés par les rameaux latéraux en psitin apicale sur la pusse terminale du fait de leur crissance supérieure à celle des rameaux situés en dessus. Ce mde de dévelppement est directement lié au mde de ramificatin du Frêne seln une acrtnie par crissance différentielle : les rameaux latéraux les plus vigureux snt tujurs situés dans la partie supérieure de la pusse (Ningre, 1987). Les résultats discutés par la suite snt issus de deux dispsitifs expérimentaux. D'une part, il s'agit de frênes élevés en pépinière (3) dnt n a supprimé, pur une partie d'entre eux, le burgen terminal au printemps 1986 (ils avaient alrs 3 ans) et d'autre part, de la plantatin de Reichstett, déjà citée, dans laquelle tutes les furches bservées snt d'rigine naturelle et essentiellement dues au gel. L'année de frmatin de la furche, il y a généralement plus de deux rameaux latéraux à dévelppement imprtant sur la pusse. Ainsi, à Reichstett, n a pu en bserver curamment de 3 à 4, cntre 2 à 3 seulement en pépinière du fait d'une faible vigueur initiale des plants après la plantatin. Le u les rameaux latéraux qui juernt par la suite le rôle d'axe principal se distinguent par leur taille supérieure dès la deuxième année qui suit la disparitin du burgen terminal. Quatre ans après la furchaisn, il reste au maximum 2 rameaux dminants. En pépinière, la majrité des furches (72 %) snt actuellement cnstituées de 2 brins ppsés (les autres ne cmprtant qu'un seul brin). Les furches peuvent être cnstituées de rameaux latéraux issus de la même paire de burgens (77 % des cas en pépinière et 5 % à Reichstett) u de rameaux issus de 2 paires différentes de burgens situées l'une en dessus de l'autre. Ntns que, dans 3 % des cas à Reichstett, ce n'est pas la première paire de rameaux dévelppés qui dnne les rameaux les plus lngs (Figure 5b, 5c, p. 11). (3) Il s'agit d'un dispsitif en blcs installé dans la pépinière de l'inra à Amance (54). 19 Rev. Fr. Fr. XLIV - n sp. 1992

F. NINGRE - C. CLUZEAU - N. LE GOFF Figure 5 SCHÉMA DE L'EXTRÉMITÉ DE LA POUSSE TERMINALE D'UN FRÊNE, 4 ANS APRÈS LA DISPARITION DU BOURGEON TERMINAL. Lrsque la furche est frmée de deux brins, ceux-ci ne snt pas tujurs issus de la même paire de burgens (c) et ne snt pas frcément situés en psitin la plus apicale (b et c). a b c Cnséquences de la furchaisn sur la crissance et le dévelppement de l'arbre Crissance en hauteur et en diamètre L'accrissement en lngueur du u des axes-relais qui cnstituent une furche est prche de celui de la tige d'un arbre nn furchu. Il est nettement supérieur à celui des rameaux latéraux équivalents pussant sur un arbre nn furchu (figure 6, ci-dessus). Une analyse de variance a été réalisée sur les lngueurs ttales des axes, substitués u nn, afin de cnfirmer ces bservatins. Le grupe des rameaux latéraux se distingue en effet significativement du grupe des brins de furche et de celui des tiges d'arbres nn furchus (Analyse de variance : P =,1). Pur ces deux derniers grupes, les lngueurs myennes des axes snt équivalentes mais leurs variances diffèrent significativement, même lrsque l'n ne cnsidère que le brin de furche le plus lng dans le cas des arbres furchus (test F d'égalité des variances : Fbs = 9.34 > F.975 = 6,62). Cependant, bien que prtant sur un faible effectif, ces résultats nt pu être cnfirmés par ailleurs. 3 Figure 6 CROISSANCE EN LONGUEUR DES AXES ET DES RAMEAUX LATÉRAUX ISSUS DE LA POUSSE 1985 POUR LA PÉRIODE 1986-1989, DANS L'EXPÉRIENCE MENÉE EN PÉPINIÈRE : tige des Frênes nn furchus (NF), brins de furche des Frênes furchus (F), rameaux latéraux les plus lngs qui se snt dévelppés en 1986 sur les Frênes nn furchus (R x L). Pur chaque pint expérimental, n a prté la myenne et l'écart-type des lngueurs calculées sur 6 arbres. 1 1986 1987 1988 1989 11

Les feuillus précieux Dans la plupart des cas (deux tiers des bservatins), un des deux brins de furche dmine l'autre, en lngueur et en diamètre. La présence du brin dminé ne semble pas affecter la crissance du brin dminant, même lrsque leur différence d'accrissement est faible. En effet, le brin dminant présente tujurs le même taux de crissance, quelle que sit l'imprtance de celui de l'autre brin (figure 7, cidessus). D'une manière générale, la différence d'accrissement en diamètre entre les deux brins est plus marquée que la différence d'accrissement en lngueur (figure 7, ci-dessus). Dévelppement du huppier L'effet de la furchaisn sur l'expansin du huppier a été analysé à partir d'bservatins réalisées dans le dispsitif de Reichstett. Aucune différence n'a été mise en évidence entre les surfaces de prjectin des huppiers d'arbres furchus et nn furchus. Il faut cependant nter que, dans ntre échantilln, les brins de furche snt très redressés et relativement prches l'un de l'autre, ce qui est peut-être un caractère prpre aux plants (en relatin, par exemple, avec une inclinaisn frte des branches). Les cnséquences de la furchaisn au stade juvénile sur la crissance du Frêne dépendent de la cnstitutin de la furche. Si un seul rameau latéral prend le relais de l'axe principal, les cnséquences snt alrs négligeables, tant au niveau de la crissance de l'arbre qu'au niveau de la rectitude du trnc. En effet, l'axe qui se substitue à la tige principale présente des accrissements en hauteur et en diamètre semblables à ceux de la tige des arbres nn furchus. Lrsque deux axes se dévelppent, dans la majrité des cas (deux tiers des bservatins), un des deux brins est mins vigureux et est rapidement dminé par l'autre. Cependant, plus les deux brins de furche nt des accrissements prches, plus la furche purra persister lngtemps et plus la défrmatin de la tige sera alrs imprtante. Figure 7 Lngueurs cumulées (cm) 4 CROISSANCE COMPARÉE DES 4 BRINS DE FOURCHE (FOURCHES k DEUX BRINS) POUR TROIS FRÊNES DE L'EXPÉRIENCE EN F i F2 PÉPINIÈRE. La différence d'accrissement en lngueur et en diamètre entre les deux brins peut varier depuis un dévelppement quasi identique des deux rameaux substitués 1986 88 199 (a.) jusqu'à la dminance plus 4 4 F, u mins marquée d'un des deux brins (b. et c.). Diamètre (1/1 mm) F1 F2 1986 88 199 1986 88 199 1986 88 199 4 4 F~ FZ 1986 88 199 1986 88 199 111 Rev. Fr. Fr. XLIV - n sp. 1992

F. NINGRE - C. CLUZEAU - N. LE GOFF CONTRÔLE DE LA FOURCHAISON Même si, cmme c'est généralement le cas, la furche est rapidement cnstituée de deux brins dnt l'un est dminant, cela reste un défaut de frme de la tige qui risque de se maintenir lngtemps en l'absence d'un élagage naturel u artificiel. Peut-n prévenir la furchaisn? On peut, de tute évidence, diminuer le risque de furchaisn, si l'n cnsidère les causes principales mises en évidence : en agissant sur l'envirnnement : par l'utilisatin d'un abri latéral ; situé au Sud, il agirait sur la préccité de déburrement ; situé au Nrd, il prtégerait des vents frids ; par l'améliratin des cnditins de crissance initiale, de façn à éviter un stress hydrique mais également, bien évidemment, pur que se cnstitue dans le plus curt délai une lngueur de fût suffisante. en agissant sur l'arbre : par le chix de prvenances établi sur la tardiveté de déburrement (prgramme d'améliratin de l'espèce en curs) ; par la suppressin, à temps, des rameaux latéraux à crissance supérieure à celle de la pusse terminale. Cmment crriger la furchaisn? Quand le défaut est présent, la questin se pse du mment de défurcher et aussi des améliratins u incnvénients à attendre de cette pératin. Le dispsitif de Reichstett cmprtait suffisamment d'arbres furchus en 1985 pur nus permettre de cmparer entre eux des arbres défurchés au but d'l an, 2 ans u 3 ans après l'apparitin de la furche et de les cmparer à des arbres nn défurchés. La furche étant située en myenne à 3 mètres de hauteur, aucune taille «en vert» (c'est-à-dire dès le début de l'élngatin des brins qui cnstituernt la furche) n'était sérieusement envisageable ; cette mdalité n'a dnc pas été étudiée. Aucune différence n ' est apparue entre les arbres défurchés à différentes dates, pur les paramètres dendrmétriques suivants (évalués en 199) : la décrissance, exprimée par le rapprt de la sectin du brin de furche dminant nn taillé sur la sectin de la tige en dessus du niveau d'insertin des brins de furche ; la frme de la tige, caractérisée par l'inclinaisn initiale du brin dminant de la furche et sa verticalité (n mesure l'écart entre l'extrémité du brin dminant et sa prjectin hrizntale sur la verticale de l'ancien axe principal) ; la crissance en hauteur de 1985 à 199 ; la cicatrisatin des plaies de taille. Les améliratins btenues par rapprt aux arbres nn défurchés snt les suivantes : une décrissance très faible de la tige, cmparable à celle bservée pur des arbres nn furchus peu ramifiés, mais bien plus faible que celle des furchus nn taillés (4) dnt la décrissance de la tige est liée à la vigueur relative des deux brins de furche (figure 8, p. 113). On purra nter que les décrissances imprtantes caractérisant les furchus dnt les deux brins nt des sectins visines, snt celles que l'n bserve aussi pur des frênes nn furchus à rameaux vigureux ; (4) Dans le cas des arbres furchus nn taillés, c'est le brin de furche le plus vigureux des deux qui est cnsidéré pur l'évaluatin de la décrissance. 112

Les feuillus précieux Décrissance (s1 /s2) de la tige 1 I,8,6 O 8 Défurchés aux différentes dates (valeur myenne) O Furchus,4 Vigueur relative du brin dminé (pur la hauteur) de la furche (S1 /S2) (la valeur crrespnd,2,4,6,8 1 aux frênes défurchés) Figure 8 EFFET DU DEFOURCHAGE SUR LA DECROISSANCE DE LA TIGE : cmparaisn avec des Frênes furchus à vigueur relative des 2 brins de furche variable (Reichstett). une améliratin de la verticalité, l'écart à la verticale devenant nul pur les furchus taillés, l'inclinaisn initiale restant par cntre identique. Il parait ainsi pssible de retarder l'pératin de défurchage dans la limite de tris années (la cicatrisatin étant dans tus les cas excellente). D'autres bservatins réalisées dans ce même dispsitif fnt penser qu'il s'agit d'un délai raisnnable au-delà duquel d'autres risques ptentiels snt encurus, tels des bris de cime. Ce type d'accident a été bservé à Reichstett, à la suite d'un frt cup de vent ; le rôle aggravant de la taille de Fréquence relative d'arbres à cime cassée (%) rattrapage sur de grs rameaux u d'anciennes 4 furches d'au mins quatre ans, cmbinée à des _ avec taille de frmatin tailles de frmatin sur rameaux âgés d'un u deux 3 ans, a pu par ailleurs être clairement démntré (Ningre, 1987) (figure 9). Figure 9 EFFETS COMBINÉS DE LA TAILLE DE RATTRAPAGE ET DE LA TAILLE DE FORMATION SUR LES BRIS DE CIME (dispsitif de Reichstett, 1985) t sans taille de frmatin TR : taille de rattrapage NTR : pas de taille de rattrapage TR NTR Il faut aussi mentinner, parmi les incnvénients du défurchage, l'apparitin de gurmands bservée essentiellement dans le cas de tailles trp tardives de rameaux vigureux. Ces gurmands n'nt eu, dans les cnditins de frte densité à la plantatin du dispsitif, qu'un faible dévelppement ultérieur ; il purrait en advenir autrement dans les plantatins à large espacement. Éliminatin» des arbres furchus Naudet (1963) précnise le recépage des plants furchus dans les premières années de plantatin. Cette technique riginale demanderait à être testée sur le plan expérimental, ntamment dans des cnditins difficiles de reprise des plants. On peut aussi envisager d'éclaircir les arbres furchus, cette pératin n'étant tutefis envisageable que lrsque les densités de plantatin snt suffisamment frtes. 113 Rev. Fr. Fr. XLIV - n sp. 1992

F. NINGRE - C. CLUZEAU - N. LE GOFF CONCLUSIONS La furchaisn du Frêne en plantatin est un phénmène imprtant à cnsidérer car il est fréquent et peut hypthéquer, dès l'rigine, la qualité et la valeur du peuplement futur. Les causes de furchaisn snt nmbreuses et ne snt vraisemblablement que partiellement cnnues ; tut ce qui empêche le dévelppement nrmal du burgen terminal cnduit inévitablement à la furchaisn de l'arbre. Les gelées tardives, le stress hydrique à la plantatin, les attaques d'insecte et l'abrutissement par les cervidés paraissent avir un rôle déterminant dans la furchaisn. Si la furchaisn cnduit assez rarement à la prductin de deux axes de remplacement équivalents, il reste cependant que ces deux axes se dévelppent tant qu'ils n'entrent pas en cncurrence avec les huppiers d'arbres visins. Les défauts de frme de la tige qui en résultent peuvent ainsi gravement affecter la qualité du bis en cas de plantatin à large espacement, la «verticalité» fréquente des brins aggravant ce phénmène du fait d'un élagage naturel difficile. Ainsi dit-n veiller à diminuer les risques de furchaisn à la plantatin en agissant à la fis sur les facteurs abitiques (diminutin du stress hydrique, du risque de gelée tardive) et bitiques (engrillagement cntre les cervidés). En cas de plantatin à faible densité, les tailles de frmatin et les défurchages précces divent être pratiqués dès la reprise de la plantatin (c'est-à-dire dès qu'une crissance sutenue est bservée) et jusqu'à atteindre une hauteur de fût suffisante exempte de furche. F. NINGRE - C. CLUZEAU - N. LE GOFF Statin de Sylviculture et de Prductin INRA - CENTRE DE RECHERCHES FORESTIÈRES CHAMPENOUX 5428 SEICHAMPS BIBLIOGRAPHIE AUSSENAC (G.), PARDÉ (J.). Frêts, climat et météres. Revue frestière française, vl. XXXVII, n" spécial Regards sur la santé de ns frêts 1985, pp. 83-14. GENT (J.). The cultivatin f Ash in relatin t Prays curtisellus, the ask bud mth. In : J. Oxf. Univ. Fr. Sc. Serv. 4, n 3, 1955, pp. 9-13. MAIR (B.). Frsthêrtegradienten entlang der Knspenflge auf Eschentrieben. Planta (Berl.), 82, 1968, pp. 164-169. NAUDET (H.). Sins particuliers pur les plantatins d'érable et de Frêne. La Frêt privée, n 124, 1963, p. 49. NINGRE (F.). Frme et taille de frmatin au stade juvénile de tris feuillus de qualité, en relatin avec leurs principaux défauts de frme. Cas du Hêtre, du Frêne et du Merisier. Université de Nancy 1, 1987. 62 p. (DEA de Bilgie végétale et frestière). NINGRE (F.). Étude des effets du désherbage chimique sur la reprise et la crissance initiale du Frêne et du Merisier en plantatin. Bulletin d'infrmatin de l'office natinal des Frêts, Régin Lrraine, n 4, 1988, pp. 17-19. VAN MIEGROET (H.). Untersuchungen über den Einfluti der waldbaulichen Behandlung und der Umweltsfaktren auf den Aufbau und die mrphlgischen Eigenschaften vn Eschendickungen im schweizerischen Mittelland. Annales de l'institut fédéral suisse de Recherches frestières, vl. 32, n 1, 1956, pp. 229-37. 114