Que ces lieux sont chargés d histoire. Notre histoire. Ne l oublions jamais, elle doit servir l avenir.

Transcription

1 Signature du protocole de coopération scientifique entre le Ministère de l Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique de Madagascar et l IRD Michel Laurent, président de l IRD Antananarivo, Madagascar 20 février 2013 *** Seul le prononcé fait foi *** Salutations (à compléter) : Monsieur le Ministre de l Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique de la République de Madagascar ; Mesdames et messieurs les membres des délégations malgaches et française ; Monsieur le premier conseiller de l Ambassade de France à Madagascar ; Honorables invités ; Mesdames et Messieurs. Que ces lieux sont chargés d histoire. Notre histoire. Ne l oublions jamais, elle doit servir l avenir. C est pour moi un très grand honneur et un immense plaisir de participer aujourd hui à Antananarivo, en présence d honorables membres du gouvernement de la République de Madagascar, de hauts responsables académiques et scientifiques malgaches et français, à cette cérémonie de signature du protocole de coopération scientifique entre le gouvernement de la République de Madagascar, ici représenté par Son Excellence le Ministre de l Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, et l Institut de Recherche pour le Développement, dont j assure la présidence exécutive. 1

2 Permettez moi de vous remercier, Monsieur le Ministre, pour l accueil extrêmement chaleureux réservé à l ensemble de la délégation de l IRD qui m accompagne. Je voudrais, tout d abord, vous remercier pour la confiance que vous nous témoignez au travers du protocole de coopération que nous allons signer. Ce protocole s inscrit sur le chemin déjà long que nous parcourons ensemble, aux fins de construire désormais un partenariat respectueux et durable entre nos deux pays au travers de la science, de la société de la connaissance qui en découle, avec ses trois piliers formation, recherche et innovation. Cet après-midi nous procéderons à la signature de nouveaux contrats programmes lors de la cérémonie de clôture des réunions de concertation. Cette concertation, sans laquelle le partenariat ne peut se développer, a réuni depuis plusieurs jours la partie malgache et les responsables scientifiques de l IRD. Je sais déjà que ce bilan est productif et satisfait les parties. Je m en réjouis vraiment. Je me réjouis également, Monsieur le Ministre, de cette nouvelle dynamique de partenariat entre les opérateurs académiques et scientifiques de Madagascar et l IRD dont nous sommes aujourd hui les témoins. Comme je vous l avais dit à St. Denis de la Réunion où vous avez honoré de votre présence l inauguration d une plateforme technologique dans le domaine du spatial appliqué à l observation de la Terre, je souhaite, Cher Monsieur le Ministre, que ce partenariat soit assis sur de nouvelles bases, exigeantes pour les parties prenantes mais capitales si l on veut construire une vision commune de l avenir. Il s agit, en effet, de co-construire, de définir des stratégies communes en matière de programmation, d évaluation, de financement. Mais aussi nous devons partager les fruits du travail commun. Ce modèle est fondé sur les 2

3 principes d efficacité, de participation, d appropriation, de transparence et de bonne gouvernance. Soucieux du respect de ces principes qui fondent son éthique partenariale, l IRD a souhaité les formaliser à travers l adoption d une charte du partenariat de la recherche pour le développement, laquelle, étant donnée sa nature finalisée, doit prendre en considération les trois dimensions de la société de la connaissance. Je sais, Monsieur le Ministre, que vous y êtes profondément attaché. Je suis très heureux que nous puissions ensemble signer cette Charte. Nous sommes convaincu que ce nouveau paradigme est, en effet, aujourd hui l unique moyen de répondre aux attentes de développement durable dans les pays émergents, comme ceux en développement. Mais il vaut également, dans un monde globalisé, dans les pays du monde entier. Nous devons faire face à des défis communs qu ils touchent la sécurité alimentaire, la gestion et l optimisation des ressources halieutiques, énergétiques, forestières et minières, la lutte contre le changement climatique ou encore la perte de biodiversité sous l effet d une pression anthropique galopante. Il convient donc dans cette perspective de remettre au centre l aspect humain et sociétal du développement. Pour y parvenir nous devons concentrer nos efforts, Monsieur le Ministre, sur la formation des jeunes générations qui participeront à l avenir de ce pays. J ai noté que cette priorité figurait dans votre document stratégique : le Madagascar Action Plan. Selon l UNESCO les étudiants africains aux niveaux master et doctorat sont les plus présents à l étranger. La France est la première destination mondiale en termes d accueil d étudiants africains en mobilité et ce qu elle que soit leur 3

4 langue d origine. Ainsi le nombre de doctorants malgaches en France a pratiquement doublé au cours des dix dernières années. Pour de nombreuses raisons cette mobilité doit être soutenue. Mais nous devons prendre très au sérieux les effets d une attractivité Sud/Nord non maîtrisée. Je suis convaincu que le «brain drain» est un fléau majeur pouvant affecter en profondeur et durablement le développement des pays d Afrique, particulièrement leur compétitivité, celle d aujourd hui mais plus grave celle de demain. Dans ce contexte je suis heureux de constater que, malgré les temps perturbés que vous avez récemment vécus, les chercheurs de l IRD ont maintenu un niveau très élevé d encadrement doctoral ici à Madagascar avec, en moyenne, une participation à l encadrement de près de 50 doctorants par an et la soutenance d une douzaine de thèses. C est la deuxième conviction que je voudrais exprimer : la très haute priorité de former des cadres au Sud, ici dans votre pays autour d instruments communs. L enseignement supérieur doit également profiter d une ouverture internationale et plus particulièrement à l échelle de la région. La récente signature d un accord cadre de coopération entre votre Ministère, l IRD, l Université d Antananarivo et l Université de la Réunion, témoigne d une coopération académique renforcée autour d enjeux partagés. Je ne peux que former le vœu, Monsieur le Ministre, que ce modèle de coopération régionale et multi-partenariale puisse se consolider et se généraliser. Dans ce cadre, aujourd hui de nouvelles opportunités se présentent à nous. A coté de l IRD, d autres établissements publics de recherche, vos partenaires ici à Madagascar, le Cirad, le CNRS, l Inserm, mais aussi d autres institutions 4

5 comme l Institut Pasteur et la CPU se sont regroupés au sein d une agence, l AIRD, qui agit en leur nom pour fédérer et mieux coordonner notre action partenariale au Sud. L Agence accompagne actuellement à Madagascar la formation doctorale à travers l octroi de bourses et prochainement l aide à la mise en place d écoles doctorales en collaboration avec les universités françaises, telles que Montpellier, Lyon, Paris et Toulouse. L AIRD soutient à Madagascar aussi une Jeune Equipe (JEAI) de recherche sur le fonctionnement symbiotique des écosystèmes forestiers en partenariat avec le Centre National de Recherches sur l Environnement. Il s agit d un instrument qui associe les enjeux de formation, de recherche et d innovation avec la préoccupation majeure de faire émerger de nouvelles et prometteuses équipes scientifiques. Je suis heureux de constater que ce partenariat a permis aussi la maturation d un projet innovant sur la production de champignons comestibles à Madagascar accompagnée à distance par l incubateur «Bond innov» en région parisienne. A côté de la recherche académique nous partageons la conviction que nous devons accélérer le transfert vers la technologie qui doit participer au développement. C est la troisième conviction que je me permets d exprimer : la recherche ne peut participer au développement qu à la condition que l articulation recherche-innovation fasse l objet de mesures structurelles. Permettre aux pays du Sud d appliquer la science, la technologie et les innovations pour éradiquer la pauvreté et réaliser un développement durable est une priorité reconnue par la communauté internationale. En effet, le rôle stratégique des innovations technologiques est au cœur de la huitième résolution de la déclaration du millénaire pour le développement qui vise à la mise en place d un partenariat mondial. 5

6 La plateforme SEAS, que nous avons inaugurée en octobre dernier en votre présence, est à l évidence un outil emblématique, à l échelle de l Océan Indien. Elle représente un très fort potentiel en termes de formation et de recherche, d innovation et d expertise auprès des décideurs publics sur les grands enjeux actuels du développement. La mise en place de ces plateformes technologiques est pour nous un instrument puissant de l accès à l autonomie par la maitrise, grâce aux technologies de pointe, de ses propres ressources et de l évolution environnementale, par chacun des pays concernés. L interface entre l environnement et la santé est à l évidence une priorité dans cette région de l Océan Indien. Le Centre de Recherche et de Veille de l Océan Indien, le CRVOI, à l Ile de la Réunion, a noué un important partenariat avec l Institut Pasteur de Madagascar et l Université d Antananarivo sur les agents pathogènes associés à la faune sauvage. La collaboration autour de cette plateforme de recherche et de veille sanitaire a permis la réalisation de différentes actions de formation au niveau postdoctoral et de nombreuses co-publications entre Madagascar et la France. L AIRD a joué un rôle majeur dans l animation de ce centre. L IRD, conscient de l importance de ce type de plateformes, a entrepris une politique de renforcement du partenariat à travers la promotion de structures mixtes internationales, les UMI et les LMI, dont la finalité est de structurer la collaboration entre des équipes du Nord et celles du Sud autour d une gestion et d une programmation scientifique conjointes et partagées. Je veux exprimer le souhait, que aussi ici à Madagascar, on puisse assister prochainement à l émergence de ce type de structure partenariale. Déjà nos partenaires malgaches participent, entre autres, à un programme scientifique d envergure régionale sur le patrimoine, les ressources et la gouvernance en 6

7 Afrique de l Est, Australe et dans l Océan Indien. Un représentant malgache a participé à Marseille il y a une dizaine de jours au comité de pilotage de ce programme très prometteur, PAREGO. Il est important aussi de souligner la participation du Ministère de l Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique de Madagascar dans le réseau CAAST-NET entre les pays membres de l Union Européenne et certains pays du continent africain. L Université de Antananarivo porte, entre autre, les enjeux de Madagascar au sein du consortium NOPOOR, projet financé par la Commission Européenne et dont l IRD est le coordinateur. Les réunions de concertation ont permis de structurer nos collaborations scientifiques autour de l agronomie, de l environnement, des sciences sociales et de la santé. Dans ces mêmes domaines on compte, sur les cinq dernières années, environ 130 co-publications indexées dans les principales bases de données internationales, ce qui correspond à presque un tiers des copublications entre Madagascar et la France. C est un indicateur indiscutable de la qualité et pérennité de notre partenariat scientifique. Je félicite les équipes malgaches et françaises qui ont contribué à cet excellent bilan. Pour conclure, je voudrais remercier les autorités malgaches pour leur accueil très chaleureux, Son Excellence l Ambassadeur de France, les services de l Ambassade de France pour leur accompagnement dans la mise en œuvre d un partenariat renouvelé entre Madagascar et la France. Un remerciement tout particulier aussi à Madame la représentante de l IRD à Madagascar, le prof. Sophie Goedefroit, pour avoir rendu possible cette mission à Antananarivo et en avoir porté le contenu avec conviction et passion. Je voudrais enfin, Monsieur le Ministre, vous réitérer mon attachement au 7

8 partenariat entre nos deux pays, et ma confiance pour poursuivre ensemble au travers du protocole signé - une collaboration prometteuse dans les domaines de la formation, de la recherche et de l innovation. Je forme le vœu que ces trois piliers d une société fondée sur le savoir et la connaissance puissent concourir à notre volonté commune de faire de l Océan Indien un espace de progrès et de prospérité. Que Madagascar prenne, dans les décennies qui viennent, toute la place qu elle mérite dans cette région de l Afrique Australe et de l Océan Indien. Ce sera ma quatrième et dernière conviction : vous allez réussir. Je vous remercie. Misaotra anareo naharitra nihaino *** 8